N° 57
Décembre

http://piednoir.net

Les Bords de la SEYBOUSE à HIPPONE
1er Décembre 2006
jean-pierre.bartolini@wanadoo.fr
LA SEYBOUSE
La petite Gazette de BÔNE la COQUETTE
Le site des Bônois en particulier et des Pieds-Noirs en Général
l'histoire de ce journal racontée par Louis ARNAUD
se trouve dans la page: La Seybouse,
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EDITO

Solidarité, reconnaissance et égalité  

    Un beau foutoir, ce 5 décembre qui devrait être le jour de solidarité, d'égalité et de reconnaissance de la France envers la communauté de Rapatriés ou plutôt de Dépatriés, est devenu un vrai merdier et au bout du compte un gâchis de plus.

    Le constat est désolant, déroutant, amer pour nous tous, qui au lendemain des décisions, des pouvoirs en général et des pouvoirs particuliers de Mrs Sarkozy et Mékachéra, d'interdire certaines commémorations ou pose de plaques conformes à nos vœux mémoriels et à la morale patriotique.

    Le choix de ce 5 décembre, même s'il ne correspond à aucune date historique, devait être une date choisie pour faire taire les détracteurs de la vérité. La communauté était prête à consentir un effort nécessaire à la paix et à la sérénité de tout le monde.

    L'idéal faisait son chemin avec le vote d'une loi de février 2005, certes imparfaite mais laissant un peu d'espoir. Hélas il est navrant de voir un gouvernement se montrer incapable de faire respecter sa loi et maladroit dans la manière de propager cette initiative normale et tardive avec des cafouillages dans son application.

    Les trois derniers loupés ont été :
- La commémoration du 5 juillet 62 interdite à Paris,
- La pose à Paris d'une plaque à la gloire de l'Emir Abdelkader alors que l'Algérie n'a pas de réciprocité envers nos Grands Hommes.
- et aujourd'hui la pose encore à Paris d'une plaque qui se veut commémorative mais qui en définitive est devenue une plaque de la discorde qui serait mieux sur la place de la Concorde pour montrer toutes les contradictions françaises.

    Il est plus que regrettable de voir encore une fois des occasions de réconciliation nationale gâchées par les ambitions personnelles. On pourrait dire merci aux sous-hommes qui oeuvrent contre nous.

    J'espère encore que parmi cette engeance il reste quelques hommes qui mettent l'intérêt communautaire P.N. au-dessus de ces ambitions et qu'ils réalisent qu'ils n'ont aucune légitimité pour parler en notre nom et nous entraîner dans les impasses gaullistes, histrionistes et négationnistes.

    En France, on continue d'entretenir la culture du " chacun pour moi " vers des abominations qui dans un proche avenir se retourneront contre elle. Je souhaite que la communauté restera spectateur et applaudira.

    Un effort de solidarité et de reconnaissance important peut être engagé à condition qu'il soit compris et partagé par la majorité de ceux qui se disent français.

    On sait qu'il ne peut y avoir de solidarité et de reconnaissance sans l'égalité inscrit dans la constitution ce qui pourrait redonner du sens à la devise de la République : " Liberté, égalité, fraternité. " visible sur le fronton de toutes les communes.

    Mais, déjà, reste-t-il encore des français sur " le paquebot du pouvoir " ?
    Là est la QUESTION !!

Jean Pierre Bartolini          

        Diobône,
        A tchao.


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Président des Présidents
Charles MUNCK.
Idole de Saint - Spongieux
N° 9 de Janvier 1951
de M. D. GIOVACCHINI
Envoyé par sa fille

   
         Le voilà. Il arrive.
         Place de la " Souricière ", déguisée en Maison de l'Agriculture, le moineau du jardinet de la Place Jean Bulliod, posé en sentinelle, a mis " l'Antre " en éveil.
         Avec une allure bon enfant, le " Grand Seigneur " met pied à terre.
         Droit, svelte, comme lustré de " Cadoricin ", il étonne les passants par sa jeunesse infinie.
         Voyez-le gravir les marches sacro-saintes !
         Maurice BARRES fut célèbre par son gentil mouvement de menton. Charles MUNCK est superbe dans son volontaire et brusque petit haussement des épaules. Un grand qui veut encore grandir !
         Les deux mains dans les poches par pure contenance, de la même manière que Durand ou Dupont tiendraient un journal entre des doigts inoccupés.
         Dans le hall, son oeil fait le tour du propriétaire,
         " Sire, lui dit M…, qui n'a lu dans sa vie que l'histoire de LOUIS XV, tout ce peuple est à vous
         MUNCK, flatté, ne répond que par un nouveau frémissement des épaules. II esquisse un sourire qui veut être ingénu, serre la première main qui le heurte sur son passage et multiplie sa bonhomie à la ronde.

         Il ne murmure pas comme F… : " Qu'est-ce qu'on dit de moi ", puisqu'il le sait et il le sait même trop. La Maison " Clause ", qui sélectionne les graines, ajoutera à ses collections la graine de " larbins ". Charles MUNCK la sème autour de lui avec grâce et solennité.
         Suivez-le dans tout son emploi du temps. Magnifique et jetant un défi agressif aux soixante douze ans qui le suivent cruellement, il va s'enfermer derrière une porte capitonnée à souhait
         - Quoi de neuf A… ?
         - Tout va très bien, M. le Président.
         En effet, tout tourne rond. La Maison n'est plus qu'une machine à écrire.
         Et il signe !
         L'ami Charles reçoit ensuite quelques privilégiés. De temps à autre, un pauvre bougre aussi. Qu'on se le dise!
         Si on lui demande son obole, il donne toujours. La Maison ne compte plus. Et M. MUNCK est si gentil, répètent les enfants de choeur du " Séminaire Coopiste " !
         Le fait est qu'il est affable et souriant. Ce n'est nullement affecté : il l'est un tantinet par orgueil, mais surtout par élan du cœur.

         Mais, dans l'amour du bien, il n'a pas la manière et ignore l'opportunité des heures. Avec ses adversaires, il s'essaie à compromettre et à corrompre, ignorant qu'on réussit souvent mieux avec la plus légère des prévenances.
         A part la Grammaire et le faste du Verbe, il a quelque chose de Paul CUTTOLI il sait braver le temps et l'espace.
         En route pour ALGER, PARIS, ou ailleurs, il va, infatigable et charmant veiller avec un soin jaloux sur le sort parfois inquiétant de la TABACOOP et de ses subalternes filiales.
         Et partout, splendide dans sa haute taille, il réussit à s'introduire. Partout, il est accueilli et servi. Beaucoup plus qu'il ne le faudrait même.
         C'est un " Grand Monsieur " tout au moins en surface. On dit P… tout court, On dit A… tout court, on dit " le petit " en parlant de G... Mais on dit " Monsieur MUNCK ".
         Hommage rendu à la personne certes, mais aussi à Son Altesse le Coffre-fort !
         Seulement, si " Alger n'est pas Paris ", nous tenons à dire cordialement à l'ami Charles qu' " Alger n'est pas Bône ".
         L'amour d'Alger a nui à J. S... Alger usera également MUNCK.
         Rien ne vaut nos plages, M. le Président des Présidents ! Tenez compte de mon affectueux conseil.
         D'autant plus qu'en fin de carrière, vous n'avez plus rien à attendre.
         Malgré l'intelligence primesautière du Maire de Bône, MUNCK lui a ravi aujourd'hui toute prépondérance.
         Il pourrait même le supplanter. Mais il ne le fera pas, parce qu'ils sont " condamnés à vivre ensemble " par intérêt politique commun.
         Si MUNCK avait dix ans de moins, je ne donnerai pas deux sous pour les mandats que détient le lion édenté ! Seulement, quand on parle de tout cela au grand Charles, il vous répond : " On n'a personne d'autre sous la main".

         Je ne vois plus mon bel ami Charles. Fini le temps où il prenait chez moi une anisette bien glacée. Il m'aime bien, mais comme je suis indiscret, il a peur... Manque d'élégance morale.
         Mais je le connais bien. Et je sais lire dans ses yeux à la fois doux et fripons.
         Dites-lui : " Que penses-tu de P… ? ". Il ne répond pas parce qu'il est poli, mais suivez ses lèvres et vous aurez la réponse.
         Dites-lui aussi : " Que penses-tu de F… ? ". Là, il lâche le morceau : " C'est un petit maquereau que je méprise ".
         Je ne veux plus voir ces Grands Hommes ". Ils sont riches d'équivoques et leur conversation est répugnante.
         Avouez, amis lecteurs, que lorsque P… vous dit que MUNCK " n'est qu'un épi de blé soufflé par le sirocco ", il faut être armé de pesanteur ou de lâcheté pour les retrouver ensemble quelques heures après.
         Cher ami Charles, tu es grand tu es beau, tu as le portefeuille garni et un riche sourire. Mieux, tu n'attends plus rien.
         Laisse donc choir P... Je ne parle pas de F…, qui, sans vous, serait comme dit Ben Yamine, nul et non avenu.
         Paye-toi le luxe, avant que la 73ème année ne sonne, d'un beau civisme et d'une belle probité politique,
         Tu seras élu: D'autant plus que P… a livré notre Bône aux chouans de la Plaine, qui régissent toutes nos destinées.
         Puisque tu adores PETAIN, ne t'incline plus devant R. M….
         Puisque tu as flirté avec les Gaullistes, ne te diminue pas en mettant un vague fada à l'enseigne de ta boutique.
         Rappelle S… et Vite. Je sais bien que ce nom, assez prestigieux cependant, sème l'effroi dans la fameuse " Union des Crabes ".
         As-tu lu, mon vieux, l'histoire de CHARLEMAGNE ?
         II était puissant et vénéré. Après lui, l'Empire se disloqua.
         Songe et avec effroi, qu'après toi, La TABACOOP - " Gibraltar Bônois " - restera sans pilote et sans boussole.
         Les dauphins existent. Mais ils sont médiocres, sans charme physique, sans passé, et sans même l'autorité de la coutume et de l'habitude.
         Rappelle S…, ami, et vite !
         Sans cela, gare à la culbute !
         Le temps des vaches grasses a passé ; les difficultés surgissent et assombrissent l'horizon.
         Je ne veux pas te parler cette fois, de vos gestions financières; ni de votre Théâtre de Verdure, ni de votre foire déficitaire, ni de tant d'autres choses. Dieu merci ! Nous serons de revue.
         Et j'attends pour cela la mobilisation de tes porte-plumes !

         J'attends aussi de te voir, à ton corps défendant, présenter F… au public, alors que tout le monde sait qu'aucun de vous ne l'aime !
         Monumentale hypocrisie !
         Et votre force n'a d'égale que la sottise de ceux qui vous suivent et qui lisent cette pauvre " Dépêche de l'Est ".
         Je sais bien que tu ne lis même pas ton journal. Mais L. M…, et tous, les chats de gouttières, s'en font des gorges chaudes.
         Mais je sais également - et bien - que tu lis ma modeste prose. En compagnie d'Henri VERNEDE et toutes portes closes, tu lèves tes grands bras en l'air comme si tu brassais de la joie, sans cesser de lancer vers le plafond des : Ah ! Ah ! Exubérants, en ajoutant : " ce petit salaud de Dominique a tout de même raison ".
         Je te mets au défi, vieux Charles, de contredire mes affirmations.
         Jure-le sur St-Spongieux.
         Car celui-ci est bien ton vrai et unique Saint. Un vrai talisman. Tu l'as dans tous tes tiroirs, à ton chevet, Rue Pasteur, Boulevard Baudin, à l'Aletti, partout, partout...
         Quand la Caisse a des résonances d'une cuve vide, tu pries St-Spongieux.
         Quand rien ne va plus, à la Foire, au Théâtre de Verdure, et dans toutes les Coops, St-Spongieux arrive, miséricordieux et attentif.
         Quand le cauchemar te gagne, tu lèves tes fines mains, non pas vers St-Augustin, mais vers St-Spongieux !
         Allez, C…, d'A…, A…, M...., etc... vite, vite, galopez, faites donner St-Spongieux !
         Et tout s'apaise !
         Et la caisse ne connaît plus la lugubre résonance du vide.
         Il faudra demander au Chanoine MIZZI d'intervenir pour célébrer St-Spongieux. Ton journal ajouterait ce nouveau Saint au calendrier, à la place de l'inutile St-Agile par exemple.
         Et, sur ma demande, le sympathique Chanoine HOUCHE, nous régalera d'une belle messe toute chantée à la mémoire des victimes du Spongieux.

         Mon vieux Charles, on me dit souvent que tu n'es pas fort en syntaxe. La bonne blague !
         Tu es riche de bon sens ; c'est mieux.
         Le jour où tu t'es fait cravater par un Président de la République Socialiste, entouré par un état-major de la même Eglise, je t'ai classé, moi, pauvre profane, comme un homme dangereusement intelligent.
         Le patron de LA TABACOOP, glorifié par Jules MOCH !
         C'est beau ! C'est fou ! C'est gai ! C'est même hallucinant !
         Au revoir, cher ami. Bientôt, nous parlerons finances, technique, coops, etc... Sans jamais médire de la " Maison du tabac " qui est une belle oeuvre bônoise, nous parlerons d'un tas de nababs à " 140.000 Frs par mois et plus " ! etc.

         Pour l'instant, je te laisse aux soins des électeurs que tu ne vois jamais et auxquels le chaouch répond invariablement : " Vous voulez voir M. MUNCK ! Il a passé par ici, il repassera par là. "
         A la tienne, vieux Charles !
         Enivres-toi du vin de la Victoire.
         Pyrrhus est immortel !
         Et les poires sont toujours juteuses !

Dessin envoyé par M. J-P. Xicluna
Dessin envoyé par M. J-P. Xicluna


Ça qu'on vous a pas dit … !      N° 41
Christian AGIUS
le Maltais de la route de Bugeaud,
y ramasse dans les poubelles de luxe…
ma, tombe de ses morts, c'est la franche vérité !!!


Tu peux m'esspliquer pourquoi Kronenbourg, Nestlé, Ricard, Lagardère, Thalès, Vinci et un tas d'autres culs de fils Louis (déposé par ma grand-mère Fifine) y zont financé la fête de l'Humanité, pour que ce journal y leur en foute plein la fatche dans ses colonnes….
Rien à la fête des B.B.R. de Le Pen………….


Le caporal-chef qui s'est fait tuer en Afghanistan, c'était un coulot !
Son pacsé y fait un procès à l'armée pour toucher la dimi-retraite !!!!!!!!


L'Iran y finance le Hezbollah : 195 zorros par fatma pour porter le voile, et 390 zorros aux hommes pour porter la barbe….
Diocane : j' m'enscris !!!!


En 2005, la Cour des Comptes elle a relevé 2295 fraudes fiscales. Bravo !
Ma le boulot il est fait ac 560 contrôleurs. Si tu sais calculer, ça fait 4 fraudes par an et par contrôleur…………..
Zotche ! Oilà un métier où tu rixes pas de t'attraper une bazouine……..


Les Talibans y faisaient chier tout le monde ac leurs barbes et leurs voiles grillagés.
D'accord, ma y zavaient enterdit la culture du pavot, cuila qui donne l'opium, cuila qui donne l'héroïne…
Reusement, les Amerloques y zont mis bon ordre à cette cagade en envahissant l'Afghanistan !
Zeb ! Ce pays il est redevenu 1er producteur mondial, ac 92 % de la production mondiale !!!!!!!!
D'accord, tu vas me dire que ce pognon y profite aux paysans afghans.


C'est la franche vérité, ma y touchent, eux les gougoutses, que 5 % du flouss !!! Le reste aux trafiquants……..


Un couple de Kényans, Peter et Jennifer, y se sont fait gauler en train de…………………….faire zig-zig en dedans une mosquée, en plein ramadan !!!!!
En plus y zétaient de gaz, et pas ac l'anisette pourquoi là-bas c'est pluss le vin de palme qui s'envoient, ces tanoutes !
Jaloux, le juge il a été plutôt gentil, pourquoi Jennifer elle avait un beau tafanar : que 18 mois de prison ferme et pas la charia…….


Diocane, les radars y marchent dans les deux sens !
Un conducteur y a ramassé un manche pourquoi y roulait à………………………36 km/h au bord de la plage, dessur une rue limitée à 50 !!!!!!!!!!
Motif : vitesse trop réduite………………..
Y savent plus quoi faire pour ramasser le flouss, ces gatarelles………..


Tu connais pas Bernard Gonzalès ?
C'est un sous-préfet de Moselle.
Y s'a fait gauler par un contrôle routier et y sa ensauvé ac sa moto, pour échapper au test d'alcoolémie !!!!!!!!!!
Benguèche il aurait fait pareil, sûr qui se tapait un séjour gratoss allées Guynemer. Ma lui, y s'est ramassé qu'un…………… " rappel à la loi "………………


Johnny Halliday y s'est fait tatouer ac le prénom de sa fille adoptive : Jade.
Ma le tanoute de Chinois de Los Angeles y s'a trompé et il a fait l'idéogramme " Petite maison dans la prairie………………….

La suite au prochain numéro :
te fais pas de mauvais sang,
J'en ai encore des tas en dedans les tiroirs….

LE PLUSSE DES KAOULADES BÔNOISES (43)
La "Ribrique" de Rachid HABBACHI
A LA POINTE DE…. LA CAROUBE
( Un Romain de câpes et d'épices)

          Aga, aga ou plutôt écoute moi cette histoire que moi j'vas t'la raconter, c'est pas n'importe quelle histoire, c'est une histoire qu'elle pique comme y dit l'aut', çui-là là qu'y raconte les histoires de l'Histoire, c'est une histoire que tu peux même, si que tu veux, la raconter avec des gestes comme celle-là là de Roland qu'il est mort en deux chevaux dedans ces montanes spagnoles que le nom il est facile à dire mais difficile à écrire. C'est l'histoire d'un Romain qu'il est même pas italien, il est marseillais et patos en plusse le pauv' et si qu'on dit Romain, c'est pasque c'est comme ça qu'y s'appelle, c'est son nom.

          Tu ois pas, un jour y débarque de sa Patosie natale dessur les quais de Bône par le Gouverneur Chanzy que c'est un bateau avec, plein des z'idées de conquêtes mais entention, vas pas lui chercher des poux dedans la tête, il avait seulement des z'idées de conquérir les z'estomacs à cause que ce baouèle, qu'il était cuisinier là-bas, chez lui, dedans chais plus quel restaurant célèbe, à saouar si que c'est pas la pierre en bois qu'elle est, y paraît, dessur le vieux port, y s'a dit comme ça un jour, ces pauv' de là-bas, et y parlait de nous z'aut', y sont comme des babaloucs, y te connaissent rien à l'art astronomique que c'est simplement comme on dit par chez nous z'aut', la manière de faire des bons plats et surtout, surtout les apprécier et zotch, purée de sa race, il est mal tombé à cause que, s'affoguer les bonnes soges, nous z'aut' on connaît que ça et diocamadone, on vit que pour ça.

          Brèfle, pour te continuer, ce Romain qu'il a venu s'installer à la Caroube que tout l'monde y sait que c'est l'endroit le plusse beau qu'y a au monde, il a commencé à faire d'la réclame en disant partout que ses pommes dauphines (ouai comme la oiture), elles z'ont pas leur appareil (et y'alors on se demande comment y s'les fait ?). Une fois que tu les z'a goûtées, diocane et dessur la tête du bon dieu, t'y es dégoûté à de bon et d'la dauphine et de toutes les z'aut' Renault. Ces pommes, c'est d'abord des pommes de terre qu'elles sont cuites dedans de l'eau ou à la vapeur, à saouar et qu'en plusse, purée de baouèle, elles te sentent l'essence et l'huile de vidange, bessif une dauphine c'est pas une Ferrari et t'y as beau dire, t'y as beau faire, les patates bouillies de ma pauv' mère qu'on s'les mange avec l'aïoli, elles sont mille fois meilleuses, j'te jure. Un jour, tu ois pas, ce kaloutche il a voulu nous prende en traîte, y nous z'a servi une bouillabaisse, c'est pas qu'elle était pas bonne non, mais y lui manquait un p'tit quèque soge, tu sais, ça que chez nous z'aut', on s'l'appelle la grappe poileuse qu'elle est ni obligée et ni gatoire non plus dedans ce plat mais elle donne du goût et quel goût !

          Enfin, après quèques mois de misère, d'enfants malades, de carreaux cassés et de sauces de toutes les couleurs qu'elles nous ont rendus à tous, verts comme les câpes qu'y s'les met en dedans, le Romain il a compris à de bon que si qu'y voulait arrêter de travailler à ouf, y lui fallait se mette à la couleur locale et depuis, y te fait de tout : Du poisson à la scabètche, des cavales et des merguez grillées avec aussi des brochettes et des fois même, tu vas pas coire, du couscous, du vrai, avec la viande, les légumes et tout et tout, et de temps en temps, des pois chiches au kamoune et y'alors, depuis, on s'l'appelle plus le Romain des câpes et des épices mais not' Romain à nous z'aut' qu'on s'l'a adopté bien-bien depuis qu'à nos salades, y s'est adapté.

Rachid HABBACHI

L'AIN - BEIDA - OULED - RAHMOUN
BÔNE son Histoire, ses Histoires
Par Louis ARNAUD

          
          On a pu voir, tout au début de ce livre de souvenirs, que les diligences qui assuraient le service d'Aïn-Beïda, partaient de Bône, du Cours National, d'un café, qui connut à l'époque la grande vogue : le " Café Couronne ", ainsi nommé parce qu'il avait été ouvert et tenu par M. Couronne ou plus exactement par M. Corona qui avait francisé son nom.
          Ce café occupait à l'origine, un vaste local, à l'angle formé par le Cours et la rue Saint-Augustin. Il a, plus tard, cédé l'angle à un commerce de lingerie, mercerie et bonneterie qui avait pour enseigne " Au Petit Paris ", et pour propriétaire, le claudicant, jovial et sympathique M. Cerf pour se cantonner dans ses trois dernières devantures qui donnaient sur le Cours.
          La " Société Générale " vint, un four, prendre la place du " Petit Paris " pour ouvrir une succursale de sa banque à Bône. Finalement, la " Société Générale " et ce qui restait du vieux café abandonnèrent ensemble les lieux au profit du " Grand Bon Marché ", magasin de confections, qui s'installa dans le vaste local originairement occupé par le " Café Couronne ".
          Le café " Couronne " avait toujours été le lieu où se retrouvaient tous les groupes (ils étaient nombreux et divers) qui combattaient la Municipalité quelle qu'elle fut, de Prosper Dubourg ou de Jérôme Bertagna.

