N° 68
décembre

http://piednoir.net

Les Bords de la SEYBOUSE à HIPPONE
1er Décembre 2007
jean-pierre.bartolini@wanadoo.fr
LA SEYBOUSE
La petite Gazette de BÔNE la COQUETTE
Le site des Bônois en particulier et des Pieds-Noirs en Général
l'histoire de ce journal racontée par Louis ARNAUD
se trouve dans la page: La Seybouse,
Les dix derniers Numéros :
         Domi         
EDITO

 BIEN CHOISIR SON " PAIN DE SITE " 
      

    Chers Amis,

    Nombreux sont les compatriotes Pieds-Noirs qui se sont sentis l'âme de créateur et qui se sont improvisés webmasters en créant des sites Internet
    Cela a créé un réel engouement. Certains ont mieux réussi que d'autres, mais l'essentiel est qu'il fallait combler un vide dans la sauvegarde et la reconnaissance de notre mémoire. Un vide que même toutes les nombreuses associations n'ont pas comblé car dans leur grande majorité, leurs principales préoccupations sont le couscous/merguez/méchoui. C'est leur choix.
    C'est pour cela qu'il faut louer le courage de tous ces webmasters qui se sont lancés dans cette aventure, un peu à la manière de nos ancêtres, les pionniers.

    Au-delà des difficultés techniques pour avoir un site qui " marche ", il faut de la volonté, du temps, de la patience, une certaine maîtrise de soi, un engagement personnel bien souvent au détriment de sa vie personnelle.
    Au fil du temps, cela devient une véritable activité bénévole, physique et intellectuelle au service des autres.
    Pour rendre cette activité toujours attrayante et prolonger sa conservation, il faut sans cesse apporter de nouveaux ingrédients, tout en restant dans la simplicité car beaucoup trop de technicité et de complication n'impliquent pas forcément une meilleure qualité qui attire plus d'internautes et qui " casse la baraque ".

    Un site Pieds-Noirs et de surcroît de mémoire, nécessite une certain dosage des ingrédients. C'est ce que je pense avoir réussi avec la Seybouse et ses quelques 300 000 accès mensuel de moyenne pour 2007.
    Connaissant les difficultés à réaliser ces choses avec tous les investissements de soi, je comprends la déception de certains webmasters. Et suis profondément déçu lorsque je vois des sites fermés alors qu'ils ont tout pour réussir.
    Qu'est-ce qu'il leur manque ?
    Je ne connais pas de solution miracle, chacun doit trouver sa formule.
    Peut-être la bonne pâte à pétrir ; la bonne dose de compréhension et d'analyse des autres, les internautes et les jeunes en particuliers ; être à l'écoute des critiques constructives pour façonner ce " Pain de Site " afin d'obtenir la croûte à croquer sans modération et une mie moelleuse qui appelle à en redemander.
    Et si c'était ça le secret de la " Réussite " !

Jean Pierre Bartolini          

        Diobône,
        A tchao.


MORALE ! MONDAINES et MONDAINS !
N° 8 de décembre 1950
de M. D. GIOVACCHINI
Envoyé par sa fille

  
        L'ami A… qui est membre du syndicat des " charbons mouillés ", m'écrit ceci : " je t'estime bien et je lis ta brochure avec plaisir, mais pourquoi t'occupes-tu de choses qui ne te regardent pas, etc ".
        A…, vieil ami, je ne supporte pas ton reproche, même aiguisé. Comme je veux me présenter devant St-Pierre en état de grâce, je vais t'expliquer, sans grandes phrases, sans citations latines et sans le moindre recours aux textes sacrés, que j'ai raison et que " çà me regarde".
        On a le droit de juger tout ce qu'on lit, tout ce que l'on voit, tout ce que l'on entend.
        La morale nous oblige à défendre ce qui est bien, à condamner qui est mal.
        Se taire, c'est se faire complice des plus mauvaises actions, par pur égoïsme ou par lâcheté morale.
        Il nous déplaît de voir des époux chamarrés de galons politiques pérorer devant les " Monuments aux Morts " -- et se prélasser ensuite avec des concubines devant leurs familles et même leurs électeurs.
        Nous avons un profond dégoût pour le " Cocu Magnifique " qui accepte bracelets, manteaux et colliers de l'amant de sa femme, par snobisme ou faiblesse morale.
        Etre cocu nous l'avons déjà dit, cela peut arriver à tout le monde. A tout prendre il vaut encore mieux être victime de cela que d'avoir la typhoïde ou la goutte.

        Mais se taire en apprenant que sous son toit on subit la flagellation, cela devient au moins grotesque.
        Je me demande si mon ami A… boirait en bon bourgeois pantouflard un moka chaud pendant que son épouse est sur la... Croix...
        Tout cela nous regarde. Il est de notre devoir d'en parler et tout le monde doit condamner les mauvais exemples.
        D'autant plus que le secret est celui de Polichinelle et que toute la ville s'en fit des gorges chaudes.
        Qu'il est laid ce "Monde" ! " On se mélange ". On met son orgueil à posséder maîtresse, on se livre à des libations à domicile, et on veut ensuite se parer d'hypocrisie, dernier voile de la vertu.
        Pourquoi cette décadence dans les moeurs ? Parce qu'on tolère autour de nous des habitudes répugnantes en ajoutant que cela ne nous regarde pas.
        Tout ce qui est contagieux pour la famille regarde les gens qui veulent vivre honnêtement.
        Quand on joue au " Maquereau, légitime " on rend les cadeaux et la femme. Autant que possible, on se tient invisible ; on ne se montre pas dans les cercles. On ne monte pas au mât de cocagne !
        On ne s'expose pas à être ridiculisé par ses propres amis qui par un soir d'exubérante agité balayaient une salle de club avec les sabres d'abordage d'une panoplie ; fait significatif.
        Nous savons même que nous rendons service au " Cocu Magnifique " et aux autres, parce qu'ils se surveilleront et feront sûrement acte de contrition.
        Ils nous remercieront de les avoir mis sur le chemin de la réflexion,
        Qu'A… me pardonne. J'ai voulu lui prouver que j'avais la conscience tranquille.
        D'ailleurs, nous avons avec nous l'Évangile, les Commandements de l'Église, la belle Amazone et même St-Dominique.
        En écrivant cette épître dédiée à A… - et c'est la dernière - nous pensons aux filles du peuple, que nos mondaines se montrent du doigt dès qu'elles glissent même légèrement sur la pente du mal.
        Elles pourraient être excusables car la misère, l'ambiance, l'ignorance les exposent davantage aux dangers de la rue.
        Mais nos mondaines ! Aucune excuse ! Elles ont des autos et de l'or ! Alger et Paris ont de beaux palaces où on peut se livrer aux voluptés de l'Horizontale avec plus de discrétion.

***
 


     LE PLUSSE DES KAOULADES BÔNOISES      (54)
La "Ribrique" de Rachid HABBACHI
 ENTRE ARICO L'UN ET ARICO L'AUT'…

          Tu ois, dedans cette vie qu'elles est belle qu'à même, t'y as des fois de ces situations qu'elles te mettent en dedans l'embarras que tu sais plus comment tu vas faire pour t'en sortir sans beaucoup des dommages, par la grande porte et sans passer pour un badiguel.

          Tiens, l'aut' dimanche chez Tintin, tu sais, le coiffeur qu'il habitait à la place d'armes, rue Darémont eh ben ! j'étais envité à manger à midi et quan je dis que c'est à manger, c'est pas pour casser la croûte et le dimanche, c'est sacré, c'est la daube qu'elle s'écrit au menu. A l'apéritif que tout l'monde y sait que c'est beaucoup d'l'anisette et aussi d'la kémia en pagaille, y a Tintin qu'y me dit comme ça : " Olio, t'y aimes l'arico ? " et moi complètement hynoptisé par les z'olives, les cramousses, la fougasse et un peu du pourpre en salade, j'ui réponds sans trop faire entention : " j'aime tout ça qu'y vient d'la mer même le catsomarine depuis que les chinois y z'ont découvert ça que tu le sais " et Tintin laisse le qu'y me dit : " ça vient pas d'la mer, ça vient du rocher et moi, pauv' tchoutche, je pense que c'est un arico qu'y vient un peu cousin au bakoum et que moi, j'le connais pas même que si ma jeunesse, à la Caroube j'l'ai passée.

          Y'alors, comme j'étais en train de m'affoguer un morceau d'fougasse grand comme la main, t'y as d'la musique qu'elle vient d'un coup s'mélanger fort au silence, ce respect qu'on le doit tous à la nourriture quan elle est bonne. En te parlant de rocher, c'est un schkoll qu'y m'a tombé dessur la tête quan Tintin il a dit et oilà l'Arico en montrant du doigt un dixe noir qu'y tournait dessur un tourne-dixe que lui, il était marron un Arico que rien qu'y criait des laï, laï, laï; tu vas pas me coire mais à de bon, j'me suis affogué avec ma fougasse surtout à cause la rage de oir que l'arico de mer à la bônoise il a été remplacé par un aut' Arico à la costantinoise et même si que j'ai rien contre Costantine, t'y as qu'à même un arico qu'il a plusse de goût que l'aut' surtout que t'y en as un qu'y te fait manger du pain et un aut' qu'y s'le mange.

          En te parlant d'arico de mer, tu sais toi qu'en Patosie, ce coquillage qu'y nous sert à tout, même d'amorce quan on va à la pêche, y s'l'appellent telline et un jour, en dize neuf cent, je rappelle plus la suite, à Palavas les flots ousque j'étais en vacances de vacances à cause que, comme j'aimais pas beaucoup le travail et que j'l'évitais au maximum, dès qu'y avait danger d'embauche, je m'ensauvais loin en Patosie, sans laisser d'adresse, j'allais me reposer et me remette de la schkague qu'y me donnaient les employeurs qu'y voulaient bien de moi malgré que ni lire, ni écrire et ni compter, je savais. Pour te revenir à ces vacances à Palavas que c'est un peu la Caroube de Montpellier et d'ousque je pouvais surveiller Bône mais de loin, j'étais au bord de l'eau en train de jurer la rascasse des morts du directeur qu'il avait accepté ma demande en grattant le sable avec le pied comme pour lui creuser une tombe pour l'envoyer à chez Tado quan, tu ois pas ça que je ois, un arico, deux, dix, une infection que bessif, j'ai commencé à ramasser pour les mette en dedans le sac en plastique qu'il a servi à mette dedans mon casse-croûte.

          Comme moi, les z'aricos de mer je m'les mange dessur la tête d'un galeux et sans même me servir de mes mains et que j'étais avec une amie, une patos la pauv' qu'elle vit main'nan à Béziers, je m'ai arrêté à un près quat' kilos, un pour elle et trois pour moi et tu ois pas, les quèques patos qu'y z'étaient là et qu'y m'avaient imité, y sont tous venus verser le fruit (ouai pasque l'arico de mer, c'est un fruit de mer) de leur récolte dessur la mienne en me demandant ça que j'allais en faire et comme je leur ai dis que j'allais m'les affoguer, y sont resté axes; y m'ont demandé comment j'allais m'les préparer et moi, laisse que je donne la recette à la bônoise, bien sûr et laisse les qu'y reprennent tous leurs z'aricos. (cette histoire elle est aut' antique, j'le jure à cause qu'elle est vieille comme toutes celles-là là, les z'aut', que moi j'les raconte).

          Main'nan, pour m'affoguer mes z'aricos soit que je vais à Bône ousque les meilleurs on s'les fait à Joanonville si qu'on a l'temps aussinon on s'les achète dessous le marché soit, je vais à Uzès ousque tous les z'ans, t'y as l'ami Roland qu'y nous les ramène tout frais de Palavas eh ouai! Et tout prêts avec l'ail, le persil et le tour de main bônois qu'y leur donne ce goût qu'ailleurs, jamais tu le trouves et que même l'autre Arico, çui du rocher y l'aura jamais, même assaisonné à l'ail, l'ail, l'ail.

Rachid HABBACHI

Dégustation de Haricots de mer au Cap de Garde à Bône en 2007

HISTOIRE DE PECHE
Envoyé par M. Marc Dalaut
Ecrit par M. Gaëtan Dalaut


          Il n'est rien de malsain comme l'inaction.
          Voyant, de ma Muse, jaunir le teint de pêche,
          Inquiet, je proposai, saine distraction,
          Que, dès le lendemain, elle vienne à la pêche.
          Elle accepta, ma foi, sans se faire prier,
          Et nous sommes paris, chacun avec sa ligne.

          - " J'engraissais - dit-elle - pourquoi me récrier,
          Maniant la canne, je reprendrai ma ligne. " -

          Nous nous sommes assis, là-bas, au bord des quais
          Devant un grand trou d'eau verte aux profondeurs sombres
          Qu'en mes promenades souvent je remarquais,
          Où passaient en éclairs des bancs entiers de scombres.
          Immobiles tous deux, fixant notre bouchon,
          Les minutes passaient, longues, à tour de rôle,
          Aussi silencieux qu'huîtres d'Arcachon
          Car le poisson s'enfuit au bruit de la parole.

          Au bout d'une couple d'heures, je vis pourtant
          Que ma Muse semblait un peu surexcitée.
          Je m'informai pourquoi - " Si tu n'es pas content…..
          Ah…… " - Sa réplique, ici, ne peut être citée.
          Je n'ai pas insisté davantage et me tus,
          Suffoqué, comme il sied, par si grande insolence.
          Et, plus majestueux que membres d'Instituts,
          Nous restâmes longtemps côte à côte en silence.
          Mais, pour une femme, demeurer sans parler
          Est toujours, a-t-on dit, un infernal supplice.
          Aussi vis-je bientôt son beau front s'emperler,
          Ruisselant de sueur sous mon regard complice.

