N° 204
Avril

https://piednoir.fr
    carte de M. Bartolini J.P.
     Les Bords de la SEYBOUSE à HIPPONE
1er Avril 2020
jean-pierre.bartolini@wanadoo.fr
https://www.seybouse.info/
Création de M. Bonemaint
LA SEYBOUSE
La petite Gazette de BÔNE la COQUETTE
Le site des Bônois en particulier et des Pieds-Noirs en Général
l'histoire de ce journal racontée par Louis ARNAUD
se trouve dans la page: La Seybouse,
Écusson de Bône généreusement offert au site de Bône par M. Bonemaint
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EDITO
  Avril et le Corona…    

         En Avril, on ne se découvre pas d'un fil… et on prend soin de soi et de ses proches tout en continuant à communiquer avec ses Amis malgré l'épidémie et le renfermement !
         La tradition du " poisson d'avril " laisse la part belle à l'humour avec un esprit juvénile, même si cette année " ce poisson " est pourri et triste pour certains.

         Durant cette période, vos fans et correspondants seront peut être en vacances ou en chômage partiel, ou retraité confiné et auront plus de temps pour échanger. Profitez-en pour prendre de leurs nouvelles et parler de leurs occupations à la mer, à la montagne, à la campagne, à la ville… L'isolement paraîtra moins long surtout que nous en aurons pour au moins 30 jours de plus.

         Bien entendu ayons une pensée pour les milliers de victimes de ce " génocide " du à un virus sorti d'un labo, fabriqué par des humains, instrumentalisé par d'autres criminels qui ont volontairement laissé la propagation faire ces ravages. Ce Corona est le test grandeur nature pour une 3ème guerre mondiale.
         Certes, chaque citoyen de chaque pays devra en tirer les conséquences mais plus particulièrement la France où une ministre a " avoué " ses fautes et dit des choses inexcusables pour le gouvernement actuel.

         Les sanctions devront être à la hauteur d'autant plus qu'eux savent encore faire plus mal aux français avec très souvent des amendes injustifiées (sauf dans les Territoires perdus de la République où la force de l'état ne fait pas loi). L'Etat rançonne les bons citoyens et les fait mourir. Et pour ceux qui en réchapperont, les notes seront salées dans quelques mois, tandis que tous ces " élus " ne renoncent pas à leurs " revenus de la politique ", par solidarité.
         Je n'excuse pas les indisciplinés, les vandales, les égoïstes des rafles de marchandises, les fuyards (qui sont partis contaminer les zones saines) et idiots utiles qui ont écouté " Micron Bonaperte " et sa " guerre " sans donner au peuple les armes pour lutter, principalement : les masques, les gants, les tests, les gels et le seul médicament qui existe actuellement. Au moins 90% de personnes auraient pu être sauvées depuis janvier.

         Adressons, aussi, bien entendu toutes nos pensées et notre soutien à tous ceux qui soignent sans relâche, à ceux qui permettent d'assurer les ravitaillements pour nous et nos proches. À tous ces gens : MERCI, grand merci pour votre dévouement sans faille dont vous faites preuve à tout moment pour rendre notre vie plus agréable et douce. Prenez soin de vous.

         Chers Amis Lecteurs, prenez aussi, soin de vous.
Jean Pierre Bartolini          
        Diobône,         A tchao.


Psaume pour les soignants
Envoyé Par Mme Annie


        Seigneur,

        Merci d’avoir semé dans le cœur de certains
        Le don, le talent et la force de prendre soin.
        Ce désir étonnant de remettre debout
        Ceux que la maladie avait mis à genoux.

        De celui qui nettoie à celle qui opère,
        De celle qui rassure à celui qui transfère.
        Tu as placé dans le cœur des soignants
        Un trésor plus précieux que l’or et l’argent.

        Mon Dieu, bénis ceux qui jour après jour
        Affrontent la souffrance avec tant de bravoure.
        Maudis les puissants qui depuis des années
        Sur l’autel de l’argent les ont tous sacrifiés.

        Donne à nos soignants la force de tenir
        Contre cette épidémie dont nous craignons le pire.
        Donne à chacun de nous d’agir avec raison
        Pour ne pas rendre impossible leur mission.

        Que cette épreuve soit une prise de conscience,
        Que leurs cris d’hier étaient plein de bon sens.
        Aujourd’hui, chacun d’eux est pour nous un exemple.
        Demain, nous chasserons les marchands du temple.

   Prière réalisée par la Mission Ouvrière du diocèse de Lille





Mars, le 26 ! C'était en 1962.
Par M. Robert Charles PUIG

       Une journée terrible, assassine. Des civils tombent, sous les balles françaises du pouvoir parisien.
       Des politiciens fourbes et des militaires complices ont permis à des repentis ( ?) musulmans d'être en première ligne sous les balcons algérois et de tirer sur la foule.
       Il y a des morts, assassinés et des blessés.
       Le " Halte au feu !" retentit, mais rien ne stoppe le feu meurtrier de la 12 / 7 ou des armes automatiques. Les cris et les agonies des blessés ne peuvent être un rempart au plomb des assassins.
       Que nos Morts reposent en Paix !

       26 mars 2020. Pour la première fois, je n'assisterai pas à la cérémonie qui marque cette date au Jardin Alsace Lorraine. Pour la première fois. Des événements importants, une pandémie mondiale me pousse à rester à la maison. La raison est simple. Il faut demeurer vivant pour toujours témoigner. C'est la seule façon que j'ai. Me protéger et témoigner, accuser, demander justice pour une Vérité étouffée.
       Alors depuis chez moi, je vais prier. Je veux me souvenir encore une fois de cette tragique journée où vers 14 heures le feu des enfers a tué des innocents.
       Que nos morts me pardonnent ce manque de devoir envers eux en ce jour. Mais le monde est fou aujourd'hui et il ne faut pas que notre mémoire flanche.
       Par la pensée, le souvenir d'un autre temps m'envahit. Par la pensée, je suis avec d'autres compatriotes au pied du monument. Par la pensée, je m'incline devant les drapeaux en berne. Par la pensée, j'entends la Marseillaise et le Chant des Africains. Par la pensée, je dis à nos martyrs, nous nous souvenons et continuons le combat pour la Vérité.

       La photo représente le Port d'Alger, depuis le " Sport nautique ". (Une photo de Robert Rolando, le père d'Yves qui m'a fait parvenir ce magnifique document).

Robert Charles PUIG 26 mars 2020       
      


26 MARS 1962
Envoyé par Monsieur Alain ALGUDO
Fusillade de la rue d'Isly
26 MARS 2020

       Chers Compatriotes,

       Je crois qu’il ne faut pas que nous nous répétions, nous les fidèles qui nous rassemblions tous les ans devant ce monument, mais nous savons que la réalité a dépassé la fiction pendant le siège sanglant de Bab el Oued, sanctionné tragiquement par le « guet –apens » de la rue d’Isly.
       Nous le savons tous, et notre devoir est de toujours de le faire savoir :

       La France, ce jour là, notre mère patrie est devenue infanticide,  avec les circonstances aggravantes de la préméditation, faisant perpétrer l’assassinat de ses enfants par des ralliés de dernière heure qui, pendant des années, furent des égorgeurs patentés du FLN dans le bled ! Nous possédons pour le prouver un document irréfutable provenant des archives du Général GOUBBARD!
       Alors, pour se  « dédouaner » des crimes avérés qu’ils continuent à nier en se rendant ainsi complices du donneur d’ordre, responsabilisant honteusement l’OAS, ces gaullistes longtemps au pourvoir nous ont fait la « largesse » à Paris quai Branly, de faire défiler quelques noms des victimes de la fusillade sur la colonne centrale du monument du quai Branly !

       Nous nous inclinons ici, aujourd’hui encore, devant la douleur et l’émotion de nos compatriotes meurtris à jamais ! La mort d’êtres chers reste une tragédie, pour toutes les familles ; nous respectons tous les morts, quels que soient leurs engagements,  mais nous voudrions que les nôtres soient aussi respectés, comme il se doit, et non pas insultés par des descendants de barbouzes, par le
       Président d'une Association d'Anciens Combattants négationnistes, et par certains hommes politiques qui traitent nos victimes du 26 mars de « morts pour l’OAS ! » Et même si cela était, ne serait-ce pas un honneur ? Mais la haine n'est-elle pas le carburant de ces individus méprisables ?

       Jusqu’à notre dernier souffle, nous crierons au crime d’Etat prémédité et à la trahison dont nous avons les victimes, et accablés encore, au fil des années qui passent, par une honteuse désinformation.
       Alors, à ceux qui veulent maintenant nous tendre la main et disent nous comprendre, il vaut mieux tard que jamais, nous leur demandons que celles-ci ne soit pas celles de démagogues et de menteurs cyniques à la compassion intéressée, que nous connaissons trop, constaté à l'approche des échéances électorales.

       On reproche à certains de nous des interventions trop dures lors de nos commémorations, mais qu’est-ce en comparaison des horreurs de cette journée tragique que nous commémorons aujourd'hui ici .....qu'est-ce en comparaison des horreurs du 5 juillet 1962 à Oran, du massacre d'el alhia, entre autres, et de l’abandon aux égorgeurs des populations de toutes origines, qu’est-ce en comparaison de ce qu’a permis le peuple Français par le référendum du 8 avril 1962, d'où nous étions exclus, en laissant libre cour aux folles décisions meurtrière d’un seul homme, celui qu’un éminent journaliste, Alain DUHAMEL, a désigné comme "le plus grand traitre de la V° République pour les Français d'Algérie" et QUI RESTERA A JAMAIS l’assassin de ceux des meilleurs d’entre nous qui avaient refusé de trahir la parole donnée.

       Pour nous les 20 étoiles de nos quatre Généraux du Putsch écrasent par leur poids d'honneur les 2 étoiles d'un général à titre provisoire.

       Familles des victimes de cette tuerie Gaulliste, sachez que la mémoire de vos défunts restera à jamais gravée dans nos coeurs.

Alain ALGUDO
Mostaganemois, Français d'Algérie création Française,
et fier de l'être plus que jamais


On est allé sur la Corniche ...
ECHO D'ORANIE - N°248
Une Chronique Anachronique de
Gilbert Espinal


            On est allé sur la Corniche ...
            Hier ...
            Y faisait plus beau !
            Avec la camionnette à Bigoté.
            Y voulait qu'on l'essaye, pasqu'il a fait refaire tout le moteur.
            Y connaît un mécanicien : un type formidab'.
            Y parait qu'y remet des chemises neuves aux cylind' ! Sur mesure et tout !
            Et pas cher ! Bigoté il a pas voulu me donner son adresse. Regardez que j'aurais pu vous le dire! Les gens y sont d'un égoïsme!
            Il était plus fier le Bigoté!
            Main-nant y nous a dit, avec mes chemises refaites, je crains ni le diab' ! Vous z'allez voir cet'machine, si elle va filer !
            Tous on est monté dedans. Sur la banquette de devant, en plus du chauffeur, y avait Angustias (c'est normal, c'est elle la patronne) et Oscar (le fils à Amparo) qu'il inaugurait un costume jaune ; on aurait dit un canari. Sur le plateau de derrière, on était tous nous aut' : moi, Consuelo, Amparo, son mari, Doudou, Monsieur et Madame Tragamonos et leur six enfants (le père Tragamonos il avait prétendu que, avec ou sans chemises neuves, un vieux moteur, c'est un vieux moteur : c'est pour ça que Bigoté y l'avait invité : pour lui montrer !)

            On s'est bien calés. C'était pas difficile, de nombreux qu'on était. On savait plus à qui elle appartenait toute la viande que y avait. Moi je me suis trouvé avec cinq ou six jambes devant moi : je savais plus à qui elles z'étaient. J'en ai pincé une à voir si elle était à moi. Consuelo elle l'y a fichu une beigne au fils ainé de Tragamanos, pasque c'était elle qu'elle était pincée. Le fils à Tragamanos il a donné un coup de poing au mari à Amparo, pasqu'y croyait que c'était lui qu'y l'y avait fichu une beigne. C'est vous dire si la confusion elle était grande !
            Bigoté il a tiré sur le bouton du démarreur. La voiture elle a tremblé comme une feuille et le moteur il a commencé à faire du bruit.
            - Baya de bagnole ! il a fait Bigoté. Y a trente ans qu'elle était pas partie comme ça !
            Il a desserré les freins (à main et à pied). La camionnette elle a tremblé encore plus fort, comme si elle était impatiente de nous montrer ça qu'elle avait dans le vent'. On a reçu un choc. Consuelo la pauv', elle a donné avec la tête contre une ridelle moins cinq elle se l'ouvre en deux comme une pastèque, et on a commencé à partir, avec une facilité merveilleuse
            - Ne vous z'inquiétez pas si elle fait du shimmy, y nous a crié Bigoté, que ça c'est pas dû au moteur mais aux peuneus, qu'y sont usés. L'année prochaine, si je gagne à la loterie. je les change et ni une automobile de course.
            Aucun de nous il a été inquiet : personne y savait ça que c'était le shimmy. Moi je savais ça que c'était la physique (qu'assez instruit je suis). Mais le shimmy rien. On l'a appris depuis, je dois vous le dire,
            Bigoté, avec une fanfaronnade terrib', y donnait de ces coups de volant : on aurait dit Fangio. Remedios, le voisine qu'elle habite deux cours plus loin, elle passait : moins cinq y lui monte dessus. Elle la eu juste le temps de lui crier: "Salaud" et de sauter sur le trottoir.
            - Arrête ! elle a crié Angustias, qu'a cella y faut que je lui reg' le compte !
            - Quand on est au volant d'une bagnole comme ça, il a fait Bigoté, on s'attache pas à ces petites misères.
            - Et de justesse, il a évité Madame Saccamuelas, qu'elle prenait le soleil devant sa porte, et que si elle met pas ses jambes dessous son pliant, elle se les fait couper en rond, comme deux saucissons.
            - A 'oir si tu tues tous nos amis, elle a fait Angustias inquiète. Apprète un peu sur la mécanique !
            - Avec des chemises neuves, il a répondu Bigoté, c'est plus possib'.
            Et il est passé devant un agent de police, que y avait devant la pêcherie, en train de boul'verser la circulation, si près, que Consuelo elle s'est trouvée avec son baton blanc sous le bras, sans savoir ça qui l'y arrivait. L'agent il a commencé à piter, que moins cinq il avale le sifflet, de colère qu'il était, mais déjà la camionnette elle tournait la rue, que ni seulement prend' le numéro il a pu.
            Consuelo elle a jeté le bâton, pour s'en débarrasser. Un gosse qu'y faisait de l'auto-stop y se l'est reçu sur le crâne et il est tombé raide, avec une fracture. On était sur la route de la Corniche, après le fort La moune. Une' oiture américain elle était devant nous. On l'a doublée les doigts dans le nez : c'était Doudou, qu'y se les était mis. Il a fallu que son père y lui fiche une tarte, pour qu'y lâche prise. La tarte, c'est le dernier des Tragamonos, qu'y se l'est reçue, pasqu'il était juste devant. On s'est fait passa la rata, les uns les z'aut' pour qu'elle arrive j'qu'à Doudou, qu'il était tout à fait derrière.
            Le shimmy il a commencé. D'abord ça a fait com'si on aurait eu le hoquet et puis, de plus en plus, ça a pris de l'ampleur.
            - Qu'est-ce c'est ? elle a demandé Amparo. C'est à moi seule que ça me prend, ou à vous aut' aussi ? On l'y a répondu, par bribes, que ça nous avait pris*'' à tous. D'abord, c'était pas la peine qu'on lui réponde, ça nous sautait aux z'yeux, à nous qui sautions sur les banquettes.
            Bigoté y faisait que doubler et même que tripler. On filait, y fallait voir ! Ni un courant d'air ! Le shimmy y continuait.
            - Arrêtez un peu ! elle a fini par pouvoir bégayer Madame Tragamonos.
            - Quand ça arrive à cent vingt, il a fait Bigoté, ça passe !
            Tous on attendu qu'il arrive à cent vingt pour pouvoir respirer.
            Avant on est arrivé à Mers-el-Kébir. Les agents y z'avaient été prévenus téléphoniquernent d'Oran, que y avait un danger public sur la route de la Corniche et y z'avaient fait un barrage. La camionnette elle est arrivée comme un tank et le barrage il a sauté. Pulvérisé ! Horosement que les agents y se sont jetés à plat vent' otroment y aurait plus de police à la Marsa, à l'heure actuelle.

            On est arrivé au Fort Saint André. Nous aut' qu'on avait l'habitude de monter l'escargot comme une limace : on est passé comme un éclair.
            Et toujours le shimmy !
            Sur le plateau de la camionnette on était tous ... en pointillés.
            - Tu crois pas que tu vas trop vite ? elle a demandé Angustias à son mari.
            - La vitesse ça grise, il a répondu Bigoté.
            A Ain-el-Turck, un gendarme il a essayé de nous z'arrêter avec une plancarte "Arret Danger". Y tendait le bras au miyieu de la route. On est arrivé et il a planté le bâton de la plancarte dans le radiateur que, comme vous savez, il a pas de bouchon.
            On a pris la route des plages et on est arrivé aux dunes.
            - Qu'est-ce on fait ? il a demandé Bigoté.
            - Moi je veux prend'un bain, elle a hurlé Consuelo, qu'encore je préfère mourir noyée !
            La camionnette elle est montée sur une dune, qu'elle descendait j'qu'à la mer. Y a eu un vent de sab' terrib', qu'à côté le simoun c'est un zéphir. Elle a traversé la plage et elle s'est retrouvée au miyieu des vagues.
            Les chemises du moteur elles z'ont fait "plouf" ! "plouf" et tout s'est arrêté. Y avait de l'eau j' qu'au miyieu de la portière. Angustias elle a ouvert, et, avec un calme effrayant, elle nous z'a dit :
            - Si vous voulez vous baigner, c'est le moment !


