N° 118
Juin

http://piednoir.net
    carte de M. Bartolini J.P.
     Les Bords de la SEYBOUSE à HIPPONE
1erJuin 2012
jean-pierre.bartolini@wanadoo.fr
http://www.seybouse.info/
Création de M. Bonemaint
LA SEYBOUSE
La petite Gazette de BÔNE la COQUETTE
Le site des Bônois en particulier et des Pieds-Noirs en Général
l'histoire de ce journal racontée par Louis ARNAUD
se trouve dans la page: La Seybouse,
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EDITO

LES FLEAUX

Chers Amis,
        Le 6 mai la France avait le choix entre la Peste et le Choléra : elle a choisi le Choléra comme mode de gouvernement.
        Que sont la peste et le choléra ? A première vue, ce sont deux fléaux qui conduisent à la mort de façons différentes, et avec des solutions différentes pour en sortir. Sans entrer dans tous les détails, en voici une définition succincte.

        La Peste est une terrible maladie transmise par une puce du rat. " La peste est évoquée dans l'Ancien Testament comme un fléau envoyé par Dieu aux Hébreux. Le roi David est châtié par Dieu et doit faire le choix entre subir sept années de famine, trois mois de guerre, ou trois jours de peste ; il choisit la peste (Livre II Samuel 24). "
        " Pour Michel Foucault dans les Anormaux, la peste est une technique de pouvoir spécifique. Il lui oppose la Lèpre. Ainsi, au Moyen Âge, on excommuniait le lépreux : on allait même à lui prononcer une oraison funèbre, puis on l'expulsait des villes. Stratégie ancienne du pouvoir, qui consiste à extérioriser la maladie. Avec la Peste, tout est différent. On quadrille les villes : les villes sont sous l'autorité d'un préfet, qui les subdivise en quartiers, les quartiers en districts, les districts en blocs, etc., imposant des hiérarchies et des contrôles à tous les échelons. Un responsable de rue passe et vérifie chaque maison à intervalle régulier, invitant les appelés à se présenter à une fenêtre désignée. "Si un ne se présentait pas, c'est qu'il était couché. S'il était couché, c'est qu'il était malade. S'il était malade, c'est qu'il était dangereux." Michel Foucault généralise ensuite cette idée de peste : de la conception de la lèpre qui excluait les lépreux en masse, le pouvoir préfère à présent, dit Foucault, quadriller, afin d'appliquer sa puissance normative sur les individus. "
        http://fr.wikipedia.org/wiki/Peste
Le choléra, maladie pestilentielle est une toxi-infection entérique épidémique contagieuse due à la bactérie Vibrio cholerae, ou bacille virgule, découverte par Pacini en 1854 et redécouverte par Koch en 1883. Strictement limitée à l'espèce humaine, elle est caractérisée par des diarrhées brutales et très abondantes (gastro-entérite) menant à une sévère déshydratation. La forme majeure classique peut causer la mort dans plus de la moitié des cas, en l'absence de traitement (de quelques heures à trois jours). La contamination est orale, d'origine fécale, par l'eau de boisson ou des aliments souillés.
        La première description historique par un Européen est faite en 1503 par un officier de Vasco de Gama, qui décrit une épidémie de diarrhées cataclysmiques rapidement mortelles (en 8 heures) et provoquant 20 000 morts à Calicut (Inde). Limitées initialement à l'Asie (Inde, Chine et Indonésie), les épidémies se développent au XIXe siècle en véritables pandémies qui atteignent le Moyen-Orient, l'Europe et les Amériques. Le choléra a été utilisé comme arme de guerre par l'unité 731 de l'Armée impériale japonaise.
        Anciennement trousse-galant nom familier vieilli de choléra (qui enlevait le galant : le jeune homme).
        http://fr.wikipedia.org/wiki/Cholera

        Avec le choléra français on aura le choix entre quelques mois de disette jusqu'à la famine mortelle ou la mort au bout de 5 ans après le ravage économique, politique, religieux, judiciaire, discriminatoire anti-blanc, le tout menant à une guerre civile.

        Il y a un passage du roman " La Peste " d'Albert Camus qui résume ce fléau et dont je le paraphrase, peut-être maladroitement, pour le transposer au choléra.

        " Le mot de " choléra " a été prononcé dans cette Gazette. A ce point de " l'édito ", on permettra au narrateur de justifier son incertitude et sa souffrance puisque avec des nuances, sa réaction fut celle de la plupart de nos concitoyens. Les fléaux, en effet sont une chose commune, mais on croit difficilement aux fléaux lorsqu'ils vous tombent sur la tête. Il y en a eu dans le monde autant de choléras que de guerres. Et pourtant choléras et guerres trouvent les gens toujours aussi dépourvu. Le narrateur est dépourvu, comme le sont nos concitoyens et c'est ainsi qu'il faut comprendre qu'il soit partagé entre l'inquiétude et la confiance. Quand une guerre éclate, les gens disent : " Ca ne durera pas, c'est trop bête ". Et sans doute une guerre est certainement trop bête, mais cela ne l'empêche pas de durer. La bêtise insiste toujours, on s'en apercevrait si l'on ne pensait toujours à soi. Nos concitoyens à cet égard sont comme tout le monde, ils pensent à eux même, autrement dit ils sont humanistes : ils ne croient pas aux fléaux. Le fléau n'est pas à la mesure de l'homme, on se dit donc que le fléau est irréel, c'est un mauvais rêve qui va passer. Mais il ne se passe pas toujours et, de mauvais rêve en mauvais rêve, ce sont les hommes qui passent et les humanistes en premier lieu, parce qu'il n'ont pas pris leurs précautions. Nos concitoyens ne sont pas plus coupables que d'autres, ils oublient d'être modestes, voilà tout, et ils pensent que tout est encore possible pour eux, ce qui suppose que les fléaux étaient impossibles. Ils continuent de faire des affaires, ils préparent des voyages et ils ont des opinions. Comment peuvent-ils penser au choléra qui supprime l'avenir, les déplacements, les discussions et la libre opinion ? Ils se croient libres et personne ne sera jamais libre tant qu'il y aura des fléaux. "

        Dans quelques jours la France dans un sursaut d'orgueil, de survie pourraient éradiquer les fléaux qui nous guettent, à elle de choisir sa thérapie ou de continuer à mourir lentement dans la liesse de la Bastille du 6 mai 2012.


Jean Pierre Bartolini          

        Diobône,
        A tchao.

LE PONT SUSPENDU...
Ecrit par M. Edmond Brua
Envoyé par M. Jean Brua
Photo Jean Brua
Dessins de Jean BRUA

(Sur l'air des " Ponts de Paris ")

I

Ça qu'c'est un cœur de mè-è-re
personne i peut sa'oir,
qu'on se tient la colè-è-re
jusqu'à minuit du soir.
Petit merdeux,
ferme tes yeux
pourquoi les heur's elles sont brè-ves.
Pour qu'i s'endort,
i faut qu' j' y sors
le chant qu'on se fait les beaux rê-ves...


Frain

I nous cass'nt les claouis
a'c leurs ponts de Paris,
le pont des Arts et le pont d'Austerlitz
- et mortemame et mortéguidébitz ! -
À Philiville au moins
n'z avons le pont Romain
À Constantine y'a le pont Suspendu
et va t'la prendr' dans l'cul !


II

Aousqu'il est ton pè-è-re ?
Encore à le café !
Force à force on m'ente-e-rre
de tant qu'i m'en a fait !


Photo Jean Brua
Tata Lucett'
qu'elle est au " 7 ",
comme elle a bien fait, la maqu're-lle !
Argent, bijoux,
le linge et tout,
ce qu'y'a de pluss mieux c'est pour e-lle...


Re-frain

D'sur les pont de Paris,
par faute à leurs maris,
y'a plein des grues qui se font le biznesse,
c'est des pitains qu'on les dit des gonzesses.
Un soir i vient papa
et zop ! i me oit pas !
À Constantine y'a le Pont Suspendu...
... Qu'i va s' la prendr' dans l' cul !


Photo Jean Brua
III

Personne i s'ensuici-i-de
d'en haut la tour Eiffel,
pourquoi y'a pas le vi-i-de
pareil à le Rummel.
En d'sour le pont,
tu ois si fond
qu' en premier tu dis : " Manmamille !
Tant des Arabes,
c'est pas croyabe,
i se ressemb'nt à des fourmi-lles ! "


Re-re-frain

Çuilà qu'i'est de Paris,
moi j'y sors le pari
qu'en bas le gouffre en rien de temps je tombe.
I me fait : " Chiche ! ", i se croit d'oir ma [tombe.
Je me prends le ticket
et le oilà niqué :
À Sidi M' Cid i' zont mis l'encenseur,
et le con de ta sœur !


CONTE EN SABIR
Par Kaddour

LI FEMME Y ON M'SIOU
QUI SONT FIR ON ZOF
LES FEMME ET LE SECRET

FABLE IMITEE DE LA FONTAINE!

 Li femme y son coriose :
Tojor bisoan barler.
Quand ti loui dir quiq'sose
Y cor por répéter.

             On Arabe di Blida, sa femme y blague beaucoup,
             Por voir quis qui dira, on soir qui son cochi,
            Y si mi à crier : - " Ji crois ji va crivi
             Mon darrière son cassi, ji souis malade comme tout
             Ah ! Aï ! ji fir on zof, li voilà ji trouvi.
             Pas bizoan di blaguer, qui loui di à sa femme
             Tos y von my moquer, y dir ji souis one pole.
             Ji ti jour akarbi, qui répond son madame,
             Jami ji souis barli, ji ti donne ma barole.
             Alors y sa couchi. Quand li jour il y viaan
             La femme y sa livi, y cor chi son voisann ;
             Bor allah qui loui dit, one soge y son rivi,
             Ti sarche blous di dos ans, jamais ti po trovi.
             Ji ti dir cit affir mi ni va pas blaguer,
             Barc' qui si ti barli, à moi y vian frapper.
             Mon mari y son fir on zof, gross comme mon tite !
             Ti di rian fi tancion. - Ti crois ji souis pitite
             Ji si pas quis qui di ? vatan à vot raison,
             Si ti ana la confiance, moi ji dir à barson
                          Vot, mari cit on poule,
             Barc' qui to l'monde y dir, ji souis Mous qui maboul
             La madame bian contan y ritorni chiz ille,
             Y l'autre y son bartir por borter le nouville,
             Tot Ii femme qui conni, y raconte cit hastoire
             Y mit blous di dix zof, quand y viendra la soir.
             One autre femme aussi y cor por raconter,
             Cet soge à son zami, qui son dans l'aut' quartier.
             Tojor y son barli : - Ti di rian mo zami
             Barc' qui cit affir-là, di rias dir ja promi.
             Ma blous qui li barli, blous qui son fir di zof
             One mazinazille tot sole, y dir ji voir dix-nof.
             Quand y viendra la noui, encore one qui ,j'entend
             Y dira por finir, qui son fir plous di cent.
                                                 MORALE
             Quand ti parle d'on zafir, fi tancion fic li femme,
             Parc' qui quand ti di rian, Tojor y dir qu'iq'soge,
             Moi ji coni di zomme, tot à fi la mime soge,
             Pit-itre y ,son barli bian plous qui li madame !
 


LE MUTILE N° 196, 6 juin 1921

Soyez bons pour les mutilés !

                 Poursuivant notre étude sur les rapports des mutilés avec l'administration, nous arrivons à constater l'existence d'un autre sentiment dont ces malheureux sont victimes : l'hostilité, bête et odieuse, qui les accueille. Cc n'est plus ici le formalisme étroit d'un règlement ou son interprétation restrictive, ce ne sont pas, non plus, les lenteurs ou l'indifférence des supérieurs qui viennent compliquer la tâche. Le mutilé se heurte aussi, quelquefois, à la haine instinctive, à l'animosité soudaine d'un monsieur Lebureau dérangé dans ses manies ou dans sa routine.
        Ceux qui ont vécu dans l'ombre rance des casiers, dans cette atmosphère aigre de bureau, qui sent à la fois la cire, la poussière et la pipe refroidie, savent seuls de quelles brimades mesquines sont capables certains " ronds-de-cuir ". La haine mijote sous les calottes de drap, le fiel circule sous les manchettes de lustrine et le nouveau venu, s'il déplaît, se voit en butte aux vexations plus ou moins sournoises de ceux qui, sans raison avouable, ne peuvent pas " l'encaisser ".

       Voici un exemple, parmi bien d'autres

       Un mutilé, réformé n°1 avec validité de 70 % médaillé militaire rt chargé de famille, est nommé facteur rural à Prévost-Paradol. Le service particulièrement pénible de cette fonction étant au-dessus de ses forces, ce mutilé est envoyé a Boghari, comme facteur.
        II se présente au receveur de la localité, qui lui fait un accueil assez bourru. Etait-ce parce que le nouveau venu était israélite (il se nomme Cohen Haïm) ou pour toute autre cause, qu'il ignorait ? Le receveur lui déclare d'abord qu'il n'a pas reçu d'instructions pour l'employer dans son bureau. Puis il cherche à le décourager à l'avance en- lui disant : " De plus valides que vous. n'ont pu résister dans ce poste ".

       Ma foi ! Notre mutilé ne perd pas courage pour si peu. Il demande à accompagner le facteur intérimaire pendant les deux jours qui restent avant son entrée en fonctions, afin de se mettre au courant.
        Dès le lendemain, à une heure et demie, le receveur revient à la charge. " Je vois, dit-il au nouveau venu, que vous êtes en retard. J'en conclus que lundi, vous allez me laisser plan pour la distribution du courrier !
        Et Cohen Haïm de répondre : " Puisque le facteur intérimaire doit rester encore pendant cinq jours, je pense qu'il pourra m'aider à classer le courrier pour me permettre d'achever de me mettre au courant. "
        " Oh ! oh ! dit le receveur avec acrimonie, si vous voulez vous faire aider, vous n'aurez qu'a payer pour cela !"
        Le mutilé, surpris, demanda alors à son chef pour quelle raison il lui témoignait un tel parti-pris. Sur quoi., le receveur le bousculait, le secouait et le mettait à la porte, devant plusieurs personnes de la localité qui pourront, s'il en est besoin, témoigner de l'incident.. Et, s'adressant au facteur intérimaire, l'irascible receveur ajoutait : " Ne l'en fais pas, B..., il ne restera pas longtemps ici".

       Se sentant manifestement indésirable, le malheureux mutilé retournait à Alger rendre compte de ces faits au directeur des Postes. Il reçut de ce haut fonctionnaire la réponse suivante : " Acceptez ce poste, ou démissionnez! "
        Accepter le poste, c'était s'offrir en perpétuelle victime aux vexations incessantes, aux rapports désobligeants du receveur. C'était la lutte continuelle, lutte inégale aboutissant, un ,jour ou l'autre, au déplacement ou à la révocation. Démissionner, c'était renoncer volontairement au bénéfice de l'emploi qui devait lui permettre de faire vivre sa famille. Les deux alternatives étaient également impossibles.

       Le malheureux mutilé n'a pas pris de décision. Il est à Alger, sans travail, attendant, avec sa femme, deux enfants et sa mère à sa charge, que la Direction des Postes veuille bien découvrir une solution humaine. Car cet homme qui, lorsqu'il était au 9° Zouaves, n'a pas reculé devant les Boches, ne peut se résoudre à aller affronter, dans le bureau de Boghari, les griffes venimeuses d'un receveur !

S. TENNAT-CHOUILLAT..               
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Ma Ville
ECHO D'ORANIE - N°274


Pierres blanches qui rayent le regard
Ombres violentes des midis accablants de chaleur
Odeurs tramantes des opulents marchés
Rues grouillantes et résonnantes
De bruyants éclats de rire
Et du vivant langage imagé

D'un pas léger, je descendais la rue en pente
Retrouver celui que j'aimais.

O ville de ma jeunesse gaie et turbulente
La beauté était sous chacun de mes pas
Et tu étais l'écrin de mon bonheur.

Qui se penche désormais sur le garde-fou
De la belle promenade du jardin étagé
Où l'on plonge dans l'infini des bleus de la mer ?

Qui court aujourd'hui sous l'ombrage des ruelles
Vers le port accueillant, baigné de soleil,
Où les grands bateaux s'échouent ?

Ô ville de ma jeunesse ! Du haut de la colline
La Vierge veille, aux cris des mouettes
Les palmiers se balancent, et aux caresses du vent
Mon cœur se grise encore

Ô ville ! joyeuse et forte, ville de ma jeunesse,
En mon âme, tu as à jamais gravé ton empreinte
En te quittant, tu m'as fait étrangère
De tout l'air que je respire loin de toi,
Et je tremble toujours en invoquant ton nom
ORAN la fière - ma ville - la tant aimée.
Suzy Martin Comte              



HISTOIRE DES VILLES DE LA
PROVINCE DE CONSTANTINE      N°15
PAR CHARLES FÉRAUD
Interprète principal de l'Armée auprès du Gouverneur général de l'Algérie.
LA CALLE

ET DOCUMENTS POUR SERVIR A L'HISTOIRE
DES ANCIENNES CONCESSIONS
FRANÇAISES D'AFRIQUE.
Au GÉNÉRAL FORGEMOL

Ancien Capitaine Commandant supérieur,
du Cercle de La Calle

Affaire de l'Île de Tabarque

                   La première année de son existence, la Compagnie Royale d'Afrique fut sur le point de faire l'acquisition de l'Île de Tabarque. En 1731, Stephano Lomellini, à qui elle appartenait, l'avait vendue à son cousin Giacomo Lomellini. Celui-ci fit de mauvaises affaires et administra si mal, qu'en 1738 beaucoup de Tabarquins l'abandonnèrent et allèrent s'établir dans la petite île alors déserte de Saint-Pierre, dépendance de la Sardaigne. Il chercha alors à se défaire de Tabarque, et la Compagnie Royale d'Afrique entra en négociations avec lui, par le moyen d'un commerçant de Marseille, appelé Fougace.
                   Cet homme fut chargé, par le Gouvernement, en 1741, d'aller traiter de cette cession à Gênes. Mais son verbiage méridional et ses indiscrétions ébruitèrent bientôt le but de sa mission ; il était tellement enflé de l'importance de sa commission, dit Desfontaines, qu'il la confiait au premier venu et elle ne tarda pas d'être connue du Bey de Tunis qui, à la même époque, interceptait une lettre du Directeur Viller, du Comptoir du Cap Nègre, lequel démontrait à la Chambre de commerce de Marseille les avantages qui pourraient résulter, pour le commerce de la France, de l'occupation de l'Île par la Compagnie Royale d'Afrique. Aussitôt, Ali Pacha de Tunis résolut d'enlever Tabarque à ses faibles défenseurs avant que, tombant aux mains des Français, elle ne devint pour lui un sujet de plus sérieuses inquiétudes, Nuit galiotes furent immédiatement armées et envoyées du côté de l'Île, en même temps que des troupes s'y rendaient, par terre, en longeant la côte, sous le prétexte d'aller réduire des montagnards des environs.

                     Arrivé dans le port de Tabarque, le Raïs, commandant la petite division, engagea le Gouverneur et les principaux officiers de la garnison à passer à son bord pour travailler, de concert avec lui, à un arrangement qui devait terminer tous les petits sujets de plainte existant de part et d'autre. Ce piège grossier réussit complètement : l'imprudent Gouverneur ne fut pas plutôt à bord avec sa suite, qu'il se vit arrêté, et la mise à terre des troupes, qui étaient embarquées à bord des corsaires, jeta une telle panique au sein de la population de l'Île qu'elle n'essaya pas même de résister. Elle était d'ailleurs privée de ses meilleurs défenseurs qui, par malheur, étaient allés ce jour-là à la pèche du corail.
                   Ceux des habitants qui trouvèrent moyen de s'échapper, et ils étaient près de cinq cents, se réfugièrent à La Calle, et, de là, dans l'Île de St-Pierre, auprès de leurs parents, où ils formèrent un nouvel Établissement.
                   Ainsi fut anéantie l'occupation Génoise de Tabarque qui prospérait déjà depuis près de deux siècles, malgré les guerres intestines qui déchiraient l'Algérie et la Tunisie, malgré l'envieuse rivalité de la Compagnie Française d'Afrique, qui avait déjà tenté vainement, même par la force, de détruire l'Établissement Tabarquin.

                     Un historien, Tunisien, rapporte que ses compatriotes s'étant emparés de Tabarque, démolirent les fortifications, l'église et les habitations, et, après avoir laissé une forte garnison au château, ils rentrèrent à Tunis, traînant en esclavage neuf cents hommes, femmes et enfants. Il ne parle pas de ceux qui s'échappèrent et allèrent s'établir à l'Île de Saint-Pierre. (De nos jours encore, il existe à Tunis et à Bône un assez grand nombre des anciens habitants de cette Île, qui portent le nom générique de Tabarquins.) Avec les débris des habitations démolies dans l'Île, les Tunisiens firent une jetée à l'effet de relier l'Île à la terre ferme, ainsi qu'un fort sur la côte pour la commander.

                     Au moment de la prise de Tabarque, la France venait de se brouiller avec le Gouvernement Tunisien à la suite d'une maladresse de son Consul. Donc les troupes qui avaient accompli cette expédition, avant de rentrer dans la Capitale, reçurent l'ordre de détruire l'Établissement Français du Cap Nègre. La mesure fut exécutée avec la dernière rigueur; ce Comptoir, dont la possession était acquise à la France, depuis le Traité signé en 1685, par le Maréchal d'Estrées, fut occupé, pillé et démoli, et ses habitants traînés prisonniers à Tunis.
                   Nous allons, désormais, laisser parler Poiron, car les renseignements que fournit son Mémoire sur cette époque sont précieux et ils nous ont paru si intéressants que nous n'avons pas voulu en faire une simple analyse.
                   " Dès les premières infractions, la Cour de France avait fait armer deux frégates et deux barques, commandées par MM. de Marquize, de Parnat et Saurins qui vinrent croiser sur les côtes de la Régence, pour en interrompre le Commerce et protéger celui des Français contre les Corsaires Tunisiens. Ces bâtiments croisèrent pendant le reste de l'année 1741, avec peu de succès et ne purent empêcher la prise de quelques vaisseaux Français richement chargés. " M. de Saurins, Lieutenant de vaisseau, qui commandait une des barques, était destiné à garder la côte depuis Bône jusqu'au cap Zebib ; il joignit au compte qu'il rendit de cette mission, au Ministre, un détail sur l'état et la situation de l'Ile de Tabarque, avec ses réflexions sur l'importance d'acquérir cette Place que les Tunisiens gardaient alors avec beaucoup de négligence, ce qui donna lieu à une expédition qui mérite d'être détaillée.

                     " Le Directeur qui commandait à cette époque à La Calle, ne s'y trouvant plus en sûreté depuis la destruction du cap Nègre, fit de son côté parvenir des Mémoires à sa Compagnie, sur la situation de l'Ile de Tabarque, la facilité qu'il avait de s'en emparer et les avantages essentiels qui en reviendraient à l'État et au Commerce. Ses mémoires se trouvèrent conformes à ceux de Saurins. On dressa un projet pour surprendre cette Île et l'exécution en fut confiée à cet Officier. On ne pouvait faire un choix plus digne: M. de Saurins n'avait alors que vingt-sept ans, mais il joignait à une valeur éprouvée, la sagesse et la connaissance nécessaires à la guerre. Il demanda à la Cour, pour première disposition, de faire passer à La Calle, sous prétexte de la sûreté de cette Place, 150 soldats qu'il trouverait lors de son arrivée et qui seraient à sa disposition pour entreprendre un coup de main sur cette Île, au montent où les circonstances pourraient le lui permettre.
                   " M. de Saurins arma le plus promptement qu'il lui fut possible deux brigantins, sur chacun desquels il plaça 3 officiers, 12 soldats et 80 matelots et il partit de Toulon le 26 avril 1742, laissant croire qu'il allait soutenir la pêche du Corail sur les côtes de Barbarie, ce qui parut un prétexte vraisemblable.
                   " Deux frégates et quatre galères qu'on armait en même temps et qui partirent quinze jours après, avaient ordre d'aller croiser sur les côtes de Tunis et devaient le favoriser dans son expédition. Les Frégates étaient commandées par MM. de Massiac et Bompart et les galères par M. de Bargemont.
                   Il convint avec le Commandant des galères qu'il rencontra sur mer, qu'il lui fournirait 80 soldats et qu'il les lui ferait passer à La Calle aussitôt qu'il aurait pris fond dans la Baie de Carthage.
                   " M. de Saurins, ayant employé toute la diligence possible, arriva dans ce Port, le 4 juin, où, après avoir conféré avec le Directeur de la Compagnie, sa première démarche fut de connaître par lui-même la situation des lieux. Il se travestit en Maure, partit à l'entrée de la nuit, lui neuvième, dans une barque coraline, et reconnut, avec le plus d'exactitude qu'il fut possible, le circuit de l'Île, qui n'est qu'à cinq lieues de La Calle. Il remarqua l'endroit le plus propre pour faire sa descente et celui dont il fallait s'emparer pour se ménager une retraite assurée; il monta ensuite sur le cap Parque, situé en terre ferme, vis à vis de Tabarque, pour y attendre le jour et reconnaître tout le local de la Place. Ce cap est si voisin de l'Île, que M. de Saurins distinguait aisément, de là, tout ce qui s'y passait, et jusqu'aux Turcs qui fumaient leurs pipes devant leur corps de garde.