          - " Quand on pêche à deux -dis-je- on y met tout son coeur
          Si le faire avec moi te parait haïssable,
          Tu peux me laisser seul, - et j'ajoutai moqueur -
          Va pêcher pour ton compte en barque ou sur le sable. " -

          Elle partit alors, boudant un tantinet,
          M'ayant gratifié d'une brève épithète
          Et, chose naturelle avec son moulinet,
          Son roseau tournoyait, au-dessus de sa tête.

          Elle revint plus tard, sortant d'une cambuse
          D'où m'arrivaient, confus, d'indescriptibles sons.

          - " Poète, on te trompe - cria de loin ma Muse -
          La musique et les voix attirent les poissons. " -

          Elle avait à la main, les tenant par la queue,
          Deux poissons au dos vert. Elle les fit danser
          A mon nez en disant : - " Ami, remarque que
          Je pèche à 1a traîne mieux encor qu'au lancer.
          La sole n'a même pas de saveur égale,
          En escabèche ou frits avec ail et cerfeuil.
          Ils sont à toi, poète, aujourd'hui je régale.
          J'ai pu les accrocher, de suite, en un clin d'œil.
          Nous pêchons mieux que vous, nous autres Filles d'Eve. -

          Moi, je n'avais rien pris et n'avais plus de vers.
          Alors je me levai, pour partir, comme en rêve,
          Déçu, vexé, jaloux, bref la tête à l'envers,
          Honteux même de vivre. Aux. crochets d'une grue
          J'ai bosselé- mon crâne, heurté mes pectoraux
          Tandis qu'elle pouffait, d'une joie incongrue
          De m'avoir tant vanté ses petits maquereaux.

          Seul, j'ai pris ma route - je ne sais plus laquelle -
          Mais tout en cheminant, j'ai fait un grand serment :
          Je ne pêcherai plus.... tout au moins avec elle.
          Et Je tiens ma parole, encor en ce moment.



ANECDOTE
Remise de prix le 28 octobre 1961
                                                     

        Thomas Lopez, chef du service photos du " Journal d'Alger " a remis, hier matin, à Mme Paule Fabre une magnifique caméra Agfa Movex, entièrement automatique, premier prix du concours de la meilleure photo de vacances, organisé cet été par le Journal d'Alger.

        Mme Fabre était venue de Bône où elle dirige le restaurant de l'aérogare des Salines. La photo qui avait fait d'elle la gagnante, le 30 septembre 1961 représentait le visage radieux de sa petite fille, Laurence pendant les vacances. Hier la mère était aussi radieuse que sa fille qu'elle avait habillée exactement comme le jour de la photo.



BONE SOUS LA NEIGE
BÔNE son Histoire, ses Histoires
Par Louis ARNAUD

        Un soir au commencement du mois de février 1890 ma mère me pria d'aller acheter des allumettes au bureau de tabacs le plus proche.
        Nous demeurions alors, au numéro 13 de la rue Perrégaux, dans un immeuble qui appartenait à la grand-mère de Danielle Darrieux, la célèbre vedette de cinéma et le bureau de tabacs le plus proche était situé sur le Cours... National, alors, dans l'immeuble Basilio Couiteas.
        Cet immeuble est celui qui s'élève, en façade sur le Cours, au-dessus du " Passage des Thermopyles ".
        Basilio Couiteas était grec et il le faisait bien voir en rappelant, par cette évocation de l'ultime bataille de l'illustre général spartiate Leonidas, le sublime sacrifice de " ceux qui sont morts pour obéir à leurs lois ".
        Il était aussi une des personnalités les plus en vue, non seulement de notre ville, mais aussi de la Régence de Tunis où son rôle et celui des siens avaient été, disait-on, des plus précieux pour la cause française au moment de l'expédition de 1882.
        Il avait épousé une Bônoise très jolie, Mademoiselle Bamberger, petite fille de Monsieur Lacombe, qui fut le premier maire de la ville, après la création de la commune en 1848.
        Basilio Couiteas avait ouvert ce passage des Thermopyles en accord avec M. Casimir Bronde, propriétaire de l'immeuble voisin, qui a cédé sa place aux " Galeries de France ".
        Casimir Bronde était, lui aussi, une personnalité éminente de Bône et de la région. Il avait été, en 1849, le tout premier président de la Chambre de commerce qui venait d'être créée,
        L'immeuble qui était là, avant les " Galeries de France ", avait été construit par Casimir Bronde pour lui servir de demeure familiale. Le style, l'élégance et les proportions de cet hôtel témoignaient de la fortune et du rang de son propriétaire.
        La compagnie du Chemin de fer Bône-Guelma y avait ensuite installé son Centre directorial et ses services administratifs jusqu'à l'étatisation des Chemins de fer algériens qui l'obligea à transférer son siège à Tunis.
        Le " Passage des Thermopyles " ne s'appelait ainsi que du côté du Cours où ce nom est toujours gravé dans la pierre. A l'autre extrémité, du côté de la rue Perrégaux, il portait le nom de " Passage Bronde ".

        C'est cette dernière dénomination qui lui est resté dans l'esprit de la population.
        A l'époque où se place ce récit, et pendant longtemps après encore, il était bien mal entretenu et pas du tout éclairé la nuit, ce qui lui donnait, le soir venu, un aspect sinistre. C'était et c'est encore une voie privée non incorporée dans le réseau de la voirie communale.
        Aussi, bien qu'il fût le plus court chemin pour aller au bureau de tabacs de G. Drakoulos, autre Grec, très sympathique, je ne songeais pas à l'utiliser pour aller chercher mes allumettes.
        C'est donc par la rue de Strasbourg, en longeant jusqu'à l'hôtel d'Orient, les magasins de vins, liqueurs et spiritueux, Couret et Cadière, que j'allais au bureau de tabacs de l'aimable M. Drakoulos.
        Je revins par le même chemin déjà bien sombre, à cause du temps et de l'absence de terrasses de café ou de vitrines de magasins sur ce trottoir.
        En passant devant le trou noir formé par l'entrée du " Passage des Thermopyles ", j'éprouvais, chaque fois, une très nette sensation de frayeur.
        Si j'avais connu, à ce moment, les paroles de Leonidas à ses soldats, voués à une mort certaine : " Ce soir, nous souperons chez Pluton ", j'aurais peut-être pensé que c'était dans ce passage des Thermopyles et non dans celui de Thessalie qu'il avait péri avec ses trois cents Spartiates.
        Dès qu'elle me vit, ma mère s'exclama : " Qu'est-ce que tu as sur ta pèlerine ? De la neige ? "
        Je regardai vite ma pèlerine de gros drap bleu marine et je vis, en effet, qu'elle était abondamment maculée par des taches blanches, si nombreuses que je demeurai stupéfait de ne point m'en être aperçu plus tôt.
        Il est vrai que j'avais couru pour aller chez Drakoulos et en revenir, que j'avais la tête profondément enfoncée dans le capuchon rabattu sur mes yeux et que j'avais eu quelque peu peur.
        Le lendemain matin la ville était couverte de neige. Il y en avait partout, dans les rues, sur les toits, la couche avait vingt centimètres d'épaisseur.
        C'était la première fois que cela se produisait à Bône. Les vieux du pays étaient aussi étonnés que les enfants.
        En fait de neige, ils n'avaient jamais vu, et de loin, que le blanc manteau que revêt chaque hiver l'important Bouzizi qui domine la ville à l'Ouest.

         Ce fut presque une réjouissance pour tout le monde ; gambader dans cette ouate blanche, faire choir son voisin sur cette couche molle, floconneuse, si enveloppante.
        Quels ébats nouveaux pour les petits, quels combats pour rire pour les autres.
        Quels désagréments mortifiants aussi pour les paisibles portefaix indigènes qui servaient de cibles aux impitoyables lanceurs de boules de neige.
        Malheur à celui qui passait dans leur ligne de tir à portée de leur effort ; la boule venait l'atteindre et s'écraser, presque toujours en plein chèche, ce qui mettait la victime en fureur.
        C'était alors des cris, des rires, des injures, des imprécations, des quolibets et des lazzis qui s'entremêlaient et qui finissaient par des poursuites furieuses, des chutes dans la neige trop molle et, parfois, par des coups.
        Mais la ville demeurait resplendissante sous le soleil pile et timide qui mettait mille points étincelants sur ce joli manteau d'hermine dont elle était parée, pour la première fois, depuis qu'elle était française.
        Bône sous la neige, intégralement sous la neige, cela ressemblait à une féerie magique et irréelle.
        C'est autour de notre vieux Collège de l'impasse Lacaille que les guérillas étaient les plus acharnées et les plus vives.
        Dans ces rues en pente, les mécomptes de nos braves travailleurs indigènes étaient plus nombreux et plus amers qu'ailleurs.
        II suffisait, en effet, aux enfants d'occuper le haut de la rue pour avoir la maîtrise du jeu, sans courir le moindre risque d'une riposte venant du plan inférieur.
        Ces enfants, à cet âge est sans pitié ", bombardaient sans répit tous ceux qui se trouvaient en contrebas de leur position.
        La rue Vieille-St-Augustin, dont la pente particulièrement raide, offrait aux élèves un admirable plan incliné permettant à ces nouveaux amateurs de sports d'hiver de faire rouler jusqu'au bas de la côte, d'énormes boules de neige qui grossissaient au fur et à mesure qu'elles descendaient.
        Cette neige, hélas, n'était pas éternelle.
        Deux jours après, la neige avait fondu ; la boue avait repris possession des rues. Une boue épaisse et noire, car les rues qui n'étaient pas pavées étaient recouvertes, l'été, par une abondante poussière qui se transformait en boue l'hiver.
        L'été, pour combattre cette poussière, on utilisait I'eau de mer, non pas à cause des savantes théories de Quinton, dont le sérum, qui porte son nom, est employé avec succès dit-on, contre la migraine, la neurasthénie et les maladies nerveuses.

        Non, les Bônois, du moins ceux d'alors, n'étaient ni neurasthéniques, ni nerveux et la migraine leur était inconnue, car ils ont toujours eu la tête froide.
        On utilisait l'eau de mer parce qu'en séchant elle laissait sur la poussière une légère couche de sel qui la plaquait au sol et l'empêchait de s'élever trop vite dans l'air.
        Les tonneaux d'arrosage, traînés par d'infatigables mulets, circulaient sans discontinuité dans les rues de la Ville.
        Ils allaient faire leur plein d'eau au bord du quai, tout au bas du Cours exactement en face de la statue Thiers.
        Trois ou quatre pompes primitives qui plongeaient dans l'eau du port servaient au remplissage des tonneaux.
        Mais l'hiver aucun palliatif ne pouvait atténuer les désagréments causés par la boue. Il y avait bien quelques tombereaux que des boueurs emplissaient, y jetant leurs pelletées de boue, mais pendant qu'il pleuvait ils suspendaient leur travail, d'ailleurs peu efficace, en raison de son caractère pénible et fatigant.
        De sorte que la plus grande partie de la chaussée était toujours recouverte d'une épaisse couche de boue.
        I1 ne fallait pas essayer de traverser une rue en n'importe quel endroit : On pataugeait dans des flaques larges et profondes et les chaussures et les extrémités inférieures des vêtements étaient affreusement maculés.
        Tandis qu'aux angles les piétons allant d'un trottoir à l'autre avaient fini par tasser la boue et l'on pouvait traverser à pied sec, sans risquer de se salir trop.
        C'était affreux, sale maussade et se souvenant de ce février 1891, plus d'un Bônois a, sans doute, murmuré comme François Villon, ce vagabond poète : " Mais où sont les neiges d'antan ".
        Ferdinand Marchis qui aimait sa ville natale et qui aimait aussi à la parcourir à pied, s'était rendu compte de cette poussière qui devenait boue pour redevenir poussière, ensuite, entreprit, dès son accession à la première édilité de la ville, en 1903, de faire paver toutes les rues.
        En trois ans, toute la ville fut pavée, la boue et la poussière furent bannies définitivement de nos rues et les ophtalmies très fréquentes jusqu'alors, disparurent presque complètement.
        Cela seul suffirait à assurer le souvenir de Ferdinand Marchis.
        La ville aujourd'hui est si propre, l'hiver, qu'on imagine difficilement que ses rues autrefois étaient de véritables fondrières,
        Mais où sont les neiges d'antan.

***


LE CHEVAL ET LE COCHON
Fable Envoyée par Marcel Trells

        Un fermier trouve son cheval malade. Il fait venir le vétérinaire.
        Ce dernier lui dit que le cheval est infecté par un virus et qu'il va prescrire un remède.
        Si le remède n'a pas agi dans les trois jours, il faudra abattre le cheval pour éviter d'infecter les autres animaux.

        Le cochon de la ferme, qui a tout entendu, va trouver le cheval et lui dit
        « Fais un effort, lève-toi »

        Mais le cheval est trop malade. Le deuxième jour, même chose, le cochon dit au cheval :
        « Fais un effort, lève-toi ». Mais le cheval est encore trop malade.

        Le troisième jour, le cochon dit :
        « Fais un effort, lève-toi, sinon ils vont t'abattre aujourd'hui. »

        Le remède n'a toujours pas fait d'effet, mais dans un dernier sursaut, grâce aux conseils du cochon, le cheval arrive à se lever devant le fermier et le vétérinaire.

        Le fermier, tout content, dit :
        « Pour fêter l'événement, on va tuer le cochon ».

        Moralité : Ne te mêle jamais de ce qui ne te regarde pas.