LE MUTILE N° 75, 1919

LA LOI
portant l'Accession des indigènes d'Algérie
à la qualité de citoyen français

        Le vote de cette loi réparatrice qui n'est, en somme, que l'établissement définitif de droits à ceux que le sénatus-consulte de 1865 a déclarés Français, a fait pousser de hauts cris aux partisans du péril arabe ; et a fait verser des îlots d'encre. Et, détail bizarre, ce sont précisément ceux qui ignorent tout de la mentalité arabe, qui, peut-être, les ont à peine entrevus en France, où ils se sont rendus par milliers pour y verser leur sang généreux, qui ont été les premiers à s'alarmer d'une loi juste et bienfaisante qu'il serait injuste d'appeler la récompense d'un loyalisme insoupçonnable, mais plutôt un droit.

       Pour étayer leur documentation, les adversaires de l'accessibilité dès indigènes à la qualité de citoyen français, sont allés jusqu'à prétendre que la disproportion des deux éléments français et indigènes allait créer, en faveur de ces derniers, une majorité écrasante et bouleverser le suffrage universel.
       Il s'est même trouvé des Algériens pour partager cette manière de penser et dire hautement que si, notamment, les conseillers indigènes peuvent intervenir dans l'élection du maire, c'en est fait de la souveraineté nationale.
       C'est là une objection qui n'a pas sa raison d'être pour celui qui a suivi lés débats parlementaires, qui connaît le texte de la loi tel qu'il a été volé et dont nous donnons la teneur plus loin.

       On pourrait prétendre, a la rigueur, que la minorité que représentera l'élément indigène, jointe à la minorité française d'un conseil municipal, pourra faire échec à la majorité et amener, à la tète de là mairie, un membre de la minorité française. C'est là, chose possible, mais cette possibilité n'est pas un péril car, en somme, cette minorité qui existe au sein de toutes nos assemblées municipales est la preuve que, dans nos plus petits villages, il existe une controverse qui constitue, en un mot, une commission de contrôle des délibérations municipales et des actes municipaux. Le contraire pourrait faire supposer qu'il y a entente tacite entre la municipalité et les conseillers, au préjudice des deniers communaux.

       Et en supposant que vraiment les conseillers indigènes soient animés du désir de nuire, par une coalition dangereuse, on a toujours le moyen de leur refuser de participer à l'élection des maires, en les écartant purement et simplement des conseils municipaux.
       A vrai dire, les conseillers indigènes qui, jusqu'à ce jour, ont siégé dans nos assemblées municipales, sans pouvoir prétendre à l'élection de la municipalité, n'ont jamais, à notre connaissance, occasionné le moindre trouble.
       Nous les avons vus, en période troublée, en pleine agitation, quand l'effervescence gagnait nos assemblées, après avoir semé la panique dans la rue, rester calmes, dignes et conserver une neutralité dont, à aucun instant, ils n'ont voulu se départir, au profit de l'un ou de l'autre parti.

       Celle sage réserve qu'ils ont observée, il y a vingt ans, ils l'observeront d'autant mieux que la période de l'agitation a, depuis longtemps cessé. L'union sacrée, consentie au nom d'une commune patrie, est cimentée à jamais et le sang versé abondamment au cours de cette horrible et longue guerre a mis le sceau à cette union.
       Les indigènes qui se sont illustrés en Crimée, dans les plaines d'Italie, sur les champs de bataille de 1870, en Tunisie, au Tonkin, à Madagascar, au Maroc et au cours de celte formidable guerre, ont conquis de haute lutte le baptême français.

       Il ne faudrait pas cependant supposer que tous les indigènes vont le devenir, ce serait la une grosse erreur, car il faut, pour ainsi dire, montrer patte blanche pour mériter l'honneur d'entrer dans la grande famille française. Si l'article 1er de la loi indique que les indigènes d'Algérie pourront accéder à la qualité de citoyen français, en vertu des dispositions du sénatus-consulte du 14 juillet 1865 et de la présente loi, l'article II dit textuellement :
       "Tout indigène algérien obtiendra, sur sa demande, la qualité de citoyen français, s'il remplit les conditions suivantes :
       1° Etre âgé de vingt-cinq ans ;
       2° Être monogame ou célibataire ;
       3° N'avoir jamais été condamné pour crime on pour délit comportant la perte des droits politiques et n'avoir subi aucune peine disciplinaire, soit pour actes d'hostilité contre la souveraineté française, soit pour prédication politique-ou religieuse ou menaces de nature à porter atteinte à la sécurité générale.
       4° Avoir deux ans dé résidence consécutive dans la même commune, en France ou en Algérie ou dans une circonscription administrative correspondante d'une colonie française ou d'un pays de protectorat français.

       Et s'il satisfait, en outre, à une des conditions spéciales suivantes :
       a) Avoir servi dans les armées de terre ou de mer et justifier de sa bonne conduite par une attestation de l'autorité militaire ;
       b) Savoir lire et écrire en français ;
       c) Etre propriétaire ou fermier d'un bien rural ou propriétaire d'un immeuble urbain ou être inscrit au rôle, soit des patentes, soit des impôts de remplacement, depuis un an au moins dans la même commune, pour une profession sédentaire ;
       d) Etre titulaire d'une fonction publique ou d'une pension de retraite pour services publics ;
       e) Avoir été investi d'un mandat public électif ;
       f) Etre titulaire d'une décoration française ou d'une distinction honorifique accordée par le gouvernement français ;
       g) Etre né d'un indigène devenu citoyen français, alors que le demandeur avait atteint l'âge de 21 ans.
       "La femme d'un indigène devenu citoyen français, postérieurement à son mariage, pourra demander à suivre la nouvelle condition de son mari,

       "Art. 3 : - L'indigène musulman algérien qui désire bénéficier de la présente loi doit adresser au juge de paix ou à l'autorité qui le remplace une demande en deux exemplaires et y joindre les pièces suivantes :
       1° Son acte de naissance ou, à défaut, un acte de notoriété dressé sur l'attestation de quatre témoins par le juge de paix ou par le cadi du lieu de la résidence ;
       2° Les pièces justifiant que les conditions prévues à l'article 2 sont remplies ;
       3° Un extrait de son casier judiciaire ;
       4° Les actes de naissance de ses enfants mineurs ou les actes de notoriété qui en tiennent lieu.
       "Le greffier de la justice de paix lui délivre un récépissé de sa demande et en transmet, sans délai, un duplicata au gouverneur général de l'Algérie."

       Les articles 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10 et 11 indiquent dans quelles conditions le dossier constitué par le juge de paix, après convocation du postulant est adressé au greffe du tribunal civil de l'arrondissement, après avis au procureur de la République et au gouverneur général, comment un délai de deux mois est nécessaire pour leur permettre de donner leur avis favorable ou défavorable.
       S'il n'y a aucune opposition de leur part, le tribunal de première instance, à la première audience publique, déclare que le postulant remplit les conditions fixées par la loi et est admis à la qualité de citoyen français.
       Mention en est alors faite, en marge de son acte de naissance ou de son acte de mariage, s'il y a lieu, à défaut sur l'acte de notoriété établi conformément à l'article 3.

       Dans le cas d'opposition, soit par le gouverneur générai, soit par le procureur de la République, notifiée par simple lettre au greffe du tribunal, dans les délais prévus, le tribunal examine si l'opposition est fondée et statue, en audience publique, dans le délai d'un mois.
       Toutefois, dans le même délai de deux mois, le gouverneur pourra, par un arrêté délibéré en conseil du gouvernement et approuvé par le ministre de l'intérieur, supposer pour cause d'indignité à la déclaration du tribunal. La demande ainsi rejetée ne pourra être renouvelée qu'après un délai de cinq ans.
       Le pourvoi en cassation est ouvert contre la décision du tribunal et sera suspensif.
       Les actes judiciaires seront dispensés du timbre et enregistrés sans frais. Les extraits d'actes de l'état-civil seront délivrés gratuitement, sur papier libre, aux intéressés et au juge de paix, etc.

       Ainsi, il est admis que la mince ouverture par laquelle les indigènes peuvent pénétrer dans la grande famille française écarte ce péril imaginaire que des esprits faciles à s'alarmer ont créé de toute pièce.
       Les formalités à accomplir, les conditions multiples qui sont imposées aux indigènes sont des garanties que nos frères musulmans appelés à bénéficier de la qualité de citoyen français seront dignes de ce véritable titre de noblesse humaine.
       Nous avons dit que cette loi était méritée et par la loi de 1865 et par le loyalisme et l'héroïsme des populations indigènes qui, depuis un demi-siècle, versent leur sang sur un peu tous les champs de bataille où ils sont appelés à faire respecter notre drapeau.
       La suspicion illégitime dont ils ont été l'objet et qu'a partagée M. Clemenceau à un moment donné, tombe d'elle-même. Notre grand Premier l'a reconnu spontanément, regrettant d'avoir dit un jour : "Si la guerre éclate entre la France et l'Allemagne, les indigènes d'Algérie, parmi lesquels gronde la révolte, se soulèveront comme un seul homme pour reconquérir leur liberté."
       Nous avons vu qu'au contraire, ils ont répondu en masse à l'appel angoissé de la Mère-Patrie et que seul un léger soulèvement local, motivé par les mauvaises conditions de l'application de la conscription indigène, soulèvement vite réprimé s'est produit à la troisième année de guerre.
       La loi votée fait justice des perfides insinuations de la presse boche qui a essayé de créer une division entre les colons français et les indigènes qu'elle voulait opposer les uns aux autres pour contrecarrer une assimilation dont elle sentait toute la grandeur et craignait les conséquences.
       Les braves turcos tombés dans la fournaise, à Charleroi ou à la Marne, ont le droit de dormir côte à côte avec nos admirables petits pioupious, dans la terre française que leur courage a arraché, lambeau par lambeau, à l'envahisseur.
       Ils ont fait tout leur devoir ces braves gens, nous avions le devoir de faire le nôtre et, à notre avis, cette loi réparatrice et cet acte de justice qui en découle n'ont eu qu'un tort, c'est d'avoir été trop tardifs.

Adjudant Rupoille               

Vive la Télé...
Envoyé par Annie

           Vincent, entre dans un café vers 19h58.
           Il s'assoit au bar près d'un belge qui regarde la télé.

           Les info de 20 h 00 commencent
           Le présentateur raconte l'histoire d'un homme qui se tient sur le toit d'un édifice et qui menace de sauter.

           Le belge regarde Vincent et lui demande :
           - Penses-tu qu'il sautera ?
           Vincent dit :
           - Je te parie 20 € qu'il va sauter
           Le belge répond :
           - Ben moi je parie que non
           Vincent place un billet sur le bar et dit : C'est un pari !
           Juste au moment ou le belge met lui aussi son argent sur le bar, l'homme en question fait un plongeon et se tue.
           Le belge est très affecté, mais tend le billet à Vincent en lui disant :
           - Un pari est un pari, voici ton argent
           Vincent avoue :
           - Je ne peux pas prendre ton argent, j'avais déjà vu les infos de 18 h 00... et je savais déjà qu'il plongerait
           Le belge répond :

           - Garde-le, j'avoue que je les avais vues moi aussi... mais je ne pensais pas que ce con recommencerait !


Philosophie de circonstance
Envoyé par M. P. Barisain

Et tant d'univers s'oublient
Quels sont les grands oublieurs
Qui donc saura nous faire oublier telle
ou telle partie du monde
Où est le Christophe Colomb
à qui l'on devra l'oubli d'un continent
Guillaume Apollinaire
(mort de la grippe espagnole en 1918) "Toujours"
           
            «Je vous écris d’Italie, je vous écris donc depuis votre futur. Nous sommes maintenant là où vous serez dans quelques jours. Les courbes de l’épidémie nous montrent embrassés en une danse parallèle dans laquelle nous nous trouvons quelques pas devant vous sur la ligne du temps, tout comme Wuhan l’était par rapport à nous il y a quelques semaines.

            Nous voyons que vous vous comportez comme nous nous sommes comportés. Vous avez les mêmes discussions que celles que nous avions il y a encore peu de temps, entre ceux qui encore disent «toutes ces histoires pour ce qui est juste un peu plus qu’une grippe», et ceux qui ont déjà compris.
            D’ici, depuis votre futur, nous savons par exemple que lorsqu’ils vous diront de rester confinés chez vous, d’aucuns citeront Foucault, puis Hobbes. Mais très tôt vous aurez bien autre chose à faire. Avant tout, vous mangerez. Et pas seulement parce que cuisiner est l’une des rares choses que vous pourrez faire. Sur les réseaux sociaux, naîtront des groupes qui feront des propositions sur la manière dont on peut passer le temps utilement et de façon instructive ; vous vous inscrirez à tous, et, après quelques jours, vous n’en pourrez plus. Vous sortirez de vos étagères la Peste de Camus, mais découvrirez que vous n’avez pas vraiment envie de le lire.

            Vous mangerez de nouveau.

            Vous dormirez mal.

            Vous vous interrogerez sur le futur de la démocratie.

            Vous aurez une vie sociale irrésistible, entre apéritifs sur des tchats, rendez-vous groupés sur Zoom, dîners sur Skype.

            Vous manqueront comme jamais vos enfants adultes, et vous recevrez comme un coup de poing dans l’estomac la pensée que, pour la première fois depuis qu’ils ont quitté la maison, vous n’avez aucune idée de quand vous les reverrez.

            De vieux différends, de vieilles antipathies vous apparaîtront sans importance. Vous téléphonerez pour savoir comment ils vont à des gens que vous aviez juré de ne plus revoir.

            Beaucoup de femmes seront frappées dans leur maison.

            Vous vous demanderez comment ça se passe pour ceux qui ne peuvent pas rester à la maison, parce qu’ils n’en ont pas, de maison.

            Vous vous sentirez vulnérables quand vous sortirez faire des courses dans des rues vides, surtout si vous êtes une femme. Vous vous demanderez si c’est comme ça que s’effondrent les sociétés, si vraiment ça se passe aussi vite, vous vous interdirez d’avoir de telles pensées.

            Vous rentrerez chez vous, et vous mangerez. Vous prendrez du poids.

            Vous chercherez sur Internet des vidéos de fitness.

            Vous rirez, vous rirez beaucoup. Il en sortira un humour noir, sarcastique, à se pendre.

            Même ceux qui prennent toujours tout au sérieux auront pleine conscience de l’absurdité de la vie.

            Vous donnerez rendez-vous dans les queues organisées hors des magasins, pour rencontrer en personne les amis - mais à distance de sécurité.

            Tout ce dont vous n’avez pas besoin vous apparaîtra clairement.

            Vous sera révélée avec une évidence absolue la vraie nature des êtres humains qui sont autour de vous : vous aurez autant de confirmations que de surprises.

            De grands intellectuels qui jusqu’à hier avaient pontifié sur tout n’auront plus de mots et disparaîtront des médias, certains se réfugieront dans quelques abstractions intelligentes, mais auxquelles fera défaut le moindre souffle d’empathie, si bien que vous arrêterez de les écouter. Des personnes que vous aviez sous-estimées se révéleront au contraire pragmatiques, rassurantes, solides, généreuses, clairvoyantes.

            Ceux qui invitent à considérer tout cela comme une occasion de renaissance planétaire vous aideront à élargir la perspective, mais vous embêteront terriblement, aussi : la planète respire à cause de la diminution des émissions de CO2, mais vous, à la fin du mois, comment vous allez payer vos factures de gaz et d’électricité ? Vous ne comprendrez pas si assister à la naissance du monde de demain est une chose grandiose, ou misérable.

            Vous ferez de la musique aux balcons. Lorsque vous avez vu les vidéos où nous chantions de l’opéra, vous avez pensé «ah ! les Italiens», mais nous, nous savons que vous aussi vous chanterez la Marseillaise. Et quand vous aussi des fenêtres lancerez à plein tube I Will Survive, nous, nous vous regarderons en acquiesçant, comme depuis Wuhan, où ils chantaient sur les balcons en février, ils nous ont regardés.

            Beaucoup s’endormiront en pensant que la première chose qu’ils feront dès qu’ils sortiront, sera de divorcer. Plein d’enfants seront conçus.

            Vos enfants suivront les cours en ligne, seront insupportables, vous donneront de la joie. Les aînés vous désobéiront, comme des adolescents ; vous devrez vous disputer pour éviter qu’ils n’aillent dehors, attrapent le virus et meurent. Vous essaierez de ne pas penser à ceux qui, dans les hôpitaux, meurent dans la solitude. Vous aurez envie de lancer des pétales de rose au personnel médical.

            On vous dira à quel point la société est unie dans un effort commun, et que vous êtes tous sur le même bateau. Ce sera vrai. Cette expérience changera à jamais votre perception d’individus. L’appartenance de classe fera quand même une très grande différence. Etre enfermé dans une maison avec terrasse et jardin ou dans un immeuble populaire surpeuplé : non, ce n’est pas la même chose. Et ce ne sera pas la même que de pouvoir travailler à la maison ou voir son travail se perdre. Ce bateau sur lequel vous serez ensemble pour vaincre l’épidémie ne semblera guère être la même chose pour tous, parce que ça ne l’est pas et ne l’a jamais été.