                     " La ville de Tabarque occupait jadis tout le terrain de l'Île, qui est dominé par un château bâti par Charles-Quint, sur le sommet d'une colline, à la pointe la plus septentrionale. Les murs de la ville sont baignés par la mer du côté de l'Ouest et, quoique démolis en partie, ils n'en étaient pas moins inaccessibles, La côte du Nord est fort escarpée et ne pouvait être abordée qu'en un seul endroit, et les bâtiments un peu forts ne pouvaient être à couvert du canon du Château que dans une anse, vis à vis de laquelle était un poste appelé les Fournasys. C'était le principal endroit dont il fallait s'emparer pour avoir communication avec la mer et, par conséquent, une retraite sûre. Le bras de mer qui sépare cette Île de la terre ferme et qui sert de Port, est peu profond et se trouve distant de 2 ou 300 toises.
                   " M. de Saurins ayant reconnu qu'il était possible de réussir dans son entreprise et que le succès ne dépendait que de la célérité, dépêcha, dès qu'il fut de retour à la Calle, une coraline à la Baie de Carthage pour avoir des nouvelles des galères et des frégates et demander le secours des troupes qui lui avait été indiqué. Quoique cette coraline eût à faire un trajet de 60 lieues, elle fit une si grande diligence qu'en trois jours elle fut de retour et lui apporta une lettre de M. de Bompart, qui lui mandait que l'équipage de la frégate était en si mauvais état qu'il ne pouvait lui fournir le moindre secours, et qu'il remettrait ses lettres au Commandant des galères dés qu'elles arriveraient.
                   " M. de Saurins qui les avait laissées à Cagliari depuis plusieurs jours, surpris de ce contre temps et présumant qu'elles ne tarderaient point à paraître fit, en attendant, ses dispositions pour être prêt à marcher dès l'instant que les détachements promis le joindraient.
                   " Il eut, dans ces entrefaites, plusieurs conférences avec un Maure que le Directeur de la Calle lui produisit. Cet homme, depuis longtemps attaché aux intérêts de la Nation, devait, par ses intelligences et les connaissances qu'il avait du pays, non seulement servir de guide, mais il s'engageait de faire servir les Maures de la contrée qui, au premier coup de fusil que l'on tirerait sur l'Île, feraient main basse sur une poignée de zouaves qui gardaient un fort que les Turcs bâtissaient en terre ferme et qui n'était pas même armé.

                     " M. de Saurins, qui n'avait pas une grande confiance dans ce Maure, hésitait à se livrer à un homme de cette espèce, dans une affaire aussi délicate ; mais, comme il était indispensable d'avoir des guides et des espions, il n'oublia rien pour mettre à l'épreuve la fidélité de celui-ci, sans pouvoir rien découvrir qui justifiât ses soupçons : il crut enfin devoir s'en rapporter entièrement à lui et il prit, d'ailleurs, toutes les précautions que la prudence put lui suggérer pour que son projet ne transpirât pas. On tint les portes de La Calle fermées pendant plusieurs jours pour empêcher les Maures du dehors de voir les préparatifs de l'entreprise, sous prétexte de précautions contre la Peste. " Cependant, ce traître avait donné des avis à l'Agha du château de Tabarque dès qu'il avait vu l'affaire sérieusement entamée, et celui-ci avait mandé au Bey un détail circonstancié du projet, des Français. C'est l'Agha même du château qui apprit à de Saurins qu'il avait été trahi par ce Maure, à telles enseignes que celui-ci avait montré une bague que cet officier lui avait donnée. Le Bey, aussitôt, avait fait passer des troupes dans les environs de Tabarque, pour s'y jeter quand il serait temps ; et le perfide confident, pour mieux couvrir son jeu, promit sur sa tête, à M. de Saurins, qu'il trouverait, en passant près du cap Parque, un de ses frères, qui lui ferait part des dispositions des Maures, prendrait ses ordres et se mettrait à leur tête.

                     Il est certain que les Maures établis aux environs de Tabarque et des Concessions Françaises auraient souhaité que cette Île eût été reprise par les Chrétiens. Le commerce qu'ils faisaient avec eux les enrichissaient, ce qui avait entièrement changé de face ; mais, quoique intéressés dans cette trahison, quand même elle eût été vraie, les Maures n'eussent point été, peut-être, si hardis, ni assez entreprenants, pour prendre les armes contre un Prince à qui les cruautés ne coûtent rien. M. de Saurins, inquiet de n'avoir aucune nouvelle du côté de Carthage, vit enfin arriver, au bout de vingt jours, une barque du Roy, commandée par M. de Castellon, qui lui apportait une Lettre de M. de Massiac, Commandant les forces maritimes Françaises dans la baie de Tunis. Il apprit, par cette Lettre, que les galères étaient détenues à Cagliari, en Sardaigne, par des fièvres pestilentielles qui s'étaient introduites parmi les chiourmes, et qu'elles se trouvaient hors d'état de naviguer. Le Commandant lui marquait encore qu'il restait seul dans la baie de Tunis au départ de la barque qu'il lui dépêchait, et qu'il avait été obligé de renvoyer en France la frégate de M. de Bompart pour y renouveler son équipage. M. de Saurins comprit qu'il attendait en vain du secours et vit avec regret une entreprise si importante devenir inutile et sans effet. Le Directeur de La Calle, toujours plus ardent à voir exécuter le projet, lui offrit alors de suppléer au secours qu'il attendait par des matelots corailleurs qui étaient oisifs à La Calle, et assura de nouveau que les Maures de la contrée étaient tous disposés à seconder son entreprise. Pour n'avoir rien à se reprocher, M. de Saurins assembla un Conseil, composé de ses Officiers et de ceux de M. de Castellon, dans lequel, après avoir entendu le rapport du, Maure sur la faiblesse de la garnison, qu'il assurait n'être que de 80 à 100 hommes, et sur l'impatience des Maures du pays, le Directeur de La Calle exposa en détail la nécessité de s'emparer de Tabarque et la facilité qu'il y avait à le faire ; sur, cela, on décida unanimement que, sans différer plus longtemps, et toutes choses se trouvant disposées pour l'exécution, on partirait dès le lendemain, c'est-à-dire le deuxième jour de juillet.
                   On pourrait reprocher à de Saurins de n'avoir pas renvoyé à l'année suivante l'exécution de son projet, dès que le secours promis lui avait manqué ; mais en prenant ce parti, il aurait donné le temps au Bey d'achever le fort qu'il faisait construire en terre ferme, ce qui aurait rendu toute tentative inutile pour l'avenir. D'ailleurs, il était impossible que dans l'espace d'un an son dessein n'eût transpire. Toutes ces réflexions déterminèrent cet Officier à passer outre, d'autant plus qu'il n'y avait que la surprise qui put la faire réussir.

                     " M. de Saurins, après avoir fait charger sur les brigantins toutes les munitions de guerre et de bouches nécessaires, avec quelques pièces de canon pour former des batteries, fit embarquer, sur les sept heures du soir, tous ses gens divisés en sept détachements. Six de ces détachements, conduits chacun par un Tabarquin, devaient attaquer six différents postes, et le septième devait rester sous ses ordres pour porter du secours où le cas l'exigerait.
                   " Les troupes embarquées, M. de Saurins assembla les Officiers sur le quai, leur rappela ses dispositions et s'embarqua après avoir dit au Directeur de La Calle, en particulier, que quoi qu'il arrivât de la tentative qu'il allait faire, il trouverait moyen de sauver l'honneur des armes du Roy.
                   " Le temps était serein et calme; les coralines marchaient sur une ligne, voguant sans bruit, et les deux brigantins qui ne pouvaient aller aussi vite suivaient et devaient se tenir à une distance de terre pour fournir toutes les munitions de guerre et de bouche dont les assaillants pouvaient avoir besoin. La barque fermait la marche et devait se tenir, sous voile, à portée du Port. M. de Saurins trouva le frère du Maure à l'endroit convenu, ce qui lui donna bonne opinion de la fidélité de son guide et de tous ses rapports ; on mit du temps à gagner le lieu du débarquement, et ce ne fut qu'à deux heures et demie que les premières coralines abordèrent dans la partie du Nord-Est de l'Île ; tout y parut tranquille, à l'exception d'un feu qu'on vit passer dans le château : rien ne fit supposer la trahison.

                     " M. de Saurins avança jusqu'au milieu du bourg avec une peine infinie, à cause de l'irrégularité du terrain qui était escarpé et rempli de broussailles; il se porta sur une petite élévation, d'où il pouvait, autant que l'obscurité le permettait, découvrir tout le circuit de l'Île. C'est le poste qu'il choisit pour se former et faire partir, de là, les six détachements qui devaient faire leur attaque tous à la fois ; mais s'apercevant que plusieurs coralines n'avaient point encore pris terre et que le détachement qui devait attaquer les postes des fourrages n'était point encore rendu, il craignit que le jour, qui ne devait pas tarder, ne le surprit, et cette considération lui fit prendre le parti d'aller faire lui-même cette attaque, étant très essentiel que le poste fut pris avant le jour, afin que les brigantins abordassent. Il laissa M. Dagay, avec ordre de dire à M. de Kalio, Commandant en second, de faire attaquer dès que tout serait assemblé, et de remplir sa place jusqu'à son retour.
                   " Le Maure conduisit M. de Saurins droit au poste des fourrages. Dès qu'il en fut à une certaine distance, on cria : Qui vive ! et un instant après, on fit sur lui une décharge de mousqueterie ; mettant alors la baïonnette au bout du fusil, il fondit sur les Turcs qui reculèrent dans une cour, où il entra pêle-mêle avec eux, et, comme ils s'étaient retirés sous un hangar, il leur fit jeter quelques grenades qui les débusquèrent et qui les obligèrent d'entrer précipitamment dans le corps de garde, où ils oublièrent d'éteindre la lumière.

                     " Il ne restait plus qu'et les forcer dans ce dernier retranchement, et M. de Saurins ordonna à ses gens de l'y suivre : quoique du pas de la porte il aperçut quarante fusils pointés sur lui, il avance, mais il est jeté sur le carreau ainsi que son sergent. Sa troupe effrayée et sans chef n'ose entrer, et les Turcs étonnés n'osent sortir. Les siens, cependant, le retirent par les pieds et portent leur Commandant hors de l'enceinte où, revenu à lui, il s'aperçoit qu'il a reçu un coup de fusil dans le cou et un autre dans le bras. Fâché que ses gens n'eussent pas persisté à forcer ce poste qu'ils auraient emporté, il tâchait de les animer pour les faire retourner à la charge, lorsque M. de Kalio vient lui rendre compte du peu de succès des autres attaques qui avaient été faites suivant ses ordres. Il lui apprit que la résistance avait été telle partout qu'on ne pouvait douter qu'ils n'eussent été trahis, qu'on avait perdu beaucoup de monde et que le Chevalier de Thieuville et Gineste avaient été tués et deux autres Officiers blessés.
                   " M. de Saurins voyant son coup manqué et la trahison manifeste, ordonna à M. de Kalio de faire battre la retraite, de conduire tout ce qui restait à l'endroit où avaient abordé les coralines, et de lui en envoyer une pour lui et ses gens à l'anse des Fourrages.
                   Le traître Maure s'était éclipsé dès qu'il avait vu les détachements engagés et ne parut plus. Un an après, il fut tué par des Français de La Calle, en haine de sa trahison. On trouva sur lui la bague que M. de Saurins lui avait donné et qui fut renvoyée à cet Officier.

                     " Le tambour venait d'être tué, il fallut y suppléer par la voix, ce qui répandit une telle frayeur parmi les matelots, qui, pour la plupart, à la vue des coralines poussées au large par la lâcheté de ceux qui les gardaient, jetèrent leurs armes bas et se cachèrent sous les roches du rivage. D'autres se jetèrent à la nage pour les joindre, quelque éloignées qu'elles fussent. - Les Turcs, témoins de ce désordre et des clameurs de ceux qui tachaient de rappeler les coralines, devinrent plus hardis et, se montrant, le sabre à la main, du haut de leurs remparts, en parurent plus terribles à des gens peu faits à la guerre et à soutenir la vue de l'ennemi, de sorte que la confusion devint générale et qu'à l'exception d'un petit nombre de braves gens, la plupart couraient çà et là sans savoir ou ils allaient.
                   " M. de Meyronnet vint rendre compte de tous ces contretemps à M. de Saurins, qui ordonna à cet Officier de rallier tous ceux qui pouvaient être aux environs et de reconnaître un Poste élevé qu'il voyait à portée ; ce que cet Officier ayant exécuté avec autant de valeur que d'activité, il s'y barricada avec une quarantaine d'hommes résolus de périr les armes, à la main.

                     " Le soleil était déjà levé et les forts commençaient à tirer du côté de cet espèce de retranchement qui était entièrement découvert. Les ennemis qui, jusque-là, avaient cru les Français en plus grand nombre, n'avaient osé sortir ; mais aussitôt qu'ils s'aperçurent qu'il ne restait qu'une poignée de gens, ils vinrent en force, attaquèrent M. de Kalio qui avait une vingtaine d'hommes qu'il avait rassemblés et qu'il conduisit, avec M. de Villeneuve, à, M. de Saurins. Ils se jetèrent, de là, sur le retranchement de ce Commandant, qui, après avoir exhorté ses gens à vendre chèrement leur vie, fit faire feu sur eux. Les premiers Turcs qui se présentèrent furent défaits, mais ceux qui les suivirent, s'étant fait un passage, firent de ce peloton de Français une horrible boucherie sous les yeux de leur Commandant qui, dans cette mêlée, ayant reçu un coup de sabre sur la tête, tomba du haut de cette terrasse sur des rochers, où on crut qu'il s'était écrasé. M. de Meyronnet fut terrassé par un Turc moins sanguinaire que les autres, qui lui cria de ne point remuer et qui l'emmena ensuite au Château. Il fut le seul qui échappa au carnage que les Turcs firent dans ce retranchement.
                   La perte des Français fut d'environ cent hommes, y compris quelques-uns qui se noyèrent en voulant atteindre les coralines. Il y eût une soixantaine de blessés, et, le reste, au nombre de 150, furent faits esclaves et renfermés dans le Château de Terre-Ferme, où M. de Saurins fut conduit, sur le soir, au grand étonnement de tous les autres qui le croyaient haché en pièces. Quelques-uns de ceux qui s'étaient jetés à la nage, joignirent cependant les brigantins, qui se rendirent avec la barque à La Calle où ils portèrent l'épouvante et l'effroi.
                   " M. de Saurins, conduit prisonnier à Tunis, fut rendu à la liberté l'année suivante, c'est-à-dire en 1742, lors du Traité de Paix conclu entre la France et le Bardo. Cette Paix permit à la Compagnie de signer une Convention pour le rétablissement du Comptoir du Cap Nègre ; mais elle n'en jouit pas longtemps, la guerre ayant éclaté de nouveau entre les deux Puissances.

                     Au moment où se produisaient les événements qui précèdent, un conflit plus grave vint troubler la bonne intelligence entre la France et Alger, à propos d'un chebek de la Régence, capturé dans les eaux de Toulon par une galère Espagnole, cachée derrière le Cap Sicié. A cette nouvelle, le Dey d'Alger fit saisir notre Consul et les Prêtres de la Mission, et les envoya aux fers. Sept navires du commerce Français étaient dans le port ; il fit arrêter les équipages et envoya ces malheureux marins, enchaînés deux par deux, aux travaux les plus rudes, voulant que tous y restassent jusqu'à ce qu'on lui eût rendu son chebek et tout ce qu'il portait. De plus, le Dey dépêchait à Bougie, Bône et La Calle, un courrier porteur d'ordres pressants aux Gouverneurs de ces Places, d'arrêter tous les vaisseaux de la Compagnie royale d'Afrique, d'en interrompre entièrement le commerce, et de mettre tous les Français dans les fers. Cette mesure violente enlevait toute incertitude sur les dispositions hostiles des Algériens.
                   M. de Fougas, Gouverneur du Bastion de France, à La Calle, dépêcha aussitôt une barque à Marseille et prit ses mesures pour ne pas être surpris en cas d'attaque de la part des Turcs. Quelque temps après, l'affaire s'arrangea, et les Français rentraient dans leurs Établissements et semblaient devoir y jouir de quelque tranquillité lorsqu'une nouvelle circonstance vint encore jeter le trouble parmi eux.
                   C'était en 1744 ; un Turc qui, passant aux Concessions, avait, sans fondements, élevé des prétentions que l'Agent ne voulut pas reconnaître, résolut de se venger, et, irritant par ses discours le Dey, qu'il vint trouver, il le porta à un de ces actes iniques, tels que les Nations Européennes eurent tant de fois occasion d'en supporter à Alger.

                     Il lui persuada que les Français, contrairement aux anciens Traités, élevaient des fortifications, qu'ils refusaient des secours aux bâtiments de la Régence pendant qu'ils en donnaient à ceux des Tunisiens ; qu'enfin, ils favorisaient les tentatives des galères de Malte sur la côte du Levant.
                   Le Dey envoya à La Calle cinq chebeks, qui y commirent toute espèce de désordres. Les fortifications, que les Français avaient en effet élevées pour leur propre défense, contre les Tribus voisines et avec le consentement du Bey de Constantine, n'existaient déjà plus, car, dans la crainte d'irriter le Dey, ils s'étaient d'eux-mêmes décidés à les détruire. Néanmoins, les équipages des chebeks firent une descente ; ils se livrèrent au pillage, le corail et la caisse furent enlevés ainsi qu'une cinquantaine de Tabarquins qui, depuis longtemps, étaient au service de la Compagnie du Bastion. Enfin, les Français, hors d'état de résister à ces brigands, s'enfuirent à l'intérieur du pays où beaucoup d'entre eux moururent sous le fer des montagnards.
                   Les Anglais voulurent profiter de cette mésintelligence, entre le Dey et la France, pour tenter d'enlever les Comptoirs de nos Concessions d'Afrique. Un des leurs, établi à Alger, proposa au Dey de lui accorder la ferme des Concessions. Il s'engageait à payer le double de ce qu'elle lui rapportait habituellement. Le but qu'il se proposait était de former, sur la côte, un Établissement temporaire, susceptible de pourvoir aux approvisionnements des Escadres Anglaises dans la Méditerranée, pendant le temps de la guerre avec la France, et, par conséquent, d'obtenir l'autorisation de chasser les Français de La Calle. Une Division Anglaise de sept bâtiments parut devant Alger, le 25 octobre 1744, pour appuyer cette demande. Le Dey, dont la colère contre la France s'était calmée, ne voulut point donner suite à cette proposition.
                   Malgré les incidents qui précèdent, la pêche et le commerce de nos Concessions étaient en voie de prospérité. La destruction de l'Établissement Génois ayant écarté la seule concurrence que la Compagnie Royale d'Afrique eût à redouter, celle-ci s'occupa de donner à son Comptoir une organisation régulière et permanente que démontre le document ci-après :

                     Réglement pour le Comptoir de La Calle.
                   Art. 1er. - La Compagnie ayant chargé des fonctions d'Inspecteur, sur les gens de Maistrance de La Calle, le sieur Mestré, à qui elle accordera, à la fin de chaque année, une gratification sur le compte que le Directeur lui rendra de son zèle et de son application, elle entend qu'il soit établi et maintenu en cette qualité, que le Directeur le fasse respecter et l'accrédite auprès de la Maistrance, et que le dit Mestré exécute et fasse exécuter les ordres que lui donnera le Directeur.

                     Art 2. - Le Directeur nommera deux Patrons pêcheurs au corail pour faire les fonctions d'Inspecteur sur tout le Corps des Pêcheurs, qu'on divisera en deux classes. Il choisira, pour cet effet, les Patrons les plus raisonnables, les fera respecter du Corps, afin qu'ils se conforment aux ordres qu'ils leur donneront de la part du Directeur; la Compagnie leur accordera une gratification à la fin de l'année, si le Directeur lui rend de bons témoignages de leur conduite.

                     Art. 3. - Il y aura, à l'avenir, un Capitaine des soldats, un Sergent d'armes et un Caporal. Le poste de Capitaine d'armes ayant été supprimé, la Compagnie a nommé le sieur Geoffroy à celui de Capitaine commandant les soldats, et le sieur Sicard à celui de Sergent d'armes. Le Capitaine rendra compte au Directeur de l'état de sa Compagnie, de la conduite des soldats et leur fera exécuter les ordres qu'il recevra du Directeur.

                     Art. 4. - Le Directeur commettra un sujet capable aux fonctions d'Inspecteur des frégataires, lequel aura soin de veiller à ce qu'ils soient assidus aux travaux qui seront ordonnés par le Directeur ; la Compagnie lui accordera 'une gratification à la fin de l'année, si le Directeur écrit qu'il l'a méritée.

                     Art. 5. - Un des Commis à la mesure sera chargé, par le Directeur, de veiller sur les meuniers, les boulangers, les boucliers et les maçons.

                     Art. 6. - L'État-major de la Place sera composé du Directeur, des Aumôniers, du Caissier, du Chancelier, du Garde-magasin, du Capitaine des soldats ; ils mangeront à la table du Directeur, comme aussi le premier Drogman et le premier Chirurgien. Si l'usage a établi quelque distinction dans les places de la table, les rangs seront réglés, à l'avenir, conformément à celui qu'ils tiennent dans l'état présent. Les Commis à la mesure se placeront suivant leur ancienneté.

                     Art. 7. - Le Directeur assemblera, à l'avenir, une fois la semaine, dans sa maison, le Caissier, le Chancelier, le Garde magasin et le Capitaine, pour conférer avec eux sur la Manutention et l'État de la Place et sur les précautions à prendre au dehors pour la sûreté du Commerce et de la Place ; les délibérations qui seront prises seront couchées dans un registre particulier ; il en sera envoyé copie à la Compagnie et elles n'auront leur exécution, excepté dans les cas pressants, qu'après avoir été approuvées par la Compagnie.

                     Art. 8. - Le tabac, l'eau-de-vie et le vin ; dont le Directeur a le débit exclusif, seront à l'avenir débités par une personne qu'il nommera. Le tabac sera payé des deniers de la Compagnie qui fera envoyer le vin et l'eau-de-vie pour la Cantine sur la demande qu'en fera le Directeur. Les deniers provenant de ces denrées, seront déposés dans une caisse à deux clés, dont le Directeur aura l'une et le Caissier l'autre Ces deniers seront ensuite répartis au Directeur et aux employés et dessus par la Compagnie, suivant leurs grades respectifs, après en avoir prélevé le prix payé par la Compagnie.

                     Art. 9. - Les appointements des Officiers et les salaires des bas employés seront payés tous les mois et le dernier jour du mois. La paye se fera au comptant. Pour cet effet, la Compagnie à fait faire des jetons auxquelles elle donne la valeur de la piastre du poids de La Calle, qui est de quatre livres dix sols, les appoints se feront avec des aspres de Tunis.

                     Art. 10. - Le Chancelier ne tiendra plus le compte des particuliers, la chose n'étant plus nécessaire, par la suppression de l'usage de ne payer qu'un billet sur la Caisse de Marseille.

                     Art. 11. - Ceux qui auront des fonds et qui seront bien aises de les faire compter en France, prendront une rescription du Caissier de La Calle, visée par le Directeur sur la Caisse de Marseille ; il sera fait mention, dans la dite rescription, du nom de la personne à qui elle sera délivrée et de la personne à l'ordre de qui elle sera payable. Il sera délivré deux copies par ampliation de cette rescription, et attendu que pour l'ordre et la précision des écritures il ne convient pas qu'on diffère trop de retirer le payement des rescriptions qui seront délivrées, il sera déclaré qu'elles tomberont en non-valeur et ne seront pas payées, si, dans le terme d'un an, elles ne sont pas présentées à la Caisse générale de la Compagnie.

                     Art. 12. - A l'avenir, les gens de la Place, sans exception quelconque, qui se trouveront avoir des piastres du poids de ce Comptoir on de celui de Bône, seront tenus de les remettre au Caissier qui les leur changera pour d'autres espèces ou pour de la monnaie, à peine de confiscation des dites piastres lorsqu'il eu sera trouvé chez des particuliers, dont moitié au profit du dénonciateur et moitié au profit des pauvres.

                     Art. 13. - Il est expressément défendu, à toute personne, de jouer les jeux de Reste, à peine de la perte de trois mois d'appointements ou salaires pour ceux qui auront joué, et de la perte de six mois de salaires pour ceux qui auront donné à jouer ; on ajoutera à cette peine, en cas de récidive, celle de trois mois de prison pour les bas Employés et celles de l'embarquement pour les Officiers.

                     Art. 14. - Le Commis, à la boutique, tiendra deux livres, paraphés par le Directeur, dans l'un desquels il copiera les factures des effets qui lui seront envoyés ; il y passera aussi les bernous, souliers, babouches et autres effets qui se vendent dans cette boutique, et il notera, dans l'autre livre, les effets qu'il vendra dans le courant de l'année, en faisant mention du nom des acheteurs; Le papier, la cire d'Espagne, etc., la poudre à tirer et la grenaille se vendront à l'avenir à la boutique, et les donatives des dites choses n'auront plus lieu à l'avenir.

                     Art. 15. - Le Commis, à la boutique, ne pourra faire crédit aux Officiers ni aux Employés que pour le montant d'un mois de leur salaire, dont il demandera la retenue au Directeur, à peine d'en répondre en son propre.

                     Art. 16. - Il est défendu aux Employés de jouer leur hardes et de les engager, à peine d'un mois de prison pour celui qui les aura perdues, pour celui qui les aura gagnées ou prêté dessus.