          De l'autre côté du Cours, était le café St-Martin (actuellement : café de Paris), quartier général des amis de la Municipalité.
          Aux grandes journées de fièvre électorale, les habitués de ces deux cafés étaient dressés les uns contre les autres.
          De chacune des terrasses qui s'opposaient en diagonale, partaient des huées ou des acclamations, des injures, des cris, des quolibets, des rires et de ces onomatopées grasseyantes et pétaradantes, qui sont, dit-on, une véritable spécialité bônoise.
          Il en partait même des fusées lancées horizontalement qui, soit en rasant le sol, soit en traversant les feuillages du " Pot de Chambre du Père Dubourg ", venaient heurter la devanture du café d'en face, après avoir jeté l'effroi parmi les consommateurs attablés à l'extérieur.
          " Le Pot de chambre du Père Dubourg " : on nommait ainsi, irrévérencieusement pour le maire de Bône qui l'avait placée là, juste devant le théâtre, une grande et belle vasque toute recouverte par les larges feuilles des nénuphars sur lesquelles retombaient la fine pluie de jets d'eau rafraîchissants.
          Il n'y avait naturellement pas, à cette époque le monument élevé à la mémoire de Jérôme Bertagna.
          Jérôme Bertagna, jeune et vigoureux, était certainement, ces journées-là, à la terrasse du café St-Martin, en chair et en os, dominant son entourage par sa parole énergique, son regard droit et sévère et sa belle et fière prestance.

          Donc, dès 1885, lorsqu'Aïn-Beïda n'était desservie par aucune voie ferrée, le chemin le plus direct et le plus normal pour aller de la côte jusqu'à ce centre, partait de Bône qui était le débouché naturel de cette région au Sud-est constantinois.
          On venait d'Alger, de Tunis, et de Philippeville, prendre à Bône, la diligence pour Aïn-Beïda.
          Aïn-Beïda, faisait vraiment partie de l'hinterland du port de Bône, et sa région était presque toujours représentée à l'Assemblée départementale par une personnalité bônoise.
          C'est assez dire combien les intérêts de Bône et d'Aïn-Beïda étaient liés entre eux.
          Les Bônois avaient tout lieu de penser que lorsque viendrait l'heure de la construction d'une voie ferrée pour desservir Aïn-Beïda, cette voie viendrait, tout naturellement, suivant les routes que les nomades, les marchandises et les diligences avaient toujours suivies depuis les temps les plus reculés, rejoindre Oued-Zénati et aboutir à Bône par le chemin de fer de Bône-Guelma qui, depuis 1877, avait été prolongé jusqu'au Kroubs.
          Hélas, dans ces spéculations d'avenir, si faciles parce qu'elles étaient conformes à la logique même, les Bônois ne tenaient aucun compte des sombres desseins que nourrissaient à leur endroit les Constantinois et les Philippevillois.

          La récente construction, si difficilement et si onéreusement réalisée, de la ligne directe de Constantine à Philippeville aurait dû les tenir en éveil.
          Ils savaient bien que cette ligne n'était pas naturellement rentable, pour employer une expression chère au monde des affaires, puisqu'il avait fallu employer l'argument, suprême et impérieux, de la défense nationale pour décider le Parlement à autoriser son établissement.
          Ils auraient dû penser, dès lors, que pour alimenter son trafic, on allait tenter d'arracher, tant à l'Ouest qu'à l'Est du Département, les marchandises et les produits agricoles nécessaires à assurer son trafic.
          Ils auraient même dû comprendre - connaissant le désir du chef-lieu, de ne point permettre à leur Ville de prendre une trop grande importance - que Constantine n'avait poussé à la construction de ce chemin de fer, et, secondé ainsi les efforts des habitants de Philippeville, que pour parvenir à ses fins en créant, tout près de Bône, un port concurrent vers lequel on pourrait ensuite amener, de gré ou de force, des produits agricoles ou miniers que l'on enlèverait au port de Bône, ce qui était la meilleure façon de freiner sa croissance.
          Ce manque de vigilance allait coûter cher aux Bônois.
          Il est vrai qu'ils avaient des raisons, et même d'excellentes raisons, d'avoir confiance dans l'avenir.

          En 1871, en effet, à la suite d'une pétition signée par tous les habitants de Bône, le Gouverneur général à qui elle était adressée, s'était nettement rangé de leur côté et avait adopté le tracé d'un chemin de fer allant de Bône à Tébessa, en passant par Guelma, Sédrata et Aïn-Beïda que cette pétition préconisait.
          Il n'y avait, à l'époque de cette pétition, aucune ligne d'intérêt secondaire dans le Département, et, c'était la première fois que la question des chemins de fer était posée à Bône.
          Le tracé de cette ligne de Bône à Tébessa que proposaient les pétitionnaires, était certainement le plus rationnel. Il pénétrait dans le Sud-Est constantinois sans avoir à escalader, pour aller à Tébessa, les monts de Souk Ahras et atteignait des centres, comme La Meskiana et Sédrata qui n'ont pas encore de chemin de fer et qui n'en auront probablement jamais, en raison des progrès que font journellement les transports automobiles routiers.
          Le Gouverneur général, comme de juste, avait cru devoir demander l'avis du Conseil général de Constantine.
          Le Préfet de Constantine, M. Desclauzas avait donc soumis la question au Conseil général qui, dans sa séance du 19 avril 1872, avait émis d'emblée un vote favorable à la prise en considération du voeu unanime des habitants de Bône.
          Ces derniers étaient donc en droit de s'estimer satisfaits, et ils attendaient, sans aucune appréhension, que le Parlement fut saisi de la question, comme c'est la règle en matière de création de nouvelles lignes de chemin de fer.

          En 1874, la construction de la ligne de Bône à Guelma avait permis aux Bônois de penser qu'il s'agissait de la réalisation de la première étape de leur projet de 1871.
          Le prolongement jusqu'au Kroubs, en 1877, de cette ligne n'avait pu que les maintenir dans cette idée puisque de Oued-Zénati ou Aïn-Abid, pouvait partir un embranchement vers La Meskiana-Aïn-Beïda et Tébessa.
          Il n'y avait donc rien eu d'anormal dans le déroulement des faits depuis la séance du Conseil général du 19 avril 1872 qui pu susciter la moindre méfiance de leur part.
          Tandis que les Bônois s'endormaient dans les délices de Capoue, en faisant de beaux rêves d'avenir, les Constantinois et les Philippevillois s'apprêtaient au combat :

          Les gens de la région d'Aïn-Beïda réclamaient toujours le chemin de fer qu'on leur avait promis depuis longtemps et qui leur était indispensable pour évacuer leurs produits.
          Le 15 mars 1879, la question des futures lignes ferroviaires à créer en Algérie, vint enfin devant le Parlement.
          Parmi elle figurait la ligne qui devait relier Aïn-Beïda à Aïn-Abid, dernier tronçon du tracé qui avait fait l'objet de la pétition unanime de la population de Bône et qui avait déjà reçu l'adhésion du Gouverneur général de l'Algérie, en 1871, et du Conseil général de Constantine, le 19 avril 1872.
          Les partisans du port de Philippeville avaient naturellement présenté un contre-projet qui reliait Aïn-Beïda à la gare des Ouled-Rahmoun, et, ce qui était mieux, ils avaient travaillé sourdement dans les couloirs en faveur de leur projet.
          Ils furent si diligents et si adroits que la Commission des Travaux publics que présidait M. Albert Grévy, frère du Président de la République, et futur Gouverneur général de l'Algérie, se prononça en faveur du tracé Ain-Beïda-Ouled-Rahmoun.
          La Commission des Travaux publics de la Chambre des Députés, pour parvenir à cette décision, n'avait envisagé que le seul intérêt du port de Philippeville, alors qu'elle aurait dû se soucier uniquement de celui de la région d'Aïn-Beïda et avoir le souci de ne pas contrarier les lois naturelles.

          Aïn-Beïda, de par ces lois, était indiscutablement tributaire du port de Bône. Elle est placée à l'extrémité d'une ligne droite exactement perpendiculaire à la côte partant du port de Bône et les vallées de l'Oued-Cherf et de la Seybouse indiquaient, tout naturellement, la route à suivre pour arriver à ce port.
          En outre, le trajet d'Aïn-Beïda à Aïn-Abid, sur la ligne de Bône au Kroubs, était appelé à desservir les importants centres agricoles de La Meskiana et de Sédrata.
          Aucun de ces arguments n'avait cependant retenu l'attention de la Commission des Travaux publics qui avait chargé l'un de ses membres, M. le Député Journault, de rédiger et déposer sur le bureau de la Chambre, un rapport concluant à l'adoption de la variante Ain-Beïda-Ouled-Rahmoun.

          Voici les termes exacts du passage de ce rapport concernant l'adoption proposée :
          " Aïn-Beïda renferme dans ses environs des mines et des forêts importantes. Philippeville et Bône sont donc intéressées à s'en disputer le trafic ".
          " Votre commission a pensé que Constantine et Philippeville devaient avoir la préférence, comme compensation de la perte que fera nécessairement subir à ces deux Villes, la construction de la ligne Sétif-Bougie.
          " Elle écarte donc la variante qui aboutirait à Aïn Abid ",

          Pouvait-on dire plus clairement que l'on spoliait Bône pour compenser un dommage éventuel que subirait la ligne de Constantine à Philippeville, lorsqu'on construirait le chemin de fer de Sétif à Bougie ?
          Pouvait-on mieux faire apparaître la parfaite inutilité de la construction de la ligne Constantine-Philippeville, puisque le Sétif-Bougie, qui figurait au premier rang du programme des voies ferrées à établir dans le Département, aurait suffi à évacuer vers la mer toute la production agricole et minière de l'Ouest constantinois, en même temps que le port de Bône, avec le chemin de fer de la Cie Bône-Guelma, assurerait l'écoulement des produits de l'Est ?

          Ce rapport de M. Journault est aussi très intéressant pour établir la véritable raison de l'établissement de la ligne Constantine-Philippeville, et de l'agrandissement du port de cette Ville.
          En effet, M. Journault, parle " de la perte que fera nécessairement subir à ces deux Villes (Constantine et Philippeville) la construction de la ligne Sétif-Bougie ".
          Pourquoi parler de Constantine, puisque la variante proposée par la Commission n'aboutissait qu'à la gare des Ouled-Rahmoun, c'est-à-dire à une trentaine de kilomètres de Constantine ?
          S'il ne s'était agi que d'une question d'embranchement plus ou moins rapproché du chef-lieu pour favoriser l'expansion des voyageurs vers lui, le choix de la gare d'Aïn-Abid n'aurait pas été moins avantageux pour Constantine.
          Aïn-Abid n'est, en effet, qu'à quarante kilomètres à peine de cette Ville, c'est-à-dire, à dix kilomètres de plus de Oued-Rahmoun. Ce n'est certainement pas la question d'allonger d'une dizaine de kilomètres le parcours à accomplir par les voyageurs, ou les produits venant au chef-lieu qui a pu être déterminante dans la prise en considération de la variante Aïn-Beïda-Ouled-Rahmoun.
          Non, à vrai dire, il ne s'agit que d'un lapsus calami de l'honorable rapporteur de la Commission qui, étant donné l'insistance particulièrement intéressée des Constantinois en faveur de la variante Ouled-Rahmoun, avait dit croire sincèrement que la Ville de Constantine allait économiquement pâtir d'une orientation de trafic autre que celle qui le ferait transiter par Ouled-Rahmoun.

          Si M. Journault avait connu la topographie des lieux, il se serait certainement rendu compte que le chef-lieu n'aurait matériellement pas du tout été atteint par l'adoption du projet se raccordant à la gare d'Aïn-Abid sur la voie principale.
          Le chef-lieu n'avait donc, pour lui-même, aucune raison d'ordre matériel et économique, pour soutenir le tracé Aïn-Beïda-Ouled-Rahmoun.
          S'il le soutenait, ce n'était que pour enlever à la région bônoise l'appoint particulièrement notable du Sud-Est constantinois et, cela toujours, dans le but d'empêcher la croissance trop rapide de Bône que tout paraissait prédestiner au plus florissant avenir.
          Je viens de dire " l'appoint du Sud-Est constantinois ", alors qu'il peut paraître à certains qu'il aurait fallu dire de la région d'Aïn-Beïda.
          Non, c'est bien de tout le Sud-Est constantinois qu'il s'agissait. On ne trouve la preuve dans les deux premières lignes du passage du rapport cité plus haut : " Aïn-Beïda renferme dans ses environs des mines et des forêts importantes ".
          Des mines ? Quelles sont ces mines ? Y en avait-il une, seulement, dans la région d'Aïn-Beïda ?
          Non, mais on savait déjà que la région voisine, celle de Tébessa, Morsott, renfermait, elle, de nombreux gisements miniers que les Romains avaient autrefois exploités et peut-être connaissait-on déjà l'énorme richesse phosphatine du Kouif, du Djebel-Dir, du Djebel-Onk et du Thasbent.

          Comme il n'y a aucune mine, aucun gisement, d'aucune sorte, dans l'alentour d'Aïn-Beïda, on est contraint de penser que le port de Philippeville avait déjà, avec la complicité du chef-lieu, jeté son dévolu sur les richesses minières de Tébessa à Morsott.
          On verra plus loin que c'était bien là l'intention de nos voisins, lorsqu'il s'agira des projets de chemin de fer à créer entre Aïn-Beïda et Tébessa et entre Guelma et Gastu dont il sera parlé dans les chapitres suivants.
          L'émotion de la population bônoise fut intense, comme bien on pense.
          Le Conseil municipal de Bône éleva une protestation unanime et solennelle contre les propositions de la Commission des Travaux publics de la Chambre.
          Un mémoire rédigé par trois membres qualifiés et parfaitement idoines à tous les points de vue du Conseil, MM. Chaix, Duportal et Sistach, fut joint à la protestation.
          M. Chaix, dont la famille, l'une des plus honorables et estimées de la Ville, est encore à Bône, était ancien élève de l'Ecole Centrale ; M. Duportal qui sortait de Polytechnique, était ingénieur en chef, directeur de la Compagnie de chemin de fer " Bône-Guelma et prolongements ", et M. Sistach était docteur en médecine et président de l'Académie d'Hippone.
          L'Assemblée départementale qui s'était prononcée, le 19 avril 1872, en faveur d'un tracé Bône-Guelma-Ouled-Zénati-Aïn-Beïda-Tébessa, fut à nouveau saisie de la question à la demande des Bônois.

          Le Conseil général de 1879, oublieux du vote unanime par lequel le Conseil général de 1872 avait, d'accord avec le Gouverneur général, adhéré à ce projet, se prononça à une voix de majorité pour le rejet de la protestation bônoise, pourtant si légitime en elle-même.
          Et ce qui fut plus cruel encore pour les habitants de Bône, c'est que ce rejet ne fut dû qu'à l'absence de la séance du Conseil général, de deux conseillers généraux de Bône et sa région, M. Pasquier et M. Lagrange, qui, s'ils avaient pu assister à la séance, eussent naturellement apporté leurs voix à la protestation de la Ville de Bône qui aurait ainsi été adoptée.
          Il paraît utile d'ajouter que le projet de construction du Sétif-Bougie s'est enfoncé de plus en plus dans l'oubli et qu'il n'en est officiellement plus question aujourd'hui.

          Déjà, en 1920, le Conseil général de Constantine lors d'une nouvelle discussion relative au classement des lignes à construire, par ordre d'urgence, qui occupa trois longues séances, les 20, 21 et 23 novembre, avait retiré à cette ligne, malgré la protestation énergique de M. Dussaix, Conseiller général de Kerrata, le premier rang qu'elle avait occupé jusque là.
          Les Constantinois avaient certainement prévu cela depuis longtemps, depuis, sans doute, qu'ils avaient entrepris de réaliser la liaison Constantine-Philippeville par une voie ferrée si difficile à construire, et surtout si coûteuse.

          Ainsi, s'est déroulé le deuxième épisode de la lutte livrée par les Constantinois et les Philippevillois pour entraver le développement normal et naturel de la prospérité de la Ville de Bône.

***

Dessin envoyé par M. J-P. Xicluna
Dessin envoyé par M. J-P. Xicluna


*** Algérie chérie *** !
Envoyé par M. Pierre Rio

Algérie, mon égérie
Je t'écris, je te décris
Sur les sanglots de ma vie
Je garde en moi
Qu'un cœur au désarroi,
Je vivais dans ma bergerie
A bichonner mes brebis
Du bonheur de la vie !..
Mon pays, mon pays
Ma douce litanie
Se perd en nostalgie
Sur les méandres de mon cœur
Dans les mailles du bonheur
Aux milles couleurs
Sous tes cieux infinis
Qui ne m'ont jamais quittés …
Algérie ; mon pays
Histoire d'une vie
Ma chère patrie
Que je chérie
De la plume, de ma main
Sur ce petit manuscrit
Chaque mot s'écrit
En larmes de Bidaoui,
Mon cœur stoïque
Bat du rythme qui la nourrit …

A mes amis d'Algérie Rio pierre !


BÔNE MILITAIRE
du CAPITAINE MAITROT
                              Envoyé par M. Rachid Habbachi                      N° 20

Bône Militaire                                                   44 SIÈCLES DE LUTTES
du XXIVème avant  au XXème Siècle après notre ère
Médaille de Bronze à l'Exposition Coloniale de Marseille 1906
Médaille d'Argent de la société de Géographie d'Alger 1908

Deuxième Partie
         BÔNE FRANÇAISE

CHAPITRE XXI
Les volontaires de Bône et l'armée des Vosges
        
Bône de 1870 - 1871


        L'année 1870 s'annonçait, en Algérie, comme devant être paisible et prospère. Les affaires de Bône étaient particulièrement florissantes.
        La Chambre de Commerce, formée le 19 décembre 1848, à neuf membres, venait le 2 mars 1870 d'être portée à douze, sept français, un musulman, deux israélites et deux étrangers.

        Puis tout à coup, le 13 juillet 1870, le 1er bataillon et la 1ère compagnie du 2ème bataillon du 3ème tirailleurs en garnison à Bône, reçurent l'ordre de se mobiliser pour la France. Deux jours plus tard la guerre était déclarée. Le général baron Durrieu, sous-gouverneur de l'Algérie et gouverneur par intérim, après le départ du maréchal de Mac Mahon, le faisait connaître le 25 juillet dans une proclamation vibrante de patriotisme.
        " Que les milices se réunissent et s'exercent, écrivait-il ; qu'elles s'arment d'une résolution et d'une énergie nouvelles...
        " Je pourrais être inquiet... si je n'étais soutenu par ma foi dans l'avenir de la Colonie et ma confiance dans l'énergie et le patriotisme des Algériens. "

        Le 28, les tirailleurs, prêts depuis le 16, s'embarquèrent.
        Les Bônois qui avaient derrière eux, un long passé de gloire ne pouvaient rester indifférents à la proclamation du gouverneur ; ils s'enrôlèrent en masse dans la milice ; les indigènes eux-mêmes formèrent une compagnie spéciale (1).

        Le 10 août, l'état de siège fut déclaré dans toute l'Algérie de façon à pouvoir faire faire face à toutes les éventualités malheureusement à prévoir.

        Le 11, les préfets reçurent un arrêté prescrivant de réorganiser les milices et de créer des corps de volontaires, les généraux de division avaient délégation pour faire les nominations d'officiers réservées jusqu'alors à l'empereur.

        Le 18, la pêche au boeuf et la pêche au corail furent interdites dans le golfe de Bône et entre le Cap de Garde et Herbillon, aux alentours du câble sous-marin qui reliait Marseille à Bône.
        Puis arrivèrent les nouvelles les plus terribles. Ce fut Woerth, Frœschwiller, Saint-privat, Sedan, Illy.
        Zouaves, tirailleurs, chasseurs d'Afrique avaient soutenu vaillamment le vieux renom de l'armée d'Afrique. Aux uns, l'ennemi, lui-même avait conféré la glorieuse épithète de " braves gens " ; des autres, il avait conçu une telle terreur qu'on le verra, au moment de la paix, tenter, mais en vain,
        D'obtenir qu'on n'amenât plus, sur les champs de bataille d'Europe, ces bandes demi sauvages.

        Le 4 septembre, on perdit Sedan.
        Le 5, ce fut la proclamation de la République.
        Le général Durrieu fit paraître deux nouvelles proclamations dans lesquelles il affirmait sa confiance dans les Algériens. (2)
        L'honneur était sauf, mais la situation était plus que critique.
        Le gouverneur le comprit et fit alors un énergique appel au patriotisme des colons qui, dès le début de la conquête avaient combattu et travaillé côte à côte avec nos soldats et pour leur montrer la confiance qu'il avait en eux, il leva l'état de siège " sur l'attitude calme des populations et les preuves que les milices ont données de leur dévouement au maintien de l'ordre et de la sécurité. " (3)
        Le même jour, il divisa les miliciens, en sédentaires et en mobilisables et rétablit l'élection à tous les grades.
        Ce fut sur ces bases que, dans les premiers jours de novembre, une compagnie de volontaires fut formée à Bône.

        MM. Genova (Xavier) fut élu capitaine commandant (4) ;
        Fournier (Albert), lieutenant.
        N° Matricule
        2 Guy (Charles), sergent-major.
        4 Sion (Jules), sergent.
        6 Bonnefoy (Léon), sergent porte-fanion.
        9 Morlot (Louis), caporal).
        10 Calmon (Ernest), caporal.
        11 Gery (François-Marie), caporal.
        2 Hauron (François-Marie), caporal.
        La compagnie eut deux clairons.
        21 Massin (Casimir).
        23 Mazias (Alphonse).

        Les volontaires au nombre de 42 et divisés en six escouades furent :
        20 Amiel (Lupert).
        22 Bernard (Joachim).
        24 Colombier (Jean).
        25 Chabrol (Prosper).
        26 Blanc (Baptiste).
        27 Liandrai. (Pierre).
        28 Garnier (Henri).
        29 Tavera (Joseph).
        30 Denante (François).
        31 Vicari (Jules).
        32 Rossy (Antoine)
        33 Falavel (Emile)
        34 Lartigau (Alphonse)
        35 Laurent (Xavier).
        36 Hutin (Henri).
        37 Bonnefoy (Eugène)
        38 Lopez (Joseph).
        39 Labesse (Auguste).
        40 Legey (François).
        41 Nelet (Gustave).
        42 Basso (Pierre).
        43 Odenino (Michel).
        44 Pouchet (François).
        45 Augier de Maintenon (François).
        46 Platon (Auguste). 17 Darras (Auguste).
        48 Roche (Léopold).
        49 Laurens (Jérôme).
        50 Estèbe (Damien).
        51 Mikalowski (André)
        52 Fritz (André).
        53 Armand (Léon).
        54 Martin (Joseph).
        55 Remusat (Marius).
        56 Jalabert (Joseph).
        57 Faurte (Emile).
        58 Bertraux (Louis).
        59 Moustier (Charles).
        61 Mégia (André).
        63 Teddé (Antoine),
        61 Ahmed ben Brahim

        Ces hommes reçurent de la ville un franc de solde par jour sans vivres ; les sous-officiers, un franc vingt-cinq centimes ; les officiers, la solde et les indemnités de la première classe et de leur grade dans la ligne (5).