            À un certain moment, vous vous rendrez compte que c’est vraiment dur.

            Vous aurez peur. Vous en parlerez à ceux qui vous sont chers, ou alors vous garderez l’angoisse en vous, afin qu’ils ne la portent pas. Vous mangerez de nouveau.

            Voilà ce que nous vous disons d’Italie sur votre futur. Mais c’est une prophétie de petit, de très petit cabotage : quelques jours à peine. Si nous tournons le regard vers le futur lointain, celui qui vous est inconnu et nous est inconnu, alors nous ne pouvons vous dire qu’une seule chose : lorsque tout sera fini, le monde ne sera plus ce qu’il était.»

Francesca Melandri



PHOTOS DE BÔNE
Envoyée par divers internautes

    LE PORT ET LES DOCKS        




UN COIN DU PORT





L'ATHOS II





PLAGE CHAPUIS - LE MIRAMAR
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ROUTE DU CAP DE GARDE






PLAINE DE BÔNE






RUINES D'HIPPONE






RUINES D'HIPPONE



Pépettes
Envoyé par M. Christian Graille

                  En longue file noire et serrée, au pas rapide et feutré de leurs sandales, les " étourneaux " débarquent.
                  D'aucuns disent qu'ils arrivent à époque fixe et repartent de même ; semblables à cela aux oiseaux migrateurs dont ils portent le nom ; soit, les étourneaux donc débarquent. A peine foulent-ils la terre ferme, à peine ont-ils quitté les flancs d'une quelconque " pelayo ", qu'ils sont pressés, bousculés, houspillés par le gabelou à l'œil sévère.
                  On leur a fait ouvrir tous leurs colis, on a fouillé jusqu'au mouchoir à carreaux noué, précieusement serré dans la " blousetta " où quelques bribes de pesetas restent encore vouées à une fin prochaine.

                  Fouillés, contrôlés, enfin munis de récépissé sauveur qui leur donne la liberté, nos " étourneaux " s'empressent de refaire leurs ballots et se hâtent de sortir, la figure crispée et bougonnant des " mécago…" à n'en plus finir !
                  Le seuil de la Douane franchie, leur figure s'éclaire, ils ont reconnu dans la foule qui les attend qui, la " tia germana Dolorès " qui, la " ouella Vicente " qui, le " tio Pépé " qui est venu de Bablouett rien que pour les attendre à eusses ! ! !
                  " Aïe Domingo, comme va la vida ? Bienne y tou ? ? Comme ça fait grande ! ! Que guapo cé pétit, que jamais on aurait cru qu'y viendrait comme ça ! ".
                  Les embrassades et conversations vont grand train ; la langue sonore et saccadée d'Espagne s'entend dans chaque groupe et c'est les rires en cascades des cigarières venues chercher quelque vague parent ; dans un coin déjà … les accords de guitare préludent … mais l'artiste n'a pas le temps de continuer, la caravane s'organise.

                  En file indienne, chargés comme des ânes de paquets les plus hétéroclites :
                  - matelas,
                  - couffins,
                  - guitares,
                  - gargoulettes,
                  - poêles à frire.

                  La caravane s'ébranle derrière le chef de file. Comme le pigeon voyageur qu'on lâche, qui hésite un instant et se dirige immanquablement vers son pigeonnier, le dit chef de file, s'est orienté et d'un instinct sûr mène la bande vers la " cantère ".
                  Toujours le même pas rapide… Loin derrière suivent, essoufflées les volumineuses et ancestrales " ouellas " (vieilles).

                  La bande a rapidement escaladé les degrés qui mènent à la place du Gouvernement du même instinct sûr, l'étroite rue Bal-el-Oued a été franchie en partie. Notre Dame-des-Victoires, … une partie de la " quadrilla " a mis sac à terre ; impossible d'aller plus loin pour l'instant, les amis reconnus, ceux des arrivages précédents, arrêtés sous les arcades devant les cafés de l'endroit et grillant force cigarettes, les ont interpellés et invités à boire " l'aguardiente " inévitable.
                  " Tché ! Tonio, d''aouste que tu viens ? Dé Valencia ? Dé si longtemps qué t'y étais pas venu ! ! ".
                  Tonio impassible a déposé délicatement à terre tout son chargement ; c'est un grand diable sec comme un coup de trique, au teint bronzé. Rasé " comme un curé espagnol ", il a les sourcils fournis, tellement fournis qu'il semblerait qu'un seul recouvre les deux yeux. Deux petits yeux noirs et brillants, continuellement agiles, regardant de droite et de gauche, semblant inquiets.

                  Les côtelettes obligatoires encadrent le visage, la bouche, un coup de rasoir, mince et dédaigneux ; dans le coup de rasoir une cigarette. La tête est serrée dans un madras aux couleurs voyantes et, surmontant l'édifice le " sombrero " à larges bords, savamment bossué et artistiquement posé sur l'oreille.
                  Tonio, comme tous ses collègues a la grande " blousetta " noire et le pantalon de velours très étriqué qui fait valoir encore plus la maigreur de ses jambes ; il a chaussé des sandales que vous connaissez tous à semelle d'alfa et à lanières d'étoffe noire, immortalisées par leur emploi dans l'infanterie espagnole.

                  Débarrassé de son fardeau, les mains derrière le dos, et toujours fumant, Tonio discute avec les amis retrouvés des graves problèmes du jour.
                  Il arrive de la mère-patrie, on va enfin savoir la vérité sur les évènements du Maroc espagnol. " Que si y faudrait se croire tout ce qu'ils racontent les journaux d'ici ! ! ! … c'est tout de la blofe ! "

                  Abandonnons Tonio et ses avis autorisés sur la politique extérieure pour voir un peu ce qui se passe dans le groupe qui a continué la marche à l'étoile.
                  Quelques-uns se sont arrêtés avant le but mais le gros de la troupe au brinquebalement (balancement) de tout son barda arrive enfin à la " cantère ".
                  Farouches et muets, pliant sous le fardeau toujours plus lourd, la vue du coteau de Notre Dame d'Afrique les a ragaillardis.
                  Sur le flanc et le bas du fameux coteau, s'étale le faubourg Bab-el-Oued, Royaume incontesté de ces exilés, la " cantère " pour mieux dire, petit morceau d'Espagne transporté chez nous.

                  Ils arrivent…. Ce coup-ci irrémédiablement dissoute la bande s'est dispersée et chacun se retrouve dans le " patio " ami. Ah ! Quel succès. Toute la famille réunie souhaite la bienvenue au nouvel arrivant ; la " ouella " impotente et presque aveugle se mêle à la conversation générale et ce n'est pas la dernière à faire entendre son " staccato " (phrasé en notes détachées.), les ninos morveux et sales, dansent une sarabande effrénée ; la maison est en " rebolica ", en révolution si vous préférez.
                  Les matrones attirées par ce bruit apparaissent sur le pas de leur porte, poings sur les hanches, curieuses, elles écoutent pour aller colporter ensuite tout ce qu'elles ont appris.
                  Aux étages supérieurs des têtes se penchent entre le pot de basilic, la gargoulette, et les bas étendus qui sèchent là. On chuchote, les langues vont leur train…. Et c'est des histoires qui se terminent à la fontaine, à coups de gargoulettes.

                  Notre nouvel arrivant, débarrassé, choyé a distribué à la ronde tous les précieux cadeaux qu'il apporte ; les autres en rond, écoutent religieusement. Quand il aura fini, il sortira et retrouvera dans la rue les amis avec lesquels il est arrivé. Alors commencera la vie de farniente qui consiste à griller un nombre incalculable de cigarettes par jour, à jouer d'interminables parties de " ronda " ou de " sept y mitche " dans les cafés de Bab-el-Oued, on en a vu venir par vols entiers de la " plaza del cabal ".
                  On solutionne là les problèmes les plus ardus d'économie politique, c'est là que se traitent les grosses affaires de cacahouètes et de fèves grillées. Et dans deux mois, ce sera le départ.

                  Sur le boulevard, assis sur son pliant devant ses paniers de cacahouètes, le vieil " étourneau " fume placidement sa cigarette ses yeux de caméléon considèrent les groupes qui nous avons vu tout à l'heure sur la place. Bien vieux, il philosophe ; il se souvient de l'heureux temps de sa jeunesse où tout comme Tonio, Domingo et toute la séquelle, il allait et venait hivernant ici, estivant là. Maintenant…ayant établi un commerce, possesseur d'une des places les mieux situées et les plus enviées, personne ne la lui conteste… il est là depuis si longtemps ! ! !
                  Même la coalition arabe-nègre des marchands de cacahouètes n'a rien pu contre lui, il a acquis droit de cité, il a prescrit la place.

                  Tranquille maintenant, de l'air satisfait du commerce aisé, il fume en attendant le coucher du soleil qui le fera plier bagage et rentrer à la " casa ", heureux et satisfait.

Marc Klein.
Alger Étudiants (23-05-1925)


Criée à la pêcherie
Envoyé par M. Christian Graille

               En ce moment où les balancelles de pêche au bœuf sont armées, il est donné au promeneur matinal du Boulevard d'assister à un spectacle assez curieux. On n'a, pour en jouir, qu'à s'accouder à la magnifique balustrade récemment édifiée au-dessus de la pêcherie, près du Palais consulaire.
               Là, en bas, quand la pêche à bien donné, on voit alignés par terre en lignes droites et symétriques de longues rangées de casiers remplis de poissons de toute espèce :
               - Ici ce sont des crevettes d'un rouge vif, grouillant au fond de leurs casiers,
               - là les sardines et les allaches d'un blanc d'argent, plus loin
               - les maquereaux,
               - les rougets,
               - les rascasses,
               - les merlans et
               - les sépias,
               Chaque genre de poisson dans son casier respectif.

               De temps à autre, des gens de la pêcherie, marchands de poissons etc… pour passer d'un côté à l'autre, par un miracle d'équilibre, marchent adroitement sur le rebord des casiers sans jamais faire un faux pas qui écraserait le poisson.
               Mais un coup de cloche a retenti : on va procéder à la vente du poisson à la criée. Tout le monde se précipite ; c'est alors que le spectacle devient des plus comiques. Une véritable chaîne humaine, composée :
               - d'Arabes,
               - de Juifs,
               - de Maltais,
               - de Napolitains,

               Le dessus du panier de la pêcherie se forme en passant les bras sur les épaules. Cette chaîne, ce mur humain se livre à un balancement rythmé de droite à gauche et de gauche à droite des plus amusants.
               Les pieds restent fixés au sol et le haut du corps seul se balance. On craint à chaque instant d'en voir plusieurs rouler à terre, mais il n'en est rien ; le mur tient bon. Tous les yeux sont fixés vers les casiers qui sont mis en vente, et au fur et à mesure de la criée, la chaîne humaine avance ou recule.
               - A 7 francs ! -
                A 7 francs cinquante !
               - A 8 francs !
               Adjugé ! Crie la voix grêle du mandataire des pêcheurs tandis que son comptable et le receveur de la pêcherie inscrivent sur leurs carnets les noms des adjudicataires.

               La vente est terminée. Le revendeur prend les casiers qui lui ont été attribués. Puis il leur donne un dernier lavage, en achetant pour deux sous un seau d'eau salée que lui fournit l'adjudicataire de la mairie.
               Ensuite il les range méthodiquement dans une espèce de corbeille ronde qu'il recouvre d'algues fraîches et d'un torchon mouillé pour les préserver de notre soleil de feu ; puis aidé d'un petit Arabe, il ira toute la journée criant son poisson dans les rues de la ville et de la banlieue en se faisant un porte- voix de sa main libre :
               - Véritables sardines !
               - Maquereaux blancs !
               - Rougets de la roche !
               - La bouillabaisse ! !
Jacques Terzualli
Les clochettes algériennes et tunisiennes


Le récit du trimardeur
Envoyé par M. Christian Graille

                 " Ces papiers sont bien à vous ? Dit le Maire au vieux trimardeur, en lui remettant un assez gros paquet de feuillets manuscrits et imprimés jaunis par les longs séjours dans les poches des paletots élimés sur les bords et coupés aux pliures à force d'avoir été manipulés.
                 - Oui, Monsieur le Maire, répondit l'homme, un vieux à barbe blanche, au regard doux, au son de voix craintif, à la tenue presque décente.
                 - Ah ! Fit le Maire songeur …. Comment diable se fait-il qu'après avoir occupé des situations enviables, comme celles qu'indiquent vos papiers, vous en soyez arrivé à trimarder sur les routes en paria de la société ?
                 - Quelque bêtise qui vous aura valu une condamnation brisant votre avenir, sans doute ?
                 - Je n'ai jamais subi de condamnation.
                 - Alors…. c'est votre mauvaise tête ?
                 - Je ne suis ni violent, ni entêté.
                 - Je vous crois facilement. Vous avez plutôt l'air timide. Mais vous n'êtes pas tombé au dernier degré de l'échelle sociale sans avoir commis quelque faute grave, sans avoir, en quelque passion pu quelque vice qui vous ait fait mériter votre sort ?
                 - Je n'ai pas commis de fautes graves et je suis sans passion.
                 - Voyons, votre tête me revient et votre histoire m'intrigue, dit le Maire qui était un brave homme, asseyez-vous là et contez-moi sincèrement par quelles étranges vicissitudes êtes-vous passé pour être venu vous échouer dans la mystérieuse armée des trimardeurs ?

                 Vos certificats attestent et votre instruction et votre intelligence et votre honnêteté, avec cela vous devriez être, à votre âge, dans une situation paisible et respectable au lieu d'aller de commune en commune demande un gîte et du pain.
                 La figure de l'homme s'attrista. Comme il était las, il acquiesça à la parole et au geste du Maire qui l'invitait à s'asseoir et lui tendait une chaise.
                 Il se laissa choir sur le siège.
                 - Hélas, Monsieur le Maire, dit le vieillard, vous allez être bien désillusionné si vous attendez de moi un récit palpitant d'aventures tragiques. Je n'ai pas d'aventure. Ma misère est venue de mon éducation.
                 - Mais vous avez eu une bonne éducation, ce me semble, puisque vous avez pu ne pas tomber dans les délits de droit commun, malgré votre dégringolade dans les classes miséreuses et vagabondes.
                 - Mon éducation a été excellente au point de vue de la société, c'est certain ; mais elle a été désastreuse au point de vue de moi-même. Écoutez-moi Monsieur le Maire. Je ne suis pas un anarchiste. Je ne suis qu'un pauvre vieillard.

                 Écoutez-moi, si vous avez des enfants vous pourrez peut-être leur épargner, pour leurs vieux jours, les mécomptes de ma vie.
                 Je ne suis pas un anarchiste, peut-être ai-je tort ? J'ai trop vécu pour ne pas avoir découvert ce qu'il y a d'hypocrisie dans l'organisation sociale, mais j'aime trop mes semblables pour vouloir les améliorer par les moyens violents. Je vous ai dit : mon éducation est cause de mes malheurs. C'est exact.

                 J'étais de tempérament maladif, de caractère timide quand j'étais enfant.
                 Ma mère, ma bonne mère voulant me protéger contre les duretés de la vie tant qu'elle pouvait me protéger, m'éleva comme une fillette.
                 A l'école congréganiste où j'allais, un brave homme de Frère qui m'aimait beaucoup à cause de ma docilité et de mon bon vouloir m'enseigna toutes sortes de belles maximes qui s'adaptaient à mon caractère timide avec une précision merveilleuse.
                 Bien heureux ceux qui sont doux me disait le bon Frère à titre de félicitations quand je ne répondais pas aux taquineries de mes camarades. Bien heureux ceux qui sont doux parce qu'ils possèdent la terre.

                 Et j'étais dans la joie en entendant ces paroles. J'étais dans la joie car, étant timide, ma timidité était excusée. Ces avec ces doctrines sublimes que j'ai abordé les luttes de l'existence.
                 Aussi l'écolier qui avait appris à tendre la joue gauche quand on l'avait frappé sur la droite continua sa vie d'homme à abandonner encore sa robe à celui qui lui avait déjà pris son manteau, comme on le lui avait enseigné.
                 Je fis toujours pour mes semblables et jamais ceux qui profitaient de mon amour pour l'humanité ne firent rien pour moi. Bref, de fil en aiguille, j'en suis arrivé à être :
                 - dupé,
                 - floué,
                 - exploité si souvent que cela devint une habitude contre laquelle ne se révolte plus ma timidité naturelle, renforcée par les principes d'abnégation et de sacrifice que j'avais tété étant enfant.

                 J'étais si conciliant que tout le monde abusa de moi. Même de très honnêtes gens. On disait de moi : " Il est toujours satisfait de notre manière de faire à son égard " et on arrivait petit à petit à m'opprimer sans s'en douter, à force d'augmenter les exigences contre lesquelles mon naturel et mon éducation m'empêchaient de protester. Quand la situation devenait intolérable pour moi, j'inventais un prétexte honnête pour me retirer et j'allais ailleurs chercher ma vie.
                 C'est ainsi que vieillissant j'arrivais à ne plus trouver où m'employer et que fatigué d'être de par mon caractère un esclave soumis de la société, je me suis mis un jour au ban de toute organisation sociale pour goûter un peu de liberté avant de mourir.