                     Art. 17. - Attendu la difficulté qu'il y a d'avoir du bois pendant l'hiver, pour le chauffage des fours, il sera fait pendant le temps de l'été, où les travaux ne sont pas grands, un amas de ce bois qui servira à faire cuire des galettes, lesquelles seront faites avec les farines qu'on aura préparées auparavant, et l'on donnera des galettes, pendant l'hiver, aux pêcheurs du corail et tous les bas Employés. La ration de galettes sera de - (blanc) - onces, qui correspond à la ration de pain qui est de - (blanc) - onces

                     Art. 18. - On fera aussi, pendant l'été, le transport du bois de construction qui sera cru nécessaire pendant le courant d'une année ; de cette façon, on ne sera plus obligé de faire sortir les charrettes pendant l'hiver. Au lieu de nourrir les bœufs qui les mènent, on les fera tuer pendant l'hiver à la boucherie et on en achètera d'autres pendant la belle saison.

                     Art. 19. - L'usage où l'on est, à La Calle, de souffrir que les Maures passent la nuit dans la Place paraît dangereux à la Compagnie. Elle défend au Directeur de permettre, à aucun Maure, de passer la nuit dans l'intérieur de la Place. Cette exclusion ne regarde pas les Chefs des Nations voisines à qui il convient de faire honnêteté.

                     Art. 20. - Les Patrons corailleurs pourront, à l'avenir, tenir de l'eau-de-vie pour leur usage et celui de l'équipage de leurs bateaux. Il leur sera permis aussi d'emporter avec eux, lorsqu'ils passeront à La Calle, le linge et les hardes qu'ils estimeront leur être nécessaires pendant le temps de leur séjour à La Calle.

                     Art. 21. - Ils auront, suivant l'usage, à chaque quartier, trois piastres ; leurs prouiers, une piastre et demie et les compagnons une piastre, sur le pied de trois livres quinze sols ; elles leur seront payées à tous, en nouvelles espèces qui auront cours à La Calle, pour quatre livres dix sols, et la Caisse de Marseille les payera à ce prix là, si mieux n'aiment les dits Patrons et leurs équipages, recevoir, au lieu des Piastres, les quinze Sols de différence qu'il y a entre le prix auquel elles passent et celui auquel on les leur donne : ce payement se fera en Aspres.

                     Art. 22. - Les Patrons corailleurs ayant besoin d'argent pour acheter les vivres, lorsqu'ils relâchent Bône, le Directeur le leur fera donner par le Caissier en Sequins barbaresques et non en Piastres, et il observera de ne payer en Piastres que les marchandises et les droits qui ne peuvent s'acquitter autrement.

                     Art. 23. - A l'avenir, les Patrons corailleurs ne garderont plus chez eux, pendant tout un quartier, le corail de leur Vielle. Chaque Patron aura une caisse fermant à clef qu'il gardera. Cette caisse sera dans le magasin du corail ou dans tel autre endroit que le Directeur trouvera à propos. Chaque Patron revenant de la pêche serrera son corail dans sa caisse, qu'il connaîtra par le numéro qu'on imprimera dessus ; il fera sécher son corail, le nettoiera et le purgera de sa rocaille dans le même magasin où sera le corail, ou dans tel autre endroit que le Directeur indiquera.

                     Art. 24. - Les Patrons seront tenus, à l'avenir, de dénoncer aux Inspecteurs et ceux-ci au Directeur, les compagnons qui auront rompu les rames par leur faute, à peine de les payer en leurs propros.

                     Art. 25. - Le Directeur fera délivrer, de la Dépense, trente pots de vin à cloaque vendue de corail, au Patron qui aura pêché la plus belle branche ; vingt pots à celui qui aura pêché une branche moins, belle que celle-ci, mais plus belle que celle des autres Patrons et dix pots à celui des Patrons qui aura pêché la plus belle branche après ces deux ci-dessus.

                     Art. 26. - Lorsqu'il arrivera, à La Calle, quelque Sandal de Tunis, Bizerte ou de quelque autre endroit de la côte, il sera défendu aux gens du dit Sandal de se débarquer et il sera mis un soldat de confiance en sentinelle, auprès du dit Sandal, pour empêcher le désordre et que les Patrons corailleurs, sous prétexte d'acheter des fruits des gens du dit Sandal, ne leur vendent du corail ou qu'ils ne traitent avec eux du prix et conviennent de l'endroit, le long de la plage, où les Patrons devront cacher leur corail qu'ils leur auront vendu. Dans le cas où il y aurait dans les Sandals des janissaires ou quelques autres personnes, comme il faut, qui demanderaient à se débarquer, on laisse à la prudence du Directeur de le permettre et de prendre les mesures nécessaires pour empêcher que ces gens ne communiquent avec ceux de la Place.

                     Art. 27. - Il sera fait, à l'avenir, plus d'attention qu'on n'en a fait par le passé à empêcher qu'il ne soit volé du corail ; pour cet effet on se ménagera quelque espion à Bizerte, et l'agent de Bône veillera à ce que les bateaux corailleurs ne séjournent pas longtemps et tiendra, pendant leurs relâches, quelque Maure de confiance aux avenues pour les observer .

                     Art. 28. - Les Chirurgiens venant à traiter les Maures de leurs maladies et se servant, pour cet effet, des médicaments de la Compagnie, seront tenus d'en payer le montant qu'ils en auront retiré des dits malades, et, dans le cas où il ne conviendrait pas d'en faire la demande aux Maures malades, les Chirurgiens seront tenus de donner le tiers de ce qu'ils retireront d'eux en argent ou autres effets.

                     Art. 29. - Le Directeur fera lire, publier et afficher les Articles ci-dessus qui concernent la Police extérieure de la Place et non les autres.
" Fait et arrêté au Bureau de la Compagnie Royale
d'Afrique, à Marseille, le 6 avril 1745. "
" Signé : AMIC,
" faisant fonctions d'Inspecteur principal.
" Collationné sur l'original.
" CHOMEL. "

A SUIVRE

ALGER, TYP. DE L'ASSOCIATION OUVRIÈRE V. AILLAUD ET Cie
Rue des Trois-Couleurs, 1877
Livre numérisé en mode texte par M. Alain Spenatto.

PHOTO D'ECOLE
Ajout de noms par M. Fabien Alary
Saint Augustin 1950/51 CM1 ?
Photo de Mme Kovacic

1 ? - 2 Fabien Alary - 3 ? - 4 Zerbib - 5 ? - 6 ? - 7 Cinni - 8 Boca - 9 J.P. Pillet - 10 Faulla - 11 ? - 12 ? - 13 Micalef - 14 Jacky Bena
15 Baloi - 16 Gallo - 17 Payoux (Pailloux) - 18 Barruel - 19 Gérard Camilleri - 20 ? - 21 Lafranchesca - 22 Lafranque - 23 D'Ambra - 24 ? - 25 Jacques Julien - 26 Jean-Louis Scotto - 27 Gérard Allégrini - 28 Perriault - 29 ?
30 Rappolt - 31 Nehgra - 32 ? - 33 ? - 34 Pierre Mannoni - 35 ? - 36 Salierno - 37 ? - 38 Pierre d'Emmanuel - 39 ?
40 Sagniol - 41 ? - 42 Conil - 43 Leonardelli - 44 Renard - 45 ? - 46 Vincent
De haut en bas et de droite à gauche
Photo envoyée par M. Mme Kovacic fille de M. Pillet
Ajout de noms par M. Fabien Alary

=========================
Saint Augustin 1951/52 CM2 ?
Photo de Mme Kovacic

1 Pace - 2 Salierno - 3 Zerbib - 4 (P)Rappolt - 5 Varro - 6 ? - 7 ? - 8 Pierre Mannoni - 9 d'Emmanuel Pierre -
10 Scotto - 11 Payoux - 12 J.P. Pillet - 13 La Franque - 14 Bena Jacky- 15 Alary Fabien- 16 d'Ambra - 17 Perriault - 18 Allégrini Gérard- 19 Gallo -
20 Cortès - 21 Nehgra - 22 Cinni - 23 ? - 24 Noto - 25 Micalef - 26 Faulla - 27 ? -
28 Conil - 29 Zarader - 30 Camilléri - 31 Vincent - 32 Leonardelli - 33 Sagniol - 34 Renard -
De haut en bas et de droite à gauche
Photo envoyée par Mme Kovacic fille de M. Pillet
Ajout de noms par M. Fabien Alary
___________________
Est-ce que d'autres amis se reconnaîtront-ils ?
Merci Fabien

RAPPEL
La Saint-Couffin !
A UZES le 17 JUIN 2012
Communiqué de l'A.B.C.T
AMICALE des BÔNOIS, CONSTANTINOIS
& ANCIENS de TUNISIE, du GARD
ADRESSE POSTALE B.P. 16 - 30128 GARONS
RETENEZ BIEN CETTE DATE, 17 JUIN 2012
ET RESERVEZ-LA


Grand Rassemblement national des Bônois, Constantinois et anciens de Tunisie

     Chers(es) compatriotes et amis(es)

     Voilà près de 50 ans que notre amicale organise le grand rassemblement National d'UZES, alors pour les 50 ans de l'exode démontrons notre vitalité et la joie que nous avons à nous retrouver pour échanger tous nos souvenirs bons et mauvais. Mais aussi pour dire combien nous sommes attachés à notre mémoire et à notre identité, celles que nous ont léguées nos parents. Cette année notre rassemblement échappe, aux festivités de la fête de la musique, du dimanche de pentecôte, de la fête des mères et aussi de la féria de Nîmes, par contre nous fêterons tous les " Papas ". Aussi, le Conseil d'Administration et moi même, nous vous espérons nombreux à effectuer le déplacement afin de faire perdurer nos rencontres qui vous et nous apporterons joies et réconfort. Alors, en vous attendant voici l'organigramme de la journée.
     (pour plus amples renseignements nous contacter-Tél: 04 66 70 00 75 ou 06 14 59 93 11)
     Le Conseil dAdministration et moi même nous vous espérons nombreux à effectuer le déplacement lors de ces deux joumées importantes afin de faire perdurer nos retrouvailles qui vous et nous apporterons joies et réconfort

et le dimanche 17 juin à UZES
Grand rassemblement National
des Bônois, Constantinois, Anciens de Tunisie, de leurs sympathisants et amis.

     C'est donc le Dimanche 17 Juin qu'aura lieu la traditionnelle journee champêtre, organisée par l'Amicale des Bônois du Gard (A.B.C.T.) et l'Association des Fidèles de Saint-Augustin.
     Comme précédemment, c'est dans le cadre verdoyant du camping Municipal d'UZES, gracieusement mis à notre disposition par la Mairie de la belle cité des Cévennes que nous vous accueillerons en famille, ainsi que vos amis.
       Nos stands seront bien approvisionnés et nous l'espérons vous donneront satisfaction, Votre présence à ceux ci, vous permettra de rencontrer les organisateurs(tous bénévoles) et contribuera à maintenir notre très belle et amicale journée de retrouvailles.

Voici le programme de la journée :
8 h 30 - ouverture et accueil des participants (entrée gratuite)
     10 h 30 - Grande messe en plein air ( Statue de ST AUGUSTIN) recueillement et silence...
                 vente de veilleuses à l'effigie du Saint Patron des BONOIS....
     11 h 30 - Accueil des personnalités Gardoises et des représentants des diverses amicales et associations régionales de Rapatriés
     12 h 00 - Repas tiré du sac
     15 h 00 - Animations diverses.
     17 h 00 - Tirage de la tombola (10 lots importants) pour couvrir les frais de la journée, votre participation sera très appréciée.
     Prix du billet - 2 €

Vous trouverez sur place : Vous trouverez sur place (café , jus de fruits etc.,..), merguez,, pizza, Chippolata....
FTAHÏR (beignets de chez nous) KEBAB pain et pâtisseries orientales

Bônois, Constantinois, anciens de Tunisie, Pieds Noirs de tous horizons, amis et sympathisants, venez nombreux participer à cette journée, afin de retrouver des visages connus, d'échanger des souvenirs impérissables et d'assurer dans la joie et la bonne humeur le succès complet de cette manifestation.
Qu'on se le dise ! ! ! de bouche à oreilles ou par Tam-Tam....


DITES LE A TOUS VOS AMIS ET AUTOUR DE VOUS ! ! ! A BIENTOT ...

Merci d'avance de votre participation
Le Président, J.P. ROZIER

Pour cette journée nationale, Campagnarde et conviviale,
qui se déroule au Camping Municipal d'UZES (dans le Gard).
Chacun apporte son "Couffin" ou sa "Cabassette",
sa petite table et ses chaises pliantes.
N'oubliez pas les verres pour notre éternel "Sirop de Cristal"
(se délecter avec modération entre copains)




CUISINE
de nos lecteurs

¤¤¤ LA CHAKCHOUKA AUX OEUFS ¤¤¤
De Jacqueline N.

Ingrédients :
¤ Pour 6 personnes :
¤ 500g de tomates mures, pelées, épépinées et coupées en morceaux,
¤ 2 courgettes,
¤ 4 poivrons verts et rouges,
¤ 4 oignons,
¤ 1 sucre (si les tomates ne sont pas trop mures),
¤ 5 à 6 cuillères à soupe d'huile d'olive, sel, poivre, harissa, ail
¤ 5 à 6 brins de persil
¤ 1 ou 2 oeufs par personne suivant le choix personnel

¤¤¤ Préparation ¤¤¤

           Après les avoir épépinés, coupez les courgettes, oignons et les poivrons en lamelles, faites-les revenir à feu doux dans l'huile d'olive, jusqu'à ce que les poivrons ramollissent, et que les oignons prennent un peu de couleur. Ajoutez ensuite les tomates, le sucre, l'ail écrasé, salez, poivrez, laissez mijoter environ 30mn à feu doux.
          2 ¤Mettre l'harissa selon le goût de chacun, bien remuer. Certaines familles ajoutaient des aubergines coupées en fines rondelles. Sur le dessus de la préparation, mettre le persil haché.
          3 ¤Avec une cuillère à soupe, préparer des espaces répartis de façon régulière dans la chakchouka de façon à pouvoir y verser les oeufs dedans après les avoir cassés. Quand les blancs sont cuits, servez aussitôt.   


ANECDOTE
Envoyé par M. Marius Longo
 JUJUBE Roi Reproducteur

      Bien chers amis bônois

                 Jujube dont vous avez certainement suivi son mariage avec Vanille sur la Seybouse N° 26 en 2004, avait divorcé pour cause de mésentente pour avoir un anon.
      Jujube redevenu célibataire s'est découvert une âme de coureur d'anesse me fait l'immense plaisir de présenter son le fils né le 11 avril 2012 à 8h.

Photo Marius Longo

      Il se nomme AUGU et les photos prises le jour même à 16h montrent que la maman "Sardine " et la petite merveille se portent bien.
Photo Marius Longo

      Je vous envoie les dernières photos de "MOI et AUGU" qui agrémenteront j'en suis sûr les publications sur notre chère ville de BONE.
      J'ai choisi ce prénom pour faire un petit clin d'oeil à tous nos amis bônois fidèles lecteurs des journaux que vous avez le mérite de publier.

      Comme un bonheur n'arrive jamais seul, Jujube me permet aussi d'annoncer la venue de sa fille Pomette issue de sa galante rencontre avec Margot.
Photo Marius Longo

      "POMMETTE" née le 3 mai, fille de Jujube et de Margot, ressemble comme 2 arbouses à son père Jujube. Tout ça pour vous dire pourquoi j'ai choisi ce prénom. Encore un petit clin d'oeil à nos souvenirs d'enfance et à nos bônois.
Photo Marius Longo
EN FAMILLE

      Pour la petite histoire, Jujube est reparti au boulot dans un autre parc où il doit s'occuper de 2 autres ânesses.
      Je vous dis, DSK, c'est rien à côté, il peut s'attacher une gamelle!
      Je vous souhaite une bonne journée
      Marius Longo, heureux grand-père du renouvellement des générations.


Retrouvailles du Kouif
envoyé par M. Guy d'Ennetières

Bonjour les Amis
Mois de juin, mois traditionnel de retrouvailles, je vous annonce que pour la 3ème fois, après 2007 et 2009, les anciens du Kouif se sont donnés rendez-vous à Super-Besse, en Auvergne, du 21 au 25 juin, pour commémorer le 50ème anniversaire de notre départ.
Comme d'habitude nous aurons une exposition photos sur notre village natal (2 grandes salles avec 52 panneaux de photos) mais aussi d'anciens documents, des lampes de mineurs, des affiches, des livres etc..
De plus seront projetés des films amateur tournés entre 1956 et 1960, 5 diaporamas sur Le Kouif et 4 diaporamas sur Tebessa.
Plus de 15.000 photos des villes d'Algérie seront consultables sur CD dans un carré réservé à cet effet.
Comme d'habitude le journal La Montagne viendra faire un reportage, on vous attends nombreux.
Bien amicalement,
Guy d'Ennetières

   Mémoires d'un ancien Radiotélégraphiste    
Par M. Paul Bonnici

Mémoires d'un ancien Radiotélégraphiste du Service des Transmissions
à la Préfecture de Bône en Algérie au
moment des évènements du 13 mai 1958.

         Alors que j'exerçais la profession d'Opérateur Radio-Télégraphiste à la toute nouvelle Préfecture de Bône, qui depuis 1957 était devenue chef-lieu du département du même nom, si mes souvenirs sont exacts, dans la nuit du 24 au 25 Mai 1958, j'assurais le service de nuit ( de 20h00 au lendemain 08h00 ).

         La nuit était relativement calme au niveau trafic radio et toutes les heures je devais répondre aux C.O. ( appel général ) sur la fréquence principale dirigé par le G.G. d'Alger dont l'indicatif était TLA 20 occupé par l'armée et les civils du Comité de Salut Public.
         Il était 23h00 et, à la fin du CQ général, une station dont l'indicatif ne faisait pas partie de notre réseau essayait d'entrer en contact avec Alger.
         Me rendant compte qu'Alger ne le recevait pas, je lui proposais de prendre son message et de le lui retransmettre ( OSP ) me trouvant géographiquement entre les deux stations. Après la réception terminée et collationnée je lui donnais le QSL ( accusé réception ).
         Par précaution, comme il s'agissait d'un message codé je décidais de le passer par TELEX, ce qui fut fait.
         J'ignorais totalement sont contenu et, le matin, à la première heure, Radio Alger annonçait que la CORSE venait de se rallier au mouvement du 13 Mai.

         Dans les instants qui ont suivi cette annonce, le Chef du Service du Chiffre de la Préfecture est venu me demander de lui transmettre la copie de ce message. Je ne me suis pas posé la question de savoir qui lui avait dit, que j'avais servi d'intermédiaire et j'ai accédé à sa demande.

         Cela ne faisait aucun doute, j'ai eu confirmation par la suite, il s'agissait bien du message que j'avais retransmis dans la nuit.
         Paul BONNICI

Photo Paul Bonnici


La Chapelle de la Vierge Noire
Par M. Christian Camilleri

Photo Christian Camilleri

                 A Bône nous avions, en allant vers la plage Toche, la Chapelle de la Vierge Noire où des pélerinages se sont déroulés les 15 août quand le pélerinage en mer était impossible pour cause de mauvaise mer.
                 C'est la seule photo que je posséde de cette Chapelle, on ne voit pas la Vierge Noire. Par contre elle date de 1981 avec au centre une cousine à mon épouse, Denise Belmonte entourée de deux bônoises amies.
                 Si un ou des lecteurs avaient des photos de cette vierge Noire, pouvez-vous les envoyer à la Seybouse, SVP.
                 D'avance, merci, Christian Camilleri

A ma mère
Jocelyne MAS

 Photo Jocelyne MAS         

Un ange est venu ce matin,
Prendre ma mère par la main,
Pour l'emmener vers Bains-Romains.

Entêtée et ordonnée,
Amoureuse d'Alger.
De sa terre natale aimant
Tout, le ciel, la mer,
Le sable ondoyant
De ses plages et de son désert.

Généreuse et méticuleuse,
Courageuse et chaleureuse.
Charmeuse et collectionneuse,
Un tant soit peu rêveuse.

Dans le ciel de velours sombre,
Une étoile est née.
Elle brille un peu plus que les autres,
Pour que nous puissions la repérer,
Dans l'univers des ombres.

Maman, ton souvenir
Éclairera nos lendemains.
Jocelyne MAS
Poète-Ecrivain http://www.jocelynemas.com

                                                        Jocelyne MAS



LE TEMPS DES SOUVENIRS.
par M. Serge Molines, Octobre 2007

          Passe le temps sur ma mémoire, mais laisse intact mes souvenirs…Je regarde par la fenêtre, Novembre est là. Le ciel est gris. Au loin la forêt a pris ses teintes automnales et les arbres perdent leurs feuilles qui tourbillonnent avant de s’immobiliser sur le sol. Un vent léger et froid vient à bout de la résistance que mettent beaucoup d’entre elles pour rester accrochées aux branches. Elles sont le témoin de la belle saison d’Eté qui se termine lentement et pendant laquelle, elles ont apporté fraîcheur et ombre bienfaisantes.
          Dans le jardin, il reste encore quelques roses, les toutes dernières. Elles sont encore belles et ne semblent pas vouloir disparaître mais pour combien de temps ?.. Papillons, abeilles, coccinelles ont déserté les lieux et bientôt les mésanges viendront réclamer leurs boules de graisse. Le hérisson aussi, compagnon nocturne du jardin est allé s’endormir quelque part. La fuite des beaux jours m’attriste et j’appréhende le spectre de l’hiver qui arrivera bientôt. Tiens voila quelques gouttes qui s’écrasent sur la vitre. Je les regarde couler lentement comme des larmes, comme celles qui ont coulé sur mon visage quand j’ai quitté dans la solitude la plus complète, mon Algérie voila maintenant tant d’années.
          C’était un jour de juin, il faisait un temps éblouissant. Mon doux pays ne voulait pas que je parte sous la pluie, pas même sous le moindre nuage alors il m’offrait tout ce qu’il y avait de plus beau en ce jour maudit .Un ciel d’un bleu unique , un soleil éclatant et une chaleur douce et généreuse pour réchauffer ce cœur meurtri qui battait dans ma poitrine. Je ferme les yeux sur cette nature qui se dégrade pour les ouvrir sur d’autres lieux, d’autres horizons lointains. Je m’évade lentement, porté par une envie irrésistible de retrouver mon passé la-bas dans ce pays merveilleux où je suis né. Mon âme vagabonde au-delà de la mer, je fais le chemin à l’envers. Mon dieu qu’il est bon de retrouver ma maison aux murs blancs et aux volets bleus. Je revois maman assise sur le grand balcon entrain de lire le journal.
          Juste en dessous, dans notre jardin, à droite un citronnier, à gauche un oranger, au milieu un gigantesque bougainvillée et contre le mur un immense jasmin qui remplissait le jardin d’un parfum capiteux qui se mêlait habilement à celui du citronnier et de l’oranger. Je me souvenais de ces petites musulmanes du quartier qui venaient ramasser les petites corolles blanches pour en faire de longs colliers. Je pense aussi à tous nos jeux d’enfants, nos baignades au piquet blanc, combien de fois nous l’avons emprunté cette passerelle et ce petit chemin qui longe le cimetière en poussant nos bouées qui ressemblaient étrangement à des chambres à air de roues de voitures. Un air frais souvent chargé de sable s’engouffrait dans ce petit chemin et venait fouetter nos visages.

          Au bout il y avait la route Moutonnière, les dunes, la plage, l’évasion.. Et cette délicieuse Mouna que nous allions déguster dans la forêt de Kouba juste au dessus de chez nous. Dés le matin, on pouvait apercevoir des familles entières gravir la Rue Louis Barthou et se diriger vers la forêt avec le cabassette. La soubressade, l’anisette et le vin rosé frais, avaient ce jour là un rôle particulier à jouer : celui de réunir, de partager, d’être tout simplement heureux. Tout se passait dans la bonne humeur, il faisait beau et nos rues résonnaient toujours de cris et de rires d’enfants. L’Eté, pour nous remettre des fortes chaleurs de la journée, nous prenions le frais devant la porte. Instant magique et sans pareil pendant lequel nos parents refaisaient le monde. Je continue à tourner les pages de mon album de souvenirs.. Nous sommes maintenant de jeunes hommes et de jeunes filles, on arpente la rue de Constantine dans une atmosphère joyeuse, bruyante et nonchalante. On se croise on se retourne, on se sourit. Tout à l’heure le bal va nous permettre de faire plus ample connaissance, nous rapprocher pour des danses endiablées ou nous enlacer pour un tango langoureux…

          Un jour il a fallu dire adieu à tout cela, quitter le cœur lourd ce pays magique et féérique pour nous installer dans un pays différent, bien loin de nos coutumes, de notre façon de vivre et de notre façon de nous exprimer. Comme la vie va être difficile sans toi … Belle terre d’Algérie écrasée de soleil et de passion, nous avons toujours une pensée affectueuse pour toi et laissé en ton sein une partie de notre cœur.
          Tu as regardé tes enfants se tourner le dos et se séparer dans le bruit infernal des armes toujours plus fort, toujours plus cruel, toujours plus violent, ne laissant derrière lui que déchirements, larmes, peines et deuils. Les années ont passé et nous avons pu un jour nous retrouver avec émotion et pudeur, comme deux êtres qui s’aiment et qui se rencontrent pour la première fois. Nos gestes sont timides et maladroits, nous ne savons quoi dire, quoi faire. Instant magique où nous nous retrouvons enfin, chacun essayant de partir à la conquête de l’autre. Toutes ces senteurs de jasmin, de citron, d’orange de menthe, de cumin, de cannelle éveillent en nous de tendres souvenirs qui remontent à la surface et viennent illuminer nos yeux de millions d’étoiles. Oui passe le temps sur ma mémoire et laisse intact mes souvenirs… laisse moi encore longtemps la possibilité de me souvenir de ce passé car il a été tout au long de ma vie un précieux réconfort, un refuge.
          Le temps est venu de refermer l’album de ces merveilleux souvenirs. Je sors de mes pensées sans avoir pleuré, je fais de gros progrès….
Serge MOLINES



PHOTOS
Diverses de BÔNE
Photos de M. J. Bena
Envoyé par M. Charles Ciantar
Cours National - Bertagna
Photo Charles Ciantar
Photo Charles Ciantar
Eglise
Photo Charles Ciantar
Photo Charles Ciantar
Photo Charles Ciantar
Hôtel d'Orient
Photo Charles Ciantar
Photo Charles Ciantar
Humour
Photo Charles Ciantar
Marché
Photo Charles Ciantar
Monuments aux Morts
Photo Charles Ciantar
Les Cigogneaux
Photo Charles Ciantar

Envoyé par M. Claude Fretat
Le Cercle des Nageurs de Bône (CNB)
Photo Claude Fretat

Envoyé par Mme. Francine Di-Costanzo
Destruction du Monument aux morts
Photo Francine Di-Costanzo

LIVRE D'OR de 1914-1918
des BÔNOIS et DUZERVILLOIS

Par J.C. Stella et J.P. Bartolini


             Comme les morts de 1914-1918 enregistrés sur la circonscription de Bône et de Duzerville, ceux de Penthièvre méritaient un hommage qui m'a été demandé et avec Jean Claude Stella nous l'avons fait et cela vient d'être mis en oeuvre.
             Jean Claude a effectué toutes les recherches et il continu. J'ai crée les pages necessaires pour Penthièvre, des pages qui seront complétées plus tard par les actes d'état civil.
             Vous, Lecteurs et Amis, vous pouvez nous aider. En effet, vous verrez que quelques fiches sont agrémentées de photos, et si par hasard vous avez des photos de ces morts ou de leurs tombes, nous serions heureux de pouvoir les insérer.
             De même si vous habitez près de Nécropoles où sont enterrés nos morts et si vous avez la possibilité de vous y rendre pour phographier des tombes concernées ou des ossuaires, nous vous en serons très reconnaissant.
             Ce travail fait pour Bône, Duzerville et Penthièvre va être fait pour d'autres communes de la région de Bône.