        Ils étaient vêtus d'effets de drap, bleu de roi, composés d'un caban avec capuchon, d'une vareuse, d'un pantalon et d'un képi, portant sur le bandeau un croissant et une étoile, sauf l'indigène qui conserva sa chéchia.
        Une ceinture rouge tranchait sur ces couleurs sombres ; celle des officiers était de mille teintes comme l'est celle des officiers indigènes de nos jours.
        Les officiers et les sous-officiers eurent des insignes de grade en argent ; ceux des caporaux étaient de laine rouge.
        L'armement consista en une carabine Minié avec baïonnette et 100 cartouches ; 60 dans la giberne et 40 dans le sac.
        Chaque homme reçut en outre de la ville un havresac et une couverture : la ville de l'Etat, une tente et des ustensiles de campement.

        Le signe de ralliement consista en un fanion noir brodé par les demoiselles Séréno, de Guelma, et portant en lettres d'or, l'inscription " volontaires de Bône ".
        La plupart de ces jeunes gens étaient des recrues sans aucune instruction militaire ; Mais les officiers étaient de vieux soldats rompus au métier des armes.
        M. Génova était un ancien fourrier des zouaves, devenu sergent-major à la Légion étrangère, puis sous-lieutenant et lieutenant au Mexique, dans le 6ème bataillon de Casadores (6).

        M. Fournier, rédacteur en chef du journal Bônois, La Seybouse, avait été sergent-major au 71ème de ligne.
        Aussi l'instruction des hommes fut-elle rapidement et savamment menée. Deux tirs furent exécutés avant le départ.

        Le 22 novembre, la compagnie fut embarquée sur un vapeur des Messageries Maritimes et débarqua à Marseille, le 25. Elle avait en caisse 2.700 francs. donnés par la ville et 50 francs offerts par M. Erombert.
        Elle fut immédiatement immatriculée et les officiers reçurent leurs brevets par les soins de M. Gente, préfet. des Bouches du Rhône.
        Les hommes touchaient de la guerre un franc par jour sans les vivres. Les officiers eurent la solde de leur grade et reçurent l'indemnité d'entrée en campagne sur laquelle, avec la sollicitude qu'ils montrèrent pour leurs compagnons d'armes au cours de toute la campagne, ils prélevèrent 500 frs pour l'ordinaire.
        Le capitaine acheta, au compte de la ville de Bône, à chacun de ses hommes, un revolver et 24 cartouches et pour lui-même une excellente jumelle.
        Un conseil d'administration fut formé qui comprit MM. Génova, Fournier, Guy, de Maintenon et Platon.

        Le 28, après avoir pris, la veille, un apéritif en l'honneur de la campagne et avoir recruté un volontaire, Durley (Jacques), numéro matricule 62, elle fut dirigée par chemin de fer sur l'armée des Vosges.

        Elle arriva, le 29 Novembre, à Autun et fut cantonnée, sans paille, dans une église. Peu habitués aux froides nuits de la région de l'Est, les volontaires eurent beaucoup à souffrir. Le lendemain, il fut décidé que l'on remplacerait le képi par une toque de fourrure dans le genre de celle que portent les rouliers ; le croissant et l'étoile furent cousus sur le bandeau.

        Le 1er décembre, après la soupe du matin, les hommes s'initiaient aux mystères de l'école, de tirailleurs lorsque, vers une heure, des obus vinrent à tomber sur la ville.
        Sans avoir reçu aucun ordre, le capitaine marcha au canon. Il rencontra le général Riccioti Garibaldi, commandant la 2ème brigade, qui le plaça à côté de l'arc romain du faubourg Saint-Symphorien, en réserve générale et en soutien de deux batteries d'artillerie des mobiles de la Charente Inférieure.
        Il resta dans cette position toute la nuit du 1 au 2. C'est là qu'il fut abordé par un Bônois, M. Aribaud, incorporé dans un corps garibaldien, qui devait, plus tard, être cité à l'ordre pour avoir à Dijon, fait prisonnier le fils du général de Werder.

        Le 3, la compagnie fut incorporée dans la 1ère brigade de l'armée des Vosges (général Menotti Garibaldi) et fit partie d'un bataillon de francs tireurs commandé par le chef de bataillon Lhoste et composé de :
        Une compagnie de Lyon. Deux compagnies d'Alger.
        Une compagnie de Constantine. Une compagnie de Guelma. Une compagnie d'Aumale. Deux compagnies d'Avignon.
        Deux compagnies du Tarn et Garonne.
        La compagnie avait perdu deux hommes, Falavel et Labesse, disparus le 1er décembre.
        Le jour même, le bataillon partit pour Arnay-le-Duc. Après un séjour assez long dans cette ville, couvert par la compagnie de Bône en avant-garde, il se dirigea par une marche de nuit sur Pont d'Ouche. Il devait prendre la voie ferrée pour gagner Nuits et prendre part à la bataille qui s'y livrait. Mais la voie était coupée, il du marcher par étapes et arriva seulement le 24 décembre. Il fut réuni à un groupe de 30 bataillons de francs-tireurs de toutes provenances.

        Après un repos de trois ou quatre jours, la compagnie partit en avant-garde vers huit heures du soir. Elle traversa une forêt sous une neige abondante et arriva à Sombernon, à neuf heures du matin.
        Des reconnaissances furent lancées de ce point dans toutes les directions, à une distance de 15 à 20 kilomètres.
        Au cours d'une de ces reconnaissances, le fanion noir faillit être cause d'une terrible méprise.
        La compagnie avait été réveillée à trois heures du matin, les armes avaient été enveloppées de chiffons et de paille et sans aucun bruit, elle était sortie du cantonnement.
        Ce mouvement avait été tellement silencieux que les volontaires Roches et Julian n'avaient rien entendu et étaient restés couchés.
        Les hommes furent à un point distant du village de 4 à 5 kilomètres dissimulés dans les fossés de la route, au milieu d'une forêt couverte de neige.
        A midi, elle n'était pas rentrée. Le commandant, croyant à un malheur, fit partir quelques hommes en avant du village et fit disposer, sur la route, des grenades commandées par un fil électrique. Tout à coup, on aperçut une ligne sombre, un drapeau très foncé flottait au-dessus des têtes coiffées de bérets.
        Les fusils furent abattus, le courant allait être envoyé dans les grenades lorsque les volontaires Julian et Roches qui se trouvaient là, s'écrièrent " Ne tirez pas, mon commandant, ce sont les enfants de Bône ".
        A la suite de cette mésaventure, malgré sa hampe traversée d'une balle et sa flamme déchirée de deux autres, le fanion fut roulé et remplacé par un drapeau tricolore qui fut acheté à la première occasion.
        L'ennemi ne se montrant pas, le bataillon fut dirigé sur Dijon puis sur Saint-Seine.
        Les Allemands se trouvaient à six kilomètres de là, à Chanceaux.

        Le 1er janvier, M. Carcasonne, lieutenant démissionnaire et capitaine de la compagnie de Guelma, en l'absence du commandant retenu à Dijon, dirigea une opération sur le village.
        Les Allemands, au nombre de 4 à 500 fantassins, soutenus par deux petites pièces de canon, ouvrirent le feu à bonne portée. Le bataillon se déploya immédiatement, la compagnie se trouvait à l'extrême droite, sur deux lignes de tirailleurs respectivement sous les ordres du capitaine et du lieutenant.
        Le combat dura une heure, l'ennemi battit en retraite. La compagnie ne subit aucune perte.
        A la suite de cette affaire, le colonel chef d'état-major des troupes garibaldiennes écrivit dans son rapport officiel que la compagnie vaillamment entraînée par ses chefs avait manoeuvré " avec la même précision et le même calme que si elle avait été sur la place d'exercices ".
        Elle avait incorporé, ce même jour, Kilfourmi (Léon), numéro matricule 65.
        Le commandant fut nommé lieutenant-colonel à la suite de cette affaire.

        Le séjour à Chanceaux fut employé à faire des reconnaissances dans les bois voisins.
        Une nuit, deux compagnies, l'une du Tarn et Garonne et l'autre d'Alger, tombèrent sur une reconnaissance allemande dissimulée dans un ravin.
        Un combat assez vif s'engagea.
        Quatre compagnies envoyées en renfort, trouvèrent, au lever du jour, les cadavres du capitaine et du lieutenant du Tarn et Garonne et vingt corps de francs tireurs ; les autres avaient disparu.

        Peu de temps après, le bataillon regagna Dijon, le 8 janvier. De là, il retourna à St-Seine après avoir échangé ses carabines contre des armes plus modernes. La compagnie reçut des Chassepots.
        A six kilomètres de là, à Champigny, se trouvait un troupeau de moutons appartenant à l'administration allemande.

        Le 10, à cinq heures du soir, ce troupeau fut surpris. Il fut fait dix prisonniers et l'on s'empara de 600 bêtes qui, vendues à Dijon, par les soins de l'intendance, rapportèrent 13 frs. 05 à chaque homme du bataillon.

        Le lendemain 11, à neuf Heures du matin, une nouvelle attaque fut dirigée par les francs-tireurs, sur Champigny. La compagnie se trouvait à l'extrême gauche. La présence d'esprit du capitaine évita une surprise qui aurait pu avoir des conséquences fatales.
        Le bataillon battait en retraite à trois heures de l'après-midi, faute de cartouches. Le colonel vit, un moment, une ligne déployée s'avancer sur la droite de la compagnie. Il voulait faire cesser le feu, croyant avoir à faire à une de ses unités mal orientée dans son mouvement de retraite par échelons. Ce fut sur l'insistance du capitaine Génova qu'il suspendit son ordre. C'était une compagnie allemande et les Bônois se trouvaient alors seuls en extrême arrière garde. Ils ne quittèrent leur position qu'au dernier moment.

        Le volontaire Teddé s'entendit alors appeler, c'était le jeune Hivert (Etienne) de la compagnie de Guelma et Bônois d'origine, qui avait été frappé d'une balle au pied droit. La cantinière du bataillon était allée chercher une charrette pour enlever le blessé, mais comme elle n'arrivait pas, le volontaire Teddé, aidé de ses camarades Arnaud, Colombier et de Maintenon, improvisa un brancard avec des fusils. Il était temps, les Allemands approchaient et le départ des quatre infirmiers d'occasion fut salué d'une grêle de balles qui heureusement n'atteignirent personne.
        La charrette fut rencontrée quelques mètres plus loin. Hivert fut évacué sur St-Seine puis sur Dijon où il devait mourir de sa blessure.
        La compagnie ne subit aucune perte dans cette affaire, le bataillon eut 30 tués ou blessés.

        La retraite se continua sur Dijon où le capitaine reçut, le 12, un mandat de 500 francs envoyé par la ville de Bône.
        Après un repos de deux jours, le bataillon revint à St-Seine et la compagnie fut détachée à Alise Sainte-Reine.
        Au cours de la marche, le caporal Morlot, de la 2ème escouade, s'enivra. C'était un peu excusable, étant données les privations auxquelles les volontaires étaient soumis depuis le commencement de la campagne. Mais le vieux soldat qu'était le capitaine ne pouvait admettre ce manquement à la discipline. Le caporal fut cassé et ses galons lui furent arrachés devant la compagnie sous les armes.

        Le 19, les francs-tireurs rétrogradèrent vers Dijon et reprirent leur place dans leur brigade qu'ils avaient quittée depuis Autun.

        Le 20, la compagnie reçut un mandat de 123 frs 35 envoyé par les corps de cavalerie de Bône.

        Le 21, la ville fut attaquée, le bataillon fut placé à Talan, faubourg de Dijon organisé défensivement par les Garibaldiens. On fit toute la soirée des feux un peu au hasard en avant du faubourg. A deux heures du matin, n'ayant reçu aucun ordre et ses hommes n'ayant pas mangé, le capitaine rentra dans Talan.

        A dix heures du matin, le 22, il était en avant du faubourg, appuyé à une vieille masure formant l'extrême droite d'une ligne composée de bataillons français. La veille, les Garibaldiens avaient repoussé l'ennemi, un mouvement en avant fut ordonné.
        A deux heures de l'après-midi, la compagnie commença un vaste mouvement tournant qui décida de la retraite des Allemands. Elle arriva à la fin de ce mouvement en face d'une ferme dans laquelle 700 blessés français et allemands étaient soignés par huit médecins de cette dernière nationalité.
        Au moment où le capitaine visitait cette ambulance, une vieille dame de 70 ans, le bras barré de la Croix Rouge, Madame de Saint-Seine, se présenta et se plaignit amèrement au médecin-chef, de ce que les soldats allemands l'avaient, la nuit précédente, malgré la neutralité qui la couvrait empêchée de prodiguer ses soins aux blessés relevés sur le champ de bataille.
        Ceci se passe de commentaires.
        Le capitaine envoya un de ses hommes, monté sur le cheval d'un des médecins, prévenir Garibaldi de la découverte de l'ambulance. Le général vint prendre possession du matériel, et en particulier des huit chevaux.
        Sans davantage de commentaires.

        Les pertes de la compagnie furent assez sérieuses dans cette affaire. Le caporal Gély, de la 5ème escouade, avait été tué ; le volontaire Nelet, de la 4ème, blessé, mourut à l'hôpital de Dijon le lendemain ; le sergent Bonnefoy avait reçu une balle dans la jambe.
        Le bataillon avait perdu un lieutenant de la compagnie de Lyon et le capitaine d'une compagnie d'Avignon.
        Le caporal Morlot, dégradé précédemment, s'était tellement brillamment conduit, que son capitaine alla lui-même acheter des galons, qu'il lui remit en présence de ses camarades.
        Cependant, les Garibaldiens avaient repoussé l'ennemi à Pouilly ; le 61ème régiment poméranien avait même perdu son drapeau.
        Le lieutenant-colonel Lhoste, blessé, reçut la croix de chevalier de la Légion d'honneur le soir du combat. Le lendemain matin, il fut fait officier ; le soir, il était mort.
        Le capitaine Genova fut désigné pour lui succéder, mais il refusa cet honneur, en disant qu'en prenant le commandement de sa compagnie, il avait contracté des obligations sacrées envers les parents de ses hommes, qu'il avait commencé la campagne avec eux et qu'il voulait la finir avec et près d'eux.

        Le nouveau chef de bataillon fut un Italien de Gênes, M. Baghetti.
        Cet officier exigea des honneurs extraordinaires.
        Tous les matins avait lieu un rassemblement eu armes. Le jour de sa prise de commandement M. Baghetti fit défiler les compagnies au port d'arme. Le lendemain, il voulut qu'il en fût de même. La compagnie de Bône défila, mais l'arme sur l'épaule.
        Furieux, le commandant fit appeler le capitaine Genova, qui lui répondit assez vertement, et avec juste raison, qu'il était venu en France pour faire la guerre et non pour jouer au soldat et faire de la parade, que, d'ailleurs, ces honneurs n'étaient pas réglementaires et qu'il n'en avait que faire.
        La réplique ne fut pas longue à venir. La compagnie fut envoyée en reconnaissance dans les bois de la Crochère et on la laissa 24 heures sans lui envoyer de vivres. Les hommes avaient, heureusement, emporte du pain dans le capuchon de leur caban.
        Il est inutile d'insister sur le procédé.

        Le, bataillon partit pour Auxonne. Les deux morts de la compagnie avaient été, dès le 26, remplacés numériquement, par Galardi Jean, N.M. 66, et Ghirardi (Pietro), N. M. 67.
        Malgré ses préventions contre les Bônois, le commandant était contraint de rendre hommage à leur bravoure. Un jour, il fit appeler le capitaine et lui dit : " J'ai besoin de vos lapins pour occuper un village où les Allemands viennent se ravitailler ". Le capitaine Genova répondit : " Mes hommes n'en peuvent plus, mais je suis à votre disposition. Donnez-moi des hommes frais. "
        Puis, sans tenir compte de sa propre fatigue, il partit pour Champevent, à sept ou huit kilomètres de Dôle, avec deux compagnies, que celle de Bône vint renforcer le lendemain.
        Une barricade fut construite à l'entrée de la rue principale ; la moitié de l'effectif prit le service de surveillance, le reste se coucha tout habillé.
        Mais l'ennemi avait du être averti, car les hulans qui venaient tous les jours, escortant des charrettes destinées à emporter des provisions de pain, ne parurent pas ; quelques patrouilles se montrèrent sur les crêtes. Après trois jours d'attente, le détachement rentra à Auxonne, le 30 janvier. Le volontaire Vicari fut licencié.

        Le premier février, à trois heures du soir, l'armée des Vosges apprit qu'un armistice avait été signé mais qu'elle-même était exceptée de cet armistice. Ce fut une surprise générale et, faut-il l'ajouter, un désarroi assez compréhensible.
        Dans le bataillon de francs-tireurs, on discuta longuement. Les officiers se réunirent en Conseil de guerre. Les hommes se tenaient sur les glacis, après avoir laissé leurs sacs dans les casemates et attendaient assez inquiets ce qui allait résulter de cette discussion.
        Le commandant voulait rester dans la ville, à l'abri des remparts et attendre qu'il ait été statué sur leur sort. Le capitaine Génova fit remarquer que devenus gens d'exception, ils étaient dangereux pour les autres et que, partant de ce principe, les habitants de la ville se montreraient certainement hostiles à leur égard, comme on pouvait déjà s'en apercevoir. Il ajouta que le commandant ferait ce qu'il voudrait mais que lui-même renonçant à ses habitudes d'obéissance et de discipline, quitterait les autres compagnies : il ne voulait pas être fait prisonnier et être dirigé sur l'Allemagne.
        C'était d'ailleurs un plan bien arrêté dans son esprit, car il avait déjà envoyé son sergent-major dans la ville pour acheter du pain, du vin et du fromage (29 fr. 05).

        Son avis finit par prévaloir et à quatre heures du soir, il prit l'avant-garde et se dirigea, avec un guide, sur Chalon, emmenant, avec ses hommes, les subsistants français de la garnison, soit une quinzaine de zouaves environ.
        A la tombée de la nuit, on aperçut un grand feu ; les éclaireurs apprirent que c'était une meule de fourrage qui brûlait. A minuit, on fut en face de Saint-Jean de Lôsne. Le pont était coupé. La compagnie passa la Saône avec des barques, puis ce fut le bataillon suivi de la 2ème brigade garibaldienne (général Ricciotti Garibaldi).

        Le lendemain matin, on était à Châlons-sur-Saône. Le capitaine y acheta 20 musettes (à 1 fr. 30) pour remplacer les sacs laissés à Auxonne.
        La compagnie gagna ensuite le Creusot. Le sergent Bonnefoy, blessé le 22 janvier, mourut, à l'hôpital de cette ville, le 6 mars.

        Le 21 février, la ville de Bône envoya un mandat de 1000 francs.
        Dirigés sur Autun, les volontaires y furent désarmés puis dirigés, par chemin de fer, sur Marseille où ils arrivèrent le 18.
        Avant leur départ, ils avaient été l'objet de propositions de la part de meneurs qui voulaient les emmener à Paris et les enrôler dans les troupes de la commune. Je laisse à penser les réponses qui furent faites.
        A Marseille, la compagnie se trouva diminuée des volontaires :
        Chabrol qui se retira à Nîmes.
        Blanc qui se retira dans les Basses-Alpes.
        Denante qui se retira à Gordes (Vaucluse).
        Hasso qui resta à Marseille.
        Si l'on tient compte du départ de Kilfourmi parti, le 28 février, de Luzy, elle s'embarqua à l'effectif de deux officiers, trois sous-officiers, (dont le caporal Morlot nommé sergent) et 41 hommes, après avoir eu trois volontaires morts au champ d'honneur.
        Elle toucha Philippeville le 20 et arriva à Bône le 21.
        Le fanion fut déposé à la mairie.

        Les survivants de cette héroïque phalange sont :
        Le capitaine Génova ;
        Le sergent-major Guy ;
        Les volontaires Laurens, Lopez, Mégia, Teddé.

(1)En exécution de l'arrêté du 2 avril 1851.

(2) Aux habitants de l'Algérie,

Algériens,
Vous connaissez dans toute son étendue le malheur qui vient de frapper la France.
J'ai confiance dans votre énergie et votre patriotisme pour vous armer contre toute défaillance et envisager de sang froid la situation.
Je vous recommande l'ordre et le calme.
La France n'est pas à bout de ressources.
Attendons ses volontés et unis dans une même pensée, tenons nous prêts à les accomplir.
Alger, le 4 Septembre 1870.

Aux Habitants de l'Algérie,
Algériens,
La République vient d'être proclamée.
Les autorités civiles et militaires conserveront leurs fonctions jusqu'à ce qu'elles aient été régulièrement relevées par le gouvernement national.
Nous invitons la population à attendre avec calme les décisions de la mère-patrie.
Alger, le 5 Septembre 1870.
Le général de division, Gouverneur général par intérim, BARON DURRIEU.

(3) Arrêté du 10 Septembre 18'70.

(4) M. Génova appartenait à une famille qui, avec celle des Favella, est la plus ancienne à Bône.
Son grand-père, originaire d'Ajaccio, était sobrecargue (comptable) de l'association des corailleurs Corses à Bône en 1821.
Le jour de l'Ascension, le 2 juin, les corailleurs Italiens et Corses avaient tiré leurs barques, au nombre d'une soixantaine et montées chacune par 15 à 20 hommes sur le sable qui se trouvait entre l'embouchure de la Boudjima et celle de la Seybouse et se livraient aux douceurs de la sieste, lorsque des montagnards de l'Edough, les attaquèrent à l'improviste et firent un grand massacre. 200 Corses furent tués. Puis les ennemis se rendirent aux entrepôts, celui des Corses était situé au milieu de la rue Fréart, dans la maison Quintard, M. Génova s'y trouvait avec deux de ses employés. Ils furent massacrés sans pitié.
Ce fut en Corse un deuil général.
Puis un jour du mois de septembre, M. Génova rentra à Ajaccio. II avait été recueilli, blessé d'un coup de yatagan à la tête, soigné et guéri, par le consul d'Angleterre qui habitait en face de l'entrepôt.
Son fils continua à venir à Bône.
En 1834, il vendait, dans la rue Fréart, du vin, des fruits et des planches, puis retournait, en septembre, dans son pays, en emportant de la laine et du blé.
Il vint s'établir à Bône, avec sa famille, en 1858. Le sobrecargue raconta les faits ci-dessus à son petit fils qui voulut bien me les narrer à son tour.
Les Favella étaient menuisiers, de père en fils, bien avant l'arrivée des Français.

(5) Arrêté gubernatorial du 10 octobre 1870.

(6) Tirailleurs mexicains.

A SUIVRE       

LE PREMIER SERMON
Envoyé par M. Camacho

     Un jeune curé, très angoissé, est incapable de prononcer un seul mot le jour de son premier sermon.

     Le lendemain il va voir l'archevêque et lui demande quelques conseils pour être à la hauteur au sermon du dimanche suivant.

     L'archevêque lui conseille de se verser quelques gouttes de vodka dans un grand verre pour se sentir plus détendu.