A l'Aube de l'Algérie Française
Le Calvaire des Colons de 48
                                       Par MAXIME RASTEIL (1930)                                       N° 13

EUGÈNE FRANÇOIS
Mon ancêtre

Quoi de plus louable que de partir à la recherche de ses ancêtres !
Découvrir où et comment ils ont vécu !
La Bruyère disait : " C'est un métier que de faire un livre. "
Photo Marie-Claire Missud
J'ai voulu tenter l'expérience de mettre sur le papier après la lecture d'un livre sur "les Colons de 1848" et le fouillis de souvenirs glanés dans la famille, de raconter la vie de ce grand homme, tant par sa taille que par sa valeur morale, de ce Parisien que fut Eugène FRANÇOIS né à Meudon en 1839, mort à Bône en 1916.
Tout a commencé lors de l'établissement d'un arbre généalogique concernant le côté maternel de notre famille : arrivé à notre ancêtre : qu'avait-il fait pour qu'une "Rue" de ma jolie ville de "Bône la Coquette", porte son nom dans le quartier de la Colonne Randon ?
Tout ce que j'ai appris, j'ai voulu le faire découvrir tout simplement comme d'autres ont écrit sur nos personnalités et grandes figures Bônoises !
Pour qu'aujourd'hui, on n'oublie pas ce qui a été fait hier !...
Marie Claire Missud-Maïsto

PREMIÈRE PARTIE

EN PLEIN BANDITISME


          A quelque temps de là, un tragique événement vint alarmer tout le village. Au nombre des habitants installés depuis la première heure, se trouvait M. Roulleau, voiturier, qui tenait l'Hôtel du Roulage, et se chargeait des transports pour tout le monde. En vue de loger ses bêtes, il avait construit une bonne écurie-remise en pierre, chaux et sable.
          Deux de ses fils, gars vaillants et solides, travaillaient avec lui. Le troisième s'était engagé comme matelot. Or, au matin d'une nuit sombre et pluvieuse, on constata que des malfaiteurs avaient percé un mur d'un demi mètre d'épaisseur, et qu'une fois dans l'écurie, ils avaient réussi à en faire sortir quatre chevaux ou mulets pour les voler. Le hasard avait voulu que, pendant cette opération de brigandage, l'un des fils Roulleau, qui couchait dans la paille de la remise fît un mouvement. Et c'est alors qu'averti de sa présence, un des bandits s'approcha du dormeur et le tua à bout portant d'un coup de feu. Le malheureux jeune homme n'avait pas reçu moins de dix chevrotines. Qu'on juge du désespoir de ses malheureux parents et de la consternation dans laquelle ce crime odieux plongea la population tout entière!
          Cet attentat n'était pas fait pour augmenter nos chances de sécurité déjà si minces. Après les méfaits des lions, c'étaient maintenant les u fauves à deux pattes ", comme nous appelions les bandits en burnous qui se risquaient en plein Mondovi pour piller, razzier et assassiner les nouveaux Colons jusque dans leurs demeures. Qu'allions-nous devenir? C'était la question que l'on se posait dans toutes les familles, surtout lorsque, quelques semaines après l'affaire Roulleau, un crime plus abominable encore vint mettre le comble à nos angoisses et à notre indignation.
          Il y avait de quoi. Figurez-vous que la femme d'un colon, étant sur le point de faire ses couches, avait dû se rendre à Bône en compagnie de quelques personnes du centre qui profitaient de ce même convoi. En cours de route - c'était la nuit - le véhicule vint à s'embourber et il fut impossible de le tirer du marécage. Les voyageurs furent contraints de s'en retourner à pied pour chercher du renfort.
          Mais la jeune femme, ne pouvant effectuer ce chemin en raison de son état, avait dû rester seule dans le char en attendant leur retour.
          Fatale imprudence ! Quand on revint, on trouva la malheureuse éventrée et odieusement mutilée. Les seins avaient été coupés, et les moukères ayant participé à ce forfait sans nom s'étaient acharnées comme des hyènes sur le cadavre de la victime.
          Drame affreux, qui montrait une fois de plus la haine farouche de la population musulmane à l'égard de tout ce qui était français.
          Au reste, nous n'en avions pas encore fini avec les pillards et autres bandits du bled. Après le fils Roulleau, ce fut le colon Loizauté qui tomba sous les balles des perceurs de murailles. Ayant entendu un bruit insolite pendant la nuit, il s'était levé et, sans méfiance comme sans arme, il avait ouvert la porte de son habitation pour se rendre compte de ce qui se passait. A ce moment, il aperçut plusieurs Arabes occupés à voler son bétail.

          Suivant leur habitude, les malfaiteurs avaient posté un de leurs complices pour faire le guet. Avertis par celui-ci de l'arrivée du propriétaire, ils se mirent sur leurs gardes, si bien que lorsque Loizauté, qui était un véritable colosse, courut sur eux en chemise, ils l'étendent raide sous une décharge de leurs fusils et disparurent avec leur butin. On ne retrouva jamais la trace des criminels.
          Quelques mois ne s'étaient pas écoulés que le fils Campagne, de Barral, était l'objet d'un attentat non moins tragique. Voici dans quelles circonstances.
          M. le Vicomte Augier faisait alors construire un rendez-vous de chasse dans sa propriété sise près du Centre voisin de Saint-Joseph, et il y avait sur les lieux un grand nombre d'ouvriers. Le fils Campagne approvisionnait la cantine chargée du ravitaillement de tout ce monde.
          Le sachant porteur d'une forte somme d'argent, des indigènes s'embusquèrent sur son passage, l'assaillirent et le laissèrent pour mort sur le chemin, après l'avoir frappé de onze coups de poignard et dépouillé de sa sacoche.

          Le malheureux fut retrouvé dans une mare de sang, tant il avait reçu d'affreuses blessures. Cependant, il respirait encore, et on le transporta chez ses parents, à - Barral, où le docteur militaire de Mondovi, M. Dufour, fut appelé d'urgence.
          Toutes les plaies de la victime paraissaient mortelles et laissaient peu d'espoir de guérison, mais l'habile praticien se montra si assidu et si dévoué, se rendant jusqu'à deux fois par jour au chevet de ce brave garçon, qu'il parvint à le sauver. En présence d'un pareil miracle, les habitants de la région voulaient porter le docteur en triomphe.


A SUIVRE       
Merci à Thérèse Sultana, et Marie-Claire Missud/Maïsto, de nous avoir transmis ce livre de Maxime Rasteil qui a mis en forme les mémoires de son arrière grand-père Eugène François.
Elle a aussi écrit un livre sur lui.
J.P. B.

Le temps des souvenirs d'autrefois.
                                          par Jean Claude PUGLISI                                       N°11
Noël !

Le temps des présents.

       Comme vous le savez tous parfaitement, s'il n'est pas toujours simple et aisé de choisir un cadeau de Noël, l'offrir même de bon cœur avec amour et tendresse à tout un peuple, est me semble-t-il un exploit bien difficile à réaliser.

       A cela je répondrai sans vanité aucune : " pour d'autres peut-être ! Mais sûrement pas pour un enfant de La Calle bastion de France. "

       Voilà me direz-vous une affirmation bien présomptueuse, qui comme on peut s'en douter, mérite assurément une juste explication de ma part. Mais rassurons-nous mes chers et estimés amis, car, je n'aurai ce faisant, aucun mérite de vous révéler un petit secret de Polichinelle, que nous avons tous héréditairement reçu en héritage et d'une manière indélébile, dés notre arrivée en ce monde sur cette terre bénie de Barbarie :

       Notre amour passion pour les pâtes !

       Des pâtes une fois de plus ! Voilà le grand secret que je vais révéler et vous offrir en ces jours de Noël.

       Encore des pâtes ! seriez-vous tentés de me dire avec juste raison.

       Alors en chantonnant gaîment et de plus belle, je vous répondrai en pointant fièrement mes belles moustaches vers le sud et au-delà de la mer :

       Des pâtes, des pâtes ? Oui, mais ! des PUGLISI.

       Comme j'ai déjà eu l'occasion de l'affirmer à plusieurs reprises, il n'y avait pas une mais plusieurs cuisines calloises, puisque chacune de nos familles avait sa façon de faire bien à elle, en particulier tous les petits secrets de préparation d'une bonne macaronade. Alors - même si les dieux du bastion ne me le pardonnent jamais ! - j'ai été tenté de faire comme tout le monde, pour avoir aussi ma recette à moi. Mais j'avoue très humblement qu'en plus de mes subtiles manipulations culinaires, entre la louche et la casserole j'ai tout de même jeté un œil curieux et inquisiteur sur tous les maîtres queues de chez nous, en particulier la délicieuse chansonnette d'un certain Cap'tain Genarro de la presqu'île de France… Je n'ai pas également omis un seul instant, de me souvenir des conseils et astuces que j'ai pu relever au sein de notre petit peuple et de me remémorer avec beaucoup d'émotion et non moins de nostalgie, la splendeur des chefs-d'œuvre culinaires de Madame Marie Costanzo Dinapoli, ma tante de cœur préférée que j'embrasse affectueusement au passage.

       Alors pour ne pas porter la discussion à la longue, disons-le tout de suite : j'ai eu l'audace de réaliser une macaronade de la mer à ma façon, accompagnée d'une presqu'îlienne de seiches façon Cap'tain Genarro.

       C'est tout simplement ce modeste mais succulent présent de Noël, que j'ai eu très envie de vous offrir, en vous souhaitant à tous une bonne, heureuse et gourmande année 2007, en même temps que ma tendre et fidèle complice : la Cuisine du bastion de France.

Jean-Claude PUGLISI -
de La Calle bastion de France.
( Giens en presqu'île )


Macaronade de la mer sauce Genarro.
( Bolognaise de seiches )

     Ingredients : ( pour 4 à 6 personnes )
       " 600 g de Spaghetti n°1 ou de Linguines.
       " 1 poulpe de 300 à 400 g ou plusieurs petits poulpes.
       " 1 belle poignée de petites seiches fraîches.
       " 1 gros oignon.
       " 4 gousses d'ail en chemise.
       " 1 boite de concentré de tomate de 140 g à 28%.
       " 1 boite 4/4 de tomates pelées au jus.
       " 4 filets d'anchois à l'huile.
       " 1 cuillérée à soupe de câpres.
       " 1 feuille de laurier.
       " 1 branche de thym.
       " 2 clous de girofle.
       " 2 branches de persil.
       " 1 verre de vin rouge.
       " 1 piment de Cayenne ( facultatif ).
       " Huile d'arachide.
       " Sel et poivre.

     Préparation :
       " Ciselez l'oignon et écrasez grossièrement les gousses d'ail en chemise.
       " Nettoyez, rincez le poulpe et débitez-le en morceaux moyens.
       " Nettoyez, rincez les petites seiches et réservez à part.
       " Dans une petite cocotte fonte versez 2 bonnes cuillérées d'huile d'arachide.
       " Dés que l'huile est chaude ajoutez : l'oignon ciselé + l'ail en chemise écrasé + les 4 filets d'anchois à l'huile + 1 cuillérée à soupe de câpres + les morceaux de poulpes + sel et poivre.
       " Laissez bien dorer la préparation à feu moyen.
       " Ajoutez le concentré de tomate, que l'on fera doucement revenir à feu doux un petit instant.
       " Déglacez avec un volume de vin rouge égal à celui de la boite de concentré de tomate.
       " Passez au moulin à légumes la boite de tomates au jus et l'intégrer dans la préparation.
       " Thym + laurier + 2 clous de girofle + persil + 1 piment de Cayenne ( facultatif ).
       " Bien mélanger le tout et ajoutez la valeur d'½ boite 4/4 d'eau froide.
       " Laissez mijoter à couvert 45' à 1 heure à petit feu, en rajoutant un peu d'eau si nécessaire.
       " Rectifier l'assaisonnement.


Préparation de la presqu'îlienne
de seiches à la Genarro :

     Préparation :
       " Hachez finement les petites seiches fraîches.
       " Faites à peine sauter ce hachis avec : un peu d'huile + 1 petit hachis d'ail et persil.
       " Salez et poivrez.
       " Intégrez le hachis de seiches dans la sauce tomate au poulpe, 10' à ¼ d'heure environ avant la fin de sa cuisson.
       " Laissez un moment en contact sur feu éteint.
       " Faire cuire les pâtes à votre convenance dans un grande quantité d'eau bouillante salée + 2 feuilles de laurier + 2 cuillérées à soupe d'huile d'arachide.
       " Réservez 1 louche d'eau à la fin de la cuisson des pâtes, que l'on versera immédiatement dans la sauce pour lui donner un peu plus de corps.
       " Versez les pâtes dans une passoire et les servir accompagnées de la sauce chaude avec ses ingrédients.

     Recommandations :
       - Fromage râpé ou pas fromage ? Vaste question qui mériterait peut-être la réunion d'un concile callois, comme celui qui devait il y a bien longtemps de cela définir le sexe des anges ! Traditionnellement j'ai toujours entendu dire, qu'il ne fallait jamais saupoudrer de fromage râpé, des pâtes assaisonnées aux produits de la mer ? Dans ce domaine particulier, je crois qu'il faut laisser chacun décider suivant ses goûts, même si l'on est en la matière un parfait traditionaliste voire un intégriste.
       - Je pense qu'il faudrait également pour parfaire cette recette, de réserver une autre belle poignée de petites seiches fraîches, que l'on farinera légèrement pour ensuite la faire bien dorer dans de l'huile chaude, avec un bon hachis d'ail et persil et un jus de citron. Lorsque la macaronade est servie, accompagnez chacune des assiettes avec cette garniture de petites seiches croustillantes.
       - La sauce gagnerait en goût à être faite un peu à l'avance voire la veille au soir. Il est possible également de rajouter : 2 morceaux de sucre et 1 petit bouquet de basilic frais ciselé - en fin de cuisson juste avant de servir.
       - Voilà mes amis et compagnons, le petit présent de Noël que je voulais tout simplement vous faire, auquel j'associerais sans même lui demander la permission, Cap'tain Genarro alias signore Janvier Olivieri de la presqu'île de France, qui un jour à eu l'idée de génie de faire une sauce Bolognaise sans viande, peut-être, oui mais ! Avec des produits de la mer. Comme son secret n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd, aujourd'hui comme un papagallo je viens vous répéter son histoire, en l'ayant bien sûr et comme d'habitude revue et corrigée à ma façon, pour vous souhaitez à tous de bonnes fêtes de Noël.