                 Croyez-moi, Monsieur le Maire, mon maître d'école, qui me voulait du bien, avait tort de me faire croire que ceux qui pleurent sont bien heureux parce qu'ils seront consolés et qu'il faut faire du bien à ceux qui vous persécutent. C'est préparer l'enfant à devenir plus tard la victime des exploiteurs, que de lui inculquer de semblables principes.
                 Il faut apprendre à l'enfant à devenir un homme, à ne pas supporter l'injustice sans protester, à ne pas s'humilier toujours et quand même par amour de la paix.
                 Oui, je crois maintenant que j'ai vécu et que j'ai souffert, je serais sorti victorieux de la lutte pour la vie, si au lieu de la morale qui m'a été enseignée, on m'en apprit à quelles épreuves l'homme est exposé pendant son existence et par quels moyens il peut les surmonter.
Gaston Marquet.
L'écho de Bougie (23-09-1906)


Le bazar Mantout
Envoyé par M. Christian Graille

         A l'un des angles du marché couvert de la place de Chartres se trouve une maison ou bazar qui mérite, par son originalité d'attirer l'attention du voyageur, du touriste et de l'Algérien lui-même. C'est le bazar Mantout, autrement dit, bazar juif.
        C'est à onze heures du matin surtout que le bazar Mantout doit être visité. Sur le seuil de la porte d'entrée se tient une sorte de garde d'honneur composée d'une demi-douzaine de marchands ou brocanteurs juifs, habillés les uns à l'européenne, les autres à l'indigène, dans un débraillé complet, jeunes et vieux, assis par terre dans une nonchalance parfaite, et devisant entre eux de prochaines bitites affires.
        Ils obstruent le passage, mais peu leur importe car ils se croient chez eux.
        Dans l'intérieur de l'immeuble est une vaste cour carrée, véritable cour des miracles dans laquelle sont entreposés dans un pêle-mêle fantastique et pittoresque :
        - vieux meubles,
        - vieilles ferrailles,
        - vieilles bouteilles,
        - ustensiles de ménage,
        - vieux habits,
        - souliers,
        - livres, etc…
        Que la brocanteur juif a achetés en ville et qui passent à un dernier lavage, polissage ou vernissage avant de venir s'échouer sur la place de Chartres.

        C'est dans cette même cour que les Arabes portefaix viennent en courant au milieu de nombreux cris de balek, balek, déposer les bancs, balances et corbeilles du marché. C'est tout juste si l'on a le temps de se garer des ais et planches qui menacent votre tête.

        Mais allons plus loin. Je vois de petits comptoirs où l'on peut, sur un vieux zinc boire pour dix centimes, trois miquettes de mahia ou anisette juive de figues.
        Enfin voilà 3 ou 4 petits restaurants cachés se faisant suite l'un l'autre.
        Une odeur d'huile rance vous saisit à la gorge.
        Dans les couloirs et à la porte de ces restaurants, on voit, sur des fourneaux portatifs, cinq ou six grandes poêles à frire où chantent dans l'huile chaude, ici les sardines et poissons enfarinés et alignés par trois, là les petites pommes de terre qui prennent sous la cuisson une belle couleur dorée.
        Sur le grill cuisent doucement de petites brochettes de viande. On a pour un sou cinq ou six morceaux de viande rôtie enfilés dans de petits bouts de roseau pointus des deux côtés. Le bout de roseau est donné par-dessus le marché et peut servir au besoin de cure-oreilles.

        A l'intérieur les longues tables de bois sont bondées de consommateurs :
        - arabes, juifs, maltais, européens, dans un pêle-mêle curieux.
        Tous les coudes se touchent, et les cuillers et fourchettes vont bon train. Les ordres partent de tous les côtés à la fois et les garçons ne savent plus où donner de la tête.
        L'un d'eux demande un couscouss, l'autre une loubia, un autre un bar boucha (espèce de gros couscouss), une chtéta (viande piquante) : une chorba (soupe) etc., etc…
        Les assiettes minuscules circulent de toutes parts avec les portions divisées en parts égales.
        En un mot c'est le restaurant des petites bourses ; des gens qui trouvent le moyen de faire un bon repas avec une douzaine de sous, tout en faisant les affaires du maître de céans.

Jacques Terzualli.
Les clochettes algériennes et tunisiennes (20-09-1903)



Au marché
Envoyé par M. Christian Graille

                  Souk-el-Khemis ! Le marché du cinquième jour ! Voilà pourquoi à l'aube du seul jeudi que je passe ici, j'ai été réveillé par cent bruits confus.
                 De la terrasse où je loge, j'ai vu la place à peine éclairée, toute encombrée de gens et de marchandises.
                 Des rues adjacentes, la foule des Arabes arrivait, à grand renfort de cris.
                 Les autobus peints de couleurs vives, amenaient de partout alentour des entassements d'hommes qui sommeillaient encore, enroulés dans leurs longs burnous.
                 Les gens du Sud apportaient à " bosses de chameau " des charges de dattes ou bien conduisaient au fondouk leurs bêtes fatiguées qui balançaient mélancoliquement leur grand cou arqué.
                 Les fellahs des environs, pour faire quelques négoces, arrivaient dans leurs " arabas " hautes sur roues et toutes bariolées. Avec force gestes et jurons, l'on poussait les troupeaux vers les enclos, en bousculant les gens et en les maudissant…

                 Rien de plus pittoresque que le marché sous le brûlant soleil de midi !
                 - Quel grouillement de monde !
                 - Quel étalage opulent de lumières et de couleurs !
                 - Quelle diversité de choses à vendre !

                 Sur les nattes d'alfa, des sacs de fibres ou des tapis de laine,
                 - que de victuailles ou d'objets exposés !
                 - Monticules de pastèques,
                 - tas de piments écarlates,
                 - sacs de semoules blanches,
                 - corbeilles de légumes verts ou
                 - peaux de bouc cousues sur d'énormes gâteaux dorés de dattes écrasées et compressées !

                 Et plus loin, ces monceaux d'habits : vêtements neufs ou hardes sordides ? On ne sait ; le soleil fait tout luire d'un éclat égal !… et tout cela exhale une même odeur forte. Pour compléter ce tohu-bohu de choses, les gens :
                 - circulent,
                 - marchandent,
                 - s'injurient,
                 - achètent,
                 - revendent…

                 Là-bas, dans l'enceinte, c'est le marché de la viande, vive ou morte :
                 - des files de moutons serrés, tête contre tête,
                 - des lots de jolis chevaux qui s'énervent dans ce bruit de batailles,
                 - des ânes blessés par le bât et par les coups,
                 - quelques vilains bœufs efflanqués,
                 - une vache et son veau, né sur la route en venant du douar au souk…

                 Sous une espèce de hangar, dans un nuage de mouches bourdonnantes, de longs quartiers de chair pendent, tous saignants ; moutons ou morceaux de bœuf sont accrochés là, pêle-mêle, à des branchages fourchus…..
                 Et la voix des revendeurs qui hurlent les prix et celle des acheteurs qui les discutent, couvrent les cris des bêtes que l'on égorge.

                 Au marché, on ne fait pas seulement le commerce des objets et des victuailles ; ce jour-là plus que tout autre les mesquines sont légions : le métier de pauvre est courant et en tous les endroits où des gens passent en nombre, l'on est appelé par la prière chevrotante du mendiant, toujours la même, qu'il s'agisse d'une misère vraie ou fausse !
                 L'Arabe s'entend à exploiter la crédibilité d'autrui. Une mutilation volontaire affreusement envenimée constitue souvent une rente pour qui sait apitoyer le passant.

                 Dans un coin de la grande place, un cercle s'est formé d'Arabes silencieux, yeux avides, têtes en avant, mentons posés sur de longues matraques.
                 Au centre, à l'endroit où tous les regards convergent, un guérisseur pérore en montrant ses fioles colorées.
                 Pour quelques sous il sort de l'une et de l'autre ses liqueurs.
                 Mais nul n'est guéri et le toubib n'a fait sur le gobelet rempli les signes secrets que lui seul connaît et qu'il ne prodigue qu'autant qu'on le paye à nouveau. Après quoi il se peut que le malade recouvre la santé ; mais s'il veut en être assuré, il lui faut encore se démunir d'un peu de son argent.
                 Le guérisseur prononce alors quelques paroles pleines de mystère.

                 Le philtre acquiert ainsi toute sa puissance ; au prochain marché le malade sera guéri. Voilà ce que prédit le toubib ; mais il se gardera bien de le venir contrôler.
                 Chaque semaine, un guérisseur nouveau vend des liquides du même genre.
                 Jamais nul ne guérit. Tous le savent et cependant ce sont toujours les mêmes regards extasiés, les mêmes airs admiratifs, le même respect crédule qui entourent le guérisseur et ses flacons !
                 La nuit tombe et avec elle le brouhaha de la journée. Nul bruit maintenant … Le muezzin chante aux quatre points cardinaux, la prière lente du soir… Plus personne, sauf au café maure où une lumière d'huile groupe un monde grouillant de flâneurs… Cependant que sur la route, de loin en loin, l'ombre immobile et noire d'un chameau se détache, avec à ses pieds la silhouette du chamelier prosterné qui prie vers l'Orient.
René Janon
Alger-Étudiants (02-12-1922)



C'était en mars 2020
Envoyé par B. Kugler
Auteur Inconnu

           Les rues étaient vides, les magasins fermés, les gens ne pouvaient plus sortir
           Mais le printemps ne savait pas, et les fleurs ont commencé à fleurir, le soleil brillait, les oiseaux chantaient, les hirondelles allaient bientôt arriver, le ciel était bleu, le matin arrivait plus tôt

           C'était en mars 2020
           Les jeunes devaient étudier en ligne, et trouver des occupations à la maison, les gens ne pouvaient plus faire de shopping, ni aller chez le coiffeur. Bientôt il n'y aurait plus de place dans les hôpitaux, et les gens continuaient de tomber malades.
           Mais le printemps ne savait pas, le temps d'aller au jardin arrivait, l'herbe verdissait

           C'était en mars 2020
           Les gens ont été mis en confinement pour protéger les grands-parents, familles et enfants. Plus de réunion ni repas, de fête en famille. La peur est devenue réelle et les jours se ressemblaient.
           Mais le printemps ne savait pas, les pommiers, cerisiers et autres ont fleuri, les feuilles ont poussé
           Les gens ont commencé à lire, jouer en famille, apprendre une langue, chantaient sur le balcon en invitant les voisins à faire de même, ils ont appris une nouvelle langue, être solidaires et se sont concentrés sur d'autres valeurs.
           les gens ont réalisé l’importance de la santé, la souffrance, de ce monde qui s'était arrêté, de l’économie qui a dégringolé
           Mais le printemps ne savait pas. les fleurs ont laissé leur place aux fruits, les oiseaux ont fait leur nid, les hirondelles étaient arrivées

           Puis le jour de la libération est arrivé, les gens l'ont appris à la télé. le virus avait perdu, les gens sont descendus dans la rue, chantaient, pleuraient, embrassaient leurs voisins, sans masques ni gants

           Et c'est là que l'été est arrivé, parce que le printemps ne savait pas. Il a continué à être là malgré tout, malgré le virus, la peur et la mort. Parce que le printemps ne savait pas, il a appris aux gens le pouvoir de la vie


PHOTOS DE BÔNE
Envoyée par divers internautes

 SQUARE DE L'HÔTEL DE VILLE        





SQUARE RANDON - BUSTE DE BUGEAUD






STATUE THIERS ET DEBUT DU COURS BERTAGNA






PLACE D'ARMES ET MOSQUEE






PONT SUR LA SEYBOUSE






HÔPITAL MILITAIRE





LES SANTONS ET LA PREFECTURE




CHAMBRE DE COMMERCE

Portefaix de la marine
Envoyé par M. Christian Graille

               C'est un type moderne, un produit de notre civilisation.
               Continuellement mêlé à l'activité fiévreuse de ce chantier commercial qu'on appelle le quai, ce mercenaire du négoce européen devait inévitablement atténuer chez lui l'originalité du costume oriental.
               Aussi de prime abord le portefaix de la marine est-il peu attrayant avec sa blouse de coutil blanc et son tablier en toile de sac. Mais ce qui est remarquable en lui c'est sa force herculéenne et sa vaillance.
               Il faut voir avec quelle opiniâtreté comique, quelles interjections gutturales, il s'en va pieds nus, charriant à travers les rues de la ville des charges vraiment phénoménales ! Le soleil depuis le matin flamboie sur la cité ; peu lui importe.

               L'atmosphère, surchauffée de siroco, est d'une lourdeur oppressante ; les nuages poussiéreux, affaissés sur l'horizon, augmentent encore par l'aspect de leur cercle compact, la sensation d'étouffement qu'on éprouve partout ; mais insensible sous son teint de bronze aux ardeurs de son ciel africain, il continue jusqu'à la fin de la journée son métier de bête de somme.
               Ce n'est qu'au crépuscule, à l'heure où la fraîche haleine vespérale vient réveiller les arbres de leur torpeur du jour, que cet humble athlète reprend possession de lui-même

               Drapé dans son burnous blanc, la chéchia enturbannée d'un foulard multicolore et ses " Sabats " (souliers) aux pieds, il quitte ce milieu profane pour aller se retremper dans son orientalisme.
               Ce sera dans cette vieille casbah aux ruelles enchevêtrées et étranges qu'il passera sa soirée, dans un de ces cafés maures fleurant le jasmin et l'oranger où, nonchalamment assis sur des nattes, on écoute, rêveur, le chant mélancolique des flûtes, le bourdonnement des tam-tams…
               Et si la journée a été bonne, peut-être sa nuit s'achèvera-t-elle dans les bras de quelque aimée au cou paré de louis d'or dont les caresses sauront lui faire oublier, jusqu'à l'aurore du moins, les misères de son existence….
Henri Klein.
(La vie algérienne et tunisienne)


La Roumia
Envoyé par M. Christian Graille


               Femme d'un douar voisin, sa mère avait été séduite par un peintre de passage en Algérie. Ce n'avait été qu'un caprice de jeune névrosé à la recherche de quelque aventure neuve et piquante. Une rencontre au bord de l'oued, lui, en quête d'un sujet, elle, piétinant du linge en tas dans l'eau troublée… Puis chaque jour, sous la menace constante d'une surprise, ils s'étaient retrouvés…
               Intrigue charmante, en vérité, mais terminée de façon lamentable par le brusque départ de l'hiverneur et la naissance de Halima, quelques mois plus tard…

               L'enfant avait grandi, élevé au milieu des indigènes, mais, malgré leur contact journalier, avait conservé dans toute sa pureté, le cachet de la race paternelle. Elle donnait l'impression d'une petite fille européenne déguisée en arabe et c'est pour cela que dans le village on l'appelait : La Roumia.
               Jolie elle ne l'était point dans toute l'acceptation du mot, car malgré la finesse de ses traits assez réguliers, son visage était empreint de ce je ne sais quoi de fané, de vieilli, trace d'usure précoce qui ravage généralement le masque des femmes arabes.
               Toutefois, au contraire des autres, elle avait une peau veloutée, délicate, comme légèrement poudrée de rose, sur le cou et les épaules, une peau à peine brunie et des yeux d'une mobilité expressive, tendrement bleutés, au fond desquels semblait dormir à certaines heures une vague mélancolie…

               Vêtue d'une simple gandoura verte, sans manches, elle serrait sa taille frêle, comme emprisonnée dans un corset, par une large ceinture de cuir brut bouclée d'argent sur le devant.
               Sa large coiffure de laine laissait passer sur les tempes des touffes de cheveux blonds, frisés, dont l'extrême pointe seulement se colorait de henné. Sur le front, un tatouage, petite mouche drôle, inattendue et deux sourcils de kohl (poudre pour maquiller les yeux.) à peine accusés….
               Pour l'instant, âgée de 18 ans, elle vivait, unie à un khammès, sorte de brute immonde et repoussante, un de ces êtres de rebus de l'humanité, qui sont si bas d'extérieur et d'instinct, qu'on se demande s'ils ne sont pas le trait de liaison entre la bête et l'homme.

               Et tandis qu'Halima, par cette claire matinée de Noël, roulait la farine en grains menus pour le couscous, la puissante madame Grück, la fermière agitée…. Toute rouge devant le fourneau de la cuisine devisait de la sorte. " Allons, petite Roumia, du courage, applique-toi… Je veux que nos invités te fassent des compliments surtout mon neveu qui vient de France. Ah ! C'est qu'il ne connaît pas vos plats arabes, et tu sais c'est un bec fin ! ".

               Puis après un silence :
               " Ils ne vont point tarder à arriver, tous à mulets ! Sur des mulets avec leurs gros bardas de toile de sac… Ah ! Ah ! Ah !…Oui, un beau garçon mon neveu, pas comme ton horreur de mari ! Et son costume, de l'argent, du bleu et du rouge !