     Le dimanche suivant, le jeune prêtre suit le conseil et réussi à parler sans être paralysé, ni de trac.

     De retour à la sacristie, il trouve un lettre laissée par l'archevêque, ainsi rédigée :

     Mon Fils, la prochaine fois, mettez quelques gouttes de vodka dans un grand verre d'eau et non quelques gouttes d'eau dans la bouteille de vodka.

     D'autre part, je tiens à vous faire part des quelques observations suivantes, afin que vous amélioriez encore un peu vos prochains prônes.

     1) Il n'est nul besoin de mettre une rondelle de citron sur le bord du calice.

     2) Évitez de vous appuyer sur la statue de la Sainte Vierge et surtout, évitez de l'embrasser en la serrant étroitement dans vos bras.

     3) Il y a 10 commandements et non pas 12

     4) Les apôtres étaient 12 et non pas 7 et aucun n'était nain.

     5) Nous ne parlons de Jésus Christ et ses apôtres comme de "JC & Co"

     6) Nous ne nous référons pas à Juda comme à "ce fils de pute"

     7) Vous ne devez pas parlez du Pape en disant "Le Parrain"

     8) Ben Laden n'a rien à voir avec la mort de Jésus

     9) Les murailles qui se sont effondrées au septième jour ne se trouvaient pas à Mexico mais à Jéricho !

     10) L'eau bénite est faite pour bénir et non pour se rafraîchir la nuque

     11) Ne célébrez jamais la messe assis sur les marches de l'autel

     12) Ponce Pilate a dit "vos histoires je m'en lave les mains" et non "vos conneries, je m'en bas les valoches"

     13) Les hosties ne sont pas des gâteaux à apéritif à consommer avec le vin de messe.

     14) Les pêcheurs iront en enfer et non "se faire enfourner chez les Papous"

     15) L'initiative d'appeler les fidèles à danser était bonne, mais pas celle de faire la chenille dans l'église.

     16) L'homme assis près de l'autel et que vous avez qualifié de "vieux pédé" et le "travelo en jupe" c'était moi.

     Sincèrement l'Archevêque.
PS. Jésus n'a pas été fusillé, mais crucifié. ! ! !



La Plaine Bônoise
Pierre TURREL

       Partons de Bône en Direction de la Tunisie. Nous sortons de la ville par le pont enjambant la Seybouse. (R.N.16) laissant derrière nous le Ruisseau d'Or, les cités Auzas, Chancel, nous longeons sur la gauche la citée de Joannonville et sa belle plage de sable fin, sur la droite les bâtiments de la Tabacoop, la cité de l'Agriculture, 1ère coopérative agricole créée en Algérie. par Charles Munck, Tabacoop ; Eugène Lignier Labourcoop ; Henri Vernede, Edouard Giuliano, Mohamed Benyacoub, crédit mutuel agricole ; Edgar Taboni. Agrumes ; Didier Germain, élevage ; Mohamed Bendjeddou, Cotocoop ; Jean Tholance, Tomacoop. Armand Pellarin. vigne, Munck , Oléocoop, auxquels venaient s'adjoindre les caves coopératives et les docks silos (céréales) les ruines romaines d'Hippone que domine la Basilique Saint AUGUSTIN, 2 itinéraires s'offrent à nous, par La Calle, ou Souk-Ahras. Choix cartésien, vu la diversité des sites de ces deux axes routiers. Nous ferons la boucle afin de satisfaire, si possible, tous nos amis. J'en doute !

        Vers la Calle, les salines terrain d'aviation. Morris, le Lac des oiseaux, Blandan, le Tarf, Yusuf, lac Oubeira durant tout ce parcours nous découvrons, les orangeraies, le vignoble, la faune et la flore des lacs qui nous laissent admiratifs par la richesse des espèces aux multiples plumages bariolés, ainsi nous atteignons en plein enchantement LA CALLE, que dire de cette cité si bien d'écrite dans le journal de liaison, le Petit CALLOIS : si ce n'est que ce petit port de pêche était situé dans un cadre de verdure remarquable et inégalable (un dicton Bônois " il est raide comme la justice de LA CALLE " laissait entendre toute la rigueur que cette cité imposait dans son approche, tant par mer que par terre.) la proximité de la Tunisie, fait pratiquement de cette ville la frontière Turrell.

        En partant de Bastion de France, nous redescendons vers Bône par l'itinéraire bis, La Croix, Souk El Arba, Ghardimaou (passage obligatoire de la ligne de chemin de fer pour Tunis), Souk-Ahras patrie de ST AUGUSTIN, La Verdure, Medjez Sfa, Duvivier, Barral, avec son pont suspendu sur la Seybouse qui sert à la fois de route et de canal d'irrigation pour les plantations (oliviers,vignes, tabac, coton), Mondovi, le centre agricole le plus important, vastes domaines de Guébar Bou Aoun, Chapeau de Gendarme avec leurs chais monumentaux, Duzerville village natal des Brunet (mon beau père) dont l'un fut le Conseiller Général de Djidjelli. Retour vers Bône en faisant un détour par RANDON, tiens un nom qui fait tilt où l'ai-je, entendu, mais bien sûr à l'ABCT! Le Président y est natif, selon lui ce serait le village le plus beau du monde? C'est à voir. Ce qui est certain et là j'en suis convaincu c'est la plus grande commune de France et d'Algérie Française. Que dire de cette petite bourgade sans heurter le Président. Il y avait une église, une école, une gare, un jardin public, sans le kiosque à musique, mais avec une salle des fêtes agréable, c'est là qu'après notre randonnée (fermes françaises, entre 70/90 Km, compagnie Genevoise, Beughin) à bicyclette, avec mes comparses Bônois, nous allions le dimanche "danser" ceux qui aimaient la danse. Je faisais le plus souvent tapisserie. J'ai pu connaître cet important centre viticole, arrosé par la Seybouse. Tiens il me vient à l'esprit qu'à Bône la dite rivière produit à son embouchure le quartier de la Choumarelle ! Y aurait-il une similitude, allez c'est pour rire... !





        RANDON : C'est avec un peu d'ironie que je charrie régulièrement mon président en lui disant que son village n'était pas sur la carte d'Algérie, et pourtant comme il est dit plus haut, c'est la plus vaste commune.


        Une chose est certaine, il n'y a peut-être pas de monuments à voir mais ce qui est sûr, un Président y est né c'est une chance pour nous tous, car l'ami Jean Pierre ROZIER et son épouse Colette BORG à eux deux représentent la plaine de Bône, il est de RANDON et elle 17 rue Messmer à Bône le quartier le plus central de la belle cité Bônoise.




        Ainsi l'A.B.C.T. est gérée, avec amour et fidélité, pour le plus grand bonheur des adhérents tant pis pour les grognards et les âmes un peu susceptibles...


A l'Aube de l'Algérie Française
Le Calvaire des Colons de 48
                                       Par MAXIME RASTEIL (1930)                                        N° 2

EUGÈNE FRANÇOIS
Mon ancêtre

Quoi de plus louable que de partir à la recherche de ses ancêtres !
Découvrir où et comment ils ont vécu !
La Bruyère disait : " C'est un métier que de faire un livre. "
Photo Marie-Claire Missud
J'ai voulu tenter l'expérience de mettre sur le papier après la lecture d'un livre sur "les Colons de 1848" et le fouillis de souvenirs glanés dans la famille, de raconter la vie de ce grand homme, tant par sa taille que par sa valeur morale, de ce Parisien que fut Eugène FRANÇOIS né à Meudon en 1839, mort à Bône en 1916.
Tout a commencé lors de l'établissement d'un arbre généalogique concernant le côté maternel de notre famille : arrivé à notre ancêtre : qu'avait-il fait pour qu'une "Rue" de ma jolie ville de "Bône la Coquette", porte son nom dans le quartier de la Colonne Randon ?
Tout ce que j'ai appris, j'ai voulu le faire découvrir tout simplement comme d'autres ont écrit sur nos personnalités et grandes figures Bônoises !
Pour qu'aujourd'hui, on n'oublie pas ce qui a été fait hier !...
Marie Claire Missud-Maïsto

PREMIÈRE PARTIE

LA VOIX D'OUTRE-TOMBE

UNE FAMILLE D'ÉMIGRANTS PARISIENS


          Ce que je raconte dans ces pages écrites à la va-comme-je-te-pousse au déclin de ma vie, entre deux labours donnés à ma petite concession de Blandan, c'est l'aventure d'un fils de colon de 1848, devenu colon lui-même, et dont la famille arriva à Mondovi au mois de décembre de ladite année, le jour de la saint Ambroise.
          On a bien raison de dire que ce sont les circonstances qui décident de tout. Comme on le verra, le hasard des événements ne m'a guère épargné.

          A l'époque où commence cette narration, le Gouvernement provisoire, issu des émeutes libérales qui avaient renversé le trône de Louis-Philippe, s'avisa subitement de poursuivre la mise en valeur des territoires immenses de l'Algérie qu'il avait été souvent question d'abandonner au cours des difficultés de la conquête.
          Dans ce but, il s'adressa aux artisans, aux ouvriers et aux paysans, qui devaient être dotés d'une concession de quelques hectares à proximité des villages à créer par l'Administration.

          Nous habitions alors Paris, en plein faubourg Saint-Antoine, où mon père était charpentier-appareilleur de son état. Dès qu'il eut connaissance de cet appel par les journaux et les affiches, le cher homme en fut enthousiasmé.
          Dame ! Posséder un petit domaine dans ce pays d'Afrique où nos généraux et nos soldats faisaient tant parler d'eux, on considérait cela dans les milieux de notre condition comme une fortune qui vous serait tombée du ciel.

          Or donc, à partir de ce jour, mon père prit en dégoût la capitale et ne songea plus qu'à réaliser au plus tôt le rêve qui s'offrait à lui sous des couleurs aussi riantes.
          A quoi bon, nous disait-il, trimer, suer et user sa carcasse à Paris pour élever ses mioches, lorsque là-bas, en Algérie, comme on nous l'assure, c'est la vie large, facile et prospère qui nous attend !
          Renseignements pris dans les bureaux de la Préfecture, il ne fit ni une ni deux. Il rédigea sa demande en bonne et due forme, et ne tarda pas à recevoir de l'autorité compétente un avis favorable aux termes duquel il était agréé pour être dirigé sur le futur centre de Colonisation de Mondovi, situé à environ vingt-six kilomètres du port de Bône, dans le département de Constantine.

          Ce que ma mère et mes soeurs versèrent de larmes en apprenant cette nouvelle, il vous serait impossible de le croire, car j'ai oublié de vous dire que loin de partager l'emballement du chef de la famille, elles avaient au contraire accablé celui-ci de remontrances et de prières pour le détourner de ce projet.
          Depuis plusieurs semaines déjà, c'étaient des scènes terribles qui jetaient la désunion dans notre modeste intérieur éclairé jusque-là à la douce lumière de l'affection et du travail.
          - Ne sommes-nous pas bien ici? Objectaient les protestataires à l'entêtement paternel.
          - Pauvres folles que vous êtes ! Répliquait le charpentier-appareilleur. Apprenez que je ne suis pas de ceux qui reprennent leur parole... J'ai bien réfléchi... Ce que j'ai décidé est décidé !
          Malgré tout, ma mère et mes soeurs ne perdaient pas encore l'espoir de le retenir, et elles revenaient à la charge en lui montrant ce qu'il y avait de hasardeux dans l'entreprise d'un si long voyage et d'une autre vie si lointaine.

          - C'est tout cet inconnu qui nous fait peur ! Répétaient-elles en gémissant.
          J'étais trop jeune, avec mes neuf ans à peine sonnés, pour comprendre ce qu'il y avait à la fois de douloureux et de juste dans cette résistance éplorée. Ce n'est que beaucoup plus tard que je me suis rendu compte qu'en certaines choses les femmes ont plus que nous le pressentiment du malheur.

          Pour en revenir à notre maisonnée, il est incontestable que nous y jouissions d'un bien-être qu'eussent envié beaucoup de gens du peuple.
          Mon père, François (Gabriel), gagnait comme charpentier ses dix francs par jour. Ma mère, blanchisseuse de fin, arrivait à se faire des journées de cinq francs. Quant à mes soeurs, Rosine avait de bons gages chez une fruitière de la rue Saint-Jacques, et Augustine, brodeuse sur métier, réalisait d'excellents salaires sur les travaux délicats qu'on venait lui commander à domicile et qui faisaient l'admiration de nos connaissances du voisinage.

          Et cela me rappelle un souvenir assez cuisant de ma turbulence enfantine. En 1847, Louis-Philippe étant encore roi de France, ma plus jeune soeur brodait précisément une culotte de velours pour Sa Majesté. Il fallait voir quel zèle et quelles précautions elle apportait à mener à bien ce précieux travail, lorsqu'il arriva qu'en jouant autour d'elle, je commis le crime de renverser un bol de liquide qui éclaboussa la royale culotte.
          Irréparable désastre !... Je ne puis penser encore sans frémir à cette catastrophe familiale qui mit toute la maison à l'envers et me valut, par surcroît, une correction d'importance. Ah ! Combien de fois j'ai maudit la culotte qui avait fait pleuvoir sur moi tant de fâcheuses calottes !..

          Cependant le temps marchait. Nous approchions des derniers mois de l'année 1848, et les Colonies agricoles décrétées par le gouvernement provisoire pour être envoyées en Algérie se trouvant au complet, ne pouvaient tarder à recevoir l'ordre de leur mise en route.

          Dans le courant de septembre, j'entendis souvent mon père nous dire que le chef du pouvoir exécutif avait fixé à 12.000 le nombre des Colons à diriger sur l'Afrique ce mois-là, et il ajoutait que 1.500 autres partiraient en novembre suivant. Il fallait donc nous attendre à quitter Paris d'une semaine à l'autre.
          Ce qu'on évitait de crier sur les toits, c'est qu'à ce moment la capitale regorgeait d'ouvriers sans travail, et qu'il était prudent de ne pas laisser s'éterniser tous ces chômeurs sur le pavé de la grande ville encore secouée par l'agitation d'une récente période révolutionnaire.

          C'est pourquoi d'ailleurs, l'Assemblée Constituante, se rangeant aux avis des généraux Cavaignac et La Moricière, avait voté un crédit de cinquante millions pour faire face aux frais de cette entreprise.
          Aux termes du décret ministériel, chaque futur colon algérien devait recevoir une habitation que l'Etat ferait construire, un lot de 2 à 10 hectares, des semences, des instruments de culture, des bestiaux et des rations de vivres jusqu'à la mise en valeur des terres.

          Evidemment, pour des ouvriers dans la gêne ou dans une quasi-misère, c'était un appât tentateur, et cela expliquait au surplus l'affluence énorme des demandes qui durent être instruites par une Commission spéciale siégeant sans désemparer, afin d'activer l'organisation des premiers convois.
          Mais tel n'était pas, je le répète, le cas de notre famille au sein de laquelle tout le monde, à part l'enfant que j'étais, gagnait facilement et honorablement sa vie.

          L'imminence du départ fut, comme on le suppose, un nouveau sujet d'inquiétudes et d'alarmes pour ma mère et pour mes soeurs dont le chagrin redoubla. Leurs lamentations reprirent de plus belle.
          - Songe donc, père, disaient-elles à chaque instant, que nous vivons tous heureux dans notre cher Paris, et que là-bas, peut-être, nous aurons beaucoup à souffrir !
          Renoncer à sa concession de sept hectares, lui, François (Gabriel)? C'était folie que d'espérer qu'il ferait un pareil retour sur lui-même. Sans doute, il montrait bien quelques hésitations devant ce qu'il appelait la " musique de ses femmes ", surtout lorsque ces dernières lui donnaient à entendre que l'agriculture n'étant pas son métier, il risquait fort de n'y point réussir.

          Mais son obstination reprenait vite le dessus, et il répliquait à cela :
          - Soyez tranquilles de ce côté !... Je crèverai plutôt à la besogne, s'il le faut, mais j'apprendrai vite à travailler la terre comme les camarades ! Et puis, voyez-vous, un bon charpentier se débrouille toujours dans un pays où tout est à mettre debout !
          Un événement survint d'ailleurs très à propos pour le fortifier dans sa résolution. Par une froide matinée de novembre, les futurs colons avaient été invités à se rendre sur les quais de la Seine par le général Cavaignac, désireux de les haranguer avant de leur faire prendre le chemin de l'Algérie.

          Mon père m'emmena avec lui pour assister à cette sorte de revue dont je me souviens comme si c'était hier. Ah ! Mes amis, quelle foule était là et quel beau discours nous entendîmes ! Quelles entraînantes paroles nous furent adressées par le général alors si populaire, et dont les promesses de prospérité allaient au coeur de tous les citoyens présents à cette cérémonie ! J'en ai retenu ces quelques lambeaux de phrases :
          " Honneur à vous.. L'avenir vous appartient... Les voeux du Gouvernement vous accompagneront vers la terre algérienne que nos soldats ont arrosée de leur sang... Vous y trouverez un climat sain, des plaines immenses et fertiles, un sol vierge où il ne tiendra qu'à vous de récolter la fortune et le bonheur !... "

          Il y eut des bravos, des cris, des ovations. On se serait cru à une nouvelle fête de la Fraternité, car toutes les mains se serraient au souffle de l'éloquence officielle.
          Dès que nous rentrâmes dons notre logis, mon père ne manqua pas de faire le compte-rendu enthousiaste de cette solennité ; mais il ne rencontra que des visages encore plus tristes et que des yeux encore plus rouges.
          Tonnerre ! S'écriant-il au comble de l'impatiente, il faut en finir avec cette musique et ces figures d'enterrement !
          Et il y eut alors une discussion plus pénible que toutes les autres, au cours de laquelle ma mère, prise de désespoir, déclara au milieu de ses pleurs qu'elle ne partirait pas.
          - Soit ! fit François (Gabriel) exaspéré par ce refus. Reste à Paris avec tes filles, si cela te fait plaisir, mais j'emmène mon garçon !
          C'était la dispersion de notre foyer, l'émiettement de la famille, c'est-à-dire le déchirement de la séparation.
          Ma mère m'aimait trop pour s'y résoudre. Faisant violence à ses craintes et à ses larmes, elle consentit enfin, pour ne pas me perdre, à s'exiler de son grand Paris où s'était écoulé le meilleur de sa vie confiante et laborieuse et qu'elle devait ne plus revoir.

          Ceci résolu, je vous laisse à penser ce que fut alors chez nous la bousculade des derniers préparatifs. Le départ du onzième convoi, réservé aux Colonies agricoles de Mondovi, de Barral, de Nechmeya et de Penthièvre, devait être fixé à l'expiration de la huitaine, de telle sorte que nous eûmes tout juste le temps de bazarder le mobilier inutile et de boucler force ballots d'effets, de linge et d'outils pour être prêts à la date voulue.

          Mon père nous pressait et veillait à tous ces détails nous fîmes enfin nos adieux aux quelques parents et aux plus proches amis que nous laissions dans la capitale.
          Le sort en était jeté... Nous allions vers tout ce qu'il y a d'espoir, d'illusion et de redoutable dans le lointain domaine de l'inconnu.


A SUIVRE       
Merci à Thérèse Sultana, et Marie-Claire Missud/Maïsto, de nous avoir transmis ce livre de Maxime Rasteil qui a mis en forme les mémoires de son arrière grand-père Eugène François.
Elle a aussi écrit un livre sur lui.
J.P. B.

 LES FRERES PIEDS-NOIRS
Par Christian Roehrig
N° 8             

PREFACE

     A travers un survol virtuel de mes souvenirs, moi, petit et humble piednoir de Bab-El-Oued (Place Lelièvre) je retrace certains faits historiques qui m'ont profondément marqué.
     Mi goguenard, mi-cynique, quelquefois acerbe, je décris en pataouète, mes états d'âme et mes ressentiments à l'égard de certains hommes politiques qui ont failli à leur parole d'honneur.
     Depuis ces désillusions, j'observe les charognards se disputer le pouvoir.
     Devenu grand-père, je doute, si rien ne bouge, de la nationalité future de mes arrière- petits enfants que je ne connaîtrai pas et à qui je veux, par le présent, laisser le témoignage d'une vérité.
C. ROEHRIG     

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LES SPAHIS

        Christian :Salut Joseph ! j'croyais plus qu'ti'allais venir. Bonjour Danielle ! Qu'c'est bon de s'revoir après tant d'années, j'vois qu'ti'as pas changé, enfin ti'as quand même quarante ans de plus alors ti'as quand même changé un peu ou alors tu vas dire que j'suis bigleux pour pas voir la différence, mais enfin ti'as pas une ride hein ! Y t'a dit Joseph comment j'l 'ai rencontré ? Quelle surprise ! J'en ai pas dormi de toute la nuit, j'ai même pas fait la sieste, faut te dire comme j'étais ému.

        Ah! n'as pas oublié. J'vois qu'ti'as porté les photos. Toi aussi tu les mets dans la boîte des chaussures ! allez, entrez, faites comme chez vous, d'ailleurs vous êtes ici chez vous, n'est-ce pas "Vida !

        Ouais faut quj'vous dise, Vida c'est ma femme, ça c'est son vrai prénom du premier baptême, pacequ'elle est née sous la République en Espagne près de Malaga, après y a eu la guerre entre frères, la révolution qu'ils disent et puis y a eu Franco qui est venu et comme son prénom y n'était pas sur le calendrier, il a dit qu'y fallait le changer alors y z'ont mis Adelaïda au lieu de Vida, y z'ont carrément effacé le Livret de ses parents, moi j'avais jamais vu ça, paceque son prénom il est beau, Vida ça veut dire la vie alors hein ? En plus de ça, elle a un nom de famille qu'y est à rallonge, que pour le dire y faut prendre trois respirations avant d 'le dire. tu t'rends compte quand tu dois dire Vida Narbona Taez-Camino, bon j'vais pas m'étendre là dessus, encore que…

        Allez entrez, tiens prenez une chaise et assieds-toi par terre, comme on disait chez nous là-bas. Vous voulez un café ? Oui ! Et un kaoua un, et toi Danielle ? Toi aussi et deux kaouas deux ! Voilà ça va venir.

        Allez viens, fais voir tes photos. Ah j'vois que ti'as déjà préparé, ti'as bien choisi, la Basilic de Note Dame D'Afrique. Qu'elle est belle ! Même si elle est noire ! tu sais qu'elle a toujours protégé les Juifs, les Arabes et les Chrétiens ? C'est pour ça qu'elle est si belle pace qu'elle protège tout l 'monde et elle, elle sait de quoi elle parle car elle a été faite en bronze. Et d'où qui vient ce bronze ? Hein ! D'où qui vient hein ? Tu le sais toi ? Non ? Eh bien y vient d 'la fonte des canons de la conquête de 1830, et oui ! ça t'la bouche hein ? C'est pour ça que main'nant elle protège tout l 'monde pacequ'avant ses canons y tuaient les gens. Voilà main'nant tu le sais.