LE FEU
Envoyé par M. Guy Rolland

Le feu nous attendait
Au bord de la forêt profonde

La rivière oubliée
Au bout de la route verte
Inondait nos coeurs
De gerbes d'étincelles
Le brasier éclatait
De ses étoiles filantes
Eclairant nos visages
Des songes qui les hantent

Loin des labeurs contrefaits
Et près des amours souffertes
Nous brûlions le bois tombé
Des tempêtes anciennes

Sous le vivier d'étoiles
L'amitié dans nos coeurs
Chaude et vive et forte
Brûlait incandescente
Et nos mains revivaient
De toutes les mains tendues
De toutes nos amours mortes
Et de tous nos amis perdus

Le feu nous attendait
Dans la clairière de la nuit
Et la terre et les pierres
Et notre chant enfui
Appelaient l'éternité
Dans l'odeur du soir fêté.


Guy Rolland      
26 Novembre 07      

COLONISATION de L'ALGERIE
  1843                           Par ENFANTIN                      N° 28 
IIIème PARTIE
ORGANISATION DES INDIGÈNES.

CHAPITRE II.
LIEUX FAVORABLES A LA SOUMISSION PROGRESSIVE DES TRIBUS
ORDRE SELON LEQUEL ON DOIT PROCEDER À LEUR
ORGANISATION.

  
        1. - Je le répète, les mêmes considérations générales qui m'ont servi à déterminer les lieux favorables à l'établissement des colonies, et l'ordre selon lequel on doit procéder à leur fondation, déterminent également, d'une manière générale, les lieux et l'ordre favorables à la soumission et à l'organisation des tribus. Ce chapitre serait donc inutile, si je ne devais pas entrer plus avant dans l'examen des lieux et des populations.
        J'admettrai comme démontrées précédemment les propositions suivantes :
        Les tribus de la zone intérieure sont, en général, moins susceptibles de soumission immédiate que celles de la zone maritime; les premières exigent le contact des colonies militaires, les autres permettent celui des colonies civiles.

        Les tribus de l'Algérie toute entière sont plus susceptibles de soumission et d'organisation prochaine dans l'Est que dans l'Ouest; plus clans la province de Constantine que dans celle d'Alger ; plus clans celle-ci que dans celle d'Oran.

        Les tribus qui se trouvent sur la ligne stratégique et sur les communications de cette ligne à la mer, et aussi sur les communications des villes du littoral, sont les premières à soumettre et à organiser.

        J'ajoute maintenant à ces trois propositions, une quatrième, que je n'ai pas fait ressortir dans les chapitres précédents, mais qui en découle logiquement.
        Hors de ces lignes, les tribus doivent être contenues et surveillées, plutôt qu'elles ne doivent être soumises et organisées, jusqu'au moment où le grand cadre de soumission et d'organisation sera achevé ou très avancé.
        Comme cette proposition résout une difficulté longtemps débattue sous le mot d'occupation restreinte, je dois d'abord la développer, avant de parler des tribus soumises, ou à soumettre et à organiser immédiatement.

        II - C'est, en effet, une occupation restreinte qu'il faut, mais restreinte à. un cadre qui embrasse l'Algérie entière et qui indique clairement notre prétention à l'organisation future d'une possession considérée tout entière comme possession française; c'est seulement de cette manière que l'occupation restreinte est proposable, elle n'est pas soutenable autrement ; car si elle n'était pas un signe de notre prétention à tout posséder , elle serait un appel continuel à la révolte , fait par nous-mêmes , aux tribus de la portion dans laquelle nous nous limiterions.
        C'est une occupation restreinte, en ce sens qu'un pays comme l'Algérie ne peut pas être occupé partout à la fois, à cause de son étendue, et surtout à cause de la nature de sa population et de l'état de son sol accidenté, sans communications, sans établissements fixes. On peut occuper entièrement et de .suite, plus facilement, la France et presque l'Europe entière, que l'Algérie.
        Restreindre l'occupation, c'est donc simplement mettre de l'ordre dans -l'occupation générale, la commencer par où elle peut et doit être commencée.
        Dans ce sens, l'occupation serait restreinte, la colonisation le serait aussi.
        Pour remplir le but que nous nous proposons dans ce chapitre, commençons nous-mêmes par nous débarrasser de ce que nous avons à dire sur les tribus placées en dehors du cadre d'occupation, afin de n'avoir plus à nous occuper que de l'organisation du réseau colonial de l'Algérie. Ceci achèvera de combler une lacune que j'ai dû laisser dans les chapitres consacrés spécialement à la colonisation européenne.

        III - Ces tribus se décomposent en deux parties très distinctes, celles qui se trouvent entre la ligne stratégique et la mer, et qui sont généralement kabyles, et celles qui sont situées au Sud de la ligne stratégique, entre celle-ci et le désert, et qui sont presque toutes arabes.
        Les premières sont fixées au sol, ont des habitations, des hameaux, des villages, quelques villes même. - Les secondes sont généralement nomades ; plusieurs cependant ont des villes, mais à une grande distance, à soixante lieues au moins de notre ligne stratégique.
        Ici se présente un phénomène inverse de celui qui nous a déterminé dans le tracé des deux zones. Les tribus kabyles qui se trouvent en dehors du réseau colonial, dans la zone maritime, sont, sinon plus à redouter, du moins plus difficiles à soumettre que les tribus arabes qui sont en dehors et au Sud de la ligne stratégique. On peut dire que ces dernières devront attirer toute l'attention des hommes pacifiques de la zone des colonies militaires, tandis que les Kabylees devront attirer toute l'attention des militaires de la zone des colonies civiles.
        En d'autres termes, notre conduite avec les tribus non soumises devra être l'inverse de notre conduite avec les tribus soumises, ce qui est assez naturel.

        Rendons clair ceci par un fait pratique.
        On a vu combien j'ai cru devoir éviter le contact des colonies militaires et des tribus, voisines d'elles ; j'ai voulu leur interdire même les relations de travail, et ne mettre les tribus en rapport avec l'autorité française qu'au moyen des postes militaires. Au contraire, j'ai dit que, dans la zone maritime, on devrait encourager les relations de travail agricole entre les colonies civiles et les tribus soumises, leurs voisines, et autoriser même les membres de ces dernières à demeurer dans les colonies. J'ajoute maintenant que les colonies militaires devront faire leur possible pour établir des relations de commerce et d'industrie, mais d'industrie domestique plutôt qu'agricole, avec les Arabes du Sud et les étrangers à l'Algérie (Biskris, Mzabites, Tugurtains, Berbères d'Angad, Tunisiens et Marocains) ; on recrutera même dans leur sein, autant que possible, les spahis attachés au service des postes militaires. D'un autre côté, dans la zone maritime, l'autorité attirera bien, dans les rangs des gendarmes à pied ou pour les bataillons d'infanterie indigène de la zone intérieure, le plus de Kabylees possible, appartenant aux tribus hors du cadre colonial ; mais elle exercera une surveillance extrême sur les membres de ces tribus, commerçants ou autres, venant visiter les colonies ou même les tribus de la zone maritime. Les Arabes du Midi auront leurs caravansérails et leurs bazars dans l'enceinte môme des colonies militaires ; tandis que les Kabylees des tribus insoumises, dans leurs voyages, devront camper près des postes militaires de la zone maritime, et ne seront admis à loger leur personne et leurs marchandises que dans les faubourgs indigènes des villes européennes, où seront leurs caravansérails et leurs bazars.

        Ainsi, dans la zone intérieure, le gouvernement et la police des indigènes soumis et organisés, appartiendront exclusivement aux chefs des postes militaires; tandis que la surveillance et le règlement des relations des tribus du Sud, arabes ou autres, avec nous, appartiendraient spécialement aux chefs des colonies militaires, bien entendu toujours, sous la haute direction du Gouverneur des colonies militaires, commandant en chef l'armée active; et dans la zone maritime, le gouvernement et la police des tribus soumises et organisées appartiendraient exclusivement à l'autorité civile , tandis que la surveillance des tribus kabyles ou autres, non soumises, appartiendrait spécialement à l'autorité militaire qui aurait la police de leurs relations avec nous, bien entendu sous la haute direction du Gouverneur des colonies civiles.
        Ces tribus du Sud, dont il est ici question, sont celles qui, de tout temps, ont fait le commerce des caravanes, et ont fourni aux travaux industriels de l'intérieur des villes, des manoeuvres robustes, intelligents et fidèles ; et les tribus kabyles sont celles qui, de tout temps aussi, ont fait le commerce intérieur du littoral et le cabotage, et ont été les marchands des principales denrées alimentaires des villes.

        Chez les premiers, les hommes que nous pouvons utiliser au milieu de nous sont plutôt chameliers et portefaix, et chez les seconds, plutôt muletiers et boutiquiers, qu'ils ne sont, les uns et les autres, cavaliers ou fantassins; néanmoins, ces hommes du Sud sont les meilleurs cavaliers, et ces Kabylees des tribus insoumises, les meilleurs fantassins en Algérie. C'est donc chez eux que nous devons surtout recruter notre cavalerie et notre infanterie indigènes ; et comme ils sont en dehors du cadre de soumission, ils n'en seront que meilleurs surveillants des tribus organisées, et ils seront, pour ainsi dire, autant d'otages pris dans les tribus non encore organisées.
        Ce que je viens de dire est certainement un moyen fort indirect d'action sur les tribus non soumises, mais c'est le seul qui me paraisse convenable à leur égard ; la force est le plus mauvais de tous; elle n'est utile qu'à l'égard des tribus qu'on peut immédiatement organiser et protéger, et non pour celles que nous ne pouvons ou ne voulons pas gouverner. Pour celles-ci, l'emploi de la force est indispensable, si elles sont assez folles pour nous attaquer ; il est nécessaire, comme punition de leurs crimes contre nous ou les nôtres ; mais, dans ce dernier cas, n'oublions pas que la vengeance sociale qui décime au hasard, dans son impuissance à trouver les vrais coupables, qui expose la vie de bien des braves, et verse leur sang pour laver la tache criminelle d'une première goutte de sang, est une justice exceptionnelle, passagère, fatale comme la nécessité, mais déplorable ; rappelons-nous que nous devons délivrer les Arabes de cette justice barbare qui était la leur et non la nôtre, et que nous devons avoir hâte de nous en délivrer nous-mêmes.

        VI - J'ai vu des razzias faites par punition, des combats livrés pour la défense, des expéditions sanglantes pour lever l'impôt ou installer un Kaïd ; je déplore les premières, j'admire les seconds ; à mes yeux, les troisièmes sont impolitiques ou même coupables impolitiques, lorsqu'on veut en effet organiser la tribu ; coupables, lorsqu'on n'en a ni le pouvoir, ni même la volonté, lorsqu'on veut une affaire, un bulletin, un grade, lorsqu'on n'aspire qu'à répandre la terreur sur une population qu'on livrera en pâture à ses ennemis, à nos ennemis, après l'avoir terrifiée et affaiblie.
        Les tribus que l'on veut organiser ne peuvent pas l'être par des expéditions de quelques jours, mais par un établissement permanent; celles que l'on ne peut pas soumettre à une autorité qui les gouverne réellement, et par conséquent qui les protège, ne doivent pas payer d'impôt et avoir de Kaïd, qui d'ailleurs les exploite. Ces investitures de burnous, sur des mannequins de Kaïds sont des comédies absurdes qui se terminent toujours par une dégoûtante tragédie. L'impôt prélevé par la razzia coûte mille fois plus qu'il ne produit ; le Kaïd, installé par nos armes, héros le jour de la victoire, n'est le lendemain qu'un fantôme, ou, s'il conserve une ombre d'autorité sur les indigènes, c'est pour nous trahir et les piller.

        Il y a des tribus en Algérie qui ont déjà reconnu trois fois (par la force) un Kaïd, qui trois fois ont payé ou promis de payer (l'épée sur la gorge) un impôt, qui trois fois, pour ces actes de notre pouvoir, ont perdu des hommes, ont été dépouillées, et nous ont tué aussi des hommes, et nous ont coûté cher ; et en ce moment ces tribus n'en sont pas plus soumises à la France : mais il y a eu trois bulletins triomphants, les deux derniers copiés sur le premier. Tels sont les Harakta, les tribus des Zerdéza et les Righa de la province de Constantine ; telles sont toutes les tribus de la province d'Alger et plusieurs de celle d'Oran, malgré les soumissions de 1842 et les nouveaux et nombreux burnous, de façon française, distribués cette année.
        Non, ce n'est pas là faire de la politique, et ce n'est pas non plus faire la guerre; combattons et soumettons, mais seulement là où nous voulons gouverner; ailleurs, punissons, soyons juges et exécuteurs, il le faut; mais ne jouons pas au gouvernement et à l'administration, avec cette friperie de burnous et ces troupeaux de bouchers, cela coûte trop cher à notre bourse, à notre sang, à notre honneur : c'est brûler l'Algérie à petit feu.