               Sur la tunique tout plein de raies blanches … comme ça… Il est sous-officier aux hussards. Tu n'as jamais rien vu de pareil, et toi qui aime les choses de France, tu es capable d'en tomber Amoureuse "…
               Mais à cette idée qu'Halima pouvait tomber amoureuse de son parent, dame Grück secoua son opulente poitrine dans l'oppression des rires contenus ! La jeune femme écoutait.
               Son âme errait distraite par les régions que le beau soldat devait habiter, par ces régions de mystère et de rêve qu'elle soupçonnait jolies et hospitalières…

               Tout à coup des éclats de voix, des rires et la caravane, une dizaine de personnes au plus, jeunes gens et jeunes filles fit irruption dans la cour, la fermière se précipita, tandis que Halima, prise soudain d'une poignante mélancolie, essuyait un coin de vitre embrumée pour jouir de toute cette joie exubérante du dehors.
               Et elle le vit, le brillant militaire, dans son uniforme chamarré : rieur, le képi en arrière, de belles moustaches blondes, presque blanches, fièrement relevées en broussaille ; il était entré au galop de son maigre mulet qu'il cinglait d'une branche épineuse. Tout le peloton enjuponné suivait à bonne allure en poussant de grands cris..

               Leste, il sauta à terre dans un déploiement de son corps svelte et courut embrasser sa tante, puis gracieux, empressé, alla aider les jeunes filles à descendre de leurs montures…
               Ce fut un chatoiement de robes claires, dans la froide limpidité du matin. Des taches de lumière crues et des ombres atténuées… un pastel animé.
               Halima regardait de ses grands yeux avides, dilatés dans la stupeur rêveuse : elle regardait, presque sans voir, éblouie… Et toujours devant elle passait la silhouette rouge et bleue… toute scintillante.
               " Bonjour, la Roumia, fit M. Jacques, le fermier, en entrant dans la cuisine, je t'amène quelqu'un qui veut te voir", puis se tournant vers le sous-officier qui le suivait : " Pas mal ! Hein ! Mon gaillard, les femmes de notre bled ! "

               Il y eut un instant de gêne, et Halima rougit. Elle se sentait regardée comme un petit objet cocasse, détaillée avec l'arrogance parfaitement désinvolte, un peu dédaigneuse, d'êtres supérieurs… et cela lui fit très mal…
               Avant de sortir, M. Jacques plaisanta :
               " si elle voulait, on la ferait réveillonner avec nous… ou si votre société lui déplait avec moi tout seul ; une diffa en tête-à-tête ; je t'assure que tu ne t'embêterais pas ! … "
               Les deux hommes rirent d'un rire lourd et grossier... Elle eut conscience de l'insulte, mais son cœur battait vite, embrouillant ses pensées ! …

               Boum ! Boum ! fait la cloche de sa voix qui appelle … Boum ! Elle a des intonations caressantes, et les couples se hâtent vers la petite église aux vitraux embrasés…
               La messe de minuit !
               Tous les invités de la ferme Grück se sont mis en route, deux par deux… Ils chantent, en marchant, des romances lointaines et jolies…. Choses tristes, vieilles légendes sentimentales… des grivoiseries ont été mises de côté pour le réveillon !
               Derrière, très loin, une petite ombre… C'est Halima qui suit, un peu craintive… étonnée de ces chants…. Elle n'a point quitté la ferme la nuit tombée, et cette idée tenace lui est venue de voir ce qui va se passer dans la mosquée française.

               Que va célébrer cette bande enfiévrée qui entoure le joyeux hussard, maître inconscient déjà de son pauvre cœur timide ?… Tout cela lui semble une scène de rêve, imprécise, noyée de brume, avec des formes mièvres, enlaçantes, adorables… et les moindres choses de cette vie nouvelle qu'elle désire, veut pénétrer et ne comprend pas, lui apparaissant grandies, presque surnaturelles…
               Elle va… et ne s'arrête qu'aux marches de l'église.
               Elle sait que l'entrée lui en est interdite… mais pour voir, elle se place dans l'ombre de la porte.
               Enveloppée de son voile, personne ne la remarque. On passe et l'office commence !

               Oh ! Cette cloche qui vibre au-dessus de sa tête, de quel tremblement ne l'agite-t-elle pas ? … C'est la voix du Dieu Roumi qui lui donne cette crainte superstitieuse…pourtant elle a poussé la porte de frise et regarde.
               Quel spectacle ! Le chœur est illuminé de mille feux, comme une dentelle d'or, des draperies…
               Le Marabout dans son costume pailleté, avec des enfants rouges autour de lui…
               L'encens monte en spires torturées, l'encens, évocateur des Djénas magnifiques, des pompes splendides d'Orient, où Allah se révèle par ce parfum !…

               Au fond, le crucifix : cet homme qui saigne sur une croix… et Halima ne conçoit pas sa présence en cette allégresse !…
               Dans la masse sombre des fidèles, elle a vu le dolman bleu zébré blanc qui se détache comme une fleur étrange… Elle a reconnu le visage pâle aux longues moustaches blondes, et du fond de son cœur exalté… de son petit corps qui s'offre, elle l'appelle…
               Tout à coup c'est une céleste harmonie….
               Comme des voix qui gémissent ou se gonflent en de triomphales clameurs… Des notes mourantes, inachevées…
               Des variations tristes comme des glas ou cristallines comme des rires…
               Boum ! fait la cloche obsédante…

               Alors la Roumia s'affole. Toute l'âme d'artiste de son père, enfermée, contrainte par le milieu, se révèle intensivement puissante avec des débordements et des fureurs de mer déchaînée.
               La jeune femme chancelle, veut s'approcher pour entendre plus distinctement, saisir en entier l'expression de cette musique dont elle s'enivre, qui pénètre sa chair, la déchire…
               Oh ! Faire partager ce qu'elle sent à l'être aimé, à la chère vision qui s'alanguit en cet idéal enveloppement…
               - Les feux de l'autel,
               - les draperies,
               - le prêtre,
               - les enfants,
               - les fidèles, tout cela tourne devant elle dans une ronde fantastique…

               Quelques pas… en pleine lumière ! Puis des têtes qui se retournent : des rires… et le père Bouret, le bedeau qui se précipite…
               " Veux-tu bien déguerpir… espèce de sauvage !…"
               Et c'est la nuit implacable… morne…
               Boum ! Boum !

               Sur la dernière marche de l'église, Halima s'est accroupie comme un pauvre chien battu… Elle sanglote à la façon des petits enfants, en de longues plaintes sourdes et traînantes, coupées de brusques suffocations… Subitement, elle se lève comme prise de délire et s'éloigne, rapide, d'un pas saccadé.
               Elle est comique ainsi, avec sa coiffure presque chavirée et son allure extravagante : aussi excite-elle l'hilarité d'une bande de jeunes gens qui l'ont reconnue… Mais que lui importe, elle passe sans entendre, avec seulement aux joues, la sensation douloureuse d'une brûlure glacée…
               C'est le vent qui sèche ses larmes…
               Boum ! fait la cloche.

               Elle va, les yeux hagards, insoucieuse de tout ce qui l'entoure….
               Du mari qui l'attend soupçonneux et rageur…
               Elle va, et déjà les dernières lueurs du village ont disparu derrière elle…Comme une folle, elle se hâte dans le noir, en pleine campagne, vers quelque but qu'elle ignore…
               Une déroutante théorie de pensées… mais de pensées à peine formulées, sortes de piqûres mauvaises, traverse son cerveau !
               L'orgueil et la sensibilité de l'enfant se révoltent : Oh ! Ce vide méprisant dont elle se sent entourée, cette indifférence, cette répulsion chez certains !…

               Mais elle est femme cependant, elle a un cœur capable d'aimer, une intelligence, un charme : n'a-t-elle point droit, comme ses sœurs de France, à l'amour, aux attentions, au respect ?… et cependant, on la traite en vile créature, presque en prostituée, on la chasse avec dégoût…
               Elle est donc maudite, condamnée de par sa naissance à ramper éternellement autour de cette existence qu'elle rêve, qui lui semble être sienne, à certaines heures… C'est horrible !…
               Oh ! Cette liberté de la femme européenne, cette domination de beauté victorieuse qui fait de l'homme son esclave…
               Et pénible, ce contraste s'établit, du neveu de Madame Grück, si galant auprès des jeunes filles, dans la cour de la ferme, la regardant avec dédain, quelques minutes plus tard…
               Perdue à jamais la fugitive espérance de vie, dans une petite maison blanche, avec des vignes folles au-dessus de la porte, loin… très loin, pour oublier son origine… Non ! C'est la servitude infâme, près de la brute, dans la puanteur du gourbi !

               Alors seulement, Halima sonde l'abîme qui s'ouvre entre son monde et l'autre !…La moquerie cruelle, grossière, ou la curiosité futile, voilà ce qu'on lui réserve.
               Qui donc la prendrait au sérieux, qui voudrait d'elle là-bas ?…
               Petit singe amusant, pièce rare d'orientalisme !…
               N'est-elle point folle d'aimer le beau sous-officier ?… Il ignore son amour, mais le connaîtrait-il, qu'il en rirait ! Les hommes la veulent sans passions, sans formes !
               Ont-elles le droit à quelques ménagements les bêtes ?…
               Et cette idée qu'elle est considérée comme une bête, se développe, grossit en son imagination enfiévrée, l'exalte déchirante. Elle se tord les mains…
               Au loin, des taches noires… comme des tas de terre…Halima regarde : un douar. Elle ignore où elle est, cependant elle s'approche…
               Des grognements sourds…subitement alors, elle songe aux chiens kabyles qui vont la déchirer si elle avance…

               Un arrêt.
               C'est peut-être la mort… mais qu'importe la mort quand on a si mal. Elle ferme les yeux, comme pour se recueillir ; devant elle, un grand trou sombre… La vie de tous les jours, atroce près du mâle abhorré… et très loin, dans l'encens vague, au fond de la mosquée Roumia en fête… lui, le sous-officier de France qui s'efface… A quoi bon hésiter ?
               Tête basse, ses petites mains fermées comme pour la lutte, elle se lance vers les chiens en furie !
               Ce fut bref…à peine une plainte !… Elle s'affaissa, mordue à la gorge, tout de suite, et jusqu'à ce qu'on lui portât secours, les bêtes s'acharnèrent sur sa pauvre chair froide… Morte, elle fut transportée dans une grange.

               On prévint son mari ; il ne vint qu'au matin. Calme, avec un pli sauvage au front il s'approcha du corps sanglant, raidi, dans son attitude de volonté désespérée et parla de la sorte : " Allah m'a vengé ! La chienne devait aller mendier l'amour des autres tandis que je gémissais en ma demeure ! Dieu est juste ! "
               Comme il sortait, il cracha sur le seuil de la porte. Telle fut l'oraison funèbre de la Roumia.
               A la ferme, la fin tragique de la jeune fille jeta un froid : " C'est curieux ! " fit M. Jacques, soudain rêveur ; et tandis qu'on s'épuisait en conjectures, la bonne madame Grück, les yeux rougis, se mouchait bruyamment.
               Il fallut toute la bonne humeur de son neveu qui l'entraîna dans une valse grotesque, aux applaudissements de spectateurs pour la remettre en train.
               En l'air pur du matin, les cloches sonnèrent la messe de dix heures, à toute volée joyeuse… et peut-être, sur les dalles roses de soleil, la petite âme triste d'Halima, vint-elle se poser, pour s'enivrer encore d'encens et d'harmonie, dans le sanctuaire vénérable où le beau sous-officier de rêve venait prier !…

Yves Dhor.
Les clochettes algériennes et tunisiennes (03-01-1903


Les deux prisonnières chez Abd El Kader
Envoyé par M. Christian Graille

Types Algériens

                 Une femme française nommée Juliette, la même dont a parlé le trompette Escoffier, a été trouvée dans la deïra (famille) après la reddition d'Abd-El- Kader. Elle s'est parfaitement accommodée des habitudes arabes, au point qu'elle a demandé instamment à ne pas quitter son mari arabe, celui dont elle veut partager le sort jusqu'au bout.
                  Cette même Juliette, dont il a souvent été question parmi nos prisonniers qui avaient été échangés et l'ayant vue, l'avaient regardée avec admiration :
                  - jeune,
                  - bonne,
                  - douce, elle avait su souvent compatir aux maux de ses compatriotes quand elle l'avait pu.
                  Juliette, prisonnière d'Abd-El-Kader, est revenue en France avec l'ex Émir et les autres captifs arabes.

                  Il est juste de raconter comment elle fut capturée, elle et sa mère.
                  C'était en 1839. Madame Reine Aillaud et sa fille Juliette (cette dernière n'avait que quinze ans) demeuraient à Oran où elles étaient toutes deux cantinières.
                  S'étant un jour un peu écartées dans la campagne, aux environs de cette ville, elles furent surprises par quelques réguliers d'Abd-El-Kader qui maraudaient, et conduites à l'Émir près de Mascara.
                  A cette époque la femme d'Hadji-Bachi, frère de lait de l'Émir, avait été prise par les Français ; Abd-El-Kader lui donna Juliette et il l'épousa, malgré la répugnance de la jeune fille à partager la couche d'un Arabe qui, par son âge, aurait pu être son père.

                  Plus tard la première épouse d'Hadji-Bachi fut rendue par les Français et elle a continué d'habiter la même tente avec Juliette qui a eu un enfant de Hadji-Bachi. Reine Aillaud a habité huit ans la deïra avec sa fille et elle a rendu de grands services aux prisonniers français.
                  Monsieur le lieutenant-colonel Courby de Cognord et Monsieur le docteur Cabasse doivent se souvenir de cette bonne femme qui adoucissait leur dure captivité en leur faisant avoir des habits et des aliments.
                  La position de la dame Aillaud et de Juliette n'était pas malheureuse à la "deïra" : les Arabes avaient en grande estime leurs travaux d'aiguille, et elles se procuraient facilement, par la couture, de l'argent qui les aidait à soulager leurs compatriotes.
                  Les prévenances de la mère de Juliette lui avaient attiré la bienveillance d'Abd-El-Kader qui se plaisait à faire ressortir la différence qu'il y avait entre l'obligeance et l'empressement des femmes chrétiennes et l'apathie servile des femmes arabes.
                  Aussi, lorsque l'échange des prisonniers eut lieu, la Dame Aillaud demanda sa liberté à Abd-El-Kader qui s'empressa de le lui accorder en lui donnant un sauf-conduit revêtu de son sceau.

                  Juliette voulut rester alors avec son mari arabe ; l'amour maternel la retenait sous la tente. Sa mère revint seule en France où elle obtint un secours de deux cents francs de madame la Duchesse d'Orléans.
                  Ayant appris ensuite la reddition d'Abd-El-Kader et son arrivée à Toulon avec ses parents et ses familiers, elle s'empressa de partir pour cette ville afin d'aller saluer l'ex Émir et embrasser sa fille Juliette.
                  Juliette avait alors vingt-huit ans ; elle est petite, brune, et, sans être jolie, avait quelque chose d'attrayant dans sa physionomie mobile.
                  Son mari étant attaché à la suite d'Abd-El-Kader, elle éprouva tant d'attachement pour la nouvelle famille qu'elle adopta, que rien au monde ne lui ferait quitter son mari et son enfant.

L'Algérie française tome II Arsène Berteuil. Édition 1856


Un drame de famille en pays kabyle
Envoyé par M. Christian Graille

                 Tous les jours, les grands journaux de Paris nous racontent à leur avant-dernière page les drames qui sont éclos dans ce foyer de toutes les lumières, mais aussi de toutes les corruptions qui a nom Paris :
                 - C'est une fille-mère qui a tué son enfant,
                 - un amant qui a tué sa maîtresse,
                 - un mari qui a assassiné sa femme infidèle.
                 Le bruit de la grande ville, les préoccupations égoïstes de chacun, la multiplicité de pareils faits font que tous ces évènements passent presque inaperçus et la foule ne s'en souvient plus le lendemain.

                 Le drame que je veux vous narrer aujourd'hui est un fruit amer qui a mûri dans la grande solitude des campagnes algériennes.
                 Cela se passe dans un gourbi à quelques lieues de Tizi-Ouzou.
                 Une famille kabyle :
                 - un père, - une femme, - un fils, - une jeune fille sont réunis autour du plat de couscous traditionnel.
                 Le père est courroucé et s'adresse en termes violents à son fils aîné.
                 Il lui reproche :
                 - d'abandonner les travaux agricoles,
                 - de quitter les champs,
                 - de séjourner trop longtemps à la ville.

                 Le fils que nous nommerons Ahmed a 28 ans, est las de cette domesticité que lui impose encore son père et qui est la conséquence de la vie patriarcale et les mœurs de la famille musulmane.
                 Ce vieux père à barbe blanche il le hait comme on exècre un patron inexorable et ce soir son ressentiment s'exhale en reproches amers, en vociférations et injures..
                 La mère essaie d'intervenir dans la discussion ; elle rappelle au vieillard, son mari, que c'est le premier et le seul enfant mâle que Dieu lui ait donné et que de son union avec les autres femmes qu'il a épousées puis répudiées ne lui sont nées que des filles comme Fatima.
                 Fatima est le quatrième spectateur de cette scène ; elle pleure en se cachant les yeux.