        Tu t'rends compte du panorama qu'on avait de là haut, elle dominait toute la région et où qu'elle était placée ? Sur le mamelon qui dominait Bab El-Oued Ah ! Voilà la Place Lelièvre avec son boulodrome. Tiens on voit le n° 1 Rue Pierre Loti? La maison où vivait le muet et ses soeurs, le muet y l'avait pas eu d'chance Pace qu'en plus d'ête sourd-muet, il était laouère (il était borgne) et il avait une jambe de bois alors j'te dis pas l 'tableau. tu t 'souviens, quand il était en colère , et il l'était souvent, il enl' vait sa jambe et y tapait avec. Y avait aussi la famille Horosco, ouais c'était le frère du coureur cycliste qu'y a fait l 'tour de France avec Zaaf, Kébaïli tu t'rends compte que Kebaïli y fabriquait des bombes dans son atelier de Blida ! Mais j'suis sûr qu'il a fait ça paceque nos politiques y savaient pas quoi dire, un jour c'était l'indépendance, un jour c'était l'Algérie française, enfin lui, comme beaucoup de ses frères musulmans, y fallait qu'y fassent queque chose pour, comme on dit, se dédouaner vis à vis des fellouzes.

        Bon j'continue, Zelasco, Ferrer, Quercy et ceux que j'ai plus dans la tête. Tu vois Horosco Huguette et Solange, c'étaient des petites cousines à moi, paceque leur grand'mère et ma grand'mère elles étaient cousines. Tu vois qu'on avait des champions. Et Zaaf, même les frangaouis y z'étaient derrière lui, tu t'souviens quand il a eu plus d'une demi-heure d'avance sur tout le p'loton, il avait tell 'ment d'avance et il avait tell 'ment chaud qu'y s'est arrêté pour boire, mais il avait tell 'ment bu d'la bière et du vin qu'on lui avait donné déjà sur la route, qu'il était presque de bouffa, alors quand il est remonté à vélo il est reparti dans le sens contraire, il a fallu que les gens l'arrêtent pour le remettre sur la bonne direction, sans quoi y s'rait revenu au point de départ.

        Il avait aussi Jean Jean Culatti et Jean Claude Yvars qui étaient dans cet immeuble, quand j'pense le pôve Jean Claude qui s'est fait sauter la main et qu'y a perdu un œil pendant la guerre pacequ'il avait trouvé un engin esplosif qui lui a pété dans la main.

        Quand ces souvenirs y m'sautent dans la tête, bon Dieu j'peux pas m'empêcher de dire qu'il était beau mon Pays et d'avoir plein de regrets d 'l 'avoir quitté.

        Mais j'comprends pas, et p'tête que tu vas m'dire, si j'avais bien compris. Oilà, quand il est parti pour Oran après le 13 .Mai, lCe Grand y s'est arrêté à Mostaganem, et j'crois, mais j'te dis j 'crois, pace que j'sais plus où j'en suis, donc j'crois, qu'il a dit aux mostaganémois : "Merci du fond du cour, le coeur d'un homme qui sait qu'y porte des responsabilités très lourdes, les responsabiltés de l'Histoire, merci de témoigner" ('sais pas de quoi) et il a terminé : " par Vive Mostaganem, Vive l'Algérie Française Vive la France". Tu t'rends compte de c'qu'il a dit ? Alors si j'me trompe pas, c'était clair et net ou clarinette, comme on disait chez nous ?

        Et pourquoi il a fait ça après, hein ! Tu peux m'le dire ?

        Joseph : : J'suis comme toi, j'comprends pas pourquoi y nous ont lâchés comme ça ?. Et pourquoi le Grand y nous a pas dit la vérité de ses pensées, purée va que falso il était.

        Pourtant j'me souviens moi aussi qu'y avait un journal, qui s'app'lait le Courrier d'la Colère ou p'tète la Colère du Courrier où y avait Monsieur Michel Debré qui disait, avant mai 58, qu'il n'était pas question pour la France, d'abandonner l'Algérie, qu'elle était Française et même qu'y voulait pas entendre quelqu'un dire autre chose que ça, qu'il l'aurait embroché comme les Merguez. Si j'peux me permettre de raccourcir les idées de monsieur Debré, et si j'ai bien compris, il voulait dire que lui qui pensait "Algérie Algérienne" ou Autodétermination etc.. c'était un traître â la France et il fallait le considérer comme tel. D'accord avec vous m'sieur Debré mais ALORS !.. Je n'ai pas souvenance d'une intervention de votre part, lors des procès des gens de l'O.A.S. qui étaient dans la droite ligne de votre idéologie première et qui eux, n'ont pas varié de sentiments. Et si je vais plus loin dans mon analyse des faits, pouvez-vous me dire si, du temps du Général Massu, durant la campagne de la guerre d'Alger qu'il a d'ailleurs gagnée, l'O.A.S. existait ? Je pense que vous aurez l'honnêteté de répondre non. Déduction : l'instauration de l'O.A.S. et de ses conséquences désastreuses pour tout le monde a été le fruit des tergiversations politiques et la prise de position définitive en vue de l'abandon de l'Algérie Française qui a obligé, certains d'entre nous, à prendre les armes contre ceux que vous appeliez, il n'y a pas si longtemps, les traîtres et que vous avez rejoints ou plutôt que vous n'avez pas lâché politiquement. J'aurai pourtant aimé vous entendre dire, à t'époque : Les objectifs que poursuit actuellement le Gouvernement dont je fais partie, sont contraires à mon sens de l'Honneur et de ma parole donnée, je me vois donc contraint de démissionner. Que le geste eut été beau ! Vous qui étiez de petite taille, vous auriez été plus grand que le Grand. Mais non, dans un but de carriérisme politique vous avez renoncé à votre parole. Mais au fait ! Quelle parole !.... En aviez vous ? J'en doute.

        Et l 'Grand il avait dit aussi, que les Européens y parlaient beaucoup de l'intégration mais qu'y faisaient rien et que lui, il allait faire et qu'y prendrait lui, toutes les conséquences.

        Alors j' suis comme toi Christian, j'comprends pas pourquoi toutes ces personnes, et y en a d'autes, qui z'ont tourné leur veste. Oilà mon frère, c'est tout c'que j'peux dire pour l'instant, paceque j' réfléchis à toutes ces choses qui se sont passées et qui sont restées sans réponses, p't'ête qu'un jour on saura, mais nous on s'ra plus là pour l'entendre ou pour le lire, c'est pourquoi y faut l'écrire paceque nos p'tits enfants, eux y sauront p't'ête. J'crois, mais j'crois seul 'ment, que si mes p'tits enfants, un jour, on leur dit quequ'chose sur l'Algérie y diront : Attendez, mon papy, il était d'là-bas, alors vous les historiens ne racontez pas des histoires, écrivez la vérité, la vraie, celle qui reconnaît les torts des deux parties et les bienfaits que nos parents y z'ont construits.

        Christian : Ouais ! Il faudrait l'écrire, mais j'crois pas qu'y comprendront le cagayous ou le pataouète, comme tu veux, qu'on parle nous z'autes, ou alors, y faudra qu'y retournent faire l'apprentissage d'la langue en retournant aux Trois Horloges.

        Ti'as vu, les Provençaux y veulent parler le Provençal, les Bretons y veulent parler le Breton, les Corses y veulent parler le Corse, les Catalans y veulent parler le Catalan, les Basques y veulent parler le Basque, y'a qu'nous qu'on veut parler Français tu t'rends compte de l'ironie de l'histoire ? Y z'ont pas voulu de nous et bientôt y aura qu'nous pour défendre la langue française ! Remarque que nous on a pas d'accent alors tout le monde y comprendra ce qu'on dit. Va comprendre toi !
        Enfin allez viens, on continue à r'garder les photos que ti'as porté, elles sont plus intéressantes que toute c'te politique qu'on comprend pas.
        Attends, n'vas pas si vite, laisse moi déguster ma jeunesse. Attends, attends ! Ma parole ti'as la photo de la Classe ! J'me souviens, Ligori, Buades, çui qui travaillait menuisier à côté de chez Raymonde, Almodovar dont j't'ai parlé qui jouait au S.C.V.E.B. Defrance, Spiterri, Escobedo tu t'rends compte s'il était grand? Il habitait rue Sidi Benour au rez de chaussée d 'la maison où il habitait Dédé Riera qu'y est Ingénieur d 'l'EDF j'crois. Oustric Francis lui y faisait le vélo sur la piste, Loufrani, Sabia, Rodriguez, tiens en oilà un qu'j'ai rencontré y a pas longtemps, il a pas changé, toujours aussi dynamique, r 'marque quand j'dis qu'il a pas changé y faut l'dire vite pace que main'nant il a la moustache, j'crois qu'il la garde (la moustache ) pour a'oir toujours queque chose à manger, tu t'souviens qu'on disait qu'la moustache c'était le garde manger eh ben oilà naute Jean Claude il l'a. José Ségui (le zorro ), les jumeaux, les frères Millet, René Ripoll, lui, y m'a fait les meubles quand je me suis marié. (Ah ces meubles ! Où y sont main'nant ? Merci René) René il avait l'magasin ou l'atelier comme tu veux, rue j.j. Rousseau, j'ai l'impression en revoyant c'te photo d 'revenir en enfance. P't'ête qu'en voyant la photo y en a qui s' reconnaîtront, moi j' les reconnais tous, mais j'arrive pas à mettre tous les noms en place, faut dire que j'en ai tell 'ment dans ma caboche, et comme y disait m'sieur Benhaïm en m'donnant un p'tit coup sur la tête : Ah si je pouvais faire entrer tout ce que je vous enseigne dans vos petites têtes !. _Merci m'sieur Benhaïm, p't'ête que vous avez pas réussi ça, mais vous avez réussi à nous apprendre la politesse et le respect d'autrui et, ne serait ce que pour cela, vos élèves vous disent merci m'sieur Benhaïm, en enlevant leur béret.

        Joseph : : C'est du passé tout ça.
        Tiens r'garde un peu les Spahis qui montent la garde devant la 10ème région militaire, r'garde comme y sont beaux avec leurs burnous rouges à revers blanc et l'sabre au clair, ouais lorsqu'ils défilaient sabre au clair c'était vraiment beau. Ceux qui ont servi dans cette arme doivent avoir les larmes aux yeux en revoyant leur passé de soldat. R'garde qu'elle fière allure y z'avaient. Tu connais l'histoire des Spahis ? Non ?. Et ben voilà un corps d'élite qui a été créé en 1830 lors de la conquête de l'Algérie. A l'époque c'était des cavaliers indigènes et le nommé Yusuf qui est un homme légendaire il a constitué une unité puis en 1912 le Général Lyautey a constitué les premiers escadrons qui se sont illustrés sur tous les champs de bataille. J'me souviens de les avoir vus, lors d 'une réunion à l'hippodrome du Caroubier. Ils ont fait une fantasia et un simulacre d'une attaque avec le sabre en pointe, j't'assure c'était un spectacle que je n'oublierai jamais tell'ment il était beau.

        Christian : Tu parles si y z'étaient beaux ! Y z'étaient au square Bugeaud, là où y avait le Milk-Bar où Djamila Bouired elle avait placé la bombe qui a explosé sous la table, même qu'y a eu beaucoup d'morts et d 'bléssés. Y avait eu aussi les bombes au Coq hardi, à l'Otomatic et j'en passe. J'crois que le F.L.N, en plaçant une bombe au square Bugeaud, y visait plus à détruire un symbole, paceque Bugeaud il avait signé en 1837 la reddition de la Smala d'Abd El Kader, çui qu'y est parti au Maroc puis il est revenu pour en découdre encore une fois enfin il s'est arrêté de faire la guerre, il a fait 5 ans de prison et il est parti à Damas en Syrie où, alors là tu vois qu'la France elle a été reconnue comme une bonne mère, y a eu une rébellion et les Syriens y voulaient tuer tous les Chrétiens et lui Abd El Kader il les a défendus. Enfin Bugeaud il est devenu Maréchal en 1843 et aussi Duc d'Isly en 1844, c'est pourquoi il était placé rue d'Isly, c'était l'même.

La Suite au prochain Numéro

Méditerranée …
Envoyé par M. Pierre Rio

Le bleu d'azur
Sur la lagune
Loue sa parure
En reflet de lune,
Au feu du crépuscule
Succède l'angélus
L'arabesque du sud !
Le zéphyr s'en est allé,
Le scarabée sacré
Chemine l'ondulée,
Le saphir bleu
De l'aurore en feu
Transcende la voie lactée ;
Méditerranée, soit loué !
Tout est clairsemé
Sur l'onde bleutée
Là-bas, se dessine
L'oued, sur l'oasis
Gardienne du passé
De nos souvenirs,
Une perle nacrée
Qu'on ne peut définir
Que par sa beauté !…

Rio pierre le 08 01 1999


COLONISATION de L'ALGERIE
  1843                           Par ENFANTIN                      N° 17 
IIème PARTIE
COLONISATION EUROPÉENNE

CHAPITRE PREMIER.

LIEUX ET ORDRES FAVORABLES
A LA FONDATION DES COLONIES CIVILES ET MILITAIRES

  
        XV. - Certes, si une guerre maritime avait lieu, il serait très avantageux à la France de posséder, hors de son territoire, et à une assez grande distance de ses côtes, et même le plus près possible de la côte d'Afrique, un port militaire de premier ordre. J'en juge par les regrets que j'éprouvais en visitant et admirant Malte, qui fut un instant, et d'une façon bien merveilleuse, l'un des plus brillants fleurons de notre couronne. Les beaux travaux que nous avons faits à Corfou peuvent également nous faire gémir d'avoir perdu les îles Ioniennes ; quelques Français même ont pu songer aux Baléares ; d'autres peut-être ont rêvé Tunis, et Napoléon le Grand avait pris Alexandrie.

         Mais comment la côte de l'Algérie a-t-elle pu inspirer une pensée de cette nature, et l'inspirer aujourd'hui? Comment, dans un pays où nous- avons pu à peine poser le pied, et où nous sommes encore presque partout bloqués du côté de la terre, avons-nous pu arriver à concevoir un système algérien, basé sur la supposition que nous serions en outre bloqués du côté de la mer?
        L'Algérie est à peine tenable contre les Arabes, et nous songeons déjà à donner aux Anglais le désir de nous y prendre un port militaire de premier ordre, comme ils ont fait de Corfou, de Malte, de Gibraltar ! C'est absurde ! Attendons au moins que l'Algérie soit de force à se défendre contre les Arabes, et, si nous avons la moindre prudence politique, n'essayons de faire d'Alger un port comme Toulon, que lorsque nous aurons en Algérie, comme nous avions pour Toulon en 1794, le moyen de reprendre Alger, même aux Anglais, par terre.
        Nous nous défendrons en Algérie contre les Anglais, si nous y pacifions, organisons et gouvernons les Arabes; ce n'est pas le fossé d'enceinte qui fera tout cela.
        Je le dis aussi, nous ne sommes pas encore maîtres de l'Algérie, uniquement parce que les Arabes savent (et nous le savons bien nous-mêmes) qu'aucune Puissance européenne, surtout l'Angleterre, n'a encore reconnu notre domination, que le Sultan fait ses réserves, et que le premier coup de canon qui serait tiré contre la France nous forcerait à déloger sans tambours ni trompettes.

         Pourquoi craindrais-je de dire ce dont personne ne doute? A quoi servent ces réserves diplomatiques, par lesquelles on s'efforce de cacher une vérité à ceux qui la savent aussi bien que vous et qui y croient même davantage? Que signifie cette manière de se dissimuler à soi-même ce que l'on sait être. Lorsque l'autruche ferme les yeux, elle croit, dit-on, qu'on ne la voit point; passe pour l'autruche, mais l'homme!
        Oui, nous ne sommes pas encore maîtres de l'Algérie, Abd-el Kader nous résiste, les Arabes nous cernent à Oran, à Alger, à Bougie, ils ne veulent pas, eux aussi, nous reconnaître, parce que nous ne sommes reconnus par personne. Nous avons tenté de conquérir l'Algérie sur de petites tribus arabes, eh bien ! Pour la posséder tout à fait, il nous faut aussi la conquérir sur les grandes Puissances de l'Europe et sur la Turquie.
        Et ceci vaudra mille fois ce port militaire de premier ordre que l'on veut établir sur une côte qui se refuse généralement à un pareil établissement, et dans un point de la côte qui n'est pas, à beaucoup près, le moins défavorable.
        D'ailleurs, j'admets que ces considérations politiques soient fausses ; j'admets, avec notre orgueil national, que nous devons posséder l'Algérie, malgré les Arabes, malgré l'Europe, malgré le chef de l'islamisme; que nous pouvons y aborder, en toute sécurité, malgré la mer et les vents, malgré les éléments et les hommes ; voyons donc à quelle condition ce port magnifique et cette ville immense pourraient se suffire contre un blocus de terre et de mer.

         Ce grand port, et l'accroissement projeté de la ville, supposeraient une population de cinquante mille âmes au moins elle est de quarante mille aujourd'hui.
        Or combien faut-il d'agriculteurs pour fournir, à eux mêmes et à cinquante mille hommes qui ne cultivent pas la terre, les produits de la terre nécessaires pour la consommation générale?
        Et si j'ajoute : les terres que les colons cultiveraient dans l'intérieur de ce fossé d'enceinte, sont généralement favorables à la culture du mûrier, de l'olivier., de la vigne, des fruits, mais elles le sont peu pour la culture des céréales et pour le pâturage; le nombre des cultivateurs nécessaires à la nourriture de la population et des bestiaux devra donc être infiniment plus considérable, puisqu'il faudra, en outre, qu'ils fournissent à la consommation, en grains et en fourrages, des fermes où l'on fera particulièrement de la soie, de l'huile, du vin et du jardinage.
        Ce n'est donc pas seulement cinquante mille citadins, composés de militaires, de bourgeois, d'administrateurs, de négociants, d'artisans, de marins, que les cultivateurs de grains et les éleveurs de bestiaux devront alimenter, c'est un nombre bien plus considérable.

         Pour peu que l'on ait réfléchi à la proportion qui existe habituellement, dans nos sociétés, entre le nombre des hommes qui cultivent la terre et celui des hommes qui ne la cultivent pas, on sera effrayé de l'étendue du territoire et dû nombre de colons qu'il faudrait pour mettre la colonisation en harmonie avec l'existence de cet immense port et de cette grande ville bloqués; il faudrait l'opérer non pas par milliers d'hommes, mais par centaines de mille.
        Est-ce que l'Alger des Turcs aurait pu vivre, si cette ville n'avait pas attiré à elle les produits superflus des cultivateurs de l'Algérie entière? Songeons donc que jusqu'ici toute la population agricole de ce territoire de deux cent cinquante lieues de longueur, n'a pu alimenter qu'une quinzaine de villes dont la population ne s'élevait pas à cent cinquante mille aines, et que cette population des cités de l'Algérie cultivait même en grande partie la terre. Chacun de nos colons produira plus qu'un Arabe, c'est possible, et je l'espère; mais il n'en résultera pas que les colons du fossé d'enceinte, fussent-ils quatre mille par lieue carrée, pourront produire, outre ce qui sera indispensable à leur propre existence et à celle des cultivateurs d'oliviers, de vignes, de mûriers, de jardins, de quoi nourrir cinquante mille citadins qui ne produiraient pas, à eux tous, un seul épi de blé.

         Qu'est-ce donc alors que cette prétention de soutenir un blocus, au moyen d'une colonie renfermée dans une enceinte de quarante lieues carrées (1), qui, fût-elle peuplée trois fois plus, et cultivée trois fois mieux que ne l'est en moyenne la France, ne pourrait pas nourrir cinquante mille citadins?
        D'ailleurs, remarquons encore que les besoins, même de première nécessité, d'une population européenne nombreuse, sont loin d'être satisfaits par les seuls produits que pourrait donner la petite colonie. Plus on suppose grand le nombre des hommes bloqués, même quand la plus grande partie de ces hommes est composée d'agriculteurs, moins un blocus est supportable. En effet, les laboureurs n'ont-ils pas un besoin constant de fer, de sel, d'épices, de linge, de drap, etc., toutes choses que ne produit pas, que je sache, le massif d'Alger ?
        Non, l'idée de défendre Alger contre une attaque formidable de terre et de mer, au moyen d'une ceinture coloniale qui n'est qu'une banlieue, n'est pas soutenable (2) ; le massif, môme cultivé par des Français, ne sera jamais que ce qu'il a toujours été, un jardin, mais non pas une terre.

         Si nous voulions à toutes forces, sur la côte de l'Algérie , un grand port militaire, le seul point où l'on pût l'établir sans violenter la nature serait Mers el-kébir ou el-kébir ; tous les marins, tous les ingénieurs le disent : en l'établissant à Alger, on n'augmente pas la force d'Alger à l'égard de l'intérieur, au contraire; et l'on rend cette position plus séduisante pour une attaque et plus difficile pour la défense, quand bien même on la fortifierait comme Metz.
        Quant à cet agrandissement de l'enceinte de la ville, comment ne s'aperçoit-on pas que la population actuelle d'Alger est, pour la plus grande partie, factice ; qu'elle est une conséquence de l'état de guerre ; que cette ville est peuplée d'une masse de militaires qui, il faut l'espérer, ne lui seront pas toujours nécessaires, et, par conséquent, d'une nombreuse population civile, espèce de cantiniers et de valets à. la suite de cette armée ? Enfin, comment ne voit-on pas que toute la population maure tend à disparaître d'une ville où tout blesse ses moeurs, ses habitudes, sa croyance ?
        L'aspect d'Alger changera complètement, le jour où la population française qui sera répandue dans cette province demandera à Alger des socs de charrue, des cuves, des pressoirs, des meules, au lieu de lui faire les commandes qu'on lui fait aujourd'hui, des commandes d'alcool et d'absinthe. L'aspect d'Alger changera, lorsque les arabes leurs grains et leurs huiles, lui amèneront leurs chevaux, et emporteront en échange des étoffes, du sucre, du café et des instruments aratoires ; alors on y verra autant de forgerons, charrons, bourreliers, qu'il y a aujourd'hui de cafés, de cabaretiers et de marchands de tabac; mais qui donc oserait dire, à l'avance, que lorsque cette population normale d'une véritable colonie aura remplacé la population factice d'Alger, l'enceinte d'Alger sera trop petite pour contenir cette population renouvelée ou mieux encore régénérée? Il y a eu deux choses funestes pour l'Algérie, ce sont la colonisation par fermes isolées, et la colonisation par capitale, à l'instar de Paris, Alger a absorbé toutes les forces coloniales de la France, et les fermes des colons ont toutes été absorbées par les Arabes. Gardons-nous donc des fermes isolées, et gardons-nous aussi de vouloir faire un Paris, dans une contrée où nous n'avons pas encore su faire un village.