        V - Les tribus soumises doivent être organisées, gouvernées, protégées; celles qui ne sont pas soumises, et qui ne sont pas placées de manière que nous ayons intérêt à les soumettre aujourd'hui, doivent être surveillées vigoureusement et châtiées rigoureusement, si elles nous attaquent, nous ou les nôtres; mais pour Dieu ! Laissons-les tranquilles, et n'allons les chercher que lorsque nous serons en mesure de les enserrer dans notre réseau organisateur ; alors employons même ce fameux procédé, si reproché à l'Église, le compelle intrare; forçons-les à se civiliser, mais ne nous efforçons pas jusque-là de rentrer avec elles dans la barbarie, et de sacrifier comme elles à des fétiches, à l'idolâtrie des croix et des épaulettes.
        Le jour où des établissements permanents, de colonies militaires seront à Sigus, à Tifech, à Tébessa, alors donnons des chefs aux Harakta, prélevons des impôts sur eux ; le jour où la grande et riche plaine de Sétif aura aussi ses colonies répandues jusqu'à Ksar-el-Teir, faisons la même chose pour les Righa; enfin, lorsque le quadrilatère colonial de Bône, Guelma, Constantine, El-Harrouch sera tracé, faisons encore de même pour les Zerdéza, mais rien avant ; punissons seulement et surveillons, mais par un seul acte de gouvernement et d'administration.
        Croit-on donc que lorsque ces travaux coloniaux seront faits, les Harakta, les Righa et les Zerdéza seront plus difficiles à soumettre? - Ce serait croire le poisson plus libre dans la nasse ou le filet, qu'en pleine eau. Qu'on me passe encore ce dicton : Nous avons mis la charrue avant les boeufs, dans notre entreprise coloniale, et même nous avons voulu mettre les boeufs sous le joug avant de les tenir par les cornes.
        Loin de moi l'intention de récriminer aigrement contre le passé ! Savait-on si l'on coloniserait l'Algérie? Aujourd'hui, croit-on généralement que l'on voudra et surtout que l'on pourra coloniser? Enfin, sait-on même comment on essayera de coloniser? - Non, sans doute, puisque c'est seulement d'hier qu'une commission a été saisie de cette question ; cette commission n'a pas encore soumis au ministère son opinion ; il faudra ensuite que le conseil des ministres délibère, et enfin que les Chambres décident, après les longs débats de la presse.

        Mais si l'on se décide à coloniser, si l'on cesse de croire qu'on puisse garder, pacifier, gouverner l'Algérie, et rendre cette possession productive pour la France, seulement avec des baïonnettes, il faudra bien qu'on désigne quelles sont les tribus qui doivent être d'abord soumises, et quelles sont celles dont il faut attendre la soumission du temps, de l'exemple de celles que nous aurons bien gouvernées, et des succès de notre marche progressive du connu à l'inconnu, du facile au difficile, du soumis à l'insoumis.
        Eh bien ! je pense que lorsqu'on aura déterminé le réseau de soumission c'est là seulement que nous devrons porter toute notre force active, militaire ou civile, réservant au contraire la puissance d'inertie, dont Abd-el-Kader nous a donné de si grands enseignements, pour tout ce qui sera en dehors de ce réseau. Il y aura, entre Abd-el-Kader et nous, cette différence : il est toujours prêt à fuir quand nous l'attaquons, et nous serons toujours prêts à poursuivre et exterminer, ceux qui nous attaqueront; Abd-el-Kader tiraille notre arrière-garde quand nous quittons le champ de bataille, nous culbuterons son avant-garde avant qu'il soit en bataille; et puisqu'en allant toujours le chercher, sans pouvoir l'atteindre, nous ne l'empêchons pas de se relever de toutes ses défaites, attendons-le de pied ferme, sur nos lignes de colonies militaires.

        Il les ravagera, dites-vous ? - Non ; il ravage des fermes isolées, il brûle les environs d'Alger, quand l'armée court après lui, à cinquante lieues d'Alger ; il pille les tribus qui se soumettent à nous, parce que nous avons la maladresse de soumettre des gens que nous ne pouvons défendre; mais il ne s'agit ni de fonder des fermes isolées, ni de courir à la recherche d'Abd-el-Kader, ni de soumettre des tribus sans les défendre; il s'agit de colonies militaires, de postes militaires, de tribus organisées militairement et protégées efficacement, de villages fermés et bien défendus ; il s'agit très peu de combats, rarement de longues expéditions, mais considérablement de patrouilles.
        Songez donc que des nuées d'Arabes n'ont pas pu prendre la bicoque de Mazagran, ni même la ruine romaine de Djemila, qui n'avait alors, pour bastions, courtines, fossés et remparts, que quelques pierres placées les unes contre les autres, sous le feu même des Arabes (1); songez qu'ils n'ont pas encore pu seulement brûler un blockhaus ! Vous voyez bien que nous ne devrons pas les craindre, quand nous serons chez NOUS.

        Nous ne sommes pas encore chez nous en Algérie, du moins hors de nos villes et de nos camps ; nous n'avons pas de chez nous colonial; il y a bien quelques colons qui sont chacun chez eux et chacun pour eux, mais aucun de ceux-là même ne peut considérer l'Algérie comme une seconde patrie : personne n'y prend racine; la métaphore est juste, car nous ne savons que faucher des foins, couper des arbres et brûler des moissons.
        Bâtissons, plantons et cultivons ; faisons tout cela avec prudence, peu à peu et en corps; conservons autour de nos colons, armés eux-mêmes, une bonne ceinture de baïonnettes; que nos soldats colons aient à défendre, outre la gloire de la France, leur propre tête la tète d'une femme d'un enfant d'un père, et aussi le petit pécule, le mobilier du ménage, et peut-être même un cheval , monture de plaisir et de fête ; alors les Arabes ne seront plus à craindre, le soldat colon dira Je suis chez nous!

        Pauvres soldats de l'Algérie, je n'ai pas entendu dire à un seul de vous cette bonne parole ! L'Algérie vous pèse, bien plus encore qu'elle n'a pesé jusqu'ici sur les contribuables ; vous-mêmes, vous contribuez de votre sang, de vos privations et de vos maladies, à ce terrible impôt que prélève sur nous l'Afrique ; votre chez vous, c'est toujours votre village de France, et la nostalgie vous consume !
        J'ai dit que les tribus kabyles insoumises de la zone maritime étaient, sinon plus à redouter, du moins plus difficiles à soumettre que les tribus .qui sont établies au sud de la ligne des colonies militaires. Elles sont à redouter à cause de leur voisinage; mais, je l'ai dit aussi, elles attaquent peu hors de chez elles ; elles n'aiment pas, il est vrai qu'on' aille les visiter avec des fusils. Ce voisinage pourra contribuer à rendre leur soumission plus prompte que celle des tribus du Sahara, si nous agissons de manière à rendre leur contact avec nous profitable pour elles et pour nous. En parlant de la communication de Sétif à Bougie, j'ai déjà indiqué les procédés de diplomatie commerciale, comme étant ceux qui pouvaient d'abord faire tolérer notre passage chez ces Kabylees, et amener plus tard leur soumission ; tout à l'heure, j'ai parlé des moyens de police et des enrôlements militaires, je dois dire aussi quelques mots de la marine.

1) Beau fait d'armes, plus beau encore que celui de Mazagran, et qui pourtant a été passé sous silence !

A SUIVRE

EH OUI LES FILLES
Envoyé par Renè Michaut
Voici le conte le plus court et le plus beau que vous n'ayez jamais lu.

     Il était une fois une jeune fille qui demanda à un garçon s'il voulait se marier avec elle. Le garçon lui répondit "Non!".

      Dès lors la jeune fille vécut toujours heureuse, sans laver, ni cuisiner, ni repasser pour personne, en sortant avec ses amies, en faisant l'amour avec celui qu'elle voulait, en travaillant et dépensant son argent comme elle le voulait.

      Le problème, c'est que depuis que nous sommes toutes petites, on ne nous a jamais raconté ce conte.
     Et ils nous ont bien foutues dans la merde avec ce putain de prince charmant !!!!

=====
La passion du Rugby

      Un homme est assis dans un stade de RUGBY

      c'est la finale de la Coupe de Monde, toutes les places sont vendues depuis des mois !

      A côté de lui, une place vide....

      Visiblement très irrité, le gars assis de l'autre côté de la place vide lui demande à qui appartient la place, car c'est quand-même honteux de laisser une place libre un jour de finale !!

      Effectivement, l'homme lui répond que c'est la place de sa femme, qu'ils viennent ensemble au RUGBY depuis qu'ils sont mariés, mais comme elle vient de décéder il n'y a pas si longtemps.......

      Le gars de l'autre côté s'excuse et lui présente ses condoléances.

      Puis il lui demande : "Excusez moi mais . il n'y avait personne d'autre de la famille ou des amis proches qui auraient voulu sa place ? "

      Et l'homme de répondre : "Ben si, mais ils sont tous à l'enterrement !!!"



Orchestres de Bône
Avec M. Alfred MELIS
Envoyé par M. Jean Claude Stella
Mon oncle Alfred MÉLIS a fait partie de plusieurs orchestres bônois.
 

Orchestre du Théâtre; A. Mélis à gauche avec la veste claire, à la répétion lors de la venue de Mme Lucie de Lameremoor.

L'Harmonie Bônoise, M. A. Mélis derrière le 1er pupitre de droite.


L'orchestre Marcel Salvati, A. Mélis le 3ème en partant de la gauche


Les Swing's Boys, M. A. Mélis au centre avec son saxo.

A l'extême droite, M. A. Mélis chanteur,
c'était lui le spécialiste des chansons italiennes.

Mal connue, cette partie de la mémoire Bônoise, les ensembles de musiques, mériretait d'être alimentée par tous vos souvenirs que vous pourrez trouver au fond des cartons et valises. Cherchez et faites en profiter les copains.
N'hésitez pas à identifier les autres personnages de ces photos.


UNE PLAQUE POUR ALBERT CAMUS
Paru sur www.elwatan.com
Edition du 5 novembre 2007 - France-Actualités

       Albert Camus

       Une plaque commémorative dans sa maison natale à Dréan (Annaba) ?
       La maison d’Albert Camus, prix Nobel de littérature, tient toujours debout. 94 ans après la naissance de l’illustre écrivain. C’est à Dréan, ex-Mondovi, à quelques encablures de Annaba, que l’auteur de L’étranger a fait ses premiers pas.

       Le professeur Denis Fadda, lui même natif de la ville, a proposé, lors du colloque de Perpignan consacré à Camus et Kateb Yacine que la demeure de l’écrivain soit conservée : « Je pense que pour les gens de Dréan, c’est une grande fierté de savoir que Camus est né dans leur village et je crois qu’il ne doivent pas laisser échapper cette chance qu’ils ont d’avoir eu Camus comme un des leurs, cette chance est double puisque cette maison existe encore et elle aurait pu disparaître. C’est une pauvre maison, très modeste car le père d’Albert Camus était ouvrier agricole. Pour le village, avoir cette maison et surtout ne pas la laisser disparaître, c’est un devoir. On pourrait y mettre une plaque, ‘’Ici a vécu Albert Camus, prix Nobel de littérature, né à Mondovi le 13 décembre 1913’’. » Pour cela, Denis Fadda estime qu’il faudrait au minimum qu’elle soit classée comme patrimoine. « Ainsi, elle ne pourrait pas être détruite. Il y a le risque qu’un bulldozer, un jour, la rase d’un seul coup de pelle. Aussi, en deuxième temps, elle pourrait être aménagée en musée et ce serait un attrait touristique pour ce village. »
       Denis Fadda est un haut fonctionnaire international (Nations unies), il est président de France-Afrique (membre du bureau du Comité de liaison des associations nationales des Rapatriés) et élu à l’Académie des sciences d’Outre-mer : « Je suis de la sixième génération de Bônois (Ndlr : son père André a été l’un des derniers maires de Bône, (Annaba) et c’est dommage pour ma terre natale de laisser échapper cette opportunité de faire connaître Camus. » Avec un groupe de personnes et de façon informelle, un certain nombre de démarches ont été entreprises auprès de la wilaya : « Il faut surtout une prise de conscience pratique sinon cela sera difficile » . C’est peu de le dire.

Walid Mebarek        

Photo du groupe Bartolini

LA FLAMME DE LA DEVOTION
Poême d' un Orannais, René MANCHO
Envoyé par M. Jean Pierre Ferrer

Lorsque les chrysanthèmes fleurissent sur les tombes
Et que les bonnes gens honorent leurs défunts
Du lever du soleil jusqu’à ce que la nuit tombe
Me reviennent en mon âme odeurs et parfums
De mon pays, là-bas ou je ne pourrais pas
Un bouquet à la main, une prière sur les lèvres
Rendre hommage à mes morts, non je ne pourrai pas
Alors monte en moi la rage et puis la fièvre.

Sous une humble photo, maigre consolation
J’allume une veilleuse et la petite flamme
Permet vers vous mes morts toute ma dévotion
Ma tristesse, ma peine et c’est la mort dans l’âme
Que mon esprit s’en va, vers les marbres ternis
De cet havre de paix qu’était Tamasouet**
Où désormais, hélas, il ne m’est plus permis
De prier mes défunts sous le chant des mouettes.

Les larmes qui circulent sur les rides de mes joues
Me disent que peut être mon tour d’aller vers vous
N’est déjà plus très loin et qu’enfin finira
Cette séparation que des fous ont voulu.

** Un cimetière d'Oran

René MANCHO         


MON PANTHÉON DE L'ALGÉRIE FRANÇAISE
DE M. Roger BRASIER
Créateur du Musée de l'Algérie Française
Envoyé par Mme Caroline Clergeau
GABRIEL AUDISIO
Marseille, 1900 - Issy-les-Moulineaux, 1978
Romancier, Essayiste, Humaniste, Poète.
Grand Prix Littéraire de l'Algèrie, 1925



Sa profession de foi " Quelle mer ? ... il n'en est qu'une : La Méditerranée… Si la France est ma nation, si Marseille est ma cité, c'est la mer, La Méditerranée de bout en bout ...

Le "Mustapha" qui l'emmena à Alger en 1910.


Une Ligne de Conduite, (qu'il exprime lorsqu'il fut arrêté par la Gestapo)
"Conserver le gouvernement de mon esprit".

L'opéra d'Alger que dirigeait son père.

le théâtre de l'Alhambra.

L'Opéra illuminé le 19 avril 1922.
Une philosophie : "La fin de l'homme est de mourir, d'accord. Mais alors, il faut mener sa vie jusqu'au bout, jusqu'à la mort, pour prouver, à nous-mêmes d'abord autant qu'à l'Univers, que nous jouons notre rôle dans le Tout, comme dans l'eau qui court et l'étoile qui brille, sans arrêt, jusqu'à la disparition de notre enveloppe terrestre. Et non pas laisser faire, agir". (Jean Rousselot -Algéria N° 9)
Alger, une vue du Port

Les Cyclamens qu'il aime.
Le Square devant l'Opéra.