                 Or, tout-à-coup, à un mot trop vif, à un reproche trop humiliant, le fils s'est jeté sur son père un couteau à la main, et le père est tombé frappé mortellement au cœur.
                 Le sang coule à profusion dans la tente. Le meurtrier reste immobile, hébété, devant le cadavre de sa victime. Nul ne peut découvrir dans le regard de cet homme s'il comprend l'atrocité de son crime.
                 Fatima continue à sangloter, terrifiée de l'horrible spectacle auquel elle vient d'assister. Seule la mère garde son sang-froid et sa lucidité d'esprit.
                 Sa voix a pris quelque chose de solennel ; l'immense amour maternel qui couve dans son cœur s'épanche sur tous ses traits et illumine son visage.
                 Il faut, elle doit sauver son fils.
                 Alors elle invente un mensonge admirable et s'assied tranquillement à côté du cadavre pour faire la leçon à ses enfants :
                 " Demain les gendarmes et le juge de paix du canton vont venir, dit-elle, La seule coupable du crime doit être Fatima. "

                 Et prononçant ces paroles, elle fixe de son regard la jeune mauresque qui l'écoute avec des yeux hagards.
                 " Toi mon fils tu protesteras de ton innocence car il faut que tu vives pour soutenir la famille dont tu es maintenant le chef. Fatima avouera le crime mais je sais un motif à invoquer qui troublera singulièrement la conscience de ses juges.
                 Ma fille, tu dois dire que ton père a jeté sur toi des regards coupables et qu'il a voulu te violer. Tu ajouteras que c'est pour te protéger et défendre la pudeur que tu as porté contre lui l'arme homicide.
                 Est-ce entendu Fatima ? "

                 Alors prodige d'héroïsme sans doute extraordinaire chez des gens aussi simples, sans hésitation, avec le calme imperturbable des fatalistes et des martyrs, la jeune fille répondit qu'elle obéirait à sa seconde mère comme si c'était la première qui lui eût parlé.
                 Et le mensonge fut raconté, et l'instruction a été ouverte, et la jeune fille est à vingt jours de paraître en cour d'assises.
                 Par quel hasard ai-je appris ces circonstances étranges ? Certes, je n'ai point à le dire. Qu'il vous suffise que cette histoire qui ressemble à un conte est vraie, absolument vraie.
                 Ce fait divers m'a semblé si extraordinaire que j'ai cru devoir le raconter ici, certain qu'il sera capable d'intéresser nos lecteurs et de les faire réfléchir quelques instants aux mœurs bizarres des familles musulmanes.

Véritas.
Le petit Kabyle (05-05-1896)



Un déserteur et un tambour
Envoyé par M. Christian Graille

                 C'était à Bougie, par une de ces journées ardentes qui font si souvent en Afrique un contraste insalubre avec la fraîcheur glaciale des nuits ordinaires.
                 Néanmoins nos travailleurs, partagés en différents groupes, remplissaient joyeusement leur tâche.
                 - Les uns taillaient dans un rocher presque à pic le chemin du Fort et préparaient ainsi aux curieux qui voudront visiter plus tard la fameuse chapelle, succursale de la Mecque, un moyen de monter commodément en cabriolet jusque dans les nuages,
                 - les autres, excavant des ruines et déblayant le sol des plantes parasites qui rampaient dans les décombres, retrouvaient, sous la triple couche des siècles, les citernes romaines que le temps avait pieusement respectées.

                 Au milieu de cette masse d'hommes active et dévouée, un homme s'isolant des autres, nourrissait en secret une ignoble résolution. Seul, il ne comprenait pas ce qu'à de saint pour un soldat la religion du drapeau, et dans son cœur, s'il avait un cœur, rien ne battait évidemment qu'une insigne folie ou une houleuse dégradation.
                 Feignant d'avoir à porter un message à la redoute avancée de la plaine, il sortit de la ville par la porte de la Kasbah et traversa sans difficulté le camp de la cavalerie et le poste des zouaves.
                 Arrivé à la hauteur du dernier avant-poste, il s'arrêta un moment comme pour réfléchir ; mais ses réflexions ne furent pas longues ; il jette un dernier regard, un regard de peur sans doute, sur ses camarades qui veillaient l'arme au bras, et il franchit la ligne ; le malheureux courait à toutes jambes dans la direction d'un village bédouin.
                 Dès que son projet fut deviné, la garde du grand blockhaus fit feu sur lui : vingt balles lui sifflèrent aux oreilles, mais pas une ne l'atteignit ; il courut toujours et bientôt on ne l'aperçut plus.
                 - Quel avait donc été le motif de cette fuite ?
                 On l'ignorait.
                 - Quel but avait pu se proposer le transfuge ?
                 De bonne foi, il ne le savait pas lui-même. Cependant il déserta en plein jour et à la face de tout le camp. Cet homme, on peut dire son nom, car le nom des lâches doit être cloué au pilori de la publicité, cet homme c'était le caporal Chapet.

                 Grande fut la rumeur qui suivit la disparition du caporal : dans les tentes, dans les baraques, le soir, on ne s'entretint que de cela ; l'indignation était unanime et les malédictions que l'on jeta au déserteur furent effrayantes.
                 On avait bien vu déjà en Afrique, quelques indigènes enrôlés sous nos drapeaux, ne pouvant pas assouplir à notre manière d'être leur nature inculte et rétive, quitter furtivement le camp pour aller recommencer dans la montagne leur vie d'indépendance ; mais cette fois c'était un Français qui passait à l'ennemi, et il n'y avait pas, dans le langage de nos soldats, d'expression assez énergique pour rendre le sentiment excité par l'effronterie d'une telle défection.

                 Le lendemain une douzaine d'Arabes, éparpillés sous les grands arbres et dans les touffes d'arbustes dont le sol est parsemé, s'en vinrent caracoler devant nos grandes gardes et tirer çà et là quelques coups de fusil sans portée.
                 Après ce genre d'exercice, qui leur est d'ailleurs assez familier, les Bédouins se rassemblèrent sur le monticule du vieux moulin : c'était l'heure de la prière et du repas.
                 Debout sur la crête, ils se détachaient distinctement ; on pouvait les compter de l'œil, et parmi eux on aperçut, à moitié caché par un burnous blanc, le pantalon rouge du déserteur. A l'aide d'une lunette, on reconnut le caporal lui-même et on le vit mettre son arme en joue et tirer sur le blockhaus.
                 Des pièces furent aussitôt braquées sur le moulin : un boulet entre autres, dirigé par un vieil artilleur, enleva un groupe d'Arabes mais malheureusement il épargna le déserteur et on put le voir debout encore décharger une dernière fois son long fusil, et reprendre ensuite, avec ses nouveaux compagnons, le chemin de la tribu.

                 Cependant on n'aperçut plus le caporal et l'on commençait à croire que quelques bédouins avaient bien pu l'assassiner en cachette, quand un billet de lui, fixé pendant la nuit au bout d'un jalon, en face de la grande redoute, fut trouvé certain matin par la reconnaissance qui visitait les alentours.
                 Ce billet, adressé à un soldat, engageait fortement celui-ci à déserter :
                 " Je suis heureux, disait Chapet, on m'a donné :
                 - un cheval, - une baraque, - une femme …".

                 Dans un des bataillons du corps expéditionnaire de Bougie se trouvait un tambour, jeune homme au caractère insouciant et aventureux, qui se dit, en apprenant le contenu du billet :
                 " Je voudrais bien savoir s'il ne ment pas, ce bédouin-là ! ".
                 Et, enthousiaste de l'idée d'aller juger lui-même le cheval et la femme du déserteur, il demanda la permission de passer aussi à l'ennemi, mais en amateur seulement.
                 C'était jouer gros jeu, il le savait, on le lui dit, mais il ne s'arrêta pas du tout à cette considération ; il paria qu'il reviendrait, et il partit alerte, gai, dispos, le nez au vent, la gourde pleine et la pipe à la bouche…
                 Pendant toute une semaine, on n'entendit parler ni du tambour ni du caporal ; aucune des cent lunettes, du matin au soir dirigées sur la plaine n'amena aux curieux le moindre renseignement.

                 Un jour, les Arabes se présentèrent plus nombreux que de coutume ; des feux allumés la veille sur toutes les montagnes avaient appelé au combat les tribus éloignées, et des cavaliers, plus blancs que les autres, parcouraient au galop la ligne des tirailleurs blottis dans les buissons.
                 Une fusillade assez vive commença du côté des bédouins, un sifflement de balles passablement régulier s'organisa au-dessus de la tête de nos soldats ; mais quelques obus et quelques feux de peloton répondirent avec tant de justesse à l'attaque des indigènes, et un mouvement des troupes dérangea si à propos leurs desseins, qu'ils se rabattirent sur le marabout, calculant sans doute une occasion meilleure. Mais les coups de feu devinrent rares et, comme d'habitude, nos avant-postes se chargèrent de leur renvoyer leurs balles.

                 Tout à coup plusieurs détonations simultanées attirèrent l'attention du grand blockhaus du côté de la mer. Tous les bédouins encore embusqués se dirigeaient en courant et, en avant d'eux un autre bédouin arrivait à nous à toute la vitesse de ses jambes embarrassées dans les broussailles, et élevant en l'air, en signe d'amitié, un morceau déchiré de son burnous.
                 A de nouveaux coups de feu, on le vit tomber ; on le crut blessé, et on se disposait déjà à aller jusqu'à lui, quand il se montra debout à une distance plus rapprochée ; le malheureux avait rampé pour éviter que le poste français ne tirât sur lui… Et à présent il criait, il sautait et ses camarades le reconnaissaient tous… C'était le tambour, revenant essoufflé et saignant de son expédition.

                 D'abord on lui serra la main, on le pressa de demandes ; mais un ami mieux avisé courut chercher de l'eau et de l'eau-de-vie.
                 " Commence par de l'eau-de-vie, dit-il, parce qu'il faut toujours se bassiner le tempérament avant de se bassiner les blessures."
                 Le double travail d'ablutions une fois terminé, ce fut le tour de la curiosité ; les assistants firent cercle :
                 " Et les bédouins ? disaient-ils. Et Chapet ? … Et la circoncision ?… Et les mauresques ?… ".
                 Toutes ces questions faites à la fois étourdissaient le tambour qui ne savait à qui répondre et qui le pouvait à peine, encore haletant de fatigue et presque muet de joie…

                 Mais quelques heures après on savait à Bougie tous les épisodes de ses huit jours d'absence et presque tous ces épisodes apprenaient sur la vie arabe des révélations piquantes.
                 " Quant au caporal, disait le tambour, il nous avait collé une blague ; pas plus de cheval et de femme que dans mon œil : on lui donne plus de coups de bâton que de morceaux de pain, à preuve que j'en ai eu aussi quelques-uns pour mon compte. Un de ces jours ils vont vous l'expédier pour Constantine, et si en chemin on ne lui fait pas l'opération de la tête, il pourra se flatter, ma parole d'honneur, d'avoir pas mal de chance."

                 Pour son courage, pour ses anecdotes, le tambour se vit unanimement félicité et choyé : aux tables d'officiers où on le convia, à la cantine où la place d'honneur lui était réservée, au travail le jour, sous la tente le soir, il raconta avec quelle brutalité les bédouins l'avaient accueilli ; comme ils l'avaient forcé de les suivre au combat, le menaçant de mort s'il faisait un faux pas, et combien surtout il lui avait fallu de ruse pour s'éloigner d'eux et échapper aux canons du fusil toujours braqué sur lui.
(La sentinelle)
L'Algérie française par Arsène Berteuil,
ancien pharmacien en chef des hôpitaux militaires de l'armée d'Afrique.
Tome premier. Édition 1856.



Sale Gosse...  !
Envoyé par Eliane

         La voisine du petit Toto vient d'avoir un bébé.

         Malheureusement, le bébé est né sans oreilles.

         Dès que la mère et le nouveau bébé rentrent de l'hôpital, la famille de Toto est invitée à visiter le bébé.
         Avant de quitter leur maison, le papa de Toto a une conversation avec son fils et lui explique que le bébé n'a pas d'oreilles.
         Son père le prévient que, s'il dit quoi que ce soit en lien avec l'absence d'oreilles du bébé ou s'il prononce seulement le mot « oreille » , il recevra la fessée de sa vie en rentrant à la maison.
         Le petit TOTO répond qu'il a bien compris.
         Quand Toto voit le bébé, il s'exclame : « Quel beau bébé ! »
         « Merci, Toto », répond la nouvelle maman.
         Et Toto de continuer : « Il a de beaux petits pieds, de belles petites mains, un mignon petit nez et de vrais beaux yeux. Est-ce qu'il voit bien ? »
         La mère : « Oui, le médecin m'a assuré qu'il aurait une vision 20/20. »

         Une chance, dit le petit Toto, parce qu'il serait dans la merde s'il devait porter des lunettes…...


Carte du 1er Avril
Envoyée par divers internautes

        



POISSON D'AVRIL
De Hugues Jolivet



       Sur "Radio - Calembour" aux Infos, ce matin,
       Une annonce incroyable tombe dans mon oreille :
       "Notre Jupiter" s'en va, démissionne, c'est certain,
       Les masques sont tombés. Adieu ! Quelle merveille !

       Mais, avant son départ, dissoudre l'Assemblée
       S'impose comme un devoir au "roi" des couvertures
       Confiant au Président du Sénat l'Elysée,
       Il prend un omnibus pour d'autres aventures !

       Adieu les grands voyages aux quatre coins du Monde,
       Les discours attristés aux victimes du destin.
       Retrouvera, au Touquet, sa Brigitte gironde
       Sur les plages de Somme, au soleil incertain !

       Le réveil a sonné, la radio s'est éteinte.
       Mais non, rien n'a changé, et mon rêve est stérile !
       A peine réveillé, l'esprit en demi-teinte,
       Je l'avais oublié, c'est le premier Avril !
      
Hugues Jolivet         
Le 30 mars 2020          





Le petit chasseur à pied
Envoyé par M. Christian Graille
Nouvelle

           Il est étendu, le petit chasseur à pied, sur la terre fraîchement labourée, en travers des sillons, la figure tournée vers le ciel, les bras en croix, le côté droit de la poitrine troué par une balle.
           Autour de lui, les bruits de la bataille vont mourant. Les ombres bleuâtres s'étendent sur la plaine, pendant que là-bas, à l'horizon que rugit le soleil à son déclin, monte une colonne de fumée sortant des décombres d'une ferme incendiée.
           Ils étaient là vers le milieu du jour, derrière ce rideau de peupliers qui longe le pied de la colline, l'arme au pied, attendant.

           Là-haut, tout à fait sur la crête, paraissaient de temps à autre de petits nuages blancs, et l'on entendait comme un sifflement à peine perceptible. C'étaient les balles qui passaient au-dessus de leurs têtes. Mais ils n'y faisaient guère attention … Quand un officier d'État-Major est arrivé au galop sur un cheval couvert d'écume et a dit quelques mots au commandant : " Allons, mes enfants s'est écrié celui-ci en désignant avec son sabre la hauteur qui s'élevait devant eux, pour la patrie ".
           Et ils se sont mis en mouvement.

           Sa compagnie, à lui, avait été déployée en tirailleurs et précédait le reste du bataillon. Il marchait résolument, les yeux fixés sur cette crête qu'il fallait atteindre et que couronnait maintenant une ligne de fumée continue ,jetant tous les cinq ou six pas un rapide regard à droite et à gauche pour rester dans l'alignement des camarades.
           Les clairons sonnaient la charge à s'époumoner, et, avec cette fusillade de là-haut dont le bruit allait grandissant au fur et à mesure qu'on gagnait du terrain, c'était une musique endiablée…
           Il marchait toujours, il a vu ses deux voisins les plus proches tomber l'un après l'autre, mais il ne s'est pas arrêté.
           " Pour la patrie ! " a dit le commandant, et, si la patrie veut qu'on meure pour elle, on mourra, voilà tout.
           Et comme il se disait cela, il ressent à la poitrine une douleur aiguë. Sa main laisse échapper son fusil et il tombe à son tour.

           Combien de temps est-il resté sans connaissance ?
           Il l'ignore. Des heures, sans doute ; car, quand il a repris ses sens, le soleil était déjà bien bas.
           Il est seul, les camarades sont loin. Pourvu qu'ils aient emporté la position ! C'est cela qui ferait honneur à son bataillon ! Mais il ne peut se retourner pour s'en assurer ; chaque mouvement qui essaye de faire lui cause d'horribles souffrances. Il lui est même impossible d'atteindre son petit bidon.
           Les rayons de soleil lui ont frappé sur la tête pendant toute l'après-midi, et il se sent comme du feu dans le gosier. Il reste étendu sur le dos, regardant les nuages roses qui se meuvent lentement dans le ciel bleu.

           Au reste, il comprend bien qu'il va mourir. Son compte est bon. S'en aller à vingt-deux ans, c'est un peu dur tout de même … Mais il a fait son devoir.
           Il meurt pour son pays. C'est une consolation cela … Sous l'influence d'un délire naissant, il lui semble que la vie a déjà abandonné son corps, et que son âme détachée de sa dépouille mortelle, plane dans l'espace.
           Mais la faculté de penser à survivre en ici, et, phénomène étrange, il assiste, témoin invisible, aux scènes qui suivent sa mort …
           Il se voit d'abord couché entre quatre planches de sapin, au bord d'une fosse fraîchement creusée. Autour de lui est rangé le bataillon formé en carré, les officiers à leur place de bataille.
           Le commandant s'avance et d'une voix haute, prononce l'éloge du chasseur Jean Rabot, qui était un brave et qui est mort pour la patrie. Puis tirant son sabre du fourreau, il commande : " Portez arme … Ouvrez le ban… "
           Et pendant que la fanfare vibrante sort de la bouche de cuivre des clairons, se baissant, il dépose la médaille militaire sur le cercueil du petit chasseur …

           La médaille ! Ah ! Si ses parents étaient là … Si au moins ils le savaient …
           Ils le sauront …
           Ce qu'il voit maintenant c'est la petite maison paternelle, une pauvre chaumière bressane, en pisé recouvert d'un enduit blanc qui s'écaille par grandes places.
           Derrière s'étend le petit champ de sarrasin, tout blanc avec sa pénétrante odeur de miel, et enclos par la haie d'aubépines toujours pleine de rouges-gorges à cette époque de l'année.
           Plus loin le verger dans lequel il allait jouer enfant et dont il n'est pas un arbre qui ne lui soit familier.