POUR VISITER le "LIVRE D'OR des BÔNOIS de 1914-1918" , ceux de DUZERVILLE et de PENTHIEVRE :

             Le site officiel de l'Etat a été d'une très grande utilité et nous en remercions ceux qui l'entretiennent ainsi que le ministère des Anciens Combattants qui m'a octroyé la licence parce que le site est à but non lucratif et n'est lié à aucun organisme lucratif, seule la mémoire compte :  
                         J.C. Stella et J.P.Bartolini.
 

POUR QUI SONNE LE GLAS ?...
Par M. José CASTANO, 16 Avril 2012


" L'Occident n'a pas encore compris que les Blancs, dans un monde devenu trop petit pour ses habitants, sont maintenant une minorité et que la prolifération des autres races condamne notre race, ma race, irrémédiablement à l'extinction dans le siècle à venir, si nous nous en tenons à nos actuels principes moraux "
(Jean Raspail)

          Maurras disait que " la république ", " c'est en France, le règne de l'étranger ". Les conséquences sont là d'une démographie que nous subissons, d'une décolonisation qui a réduit les pays du Tiers-monde à la misère et contraint le pauvre à s'exiler vers les pays riches pour y trouver du pain et de la sécurité… entraînant par là même l'insécurité et la déstabilisation de ces pays. Cependant, les hommes du Tiers-monde découvrent peu à peu qu'ils détiennent une arme terrible dont ils n'avaient jamais soupçonné l'existence. Leur force réside dans leur nombre et devant cette marée gigantesque, tout pliera un jour.

                      L'Occident atterré recevra alors la révélation de sa faiblesse et de son laxisme et sera balayé, submergé, rasé, anéanti comme un fétu emporté par une tempête. Partout montent déjà les clameurs des peuples abusés qui le menacent et le vouent à une mort certaine, rendant actuelle la prophétie émise par le président algérien Boumediene à la tribune de l'O.N.U : " Un jour, des millions d'hommes quitteront les partis méridionales pauvres du monde, pour faire irruption dans les espaces relativement accessibles de l'hémisphère Nord, à la recherche de leur propre survie. " Ces propos remontent à 1974. C'était hier. Mais c'est aujourd'hui qu'ils deviennent réalité sous nos yeux…

                      Nous avons dans l'Histoire des exemples qui montrent la décadence puis la destruction d'une civilisation par l'entrée massive de barbares en son sein. L'empire de Byzance et l'Empire Romain ont décliné puis disparu, victimes de ces invasions. L'entrée massive des palestiniens au Liban a fait de ce pays une terre de désolation. Cela devrait faire réfléchir nos idéologues partisans d'une société multiraciale. Jamais la boutade de Maurras n'a été de plus d'actualité : " Quand Syracuse est prise, Archimède est égorgé, et tant pis pour le théorème ".

                      En 1962, le prétexte fallacieux invoqué pour l'abandon de l'Algérie était, selon les propres termes de De Gaulle " qu'elle coûtait plus chère qu'elle ne rapportait ". On a vu ce que cette indépendance entraîna pour la France de conséquences néfastes…

                      Aujourd'hui, nouvelle édition revue et corrigée par bon nombre de nos illustres " têtes pensantes ". " L'Histoire, comme une idiote, mécaniquement se répète ", disait Paul Morand. Rien n'est moins vrai car, comme en 1962, apparaissent les ambitions à court terme de gouvernements veules, d'hommes politiques, de chefs de partis aveuglés par de maigres illusions et d'usuriers aux aguets du bénéfice qu'ils réalisent en exploitant " l'antiracisme " à leur profit. Pour exemple, on estime à plus de trois millions d'euros, le produit de la vente des badges de SOS Racisme " Touche pas à mon pote ! ", depuis leur création. Seul le prétexte a changé : Il s'agit désormais de " la lutte contre le nationalisme français " baptisé racisme.

                      C'est donc l'identité française qui est menacée au nom d'un cosmopolitisme qui a ses racines dans toutes les classes de la société et, force est de constater, qu'en période électorale, notamment, une littérature foisonnante et pullulante se développe dans une certaine presse, qui se propose d'une part de casser l'idée nationale et d'autre part d'utiliser ces masses flottantes d'immigrés comme une légion étrangère de la Révolution. Un machiavélisme féroce et irréfléchi préside à l'élaboration du grand crime qui se prépare. La vérité est altérée par des récits orientés à l'excès et par omission systématique de tout ce qui conviendrait le mieux de mettre en lumière, tout cela afin de convaincre l'opinion publique que vouloir sauvegarder l'identité de sa patrie et de la civilisation dont elle fut le creuset n'est rien d'autre que du racisme. Robert Menard, dans un livre : " La censure des bien-pensants " chez Albin Michel, dénonce cette force obscure et gauchisante, à contresens de l'esprit pluraliste dont la France et nous, le peuple, avons besoin.

                      Faut-il attribuer ce mal à l'acharnement que nous mettons entre Français, non seulement à nous entre-déchirer, mais même à donner un effet rétroactif à nos divisions du moment ? Ces causes se rendent-elles compte du mal qu'elles distillent autour d'elles ? Ne semblerait-il pas plutôt qu'elles aient été enrôlées au service d'une entreprise voulue, calculée, facilitée par ces divisions chroniques que la France traîne comme un boulet depuis des siècles ? " La France est le seul pays du monde où, si vous ajoutez dix citoyens à dix autres, vous ne faites pas une addition, mais vingt divisions " écrivait Pierre Daninos dans " Les carnets du major Thompson ".

                      Il est certain toutefois que bon nombre de Français égarés par d'effrontés mensonges écouteraient la voix de la vérité et du bon sens si on prenait la peine de la leur faire entendre. Victor Hugo se plaisait à dire qu'" une calomnie dans les journaux c'est de l'herbe dans un pré. Cela pousse tout seul. Les journaux sont d'un beau vert ". Mais il appartient à tous ceux qui se réclament du monde libre de réagir. Rien n'est jamais achevé dans un temps qui se poursuit. La vérité -que bon nombre entrevoient déjà - et la justice mettent toujours longtemps à se lever sur le monde ; malheureusement quand elles sont enfin là, il est souvent trop tard !... Et Charles Péguy de nous avertir à ce sujet : " Le triomphe des démagogies est passager, mais les ruines sont éternelles "…

                      Jaurès s'est écrié un jour : " Le courage c'est de chercher la vérité et de la dire, c'est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe ! "

                      Aujourd'hui, après des années de lutte, maints écrits, maintes interventions et conférences sur les dangers que nous encourons face à l'immigration massive et incontrôlée, à la montée du fondamentalisme islamique et à l'islamisation inéluctable de la France, j'ai conscience d'avoir dit la vérité, même si celle-ci a parfois choqué les adeptes d'une tolérance irréfléchie, stupide et suicidaire entraînant à mon endroit les pires insultes. " Dire la vérité est utile à celui à qui on la dit, mais désavantageux à ceux qui la disent, parce qu'ils se font haïr " soutenait Blaise Pascal... Cependant, pour avoir connu les affres du terrorisme, de la guerre civile, l'exode et l'exil, l'expérience du passé m'incite à conclure dans ce qui, aujourd'hui, est mon ultime article, que, comme en Algérie, la tactique, dite du " salami " est utilisée en France et il se trouve, toujours des responsables politiques de tous bords, des usuriers, ou simplement des opportunistes du " show biz " pour faire digérer chaque tranche à une opinion publique assoupie depuis des lustres. " Ce peuple que tu as trahi, il oubliera jusqu'à ton nom " écrivait le poète Arnulf Overland… Seulement, ces gens là seront, à leur tour, défenestrés et l'Histoire traînera leurs noms dans la fange. Mais ce sera une piètre consolation pour un peuple enchaîné. Jamais la prophétie de Lénine n'a été aussi véridique et sur le point de se réaliser : " L'Occident nous vendra la corde pour le pendre ".

"Si vous ne changez pas en vous-même,
ne demandez pas que le monde change"


PEUPLE DE FRANCE..… REVEILLE-TOI !

" Nous sommes dans une époque où le consentement au pire semble se faire fort aisément, où tout concourt à ce consentement, par passivité, aveuglement volontaire ou non, lâcheté, résignation…
La marche vers l'autodestruction qui hante ce pays (la France) le mène à sa perte doit être arrêtée "

(Guy Millière)

-o-o-o-o-o-o-o-

A cause d’un proxénète français, le FLN a le feu aux fesses !
Envoyé par M. Pierre Barisain
http://fr.novopress.info/112764/a-cause-dun-proxenete-francais-le-fln-a-le-feu-aux-fesses/

L’Algérie connaît un énorme scandale politico-porno. Un réseau de prostitution avec des mineures a été démantelé, que fréquentaient des hommes politiques du FLN, le parti du président Bouteflika. Grand organisateur de ces parties fines, un Français, qui se présente comme l’ancien collaborateur d’un premier ministre de François Mitterrand !

           En Algérie, le 10 mai, les électeurs sont invités aux urnes pour élire leurs députés. Or, à l’affiche et au programme, s’imprime un énorme scandale à caractère sexuel ! Le 18 avril, dans un quartier chic d’Annaba (photo en Une), ville de la côte est, à 600 km d’Alger, la police a perquisitionné la villa d’un certain Jean-Michel Baroche. Depuis, ce résident français âgé de 67 ans et quatre de ses complices couchent en prison. Les chefs d’inculpation retenus contre eux illustrent la nature de leurs activités: détournement de mineures, incitation à la débauche, viol, avortement, distribution de drogue et production de films pornographiques ! Le scénario était ainsi ficelé: dans sa villa transformée en lupanar, Baroche recrutait des jeunes filles âgées de moins de 18 ans qu’il servait sur canapé à des invités de la bonne société, dont d’impudiques et in discrètes caméras filmaient les ébats.

           De quoi enclencher la minuterie d’une bombe médiatique… Sur une vidéo saisie par la police, on verrait se livrer à des jeux interdits Saâdni Abdenacer, vice-président du conseil municipal d’Annaba et surtout candidat aux législatives sur la liste du FLN, le parti laïc du président algérien Abdelaziz Bouteflika. Sautant sur l’occasion, les islamistes rient dans leurs barbes et dénoncent les mœurs dissolues des membres du FLN. Une récupération politique qui interpelle. Dans le journal « El Watan », Baya Hadad, présidente de l’Association des femmes algériennes pour le développement, se pose des questions: « Pourquoi les services de sécurité ont-ils choisi la campagne électorale pour mettre au grand jour ce scandale sexuel ? Cela ne peut qu’aider les islamistes dans leur quête de pouvoir. Bien que je condamne avec les plus fermes propos cette atteinte aux mœurs, le moment n’est pas opportun »

           Une affaire de fesses qui profite aux barbus

           Tic-tac, tic-tac… En Algérie, le mécanisme de la bombe met les nerfs à vif. Car Saâdni Abdenacer ne serait pas la seule personnalité du FLN à tremper dans ce bain de boue. Le « Seybouse Times », quotidien d’Annaba, annonce le pire: « Gageons que dans les jours qui viennent, d’autres grosses têtes tomberont dans les nasses des limiers de nos services de sécurité. (…) La face cachée de cette sale histoire n’a pas encore livré tous ses secrets. Pour certains fonctionnaires proches du dossier, ça va tout simplement mal finir. »

           Et l’on s’interroge sur les réels dessous de cette histoire sans dessous- dessus. Pour le journal algérien « La Nouvelle République », derrière l’affaire classée X se cacherait une officine d’espionnage, dont Baroche serait l’officier traitant: « C’est parce qu’il avait cru qu’il était en terrain conquis que le Français allait se découvrir. C’est-à-dire en préparant les adolescentes à des missions de renseignements à récolter auprès des hauts responsables algériens en recherche de plaisirs charnels. Ces responsables devaient cependant être détenteurs de certains dossiers confidentiels sur l’ensemble des aspects de gestion de la wilaya (l’équivalent d’un conseil général français, ndlr) et même du pays. » Que des gamines jouent les Mata Hari pour obtenir de leurs partenaires des confidences sur l’oreiller peut paraître extravagant. Il n’empêche. Pourquoi les parties fines qu’organisait Jean-Michel Baroche étaient-elles filmées? Certainement pas pour offrir un enregistrement souvenir aux participants. Alors était-ce pour les faire chanter? Ou pour monter des dossiers compromettants ? Qui est vraiment Jean-Michel Baroche ?

           Baroche, Mitterrand et les 40 voleurs

           Il y a quelques temps, il exerçait ses talents en Tunisie, où il avait créé « Glamour arabian talent », officiellement une agence de communication destinée à vanter l’attractivité touristique du pays.

           Mais après « la révolution de jasmin » en janvier 2011 et la chute du président tunisien Ben Ali, Baroche a franchi la frontière et s’est installé à Annaba, où il a fondé l’« Algerian Development Agency », une coquille vide.

           Alors, en réalité, à quel jeu subtil jouait-il? Car à 67 ans, ce n’est pas un perdreau de l’année. Il a des heures de vol et un certain sens des affaires. Quand il a été arrêté, la presse algérienne a ainsi souligné qu’il se présentait volontiers comme l’ancien collaborateur d’un premier ministre français. Eh bien, « Minute » vous le confirme, Baroche n’est pas un mythomane ! Il a bien fréquenté Mitterrand. Le 5 juin 1991, Edith Cresson, alors premier ministre du Florentin, avait personnellement adressé à Jean-Michel Baroche une lettre de mission: « J’ai pris connaissance du dossier que la société S.B.A. de Châtellerault m’a remis à propos de l’équipe française que vous avez formée. (…) Je souhaite vivement que la qualité de cette technologie, que la société du ministère de l’Intérieur français, Sofremi, s’apprête à prendre sous sa responsabilité, vous permette de mener à bien vos négociations avec les autorités koweitiennes. »

           De quoi s’agissait-il? A la suite de la guerre du Golfe, les puits de pétrole du Koweit étaient en feu.

           A Nice, un ingénieur, Joseph Ferraye, avait alors imaginé une espèce de cloche permettant d’étouffer les flammes. C’est cette technologie qu’Edith Cresson, avec le concours de son ministre de l’Industrie et du Commerce extérieur, un certain… Dominique Strauss- Kahn, réussit à vendre au Koweit. L’émirat débloqua 22 milliards de dollars.

           Mais jamais l’inventeur Joseph Ferraye ne toucha le moindre centime ! Quant aux 22 milliards, ils n’ont laissé aucune trace, étant partis en… fumée! Alors maintenant, si après s’être intéressée aux coucheries d’Annaba, la justice algérienne pouvait demander à Jean- Michel Baroche en quoi consistait exactement la mission que lui avait confiée Edith Cresson, on lui en serait reconnaissant. Car en France, l’affaire des milliards du Koweit demeure toujours un mystère.

          Pierre Tanger


Aspect positif de l'époque coloniale
Envoyé par M. Pierre Barisain

           BéjaÏa, Jeudi, 03 Mai 2012 10:00
           La ferme agricole Tazeboudjt de nouveau incendiée
           Par : http://www.liberte-algerie.com/algerie-profonde/la-ferme-agricole-tazeboudjt-de-nouveau-incendiee-bejaia-177328

           La ferme agricole, sise à Tazeboudjt, sur la côte est de Béjaïa, a été de nouveau la cible de saccage et d’incendie. Bilan : le centre équestre avec ses box ainsi que la maison du propriétaire ont été incendiés et les murs détruits à coups de pioche.

           La même ferme avait été, pour rappel, l’objet le 14 avril dernier d’une opération similaire par manifestement les mêmes assaillants, qui avaient détruit une partie de la ferme. Selon le fils du propriétaire, joint au téléphone hier, son frère, qui se trouvait sur place, “a été sauvé in extremis”. Il sera évacué ainsi que d’autres membres de la famille “pour laisser place aux agresseurs, qui sont revenus à la charge en plein jour, soit aux environs de 9h15”. Alertés, les services de sécurité “ne sont pas intervenus”, a regretté le même interlocuteur : “Ils attendent sans doute qu’il y ait mort d’homme pour le faire. S’ils les avaient interpellés le samedi 14 avril dernier, ils ne seraient pas revenus à la charge cette semaine d’autant qu’ils avaient menacé de revenir samedi dernier, soit le 21 avril.” Pour permettre aux lecteurs de se faire une idée sur cette affaire, qui oppose les deux douars Aït-Amar Ouali et Aït-Temmesyet, un rappel des faits s’impose. D’abord, l’enjeu ? Un terrain de plusieurs hectares d’où on a une vue imprenable sur le golfe de Béjaïa de Tazeboudjt à Saket en passant par Boulimat. Si le problème a surgi depuis la fin de l’année 2009, le contentieux est vieux de plus d’un siècle. En 1857, les habitants des deux douars se sont affrontés. Bilan : sept morts. Les autorités coloniales étaient intervenues et avaient obligé les sages des deux parties à se mettre autour d’une table. Un accord a été trouvé. Un rocher géant a été choisi comme limite territoriale entre les deux parties : Ablat Akendjouh ou Ablat lfatiha sur lequel a été conclu l’accord, suivi d’une prière. Depuis, les habitants des deux douars ont vécu en harmonie sans le moindre accroc. Il y a eu des mariages. Ils ont lutté ensemble durant la guerre de Libération nationale etc. Même lorsqu’ils ont commencé à ériger des cabanons, chacun avait son territoire. Mais depuis à peu près 2009, muni d’un sénatus-consulte, les représentants de cinq villages des 29 que compte le douar Aït-Amar Ouali ont décidé qu’ils étaient les propriétaires exclusifs de ce territoire. La réaction des habitants d’Aït-Temmesyet ne s’est pas fait attendre. Sur le sénatul-consulte, il est indiqué en caractère gras qu’“en aucun cas, ce document ne pouvait être considéré comme un acte de propriété.”
           Les habitants d’Aït-Temessyet avaient présenté des actes quasiment de la même valeur. Ils avaient pris la peine d’enregistrer leurs terrains lors du premier recensement, initié par les nouvelles autorités au lendemain de l’Indépendance, soit en 1972.
           Et dans leur démarche, ils avaient interpellé les autorités locales pour qu’elles interviennent et évitent qu’il y ait effusion de sang. L’exploitant agricole fait partie du douar Aït-Temessyet, a-t-on souligné. Malheureusement, plusieurs agressions avaient eu lieu, lesquelles avaient été suivies de dépôts de plainte, elles demeurent sans suite, a-t-on regretté. Pis encore, leurs voitures avaient été saccagées. Interrogés sur le sujet, les membres de l’association socioculturelle Tazeboudjt ont estimé, de leur côté, qu’ils avaient eu aussi leurs blessés, façon de dire qu’ils n’avaient fait que riposter. Seule l’enquête pourrait déterminer les circonstances exactes. Et comme le conflit perdure sans que les autorités daignent intervenir, les autres habitants d’Aït-Amar Ouali - dont les villages avaient été exclus du partage - sont montés au créneau pour réclamer leur part du territoire.
           M. O.

           NDLR: On croyait que l'époque coloniale de l'Algérie française n'avait aucun aspect positif ( merci Chirac et JL Debré !) et on découvre que les autorités coloniales avaient permis l'harmonie sans accroc durant plus d'un siécle !
           A noter que Tazeboudjt est au nord ouest et non à l'est de Bougie, donc en Grande Kabylie.
           Certains commentaires ajoutent que plus qu'un désaccord de propriété, il s'agirait d'un "lieu de débauche"...L'islamisme n'est pas loin.

         


A toutes nos Mamans
Jocelyne MAS

         
       Aujourd'hui, je souhaite une Bonne Fête à toutes les mamans qui sont encore avec nous. Je leur demande de raconter, raconter encore leurs souvenirs à leurs enfants et à leurs petits-enfants car dans leur mémoire se trouve nos racines et notre vie.
       Enfants n'oubliez jamais.

Et à toutes celles qui ont rejoint le Pays des Braves, voici une ode, car leur amour nous accompagne toujours. Elles veillent sur nous, nous protègent et nous aiment.

"Je pense à ma mère,
et je vois ses yeux rieurs.
Je pense à ma mère,
et je vois son sourire éclatant.
Je pense à ma mère,
et j'entends son rire cristallin.
Je pense à ma mère,
et mon cœur bat plus fort.
Je pense à ma mère,
et je pleure.
Je pense à ma mère,
et je sais qu'elle me voit.
Je pense à ma mère,
et je vois une étoile briller dans le ciel."
Jocelyne MAS
Poète-Ecrivain http://www.jocelynemas.com

                                                        Jocelyne MAS



LES ANNALES ALGERIENNES
De E. Pellissier de Reynaud (octobre 1854)
Envoyé par Robert
LIVRE XIV
Nature des rapports entre le général Voirol et M. Genty de Busse. -- Actes administratifs. - Justice. Domaine, finances, commerce, agriculture, travaux publics, police, voirie, etc. - Commission d'Alger. - Aperçu de ses travaux. - Démêlés du général Voirol et de l'intendant civil. - Affaire Sofar. - Conversion d'une Mauresque à la religion chrétienne et suites de cette affaire. - Nomination du général Drouet comte d'Erlon aux fonctions de gouverneur général des possessions françaises dans le nord de l'Afrique, et de M. Lepasquier à celles d'intendant civil. - Départ de M. Genty. - Départ triomphal du général Voirol.

         On a vu combien le général Voirol fut gêné dans ses relations avec les Arabes par la crainte de faire plus que ne le comportait sa position intérimaire. Dans les opérations administratives, la préoccupation de ce même intérim le mit, dès le principe, dans la dépendance absolue de M. Genty de Bussy. Sa soumission était en quelque sorte justifiée par celle du conseil d'administration. M. Genty avait disposé les choses de manière à ce qu'il n'y avait jamais d'ordre du jour pour régler les travaux de ce conseil de sorte que, les membres arrivant en séance sans s'être préparés sur les matières qui devaient y être traitées, M. l'intendant civil, qui par sa position avait l'initiative de presque toutes les mesures, restait maître absolu des délibérations, et faisait passer tout ce qu'il voulait.
         Si M. Genty eût triomphé avec modestie, s'il n'eût pas affiché trop ouvertement la supériorité intellectuelle qu'il croyait avoir sur le général Voirol, et la supériorité d'influence administrative malheureusement trop réelle qu'il avait usurpé sur lui, peut-être ce dernier n'aurait jamais songé à secouer un joug qui ne tarda pas à lui peser; mais lorsqu'il vit que l'intendant civil ne travaillait que dans l'intérêt de son amour-propre, sans ménager le moins du monde celui de son supérieur, sa susceptibilité d'homme et de chef se réveilla, et il en résulta une réaction dont les effets furent peu agréables pour M. de Bussy, ainsi que trous ne tarderons pas à le voir.
         Nous allons faire connaître aux lecteurs, par branches de service, les principales dispositions administratives prises sous le commandement du général Voirol.

         Justice. Plusieurs causes ayant diminué momentanément le nombre des juges à Alger, un arrêté du 92 juin 1835 réduisit à cinq celui des membres de la Cour criminelle. Les condamnations durent être prononcées à la majorité de quatre voix. Cet arrêté n'était que transitoire, mais les dispositions en furent rendues permanentes par un autre arrêté du 2 avril 1854, pour toutes les circonstances où, par suite d'un empêchement quelconque, le nombre des juges se trouverait au-dessous de sept.