         Or, tout cela tient à ce que si nous avons, dans notre organisation administrative, civile et militaire, des corps et des individus qui savent faire et ont l'habitude de faire des ports, des forts, des batteries, des murailles, nous n'en avons pas qui aient eu encore mission spéciale et habituelle de faire de l'agriculture, d'étudier ses besoins, de la favoriser ; il en résulte que lorsqu'on demande au génie civil et au génie militaire, quel est l'emploi le plus utile à faire du budget que la France consacre à l'Algérie, ils répondent naturellement par ces mots : un très grand port militaire, et une très grande place de guerre, parce que c'est là, en effet, que ces deux corps sont habitués à déployer le mieux leur très incontestable mérite. Or, tant que notre gouvernement colonial n'aura pas créé, pour l'administration de l'Algérie, un corps nombreux et puissant, capable de contrebalancer l'influence des constructeurs de cités, de forteresses et de routes royales, ou bien, tant que le gouvernement n'aura pas fait sentir aux deux corps du génie civil et militaire, que ce sont surtout des villages qu'il faut en Algérie ; que c'est presque uniquement cela qu'il veut ; que sans l'agriculture, l'Algérie n'est rien-, est moins que rien pour noue; qu'il faut, avant tout, qu'elle produise; en un mot, tant que le gouvernement ne fera pas de la colonisation, mais seulement de la guerre et de l'administration bourgeoise, urbaine et fiscale, l'Algérie nous coûtera bien des hommes et bien de l'argent, mais ne produira RIEN.
        Je puis maintenant reprendre l'examen de la question posée, ou plutôt terminer cet examen ; car, pour la province d'Alger, le fossé d'enceinte limite, je le répète, le territoire où la colonisation civile peut et doit être entreprise ; et quant à la province d'Oran, je ne connais pas un seul point où il soit prudent d'essayer de la colonisation civile, du moins à présent. Oran a bien aussi son petit fossé d'enceinte ; mais ce fossé qui trace autour de la ville une bande d'une demi lieue de large, protège les Zméla, et c'est tout ce qu'on peut attendre de lui.

         XVI. - Résumons tout ce que nous venons de dire de directement applicable au sujet de ce chapitre.
        L'histoire, la géographie, l'ethnographie et la politique déterminent le partage de l'Algérie en l'Eux ZONES, intérieure et littorale; la première plus particulièrement militaire, la seconde plus particulièrement civile.
        La ZONE intérieure militaire s'élargit à l'Ouest et finit en pointe vers l'Est;
        La ZONE littorale civile, au contraire, repose sur une large base à l'Est; et se termine en pointe vers l'Ouest.
        Les mêmes considérations partagent l'Algérie en TROIS PROVINCES, divisées naturellement, d'une part au Jurjura, de l'autre au Chélif; chacune: de ces provinces comprenant une part des deux ZONES, militaire et civile, dans des proportions différentes ; savoir : Constantine plus particulièrement civile; Oran (ou Mascara plus spécialement militaire; Alger ayant le caractère MIXTE, qui détermine son importance CAPITALE, comme centre géographique et politique de l'Algérie.

         En conséquence :

         1° Colonies militaires, surtout dans la zone intérieure;
        Colonies civiles, surtout dans la zone maritime;

         2° Beaucoup de colonies militaires et fort peu de colonies civiles dans la province d'Oran;
        Plus de colonies civiles que de colonies militaires dans la province de Constantine ;
        Autant des unes que dès autres dans la province d'Alger, les colonies civiles ayant Alger comme centre, et les colonies militaires placées dans le rayonnement de Médéa, Miliana et Blida.
        Dans la province de Constantine, l'ordre progressif à suivre est:
        Pour les colonies militaires, joindre les trois points de Guelma, Constantine et Sétif ;
        Pour les colonies civiles, joindre Bône à La Galle, et Philippeville à Bône, par el-kébir ;
        Pour les unes et les autres, RÉUNIR les colonies militaires des cercles de Guelma et de Constantine aux colonies civiles des cercles de Bône et de Philippeville.
        Dans la province d'Alger, l'ordre à suivre est : Colonies civiles dans l'intérieur du fossé d'enceinte;
        Colonies militaires tendant de Médéa vers Hamza, de Miliana vers Mascara, de Blida vers Médéa et Miliana ;
        Enfin, dans la province d'Oran, l'ordre à suivre est :
        Colonies civiles urbaines, maritimes, et pas ou presque pas d'agricoles;
        Colonies militaires sur les routes de Mascara à Mostaganem; et de Tlemcen à Oran, et plus tard, sur la route de Mostaganem à Oran, et sur celle de Tlemcen à Miliana, par Mascara.
        Tels sont, en termes généraux, les lieux et l'ordre de fondation des colonies civiles et militaires ; nous y reviendrons avec plus de détails dans les chapitres suivants.

1) Au dire de M. le général de Berthois (séance de la Chambre des Députés du 26 avril 1842), plus de la moitié de ces quarante lieues se compose de mauvaises terres, et quoique des colons lui aient assuré que l'enceinte pourrait contenir cent soixante mille âmes, M. le général de Berthois, qui a fait faire ce fossé, estime qu'il n'y faudrait mettre que quarante mille habitants.
La population de la France n'est, en moyenne, que de douze cent cinquante-six habitants par lieue carrée, ou cinquante mille pour quarante lieues. Sur trente-sept mille deux cent cinquante-deux communes, il n'y en a qu'onze cent deux au-dessus de trois mille âmes, et six seulement de quarante à cinquante mille. Les trente-six mille cent cinquante communes au-dessous de trois mille âmes renferment vingt-cinq millions d'habitants, et les autres huit millions. -- Le territoire de la France est de cinquante-deux millions sept cent soixante-huit mille six cents hectares, dont moitié en terre labourable; et sa population, de trente-trois millions cinq cent quarante mille neuf cent dix habitants; c'est donc, par habitant, un hectare cinquante-sept centiares, dont soixante-seize centiares de terre labourable. Quarante lieues carrées font soixante-quatre mille hectares.
Avec ces données, il est facile de juger le système.

2°) M. le général Bugeaud dit, dans son rapport du 13 juin, déjà cité, en parlant de la soumission des montagnards, à l'Est et à l'Ouest de la Mitidja : " Alors nous aurons, autour de la Mitidja, l'obstacle continu -qui convient à une grande nation... Les montagnards garderont longtemps le souvenir de la rude guerre que nous leur avons faite, et cette pensée gardera mieux la Mitidja qu'un fossé garni de blockhaus, lequel, d'ailleurs, n'aurait pu enceindre toute la plaine qu'en y consacrant une armée qui, dans sa triste immobilité, aurait perdu plus d'hommes par les maladies que dans une guerre active. L'obstacle de l'Atlas nous demandera moins d'hommes pour le garder, et ces hommes ne seront pas paralysés... et cette grande barrière, loin d'être improductive, comme le serait le fossé, loin de fournir, etc., etc. "
Répétons, après M. le Gouverneur général : Le fossé d'enceinte ne convient pas à une grande nation. Triste immobilité, maladie, paralysie, improduction, tels sont les mots que la conception du fossé inspire à M. le général Bugeaud, qui est plus à même que qui que ce soit d'en juger les effets, puisque c'est sous son gouvernement que cette conception se réalise.

A SUIVRE

Le vieil homme et la poule
Envoyé par M. René Michaut

     C'est un vieil homme de 80 ans qui va voir son docteur pour faire un check-up annuel.
     Ce dernier lui demande comment vont les choses.

     -"Je suis en pleine forme ! " répond le vieillard. " Je sors avec une petite poule de 18 ans et je l'ai mise enceinte ! Qu'est-ce que vous pensez de ça, docteur ? "

     Le docteur répond :
     -"Laissez-moi vous raconter une histoire. C'est une histoire vraie. J'ai un ami qui est un passionné de chasse, il n'a jamais manqué une saison. Un jour, alors qu'il s'en allait chasser et qu'il était pressé, il se trompa et au lieu de prendre son fusil, il prit son parapluie. Alors qu'il se trouvait dans la foret, il aperçut un grizzly qui fonçait sur lui. Il saisit son parapluie, l'épaula et appuya sur la poignée. Savez-vous alors ce qu'il se passa ? "

     -"Non" répondit le vieillard interloqué.

     -"Et bien le grizzly tomba raide mort à ses pieds ! "

     -"C'est impossible ! " s'insurgea le vieillard. "Quelqu'un a du tirer à sa place... "

     -"C'est exactement là où je voulais en venir...



ASPECTS ET REALITES
DE L'ALGERIE AGRICOLE
Envoyé par M. Philippe Maréchal                    N° 25


Par cette Brochure qui sera diffusée par épisode au cours des Numéros suivants, nous allons faire découvrir des aspects et des réalités qui ont été déformées par les fossoyeurs de l'Algérie Française et dont les conséquences se poursuivent et dureront encore plusieurs décénies.
             

Les Techniciens
De l'Agriculture Algérienne
Vous présentent
ASPECTS ET REALITES
DE
L'ALGERIE AGRICOLE

" Quand je débarquai à Alger pour la première fois, il y a une vingtaine d'années, j'éprouvai une impression à laquelle, j'imagine, un Français n'échappait guère. J'arrivais dans un des rares coins du monde où nous pouvions nous présenter avec orgueil. "

Jérôme et Jean Tharaud.       

III - TEMOIGNAGES
E. - LE SUD
Les premiers forages artésiens
dans le Souf

PAR
Par Pierre CHALUMEAU
Ingénieur Agronome (1929)
Administrateur de la Commune mixte
des Braz-Miliana (Alger)


Colom-Béchar - L'oued

      Métropolitain résidant en Algérie depuis vingt ans, conquis par ce pays et tous ses habitants, je suis de ceux qui avaient fondé de grands espoirs sur le brassage 1939-1945, où des milliers de Métropolitains ont défilé ici et des centaines de milliers d'Algériens ont découvert la France.
      L'incompréhension de la France n'a jamais paru aussi totale. D'ailleurs, le peuple " le plus intelligent du monde " n'a que faire des réalités et des faits concrets ! Et pourtant...
      Je précise que je tiens de première main les faits que je rapporte dans l'exposé qui suit, ayant été chef de l'annexe du Souf.
      On appelle " Souf " l'archipel de palmeraies qui s'étend dans un rayon de 25 kilomètres autour de sa capitale : El-Oued. Celle-ci est située dans le Grand Erg Oriental, à 200 kilomètres au Sud-Est de Biskra.
      Les 450.000 (1) palmiers-dattiers de cet ensemble permettent la vie de 35.000 sédentaires et de la majorité des 45.000 nomades qui gravitent autour.
      Dix pour cent de ces palmiers donnent la datte muscade, la seule connue en Europe, et qui est l'unique monnaie d'échange du pays pour se procurer les produits manufacturés.

      Le reste donne des dattes fort différentes, très sucrées, molles et de longue conservation, qui sont vraiment le " pain " du Souf. En partie consommées sur place, elles sont, pour le reste, transportées par caravanes et échangées contre des céréales dans les Nemencha et les Monts Aurès.
      Les Français sont arrivés dans le pays en 1854. Ils furent d'ailleurs fort bien reçus (on dit que c'est parce qu'ils venaient de mettre à la raison Touggourt, l'ennemi héréditaire).
      Il n'y avait jamais eu, dans le Souf, un seul coup de fusil tiré contre eux jusqu'aux événements actuels. Et la bonne entente régnait malgré la très grave gène économique qui avait résulté, pour le pays, de la suppression de la traite des Noirs, qui donnait lieu jadis à un trafic intense entre Ghadamès et El-Oued (2).
      Depuis cette installation, si le nombre des palmiers a doublé, la population a quadruplé ; c'est, là comme ailleurs, tout le drame de l'Algérie.
      Or, la phoeniciculture dans le Souf est très particulière. On la dit même unique au monde. Les palmiers n'y sont pas irrigués. Plantés aux points les plus creux des massifs dunaires les plus bas, partout où l'eau affleure, ils puisent à leur gré et c'est ce qui expliquerait l'excellence de leurs fruits) dans une nappe phréatique assez douce et assez généralisée.
      Le seul travail assujettissant des cultivateurs locaux est la défense de leurs plantations contre l'enlisement par le sable éolien. Des haies de palmes arrêtent le plus gros de ces sédiments. Au fur et à mesure qu'elles sont ennoyées, on en superpose d'autres. Le talus périphérique s'élève d'année en année, si bien que le pays, dans ses parties les plus caractéristiques, se présente comme une juxtaposition de cratères énormes de 10 à 20 mètres de creux, de 50 à 200 mètres de diamètre. Au fond de chacun d'eux s'épanouit un bouquet de quelques dizaines ou de quelques centaines de palmiers.
      Malheureusement, depuis quelques décades, celte nappe phréatique, qui est la vie même du pays, est en baisse ; les recherches entreprises scientifiquement n'ont pas encore expliqué clairement pourquoi, à part deux points qui semblent acquis :
- I1 y a indéniablement surplantation provoquée par la poussée démographique. Il serait vain d'envisager, même à récolte égale, une réduction autoritaire de la densité des palmiers dans une contrée où le sens de la propriété est particulièrement exacerbé.
- 11 y a colmatage du sol par accumulation des éléments que les racines refusent d'absorber (gypse par exemple).

      Ces deux facteurs agissent dans le même sens en empêchant l'eau de se renouveler au rythme de son absorption.
      Quoiqu'il en soit, les palmeraies dépérissent et l'on n'en pourrait créer de nouvelles, désormais, sans avoir à remuer des montagnes de sable en des travaux titanesques. En effet, tout ce qui était d'exploitation facile, ou même simplement rentable, a été complanté dès longtemps.
      Dès que la baisse d'eau atteint un mètre, la fructification ne se fait plus ou se fait mal, la maladie est plus fréquente.
      Quand cette baisse dépasse un mètre, alors, c'est la vie même du palmier qui est en jeu. On voit donc combien la question est grave pour des arbres qui peuvent vivre 150 et même 200 ans, et ne rapportent vraiment des bénéfices appréciables que s'ils vivent longtemps.


EI-Oued et ses palmeraies. La ville indigène vue de l'Est.

      L'idée vient, tout naturellement, de pratiquer le pompage au moteur. Des tentatives ont été faites, elles se sont révélées dangereuses. La nature du sol impose au renouvellement de l'eau une vitesse maximum (d'ailleurs très faible) et la baisse du plan d'eau prend alors des proportions catastrophiques que rien ne vient plus limiter.
      Que faire ?
      L'idéal aurait été de trouver de l'eau artésienne. Des recherches dans ce sens étaient réclamées à cor et à cri depuis des années par les chefs d'annexe responsables. Mais en matière de recherches et de travaux d'hydraulique, vu l'importance de la demande, priorité était accordée depuis longtemps :
- soit aux régions en péril de mort immédiate comme celle de l'Oued Rhir que la France a trouvée moribonde, qu'elle a littéralement ressuscitée, puis fabuleusement enrichie par des forages légendaires (M'Raïer est le plus connu) ;
- soit aux régions par trop misérables et par trop dépourvues, tel le M'Zab (un récent forage vient de faire jaillir, à Zelfana, une " mer " d'eau douce).

      Par contraste, le Souf paraissait en bonne santé, plutôt riche et pouvant attendre. Quatre petits forages de recherches avaient bien été poussés jusqu'à 100 et 150 mètres, mais les résultats en étaient nuls ou très décourageants.
      Les services compétents avaient donc décidé d'attendre, avant d'entreprendre dans le Souf quelque chose d'important, le résultat de leurs recherches méthodiques entreprises depuis longtemps, selon un plan aussi parfait de conception que majestueux de rythme.
      Relisant tous les rapports de ses devanciers sur cette question si préoccupante, l'administrateur des Services Civils, chef de l'Annexe d'El-Oued, constatait, en 1951, combien ils étaient sérieux, objectifs, documentés, irréfutables, angoissants. Et pourtant, aucun n'avait jamais réussi à émouvoir les hautes sphères.
      " II faudrait, monologuait-il, pour attirer l'attention sur le dépérissement des palmeraies du Souf, trouver quelque chose de nouveau, qui frappe, qui parle non plus au cerveau, puisque c'est en vain, mais à l'imagination..., mais au coeur !... C'est par l'oeil qu'on atteint le cœur. Parler à l'oeil ?... Images..., dessins..., photos... Euréka ! "
      Rassemblant ses souvenirs, ce chef d'Annexe exhuma des archives farcies de scorpions, les cartes au 1/10.000e des oasis du Souf (datant de 1911), puis les photos, saupoudrées de sable, de la " couverture aérienne " effectuée, en 1949, sous les auspices du Service de l'Hydraulique. La juxtaposition était parlante, convaincante. Elle montrait le dépérissement des vieilles palmeraies par le centre et leur renouvellement par les marges en " tache de pelade ". La luxuriance des plantations nouvelles masquant le déficit des anciennes, l'ensemble paraissait en équilibre et aurait pu le rester longtemps si les mises en culture avaient pu gagner indéfiniment. Mais, partout, dès maintenant, on vient buter sur les hauts massifs dunaires où l'exploitation n'est plus rentable.

      Un superbe rapport partit, une nouvelle fois, demandant des recherches de l'eau artésienne dans le Souf. Il aurait sans doute eu le même sort que ses prédécesseurs s'il ne s'était terminé par une série de couples " photo-carte " qui firent sursauter M. LEBUBEAU ; sans prendre même le temps de retirer ses manches de lustrine, M. LEBUREAU fit le tour de ses collègues, le rapport à la main. Son bon coeur enfin remué, il se fit l'avocat passionné du Souf, employa spontanément le mot " sauvetage ", et le Service de l'hydraulique se trouva mis en demeure de " faire quelque chose sans délai pour ce malheureux pays ".
      Avec le dévouement bougon qui le caractérise, ce Service décida alors d'effectuer un forage de prospection, jusqu'à 400 mètres de profondeur, à Sif-El-Menadi (choisi pour diverses raisons techniques), à 90 kilomètres d'El-Oued, sur la route de Biskra, dans les limites naturelles du Souf.
      Les destins s'apprêtaient.
      Parvenu à 400 mètres de profondeur, sans avoir trouvé une goutte d'eau, parmi la succession la plus désespérante de marnes, de sables secs, de gypse et d'argiles, le chef d'équipe marqua un temps d'arrêt, hésita, faillit donner l'ordre de départ ; puis, se ravisant et "pendant qu'il y était ", décida de mettre également en place, avant de partir, les 50 mètres de tuyaux qui lui restaient encore en réserve...
      ...Et à la fin de l'été 1953, de --- 435 mètres, l'eau jaillit avec violence, relativement douce, parfaitement exploitable et paraissant fort abondante.
      Le Souf est sauvé. Il lui suffira de glisser partiellement vers le Nord, car la nappe découverte ne serait pas utilisable dans le Souf traditionnel (3).
      Au printemps de 1951, 1.300 palmiers destinés à être conduits en culture irriguée (les premiers qu'on ait jamais vus sur les 80 000 kilomètres carrés de l'Annexe d'El-Oued) ont été plantés à titre expérimental au forage de Sif-El-Menadi par l'Administration. Il lui a d'ailleurs fallu recruter et payer des spécialistes de l'Oued Rhir pour initier les habitants du Souf à la culture irriguée du dattier, culture dont ils ignorent tout.
      Un verger expérimental y a également été créé avec succès, dit-on.
      Chose curieuse, n'étant pas littéralement pris à la gorge par la faim, les habitants sédentaires du Souf n'ont manifesté jusqu'à présent qu'un intérêt poli à cette réalisation. Les nomades désireux de se sédentariser paraissent plus intéressés. Ce seront sans doute eux les bénéficiaires.


El-Oued et ses palmeraies " enterrées " en 1949.
(Cliché Cie Aérienne de Photographie, Alger)

      Un forage beaucoup plus important dans la même nappe et destiné à l'irrigation d'une palmeraie, à créer, de 20.000 dattiers (qui permettrait le recasement de 400 familles sahariennes) a été mené à bien au Bordj El-Hamraïa, à 20 kilomètres du précédent, au cours de l'été 1955. Ce forage débite 7 mètres cubes à la minute, volume plus que suffisant pour les projets envisagés.
      La mise en place des 20.000 arbres devait commencer au cours de l'hiver 1955-1956. Mais en raison des événements et de l'insécurité particulière de cette région, il n'a pas été possible de recruter des travailleurs, et rien n'a encore pu être utilisé de ce véritable Pactole.
      I1 est vraisemblable que rien de créateur ne sera possible avant la pacification complète. Quand ?...
      Par ailleurs, le programme de recherches méthodiques de l'Hydraulique a obtenu de son côté un résultat très intéressant à Hazoua, à proximité de la frontière tunisienne, où il a permis la mise à jour d'une autre nappe d'eau très douce. Là aussi, l'exploitation prévue en faveur de l'élevage a été stoppée net par les événements actuels pour une durée indéterminée.
      On ne saurait mieux faire, pour conclure, que d'évoquer la vieille légende (4) rencontrée un peu partout par les Français à leur arrivée dans le Nord Sahara et plus précisément dans l'Oued Rhir et l'Oued Souf.
      " Autrefois, disait cette légende, le pays était peuplé de Chrétiens.
      " Il était riche et prospère, et des fleuves coulaient sous le soleil.

      " Vaincus par les Musulmans (XIème siècle), les Chrétiens s'enfuirent non sans avoir, au préalable, grâce à leur habituelle et redoutable magie, enfoui les fleuves dans le sol.
      " Et l'eau ne recommencera à couler en surface que lorsque les Chrétiens reviendront."
      Cet apologue mérite d'être médité dans chacune de ses propositions.
      Sous son aspect oriental, sachons en discerner l'affabulation et l'étonnante perspicacité.
      Et prenons acte de cette ample (et autorisée) justification de notre présence et de notre oeuvre.

1) Pas un seul e ces palmiers n'appartient à un Européen. L'unique palmeraie, d'ailleurs magnifique, créée par un Européen, a été cédée par celui-ci à des autochtones avant son départ définitif pour la Métropole
(2) Quelques esclaves noirs, en provenance de Ghadamès, furent introduits clandestinement, dans le Souf, jusqu'au début du XXème siècle.
(3) Un forage artésien vient de faire jaillir l'eau à El-Oued même (mars 1956), mais le jaillissement et le débit sont extrêmement faibles et sans intérêt pratique.
(4) Citée par le Capitaine interprète Féraud dans " Le Sahara de Constantine "
Jourdan, édit., Alger, 1887.


Cet épisode est le dernier de cette ecellente revue sur les Aspects et Réalités de l'Algérie Agricole
Merci à Tous ces Auteurs, Merci à M. Maréchal de nous avoir fourni ce document. 