A SUIVRE

TASSAADIT,
MAGNETISEUSE, GUERISSEUSE,
Par M. Albin SEBASTIANI
Trait d'Union N° 34
TASSAADIT, MARIEUSE, MINITEL OUALOU

       "Vous me feriez beaucoup d'honneur, si vous acceptiez d'assister au mariage de mon jeune frère, nous demande MANOU SAADI, un copain de classe avec qui nous avons, cinq ans durant, usé nos fonds de culotte et séroual sur les bancs de l'école communale d'EL-KSEUR."
               D'accord, mon vieux !
               Alors, rendez-vous, vendredi après-midi. Nous emprunterons le taxi de SI M'HAND jusqu'à BOUZOULAM. De là, des mulets nous transporteront jusqu'à TALA OULLAN, Taddart fiché sur une contrepente de l'ADRAR ARBALOU.
       La chevauchée par des sentiers escarpés éprouve nos échines. TALA OULLAN ! Des groupes qui devisent entre eux, des solitaires assis ou accroupis, en livrée de tous les jours, occupent un tertre élevé. Seule coquetterie, leur bâton, leur debbous, sceptre de leur dignité, symbole d'omnipotence, massue redoutable qui peut, à l'occasion, servir à régler certains différents, et Dieu sait, si au fond de ces vallées, rampent sournoisement quelques vieilles rancunes que le temps n'apaise pas ! Alors, éclatent les "néfras", affrontements entre fractions rivales que debbous et boussaadis règlent provisoirement. Mais aujourd'hui, la sérénité est de mise. Aucun rapport de police ou médical ne mentionnera : "X, atteint de coups contus au cuir chevelu ayant entraîné la mort".
       La Tamerabout TASSAADIT nous accueille. Personnage mystique pour tous ceux qui n'ignorent pas le rôle éminent joué par la femme dans la société berbère. Délurée, volubile, persona grata. Agent matrimonial, c'est elle qui a programmé ce mariage. De nombreux déplacements entre TALLA ouffelah et ouaddah, (le haut et le bas) d'après discussions pour déterminer le montant de la dot, scellant ainsi ce contrat de mariage qui ne sera enregistré nulle part. On prétend aussi qu'elle a facilité des unions plus ou moins légales, jouant ainsi les "mères maquerelles".
       Elle se flatte d'avoir mené à bon terme le mariage de AMAR OU CHIBANE, présumé âgé de soixante-dix ans avec TATA KACI, jeunette de treize printemps ! On aura encore recours à ses bons offices pour régler les litiges issus des répudiations.
       Tout le monde la respecte, la craint, la redoute.

       Salves de mousquetterie, you-yous préludent à l'arrivée de la mariée et de son cortège : Tassaadit est la première à les accueillir. On a installé sur un charreton tiré par un âne la jeune promise ; le reste de la troupe suit à pied. Près d'elle, son "mobilier" : une modeste caisse, fabriquée par le menuisier du village, ornée de dessins aux vives couleurs qui ont tous une signification dont je n'ai plus souvenance : croissant, poisson d'argent, tête de lion et surtout la "rich afrouh n'taous", ou plume de paon. Cette caisse, cet akoufi recèle toute sa garde-robe : quelques gandourahs, trois ou quatre foulards, ses produits de beauté : agoucim ou, brou de noix, qui donne aux lèvres une teinte acajou, du khok ou antimoine pour brunir les paupières, rouge mandarine, savonnettes au parfum entêtant, parfums divers : patchouli, goundria qui empestent le musc, le clou de girofle, la cannelle.
       Et puis des bijoux : bracelets d'argent, khal-khal, sortes de cylindres qui enserrent les chevilles, abzim ou fibule... et quelques pièces de monnaie qu'une main généreuse a glissées Une serrure de porte cochère dont la clef pend à la ceinture de la mariée, en assure l'inviolabilité.
       On transporte à bras le corps dans le gourbi des femmes cette énorme meringue recouverte d'un haïk blanc, on la dépose dans un coin... avec son akoufi. Au milieu de jacassements sonores, Tassaadit, s'affaire et tempête. Les jeunes femmes sont invitées à rejoindre le centre de la pièce. Trois par trois, se tenant par la taille, tournent en rond, entonnant les chants de circonstance que les vieilles accompagnent de battements de mains.

       Tassaadit vient nous relancer au dehors : "Venez admirer cette jeune beauté !". Elle peut se permettre cette extravagance. Si aucun homme, futur conjoint compris n'a pu apercevoir le visage de l'élue, nous roumis, nous "infidèles", ne transgresseront pas le doit coutumier. Nous sommes quelque peu gênés, seuls, au milieu des femmes.
       Tassaadit soulève le voile : "Regardez !"
       Bien sûr qu'elle est mignonne cette gosse de quatorze ans ! Apeurée, tremblante, rougissante, elle semble implorer notre protection. Mais les dés sont jetés ! Le cénacle des vieilles de son village l'ont tenu au courant de ce qui l'attend. Elle a bien le sentiment que c'est la jeune génisse qu'on emmène au taureau ! Il faut attendre l'échéance, personne n'y peut rien ! Et nos timides compliments, pourtant proférés dans sa langue, n'ont pas l'heur de la rassurer. ... Mabrouk ! Mabrouk !
       Avant que Tassaadit nous en avise, nous savons que la petite étagère est destinée à recevoir les offrandes. De bonne grâce, nous nous exécutons et ... Tassaadit n'est pas oubliée !

       A notre sortie, Manou nous brosse un tableau terrifiant de la Tamerabout. Elle est médecin, faiseuse d'anges, guérit toutes les tares : frigidité, impuissance, stérilité. Elle seule détient les secrets de sa pharmacopée qu'elle transmettra à celle qu'elle aura désigné pour lui succéder. Tout juste peut-on savoir qu'il s'agit de poudres de plantes, de minéraux inconnus, d'insectes séchés et pilés de rognures d'ongles, de poils calcinés et de bien d'autres mystérieuses choses !
       Elle sait aussi lire les lignes de la main, tirer la bonne aventure, jeter des sorts, confectionner des amulettes... C'est une encyclopédie vivante. A l'occasion de cérémonies, elle sait conter des fables inédites, des chants de guerre dont on ne trouve nulle part une trace écrite. Elle est au courant de tous les kanouns, articles du droit coutumier berbère. Elle sait combien il vous coûtera de litres d'huile, de mesures de blé, orge, févettes, figues sèches si d'aventure vous vous êtes attardé à la fontaine auprès de jeunes filles, si vous avez détourné à votre profit l'eau de la séguia, si vous avez chapardé quelque fruit pour étancher votre soif, si vos chèvres ont brouté quelques pousses d'un jeune figuier, si..., si... !

       Ramdane après un séjour idyllique en Lorraine, avait émis le voeu de retourner à Lunéville, avec escale technique à Lyon, histoire de se ravitailler en tapis haute laine, "made in Kabyly" ! Ses proches, ne l'entendant pas de cette oreille, lui administrèrent à dose infinitésimale un petit "bouillon d'onze heures"...
       Assis devant son gourbi, buvant beaucoup d'eau, s'éventant avec une branche de caroubier, il prenait au fil des jours le teint d'un citron arrivé à maturité. Lunéville s'estompe, la pierre tombale du petit tamqubart va bientôt se dresser : quel est ce génie malfaisant ?

       Et les hommes dans tout ce cérémonial ? J'y arrive :
       L'autobus d'Allouche a déposé au pied de la colline les musiciens et les danseuses : les Itbalen
       En tête, vient la section rythmique : cymbales, tamtams et derboukas, suit le section "symphonique" : zornas, raitas et tajouaqts, (flûtes).
       Les deux ou trois burnous qu'ils ont revêtus les gênent peut être un peu, mais leur confèrent beaucoup d'importance. Ils ont coiffé le grand guenour, volumineux turban maintenu par des cordelettes noires en poil de chèvre ; coiffure d'apparat que nous dénommions : le nid de cigognes !

       Derrière eux déambulent les jeunes almées, peinturlurées comme des pierrots de carnaval, souriantes, aguichantes, lançant des oeillades à la cantonnade. Ah, cette danse du ventre ! "La croupe n'a pas eu le temps d'accoster à bâbord, que le buste revient de tribord. A aucun moment ces deux parties de leur corps n'arrivent à s'empiler normalement ! Pour nous, c'est un spectacle "Folies Bergère", pour eux c'est une revue : "Folies Berbères" !
       Quand vous saurez que ces "dames" viennent des IGOUNDAJA, tribu du djebel TABABOR, de l'autre côté de l'Acif AMACINE, réputées pour avoir la cuisse hospitalière et fournissent en hétaires et autres péripatéticiennes tous les lupanars de la basse vallée de la SOUMMAM, alors, vous comprendrez pourquoi nos hommes sont béats, pétrifiés, galvanisés ! Quand les accents de la musique mollissent, alors, un jeune homme - sans doute pour calmer ses humeurs en ébullition, - sort ostensiblement de sa poche un douro, l'enduit de salive et l'applique sur le front de la Belle que son coeur aurait choisie. C'est la pièce qu'on glisse dans le piano mécanique, car la mélopée reprend de plus belle ! Tous ont un regard admiratif pour celui qui a osé !

       Les agapes font leur apparition. Des vieilles déposent des tagines débordant de couscous. Par escouades, les hommes s'accroupissent, creusent une vallée profonde, s'éloignent pour laisser la place à d'autres, remerciant d'un rot sonore leur hôte d'un soir. Des gargoulettes à bec, les beqbeq, (l'onomatopée venant au secours du vocabulaire défaillant), étanchent leur soif. Pour les hôtes de marques, (dont nous sommes) le metred ou plat à pied nous convie à un aasbane : sortes de boulettes de semoule, baignant dans un ragoût rouge fortement épicé et parfumé de basilic, debcha et coriandre.
       Là aussi le profane côtoie le sacré. Les convives savent que dans un gourbi à l'écart, ils peuvent déguster : café, gazouz (limonade), bière, vin, ... voire champagne. Pour zoudj sourdis, ils peuvent même s'offrir un flio glacé... (qui mérite une petite explication). L'hiver, les hauts sommets du Djurdjura, vers le Lalla Khedidja, sont couverts de neige que les montagnards tassent dans les anfractuosités de la roche. L'été venu, ils en découpent d'énormes cubes qu'ils descendent dans la vallée. Dans une touque de récupération, ce bloc de glace, trente litres d'eau et une bouteille de sirop de menthe et voilà le frigo made in kabyle. Toutes les gargoulettes du monde, les "frigidaires arabes", ne possèdent pas un tel degré de réfrigération.

       La salle de jeux clandestine jouxte le cabaret : on se risque avec plus ou moins de bonheur au tchek-tchek, aux petits paquets, au bonneteau.
       Les danses ont repris avec moins d'entrain, les Itbalen ont rempli leur contrat ; par petits groupes, les vieilles regagnent leurs mechtas... Le jeune marié en profite pour emporter dans son nouveau gourbi son paquet cadeau... et les danseuses tourneront encore, jusqu'à ce que un foulard maculé de sang atteste que le mariage a été consommé. Mais nous n'avons pas attendu cette échéance pour prendre congé de nos hôtes et d'offrir à nos postérieurs encore endoloris l'inconfort d'un barda éculé.


Albin (Binbin) SEBASTIANI      

AVIS AUX ANNONCEURS
Par M. M. Jean Pierre Bartolini

        Chers Amis,
        Je reçois chaque jour du courrier de parution de livres, d'œuvres de spectacle ou autres événements à caractères lucratifs au sens financier.
        Sans entrer dans les justifications ou non du caractère financier des annonces, je me dois encore, de préciser que le site de Bône et la Gazette ne vivent que par mon investissement financier (matériel informatique, hébergement, achats de documentation et même déplacements) et sans regret ; par ma disponibilité dont l'emprise est plus forte que celle qui revient normalement au domaine familial qui ne me l'a jamais reproché et dont je loue la patience ; par le bénévolat, la gentillesse et le dévouement des chroniqueurs qui contribuent à cette Gazette et qu'ils faut remercier mille fois ; par l'apport gracieux de documentation des lecteurs que je remercie aussi pour comprendre l'esprit de cette modeste réalisation.
        Une fois ces précisions dites et redites, je dois encore rajouter que ce site et cette Seybouse n'ont aucun caractère commercial, haineux, racial, repentant, spécialement politique ou religieux, etc… ou contraire à la loi et aux respects des bonnes mœurs et des mémoires plurielles. Les seuls buts sont la mémoire et la vérité telles que nous les avons vécues et que nous connaissons, nous les Pieds-Noirs, les expatriés d'Algérie. La diffusion, l'explication et la compréhension de ses buts nous amèneront, je le pense sincèrement, au but suprême qui est la Paix. La Paix des Mémoires, des Âmes, des Cœurs, en un mot celle des Hommes.
        Donc en regard de cela, je réserve le passage des annonces et publicités sur la Seybouse dans ce respect. Pour accomplir cette tâche, surtout pour les livres, pour l'audio ou la vidéo, je dois m'assurer que ceux-ci sont conformes à ce respect, à cet esprit en ayant aussi mon libre choix.
        Pour exercer ce libre choix de faire de la publicité gratuite des annonceurs, il faut que je lise des ouvrages, que je visionne des DVD ou que j'écoute des CD. Il me faut du temps. Certains annonceurs m'envoient ou me proposent spontanément leurs œuvres (même si je dois les renvoyer) et en plus ils ont l'amabilité et la patience d'attendre ma décision. Je les en remercie sincèrement car j'ai encore des livres reçus et à lire.
        Par contre, d'autres annonceurs, que nous ne connaissons ni d'Adam ni d'Eve, font du harcèlement par messages interposés (d'autres Webmasters sont dans le même cas), alors qu'ils n'ont même pas le réflexe d'exprimer ce qu'ils attendent de nous, de nous faire parvenir leurs œuvres ou de très larges extraits. En plus de cela, certains sont impolis et même agressifs dans leurs propos si nous n'accédons pas à leurs " désirs ".
        Je l'avais déjà dit et je le redis, je ne passerai plus de publicité pour des œuvres que je n'aurai pas lues, regardées ou écoutées. J'ai déjà refusé de faire de la publicité pour quelque chose qui n'était pas conforme à notre mémoire et je le referai. J'ai peut-être commis des erreurs, si c'est le cas je les assumerai et les réparerai.
        Je suis au regret de m'en tenir à cette décision qui sera comprise par la majorité et critiquée par une minorité. Je suis un bénévole parmi tant d'autres, qui s'investit financièrement et temporellement sans compter et qui a la liberté de se rendre ses comptes.