           A l'intérieur de la maison, le père, préoccupé autant qu'elle, mais ne voulant rien laisser paraître, ajuste d'un air indifférent un manche neuf à sa bêche …

           Des pas se font entendre au loin, résonnant sur le chemin poudreux … Il s'élança au dehors et rejoint la femme qui s'est déjà portée à la rencontre de l'arrivant … Mais tous deux s'arrêtent hésitants, troublés.
           Ce n'est pas le facteur qui a paru, c'est le brigadier de gendarmerie tenant une grande enveloppe jaune à la main. A quelques pas en arrière suivent quatre ou cinq villageois, des voisins, l'air anxieux et curieux à la fois …
           - Père Rabot, dit le brigadier, voici une lettre du ministère de la guerre pour vous.
           Elle contient, bien sûr, des nouvelles de votre fils, mais j'ai dans l'idée qu'elles ne doivent pas être bien bonnes … Après tout, je peux me tromper … Enfin ! Du courage morbleu ! Vous avez servi dans le temps …

           Le père prend la lettre, l'ouvre d'une main tremblante et, dès qu'il a lu les premières lignes : " ma pauvre femme ! " dit-il en se retournant vers la mère qui se jette dans ses bras en sanglotant, et tous deux mêlent silencieusement leurs larmes …
           Puis, ayant fait asseoir sur le banc du parc la malheureuse brisée par la douleur et qui continue à pleurer, sa figure dans les mains, il poursuit sa lecture. Mais ses traits s'illuminent …
           " Écoutez-vous autres, dit-il d'une voix collante, écoutez ce que m'écrit le ministre de la guerre. Votre fils le chasseur Jean Rabot est mort pour sa patrie, en face de l'ennemi, de la mort des braves.
           Sur sa tombe a été déposée la médaille qui lui aurait été décernée s'il avait survécu à ses blessures " et, relevant la tête avec orgueil : " allons, femme, sèche tes pleurs … Notre Jean était un brave … que sa mémoire soit bénie " …

           Puis il se voit, le petit chasseur à pied, à l'entrée d'un immense palais resplendissant de lumière.
           Le long des murs qui brillent comme de l'or et qui s'élèvent si haut, si haut que l'œil ne peut voir où ils s'arrêtent, des milliers d'anges montent et descendent, leurs grandes ailes déployées, les longs plis de leur robe blanche flottent derrière eux.
           En haut d'un grand escalier trône sur un nuage Dieu le Père, drapé dans un manteau bleu, la barbe et les cheveux blancs comme la neige. A sa droite, et un peu plus bas, est assis le Christ, sa poitrine nue. Saignant encore du coup de lance reçu sur le Golgotha, et, près de lui, sa divine mère la Sainte Vierge, les mains jointes, priant pour les hommes.

           Au-dessus d'eux plane le Saint Esprit, sous la forme d'une colombe, et en arrière se tiennent des anges encore en nombre indéfini, échelonnés les uns au-dessus des autres, une harpe ou une banderole dans leurs mains, et forment comme les tuyaux d'un orgue gigantesque dont le sommet se perd dans la voûte du ciel …
           - Entre donc, lui dit Saint Pierre en le pouvant par les épaules.
           Mais il est tout confus se sentant tout petit, si humble avec son modeste uniforme en présence de toutes ces splendeurs …Encore si pour relever sa pauvre tenue il avait des galons d'argent, sur les manches ! Mais il n'en a pas …
           Dès qu'il l'aperçut, Jésus-Christ s'est levé et s'avance à sa rencontre en disant :
           " Qu'il vienne prendre place parmi les élus, celui qui est mort pour la patrie ! Qu'il s'approche sans crainte, celui qui est comme moi frappé à la poitrine ! " Mais il n'ose pas aller plus loin le petit chasseur, et il répète tout bas :
           " Ah non ! C'est trop ! C'est trop !… "
           Jésus alors, le prenant par la main avec un divin sourire, l'amène devant Dieu le Père, et tout à coup éclate une musique admirable … Ce sont les anges, qui, s'accompagnant avec les harpes chantent en chœur : " Gloire à Dieu dans les cieux et gloire sur la terre aux hommes de bonne volonté qui meurent pour le pays ! "
           " - Encore un chasseur du 12e fait une voix dans la nuit.

           Et un homme porteur d'un brassard blanc à la croix rouge, approche sa lanterne du corps étendu à terre.
           - Déjà froid, ajoute un autre en se baissant et en soulevant une des mains qui retombent inerte … Une balle en pleine poitrine … Il n'a pas dû souffrir longtemps - Souffrir ? Répond le premier, mais regardez-moi cette figure-là … Voyez comme il a l'air heureux … on dirait qu'il sourit …

           Le sergent qui commande le détachement s'impatiente :
           - Dites donc, vous autres, fait-il d'une voix rude, si vous blaguez comme çà à chaque corps que nous rencontrons, nous serons encore ici demain soir. Enlevez-moi cet homme -là et vivement … "
           Les deux brancardiers étendent sur le sol leur brancard dont la toile est déjà maculée de larges taches de sang, le relève après y avoir chargé le petit chasseur à pied, et le funèbre cortège s'éloigne dans l'ombre à travers la plaine silencieuse.

FIN
Ch. Corbin.
L'Indépendant de Mostaganem (30-11-1890)




Bousaâdia
Envoyé par M. Christian Graille

                 Les mères arabes, afin de faire cesser les pleurs ou les cris de leurs petits- enfants, les menacent en leur disant : " Tais-toi, voici Bousaâdia qui arrive " ; le marmot terrifié se tait alors subitement.
                 Quel est donc le personnage qui cause un si grand effroi aux enfants indigènes ? C'est le noir qui est tout à la fois :
                 - chanteur,
                 - danseur,
                 - mime,
                 - musicien, et se rend sur tous les points d'Algérie, principalement dans le département de Constantine, villes, villages, hameaux et même jusque dans les simples mechtas pour exercer sa curieuse profession : c'est Bousaâdia, la terreur, le croquemitaine des petits enfants arabes.

                 Son costume est fort bizarre : il est coiffé d'une chéchia sur laquelle sont cousus de nombreux ornements, d'abord :
                 - une tête de chacal,
                 - de renard ou
                 - de lynx, puis
                 - de petites glaces rondes,
                 - des coquillages,
                 - des dents de sanglier, le tout surmonté
                 - d'une vieille queue de cheval ou de mulet ; voilà pour la coiffure.

                 Quant à ses vêtements, ils se composent :
                 - d'une gandoura,
                 - d'un pantalon arabe et
                 - d'une sorte de casaque aux couleurs voyantes, rouge, ordinairement.

                 Cette casaque qui lui couvre le torse est ornée, de-ci, de-là, :
                 - de boutons en cuivre,
                 - de vieilles plaques de ceinturon,
                 - de cordelettes de diverses espèces,
                 - de rubans fanés,
                 - de grelots, le tout d'une propreté toute relative.

                 Les reins sont serrés d'une ceinture en cuir, faite d'une vieille bretelle de fusil. Cette ceinture qui entoure la taille de Bousaâdia par-dessus la gandoura, fait ressembler cette dernière à une sorte de jupon court.
                 Le noir, pour se donner un aspect plus effrayant ou plus comique, suspend à sa taille des peaux desséchées de ratons, chacals ou renards.

                 Comme instrument de musique, le Bousaâdia porte sur la hanche un tambour primitif dont la caisse est en bois et la peau ornée de figures grossières tracées avec de la pâte de henné. Les soudanais appellent l'homme qui frappe le tambour, Ganga-Fournia.
                 C'est sur ce tambour que le nègre fait le bruit assourdissant qui attire autour de lui tous les galopins. Il le frappe d'une seule baguette recourbée (chenekal) tenue de la main droite et aussitôt après, la main gauche, soutenue par le tambour, frôle légèrement la peau d'âne.

                 Bousaâdia est presque toujours accompagné d'un âne qui transporte non seulement son mince bagage et son tambour, mais encore lui-même.
                 Le malheureux animal reçoit plus de coups de bâton que de poignées d'orge, et son maître ne se souciant pas de sa nourriture, il y pourvoit en mangeant le long des chemins les brindilles qu'il peu attraper.
                 - La figure simiesque,
                 - les contorsions du noir,
                 - son costume étrange,
                 - sa musique infernale, ne lui attirent pas les sympathies de la race canine ;
                 Les braves toutous des villes françaises, en le voyant, le poursuivent d'aboiements répétés, tout en ayant le soin de se tenir à une respectueuse distance de cet être fantastique.

                 Dans l'intérieur, les vilains chiens arabes plus féroces et toujours affamés, s'acharnent souvent après les maigres mollets du noir et il est alors obligé de livrer de vrais combats à ces enragés, que leurs propriétaires se garderaient bien d'appeler ou de chasser.
                 On comprend très facilement que les petits enfants français et arabes redoutent le Bousaâdia :
                 - son accoutrement,
                 - ses grimaces atroces,
                 - le ton noir de sa peau,
                 - sa danse sauvage,
                 Ne sont pas faits pour rassurer les bambins habitués aux cajoleries de leurs parents.

                 La représentation que donne en plein air le noir, consiste en un petit chant, toujours la même phrase musicale, accompagnée de bruit de tambour et de danse.
                 Nous n'avons pu saisir de ce chant monotone que les mots suivants :

                 Nabi Mostefa. Prophète Mostefa.
                 Salam Alik. Salut pour toi.
                 Baba Mansour. Père Mansour.
                 Rasoul Allah. Envoyé de Dieu.
                 la babana. O notre père.
                 Rasoul Allah. Envoyé de Dieu.
                 La Moulana. O notre maître.

                 La danse est d'abord lente, le noir lève successivement en cadence chaque pied, puis le mouvement s'accentue et la danse devient plus agitée.
                 Ce sont alors des voltes effrénées, avec accentuation du bruit du tambour et contorsions de tout le corps. Puis le noir tourne longuement sur un pied, s'accroupit et finalement s'arrête.
                 Pour élargir le cercle des garçonnets de dix à quinze ans qui suivent toujours notre artiste, ce dernier exécute une série de petits bonds comiques, contractant affreusement son vilain visage, faisant une grimace horrible en ouvrant démesurément la bouche.

                 Lorsqu'il veut obtenir la récompense de ses pitreries, le noir choisit dans l'assistance l'indigène le mieux vêtu, il danse, chante et bat du tambour devant lui, jusqu'à ce que l'auditeur, ennuyé plutôt que charmé, lui accorde un sou ou deux, rougissant de sentir fixés sur lui tous les regards des spectateurs qui l'obligent ainsi à s'exécuter.
                 Lorsque le Bousaâdia aperçoit un arabe généreux chercher dans son porte-monnaie, il augmente alors ses contorsions, se rapproche du donateur, se rapetissant, toujours dansant et ouvrant la bouche, nouvelle sébile, pour recevoir la pièce qui lui est offerte.

                 Il emmagasine ainsi facilement, sans en être gêné, plusieurs pièces de dix centimes, tel un singe se bourrant les bajoues de nourriture.
                 Chaque nouveau don illumine ce visage imberbe, luisant de sueur et provoque chez le noir des bonds exagérés auxquels s'ajoute un remerciement qui se manifeste par des inclinaisons de tête et un son mal articulé.
                 Les noirs qui font le métier de Bousaâdia sont ordinairement jeunes, les vieux n'ont plus l'agilité nécessaire, leurs articulations ne sont plus assez souples, ils sont alors obligés de casser les pierres sur les routes et ont ainsi une vie moins mouvementée.

                 Le bousaâdia est originaire du centre de l'Afrique : Haoussa, Bambara, Bornou, Congo, Sanghai, Tombou, Gourma.
                 D'où un caractère doux, il est heureux de vivre en Algérie, à l'abri des coups de cravache des négriers qui désolent le Soudan, et où la nourriture est bien supérieure au peu substantiel millet dont on est nourri dans l'intérieur du continent.
                 Néanmoins le noir en Algérie ne progresse pas et la race noire tend de plus en plus à disparaître. Le climat, principalement celui des hauts plateaux ne lui est pas favorable en hiver, et chaque année, beaucoup de malheureux négrillons sont emportés par une affection de poitrine quelconque.
                 Son tempérament s'accommode mieux de l'extrême Sud où il y a peu ou pas d'hiver ; il est là dans des conditions climatiques bien plus favorables, et sa noire figure sur laquelle ne mord pas le soleil est alors épanouie et respire la santé.

Achille Robert.
Les clochettes algériennes et tunisiennes (03-01-1904)


Description du bal donné par les premiers notables Maures de la ville d'Alger à l'occasion de l'arrivée de M. Drouet,
Comte d'Erlon, Gouverneur Général des possessions
du Nord de l'Afrique. (1834-1835)
Envoyé par M. Christian Graille

                  L'arrivée du nouveau Gouverneur fut une vraie ovation pour lui rendre hommage ; les principaux Maures notables du pays, conjointement avec les membres de la municipalité, lui donnèrent un bal qui a eu du retentissement parmi nous autres Européens, dont les apprêts et les dispositions offrirent quelque chose de grandiose qui fut digne de notre admiration et de notre étonnement !
                 Les Maures, dans cette occasion, rivalisèrent de luxe et de galanterie française, en se mettant à la portée de nos mœurs et de nos usages, en n'omettant aucun des détails qui pouvaient nous mettre à même de croire qu'ils n'étaient nullement embarrassés d'ordonner et de préparer une fête à l'occasion de l'arrivée du comte d'Erlon, bal qui se donnait dans une des salles de la mairie.

                
                 Le jour où ce bal eut lieu, les rues furent sablées depuis l'hôtel du Gouverneur jusqu'à la mairie ; et le soir, les rues furent illuminées par des lampions, depuis la sortie du palais du Gouverneur jusqu'à la municipalité.
                 La salle du bal était parfaitement décorée de tentures riches, et, en outre, des pavillons de la marine de diverses couleurs avaient été mis à la disposition des ordonnateurs de la fête.
                 Chaque côté latéral de la salle était garni d'arbustes et de jolis pots de fleurs qui répandaient une odeur et un parfum agréables, et, en charmant les yeux, nous offraient les attraits et la similitude d'un parterre de flore.

                 Cet Eden était transformé pour nous en site agreste tout d'illusion et d'un charme poétique difficile à dépeindre. On remarquait aussi dans quelques endroits de la salle des faisceaux et des trophées d'armes rangés avec art et symétrie par l'artillerie, et tous ces trophées étaient surmontés de drapeaux tricolores ; des lustres, des candélabres garnis de bougies éclatantes, achevaient de rendre toute l'illusion du prestige offert à nos yeux !
                 Le tout y respirait :
                 - le luxe,
                 - l'élégance,
                 - le bon goût et
                 - une parfaite harmonie d'arrangement.

                 Le rez-de-chaussée était donc approprié pour le bal français dont nous venons de décrire tout ce qui l'ornait et l'embellissait. Il y avait encore des estrades garnies de rangées de fauteuils et de chaises destinés aux dames.
                 Au premier étage, dans une vaste salle, était installé un café maure, genre tout à fait oriental ; c'était un salon garni de belles glaces, orné de paysages à la mode de Venise, qui captait l'attention et produisait ici un nouveau panorama animé, le tout resplendissant de lumières, offrant des objets nouveaux à notre curiosité avide, qui voulait tout voir et tout connaître.
                 Plusieurs armes riches, ornées de :
                 - corail,
                 - de rubis,
                 - d'émeraudes,
                 Les armes du pays, étaient appendues le long du mur, et formaient en quelques endroits des faisceaux d'armures ; là aussi le long fusil du Kabaïle s'y voyait également orné de ciselures, de cercles en or ou en argent.

                 Le sabre turc damassé et recourbé était aussi accroché à la muraille ; plusieurs poignards riches, dont, pour la plupart, la poignée et le fourreau étaient en argent massif ; ainsi toutes les armes du pays y étaient étalées avec luxe, ce qui ne laissait pas que de frapper nos regards avec une attention toute particulière.
                 Ainsi se terminait cette série d'armures par le yatagan des féroces Arabes, arme meurtrière et si préjudiciable à nos malheureux prisonniers qui, dès le principe de la campagne, tombèrent entre leurs mains et restèrent sans vie sous ce fatal couteau !

                 La salle tout autour était garnie :
                 - de draperies de soie blanches,
                 - de damas cramoisi,
                 - de coussins de soie et de velours rouges, enrichis de glands d'or, de paillettes, de ganses de la même matière.
                 Plusieurs divans étaient recouverts de belles tentures riches, sur lesquelles les Maures notables du pays, richement costumés, étaient étendus les jambes croisées (à la coutume orientale), tenant la longue pipe ou narghileh, se faisant servir le café chaud par des esclaves noirs.