MON PANTHÉON DE L'ALGÉRIE FRANÇAISE
DE M. Roger BRASIER
Créateur du Musée de l'Algérie Française
Envoyé par Mme Caroline Clergeau

BAPTÊME DE L'ALGÉRIE



Alger est occuppée le 5 juillet 1830

Oran est occupée le 4 janvier 1831


Bône est prise en mars 1832

Bougie est prise en octobre 1833

A SUIVRE

Hommage à Marcel …
Envoyé par M. Pierre Rio

Sur les cahiers
De mon enfance
Sur mes pages intimes
En larmes d'espérance
J'ai gravé
Marcel en lettres éternelles
" Cerdan en gouttes de sang "
Parler à mon cœur
C'était lui parler de toi
Mes pleurs étaient
Louanges à la foi …
Sur le damier
De mes silences
J'ai murmuré
Des vers en proses
Des mots en rimes
Tous destinés …
Sur les bords du ring
Dans la poussière perlée
Tes gloires adulées
A la sueur de ton front
Des gradins endiablés…
Sur le palier
De mes errances
J'ai murmuré
Chapelets et romances
Sur des temps égrenés
Sillonnant la mouvance
En mémoire du passé
Sous ton ciel de délivrance
Là, sur ta stèle marbrée
Nos cœurs larmoyants
Bâteront toute l'éternité !…

Le 20 06 2002 Rio pierre


 "Tunisie de notre enfance." 

Claude RIZZO

Chers Amis,

Permettez-moi de vous offrir une petite nouvelle : « Le canari maltais », inspirée par mes souvenirs de jeunesse.

Cette histoire appartient à un ouvrage intitulé « Tunisie de notre enfance. » disponible chez l’éditeur, que vous pourrez commander si vous désirez découvrir d’autres anecdotes.

Arabes, Juifs, Italiens, Maltais : ils vivaient tous en Tunisie…Au temps de la fraternité.
Claude RIZZO

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Le Canari maltais.

       Le Maltais de Bab el-Khadra aimait ses chevaux, compagnons de route, collègues de travail, et bien souvent de souffrance.
       Il appréciait ses chats comme précieux auxiliaires dans la lutte contre les pique-assiette qui s'invitaient dans son écurie. Bon an mal an, rats et souris lui mangeaient autant d'orge et d'avoine que les bêtes de son attelage.
       Et puis il y avait le canari, dans un rôle qu'il paraît présomptueux de vouloir définir en quelques phrases.
       Une statistique parmi les plus sérieuses, établie par l'Évêché de Tunis dans les années cinquante, prouvait l'importance du phénomène. Le recensement montrait en effet que Bab el-Khadra comptait à cette époque plus d'oiseaux en cage que d'habitants.
       Qui s'étonnerait dès lors que nombre d'histoires, mettant en scène le canari maltais, viennent enrichir les contes et légendes de l'un des quartiers les plus populaires de Tunis.
       On raconte, comme exemple, la guerre qui éclata entre les Muscat et les Guez. Deux familles liées par une amitié remontant à l'arrivée de la Puissance civilisatrice, quand celle-ci permit aux Juifs de quitter La Hara et aux Maltais de sortir des fondouks malodorants du quartier Franc.

***

        Comme tous les matins, Joseph Muscat avait accroché ses cages au-dessus de la fenêtre. Son mâle dans l'une, ses trois femelles dans l'autre. Une méthode avérée, présente au premier chapitre de l'éleveur éclairé d'oiseaux de compagnie. Le mâle, mis en bouche par la présence de son harem, vous servira alors la sérénade des grands jours. Mettez-le dans l'appartement de ces dames. Volant de l'une à l'autre sans économiser son plumage, il ne vous offrira plus qu'un ramage de second choix ; insoutenable à l'oreille délicate d'un fils de Malte ou de Gozo.
       Joseph resta quelques minutes sur le palier de sa porte. Il trouvait, dans le gazouillis harmonieux et varié du bel étalon, une joie qui inaugurait ses journées sous les meilleurs auspices.
       - À ce soir mes petits, dit-il en s'éloignant.
       Et jusqu'au dernier appel du muezzin, infatigable ménestrel, le canari égayait une coursive que se partageaient, avec les Guez et les Muscat, les Zarka, les Mezzapelle et les Cardinale.
       Le terrible événement se produisit le 26 juin 1958, par une fin d'après-midi chargée de tous les parfums d'Orient : celle du crottin des chevaux des karrozins maltaises attendant le client à l'ombre des deux caroubiers, celle de la peinture cellulosique de la carrosserie d'Antoine Caruana, sans oublier le troupeau de moutons, installé le long du cimetière arabe, à la disposition des retardataires à quelques jours de l'Aïd el-Kebir. Et cette composition pittoresque rehaussée par ce doux fumet de méthane qu'offrait le lac El Bahira aux habitants de Tunis.
       Une journée que le Ciel destinait à la joie et à la fraternité, où la tragédie annoncée, parjure autant qu'inattendue, parut plus horrible encore.
       Comme de coutume, le chat des Guez sommeillait sur le paillasson devant la porte de ses maîtres. Quel rêve anti-canaris maltais vint hanter sa sieste, alors qu'il cohabitait en toute tolérance avec l'oiseau des îles depuis sa naissance ? Certains ont assuré qu'il sauta sur la cage du mâle dans l'intention de se faire un kif dans une petite friandise exotique. L'affirmation ne tient pas à l'analyse. Le chat des Guez ne mangeait en effet que casher. Un détail que n'ignorait pas le canari des Muscat qui, de son côté, se vit en victime d'un pogrom. Et chacun sait que les pogroms sont souvent organisés par les plus proches voisins, des amis de toujours quelquefois. Une affaire de famille en quelque sorte. Ils sont chats, et vous canaris. Quelle idée d'avoir des plumes quand tout le monde est recouvert de poils.
       La pauvre bête se mit alors à voleter dans tous les sens, se heurtant aux barreaux, se cognant à l'abreuvoir.
       Joseph Muscat arriva trop tard. Son bel oiseau, en boule dans un coin de la cage, avait accepté la loi du plus fort. Il mourut une heure plus tard ; embolie foudroyante. Meskin !
       Daniel Guez prit l'aventure à la légère. Ce n'était qu'un canari après tout. Une sous-espèce dans la hiérarchie animale, en y regardant bien.
       - Dis, Joseph, tu ne vas pas me faire une usine à gargoulettes pour un oiseau, dit-il encore. Je vais te le payer ton canari. Sur la Torah que je vais te le payer. Et si c'était pas shabbat, je te donnerai ton argent tout de suite.
       - C'est shram ce que tu racontes, Daniel. Tu sais bien que l'affection n'a pas de prix.
       - De l'affection pour un oiseau ?
       Incompréhension culturelle, peut-être même chromosomique.
       - Garde tes sous, Daniel. Et moi, je garderai mon estime pour un autre.
       - Dans ce cas, sur la tête de ma mère que tu n'existes même plus pour moi.
       Ce furent-là les dernières paroles que les deux hommes échangèrent, jusqu'en 1967.
       L'affaire de Bizerte avait déjà épuré Bab el-Khadra, renvoyant chez eux une grande partie de ses colonisateurs. La " guerre des six jours " mit fin à la grande illusion. La Tunisie multiple et fraternelle avait vécu.
       L'événement valait sans doute que l'on oublie le drame du canari maltais. Les Guez firent ainsi leurs valises, aidés par les Muscat, derniers voisins de la coursive où l'odeur du couscous tunisien remplaçait à présent celui des peuplades civilisées.
       - Pourquoi en Israël ? demanda Angèle Muscat à son amie de toujours, qu'elle pouvait fréquenter à nouveau en présence des mâles.
       - Pour ne plus jamais avoir peur, lui répondit Sarah. Et si un jour l'un de mes fils devait mourir de la haine des autres, je saurais au moins pourquoi j'aurais à le pleurer.
       Il n'est pas sûr qu'Angèle Muscat ait tout compris.

***

        La seconde histoire me fut racontée par mon grand-père, que Dieu ait son âme en son paradis. Elle se passait au temps où Tunis était réveillée par les bombes des terroristes.

        Les Marzouki méritaient bien l'estime de leurs voisins. Ils faisaient tout pour ressembler à des Français. Et c'était là une qualité qui leur valait la sympathie collective. Des efforts d'autant plus louables que dans l'ancien fondouk, où cohabitaient une douzaine de familles, personne ne comptait une goutte de sang français.
       C'est ainsi qu'Aziz, le dernier des Marzouki, se mit à croire au Père Noël des Chrétiens. Un Père Noël qui ne connaissait qu'une seule religion : celle qui rend les enfants heureux. Les circoncis comme les autres.
       Et le petit Aziz, au matin du jour béni, découvrit le ballon de foot près de ses babouches, devant le kanoun familial.

        Les Caruana vivaient en ces lieux. Trois pièces où s'entassait la marmaille ; une cour collective qu'ils ne quittaient qu'à l'instant de se mettre au lit.
       À l'époque où commence cette histoire, Salvatore Caruana attendait le grand événement dans un mélange d'anxiété et d'espérance.
       Joseph avait fait couvrir sa femelle par le canari de Pépé Asciack. Un Pépé qu'il avait fallu décider à grands coups de huitièmes de boukha.
       - Pour une seule fois, que ça marche ou non, avait précisé ce dernier, dans la crainte de voir son virtuose s'épuiser dans un rôle de reproducteur.
       Trois semaines plus tard, la femelle la plus majestueuse du clan Caruana, d'un jaune marguerite immaculé, couvait ses trois œufs dans l'amour d'une mère juive.
       En ce dimanche après-midi où s'annonçait le drame, les habitants du fondouk paressaient à l'ombre des arcades. La sieste ayant mis fin au barouf ordinaire qui rythmait la vie du quartier. Et même les manifestants, qui passaient leurs journées à faire courir les gardes-mobiles, respectaient la paix des braves.
       Assis sur son ballon, Aziz attendait la fin du couvre-feu et son cousin Béchir. Celui-ci devait lui enseigner le penalty, à l'exemple de l'avant-centre de l'Espérance, l'équipe la plus populaire de la ville, supportée par bien des nationalistes qui jouaient désormais à visage découvert. Et comme un signe prémonitoire, l'Espérance rivalisait à présent avec l'Étoile d'Hammam-lif, financée par le Bey et championne de Tunisie depuis Mathusalem. Un Bey à l'étoile pâlissante, accusé de mollesse à l'égard de la France.
       L'heure venue, Béchir posa le ballon devant lui.
       - Ia ia Bourguiba, dit-il avant de shooter, prouvant ainsi que son geste n'était empreint d'aucune innocence.
       Le fondouk devait connaître ce jour-là ses premières victimes dans la longue marche vers l'indépendance.
       Le ballon, garanti cuir véritable par " Bébé Joie ", envoya valdinguer la cage du pauvre Salvatore Caruana. Et les œufs finirent en omelette.
       L'accident eut une autre conséquence, plus désastreuse encore. Prise de neurasthénie face à la perte de sa progéniture en devenir, dame femelle mit fin à sa vie amoureuse, choisissant le couvent en quelque sorte. Plus question d'aventures dès lors. Non contente de refuser l'avance de ces messieurs, le sexe en horreur, elle les rossait en leur arrachant le plus beau de leur plumage.

        Si vous rencontrez Salvatore Caruana ne lui parlez plus d'Arabes. Et pourrait-on lui en vouloir ? N'est-ce pas là une nouvelle preuve que la xénophobie trouve toujours des causes sincères et fondées, en dépit de certains idéalistes béats, auxquels j'appartiens, qui continuent à soutenir que tous les hommes sont issus de la même farine, y compris les coupables de génocide sur les canaris maltais.

***

        La troisième histoire apparaît comme la plus douloureuse. Elle opposa en effet deux membres de la même communauté, fréquentant l'un et l'autre l'église du Sacré Cœur, s'agenouillant dans le même confessionnal quand arrivaient Pâques et la grande lessive des consciences.
       Quelques-uns de nos anciens, exilés à Marseille, Nice ou Montpellier, se souviennent encore du canari de Lazare Sammut. Dans le livre d'or des volatiles ayant marqué l'histoire, celui-ci occupa longtemps une première place que personne ne pensait à lui contester.
       Lazare n'appartenait pas à ces égoïstes qui enferment leur maestro à double tour, sous prétexte que certains plaisirs ne se partagent pas.
       Et l'on se pressait au café Borg le dimanche après-midi, à l'heure du concert ouvert à tous les amoureux du bel canto. Le canari attendait alors que son public prenne place. Chacun son verre, un silence de messe, il pouvait entreprendre son tour de chant. Une valse lente en ouverture. Une trentaine de trémolos sur le même ton afin de chauffer la salle, puis, sans à-coups, note après note, il grimpait dans la gamme, et montait encore pour atteindre les plus hautes cimes de la partition, là où peu de canaris avaient réussi à caser leur plumage avant lui. Et ne pensez pas qu'il y demeurait le temps de quelques cui-cui. Certains racontent qu'il pouvait rester là-haut, en apnée pour ainsi dire, durant plusieurs minutes.
       On peut imaginer la tête des mélomanes quand Antoine Dimech, de sa grosse voix de vendeur de poissons au Marché Central, vint troubler le récital.
       - Je parie à tous ceux qui sont là que mon canari il fera une seule bouchée de celui-là.
       On se retourna, surpris par la fanfaronnade. Et même le virtuose, interloqué par l'irrespect, en fit trois fausses notes à la file.
       - D'accord pour le pari. Je te fais deux bouteilles de boukha, répondit Lazare Sammut, sûr de son affaire.
       - Quatre si tu veux !
       - Al Madona ! Toi, tu as des sous à perdre. On voit bien que ça rapporte le poisson. Allons-y pour quatre. Mais de la vraie, pas de l'imitation ; celle de Bokobza, précisa Lazare, qui jamais n'avait gagné son apéritif de tout un mois en si peu de fatigue.
       Ils se tapèrent dans la main. Et rendez-vous fut pris pour le dimanche suivant.

        La légende raconte que Jojo Borg réalisa ce jour-là son plus gros chiffre d'affaires. Le bar rassembla encore plus de monde qu'après l'enterrement de ce pauvre Mariano Fenech, enlevé à l'affection des siens dans la force de l'âge.
       Antoine Dimech arriva, sa cage recouverte d'une culotte de femme, appartenant sans doute à son épouse qui, par la bonne cuisine internationale, arabo-juivo-sicilo-maltaise, avait atteint les rondeurs nécessaires. Le ténor du quartier en était déjà à sa troisième partition.
       Antoine retira le sous-vêtement. Et chacun eut un sourire en découvrant le passereau en question. Un tocard dans toute sa médiocrité. La plume terne et broussailleuse, un bec minuscule et crochu, celui-ci observait la compagnie d'un regard éteint.
       - Allez chante, mon beau, dit alors Dimech en passant un doigt sur les barreaux de la cage.
       L'événement qui advint ensuite devait prendre place parmi les fables du quartier. Ces histoires transmises aux générations suivantes, réelles quelquefois, sorties de l'imagination d'un conteur populaire bien souvent.
       Par ce dimanche après-midi de novembre, dans le quartier de Bab el-Khadra où se côtoyaient les communautés, où dominaient les Maltais, on assista ainsi à une fin de règne. Un moins que rien devait ridiculiser un champion dans tous ses états, bafouant par-là même les fondements de l'espèce et laissant sans voix la centaine de spécialistes réunis dans la salle du café Borg.
       Sammut allait se montrer mauvais perdant. Il accusa Dimech d'avoir fait appel à un marabout ou à une deguezza. Et comme ce dernier se marrait sous sa casquette, Lazare s'en prit à la fidélité de Rose Dimech, dont chacun reconnaissait ici, preuve à l'appui, qu'elle aurait pu assurer les besoins de son époux et de quelques voisins. Plaisanterie qui ne fut pas du goût d'Antoine. Une époque où les histoires de cocus ne prêtaient pas à rire. Surtout quand elles vous désignaient comme héros de la mésaventure.
       Les deux hommes se quittèrent sur une déclaration de guerre à perpétuité, prenant l'assistance à témoin dans leur volonté de ne jamais accepter de cessez-le-feu :
       - Ouallah, que vous pourrez me cracher à la figure si vous me voyez lui adresser un seul mot de ma vie, dit Sammut dans un regard à tous ces messieurs.
       - Il me parlerait, que j'y répondrais même pas, lui envoya Antoine en écho. Mais avant de ne plus lui parler, je lui rappelle quand même mes quatre bouteilles de boukha. À livrer ici, sans attendre la Noël.

        Le conte aurait pu s'arrêter là, valant aux deux antagonistes quelques années supplémentaires de purgatoire. Mais le bon saint Paul veillait sur le repos à venir des meilleurs de ses fidèles. Les deux hommes devaient se rencontrer à nouveau, trente ans plus tard, au marché des Capucins, à deux pas de la Canebière. Antoine Dimech y tenait un étal de poissons. Lazare Sammut était à la recherche d'une tranche de mérou pour un couscous, avec une tête si possible, incomparable pour le goût et introuvable en supermarché.
       La hache de guerre était restée là-bas, enterrée avec leurs morts et leurs illusions. Ils n'avaient rapatrié en France que les souvenirs d'une terre bénie, qui n'avait plus voulu d'eux.
       Devant une anisette, la larme à l'œil, ils évoquaient dans les mêmes regrets leur beau pays perdu, l'insouciance de la jeunesse et la kémia du café Borg.
       - Antoine, dit Sammut en se penchant sur son compatriote, trente ans sont passés, et tout est oublié. À présent tu peux me raconter par quel miracle tu as réussi à transformer ton bourricot de canari en champion ce fameux dimanche. Mais avant, je vais te faire une confidence. Je suis venu souvent traîner sous ton balcon après la rencontre. Je ne l'ai jamais entendu chanter comme ce jour-là.
       Antoine eut un sourire.
       - C'est vrai, il ne sortait son répertoire que sur commande.
       - Je m'en doutais. Allez, raconte !
       - Voilà, j'avais deux mâles qui se partageaient la même cage, celui que tu as connu, et un autre, assez bon chanteur d'ailleurs. Un jour, je la descends et la pose sur la table pour la nettoyer. À ce moment-là ma femme m'appelle. Je ne sais plus pourquoi. Devine ce que je vois à mon retour ? Je vois le premier canari qui volait de partout comme un fou, et l'autre qui s'était mis à chanter comme le grand Caruso. Tu imagines ma tête, d'autant que le premier est mort une heure plus tard, et que l'autre était redevenu le tocard que tu connais. Et c'est là que ma dernière fille, qui est mariée maintenant avec deux enfants, elle m'avoue qu'elle avait pris la bouteille de boukha pour remplir l'abreuvoir. Deux jours après, par curiosité, j'ai refait l'expérience. Et le mâle s'est mis à chanter comme tu l'as entendu. Mais meskin, il n'a pas vécu longtemps. Il ne devait pas tenir l'alcool.
       - En tout cas, voilà une histoire rentable. Tu as investi un verre d'alcool, et tu t'es récupéré quatre bouteilles. Ah, toi, tu es fait pour les affaires, je peux te l'assurer !
       - Les affaires, mon vieux, ici c'est pas comme chez nous. Quand tu as payé le loyer, les taxes et les impôts, il ne te reste que de quoi ne pas mourir de faim, déplora Antoine Dimech, prouvant ainsi qu'il était devenu un vrai Français de France.
       - Dis, à propos de notre pari, tu sais qu'il m'en reste encore une de tes bouteilles. Ici, c'est plus la mode de boire de la boukha. Alors dimanche tu viens à la maison. Nina nous fera un couscous avec ton poisson. Et après on l'ouvrira. Je crois que je ne trouverais pas de meilleure occasion.


  " Les Raisons de la Colère "  

Caroline CLERGEAU.

" Les Raisons de la Colère " est un roman historique, qui raconte le plus fidèlement possible l'épopée française depuis la conquête de l'Algérie, jusqu'à l'arrivée des Pieds-noirs et des Harkis en métropole.
À travers le destin de deux familles, le lecteur suivra la vie des personnages depuis 1830 jusqu'à leur retour forcé en 1962.

Le prix de vente pour " Les Raisons de la Colère " est fixé à 19 €.
( + Participation aux frais de port 3 € ).
L'ouvrage vous parviendra dans les plus brefs délais.


          ...Le lendemain matin, Pierre accompagné de son père et de son grand-père se rendit sur les lieux de l'incendie. À leur arrivée, ils se trouvèrent face à une vision de guerre : un mélange boueux fait de cendres et d'eau souillait tout. Rien ne pouvait être sauvé, mis à part les murs et peut-être quelques arbres fruitiers.
          À l'intérieur, les gravats tombés du plafond maculaient la salle à manger. La cuisine avait tellement souffert, que la solution la plus simple serait de la reconstruire à l'identique. Les volets de certaines pièces avaient complètement brûlé.
          L'appartement d'habitation situé au-dessus du restaurant, était noirci par la suie. Au bas de l'escalier qui desservait les chambres des jumeaux, Pierre ramassa par terre, la reproduction d'un tableau du blocus de la ville d'Alger, par l'armée françai- se en 1830, qui miraculeusement n'avait pas été abîmé.
          Le grand-père ne pu s'empêcher d'ironiser :
          Nous autres, les Pieds-noirs, tu nous mets à terre, mais toujours on se relève !...

-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*

          ... - Bonjour, je me présente : Charles Terri.
          - Monsieur Terri, je suis Omar et voici mon fils Youssef.
          Charles Terri s'agenouilla, et prit les mains du petit garçon dans ses grandes paumes.
          Il sentit la peur de l'enfant, son pouls battait très vite. Pour le détendre, il lui sourit. Il se fit la voix la plus douce possible, puis le questionna :
          - Mon fils t'a demandé d'aller chercher son cerceau, et tu l'as fait. Pourquoi ?
          - Parce qu'il faut obéir monsieur.
          - Tu aurais pu te blesser.
          - Votre fils avait l'air si ennuyé de ne pas pouvoir jouer avec sa camarade. Je ne pensais pas avoir mal agi.
          - Tu es un gentil garçon Youssef. Pour te remercier je vais d'offrir une promenade à dos d'ânes.
          Le père de l'enfant sembla gêné.
          - Monsieur, il ne faut pas, ce ne sont que des enfants.
          - Le respect s'apprend dès le plus jeune âge. S'il commande à quelqu'un, quelque chose, il doit le payer. Aujourd'hui, Youssef fera un tour sur les ânes à sa place.
          La prochaine fois, Pierre réfléchira avant d'agir.
          Omar regarda cet Européen au port de tête altier, et apprécia sa loyauté. Il savait que la plupart des colons étaient des gens justes, droits et honnêtes. Néanmoins, il existait une infime partie qui prenaient leurs ouvriers pour du bétail.