        Je repasserai plusieurs fois cette Avis, car certains ne l'auraient pas lu auparavant et d'autres ne le liraient ni cette fois-ci ni plus tard, sur ce numéro.
        Avec mes profonds remerciements.
        Amicalement
        J.P.B.,
        Webmaster du site de Bône et de la Seybouse.


LES ORPHELINS DE 39/45
Envoyé par M. Pierre Anglade

Bonjour ,
Je suis à la recherche de "vieux" Constantinois, à savoir des personnes qui peuvent avoir des souvenirs remontant aux années 1940/45 sur le sujet suivant:
-En 1941 sous l'égide de la Croix Rouge et sous l'appelation "Centre Georges Guynemer" 3000 enfants métropolitains ont été envoyés en Algérie et Tunisie pour être soustraits aux incertitudes qui découlaient de la défaite de la France.
Ces adolescents ont été reçus gracieusement dans des familles dont on peut se demander comment elles se sont transformés en affreux colonialistes quelques vingt ans plus tard?
L'histoire ne s'est pas encore ouverte sur le sujet!!!
Je tente donc de mettre en lumière cette période 1941/45 et le parcours de ces "réfugiés" -dont certains ont été mes camarades de classe à Boufarik et reçus par ma famille à Alger.
A ce jour mes recherches ont abouties sur des zones géographiques de Tunisie , Oranie et Algérois tant au niveau des "hébergés" que des "hébergeant" dont j'ai mis certains en relations après plus de 60 ans !!!
Par contre je n'ai absolument aucune trace de la présence de ces "réfugiés" dans le Constantinois ; cela me paraissant anormal j'ai déjà interrogé des habitants de ce département à cette époque qui n'en n'ont aucun souvenir.
Pouvez vous m'aider sur ce sujet ; je vous en remercie par avance.

Anecdote sur Bône lors de mon passage en Avril 2006 : passager d'une croisière qui nous a amené d'Oran à Alger , Bougie , Philippeville Bône étant notre terminus nous étions une quinzaine de natifs d'Algérie sur 250 passagers.
Après la visite à Saint Augustin nous nous sommes attablés sur le cours Bertagna pour y boire un thé.
Peu après nous sont venus s'attabler cinq algériens (génération post indépendance) qui au bout d'un moment sont allés demander au propriétaire de l'estaminet de mettre à leur compte nos consommations.
Dont acte !!!!!!
Merci par avance de vos informations sur le sujet précité.
Pierre Anglade.
Mon adresse : panglade1@club-internet.fr


Point sur l'action entreprise

                Août 2007

                Il y a exactement 45 ans se produisait un " flux migratoire " dans le sens sud /nord de la Méditerranée entre l'Algérie et la France.
                Ce " déplacement " de populations européennes et d'origine algérienne unique jusqu'à ce jour dans l'histoire avait été orchestré de façon machiavélique par le pouvoir politique français organisateur des journées sanglantes du 26 mars à Alger et du 5 juillet à Oran.

                Rien n'avait été prévu en France pour gérer cette situation ; bien au contraire en particulier le maire de Marseille de l'époque et le chef de l'état du moment souhaitaient que ces populations colonialistes chargées de tous les maux de la société aillent se réinstaller ailleurs ………

                L'histoire ne s'est pas ; à ce jour ; encore complètement " ouverte " sur ce sujet il nous faudra encore attendre pour qu'elle en mesure et en livre toute l'exceptionnelle dramatique ampleur.

                En d'autre temps ; en 1941 précisément ; une " migration " très bien organisée d'une toute autre importance à finalité humanitaire s'était produite dans le sens inverse.

                Elle est connue sous le vocable de " Centre Guynemer " et concernait des adolescentes et adolescents français métropolitains que la Croix Rouge française soucieuse de préserver des vicissitudes de l'occupation allemande et des risques de conflit qui pouvaient en découler les mettait à l'abri en Algérie et en Tunisie.

                Leurs conditions d'accueil et de séjour (prévus pour quelques mois vont durer pour une grande part d'entre eux jusqu'en 1945 ( du fait du débarquement allié du 8 novembre 1942) furent diverses selon qu'ils furent confiés à des institutions centres et colonies de vacances, institutions religieuses catholiques ou protestantes, internat d'établissements scolaires ou pour un grande part chez des particuliers de condition sociale diverse.

                Plus de soixante cinq ans après nous avons entrepris de les retrouver et d'interroger leurs souvenirs d'une part pour tenter de les remettre en relations avec ces familles d'accueil (ce qui serait magnifique !) et d'autre part de démontrer, si besoin était, comment ces mêmes familles aux vertus sociales développées s'étaient entre 1941 et 1962 transformées en colonialistes richissimes animés du seul souci d'exploitation des populations autochtones et de l'appât immodéré du profit et se devaient d'être rejetées par la France.

                Notre action se décomposera en deux phases : recherche dans un premier temps des " réfugiés accueillis " puis recherche des organismes et " familles d'accueil "

                Première phase de l'opération : la recherche des " réfugiés " de l'époque. (46 retrouvés à ce jour)
                Menée en grande partie grâce aux souvenirs ; aux moyens de communications modernes et au hasard elle fut quand même laborieuse mais aussi accompagnée d'une part d'émotion lorsqu'elle a aboutie.
                Pour ma part retrouver plus de soixante ans après des compagnons de classe ne m'a pas laissé indifférent.

                Seconde phase de l'opération : retrouver les lieux et " familles d'accueil "
                Au titre des organismes : Ecole des Frères de la Doctrine Chrètienne St Joseph à El Biar- Orphelinat Protestant de Bèni Messous - Colonies de vacances de Dellys des Glaciéres à Chréa-Collège de Boufarik-
                A partir de cette première liste nous sommes amenés à rechercher les familles suivantes à :
       Alger : famille POMMIER (conservateur des eaux et forêts) Belcourt
       Famille HUBERT - Bab el Oued famille BOUNOUS (coiffeur)-Kouba Famille CARCENAC
       La Pérouse famille d'origine bretonne dont le chef était instructeur au Centre Sirocco
       Boufarik familles SARROBERT-ALLARD-ALZINA-ROSSIER
       Gouraya SILVIANO (fonctionnaire municipal)
       Souma famille ASTIER
       Teniet el Hâd famille GAUTHIER
       Fouka famille Léon SEVIN
       Oued el Alleug COLONNA (médecin)- MOURRE-BERNARD Gilbert (colon trois filles) Aline, Elise et Danièle. Elise épouse en juin 1943 le docteur Jean COTI BERNARD Emile-
       PEREZ-CHAIX

Pierre Anglade.        

J'ACCUSE !
par Etienne MUVIEN

       J'accuse une certaine France de forfaiture dissimulée depuis plus de quarante ans sous des écrans d'intoxication, de silence ou d'indifférence.

       Malgré le masque, cette forfaiture demeure là, incoercible, à travers une "Mémoire " que rien ne peut détruire ou faire taire. Cette mémoire comptabilise, se souvient des crimes, des félonies et des mensonges dont cette France là s'est rendue coupable depuis le diabolique : " JE VOUS AI COMPRIS "

       J'accuse une certaine France d'avoir infligé par la lâcheté d'une "Conscience " trouble, arque boutée derrière une moralité à sens unique, la dénaturation d'actes et de comportements parfaitement légitimes.

       Cette France là a généré une Résistance à l'abandon, initiée par son Histoire durant la dernière guerre pour la fustiger ensuite et la combattre à travers les défenseurs de l'Algérie Française.

       Elle a maintenu, sous une chape d'opprobre plus ou moins voilée, la Communauté Pied-noir, enfermée dans un ghetto de suspicion que désormais rien ne peut dédouaner.

       J'accuse cette France là, pourtant le Pays de DESCARTES, de VOLTAIRE, de LA FONTAINE, ces hommes qui se sont évertués à ériger une Morale digne de l'Humanité, de bafouer leur " Souvenir ".

       Un vaste réseau de complicité (la coalition de la dissimulation et du mensonge) recouvre l'ensemble des médias. Beaucoup savent et leur silence est indigne. D'autres, ignorants ou engagés, flattent et caressent une opinion complaisante et se rengorgent de leurs fausses convictions.

       J'accuse les " Libertaires " que le Pouvoir ménage, alliés circonstanciels, toujours prompts par Ligues, Comités, Associations interposées, à manifester, provoquer et imposer même leurs fétides démonstrations.

       J'accuse l'Education Nationale de corrompre l'Histoire, de falsifier la Vérité, accordant une fausse légitimité et de valeur douteuse en tressant des lauriers à une gloire usurpée. En outre, elle efface hardiment tout ce qui pourrait nuire à une prétendue étique.

       J'accuse ces Algériens, véhéments et vindicatifs qui ne cessent de vitupérer la présence française en Algérie, oubliant un peu vite non seulement le prestigieux et colossal cadeau d'un pays structuré et moderne mais également amnésiques quant à la Culture grâce à laquelle ils déblatèrent.

       Enfin, je déplore plus que je ne m'accuse d'avoir été volontaire afin de venir défendre, pendant la guerre de 1939/1945 un pays que je croyais être ma Patrie


Etienne MUVIEN

 "UN CRIME D'ETAT 

Bien chers Amis,

Le nouveau livre blanc
Sur le crime d’Etat du 26 mars
Sera disponible à partir du 15 décembre

Cet ouvrage, cette étude approfondie ne nous a été dictée par aucun esprit de vindicte. Nous ne demandons pas de réparation, car on ne répare pas l’irréparable. Nous ne demandons pas, non plus, de compassion, rien ne pourra nous consoler des souffrances de notre peuple. Mais, devant l’égarement de nos compatriotes métropolitains, nous avons estimé de notre devoir de fournir des explications valables à tous ceux qui sont déconcertés par la conjoncture actuelle.
Ce recueil, sincère, objectif, ne nous appartient déjà plus. Nous l’offrons au peuple de France, nous l’offrons à cette jeunesse, de droite comme de gauche qui cherche, hors des voies officielles aujourd'hui dépassées, les fils conducteurs de notre Histoire contemporaine.
Nous avons écrit, ou retranscrit, ces textes, réunit ces témoignages, en pensant que, parmi tant de jeunes Français, aujourd'hui, bouleversés par des idéologies perverses, il s’en trouve, peut-être, qui portent en eux, en puissance, un avenir politique ou militaire. Nous avons pensé qu’ils ne devaient plus ignorer les raisons de nos catastrophes engendrées par le mépris des Droits de l’Homme et des lois morales.
Si le contenu de ce livre est ressenti, par certains, comme un réquisitoire, ce ne pourrait être que contre l’utilisation de procédés immoraux par les intentions qu’ils dissimulent et par les catastrophes qu’ils engendrent.
Dès parution, nous l’adresserons, avec nos voeux, au Chef de l’Etat, à tous les membres du Gouvernement, à tous les membres du Parlement, à tous les membres du Parlement Européen.

Cela, c’est l’effort de VERITAS, un effort laborieux, mais aussi un effort financier considérable de la part d’une association qui agit, sans aucune subvention, d’aucune part, mais avec un dévouement sans limite à la cause sacrée que nous défendons.
Mais nous avons besoin de votre aide : il ne s’agit pas seulement d’acheter (à prix coûtant, nous vous le rappelons) un recueil de détails et de preuves sur un drame que vous portez dans votre cœur.
Nous demandons à chacun d’entre vous d’acheter, non pas un, mais deux exemplaires de ce Nouveau Livre Blanc et d’offrir le second exemplaire à un métropolitain de son entourage, choisi, de préférence parmi les autorités locales, les enseignants, les historiens, les journalistes.
C’est l’aide que nous sollicitons et que nous attendons de vous. Nous sommes certains que vous nous l’accorderez. Consacrez dix euros à la diffusion de la vérité historique et nous sommes certains que votre geste sera bénéfique à la reconstitution de notre Histoire.
Si nous requérons ce petit effort de votre part, c’est parce que nous croyons, nous, vraiment, qu’ensemble, tout devient possible, même de déboulonner la statue d’une fausse idole !

Un grand merci à tous accompagné de toute mon amitié.
Alain AVELIN
Webmaster du Comité VERITAS
Parution le 15/12/2007.
Faites S.V.P. circuler le plus largement possible autour de vous.
http://veritas.cybermatrice.biz/z_4647/index.asp?password=z_4647&page=1


BON DE COMMANDE à imprimer, à découper et à retourner
à Comité VERITAS – B.P 21 – 31620 FRONTON

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Hommage aux Spahis Algériens
Envoyé par M. Françis Josse

          En marge des cérémonies organisées par la municipalité de Lille, le Peloton des Spahis du Nord a salué la mémoire de trois Spahis algériens et des MPLF maghrébins (tirailleurs, goumiers, travailleurs coloniaux, et.) tombés au champ honneur lors des combats pour la défense de Lille.