         Domaine. Nous avons vu dans le 5° livre de cet ouvrage que le général Clauzel avait signé, le 8 novembre 1850, un arrêté qui interdisait l'aliénation des biens domaniaux, et qui n'en permettait la location que pour trois ans. Cette mesure était fort sage. M. Clauzel comprenait le parti que l'on pourrait tirer de ces biens dans l'intérêt de la colonisation, et il ne voulait pas que l'Etat s'en dessaisit au profit de quelques spéculateurs. M. Genty de Bussy résolut, j'ignore par quel motif, de changer cette législation. En conséquence, un arrêté du 2 avril 1834 autorisa les locations ou concessions d'immeubles ruraux, à l'amiable ou par adjudication, pour un temps qui pouvait aller jusqu'à 99 ans. Il en fut de même des masures, emplacements de démolition et autres locaux de peu de valeur. Les maisons, magasins et boutiques ne purent être loués que pour 3, 6 ou 9 ans, et par voie d'adjudication.
         Le 23 avril 1834, un arrêté rappela que toute aliénation ou location d'immeubles séquestrés était nulle, et prononça la peine de la destitution contre les notaires, cadis et rabbins qui recevraient des actes de cette nature non consentis par l'autorité.

          Finances. Par arrêté du 2 janvier, le droit d'importation fut fixé à 6 pour 100 pour un grand nombre de marchandises étrangères sortant des entrepôts de France et importées sous pavillon français. Cet arrêté qui diminuait de 2 pour 100 le droit d'importation pour ces marchandises, fut rendu d'après une décision du ministre de la guerre. Le 27 février, le droit d'ancrage pour tous les ports de la Régence fut fixé à 75 centimes par tonneau pour les bâtiments sous pavillon étranger, et à 50 pour les bâtiments français.

          Commerce. Le commerce avait adressé de nombreuses réclamations à l'autorité au sujet de la législation existante sur les céréales, qui en défendait l'exportation pour quelque destination que ce fût. M. Genty les prit en considération, et il fut décidé que l'exportation serait permise, lorsque l'approvisionnement serait assuré, mais pour un quart seulement de cet approvisionnement, fixé à 2,734 quintaux métriques pour Alger.
         Quelques mesures furent prises, à peu près à la même époque, pour prévenir l'accaparement des denrées de consommation journalière.
         Le 9 juillet 1854, une surtaxe de 15 pour 100 fut établie sur les patentes pour couvrir les dépenses portées au budget de la chambre de commerce. Le 18 avril de la même année, il avait été réglé que cette chambre serait nommée pour un an. L'arrêté qui l'avait constituée sous le général Clauzel en avait fixé le renouvellement à six mois.

          Agriculture. M. de Bussy établit auprès d'Alger, dans le canton d'Hamma, un jardin dit d'acclimatement et de naturalisation pour y faire divers essais de culture. Ce fut une très-bonne mesure, qui devait résoudre, par l'expérience, plusieurs questions importantes pour l'avenir du pays. Les essais faits dans ce jardin prouvèrent que le coton, l'indigo et la canne à sucre viennent parfaitement dans la colonie.
         M. de Bussy mit aussi beaucoup de zèle à propager la cochenille. Il en fit venir de l'Andalousie, et en établit un dépôt auprès d'Alger sous la direction d'un agent spécial.

          
Travaux publics. Nous avons vu, dans le livre II, que quelques travaux de dessèchement furent entrepris sous l'administration du général Voirol; voici les dispositions administratives qui furent prises à cet égard : un arrêté du 17 octobre 1855 prescrivit à tous les propriétaires de terrains marécageux de faire au bureau des domaines la déclaration des quantités à eux appartenant, et de leur intention de travailler eux-mêmes au dessèchement.
         Dans le cas où cette déclaration ne serait pas faite dans un délai de quinze jours, et dans celui où, un mois après la déclaration faite, les travaux ne seraient pas commencés, toutes circonstances qui devaient être constatées, il fut réglé qu'il serait procédé par voie d'enchères publiques à l'adjudication des terrains marécageux, aux risques et périls des propriétaires, et qu'à défaut d'adjudicataires, le Gouvernement prendrait lui-même ces terrains aux taux fixés par la mise à prix. Le Gouvernement ou les adjudicataires substitués ainsi aux propriétaires qui ne voudraient pas entreprendre eux-mêmes les travaux de dessèchement devaient avoir la jouissance des terrains pendant quinze ans, à compter du jour où les travaux seraient terminés.
         Ce fut en vertu de cet arrêté que le génie militaire, chargé, comme nous l'avons vu, des essais de dessèchement, commença ses travaux à la Ferme-Modèle et à la Maison-Carrée. Mais il se trouva que l'administration n'ayant rempli aucune des formalités prescrites par son propre arrêté, les propriétaires réclamèrent contre l'application de l'article relatif aux quinze ans de jouissance ; et comme ces propriétaires n'étaient pas de pauvres indigènes repoussables par la plus grossière fin de non-recevoir, mais bien des Européens en position de se faire écouter, il fallut transiger avec eux, de sorte que l'arrêté du 17 octobre eut le sort de plusieurs autres, c'est-à-dire qu'il ne fut pas exécuté.
         Un autre arrêté de la même date régla la forme des expropriations pour cause d'utilité publique. Ces expropriations devaient être prononcées par un arrêté du général en chef et de l'intendant civil, et exécutées dans les vingt-quatre heures. L'indemnité pour le propriétaire dépossédé dut être fixée définitivement et sans appel par un expert commun ; il fut réglé qu'en ce qui concerne les travaux des routes la plus-value acquise aux terrains restants par l'effet de ces mêmes travaux, serait considérée comme une indemnité suffisante de ceux qu'envahissait la route. Quelque acerbe que puisse paraître cet arrêté, il fut un retour à l'ordre, car jusque-là on avait exproprié sans aucune formalité et sans mesure conservatrice des droits des propriétaires dépossédés. En outre, il faut dire que des formalités trop lentes et trop gênantes pour les expropriations pour cause d'utilité publique rendraient à Alger toute amélioration impossible : car, comme nous l'avons déjà dit, il y existe une foule d'Européens qui n'achètent qu'avec l'espoir de rançonner l'administration. Lorsque l'on, construisit la belle route de Birkadem, tous les hommes raisonnables furent scandalisés des chicanes que suscita un personnage dont on voulait prendre une petite portion de terrain. Ce personnage était cependant fonctionnaire public à très-gros appointements. On ne doit pas laisser l'administration, lorsqu'il s'agit de l'intérêt général, à la merci de la cupidité de quelques particuliers. Cette vérité a été sentie en France comme à Alger, et c'est dans ce sens qu'a été modifiée la législation sur les expropriations pour cause d'utilité publique. Mais, si l'arrêté du 17 octobre ne peut être blâmé en principe, les applications qui en furent faites méritèrent de l'être. D'abord l'indemnité promise précéda rarement l'expropriation, et, si ce n'est quelques propriétaires indemnisés par le génie militaire, tous les nouveaux expropriés furent dans la même position que les anciens. Ensuite on mit souvent des familles à la porte sans leur donner même le temps de trouver un nouvel asile. Dans le courant de 4854, M. l'intendant civil, voulant agrandir le jardin de naturalisation, fit signer au général Voirol un arrêté qui, en vertu de celui du 17 octobre, expropriait un pauvre Maure, et, le lendemain, ce malheureux fut chassé du petit jardin qui le faisait vivre, lui et sa famille. Il vint, tout en larmes, se jeter avec ses enfants aux pieds du général, qui le renvoya à l'intendant civil. Celui-ci répondit que les règles de la comptabilité ne permettaient pas de payer sur-le-champ à cet homme l'indemnité qui lui était due, mais qu'on s'en occupait. Le misérable exproprié, qui était sans ressource, ne vécut longtemps que des bienfaits du général Voirol, désespéré d'avoir signé de confiance un arrêté qui avait de pareilles suites.
         L'arrêté sur les biens domaniaux, du 2 avril 1854, régla que, lorsqu'une propriété bâtie se trouverait comprise, pour une portion seulement, dans le plan des immeubles à exproprier pour travaux d'utilité publique, le propriétaire aurait l'option, ou d'abandonner l'immeuble en totalité, ou de conserver l'autre portion.

          Police. Les mesures de police prises sous le général Voirol sont : l'obligation imposée aux ouvriers de se munir d'un livret délivré par le commissaire de police ; la formation de commissions chargées de veiller à la bonne qualité des denrées mises en consommation et de faire détruire les denrées avariées ou frelatées, enfin quelques dispositions sur les passeports.
         Il fut réglé, par l'arrêté du 27 juin 1853, que nul ne pourrait séjourner dans la Régence sans être porteur d'un passeport délivré par les autorités françaises, s'il est Français, et visé par les agents consulaires français, s'il est étranger. Au reste, cet arrêté ne fit que résumer et modifier dés dispositions déjà prisés sur cette matière.

          Voirie. Un arrêté du 8 mai 1833 créa des conseils de voirie (1) pour Alger, Oran et Bône. Celui qu'avait institué le général Clauzel n'existait plus depuis longtemps. Le même jour, un second arrêté régla que les propriétaires des maisons qui auraient besoin de réparation et qui menaceraient la sûreté publique seraient sommés par les agents de la voirie de les réparer, et que, faute par eux d'obtempérer à la sommation, la location de ces maisons serait mise aux enchères au compte des propriétaires, à la diligence de l'autorité municipale. - L'adjudicataire fut tenu d'exécuter, dans un délai fixé par le cahier des charges, le devis des réparations dressé par l'architecte de la ville. La durée du bail se composa du temps nécessaire à l'adjudicataire pour que le prix de la location couvrit les dépenses occasionnées par les réparations, et d'une jouissance de trois ans dont le loyer dut être payé au propriétaire.
         L'arrêté du 17 octobre, sur les expropriations, régla, en ce qui concerne la voirie, que, lorsqu'une maison menacerait la voie publique, et que le propriétaire ne pourrait la faire abattre à ses frais, elle serait abattue aux frais de l'administration, qui demeurerait nantie du terrain jusqu'à ce qu'elle fût couverte de ses avances.

          Toutes ces mesures étaient nécessitées par l'état des villes de la Régence que nous occupions. La misère et l'incertitude de l'avenir y étaient telles, que les habitants ne pouvaient ou ne voulaient faire aucune réparation à leurs demeures. Chaque pluie, chaque coup de vent jetait bas quelques maisons. Les constructions particulières, ayant peu de solidité en Algérie, ont besoin d'un entretien minutieux et journalier, de sorte qu'une interruption de trois ans dans ces soins de tous les jours avait conduit les choses au point que toutes les villes étaient menacées d'une prompte et déplorable destruction. Les démolitions pour l'élargissement des rues continuaient toujours; elles allaient vite, parce que l'administration avait abrégé toutes les formalités qui y étaient relatives; les reconstructions, au contraire, marchaient lentement, parce qu'on les avait hérissées de difficultés administratives.
         La forme des demandes concernant la voirie fut déterminée par deux arrêtés du 27 juin et du 27 novembre 1833. Ce dernier classa les rues en rues de grande et de petites voiries.
         Parmi les actes de l'administration du général Voirol qui ne rentrent pas dans les divisions que nous venons de parcourir, nous citerons un arrêté du 1°' juillet 1854, qui établit enfin des débits de poudre dans les villes de la Régence occupées par nos troupes, et les dispositions transitoires qui interdirent, jusqu'à nouvel ordre, toute transmission d'immeubles entre Européens et indigènes à Bougie et Mostaganem. Une disposition semblable avait été prise pour Bône par M. Pichon, dans les premiers temps de l'occupation de cette ville. Ces mesures étaient sages et devaient prévenir bien des abus et des friponneries.

          Vers le milieu du mois d'août 1855, on vit arriver en Afrique une commission composée de pairs et de députés, chargés par le Gouvernement d'examiner le pays, et d'éclairer la France sur les avantages et les inconvénients de sa conquête. Au premier moment d'enthousiasme causé par la prise d'Alger, il n'y avait eu qu'un cri en France pour sa conservation et pour la colonisation des belles contrées qui en dépendent. Le Gouvernement sembla d'abord se rendre à ce vœu si unanimement exprimé, en envoyant sur les lieux M. le général Clauzel, qui dès le principe s'était montré chaud partisan de la colonisation ; mais bientôt les tracasseries suscitées par les ministres à ce général, et enfin son rappel, firent suspecter les intentions du Gouvernement. On parla d'engagements secrets pris avec les puissances étrangères relativement à l'Afrique. L'opinion publique s'en indigna, et la conservation d'Alger devint une affaire d'honneur national. Néanmoins quelques hommes de chiffres se mirent à considérer la question sous un autre point de vue; ils se demandèrent quels avantages nous pouvions tirer d'Alger en compensation des sacrifices où il nous entraînait; plusieurs, partant d'un faux calcul, n'hésitèrent pas à déclarer qu'il y avait plus de pertes que de profits à le garder. Les partisans d'Alger ne purent refuser de suivre leurs adversaires sur le terrain des calculs matériels, et la question devint alors en quelque sorte arithmétique. Le ministère, dont presque tous les membres ne voyaient guère dans Alger qu'un embarras de plus, fut ravi de sentir cette question ainsi réduite; il annonça qu'une commission, nommée par le Roi, irait puiser sur les lieux les éléments nécessaires à sa complète solution. Cette commission, présidée par le lieutenant-général Bonnet, pair de France, était composée de MM. d'Haubersaert, pair de France ; de la Pinsonnière, Lawrence, Piscatory et Reynard, membres de la Chambre des députés; Duval d'Ailly, capitaine de vaisseau; le général Montfort, inspecteur général du génie.
         La commission visita toutes les villes occupées par nOS troupes, à l'exception de Mostaganem, se fit donner des mémoires par tous les chefs de service, interrogea plusieurs personnes, et chaque membre traita avec ces éléments la partie qui avait le plus d'analogie avec ses connaissances et ses habitudes. Les diverses questions de principe étaient discutées en séance, et l'avis de la majorité était formulé dans les procès-verbaux. Le travail de M. Laurence sur la justice, celui de M. de la Pinsonnière sur la colonisation, et celui de M. Reynard sur le commerce et les douanes, furent faits avec soin et talent.
         Après un peu plus de deux mois de séjour en Afrique, la commission retourna à Paris ; elle soumit son travail à une seconde commission présidée par le duc Decazes, laquelle, dans un long rapport très-bien fait, conclut à la conservation d'Alger, à la majorité de 17 voix contre 2. Cette commission était composée de dix-neuf membres.
         D'après les conclusions de la commission, le Gouvernement parut se décider franchement à garder Alger. En conséquence, il se mit en quête d'un gouverneur. Trois candidats se présentaient, le maréchal Clauzel, le duc Decazes et le général Damrémont. Tous trois offraient des garanties de capacité et convenaient au pays, le premier surtout y était vivement désiré; mais le choix du Roi, à l'étonnement général, tomba sur le lieutenant-général comte d'Erlon, vieillard de 70 ans, auquel on ne songeait pas plus à Alger qu'il ne songeait lui-même à y être envoyé, quinze jours avant sa nomination.

          Les derniers mois de l'administration du général Voirol virent naître de fâcheux démêlés entre lui et l'intendant civil. Le général était fatigué depuis quelque temps de l'indépendance absolue qu'affectait M. Genty; il était en outre mécontent de quelques-uns de ses actes. Une circonstance fortuite vint les brouiller sans retour. Un juif nommé Sofar, qui avait eu des affaires d'intérêt avec la corporation israélite, fut condamné par les rabbins à payer un reliquat de compte ; la sentence ordonnait la prise de corps en cas de non-paiement. Ce juif présenta au général en chef une requête où, après s'être plaint de mauvais traitements exercés sur sa personne par ordre du chef de la nation juive, il demandait la révision du jugement, alléguant qu'il avait été condamné à payer une somme que le jugement de condamnation supposait qu'il devait, d'après l'apurement des comptes de la corporation juive, tandis qu'au contraire ces mêmes comptes, portés aux registres de la corporation, prouvaient qu'il ne devait rien, et qui les mêmes rabbins qui le condamnaient comme juges l'avaient déchargé comme administrateurs, en apposant sur leurs registres leurs signatures au bas de l'arrêté de compte, en leur qualité de membres du conseil hébraïque. La requête de Sofar était évidemment une plainte en prévarication. En conséquence, M. le général Voirol l'accueillit, aux termes de l'article 10 de l'arrêté du 22 octobre 1850, ainsi conçu : " Toute plainte pour cause de forfaiture, de prévarication ou de déni de justice, contre les juges des tribunaux musulmans et israélites, sera portée devant le général en chef qui en ordonnera. " Or, ce que le général Voirol jugea convenable d'ordonner fut la suspension de l'exécution du jugement, et la présentation des registres, où des interprètes assermentés trouvèrent la preuve de ce qu'avait avancé Sofar. Le général en rendit compte au ministre; mais M. Genty de Bussy avait été dans toute cette affaire d'un avis contraire à celui du général. Il soutint que rien ne pouvait, en matière civile, arrêter l'exécution des jugements des tribunaux indigènes, déclina l'arrêté du 22 octobre et tous les antécédents qu'on lui opposa, et parvint à faire partager ses convictions au ministre qui ordonna d'exécuter le jugement des rabbins contre Sofar. M. Voirol résista à cet ordre. Il fallait, certes, pour en venir là, qu'il fût bien persuadé de l'injustice dont ce juif était la victime. Il fit valoir en faveur de son opinion, sur le point de droit, celle de plusieurs jurisconsultes ; mais ce fut en vain. Le ministre insista, et il fallut obéir. Toute cette affaire fut traitée avec passion dans les bureaux ; car M. Voirol fut blâmé, quoiqu'il eût pour lui de nombreux antécédents et l'esprit de la nouvelle législation qui allait être établie en Afrique, conformément aux travaux de la commission.
         Le triomphe obtenu par M. de Bussy sur le général Voirol, dans l'affaire Sofar, fut bientôt suivi d'un autre. Une affaire civile avait été portée par appel devant le conseil d'administration, conformément à la législation existante. Le général Voirol pensant que M. de Bussy avait un intérêt, je ne dis pas matériel, mais d'affection, à faire triompher plutôt une partie que l'autre, persuada au conseil de refuser de la juger, sur le motif que la nouvelle ordonnance sur l'administration de la justice allait bientôt paraître, et que, d'après ses dispositions, le conseil n'aurait plus d'attributions judiciaires. Cette fin de non-recevoir, qui n'avait pu être conçue que dans la tète d'un militaire, était un vrai déni de justice qui, sur le rapport de M. de Bassy, fut blâmé par le ministre avec juste raison.

          Dans les premiers jours de septembre, un événement peu important par lui-même vint mettre le comble à la mésintelligence qui régnait entre le général en chef et l'intendant civil. Une mauresque divorcée se présenta au général Voirol, et lui déclara que son intention était d'embrasser la religion chrétienne. Le général, après s'être assuré que cette femme n'était pas en puissance de mari, l'envoya au commissaire du roi près de la municipalité, en lui prescrivant de veiller à ce qu'elle ne fût pas maltraitée par les Musulmans qui pourraient voir sa conversion de mauvais oeil. La néophyte, assurée de la protection de l'autorité, se mit alors à s'instruire des premiers principes de notre religion, en attendant son baptême. Le cadi d'Alger, Sid-Abd-el-Azis, homme instruit mais fanatique, ayant appris ce qui se passait, courut se plaindre au général en chef, prétendant que la mauresque n'avait pas le droit de changer de religion, et qu'elle méritait même d'être punie pour en avoir formé le projet. Le général, l'ayant écouté avec beaucoup de patience, lui répondit qu'il lui était personnellement fort indifférent que cette femme fût chrétienne ou musulmane, mais qu'il ne souffrirait pas qu'il lui fût fait la moindre violence sous prétexte de religion ; que chacun était libre de suivre le culte qui lui convenait; que ce principe avait été respecté par l'autorité française qui ne s'était opposé en rien à la conversion de plusieurs chrétiens à la religion musulmane; et que, par analogie, il ne pouvait empêcher une conversion à la religion chrétienne. Le cadi n'ayant rien de raisonnable à opposer à cela, pria alors le général de lui permettre au moins de voir la mauresque, afin de tâcher de la ramener par ses conseils à la religion de ses pères. Le général répliqua qu'il en était parfaitement libre, et que personne n'avait jamais songé à l'en empêcher. Le cadi parut satisfait de cette réponse. Il paraît qu'il comptait sur les effets de son éloquence auprès de la mauresque; mais le prêtre chrétien qui l'instruisait, avait deux puissants auxiliaires, le goût qu'avait pris cette femme pour les mœurs européennes et son désir d'épouser un français. Sid-Abd-el-Azis échoua donc dans ses tentatives. Renonçant alors à la persuasion, il voulut avoir recours à la force : il fit enlever la mauresque par ses chaouchs. Le général, instruit de cet acte de violence, envoya un de ses aides de camp au cadi pour lui rappeler ce dont ils étaient convenus. Sid-Abd-el-Azis, en voyant entrer dans son prétoire cet officier, avec lequel il avait cependant quelques relations d'amitié, se leva de son siége et sortit, sans lui donner le temps de s'expliquer et en proclamant à haute voix que la justice de Mahomet n'était plus libre. La mauresque, à qui on était sur le point d'administrer la bastonnade, se voyant délivrée de ses persécuteurs, s'enfuit à l'église catholique où elle fut sur-le-champ baptisée, sans que cet événement produisit la moindre sensation dans la ville. Le cadi, en sortant du prétoire, se rendit chez le muphti maleki, Sid-Mustapha-ben-el-Kebabti, pour s'entendre avec lui sur ce qu'il y avait à faire dans la circonstance, et tous deux convinrent d'interrompre le cours de la justice. En effet, le lendemain les tribunaux restèrent fermés, ce qui fit sur l'esprit des indigènes beaucoup plus d'impression que la conversion de la mauresque. Mais le général Voirol eut bientôt brisé cette opposition factieuse et déraisonnable : il fit sommer les deux magistrats musulmans de reprendre sur-le-champ leurs fonctions; sur leur refus, il les destitua, et nomma à l'emploi de cadi maleki, Sid-Ahmed-ben Djadoun, cadi du Beit-el-Mal, et à celui de muphti, Sid-Aoued-Ben-Abd-el-Kader, cadi de Belida, tous deux hommes éclairés et recommandables. On écrivit au dernier pour lui annoncer sa nomination; le premier fut installé sur-le-champ par le commissaire du roi près de la municipalité. Ce fonctionnaire convoqua les notables musulmans pour assister à cette cérémonie, où se rendirent aussi plusieurs personnes non convoquées qui firent entendre quelques murmures désapprobateurs, et qui même insultèrent le nouveau cadi. Deux ou trois arrestations eurent bientôt rétabli l'ordre, et la cérémonie s'acheva paisiblement.
         Le jour d'après, le muphti Mustapha, voyant la tournure qu'avaient prise les affaires, vint présenter ses excuses au général en chef, et lui demanda de continuer ses fonctions. Comme Sid-Aoued avait écrit de Belida pour demander, avant d'accepter, des explications sur les causes de la destitution de celui qu'on l'appelait à remplacer, M. Voirol, satisfait des actes de soumission de Sid-Mustapha, consentit à le laisser en place jusqu'à une décision ministérielle, et le fit annoncer à Sid-Aoued. On a su, depuis, que ce dernier, en recevant sa nomination, s'était mis en route pour se rendre à Alger, mais qu'ayant reçu en chemin des lettres menaçantes de quelques maures de cette ville, il était revenu sur ses pas.
         L'installation du nouveau cadi eut lieu le 10 septembre; dès le 11, la justice avait repris son cours, et il n'y avait plus trace d'agitation.

          Voici maintenant le rôle que M. de Bussy joua dans cette affaire. Le jour de la fermeture des tribunaux musulmans, le général en chef le fit appeler et lui dit : .c Je vous ai mandé, monsieur l'intendant civil, pour vous entretenir de l'événement du jour. - Quel événement, mon général ? demanda M. de Bussy. - Mais, monsieur, reprit le général, vous devez bien le savoir, la conversion de cette mauresque et les suites de cet incident. - Comment, mon général, il y a une mauresque qui a embrassé le christianisme ? je vous assure que je n'en savais rien. " - Le général Voirol, indigné de cette affectation ironique d'ignorer une chose que tout Alger connaissait, le pria froidement de se retirer, en lui disant que, puisqu'il en était ainsi, il lui ferait plus tard connaître ses ordres. Cependant, vers le soir, il lui écrivit pour lui demander s'il avait quelques candidats à présenter pour les emplois de cadi et de muphti ; sa réponse ayant été négative, le général signa l'arrété qui nommait Sid-Ahmed et Sid-Aoued, et l'envoya à l'intendant civil.


         Le lendemain, de très-bonne heure, M. de Bussy se rendit chez le général Voirol pour lui faire quelques observations sur cet arrêté. Au bout de peu de minutes, la conversation prit une direction telle, que M. Voirol, abandonnant sa position de chef, se mit, à l'égard de M. de Bussy, dans celle d'un homme jaloux sur le point d'honneur et qui se croit provoqué. Cette scène pénible clôtura d'une manière fâcheuse l'administration de M. Genty de Bussy.
         Les Maures, mécontents des mesures qu'avait prises le général Voirol, trouvant un appui avoué dans l'intendant civil, excitèrent le commencement de tumulte dont nous avons rendu compte un peu plus haut ; voyant qu'ils ne réussissaient pas de ce côté, ils se mirent à pétitionner contre le général Voirol ; mais comme celui-ci était très-aimé de la majorité des indigènes, il y eut des coutre-pétitions, et le terrain de la polémique, comme celui de l'émeute, manqua aux perturbateurs.