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83140 SIX FOURS LES PLAGES.
Email :Caroline CLERGEAU



LES ECHOS DIVERS
Par les VIGIES DU NET
1) Session APW et arguties
Par Leïla Azzouz

El Watan : Edition du 7 novembre 2006, Hippone Info
      Le président de l'APW s'est aperçu que certains élus sont d'un niveau affligeant. Il s'est rendu à l'évidence le 29 octobre lors de la dernière session ordinaire. Les cadres de l'exécutif de la wilaya au sourire goguenard et les représentants de la société civile ont eu l'impression que ces élus vivent loin de la réalité du terrain. Beaucoup de ces élus issus du FLN-Islah et PT sont intervenus. Ils ont choqué les participants par la faiblesse des arguments qu'ils ont avancés sur telle ou telle autre question budgétaire, sur l'habitat, le tourisme, les établissements scolaires, l'emploi, le transport, la santé… Leurs interventions ont confirmé leur ignorance des véritables problèmes qui se posent à la population de la wilaya. Elles prouvent que la plupart des élus sont très loin du quotidien que vivent les citoyens et dont ils ne connaissent que le superficiel. Au chapitre des perles, les élus Islah s'inscrivent en tête de liste. L'un d'entre eux a soulevé le problème de l'eau potable nauséabonde servie à la population. Il ne savait même pas que la question avait été traitée et résolue, il y a plusieurs semaines, et que l'odeur a disparu avec la fermeture de la canalisation d'alimentation en provenance du barrage Mexa. Un autre élu a parlé d'une bien fantomatique réalisation en cours " d'un CHU de 240 lits à Annaba ". Il y a celui qui a proposé d'intégrer les délinquants dans le circuit du travail et d'offrir des badges de gardiens de parking aux malfrats qui imposent déjà leur loi aux automobilistes. Des perles du genre furent nombreuses lors de cette cession. Pourtant, l'ordre du jour était véritablement chargé. Tant et si bien qu'elle a duré deux jours au lieu d'un seul prévu. A l'écoute des nombreuses arguties de leurs élus locaux, les représentants de la société civile ont hoché la tête en guise de désapprobation. Des problèmes véritablement épineux, dont celui de l'insécurité générale qui caractérise la commune chef-lieu de wilaya, n'ont pas été abordés dans les divers.
      Quant à l'évaluation de la période estivale, c'est à peine si elle a été abordée.
      Leïla Azzouz


2) LAnnaba infos
Le fait du jour
Par R. A. I.

Edition du 7 novembre 2006 > Hippone Info

            740 millions pour la rénovation du téléphérique
      Pour la réhabilitation du téléphérique Annaba-Seraïdi, les pouvoirs publics ont mis à la disposition de la direction du transport, maître de l'œuvre, une enveloppe financière de 740 millions de dinars. Elle représente des travaux qui doivent toucher 90% de toute cette infrastructure socioéconomique réceptionnée en 1987. Vingt années après, c'est le retour au point zéro et c'est une société française qui a décroché le marché. Rappelons que placé sous la gestion de l'APC de Annaba qui l'a loué à un opérateur privé, le téléphérique s'est dégradé. Cette dégradation s'est poursuivie au fil des années suite au manque d'entretien et de maintenance des installations.

            160 millions de dinars pour les écoles
      Cent-soixante millions de dinars ont été dégagés par la wilaya pour la réfection du système d'étanchéité de 17 établissements scolaires des 3 paliers sur les 77 concernés par cette opération et implantés dans les 12 communes de la wilaya. Il était temps. En période d'intempéries, ces écoles sont confrontées à des infiltrations d'eau de pluie. Cette enveloppe est également destinée à doter en équipements de chauffage et d'électricité les écoles des communes rurales. " Les 160 millions dégagés sont insuffisants. Cette somme ne suffira même pas à solutionner le problème de l'étanchéité de la majorité des établissements qui font rarement l'objet d'un entretien ou de maintenance de leurs équipements ", a estimé un des directeurs d'école à Annaba. Son établissement est déserté à la moindre intempérie pour cause d'inondation des salles de classe. A Hadjar Dis, Oued Nil, Oued El Aneb, Boukhadra, Chorfa, El Eulma et beaucoup d'autres localités, les fenêtres des écoles sont démunies de vitres alors que des salles de classe n'ont plus de porte.

            Des subventions à des associations fantomatiques
      Alors que de nombreuses associations très dynamiques activent sans subvention, il en existe d'autres qui, inexistantes sur le terrain, en bénéficient toujours, à l'exemple de celle pour la défense du consommateur. Cette association a rarement organisé une AG depuis sa création durant les années 1980. Une seule personne présidait aux destinées d'un bureau exécutif fantomatique. Alors que son agrément lui avait été retiré une année auparavant, les services de la wilaya lui ont octroyé une subvention financière de 500 000 DA. Au même moment, l'association en charge des SDF de Sidi Belaïd, la seule en charge de la gestion du centre de la vieille ville, n'a pas reçu un seul centime.

            Gare aux chiens sauvages
      L'inquiétude des parents d'élèves du centre de formation Abdelhak Benhamouda à Oued Eddeheb est de plus en plus grande quant à l'avenir de leurs enfants dans cet établissement. Démunis de tout, y compris de femmes de ménage pour l'entretien des salles de classe et d'un véhicule pour une éventuelle urgence, ce centre héberge 4 gros chiens. Quotidiennement, des stagiaires sont quotidiennement victimes des attaques de ces bêtes apparemment livrées à elles-mêmes dans l'enceinte de l'établissement.

            Rénovation à Pierre et Marie Curie
      Depuis des mois, la rumeur portant sur la démolition du lycée Pierre et Marie Curie n'a pas cessé de circuler à Annaba. Elle était tellement insistante que l'on était arrivé à affirmer que les jours étaient comptés pour cet établissement classé parmi les meilleurs à l'échelle nationale avec un taux élevé des lauréats au bac 2006. A cette préoccupation exprimée par un élu de l'APW, le wali de Annaba n'a pas seulement démenti la rumeur. Il a même précisé que des travaux de rénovation seront lancés dans le voisinage de ce lycée pour donner un nouveau look au centre-ville et au Cours de la Révolution. Ces travaux pourraient concerner la démolition du tunnel où sont implantés une multitude de commerces de prêts-à-porter et produits cosmétiques également point de chute des délinquants.

            Vernissage aux couleurs émeraude
      Artiste de renommée dans la peinture sur céramique inspirée du patrimoine culturel national, Mme Lahmar Marir Fatma-Zohra est également directrice de la galerie Emeraude. Ce jeudi à l'hôtel Seybouse, elle invite le public au vernissage qu'elle organise à partir de 16h. Mme Lahmar a fait appel à l'artiste peintre Faisel Laibi Sahi pour, à travers ses peintures, nous faire visiter jusqu'au 14 décembre la vieille ville de Annaba avec ses rues étroites et sinueuses. Très poétique et un brin nostalgique, Faisel a intitulé son vernissage " l'antique entre rêves et mélancolie ".

            Quartier mercis et les hors-la-loi
      Point de chute des bandes de malfrats et des délinquants, les souks illicites du 19 Juin et Mercis (quotidien) et celui hebdomadaire des véhicules du 19 Mai, continuent d'activer dans l'illégalité, particulièrement celui de Mercis spécialisé dans la vente de tous les produits volés. Ce marché, notoirement connu pour être le lieu de rendez-vous des délinquants spécialisés dans le vol des portables, a été confiné à un passage long de plusieurs dizaines de mètres. Il suffirait de boucler les deux passages pour surprendre la majorité des délinquants, repris de justice et autres malfrats, auteurs de plusieurs délits pour lesquels ils sont recherchés. Les services de police ne semblent, apparemment, pas chauds pour s'attaquer à cette catégorie de citoyens hors la loi.
      R. A. I.


3) Infos diverses
Le fait du jour
Par R. A. I.

El Watan : Edition du 14 novembre 2006, Hippone Info

            Visite des scouts américains
      Ce ne sont pas des touristes, mais c'est tout comme que ce groupe de jeunes scouts venus de divers horizons de la planète dont quatre des Etats-Unis pour faire quelques pas à Annaba, cette ville algérienne, qui a inspiré le saint des saints, St Augustin. Ils sont venus et, à partir des vestiges de la Rome antique et la basilique St Augustin, ils ont constaté qu'Hippone existe toujours pour ceux qui réapprennent à la regarder. Ces scouts arrivés d'Europe et des Amériques après avoir participé au jamboree international ont profité d'un itinéraire touristique d'une journée pour découvrir quelques-uns des paysages qui avaient fait le bonheur de St Augustin, des Numidiens et des Romains. Contrairement à madame le maire et à l'évêque de Parvi, la ville italienne où sont déposés les ossements du saint des saints, ces jeunes scouts ont été bien encadrés et pris en charge durant leur bref séjour à Annaba.

            Protection de la Seybouse
      Le 26 décembre 2006, l'Association nationale pour la protection de l'environnement et la lutte contre la pollution (Anpep) organise son 2e séminaire national portant sur la " Protection des eaux du bassin Seybouse ". La manifestation se pose comme étant un moyen de sensibilisation pour la protection des eaux du bassin Seybouse des dangers que génèrent les déchets industriels. Au menu, le bilan des activités entreprises lors de la première étape du projet entamé depuis juin 2004 ainsi que le traçage et le renforcement de la stratégie à adopter pour la suite du programme qui s'achèvera en 2008. Les initiateurs de ce séminaire ne disent pas si les intervenants vont aborder la pollution des eaux des barrages de Cheffia, Bougous et Mexa. Cette pollution aurait pour origine les entreprises tunisiennes. A partir de leur pays, ces dernières n'hésitent pas à décharger des produits toxiques aux abords des cours d'eau alimentant ces 3 barrages.

            Les subventions et les élections
      L'habitat, les équipements, l'eau, l'assainissement, l'électricité, le gaz et le téléphone forment ces derniers mois les préoccupations les plus apparentes de certains élus de l'Assemblée populaire de la wilaya de Annaba. " Il y a de quoi les pousser à les intéresser quand on sait que les élections locales sont pour bientôt. En demandant l'autorisation d'effectuer une marche de protestation contre la criminalité en hausse à Annaba, 2 partis ont voulu entamer leur campagne électorale. C'est ce qu'ils ont déjà fait en approuvant, cela est inhabituel, la subvention accordée à l'USM Annaba de 150 millions de dinars ", a indiqué un cadre de la commune de Annaba, membre dirigeant du club sportif de Hamra Annaba. Autre fait qui a étonné plus d'un, les élus locaux d'El Islah, constamment absents durant les 4 premières années de leur mandat, sont de plus en plus présents lors des sorties de travail et d'inspection du wali.

            Des habitations en feu
      Douze habitations individuelles en préfabriqué et implantées à la cité Diar Essalem à El Hadjar ont simultanément pris feu samedi dernier. Occupées par des célibataires depuis le début des années 1990, elles avaient été réalisées pour les besoins de l'hébergement des familles russes dans le cadre de la coopération entre les deux pays durant la période de l'Union soviétique. Depuis, sans entretien ni maintenance, livrées à la dégradation et même à la dépravation, elles sont tombées en ruine. Cet incendie, que l'on dit criminel, a été considéré comme étant une solution aux problèmes de sécurité qu'elles posaient au voisinage.

            Les cosmétiques de la contrebande
      Pour la direction du commerce de la wilaya, le temps des grosses affaires d'atteinte à la qualité, d'activités illicites sur tel ou tel autre production alimentaire et autre est révolu. Au niveau de cette institution, on se contente de quelques non conformités d'étiquetage, de saisie de quelques centaines de henné et la non traçabilité de certains produits sur les étiquettes. La grosse affaire du concentré de tomates, " importé de nulle part " actuellement sur les étals des commerces de toute la wilaya, n'intéresse apparemment plus les éléments de la brigade de contrôle de cette direction du commerce de la wilaya. Tout autant que les copies de produits cosmétiques issus de la contrebande portant la griffe de grands créateurs parfumeurs et autres. A Annaba, l'ère est au commerce du made in de contrebande dans les magasins activant pourtant avec un registre du commerce.

            Racines sur le terrain
      Aussitôt agréée, l'association Racines de Annaba s'est attaquée à la concrétisation d'un programme d'action riche pour l'année 2006/2007. Dans ce programme, il est prévu la mise en route d'une multitude d'actions culturelles, touristiques, éducatives, de solidarité et de sensibilisation sur différents aspects de la vie en société. En relation avec des associations étrangères, l'association Racines multiplie les contacts interassociations nationales et internationales pour des échanges artistiques et culturels. Conférences et rencontres scientifiques sont au menu de cette association qui prépare déjà le Festival national d'Hippone et des séminaires sur la mondialisation, la santé en milieu scolaire, la prévention du tabagisme et la lutte contre le sida.
R. A. I.


4)Les menaces du wali
Par S. B.

El Watan :Edition du 16 novembre 2006 : Hippone Info
      Si l'on se réfère aux instructions données à ses proches collaborateurs par Brahim Benghayou, lors de sa visite de travail et d'inspection des chantiers de réalisation de logements, bon nombre de promoteurs vont s'en mordre les doigts.

      " Les habitations construites illicitement doivent être immédiatement rasées. Seront également rasés les bâtiments ayant fait l'objet d'un permis de construire et dont les promoteurs n'ont pas respecté les normes contenues dans le cahier des charges ", a instruit le directeur de l'urbanisme. Toujours aussi déterminé, le wali a menacé de retrait de l'aide financière, du permis de construire et de poursuites judiciaires, les promoteurs ayant avantagé le promotionnel au détriment du social participatif. " S'ils n'inversent pas cette tendance sous huitaine, vous appliquerez mes instructions ", a-t-il tenu à préciser.
S. B.


5) Activisme tous azimuts en Algérie
Envoyé par M. Josse.

Presse Algérienne le 5 novembre 2006

      Des hydrocarbures aux télécommunications, en passant par le bâtiment et même le marché noir, les Chinois sont très actifs en Algérie où ils ont réussi à se faire accepter, malgré des grincements de dents.
      " Si vous cherchez des ouvriers sérieux, rapides et bon marché, prenez des Chinois ", conseille un chauffeur de taxi. Il affirme qu'un de ses collègues y a eu recours au noir pour terminer sa villa. " après avoir touché le fond du désespoir en traitant avec un tâcheron algérien ".
      Le bouche à oreille aidant, de nombreux Algériens exploitent discrètement ce filon pour des travaux domestiques : plomberie, électricité, carrelage, peinture, au grand dam des artisans locaux, qui se plaignent de cette concurrence déloyale.

      Selon l'ambassade de Chine, quelque 8 000 Chinois sont employés par des entreprises chinoises en Algérie dans le bâtiment, un marché en pleine expansion.

      Entrée sur le marché algérien en 1982, la CSCEC (Société publique de construction de Chine) a plusieurs réalisations à son actif, comme la nouvelle aérogare de l'aéroport international d'Alger, les hôtels Sheraton d'Alger, Oran et Hassi Messaoud et un centre hospitalo-universitaire à Oran.

      Depuis la visite du président Ilu Jintao en lévrier 2004, Alger et Pékin ont établi plusieurs partenariats, dont un " accord cadre " énergétique couvrant l'exploration, la production et la commercialisation d'hydrocarbures, Raffineries et ADSL.

      Des commerçants chinois en ont profité pour s'installer dans des quartiers populaires, pratiquant des prix imbattables. A Bab-el-Oued, " Le Vent de Chine " propose vètements, chaussures et linge de maison. " Son propriétaire a même appris à marchander en arabe ", relève un voisin, Mourad-Zmer1i.

      Devenue le plus gros consommateur mondial de pétrole après les Etats-Unis, la Chine a développé avec l'Algérie de multiples partenariats dans les hydrocarbures. Pour exemple. China petroleum Engineering & Construction (CPECC) réalisera, pour 106 millions de dollars. Les installations de production et de traitement du gisement pétrolier de Touat, qui alimentera la raffinerie d'Adrar (1 540 km au sud d'Alger). La construction de cette raffinerie a aussi été confiée à China national oil and gas exploration and developpment (CNODCI pour 16,1 millions de dollars.

      Dans les télécommunications, le géant asiatique n'est pas en reste : le chinois ZTE est engagé dans la réalisation de divers projets, notamment la téléphonie mobile fixe sans fil et l'ADSL (l'Internet à haut débit). Les investissements chinois en Algérie s'élevaient à 600 millions de dollars en 2005, selon Pékin. Les échanges se sont élevés à 1.7 milliard de dollars - en faveur de la Chine -, en augmentation de 40% en 2004.

SOUVENIRS
Pour nos chers Amis Disparus
Nos Sincères condoléances à leur Familles et Amis



Décès de Mme Michèle COLANDREA


"Chers(es) amis (es),

       Après son mari Augustin dit coco, l'an passé, nous perdons une autre amie d'enfance, et en sommes tous très peinés.

       De Saint-Laurent-du-Var :
Arnaud Colandréa, son fils, sa compagne Virginie et Arthur, son petit-fils ;
Victorine Colandréa, sa belle-mère ;
La famille Arnaud ;
Parents et amis
Ont la douleur de faire part du décès de Madame Michèle COLANDREA née MARIAGE
Survenu à âge de 62, munie des sacrements de l'Eglise.
Les obsèques ont été célébrées le mercredi 29 novembre 2006; à 10 h 30, en l'église de Saint-Laurent-du-Var (vieux village).
Elle a été inhumée dans le cimetière de la Buffe à Cagnes-sur-Mer.


Mme Michèle Colandréa




MESSAGES
S.V.P., lorsqu'une réponse aux messages ci dessous peut, être susceptible de profiter à la Communauté, n'hésitez pas à informer le site. Merci d'avance, J.P. Bartolini

Notre Ami Jean Louis Ventura créateur d'un autre site de Bône a créé une nouvelle rubrique d'ANNONCES et d'AVIS de RECHERCHE qui est liée avec les numéros de la seybouse.
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sur le site de notre Ami Jean Louis Ventura

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De Mme. Amy L. HUBBELL

Je suis une jeune chercheuse américaine qui est venue à Nîmes en juin 2002 pour les « 40 ans de l'exode ».
Je continue ma recherche en littérature, l'histoire et la culture pied-noire, et je compte passer au moins un mois en France en 2007.
J’aimerais savoir si des événements dans la communauté pied-noire auront lieu en mai, juin, ou juillet de l’année prochaine.
J’aimerais assister aux conférences, spectacles, expositions, etc., pour les 45 ans de l’exode, s’il en existe.
Toute information que vous pouvez me fournir me sera indispensable – même des sites Web ou des noms des organisations qui organisent des événements.
Je vous remercie d’avance pour votre aide.
Toutes mes meilleures salutations,
Amy L. HUBBELL, Ph.D.
Assistant Professor of French
Kansas State University
Mon adresse : ahubbell@ksu.edu

Le site aussi est interressé par toutes les infos concernant d'éventuelles organisations d'évenements pour les 45 ans de l'Exode.
D'avance, merci


De Mme. Marie Pierre GREGOIRE

j'ai vu sur le site de Bône une photo d'école N° 50 (filles) publiée par Mr IMPAGLIAZZO, école inconnue.
j'ai l'impression de me reconnaitre au N° 48!!
je voudrai savoir quelle année a été prise cette photo?

Des photos sont également publiées prêtées par mr georges ZAMIT. Mes parents, décédés, connaissaient la famille ZAMIT.
Comme je cherche des infos sur mes grand parents que je n'ai pratiquement pas connus, je souhaiterai contacter M. Georges ZAMIT
Ma mère s'appelait Raymonde PORTELLI
Merci de votre aide
Mon adresse : mpgreg@yahoo.fr


De Mme. Danielle Ehrman

Recherche amis ayant habitées la ménadia, les milles logements, danielle maintenant retraitée.
Mon adresse : danielleany@club-internet.fr

De Mme. CAUTRES Denise née PERINO

j'ai fréquenté l'ecole Vaccaro, puis le centre d'apprentissage féminin route de Sidi Brahim, jusqu'en 1955.
Je désirerais retrouver d'anciennes "copines" de classe.
Bônoise, j'habitais la Ménadia puis aux Frénes jusqu'en 1962.
Merci pour votre Aide.
Mon adresse : denisecautres@free.fr

De Mme. Marie Thérèse Masto ep. Pujalte

Je suis née à Bône en 1946, mes parent sont décédés à Bône, comment pourrai-je avoir des renseignements ou des photos de leurs tombe.
Ou comment avoir des souvenirs deux; je suis parti très très jeune de Bône après leur décés, je suis orphelinne. J'ai retrouvé mes 3 fréres et ma soeur après une longue separation. Mon frère Francis est décédé, ma soeur aussi est partie avec notre DIEU. jean-paul et antoine sont en vie que DIEU les benisse.
Y a t-il des bônois ou bônoise qui pourraient m'aider à faire ces quelques recherches.!!!
UN GRAND MERCI A CELLES ET CEUX QUI PEUVENT M'AIDER .!!!! Marie Thérèse Masto ep. Pujalte
Mon adresse : mpujalteà@club-internet.fr

DIVERS LIENS VERS LES SITES

1/ Après le succès de « Lucie & Leila », roman paru en 2005, nous avons le plaisir de vous informer que ce livre vient d’être réédité. Vous pouvez désormais le commander en utilisant le lien suivant :
http://www.mitidjaweb.com/roman_lucie_et_leila.htm

2/ Le nouveau roman « YAKOUREN » dont l’histoire se déroule en France et en Algérie en 2006, vient quant-à-lui d’être édité. Pour avoir plus de renseignements et passer éventuellement commande, vous pouvez utiliser le lien ci-dessous :
http://www.mitidjaweb.com/yakouren-roman.html



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L'intelligence féminine
Envoyé par M. Marcel Trells

     Un homme très pingre avait travaillé toute sa vie et épargné son argent.
     Il aimait l'argent plus que tout et juste avant de mourir il dit à sa femme:

     "Lorsque je mourrai, je veux que tu mettes tout mon argent dans le cercueil avec moi, ce sera pour ma vie après la mort."
     Bien à contrecœur, sa femme lui fit le serment de mettre tout son argent dans le cercueil avec lui.
     Peu de temps après, il mourut...

     Au cimetière, il était étendu dans son cercueil entouré de quelques amis, des membres de sa famille, et de son épouse toute de noir vêtue.

     Comme la cérémonie se terminait et juste avant que le cercueil soit refermé et porté en terre, l'épouse dit:

     "Attendez une minute."
     Elle prit alors une boîte qu'elle déposa dans le cercueil avec son époux.
     Les préposés firent alors descendre le cercueil dans la fosse.

     Un ami lui dit alors:
     "Écoute bien, j'espère que tu as été assez intelligente pour ne pas mettre tout son argent dans le cercueil avec lui comme il te l'avait demandé?"

     L'épouse dit alors:
     "Bien sur, je suis une bonne chrétienne et je ne puis revenir sur la parole faite à un mourant de mettre son argent avec lui dans le cercueil."

     Et elle ajouta:
     "Je lui ai fait un CHÈQUE!"

     Ne jamais sous-estimer l'intelligence et le pragmatisme d'une femme.




Vous venez de parcourir cette petite gazette, qu'en pensez-vous ?
Avez-vous des suggestions ? si oui, lesquelles ?
En cliquant sur le nom des auteurs en tête de rubrique, vous pouvez leur écrire directement,
c'est une façon de les remercier de leur travail.

D'avance, merci pour vos réponses. ===> ICI


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