          En présence d'une délégation de la communauté musulmane de Lille (dont Monsieur Amar LASFAR, recteur de la mosquée de Lille - Sud, de Monsieur Abdelmoula SOUIDA, sociologue et président de l'Association Mémoria Nord, d'un imam qui a prononcé la prière sacrée), d'anciens de Rhin et Danube et de citoyens, l'hommage aux combattants "oubliés" par les autorités civiles, militaires et patriotiques a été un moment intense de recueillement. Le carré militaire compte 226 tombes de territoriaux (5ème, 7ème et 8ème), de Chasseurs à cheval (6ème et 20ème), de douaniers (du bataillon formé en 1914), des soldats belges et russes, de quelques "inconnus", d'un civil (SALEZ) "tué d'une balle au front en faisant le coup de feu sur les remparts de Lille avec les soldats" en octobre 1914. Alors que le cortège officiel s'éloignait, chacun a, à sa manière et selon ses croyances, prié pour le repos éternel des MPLF confiés à la terre du cimetière du Sud.
          Rendez-vous a été pris pour l'an prochain !

          ''La parole qui, trop souvent n'est qu'un mot pour l'homme de haute politique, devient un fait terrible pour l'homme d'armes, et ce que l'un dit légèrement ou avec perfidie, l'autre l'écrit sur la poussière avec son sang.''               Alfred de Vigny






SOUVENIRS
Pour nos chers Amis Disparus
Nos Sincères condoléances à leur Familles et Amis


Envoi de Mme Jacqueline Pérez
Décès de M. André Pérez


"Chers(es) amis (es),

       Mme Jacqueline Pérez, militante de L'UNFAN et de la CDFA, nous fait part du décés de son époux André
      André s'est éteint le samedi 27 octobre au soir, à la suite d'une longue maladie.
      Nous adressons nos condoléances et témoignons de notre amitié à Jacqueline.



Envoi de M. Roussing
Décès de M. Yves Roussing


       je souhaite vous signaler le décès de mon père Yves ROUSSING né à la Sénia (Oran).
       Il est décédé le 31 août 2007 à l'age de 79 ans.
       Il est l'époux de d'Yvette née ANTON
       Merci à vous



Envoi de M. Jean Pierre Rondeau
Décès de M. Pierre PUJO et de Georges VIALA


Chers Amis,
J'ai le regret de vous annoncer le décès de deux fidèles amis des Français d'Algérie.
Les obsèques de Pierre PUJO ont été célébrées le vendredi 16 novembre à 9 heures en l'église de la Madeleine à Paris

Le service religieux en mémoire de Georges VIALA a eu lieu au Père Lachaise le vendredi 16 novembre à 10h10

Les condoléances peuvent être adressées pour Pierre Pujo à l'Action française 10 rue Croix-des-Petits-Champs - 75001 Paris

Pour M. Georges Viala, à Mme Viala, 17, rue des Maronniers - 75016 Paris.
Paix à leur âme et merci pour ce qu'ils ont accompli.



LES MOTS ECRASÉS
                                    Par R. HABBACHI                            N°10

Les, qu’y sont couchés
I- Y paraît que même les mouches elles s'affoguent quan c'est qu'elle leur vient au cœur.
II- Qu'est-ce qu'elle a été longue sa marche, le pauv'. Enlevé, tout simplement.
III- Accrochées au mur, elles sont belles mais à faire, elles sont pas faciles, diocamisère.
IV- là, on peut dire sans se tromper que c'est une chpaï. Un p'tit peu en haut et à droite du sud.
V- Il est pas bônois, y vient du Maroc mais qu'est-ce qu'y me fait rire. C'est çui-là là qu'y te ressembe comme deux gouttes d'eau.
VI- Laisse le comme il est et t'y as un instrument qu'on fait les opérations avec mais change lui la première lette et t'y as l'inondation. Fin d'hier.
VII- C'est ça qu'elle fait la chèv'. Il est appris par cœur. Lui, il est jamais vieux.
VIII- Elles sont toutes au Sénat ou à l'Assemblée. Un prénom que, si que tu fais pas entention, dedans tu t'enfonces.
IX- La Rolande, tu sais ce pays là-haut dedans le nord. Ça, c'est plutôt vers chez nous z'aut en plein dedans le sud.
X- Tous les Ivan y le sont pas.
             Les, qu’y sont debout

             1- Y paraît que même les mouches elles s'affoguent quan c'est qu'elle leur vient au cœur.
             2- Qu'est-ce qu'elle a été longue sa marche, le pauv'. Enlevé, tout simplement.
             3- Accrochées au mur, elles sont belles mais à faire, elles sont pas faciles, diocamisère.
             4- là, on peut dire sans se tromper que c'est une chpaï. Un p'tit peu en haut et à droite du sud.
             5- Il est pas bônois, y vient du Maroc mais qu'est-ce qu'y me fait rire. C'est çui-là là qu'y te ressembe comme deux gouttes d'eau.
             6- Laisse le comme il est et t'y as un instrument qu'on fait les opérations avec mais change lui la première lette et t'y as l'inondation. Fin d'hier.
             7- C'est ça qu'elle fait la chèv'. Il est appris par cœur. Lui, il est jamais vieux.
             8- Elles sont toutes au Sénat ou à l'Assemblée. Un prénom que, si que tu fais pas entention, dedans tu t'enfonces.
             9- La Rolande, tu sais ce pays là-haut dedans le nord. Ça, c'est plutôt vers chez nous z'aut en plein dedans le sud.
             10- Tous les Ivan y le sont pas.


Solution des Mots Ecrasés N° 9

Les, qu’y sont couchés

1- Elles viennent comme ça, à de bon si que le vaccin, elles s'le font pas.
2- Y en a qu'y z'aiment et des z'aut' pas, y zn a qu'y disent c'est bon et des z'aut' que c'est trop gras. - C'est un bidon qu'y sonne creux, mais rien, tu peux mette dedans.
3- quan c'est que tu plonges dedans, rare tu t'en sors. - Tu peux traverser le champ ouqu'y a des pommes de terre mais pas çui ousqu'il est lui.
4- Phon. C'est des fois une réunion et des fois un vieux. - C'est pas z'à moi, j'te jure. - Y donne un ton qu'on peux le mette en boîte, mais pas pour le manger.
5- Y paraît que si que t'y en manges, t'y as pas besoin du café.
6- Un féniant qu'y vient de loin. - C'est ça que moi j'te le dit si que tu me cois pas. - Une compagnie américaine en agrégé.
7-Tu l'as dessur quèques oitures. - Un verbe mal conjugué, mal dit.. - Çui-là là, il est pas z'à toi et ni à lui.
8- Y disent tous qu'il est réfléchi, à saouar pourquoi. - Deux points. - Un chat qu'y commence pas.
9- Tu veux ou tu veux pas, ça t'y es en Patosie.
10- Le patos y dit comme ça que c'est une invention de sioux, ça se oit qu'y connaît pas les bônois. - Presque rien.

             Les, qu’y sont debout

             1- Comme ça y s'ront ceux-là là que le vaccin y s'l'ont pas fait.
             2- Chicha.
             3- La femme d'un haut gradé en agrégé.- Deux qu'on sonne.
             4- Le bakouche y le fait mais en agrégé - Mets z'y une méduse dessur et c'est la castatrophe.
             5- Tout ça c'est d'la zoubia.
             6- C'est des crochets.- Not' mère à tous si qu'on étaient des titans.
             7- Un prénom.
             8- D'un verbe qu'il est le premier à oir le soleil. Dessur la croix.
             9- Avec ça c'est sûr que tu vas mal oir. - La Patosie elle est en plein dedans.
             10- C'est là que tu vas te retrouver si que, en retard t'y arrives au Rex ou aux Variétés.


MESSAGES
S.V.P., lorsqu'une réponse aux messages ci dessous peut, être susceptible de profiter à la Communauté, n'hésitez pas à informer le site. Merci d'avance, J.P. Bartolini

Notre Ami Jean Louis Ventura créateur d'un autre site de Bône a créé une rubrique d'ANNONCES et d'AVIS de RECHERCHE qui est liée avec les numéros de la seybouse.
Pour prendre connaissance de cette rubrique,
cliquez ICI pour d'autres messages.
sur le site de notre Ami Jean Louis Ventura

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De M. Francois Pisanu

Bonjour,
Je suis à la recherche d'un camarade d'enfance: Gilbert Seralini,qui est né comme moi au Kouif en 1934. Nous avons étès à l'ecole primaire du Kouif et nous nous sommes retrouvés au college tecchnique (CTB) de 1949 à 1952. Il habitait Bône.
Si vous avez des infos merci de me les communiquer.
Remerciements
F. Pisanu
Mon adresse : francois.pisanu@wanadoo.fr

De M. Alain Donadieu

Bonjour Cher compatriote,
Je suis né à Philippeville et j'ai vécu à Bône jusqu'à l'âge de onze ans.
J'habitais l'immeuble des Santons au centre ville et je fréquentais le patronnage dirigé par les prêtres de la cathédrale : les abbés Febbo et Paul Georges.
J'appartenais au groupe de ce dernier et comme enfant de coeur je servais régulièrement les offices et autres manisfestations (enterrements, mariages etc...).
Depuis quelques années je suis à la recherche de l'abbé Paul Georges mais hélas mes recherches sont demeurées vaines. Pourriez vous me communiquer, si vous en détenez, des pistes qui me permettraient de retrouver sa trace ?
Je vous remercie par avance et vous prie de croire à mes sentiments fraternels.
Alain DONADIEU
Mon adresse : alain.donadieu1@voila.fr

De M. Ali Belakehal

Bonjour
Je suis algérien 36 ans je vis à El Goléa au sud d'Algérie.
J'ai visité ton site pour la première fois par hasard, il m'a plu beaucoup, jai parcouru ton site et j'ai ressenti des choses bien.
Alors monsieur j'ai besoin de contacter des français qui sont nés à El Goléa ou ont vécu à El Goléa à l'époque si possible.
Pour lier une relation amicale et changer des idées...
Et enfin toute mes félicitations et accepte mon amitié.
Ali
Mon adresse : belakehalali1@yahoo.fr

DIVERS LIENS VERS LES SITES

M. Robert Antoine et son site de STAOUELI vous annoncent la mise à jour du site au 1er novembre.
Son adresse: http://www.piednoir.net/staoueli
Nous vous invitons à visiter la mise à jour.
Le Staouélien

M. Gilles Martinez et son site de GUELMA vous annoncent la mise à jour du site au 1er novembre.
Son adresse: http://www.piednoir.net/guelma
Nous vous invitons à visiter la mise à jour.
Le Guelmois

Veuillez trouver ci dessous le nouveau "lien" sur "dialogue entre historiens"
Avec textes de Jean Francois Paya et autres sur le 5 Juillet 62 a Oran
Bien cordialement
Danielle Mallet
Son adresse: http://perso.orange.fr/pnmohican/dialogue_entre_historiens.htm

cliquez ICI pour d'autres messages.

LE PORTABLE AU HAMMAM
Envoyé par Christian Touré

Cela se passe dans un hammam du Sentier à Paris.

       Quelques hommes en tenue légère discutent, quand tout à coup, un portable se met à sonner.

      - Allô, chéri, tu es au hammam ?

      - Oui, ma chérie

      - Chéri, tu ne vas pas me croire, je suis devant un magasin de fourrures, aie, aie, aie, le magasiiiin...
       Chéri, ils ont un vison... Maaaaagnifique,
       De toute beauté, à un priiiiiix... Incroyable...

      - Combien le vison, ma chérie ?

      - Donné, mon amour, donné... 7000 Euros... Tu te rends compte ?

      - Mais tu en as déjà des manteaux ma chérie !

      - S'il te plait, chéri, il est vraiment... Supeeeeeerbe !

      - OK, OK... Vas-y, achète-le, ton vison !

      - Oh, merci mon amour, dis, je ne veux pas t'embêter, mais tu sais, en passant devant le concessionnaire Mercedes tout à l'heure, j'ai vu leur dernier coupé...
       Il est booooooo ! Magnifiiiique...
       En plus, j'ai parlé au vendeur, celui en exposition est tout neeeeuf, intérieur cuiiir, peinture dorée...
       Je ne veux pas abuser de ta gentillesse, mais qu'en penses-tuuuu ?

      - Chérie, tu exagères, on a déjà des voitures !

      - Tu m'avais promis un jour qu'on aurait un coupéééé !

      - Combien, la voiture, ma chérie ?

      - Tu ne vas pas me croire, mon chéri, ils nous la laissent à seulement 100 000 Euros, avec toutes les options !!!

      - Bon, OK, OK, on a de l'argent, vas-y... Prend-la ta voiture !

      - Mon amour, je t'aime, c'est merveilleux la vie avec toi !
       Dis, j'abuse, mais tu te souviens de notre petit voyage sur la cote d'azuuuur ?
       Tu te rappelles la maison des Cohen avec la piscine, le tennis, tu sais qu'elle est en vente ?
       Je l'ai vue en passant devant l'agence !
       Et si on l'achetait pour avoir un pied-à-terre dans le suuuud ?

      - J'y avais pensé déjà, oui! .. Tu me dis qu'elle est en vente?

      - C'est vrai, chéri, tu y as pensé ? Je peux vraiment aller à l'agence ?
       Tu sais, elle n'est vraiment pas très chère, et quelle claaaasse !

      - Combien elle vaut ?

      - Ils l'ont affichée à 4,2 millions, mon amour !

      - Bon, tu y vas, de toute façon, j'ai de l'argent, autant le dépenser...
       Mais pas plus de 4 millions !

      - Mon amour, c'est le plus beau jour de ma vie ! Tu es merveilleux, je t'aime, vivement ce soir !

      - A ce soir, ma chérie...

      Le gars raccroche, lève la main et crie :

      - IL EST A QUI, CE PORTABLE ?       



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Vous venez de parcourir cette petite gazette, qu'en pensez-vous ?
Avez-vous des suggestions ? si oui, lesquelles ?
En cliquant sur le nom des auteurs en tête de rubrique, vous pouvez leur écrire directement,
c'est une façon de les remercier de leur travail.

D'avance, merci pour vos réponses. ===> ICI


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