          Des rapports calomnieux, niais qui ne venaient pas tous des Maures, furent adressés au ministre sur cette affaire : la fausseté en fut officiellement démontrée sous le comte d'Erlon. Une chose assez remarquable, c'est que M. Genty, qui trouvait mauvais que le général Voirol n'eût pas empêché la conversion de la mauresque, exprime, dans un ouvrage qu'il a écrit sur Alger, le désir que des missionnaires aillent prêcher la foi aux Arabes.
         M. Genty, n'ayant pas été compris dans la nouvelle organisation administrative de la Régence, quitta Alger peu de jours après l'arrivée de son successeur, M. Lepasquier, qui arriva, le 2S septembre 1854, avec le comte d'Erlon. Il laissa peu. de regrets en Afrique, où il était loin d'être aimé. M. le général Voirol, qui l'était extrêmement, avant refusé le commandement des troupes qu'il remit au général Rapatel, partit d'Alger dans le mois de décembre. Son départ fut un triomphe véritable. Tous les kaïds des tribus s'étaient réunis pour lui faire leurs adieux et lui offrir, au nom de leurs administrés, des armes du pays. La population presque entière l'accompagna jusqu'au port, en exprimant hautement ses regrets de le voir s'éloigner ; enfin, une médaille d'or lui fut offerte comme témoignage de la reconnaissance d'une colonie où son nom et son souvenir seront toujours chers et respectés.
                   
A SUIVRE


LE BARMAN ROBOT
Envoyé par Henry


          Un homme entre dans un bar super high-tech, de 4ème génération, avec écrans plasma et claviers digitalisés de partout.
          En plus c'est un robot qui sert à boire.
          L'homme s'installe confortablement et, dans la nanoseconde qui suit, le barman-robot s'approche et lui demande :
                    - Quel est votre QI ?
                    - L'homme répond : 150
          Alors, le robot lui sert un Whisky de 18 ans d'âge, et entame la conversation sur le réchauffement climatique, l'interdépendance environnementale, la physique quantique, les nanotechnologies etc.
          Au bout d'un moment, le client règle sa consommation (naturellement on-line avec son I-Phone via wifi), et sort.
          Il est vachement impressionné par ce qui vient de se passer, et décide de revenir tester le robot à nouveau.
          C'est d'ailleurs ce qu'il fait le lendemain même.
          Il revient donc dans ce même bar, et le même scénario se reproduit.
          Il est à peine assis que le même barman-robot s?approche et lui demande :
                    - Quel est votre QI ?
                    - Cette fois-ci, l'homme répond : 80
          Immédiatement, le robot lui sert une bière et lui parle de foot, de tiercé, de ses plats favoris, de femmes etc.
          Au bout d'un moment, l'homme repart.
          Il est de plus en plus intrigué et décide de revenir à nouveau le jour suivant.
          Le lendemain donc, même topo!
          Le barman-robot s'approche et demande :
                    - Quel est votre QI ?
                    - Ce coup-là, l'homme répond : Heu ! 20 ! je crois !
          Alors, le robot lui sert un verre de gros rouge et, en lui posant la main sur l'épaule, lui demande avec condescendance:
          Alors, comme ça, on a voté Hollande en 2012 !!!......


PHOTOS D'AVIATION
Envoyé par M. Eric Van Den Broëck

Aéroclub de Ouenza 1959 / 1960
Photo  Eric Van Den Broëck
De gauche à droite :
Monsieur Valcanéras, chef pilote principal :
Cucu, mécanicien aviation dit "Coucou" :
Mon père, Yves, inspecteur IBM, a eu son brevet de pilote à Bône.
Photo  Eric Van Den Broëck
Séance de tir à l'aéroclub : Au fond, le "Bayade", village arabe.
Du plus près au plus éloigné: Valcanéras, Hipser, instructeur de vol :
Mon père Yves : Le tireur n'est d'autre que coucou, le mécanicien
Photo  Eric Van Den Broëck
Un raid aérien sur Bône !
Photo  Eric Van Den Broëck

Photo  Eric Van Den Broëck
La région.
Photo  Eric Van Den Broëck
Mes parents : Marcelle et Yves lors d'une sortie du dimanche à Tébessa.
Photo  Eric Van Den Broëck
L'aéromodélisme du club.


HISTOIRE DES ÉTABLISSEMENTS
ET DU COMMERCE FRANÇAIS
DANS L'AFRIQUE BARBARESQUE
                 (1560-1793)                    (N°18)

(Algérie, Tunisie, Tripolitaine, Maroc)
PAR Paul MASSON (1903)
Professeur d'Histoire et de Géographie économique
à l'université D'Aix-Marseille.

QUATRIÈME PARTIE
CHAPITRE XX

LA COMPAGNIE ROYALE D'AFRIQUE
ET LA RÉVOLUTION


(1789-1794)

           La Révolution devait être funeste à la Compagnie royale d'Afrique, mais celle-ci n'eut pas le sort commun de toutes les institutions de l'ancien régime supprimées systématiquement par la Constituante. Cependant, cette assemblée était particulièrement hostile aux privilèges et aux monopoles ; la loi du 29 juillet 1791 avait proclamé la liberté complète du commerce du Levant et de Barbarie et il semblait que la suppression définitive de la Compagnie des Indes, condamnation du système des compagnies privilégiées, dût entraîner la disparition de toutes celles qui subsistaient. Louis, par la grâce de Dieu et par la loi constitutionnelle de l'État, roi des Français, à tous présents et à venir, salut. L'Assemblée Nationale a décrété et nous voulons et ordonnons ce qui suit : Art. 1. Le commerce des échelles du Levant et de Barbarie est libre à tous les Français. - Art. 2. il est permis d'envoyer de tous les ports du royaume des vaisseaux et des marchandises dans toutes les Échelles. - Art. 3. Tout négociant français peut faire des établissements dans toutes les parties du Levant et de la Barbarie. - Enregistré à la séance de la Chambre de Commerce du 29 août 1791. BB, 19.

          La Compagnie d'Afrique avait même, depuis longtemps, attiré l'attention et les attaques des adversaires des monopoles. On a parlé déjà des critiques de l'abbé Baudeau. En 1773, elle accordait une gratification à son agent il Paris, M. Rostagny, surtout parce qu'il avait rendu " des services essentiels dans les atteintes qu'on avait voulu porter à ses privilèges et dans les projets formés contre son établissement. "

          En effet, l'intendant de Montyon, au retour d'un voyage à la cour, avait prévenu les directeurs qu'on attaquait vivement leur administration et qu'on travaillait à faire révoquer les privilèges de la Compagnie. On avait accusé celle-ci de spéculation sur les blés et d'accaparement, deux mots qu'il suffisait alors de prononcer pour passionner l'opinion publique. La Compagnie se hâta de répondre à ces attaques. Elle ne faisait aucune spéculation sur les blés puisqu'elle ne " vendait son blé qu'à Marseille, à l'arrivée et au prix du cours, très rarement aux étrangers et en très petites parties. Elle ne vendait ordinairement par anticipation qu'aux munitionnaires des troupes de terre et de la marine; elle ne mettait en magasin que pour rafraîchir les chargements qui s'étaient échauffés dans la traversée, ou dans les cas extraordinaires, lorsqu'il ne se présentait aucun acheteur et à aucun prix ; ne s'étant jamais écartée de ce principe, elle n'avait point de magasins à Aix, ni de commissionnaires. " Bien loin d'avoir travaillé à hausser le prix des grains, elle avait, au contraire, pris avec les échevins de Marseille des arrangements qui avaient permis " de ne pas augmenter le prix du pain, malgré les révolutions survenues à celui du blé. " Par le marché conclu avec la ville, le 17 décembre 1772, elle avait offert du blé à 32 livres la charge, tandis que les particuliers le vendaient 38 livres ; le 4 mai 1773, elle avait donné à 36 livres le blé de la Calle dont les particuliers offraient 38 livres, à 38 livres celui de Bône qu'on pouvait vendre à 40.

          Après s'être lavés de ces accusations destinées à rendre la Compagnie odieuse, les directeurs et l'archivaire de la Chambre de Commerce, Isnard, rédigèrent plusieurs mémoires pour prouver son utilité.

          " Tant que cette compagnie a éprouvé des revers, écrivait Isnard, le public ne s'est point formalisé de son établissement ; les particuliers n'ont eu aucune idée de faire le commerce qu'elle fait. " Les directeurs attribuaient aussi à sa prospérité actuelle la violence des attaques dirigées contre elle : " Ses succès, disaient-ils, sont devenus publics et ont excité l'envie.... la Compagnie a été attaquée de tous les côtés, le mot de privilège est devenu odieux; on a sollicité sa destruction; on a poussé les choses plus loin, on a voulu faire soupçonner les administrateurs de monopole. Ces imputations ont été détruites par les faits : de tous les mémoires qui peuvent avoir été présentés au gouvernement contre la Compagnie, il n'en a été communiqué aucun aux administrateurs. Ils n'ont pu répondre aux imputations, cependant ils ont adressé des mémoires au ministre dans lesquels ils n'ont exposé que le régime de la Compagnie et le bien qu'il en résultait. " Mémoire sur la Compagnie royale d'Afrique, février 1775. Arch. des Bouches-du-Rhône. C, 2460. - Isnard reprenait les mêmes arguments dans deux mémoires successifs: Mémoire de M. Isnard sur l'utilité de l'établissement de la Compagnie (18 pages). - Supplément aux mémoires pour prouver l'utilité.... (16 pages): " Il suffit de prouver aujourd'hui : 1° que si la Compagnie perdait ses privilèges, les Anglais 'empareraient de ses Concessions ; 2° que si ce commerce devenait libre, les particuliers ne pourraient l'exploiter ; 3° que la pratique que la Compagnie actuelle suit invariablement, à la réception et à la vente de ses grains à Marseille, ne détourne pas les négociants d'en faire venir d'ailleurs dans ce port, que la Compagnie y procure l'abondance et y empêche même le monopole. " .

          Les directeurs voulurent en appeler aussi à l'opinion publique, car on retrouve tous leurs arguments reproduits dans un mémoire de la même année, inséré dans l'Encyclopédie méthodique. L'auteur y invoquait tout spécialement l'argument politique.
           Ce commerce, par les redevances dont il est tenu, peut être regardé comme le plus fort lien qui nous attache les Algériens, et comme le plus sûr gage de la sûreté de notre navigation dans la Méditerranée. C'est sur les lismes que la Compagnie paie annuellement à la régence, et sur les tributs des Maures qui avoisinent la Concession, qu'est assigné le paiement de la milice; le moindre retard mettrait le dey lui-même en danger… Les redevances, que les principaux commandants de la régence d'Alger retirent de la Compagnie, les intéressent au maintien de la paix, et l'argent que cette Compagnie répand en Barbarie, pour son commerce, fournit aux Maures les moyens de payer leurs impôts, affectés pour le paiement de la milice ; il en arrive qu'elle est également intéressée au maintien de la paix. Ce qui se passa en 1736, à Alger, en est la preuve.

          Il fut proposé au divan, avec l'impétuosité naturelle aux Turcs, de faire la guerre à la France… Mais la milice déclara qu'à moins que la régence n'assurât sa solde sur d'autres fonds que sur ceux provenant des tributs des Maures, elle n'y consentirait pas. Après bien des débats, il fut décidé de maintenir la paix avec la France, par ce seul motif, et de faire la guerre aux Hollandais ; elle dura onze ans. Les négociations des Anglais à Alger, le désir qu'ils ont d'obtenir des concessions pour nous chasser de ce royaume, et pour approvisionner facilement leur flotte, Mahon et Gibraltar, ont toujours fait appréhender au gouvernement de rendre libres les Concessions, dans la crainte de les voir tomber entre leurs mains. Ils ont tenté plusieurs fois de nous en déposséder, en offrant de bien plus fortes conditions que celles que nous avons souscrites.

          Il est encore un motif qui tient à la dignité du roi, et à celle de la couronne de France. Au moyen des lismes de la Compagnie, le roi est le seul prince qui ne soit pas tributaire des Algériens.
           Dans le système de rendre la liberté à ce commerce… on ne saurait se dispenser de faire annuellement des sacrifices considérables, onéreux au trésor royal, ce qui avilirait à Alger le nom français. Réduits au niveau des autres puissances, les Français seraient bientôt traités comme elles ; le dey ne mettrait plus de bornes à ses extorsions, et on ne pourrait éviter une guerre, que le cabinet de Versailles a toujours appréhendée avec juste raison. Les Algériens y seraient d'autant plus portés que, n'étant plus retenus par aucun motif d'intérêt, ils s'abandonneraient à leur goût naturel pour la course.
           Tels sont les motifs politiques qui ont engagé le ministère à s'écarter des principes généralement adoptés ; ils méritent d'être pesés, parce qu'une fois la liberté des Concessions décidée, il ne serait plus temps de revenir sur ses pas avec une nation fière, ignorante et qui se laisse toujours guider par ses caprices, et un intérêt souvent mal entendu. "

          L'intendant, de La Tour, soutint énergiquement la Compagnie en reprenant pour son propre compte les arguments de l'archivaire Isnard. De La Tour à de Sartine, 16 mars 1775. Il loue la probité des directeurs et cite de nombreux faits attestant que ceux-ci, dans un but d'intérêt public, ont souvent vendu du blé aux échevins de Marseille et aux procureurs du pays à des prix inférieurs au cours. De La Tour copie parfois textuellement les mémoires d'Isnard cités ci-dessus. Il conclut en demandant le maintien du privilège de la Compagnie.
           La cour se rangea à son avis, mais la violence des attaques l'avait émue ; elles avaient " paru mettre le ministère en considération ". La Compagnie devant faire à ce moment même une répartition de 300.000 livres aux actionnaires, le ministre lui recommanda de la faire sans bruit.

          " On me prévient, écrivait le directeur principal Martin, qu'il ne faut donner à celle opération ni emphase, ni publicité, qu'il faudra se contenter de l'annoncer aux actionnaires en leur payant le dividende et que rien à ce sujet ne doit être imprimé, ni confié aux papiers publics, que c'est l'intention du Cabinet pour éviter la censure et les cris de la multitude d'écrivains en faveur de la liberté. "

          Les ministres de Louis XVI paraissant décidés à maintenir la Compagnie, et la prospérité de celle-ci étant devenue moins brillante les années suivantes, les attaques contre elle, cessèrent. A la veille de la Révolution, si tous les économistes étaient unanimes à condamner les monopoles, beaucoup pensaient que celui de la Compagnie d'Afrique devait être maintenu, surtout pour des raisons politiques.

          En 1787, l'abbé Raynal reproduisait en partie l'argumentation d'Isnard et des directeurs, dans son Histoire du commerce des Européens dans l'Afrique septentrionale.
           " La cour de Versailles, disait-il, a été souvent blâmée d'avoir mis ou laissé cette branche de commerce dans les liens d'un privilège. Cette mesure est-elle bien, est-elle mal fondée ? C'est un problème à résoudre. La Provence n'eut jamais de grains suffisants pour sa subsistance et le peu qu'elle en recueillait anciennement avait encore diminué, depuis que les vignes s'y étaient beaucoup et peut-être trop multipliées. Aussi, les disettes y étaient-elles fréquentes... Un approvisionnement, habituellement formé par les soins et les ressources de la Compagnie, mit fin à ces malheurs et à ces alarmes. Marseille lui dut même l'avantage d'être, dans la Méditerranée, le premier des marchés à blé; ce fut cette ville qui en régla le prix dans les ports d'Espagne et d'Italie et qui l'y fixe encore... Si l'établissement de la Calle sortait des mains de la Société..., le port de Marseille perdrait par ce changement douze à quinze mille tonneaux de navigation. La place verrait circuler trois ou quatre millions de moins dans son sein. La France serait, pour ses approvisionnements, dans la dépendance des nations, qui sont maintenant dans la sienne et se verrait réduite à leur restituer les bénéfices qu'elle a faits sur elles.

          " Mais ne serait-il pas possible à la France de garder les Concessions qu'on lui a faites, et d'en rendre le commerce libre à ceux de ses sujets qui voudraient s'y établir ou y négocier. Tout homme qui aura reconnu un peu les principes politiques d'Alger ne balancera pas à affirmer que ce système est impraticable et qu'il y aurait méfie du danger à le proposer.

          " Le projet de rendre le commerce des Concessions commun aux marchands particuliers et à la Compagnie n'est pas plus praticable... Dans ce nouvel ordre de choses, tous les concurrents se nuiraient infailliblement.

          " Il suit de ce qu'on vient de dire que le monopole, quoique contraire aux meilleurs principes, doit être maintenu comme établissement de commerce ; mais, sous un point de vue plus élevé, peut-être conviendrait-il de l'abandonner : ceux-là nous paraissent dans l'erreur qui pensent que cette Concession est un principe d'harmonie entre Alger et la France. Nous avons suivi avec soin les fréquents démêlés des deux Puissances et il nous à paru que le dey se permettait un ton d'audace, que la cour de Versailles consentait à des humiliations qui, de part et d'autre, tiraient leur source de la Calle. "

          En 1789, tandis que de nombreux cahiers des États Généraux demandaient l'abolition de la Compagnie des Indes, il est curieux de constater que ceux de Marseille et des autres villes maritimes ne contenaient pas de plaintes contre la Compagnie royale d'Afrique. Seul, le cahier de la Ciotat demandait son abolition.

          Pendant toute la durée de la Constituante, la Compagnie n'eut même pas à subir d'attaques et, en 1791, elle songeait même à faire confirmer ses privilèges par un décret. Le procès-verbal de l'assemblée des directeurs, du 7 février, montre nettement quelle était alors sa situation :

          " Le directeur principal croit devoir faire observer que, depuis la Révolution, les changements qu'avaient subis la plupart des établissements publics, et surtout ceux qui jouissaient de privilèges, n'ont point atteint l'établissement de la Compagnie royale d'Afrique, qu'elle n'a été le sujet d'aucune réclamation formelle... que nonobstant... il peut rester, dans l'esprit de quelques personnes, des nuages sur la légitimité de l'existence de la Compagnie et sur la convenance dont elle était au public ; que ce doute, fût-il encore plus léger et borné à un petit nombre de personnes, tend à jeter de l'incertitude sur les droits de la Compagnie et sur sa permanence et que, par cela même, Il porte atteinte à la solidité de la Compagnie.

          " Les directeurs ont unanimement opiné qu'il était convenable et même nécessaire d'évoquer l'attention de l'Assemblée Nationale sur l'établissement de la Compagnie, que l'examen et la discussion qu'elle subirait ne pouvaient que tourner à son avantage et à l'utilité publique, que, quoi qu'ils fussent eux-mêmes pleinement convaincus, il pouvait n'en être pas de même de la généralité des citoyens... que la Compagnie ne peut obtenir cette consistance que d'un décret du corps législatif, qu'à cet effet... le directeur principal sera chargé de rassembler tous les documents et se rendre à Paris pour être à portée de donner les informations et les éclaircissements qui pourront être utiles et lui être demandés. "

          Cependant, les directeurs n'étaient pas aussi rassurés qu'ils voulaient le paraître. Ils s'attendaient à des dénonciations qui avaient été annoncées ; le directeur principal, Bertrand, pour en détruire l'effet d'avance, s'était empressé, à son arrivée à Paris, de faire remettre au " bureau du comité des députés extraordinaires de commerce " les mémoires dont il était porteur.

          Mais ces dénonciations ne s'étaient pas produites ; d'un autre côté, la Constituante, surchargée de travail, avait des préoccupations trop graves pour que Bertrand eût pu chercher à provoquer un débat sur la Compagnie. Le 9 juin, les directeurs restés à Marseille délibérèrent unanimement " de prolonger le séjour du directeur principal à Paris, pour suivre la marche des opérations de l'Assemblée Nationale et voir si, vers la fin de ses travaux, il se présenterait une occasion favorable pour évoquer son attention sur l'établissement de la Compagnie d'Afrique. "

          L'occasion ne vint pas ; après le départ de l'assemblée, le directeur principal revint à Marseille, sans avoir rien fait. La Compagnie, n'ayant pu faire confirmer ses privilèges, affecta alors de soutenir qu'elle n'avait rien à faire avec les assemblées, qu'elle ne tenait pas son monopole du gouvernement français, mais de la Régence d'Alger. C'est dans l'assemblée du 3 novembre 1791 que le directeur principal développa cette curieuse théorie :

          Il est reconnu que la Compagnie royale ne jouit d'aucun privilège exclusif de la part du gouvernement français ; elle n'est et ne peut être considérée que comme une association de commerce qui jouit, dans un pays étranger, de Concessions qui ne dépendent point du gouvernement français, mais de la puissance propriétaire et souveraine de la contrée où la Compagnie tient ses Concessions, en vertu de transactions et de traités passés avec cette puissance ; par cette raison, elle a droit à la protection du gouvernement et doit y participer de la même manière que tous les établissements français dans le Levant, la Barbarie et les autres pays étrangers ; ainsi, le maintien de ses traités avec Alger ressortit au pouvoir royal constitutionnel. "

          Cependant, le bouleversement des institutions avait amené des changements dans la direction de la Compagnie, L'intendant et premier président, de La Tour, n'avait pas attendu la suppression des parlements, pour donner sa démission d'inspecteur du commerce du Levant et de Barbarie, et de président de la Compagnie royale. Dix-huit mois passèrent avant qu'on songe à lui donner un successeur. C'est le 18 avril 1792, seulement, que Richaud, administrateur du Département, fut nommé, par l'assemblée administrative du département des Bouches-du-Rhône, inspecteur du commerce, pour présider la Compagnie. Puis, les Chambres de Commerce ayant été supprimées par la loi du 16 octobre 1791, et celle de Marseille ayant définitivement cessé ses fonctions dans les premiers jours de juillet 1792, la municipalité, par un règlement provisoire, décida que trois de ses membres remplaceraient, au bureau de la Compagnie, les trois députés de la Chambre et son archiviste Isnard. Les délégués de la commune, Gimon, Rabaud et Greling, faisaient partie de la commission, nommée par la municipalité, pour remplir les fonctions de l'ancienne Chambre et les deux premiers avaient été membres de celle-ci ; Gimon était le chef d'une des maisons françaises établies à Alger ; la direction de la Compagnie restait donc confiée à des mains expérimentées.

          Le directeur principal, Bertrand, était alors de nouveau à Paris. On l'avait délégué pour " porter à l'assemblée nationale et au gouvernement les représentations de la Compagnie ", au sujet des pertes où l'entraînaient les achats pour les approvisionnements en blé. Il fit présenter un mémoire à l'assemblée, mais les " circonstances écartèrent le rapport et la discussion de cette affaire. " A la séance du 19 mai 1792, un député originaire de Cette, Sérane, avait présenté un rapport où il attaquait à la fois la Chambre de Commerce et la Compagnie. Correspond. de la Chambre de Commerce, 31 mai 1792. BB, 73. Quand Bertrand exposa devant les directeurs, le 30 novembre 1792, l'inutilité de ses démarches à Paris, ceux-ci se demandèrent " s'il convenait aux intérêts des actionnaires et de la chose publique… de solliciter de la part de la Convention nationale une décision finale sur l'existence de la Compagnie. "

          Celle-ci continuait donc d'exister comme une société privée, sans que sa constitution et ses privilèges eussent été reconnus officiellement, et sans qu'elle pût jouir comme auparavant de la protection du gouvernement avec lequel elle n'était plus en correspondance journalière. Cette situation, anormale pour elle, n'était pas sans nuire à sa solidité comme le reconnaissait le directeur principal, Bertrand, dans une lettre au consul d'Alger, Vallière, du 4 janvier 1793. Les conjonctures de plus en plus défavorables allaient amener les actionnaires à décider eux-mêmes la liquidation de la Société.
           Comme l'affirmait le directeur principal, le 7 février 1791, l'importance des services rendus, le zèle de la Compagnie pour assurer les subsistances et prévenir la disette, avaient fait sentir son utilité et désarmé ses adversaires.

          Dès le 13 avril 1789, Necker avait envoyé à la Compagnie une longue lettre au sujet des achats de blé que le gouvernement avait obtenu de faire en Sardaigne, en Sicile et dans les États du pape, par l'intermédiaire de ses chargés d'affaires. Le ministre avait songé à la Compagnie pour faire les achats, prendre livraison et garder en magasin ces blés, pour les réexpédier suivant les ordres que le ministre lui enverrait. Elle se rembourserait de ses avances par des traites, aux échéances les plus longues qu'elle pourrait, sur M. Durwey, banquier de la cour.

          Les directeurs montrèrent beaucoup de zèle pour satisfaire le ministre : ils envoyèrent à Rome leur chef de bureau pour vaquer aux achats et à l'expédition des blés sous la direction de l'ambassadeur, le cardinal de Bernis ; ils s'abouchèrent avec une maison de Naples pour les achats en Sicile ; le chargé d'affaires de Sardaigne s'occupa lui-même d'expédier les chargements de blé achetés par la Compagnie.
           Celle-ci eut bientôt en magasin 14.300 charges de blé de Sardaigne, tandis que 13 bâtiments, expédiés par elle, lui avaient rapporté 30.350 charges de Naples ou de la Sicile, et que 21 autres navires étaient revenus de CivitaVecchia avec 31.900 charges. Mais les précautions prises par Necker n'avaient pas réussi à prévenir la disette, nouvelle cause de trouble ajoutée à tant d'autres, qui avait suscité les journées révolutionnaires du 5 et du 6 octobre.
           Le ministre redoutait des difficultés encore plus graves pour l'hiver qui allait commencer. En cette saison, la navigation avec les pays du Nord était interrompue ; aussi, le 26 octobre, il avait encore recours à la Compagnie pour faire venir 20.000 charges de blés de Sicile, bien que les prix y fussent assez élevés, et pour les expédier directement au Havre ou plutôt à Rouen, pour le compte de la ville de Paris, sous la garantie du roi. Mais Necker n'avait pas d'argent ; il fallait que la Compagnie fit toutes les avances ; il promettait seulement d'essayer de faire parvenir des fonds, au cas oit les lettres de Change tirées par le banquier Durwey ne pourraient pas lui servir à s'en procurer.

          Le ministre craignait fort que la Compagnie ne voulût pas supporter les lourdes charges de Cette nouvelle Commission ; dans un post-scriptum ajouté à sa lettre, il révélait à quelle extrémité il était réduit :
           " Je prends des mesures, disait-il, pour faire passer de Cadix à la monnaie de Marseille 200 ou 300.000 piastres s'il est possible, mais cette opération prendra nécessairement quelque temps et, comme il nous est physiquement impossible de faire passer en ce moment du numéraire à Marseille, je ne vois guère d'espérance que la Compagnie d'Afrique puisse se charger de notre commission, et je dois vous dire franchement que je l'avais adressée à Mrs Audibert comptant sur leurs facultés et leur bonne volonté et ils s'en excusent. Les Audibert étaient des négociants protestants, d'origine suisse, genevoise sans doute, qui occupaient à Marseille une haute situation et avaient acquis une grosse fortune. Dominique Audibert, membre de l'Académie de Marseille, avait fait construire le bel hôtel de la rue Armény où réside aujourd'hui le commandant du XVe corps d'armée. Il était en relations suivies avec Necker, ainsi qu'en témoigne une intéressante correspondance conservée à la bibliothèque de Besançon. Le frère du ministre, mathématicien, puis négociant, avait établi un comptoir à Marseille et avait été nommé membre correspondant de l'Académie de cette ville. ; ils ont sûrement des raisons pour cela que je dois respecter, mais il n'est pas moins vrai que la chose publique insensiblement n'a plus de soutiens.
           J'espère qu'incessamment il sera pris quelque arrangement en finance, de concert avec l'Assemblée nationale, qui contribuera à rétablir le cours des affaires. En attendant, toujours pénétré de la nécessité d'assurer l'approvisionnement de Paris, cette ville immense, le séjour actuel du roi et de l'Assemblée nationale, qui est la première source du repos ou du trouble de l'État, je n'adresse à vous pour vous prier de chercher à faire acheter les 20.000 charges de blé que le roi veut extraire de Sicile ou de quelque autre partie de la Méditerranée, par telle maison de commerce que vous pourrez y déterminer si, comme je le crains, la Compagnie d'Afrique s'y refuse. "

          Après la lecture de cette lettre, les directeurs voulurent encore une fois affirmer leur patriotisme comme, en témoigne le texte de leur délibération :
           MM. les Directeurs, considérant l'importance et la nécessité des besoins publics dans cette circonstance, et que l'objet de la Compagnie étant essentiellement l'approvisionnement de Marseille et de la province, loin de déroger à l'esprit de son institution, elle ne ferait que s'y conformer davantage en étendant ses soins aux autres provinces du royaume et aux besoins de 1'État, sans négliger l'extraction des blés de ses Concessions qui sont plus immédiatement l'objet de son commerce, considérant de plus que les mêmes motifs de bien public, qui l'ont déterminée au mois d'avril de cette année à se charger de l'achat et de l'expédition de 60.000 setiers de blé pour le gouvernement, subsistent dans toute leur force… ont unanimement délibéré que la Compagnie devait se charger de l'extraction des 20.000 setiers demandés par Mgr le premier ministre des finances pour l'approvisionnement de la ville de Paris, sans rétribution ni commission quelconque. "

          En effet, les jours suivants, 11 navires furent affrétés et expédiés par la Compagnie en Sicile et à Naples.
           Malgré l'importance de ces services, ce ne fut que d'une façon tout à fait exceptionnelle que la Compagnie vint en aide au gouvernement pour l'alimentation de Paris, tandis que, conformément à l'esprit de son institution, elle ne cessa de prêter le concours le plus utile à la municipalité de Marseille et aux directoires départementaux, pour assurer la subsistance de la ville et des pays voisins.

          En avril 1789, les directeurs, qui avaient l'habitude de faire des fournitures à la communauté, reçurent la visite d'un des échevins venu pour leur demander, " vu la situation de la ville, de procurer aux boulangers le blé ou la semoule nécessaire, à un prix qui permit au boulanger pauvre de donner au consommateur le pain au taux fixé ". Les directeurs, regrettant de n'avoir que peu de blé à leur disposition, délibérèrent unanimement de refuser jusqu'à nouvel ordre toutes les propositions d'achat de blé et de semoule, quelque avantageuses qu'elles fussent, et d'en livrer aux boulangers au détail suivant les ordres des échevins.
           A la fin de l'année, le roi, pour favoriser l'importation dans le royaume, avait accordé aux blés de Barbarie et du Levant importés, la même prime qu'à ceux qui venaient des ports d'Europe.

          " Les directeurs, considérant que la faveur accordée tendait à diminuer l'approvisionnement de la ville, et qu'en renonçant au bénéfice de cette prime la Compagnie assurerait de la manière la plus efficace la destination de ses blés pour la consommation de la ville et que, par ce sacrifice, elle répondrait en même temps au vœu de messieurs les officiers municipaux et concilierait sans effort les intérêts du public et la libre exploitation de son commerce, délibérèrent unanimement que la Compagnie s'abstiendrait pour le moment présent de faire aucune déclaration des blés qu'elle avait reçus des Concessions d'Afrique, tant que la circonstance en soutiendrait les prix au taux de la vente qu'elle avait faite du blé de la Calle à 40 et de celui de Bône à 41 livres ".

          Quelques jours après, le 24 décembre, les directeurs recevaient une lettre du Comité des subsistances de Marseille qui leur demandait de faire l'achat de 20.000 charges pour le compte de la communauté. Le lendemain, c'était la province tout entière qui avait recours aux bons offices de la Compagnie. Dans leur lettre, les consuls, assesseurs d'Aix et procureurs du pays de Provence, rendaient hommage " aux sentiments et aux principes " de la Compagnie, " dirigée par de vrais citoyens dont l'amour du bien public animait et dirigeait les opérations. " Sur les instances de M. d'André, commissaire du roi, la Compagnie consentit à s'engager à fournir 15.000 charges pour l'été de 1790.
           Ces achats de blé devenaient de plus en plus onéreux, malgré la hausse du prix des blés en France, car les exigences du bey de Constantine, qui connaissait la situation, étaient de plus en plus exagérées.

          Malgré cela, et bien que la récolte s'annonçât belle partout, en 1791, la Compagnie voulut remplir ses greniers, pensant qu'il était " de son devoir et de son patriotisme de faire quelques sacrifices, pour concourir par tous les moyens qui dépendaient d'elle à assurer à ses concitoyens cet objet de leurs premiers besoins. " Cette année, le département des Basses-Alpes avait recours à ses approvisionnements.
           En 1792, la Compagnie répondait à l'appel du Conseil municipal qui l'invitait à faire venir des Concessions 50.000 charges de blé, ou davantage, pour assurer l'approvisionnement de Marseille pendant l'hiver. Délibération des 29 juin, 13 septembre 1791, 7 et 26 janvier, 11 août 1792. - Les achats de blés dans les Concessions n'avaient pas été aussi considérables, pendant ces trois ans, que les détails donnés ci-dessus pourraient le faire croire. Il était venu de la Calle et de Bône 46.037 charges en 1789, 17.740 en 1790, 52.540 en 1791, 56.159 en 1792. (Dépouillements des bilans). Cf. les chiffres des années précédentes, p. 527, note 1.

          A diverses reprises, la Compagnie avait reçu des témoignages de la reconnaissance publique pour son zèle. En janvier 1790, le conseil municipal de Marseille, pour marquer sa gratitude, avait nommé Bertrand, directeur principal, adjoint au comité des subsistances; le 19 janvier 1792, deux officiers municipaux vinrent lui transmettre les remerciements de la commune. Le 8 février 1790, les directeurs de l'hospice général de la Charité, délégués par les administrateurs de cet hôpital, apportèrent l'extrait d'une délibération " par laquelle ils avaient voté au bureau de la Compagnie des remerciements, pour les facilités qui leur avaient été données à l'achat de grains destinés au pain des pauvres. " Le 30 décembre, ce furent les directeurs de l'hôpital général qui vinrent faire une démarche analogue.

          Mais, pendant ces quatre années, la prospérité de la Compagnie avait fait place à une situation de plus en plus précaire ; un concours de circonstances défavorables avait rendu son commerce désavantageux et l'exploitation des Concessions onéreuse.

          Le vieux dey d'Alger, Baba Mohammed, longtemps favorable aux Français, profita des embarras au milieu desquels le gouvernement de Louis XVI terminait les négociations relatives au renouvellement du traité de paix centenaire avec Alger, pour imposer à la Compagnie d'Afrique des conditions très lourdes. Le chevalier de Sainneville, envoyé de Louis XVI, avait signé, le 29 mars 1790, le nouveau traité, mais il l'avait négocié sans s'occuper des Concessions, ni des privilèges de la Compagnie d'Afrique. Ceux-ci, lors des négociations avec Alger, avaient toujours fait l'objet de conventions en dehors des traités de paix entre la France et la Régence, mais les traités n'avaient jamais été signés sans que la confirmation des anciennes conventions ne fût assurée, et ne leur fût ajoutée comme une annexe indispensable.

          Quand Sainneville voulut entamer une nouvelle négociation relative aux Concessions, il se heurta à des exigences imprévues.

          " Nous avons été arrêtés, écrivait le consul d'Alger, de Kercy, par la notification bien inattendue que le dey nous a faite de l'intention où il était de retirer les trois comptoirs de vos Concessions, savoir La Calle, Bonne et le Collo ; il nous a représenté que des étrangers lui offraient 500.000 piastres fortes pour la jouissance des privilèges... que le bey de Constantine lui faisait la même demande... que cependant, par égard pour la Compagnie, Il pourrait continuer de lui en laisser la jouissance comme par le passé, à condition qu'elle paierait pour chaque lisme 20.000 sequins algériens, ce qui ferait plus de 120.000 livres par an. "

          Le dey accordait à la Compagnie un délai de trois mois pour se décider.

          Il y avait de quoi réfléchir puisque la Compagnie ne payait auparavant à Alger qu'une lisme de 407 sequins tous les mois ; c'était donc une redevance quintuple qu'exigeait le dey tout d'un coup, au mépris de tous les anciens traités. Cependant, sans essayer de soutenir les intérêts de la Compagnie, Sainneville s'était embarqué pour Toulon le 5 avril, laissant le consul et l'agent de la Compagnie seuls pour résister aux prétentions des Puissances. L'envoyé du roi ne faisait sans doute que se conformer à ses instructions, car, peu après, le ministre, la Luzerne, prévenait lui-même la Compagnie qu'il ne considérait pas que les intérêts politiques de la France fussent liés au maintien des Concessions, et qu'elle eût elle-même à pourvoir comme elle l'entendrait à la défense de ses intérêts.

          C'était une véritable abdication de la part du gouvernement, l'abandon des vieilles traditions relatives aux Concessions, que tous les ministres, depuis Richelieu, s'étaient accordés à considérer comme nécessaires au maintien de nos bonnes relations avec Alger et de notre prestige auprès des Barbaresques. L'anarchie du gouvernement, l'embarras que devait éprouver le ministre dans ses rapports avec une de ces vieilles compagnies, qui semblaient menacées de disparition prochaine, excusent seuls une pareille attitude.

          Heureusement, la Compagnie était alors en pleine prospérité et plus confiante dans l'avenir. Elle supputa que, " ses bénéfices s'étant élevés dans ces derniers temps à 120.000 livres, au terme moyen de sept années où les dispositions de la Régence avaient été les moins favorables, ce bénéfice étant en sus de 72.000 livres de dividendes à 6 %..., elle pouvait, en renouvelant le bail à un plus haut prix, se flatter d'une plus grande faveur, de plus de protection, conséquemment faire un commerce plus lucratif. "

          S'élevant au-dessus de la considération de ses seuls intérêts commerciaux, elle reprit pour son propre compte les théories abandonnées par le ministre, et affirma qu'elle ne " pouvait s'empêcher de regarder ses établissements comme un objet d'intérêt public. " Ainsi, grâce à la confiance des directeurs de la Compagnie dans l'avenir et à leur prévoyance, les Concessions d'Afrique furent conservées à la France. Mais il fut impossible de résister aux exigences du dey. Le 23 juin 1790, le consul, de Kercy, et l'agent de la Compagnie, Paret, signèrent une convention d'après laquelle l'ancienne redevance de 1.221 piastres d'Alger, payée tous les deux mois au dey, serait abolie et remplacée par une lisme de 4.500 piastres ; en outre, la Compagnie continuerait de payer au bey de Constantine son droit d'usage de 500 piastres tous les deux mois. Arch. d'Alger. Dans le texte publié par Féraud (p. 438), Il est dit que les 4.500 piastres seront payées chaque mois, mais que ce doit être une erreur ; les conditions acceptées par la compagnie, en juin, auraient été beaucoup plus onéreuses que celles offertes par le dey en avril (v. ci-dessus). Elle dut, au contraire, obtenir quelques adoucissements, si bien que les nouvelles lismes, payées tous les deux mois, furent seulement environ quatre fois plus fortes que les précédentes C'est ce que confirment les Mémoires de la congrégation de la Mission, d'ailleurs inexacts : " La Compagnie royale fut imposée par la Régence à 2.000 sequins tous les deux mois, ce qui quadruplait presque la somme payée jusqu'alors ; en juillet 1790, cette somme fut cependant réduite à 1.500 sequins. "
           Même à ces conditions, ce n'était qu'en dépensant beaucoup d'argent qu'on avait pu obtenir la confirmation de la jouissance des Concessions ; s'il faut en croire les Mémoires de la congrégation de la Mission, la convention à elle seule aurait coûté près de deux millions de livres, chiffre probablement très exagéré. Est-ce la Compagnie qui aurait dépensé pareille somme ? on n'en trouve aucune trace, ni dans les procès-verbaux de ses délibérations, ni dans sa comptabilité.

          Mais la faiblesse et la condescendance des Français à toutes ses demandes n'avait fait que rendre le dey de plus en plus exigeant ; il réservait ses faveurs aux Espagnols dont les flottes avaient menacé la régence pendant les années précédentes ; il leur avait même offert de leur abandonner les Concessions qu'ils avaient refusées. En 1791, Sidi Hassan, casnagy du dey, avait remplacé le vieux Baba Mohammed et s'était d'abord montré favorable aux Français ; il avait fait écrire au bey de Constantine d'accorder la plus grande protection aux comptoirs de la Compagnie et de lui donner 20.000 charges de blé au prix de 31 piastres, " quoiqu'il eût aussi des offres plus considérables de la part des étrangers. " Ces bonnes dispositions n'avaient pas duré ; l'agent de la Compagnie à Alger écrivait, le 6 septembre 1792 " Le souverain de ce pays a toujours son dégoût pour la nation française et son goût pour l'espagnole. " De plus, cette année-là, les opérations de la Compagnie furent troublées par la guerre civile. Salah bey, qui commandait à Constantine depuis vingt et un ans, ayant été destitué par Sidi Hassan, assassina son remplaçant trois jours après son arrivée et se proclama indépendant; le dey dut venir l'assiéger et le prendre dans Constantine avec 20.000 hommes.

          Mais les Algériens réglaient leur attitude d'après l'opinion qu'ils se faisaient de la force du gouvernement français. La nouvelle des succès de Dumouriez, en Belgique, fit que le dey se déclara l'ami de la République et facilita les achats de blés. Au mois de mai 1793, l'apparition des frégates de la République dans la rade d'Alger produisit le meilleur effet et raffermit la paix. Quelques mois après, l'annonce de l'occupation de Toulon par les Anglais changeait tout ; le bey de Constantine refusait des blés à la Compagnie et les Français étaient insultés à Alger. Ainsi, depuis 1789, les charges de la Compagnie à Alger étaient devenues beaucoup plus lourdes ; elle n'avait jamais pu se flatter de jouir de la faveur des Puissances, et elle pouvait de moins en moins y compter ; malgré quelques retours favorables, le discrédit des Français n'avait fait que croître à Alger pendant les quatre premières années de la Révolution.

          Les mauvaises dispositions des Algériens, la hausse des prix dans les Concessions et surtout la hausse énorme de la valeur des piastres, avaient eu une influence désastreuse. Les achats de blé, surtout, qui avaient contribué à soulager la misère publique, avaient causé à la Compagnie des pertes considérables. Au début de 1792, elle ne pensait pas pouvoir les continuer sans s'exposer à une ruine certaine. Les directeurs exposaient leurs craintes et leurs doléances dans le mémoire qu'ils adressaient aux administrateurs du département, le 3 janvier :

          " Vous êtes instruits, messieurs, de la prodigieuse augmentation que toutes les valeurs et tous les signes d'échange ont subie depuis quinze jours. Vous savez que les piastres que la Compagnie achetait à 5 livres 9 sols sont montées progressivement à 9 livres 5 sols.... Il est essentiel que nous évoquions toute votre attention.... sur les sacrifices et le dévouement que des circonstances impérieuses ont exigés de la Compagnie depuis deux ans et qui, en se prolongeant encore cette année et peut-être la suivante, entraîneraient avec elles sa ruine....

          Dans le moment actuel, la circonstance... est plus difficile encore. Le crédit et les ressources sont nuls. Au prix où sont les piastres, les blés reviennent au-dessus de 50 livres la charge ; ils peuvent approcher de 60 livres, pour peu que la demande en Barbarie en ait fait hausser le prix et les ait fait monter à 36 piastres.

          Que doit faire la Compagnie ? S'exposer à une ruine certaine ? Sens doute, messieurs, si elle pouvait assurer à elle seule les approvisionnements de la ville, de ce département et des départements méridionaux. Mais la chose est physiquement impossible ; la Compagnie peut s'écraser et se ruiner sans avoir l'espérance de remplir un objet aussi vaste et, cependant, sa ruine aggraverait le mal en faisant perdre à cette ville, aux pays qui nous avoisinent, une partie de ses subsistances et une branche considérable du commerce des blés. " Archives de la Compagnie. - Cf. Délibération du 7 janvier 1792 : perte de 800.000 livres sur les blés en 1789 et 1790, de 500.000 en 1791.

          Ce tableau de la situation était, il est vrai, un peu poussé au noir ; l'examen des bilans de la Compagnie n'accuse pas une situation aussi mauvaise. En 1789, la Compagnie avait encore fait 16,789 livres de bénéfices ; en 1790, ses fonds réels et exploitables avaient diminué de 493.292 livres seulement, en 1791, de 491.000 ; en 1792, ils avaient augmenté de nouveau de 115.000 livres. Fonds réels et exploitables de la Compagnie, d'après les Dépouillements de bilans : 1788 = 2.869.012 1iv., 1789 = 2.885.801 liv, 1790 = 2.392.508 liv., 1791 = 1.901.785 liv., 1792 = 2.015.720 liv. - Arch. de la Compagnie. - Cf., ci-dessus, p. 502 - En dehors des blés et du corail, la Compagnie avait reçu des Concessions : en 1789, 41.288 cuirs, 3.308 balles de laines, 1.045 charges de fèves, 253 quintaux de cire ; en 1790, 25.921 cuirs, 1890 balles de laine, 195 quintaux de cire ; en 1791, 33.894 cuirs, 719 balles de laine, 169 quintaux de cire ; en 1792, 12.623 cuirs, 252 balles de laine, 4.466 charges d'orge, 130 quintaux de cire. Elle avait affrété successivement 42, 31, 51 et 50 bâtiments, jaugeant respectivement 6.300, 6.000, 7.600, 7.000 tonneaux. Les prix du fret avaient vite augmenté puisqu'elle avait payé 199 657 liv. en 1791 et 310.501 liv. en 1792. Dépouillem. de bilans.

          La désorganisation complète de la pêche du corail avait aussi contribué à donner une mauvaise tournure aux affaires de la Compagnie. Les Corses, qui l'inquiétaient déjà par leurs fraudes et leur insubordination avant 1789, prétendirent alors pratiquer librement la pêche sans tenir compte de ses privilèges. Cependant, Ils avaient besoin de s'entendre avec elle pour pouvoir trouver un refuge à la Calle en cas de mauvais temps, pour être assurés de leur provision de vivres, et pour n'avoir pas à craindre d'être maltraités ou réduits en esclavage par les Barbaresques. Le 22 octobre 1790, Pozzo di Borgo et Gentili, députés extraordinaires de Corse auprès de l'assemblée nationale, se présentèrent devant les directeurs, comme mandataires de leurs compatriotes, et demandèrent quelles propositions la Compagnie pouvait leur faire. Les directeurs, pris à l'improviste, leur répondirent qu'ils prendraient les arrangements les plus propres pour concilier les intérêts de la Compagnie avec ceux des habitants de la Corse.
           En effet, au printemps de 1791, ayant reçu l'avis, par leur agent en Corse, que 40 gondoles de cette île se préparaient à partir pour la pêche du corail, ils recommandèrent au gouverneur de la Calle d'agir vis-à-vis d'eux avec la plus grande prudence et de les admettre au nombre de ses corailleurs, de crainte qu'il n'arrivât quelque désordre s'il voulait leur opposer de la résistance. Cependant ils avaient obtenu, en leur faveur, une délibération fortement motivée du directoire du district de Marseille. Celui du département des Bouches-du-Rhône avait adopté ces conclusions et arrêté qu'il serait écrit, en même temps, aux administrateurs de la Corse et au ministre de la marine. Des négociations furent engagées à Paris ; le 1er mai 1791, le directeur principal Bertrand, signait avec Christophe Saliceti, député à l'Assemblée Nationale, et Charles-André-Joseph di Borgo, député extraordinaire de Corse, une convention pour la pêche d'un caractère tout nouveau par les avantages qu'elle accordait. Tous les pêcheurs d'Ajaccio, en quelque nombre que ce fût, avaient la liberté d'aller faire la pêche, pendant l'été et l'automne, dans toute l'étendue des Concessions.
           Chaque patron de gondole serait seulement tenu de livrer à la Compagnie cinq livres de corail de première qualité, dix livres de la seconde, cent vingt livres de branchettes et deux cents trente livres de menus et fondettes. Ce corail leur serait payé, suivant les qualités, trente, vingt-huit, vingt et quatre francs la livre. Le gouverneur de la Calle devait leur fournir tous les vivres dont ils avaient besoin, à des prix déterminés. Tous les pêcheurs devaient être reçus et traités à l'hôpital de la Calle suivant l'usage ordinaire. La galette à 13 fr. le quintal, le vin à 10 francs la millerolle, le pain à 2 sols la livre et la viande à 4 sols. Les agrès et cordages devaient être fournis au prix coûtant. Convention du 1er mai 1791. Arch. de la Compagnie. Cf. Délib. du 14 avril et 18 août 1791.

          Cette nouvelle convention fut ouvertement violée par les Corses, qui s'en allèrent vendre toute leur pêche dans les ports d'Italie :

          " Il est notoire, exposait le 7 janvier 1792 le directeur principal, dans tous les ports de l'Italie, à Gênes, à Livourne, à Naples, et il est connu à Marseille, que la pêche de cinquante-cinq bateaux corses a été très considérable et que le corail, après avoir fait quarantaine à Ajaccio, a été importé à Livourne et y a produit 900.000 livres, argent de France. Cette opération a été favorisée par la municipalité d'Ajaccio et le département de la Corse. Les démarches que la Compagnie a faites auprès de cette administration pour réclamer justice de la lésion énorme qu'elle souffre, par l'infraction du contrat passé avec les respectables députés, fondés de pouvoirs des pécheurs corses, pouvoirs confirmés et autorisés par la municipalité d'Ajaccio, ont été sans effet, comme sans réponse.
           Je ne fais aucun doute que la Compagnie obtienne justice, mais il est nécessaire qu'elle la sollicite, Il est nécessaire qu'elle agisse auprès de l'Assemblée nationale, auprès du gouvernement. "

          En attendant, au printemps de 1782, ce furent les administrateurs de la Corse qui envoyèrent à la Compagnie une copie des conditions que les mariniers d'Ajaccio lui proposaient pour la pêche de l'année. Celle-ci dut se prêter encore à un accommodement. Son directeur principal, Bertrand, signa une nouvelle convention à Paris, avec les députés corses, en présence des administrateurs du comité central du commerce, chargés de la médiation. Le directoire du département de la Corse se rendait garant de l'exécution du contrat et devait donner caution envers la Compagnie. Plus de 100 gondoles devaient avoir la faculté de pêcher. Les mariniers corses voulurent porter eux-mêmes leurs provisions ou les faire venir de Corse. Chaque gondole n'était obligée qu'à remettre 20 livres de corail des deux premières qualités. Il y eut d'abord 115 gondoles armées (5 de Calvi, 80 d'Ajaccio, 10 de Bonifacio, 10 de Bastia, 10 du cap Corse), plus tard 120. Délib. du 13 avril, 11 mai, 1er juin, 19 juillet 1792.

          Ce fut pour celle-ci l'occasion de nouveaux déboires, comme on le voit par les plaintes qu'elle adressait, le 1er décembre 1792, à l'administration de la Corse. Ce département n'avait rien répondu à ses réclamations relatives à la pêche de 1791 ; Il n'avait pas envoyé la ratification de l'accord signé au mois d'avril. Malgré tous les engagements, les gondoles corses s'étaient retirées, le 18 août, en emportant une grande quantité de corail, sans vouloir rien payer à la Compagnie.
           Les patrons prétendaient, au contraire, que l'assemblée nationale leur devait une prime d'encouragement. Cependant, la rétribution de 20 livres de corail pour chaque gondole, c'est-à-dire de 2.400 livres au total, était bien peu de chose, en comparaison de ce que la pêche rendait auparavant à la Compagnie et un bien faible dédommagement des tributs qu'elle payait à Alger et à Tunis. Cette rétribution était même si modique que la Compagnie ne pouvait pas s'engager à consentir l'année suivante à un pareil arrangement. De plus, elle se plaignait que les Corses eussent compromis la tranquillité des Concessions, en vendant de la poudre aux Maures, chose rigoureusement défendue par les traités.

          En même temps, Rolland, ministre de l'intérieur, écrivait au département de la Corse pour l'inviter à faire rendre justice à la Compagnie, mais les administrateurs étaient impuissants. Paoli, lieutenant général des armées de la République à Corte, écrivait, en février 1793, que ses efforts, joints aux leurs, avaient été inutiles ; ils n'avaient pu faire convenir les pêcheurs de leurs infractions. L'affaire fut portée devant la Convention; successivement Garat, ministre de l'intérieur, et Lebrun, ministre des affaires étrangères, au département duquel le commerce du Levant et de Barbarie venait d'être rattaché, promirent leurs bons offices, mais la Compagnie attendit en vain une solution.

          Cependant, les pécheurs corses s'apprêtaient à partir pour la pêche de 1793 sans faire d'accord avec la Compagnie ; mais, comme la guerre venait d'éclater avec l'Angleterre, l'Espagne et la Hollande, ils demandaient au département de leur procurer l'escorte d'une frégate pour les protéger pendant la pêche et au retour. De son côté, la Compagnie avait espéré un moment profiter des difficultés de la guerre. Mais les ordres qu'avait envoyés le ministre à l'ordonnateur de la marine à Toulon, pour faciliter la levée de vingt équipages, dix de Provence et dix de Corse, étaient arrivés quand la saison était déjà trop avancée pour l'exécution du plan prévu par la Compagnie, qui renonça à la pêche pour cette année. Au même moment, son agent à Ajaccio lui apprenait que les commissaires nationaux avaient accordé aux marins de Corse la permission de la pêche du corail dans l'étendue de la Méditerranée, sans désigner aucun endroit particulier ; ils avaient autorisé le commissaire en chef de la marine à leur faire donner les commissions et expéditions nécessaires. " Délibération du 24 mai, 18 juin 1793 - En septembre, le gouverneur de la Calle annonça l'arrivée d'une vingtaine de bateaux corses avec lesquels il avait traité aux mêmes conditions que l'année précédente. Délibération du 13 septembre.
           L'exploitation des pêcheries de corail paraissait bien décidément perdue pour la Compagnie d'Afrique. La Compagnie avait reçu 63 caisses de corail en 1789, 46 en 1790, 49 en 1791, 20 en 1792, avec la mention : corail de la basse qualité. Dépouillements des bilans. En même temps, la manufacture marseillaise, ne recevant plus les approvisionnements qui lui étaient nécessaires, était condamnée à tomber de nouveau pour ne plus se relever.

          Ainsi, les deux sources principales de revenus s'étaient non seulement taries, mais semblaient transformées en sources de déboires et de pertes considérables. Tout était bien fait pour décourager les directeurs et les actionnaires.

          En 1793, la Compagnie ne trouvait plus d'argent pour continuer ses opérations; la guerre avec l'Espagne rendait plus difficile l'acquisition des piastres nécessaires. Elle décidait au mois d'avril de payer ses employés en assignats et augmentait leurs appointements d'un tiers pour les dédommager. En décembre, le consul d'Alger, au nom du comité d'approvisionnements en blé de Marseille, chargeait l'agent de Bône d'arrêter tous les blés qu'il pourrait pour le compte de la Compagnie ; mais, prévoyant qu'il ne pourrait s'en procurer au nom de celle-ci, il lui demandait d'opérer sous le secret, pour le compte de la nation française, " le relevant en ce dernier cas de tous les risques et événements dont cette commission était susceptible. " Ce comité de 15 personnes, établi par les représentants du peuple en mission, avait à sa tête le citoyen Gimon.

          L'impuissance de la Compagnie était donc reconnue ; l'argent lui manquait non seulement pour faire des achats, mais pour payer ses lismes et pour approvisionner ses comptoirs. En mars 1794, l'agent de Bône, Guibert, dépeignait ainsi au consul d'Alger l'état d'abandon de la Calle.

          " Tu me parles de la population de la Calle qui bientôt serait réduite à rien s'il ne venait des bâtiments sous escorte. Presque tout le monde veut s'en aller. La place est à l'eau depuis près de trois mois. Elle y a été pendant quatre l'été dernier. Nous manquons de toutes sortes d'autres provisions. Ces gens là nous croient abandonnés et, ce qui leur fait plus de peine, c'est que personne ne reçoit de nouvelles de sa famille. Enfin, s'il reste 150 hommes à la Calle après que j'aurai chargé le bâtiment qui doit me venir, ce sera le bout du monde. " Délib. du 13 septembre 1793. - Lettres du 30 octobre, 10 décembre 1793, 26 et 29 janvier, 10 février, 30 mars 1794. Arch. d'Alger. Publiées par Féraud, p. 465 et suiv. - Quelques jours après, cependant, un bâtiment de Marseille venu en 5 jours apportait 12.000 piastres à Bône et 9.000 pour Collo ; le 1er juin, un voilier armé en course, apportant aussi de l'argent, venait en 2 jours de Marseille à Bône. Journal de Guibert. Ibid. p 479.

          La guerre, déclarée pour la première fois à l'Angleterre, à la Hollande, aux Bourbons d'Espagne et de Naples en même temps, avait achevé, en 1793, de rendre les opérations de la Compagnie difficiles et onéreuses. Dans des instructions données à l'agent Guibert, le 26 janvier 1794, pour faire venir des blés, on lui recommandait " de charger sur les bâtiments neutres quand il en aurait, et, à défaut, sur des français, en observant les précautions suivantes : embarquer sur les neutres un subrécargue turc ou maure, sujet d'Alger, ou juif. La cargaison devait paraître faite pourcompte algérien et il fallait donner à ces chargements la destination simulée pour Gènes. "

          La Révolution continuait, toujours plus violente, la Terreur sévissait, la division et l'anarchie étaient partout ; la situation de Marseille était plus triste encore que celle des autres ports du royaume ; il ne semblait pas y avoir d'espoir de voir les affaires de la Compagnie prendre une tournure meilleure ; les actionnaires finirent par se lasser.

          Dès 1792, le directeur principal, Bertrand, avait proposé lui-même la liquidation de la Société. Inquiet peut-être de la tournure des événements pour sa sûreté personnelle, il avait prétexté qu'il voulait profiter de ses liaisons avec le ministre des États-Unis à Paris et de la connaissance qu'il avait faite d'un riche négociant de New York, actuellement à Londres, et il était parti pour cette ville, afin d'essayer de traiter des achats de blés d'Amérique. On lui signifia que sa présence était nécessaire à Marseille ; sommé de revenir avant le 1er décembre, il revint en effet à Marseille.

          Ce furent les actionnaires de Paris, les plus nombreux, qui provoquèrent enfin la cessation des opérations de la Compagnie. Dans diverses réunions, tenues en avril juin, chez le notaire Rouen, chargé de ses affaires à Paris, les porteurs de 400 actions discutèrent avec " beaucoup de fermentation " au sujet de la situation et réclamèrent avec insistance des éclaircissements détaillés aux directeurs. Ceux-ci répondirent que la situation, au 1er juillet, paraissait présenter un bénéfice de 130.000 livres environ pour les six premiers mois de l'année.
           Mais l'instabilité du prix des piastres, dont la valeur était montée de 12 à 17 livres depuis l'époque du bilan de 1792, ne permettait pas de se faire une idée juste de la situation de la Compagnie et de ce qu'elle pourrait faire dans les six derniers mois de l'année. D'ailleurs, tant que durerait la guerre, le commerce présenterait plutôt des chances de pertes que de bénéfices. Ils pensaient donc qu'il valait mieux cesser toute affaire le reste de l'année, on se résignerait ainsi à une dépense maximum de 600.000 livres, en y comprenant le dividende de 1793.

          Cette réponse acheva de décourager les actionnaires de Paris. A la suite de diverses assemblées, ils décidèrent qu'il était beaucoup plus prudent de ne plus continuer un commerce qui pourrait devenir fort onéreux. Les directeurs, encore hésitants, remirent au Bureau provisoire du commerce, qui avait remplacé la Chambre de Commerce, une notice sur la situation actuelle de la Compagnie et des Concessions d'Afrique, en le priant de faire les démarches nécessaires pour que ces faits fussent portés à la connaissance de la Convention nationale.

           Enfin, le 27 nivôse, an II (17 janvier 1794), dans leur dernière assemblée, les directeurs prirent une résolution définitive. Depuis le 5 novembre, les assemblées étaient tenues par Richaud, président Rabaud. Gimon, Boyer, Benet. commissaires-liquidateurs des affaires de la ci-devant Chambre de Commerce, en cette qualité établis directeurs de la Compagnie d'Afrique, par arrêté du département du 13 du second mois de l'an second de la République, et Bertrand, directeur principal. Reg. des Délib. Le président Richaud exposa en quelques mots la situation :

          " Citoyens, depuis longtemps la Compagnie d'Afrique est, par le fait, en liquidation pour ses affaires commerciales et, pour la forme, elle a écrit à la Convention nationale, au ministre et aux actionnaires à Paris, à l'effet d'obtenir une décision sur les engagements de la Compagnie envers les Régences de la Barbarie et vous êtes sans réponse. Depuis, notre directeur principal a été appelé à Paris par la commission des subsistances ; vous le chargeâtes alors de suivre avec exactitude les affaires de la Compagnie, mais, par sa lettre du 18 nivôse, il parait désespérer d'obtenir bientôt une décision. Cependant, le temps presse, la pénurie de vos agents dans les Concessions augmente… Enfin, la loi du 24 août 1793 (vieux style), veut, je pense, que vous liquidiez non seulement les affaires commerciales par le fait, mais encore par la forme, c'est-à-dire vos relations pécuniaires avec les Régences de Barbarie. "

          Aussitôt, les directeurs délibérèrent unanimement de rétrocéder à la nation le privilège de la Compagnie. Ils adressèrent copie de cette délibération au ministre des affaires étrangères et au citoyen Bertrand, à Paris, " à l'effet de faire toute démarche nécessaire pour la prompte acceptation de cette rétrocession. " Délib. des 26 avril, 25 juin, 9 juillet, 30 août, 13 septembre, 5 novembre, 2 décembre 1793, 27 nivôse, an II. - On peut rappeler une curieuse délibération du 15 février 1793, qui révèle d'autres difficultés de la Compagnie. Cette délibération porte sur les conséquences des lois des 22, 27 août et 28 novembre 1792, qui avaient grevé les actions de formalités rigoureuses et de diverses taxations dont la plus considérable était le quart sur le dividende annuel et sur les répartitions des bénéfices. Pour s'affranchir des formalités et taxations prescrites, notamment le droit d'enregistrement sur les actions, " les actionnaires ou leurs fondés de pouvoirs, réunis en assemblée générale, délibérèrent de suivre l'exemple de la caisse d'escompte et de la nouvelle Compagnie des Indes. " On anéantirait les actions de la Compagnie au porteur ; chaque propriétaire les ferait remettre à la caisse de la Compagnie et serait crédité dans un registre, au moyen de quoi les ci-devant porteurs d'actions auraient les mêmes droits et les mêmes titres dans la Compagnie.

          Cette fois, la réponse ne fut pas attendue longtemps ; la Compagnie fut supprimée par arrêté du Comité de Salut public, du 19 pluviôse, an II (8 février 1794).

          Ainsi disparut, au milieu de la tourmente révolutionnaire, la dernière des compagnies d'Afrique, et, sans doute aussi, des compagnies de l'ancien régime. Après avoir joui d'une exceptionnelle prospérité, elle sut se dissoudre sans attendre sa ruine. La liquidation de son fonds social donna, en effet, 2.048.248 livres, somme supérieure à son capital primitif. Il est vrai que le Trésor aux abois s'en empara contre toute justice, frustrant les actionnaires du dernier bénéfice de leur sagesse.

          L'œuvre des compagnies d'Afrique ne disparut heureusement pas avec elles. L'arrêté du 19 pluviôse avait institué, pour le compte de l'État, une Agence d'Afrique qui devait continuer l'exploitation des Concessions et des monopoles accordés aux Français. Le citoyen Gimon, qui avait joué un si grand rôle dans les affaires de Barbarie depuis 1780, annonçait en ces termes sa nomination de directeur au consul d'Alger : " Tu auras peut-être déjà appris que j'ai été nommé directeur de l'Agence d'Afrique par la commission de Paris ; mes collègues sont au nombre de cinq. Cette nomination est approuvée par le Comité de Salut public. L'Agence remplace la ci-devant Compagnie d'Afrique et suit entièrement l'organisation de celle-ci, en attendant qu'il en soit autrement ordonné. Il n'y a de changement que dans la dénomination. " Ainsi, le Comité de Salut public avait compris l'importance du legs que la Compagnie avait fait à la nation.
           Il était décidé à continuer en Barbarie les traditions séculaires de notre politique. Au milieu des vicissitudes que traversa la France, elles allaient être maintenues jusqu'au jour où elles devaient porter leurs fruits.
§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§
A SUIVRE

NOUVELLES de LÁ-BAS
Envoyées d'Algérie. 01/06/20006
Prévue avant la fin de l’année en cours
La première transplantation du foie à Annaba

http://www.liberte-algerie.com/radar/la-premiere-transplantation-du-foie-a-annaba-prevue-avant-la-fin-de-l-annee-en-cours-178538
           Par  Rubrique Radar Mardi, 22 Mai 2012 09:50

          La première transplantation du foie est prévue avant la fin de l’année 2012 au Centre hospitalier universitaire (CHU) d’Annaba, a-t-on annoncé en marge de la deuxième journée des travaux du 20e Congrès national de chirurgie (CNC) qui se tient dans cette ville de l’est du pays. Le président du CNC, le Pr Hacène Chihaoui, qui est également chef de service de chirurgie à l’hôpital Ibn Rochd d’Annaba, a précisé dans ce cadre que le plateau technique destiné à cette intervention “est prêt, à l’instar de l’équipe médicale chargée de cette mission”. Trente-trois transplantations du foie ont été réalisées depuis 2003 jusqu’à ce jour à l’échelle nationale, indiquent les statistiques de l’Institut national de santé publique.

Tunisie: 18 blessés dans des affrontements entre clans rivaux au centre-ouest
 
Par La Rédaction | 14/05/2012 | 20:58
           http://www.algerie1.com/flash-dactu/tunisie-18-blesses-dans-des-affrontements-entre-clans-rivaux-au-centre-ouest/
           Des affrontements violents entre deux clans rivaux dimanche soir et lundi matin dans la région de Feriana au centre-ouest de la Tunisie, ont fait 18 blessés, dont un grave, a rapporté l’agence TAP. Un des blessés est dans un état grave, selon une source hospitalière citée par la TAP.

           Le ministère de l’Intérieur avait auparavant indiqué que des fusils de chasse ont été utilisés dans ces affrontements. Un clan impliqué dans un trafic de fer en provenance d’Algérie a voulu se venger d’un clan rival qui avait tenté de mettre la main sur leur marchandise, selon le ministère. Des unités des forces de l’ordre et de l’armée sont intervenues pour mettre fin aux affrontements, a ajouté la même source.

           Les querelles tribales dégénèrent souvent dans les régions sud frontalières de la Libye à l’est et de l’Algérie à l’ouest, où le trafic d’armes et la contrebande ont proliféré. Le premier mai, des habitations et des commerces avaient été incendiés au cours de heurts entre tribus dans la région de Ben Guerdane (500 km au sud-est de Tunis) près de la frontière libyenne. Un agent avait été blessé et un véhicule de la police endommagé.

           En juin 2011, douze personnes avaient été tuées et plus de 150 blessées dans de violents affrontements à Metlaoui, dans le sud-ouest. Une bataille entre deux clans à El Ksar, dans le bassin minier du sud-ouest a fait deux morts en mars dernier, provoquant l’instauration du couvre-feu et une intervention de l’armée.(Afp)

           NDLR: 1881, le "Tonkinois" Jules Ferry que célèbre F. Hollande, ce 15 mai, signe le traité du Bardo qui va mettre fin à l'anarchie en Tunisie et instaure le Protectorat. L'Histoire repasse les plats.


Selon le consulat de France en Algérie
http://www.liberte-algerie.com/actualite/majorite-ecrasante-pour-francois-hollande-mais-forte-abstention-selon-le-consulat-de-france-en-algerie-177594   Actualité Mardi, 08 Mai 2012 10:00

           Par : Rédaction Nationale
           Majorité écrasante pour François Hollande mais forte abstention

           Une majorité écrasante d'électeurs français et franco-algériens votant en Algérie s’est prononcée, hier, en faveur du socialiste François Hollande avec 87,28% des suffrages exprimés, selon les chiffres transmis par le consulat de France. Mais le taux de participation des quelque 23 000 électeurs inscrits a été faible et n'a atteint que 24,42%, soit 5 550 suffrages exprimés. Sur 3 303 votes exprimés à Alger, 2 771 ont choisi M. Hollande contre 480 pour le président sortant Nicolas Sarkozy, soit 85% des suffrages exprimés. Les électeurs ont aussi accordé leur confiance au candidat socialiste dans les trois autres centres de vote installés en Algérie, Oran (Ouest, 89% des suffrages exprimés), Annaba (Est, 90%) et Constantine (au sud-est d'Annaba, 93%). Le premier tour de l'élection présidentielle française avait été remporté à Alger par François Hollande avec 63% des 4 264 suffrages exprimés.


INQUIÉTANTE MONTÉE DE L'INSÉCURITÉ
Annaba sous l'emprise de la peur 
L'EXPRESSION, Dimanche 06 Mai 2012
           Par : Par Wahida BAHRI
           La petite délinquance prend de l'ampleur et les services sécuritaires font face à une recrudescence phénoménale qui plonge Annaba dans une psychose sans précédent.

           La petite délinquance s'installe chaque jour, un peu plus, dans des quartiers de la ville des Jujubes, en maîtresse des lieux. Partout des agressions sont signalées aux services de sécurité souvent dépassés par l'ampleur de la tâche. Les agressions à main armée sont légion: tous les quartiers de la ville de Annaba ou presque, connaissent une montée vertigineuse de la criminalité. Les histoires de personnes malmenées par de jeunes agresseurs se répètent et souvent avec le même procédé. Sous la menace d'une arme blanche, les délinquants forcent, en général, leur victime du jour à leur remettre tous ses objets précieux, tels que portable, portefeuille, argent et bijoux s'il s'agit d'une femme. La quasi-majorité des agresseurs agissent sous l'effet de psychotropes, pour se doper en courage et audace. Usant souvent d'armes blanches, pétrifiée par la peur, la victime est contrainte de céder pour sauver sa vie.
           Car les agresseurs, sous l'emprise des narcotiques perdent tout contrôle de soi, et peuvent commettre l'irréparable en cas de lutte. Sourire en coin, commettant leur forfait, ils se sauvent en courant. D'autres cas, entrés dans les annales de la criminalité de la wilaya de Annaba se sont terminés de façon dramatique. Certaines victimes ont fini à l'hôpital ou carrément à la morgue. Ce type de criminalité est commis notamment en fin d'après-midi, entre 18 et 19 heures, dans le centre-ville, la vieille ville et autres quartiers de Annaba, dits quartiers chauds. Les agressions dans ces zones sont signalées aussi aux alentours des bidonvilles qui ceinturent la ville où les services d'ordre ont renforcé le dispositif sécuritaire, à cause de la recrudescence des agressions à l'arme blanche et les vols à l'arraché. D'ailleurs, il ne se passe pas un jour sans que les différents arrondissements de la commune de Annaba n'enregistrent une plainte pour agression à l'arme blanche ou vol à la tire, notamment ces derniers jours, dans le centre-ville où la bousculade favorise le phénomène. La présence des vendeurs ambulants sur toutes les artères de la ville de Annaba, depuis la station «Kouche» jusqu'à la place d'Armes, fief de toutes les criminalités confondues, en passant par les rues et ruelles, ainsi que toutes les artères de la ville de Annaba. Une ville où il est devenu impossible de circuler pour ne pas dire sortir dans la rue. Cette dernière s'est transformée en coupe-gorge, redoutée par les habitants qui ne savent plus où trouver la sécurité. Ainsi, il est enregistré une moyenne de 10 à 15 agressions par jour dans la ville. Des quartiers entiers de Annaba vivent sous la menace. Au centre-ville, à la périphérie ou dans les nouveaux sites d'habitation, tels que Bouguentasse, Pont-Blanc entre autres, nul n'est épargné. Ce sont des batailles rangées jusque tard dans la nuit entre des groupes de gangs. Les familles ne se sentent plus en sécurité. Les jeunes se comportent comme des caïds qui veulent délimiter leur territoire et y imposer leur loi.
           La petite délinquance s'est installée progressivement. La police, dont les effectifs ont vu leur nombre renforcé n'y peut rien. 17 à 30 ans est la tranche d'âge des jeunes qui sèment la terreur au sein de la population annabie. Des jeunes qui ont versé dans le grand banditisme faisant de Annaba une véritable favela. Une situation désespérante pour les habitants qui réclament une présence policière importante, mais discrète. Selon certains citoyens «la prolifération des agressions est due à l'absence et à la démission de l'autorité parentale et une politique sécuritaire inefficace dans les quartiers». La justice est aussi évoquée dans les discussions avec des citoyens ou des policiers mis en confiance.
           «La justice travaille-t-elle en toute liberté? A chaque échéance électorale on fait sortir les jeunes délinquants qui se pavanent dans les rues, sans craindre aucune autorité», affirment des habitants. Ils déplorent dans le même contexte la flexibilité de la justice: «La police les arrête, mais ils sont libérés après avoir été déférés par devant le magistrat instructeur. A peine libres, les voilà qu'ils recommencent à agresser de paisibles citoyens. Ils font la loi», s'indignent des habitants de Annaba dont la commune a acquis une mauvaise réputation en raison de la violence, des agressions et de l'insécurité, devenues le lot quotidien de plusieurs localités. Ces derniers vivent une psychose permanente à cause de la multiplication des agressions orchestrées par des bandes de délinquants contre lesquels les services de sécurité semblent être dépassés. Une situation à laquelle il faut remédier de façon impérative, afin de faire face à cette insécurité.
           http://www.lexpressiondz.com/actualite/153178-annaba-sous-l-emprise-de-la-peur.html


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M. Gilles Martinez et son site de GUELMA vous annoncent la mise à jour du site au 1er Mai 2012.
Son adresse: http://www.piednoir.net/guelma
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M. Robert Antoine et son site de staoueli vous annoncent une mise à jour du site au 1er Mai 2012, avec présentation du nouveau Blason.
Son adresse: http://www.piednoir.net/staoueli
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Petite Histoire de vie
Envoyée par Alain

L'histoire du pot de mayonnaise

Quand il te semble qu'il y a « trop » de choses dans ta vie, quand 24 heures ne te semblent pas suffisantes, rappelle-toi du pot de mayonnaise et du café.

ATT000035.gifIl était une fois un professeur de philosophie qui, devant sa classe, prit un grand pot de mayonnaise ide et, sans dire un mot, commença à le remplir avec des balles de golf.

Ensuite, il demanda a ses élèves si le pot était plein.
Les étudiants étaient d'accord pour dire que OUI.
Puis le professeur prit une boîte pleine de billes et la versa dans le pot de mayonnaise.
ATT000042.gifLes billes comblèrent les espaces vides entre les balles de golf.
Le prof redemanda aux étudiants si le pot était plein. Ils dirent à nouveau OUI.

Après, le professeur pris un sachet rempli de sable et le versa dans le pot de mayonnaise.

ATT000054.gifBien sûr, le sable remplit tous les espaces vides et le prof demanda à nouveau si le pot était plein.

Les étudiants répondirent unanimement OUI.

ATT000061.gif ATT000061.gifTout de suite après, le professeur ajouta deux tasses de café dans le contenu du pot de mayonnaise et, effectivement, le café combla les espaces entre les grains de sable.

Les étudiants se sont alors mis à rire. Quand ils eurent fini, le prof dit : Je veux que vous réalisiez que le pot de mayonnaise représente la vie.

Les balles de golf sont les choses importantes comme la famille, les enfants, la santé... tout ce qui vous passionne.

Nos vies seraient quand même pleines si on perdait tout le reste et qu'il ne nous restait qu'elles.

Les billes sont les autres choses qui comptent, comme le travail, la maison, la voiture, etc. Le sable représente tout le reste... les petites choses de la vie.

Si on avait versé le sable en premier, il n'y aurait eu de place pour rien d'autre, ni les billes ni les balles de golf. C'est la même chose dans la vie.

Si on dépense toute notre énergie et tout notre temps pour les petites choses, nous n'aurons jamais de place pour les choses vraiment importantes.

Faites attention aux choses qui sont cruciales pour votre bonheur !

Jouez avec ses enfants (ou petits-enfants), prenez le temps d'aller chez le médecin, dîner avec son conjoint, faire du sport ou pratiquer ses loisirs favoris. Il restera toujours du temps pour faire le ménage, réparer le robinet de la cuisine.

Occupez-vous des balles de golf en premier, des choses qui importent vraiment. Établissez des priorités, le reste n'est que du sable...

Un des étudiants leva la main et demanda ce que représente le café.

Le professeur sourit et dit : C'est bien que tu demandes. C'était juste pour vous démontrer que même si vos vies peuvent paraître bien remplies, il y aura toujours de la place pour une tasse de café avec un ami.


En cliquant sur le nom des auteurs en tête de rubrique,
vous pouvez leur écrire directement,
c'est une façon de les remercier de leur travail.

Si vous avez des suggestions, vous pouvez les exprimer,
EN CLIQUANT. ===> ICI


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