                 En attendant l'ouverture du bal, les Français, les Maures et les chefs arabes invités à ce bal étaient tous pêle-mêle, confondus.
                 Nous conformant alors, à notre tour, à leurs mœurs et à leurs usages, nous nous faisions servir le café à la mauresque (à la mode du pays). La petite tasse est présentée dans une espèce de support en argent qui a la forme d'un coquetier (qui remplace nos soucoupes).
                 Là Arabes et Français, nous fraternisions et portions des toasts à la prospérité du pays, à la valeur des braves chefs arabes qui servaient sous nos drapeaux. Parmi ces chefs arabes brillaient quelques décorations de la Légion d'honneur ; leurs costumes et leurs riches armures, tout cela offrait un contraste indéfinissable et attrayant !
                 - Le mélange des turbans,
                 - des costumes maures et arabes,
                 - les riches uniformes,
                 - les broderies d'or de nos officiers d'état-major,
                 - celles de nos officiers de marine,
                 Tout cela offrait un coup d'œil ravissant ! Il semblait que nous fussions tout à coup transportés au Caire ou dans le sérail du Grand Sultan, parmi les odalisques, au milieu du luxe et de la mollesse !

                 Avant l'ouverture du bal, pour recevoir nos Françaises, des Commissaires maures, costumés élégamment, allaient à tour de rôle recevoir chaque dame à la porte d'entrée, et chacune d'elles, avant d'entrer, recevait un joli bouquet de la main de son introducteur ; aussi à cette intention, avait-on transporté des fleurs en profusion sous le péristyle d'entrée.

                 Ainsi les fringants Commissaires indigènes avaient su ajouter à l'apparat et à l'ordonnance de la fête cette exquise finesse et cette extrême délicatesse des manières françaises, qu'ils n'avaient pas craint de nous emprunter pour se mesurer à l'unisson de nos mœurs et de nos usages en rivalisant avec nous en galants chevaliers.
                 Nous n'avions alors qu'à les laisser faire, et leur noble ardeur nous eut bientôt surpassés en amabilité et en galanterie ; et, par comparaison, s'ils eussent été jetés tout à coup au milieu de nos salons de Paris, ils y auraient figuré sans aucun embarras, sans être nullement déconcertés de ce qu'ils avaient à faire au milieu de ces cercles brillants de femmes vêtues diversement, aux mille couleurs bariolées de cachemires des Indes, femmes ornées de rubis et de diamants, étalant les grâces et la coquetterie naturelles qui les caractérisent.
                 Nous ne pouvions qu'admirer et reconnaître de tels soins, et de nous dire à nous-mêmes à quel point les Maures algériens sont capables d'arriver à une heureuse civilisation, en s'assimilant à nos mœurs par leurs recherches, leurs goûts exquis, leur aptitude et leurs heureuses dispositions.

                 Lorsque la salle de bal fut garnie d'un essaim de dames françaises, qui étalaient :
                 - leur luxe,
                 - leur gracieuse coquetterie et
                 - leur minauderie agaçante,
                 Le bal français s'ouvrit par une danse de dix Mauresques coiffées du sarmah recouvert de la mousseline claire, dérobant aux yeux des spectateurs leurs traits et leur visage (usage du pays, qui ne leur permet pas d'aller à visage découvert).
                 Ces almas ou almées (ainsi qu'on les appelle, qui font profession de danser en public) commencèrent à se trémousser et à s'agiter pour exécuter leur danse nationale.

                 Les Algériens ont donc voulu, dans cette circonstance, nous donner l'agréable surprise d'un spectacle nouveau, en nous offrant un échantillon de la danse du pays. La danse mauresque terminée, le bal français commença au son harmonieux d'un brillant orchestre militaire.
                 Mille bougies étincelantes éclairaient cette scène ravissante ! Les belles danseuses accompagnées de leurs élégants cavaliers, s'élançaient, sveltes, légères au milieu de la salle ; il semblait qu'elles effleurassent à peine de leurs pieds le parquet ; elles étalaient leur gracieuseté et déployaient tous leurs attraits et leur taille enchanteresse et semblaient appeler à elles tout ce que la séduction a d'aimable et d'attrayant !

                 Lorsque la danse cessait un instant, et que les danseuses étaient au repos, elles couraient visiter avec empressement la salle mauresque du premier étage, pour contenter avidement leur curiosité. Là tout était nouveau pour elles, tout les charmait. elles admiraient :
                 - les riches tentures,
                 - les coussins brochés d'or,
                 - les armures,
                 - les glaces qui réfléchissaient leurs minois agaçants.

                 Quelques-unes de nos dames même ne dédaignaient pas de déguster le café à la mauresque, servi dans leurs petits récipients en argent (pour ne pas se brûler les doigts).
                 Elles écoutaient aussi avec ravissement et contemplation la musique rauque et monotone de quelques artistes du pays qui voulaient nous faire entendre leurs sons décousus par une cadence continuelle et peu variée, sans charme ni expression, qui ne donne pas, à vrai dire, une haute opinion de leur méthode philharmonique (1).

                 (1) Quant à la musique des Maures, elle est d'une monotonie incroyable : l'un d'eux tient un violon ou une sorte de quinte, dont il joue dans la même position où nous sommes en usage de placer le violoncelle, c'est-à-dire de haut en bas ; il est accompagné par le tambour de basque garni de petites plaques de cuivre, sur lequel ils frappent des coups avec une certaine mesure ; des sortes de cymbales de fer, moins larges que la main, se font également entendre, et quelques-uns des assistants chantent ou plutôt crient à gorge déployée des chansons en langue arabe, sans que, dans tout ce vacarme, on puisse distinguer un air, un motif de chant. Ce peuple n'a pas la moindre idée de la mélodie, qui fait le charme de la musique italienne et française ; mais la sienne ne manquerait pas d'une sorte d'harmonie sans la continuité fatigante du même bruit, des mêmes sons, des mêmes coups frappés toujours également et sans variation pendant des heures et des nuits entières. Quant au chant vocal, il écorche les oreilles.

                 Mais chaque pays, nous dira t-on, a son goût pour la musique ; dans tous les cas, nous ne devons pas les en féliciter, ni leur faire compliment du tintamarre qu'ils s'efforçaient de faire, en nous écorchant les oreilles par ce qu'ils appellent musique ; mais nous leur devions savoir bon gré, puisque, en pareil cas, l'intention est toujours réputée pour le fait, puisque, en faisant ce concert, ils croyaient avoir fait vibrer nos âmes, charmé notre attention et par là doublé nos plaisirs.

                 Nos belles Françaises, revenues de leur surprise et de leur enchantement, après avoir admiré le salon décoré à la mauresque, revenaient empressées, sautillant, et toutes sémillantes : le coup d'archet pour la contredanse leur avait fait déserter bien lestement la salle du premier étage pour redescendre à celle du bal ; les quadrilles se formaient déjà : c'est à qui d'entre elles s'élancerait avec plus de promptitude, à qui arriverait la première pour prendre et ressaisir le cavalier auquel elle était engagée à l'avance. De jolies robes de gaze et de mousseline ceignaient leurs tailles ravissantes, dont l'éclat et la blancheur égalaient celle de la neige ; tout était animé dans ce bal, tout y était vivant ; la vive clarté des lumières, les décors, tout offrait un coup d'œil ravissant et charmait l'admiration de chaque spectateur.
                 Aussitôt la contredanse finie, des rafraîchissements offerts avec profusion circulaient dans l'assemblée.

                 Vers minuit, des consommés furent servis avec abondance à tout le monde. Pour bien faire les choses, les indigènes n'apportèrent point aux dames des serviettes ordinaires ployées avec art, mais simplement plusieurs pièces de calicot qui furent déchirées sur place : à chaque dame, on offrit un carré d'une grandeur suffisante pour une serviette, et cette distribution se fit si rapidement, que nous fûmes agréablement surpris qu'en un clin d'œil toutes nos dames en furent pourvues.

                 Nous ne pûmes qu'admirer chez nos Algériens la manière grandiose dont ils faisaient les choses et les honneurs de ce bal, et cette distribution de serviettes nous parut tout à fait nouvelle et originale.
                 A deux heures de là, on servit un ambigu, ou collation, composée :
                 - de viandes froides, où le jambon de Mayence figurait,
                 - la dinde truffée de Périgord,
                 - les rôtis,
                 - les volailles froides,
                 - plusieurs pâtés, sans oublier
                 - la terrine de foie d'oie de Strasbourg.

                 A tout cela étaient joints des fruits confits et naturels. A un bout de la table, on voyait le cédrat confit succulent. A l'autre, l'ananas au goût suave et l'angélique aromatique. Parmi les fruits naturels étaient le melon et la pastèque. Ces deux derniers fruits sont recherchés par les Africains, comme ils le sont par les Provençaux : c'est une production territoriale pour les deux peuples.

                 L'animation du bal tirait à sa fin, l'aube du jour commençait à paraître. La clarté, vif reflet des lumières, disparaît peu à peu, les bougies s'éteignent … le bal est terminé !
                 Nos Françaises, fatiguées et encore toutes haletantes, se retirèrent précipitamment pour passer au vestiaire, et, là,
                 - elles se pressent,
                 - se foulent et
                 - s'emparent subitement de leurs châles et de leurs manteaux.

                 L'illusion du bal a cessé ; cette animation vivante et fébrile n'existe plus ! Les mille clartés qui resplendissaient un instant avant ont disparu !
                 Un crêpe funèbre recouvre et enveloppe cette salle si brillante naguère, et qui est livrée maintenant à la plus profonde obscurité et au silence !
                 O charme inexprimable ! Hélas ! Les rêves du bonheur que nous avions osé former durant cette nuit furent bien courts, au milieu d'un cercle aussi brillant de jeunes et sémillantes femmes toutes remplies d'attraits, dont la beauté nous avait séduits ; tout cela, dis-je, s'est évanoui en un instant ! Il ne nous reste plus maintenant que le souvenir de la veille : tout le charme et l'illusion avaient disparu.

                 Cette fête, du reste, fut très belle ; elle était digne de ceux qui l'improvisèrent ; les personnes qui y assistèrent en conservent encore le souvenir et l'on parlera longtemps du bal donné par les Maures à l'arrivée du Comte d'Erlon.

L'Algérie française.
Arsène Berteuil, ancien pharmacien en chef
des hôpitaux militaires de l'armée d'Afrique.
Tome premier. Edition 1856



L'affaire de la " Malvina "
Envoyé par M. Christian Graille

                  L'article que nous avons publié les incidents de l'échouement de la Malvina a été reproduit ou commenté par quantité de journaux algériens et métropolitains. Tous sont unanimes pour recommander les six détenus qui se sont si bravement conduits en cette occasion, à la clémence du Président de la République.
                  Nous reproduisons quelques coupures de ces commentaires de notre article de l'écho du soir de Constantine :
                  Les détails de l'horrible drame maritime qui s'est déroulé dimanche entre Bougie et Djidjelli ont été donnés dans notre dernier numéro. On a vu que l'horrible danger qu'avaient couru les passagers de la Malvina avait suscité des héros, parmi lesquels six détenus des travaux publics.
                  Notre rédacteur en chef a fait un chaleureux appel à la pitié et à la bienveillance des pouvoirs publics pour qu'ils interviennent en faveur de ces malheureux et accordent la grâce à des jeunes gens qui, par leur bravoure, ont reconquis dans la société la place qu'un coup de tête leur avait fait perdre.

                  A ce sujet, nous détachons dans l'Impartial de Djidjelli les lignes suivantes qui nous démontrent qu'en accordant cette grâce, on accomplirait un devoir de haute justice et de haute humanité :
                  Nous croyons aussi de notre devoir de signaler à la bienveillante attention de l'autorité compétente, le dévouement dont ont fait preuve en ces instants terribles, les disciplinaires dont les noms suivent :
                  Claude, Clayard, Ferrari, Remak, Petréole et Rollet.
                  L'un d'eux, actuellement en traitement à Djidjelli, a sauvé une femme et son enfant au moment où tous deux allaient se noyer.
                  La conduite de tous les autres est également digne des plus grands éloges.
                  Ne serait-ce pas un acte de stricte justice que d'apporter un adoucissement de peine largement mérité à ces hommes dont l'attitude courageuse et dévouée a été d'un bel exemple, dans des circonstances où le danger, l'affolement général et la peur lâche poussent trop souvent à ne penser qu'à soi ?

                  Du zéramna de Philippeville :
                  Avec tous nos confrères du département, nous demandons que les détenus des travaux publics qui, dans cette circonstance, ont fait preuve de courage et de dévouement aient un adoucissement de leur peine.

                  De la Dépêche Algérienne :
                  La presse bougiote et à sa suite la djidjellienne et la constantinoise rapportent et commentent diversement les conditions dans lesquelles s'est produit l'échouement de la Malvina. Certains récits faits par des passagers sont dramatiques. L'enquête qui ne peut manquer d'être ouverte établira sans peine la vérité.
                  Mais où nos confrères sont d'accord c'est dans l'éloge qu'ils font des six détenus de l'atelier des travaux publics de Bougie, passagers malgré eux du vieux transatlantique.

                  Ces condamnés militaires, que le gendarme ne surveillait plus, usèrent de la liberté que la panique leur avait fait rendre pour coopérer spontanément et avec une louable énergie au sauvetage des passagers en perdition.
                  Il est à souhaiter que cette conduite des six détenus sera signalée en haut lieu et nous nous joignons volontiers pour la demander à nos confrères du département voisin.

                  En accordant la grâce aux six condamnés qui se distinguèrent sur la Malvina, le Président de la République ne ferait qu'imiter un de ses prédécesseurs, M. Jules Grévy qui, en 1884, accorda la grâce pleine et entière à un détachement de détenus qui aida au sauvetage des passagers de l'Immaculée-Conception de la Compagnie Générale Transatlantique, naufragée le 9 juin 1884 sur l'îlot du cap Caksine entre Philippeville et Bône.

                  C'était en plein jour. Il y avait nombreuse et brillante compagnie à bord :
                  - des dames du monde,
                  - des hauts magistrats,
                  - des fonctionnaires. Les dames protestèrent que le navire passait trop loin des côtes, qu'on ne pouvait rien voir et le galant commandant de l'Immaculée-Conception pour faire plaisir aux dames approcha si près de terre qu'il brisa son navire sur un rocher.

                  Un chantier de condamnés de l'atelier des travaux publics était à proximité. Les griots témoins du sinistre se jetèrent à l'eau et furent assez heureux pour sauver tout le monde. Le soir, pas un condamné ne manquait à l'appel.
                  Quelques temps après ils furent tous graciés.
                  Puisque M. Grévy fut clément, M. Loubet pourrait bien l'être.
                  Pierre Gringoire.

                  P S : Des renseignements particuliers qui nous ont été envoyés de Djidjelli, et que nous publions sous toute réserve ; l'accident du Malvina est imputable au Second qui, étant de quart, s'est absenté de la passerelle et n'a pu naturellement prévenir le capitaine que le navire était en vue de Djidjelli.

                  La responsabilité du capitaine est donc légèrement atténuée, mais c'est lui qui, devant la Compagnie et l'opinion publique reste responsable de l'échouage.

L'Écho de Bougie (22-10-1905)



ARMÉE D'EXPÉDITION D'AFRIQUE
Quartier général, à Alger le 3 octobre 1830
Envoyé par M. Christian Graille
A Monsieur Rémusat, interprète.
                
.
                 M. le général commandant en chef me charge de vous témoigner toute sa satisfaction, pour la conduite que vous avez tenue pendant l'expédition qui vient d'avoir lieu sur Médéa.
                 Les éloges, que le général en chef vous fait adresser, ne se rapportent pas uniquement à votre conduite devant l'ennemi, mais ils s'étendent aux services que la connaissance que vous avez de la langue du pays, vous a mis à même de rendre, et je suis en charge de vous adresser les remerciements du général en chef à ce sujet.
                 Certainement, si vous eussiez été militaire, le passage du col de l'Atlas eût été signalé pour vous par la décoration de la Légion d'Honneur.
                 Les pouvoirs de M. le général en chef ne s'étendent pas jusqu'à la faculté de vous nommer immédiatement ; mais il a demandé cette récompense pour vous, au ministre, en lui rendant compte du zèle que vous avez montré et des services que vous avez rendus. M le général en chef me charge de vous en prévenir.

                 Recevez l'assurance de ma parfaite considération.
                 Le Lieutenant-Général, chef d'état-major général.
                 Signé : Delors (1) (1) Pièce communiquée par la famille Rémusat.

Les interprètes de l'armée d'Afrique.
Archives du corps
par L. Charles Féraud interprète principal de l'armée auprès du gouverneur général de l'Algérie. Edition 1876.



Pauvre bougre...
Envoyé par Mme Eliane

         Il pleuvait à verse ce jour-là, et une grande flaque s'était formée devant la brasserie Dubuisson de Pipaix.

         Un vieillard était là, sous la pluie, avec une canne et une ficelle pendue dans la flaque.
         Un touriste, parisien de surcroit, touché par ce qu'il voyait, l’approcha et lui demanda ce qu’il faisait là, sous cette pluie battante :
         «Je pêche » répondit le vieil homme, tout simplement.

         Pauvre bougre, pensa le brave touriste , qui invita aussitôt le vieillard à l’accompagner dans la brasserie pour se sécher au chaud et prendre une boisson.
         Alors qu'ils buvaient leur BUSH à petites gorgées, le gentil touriste, pensant faire plaisir au vieillard, lui demanda, un peu ironique :

         « Et alors, vous en avez attrapé combien, depuis ce matin ? »
         « Vous êtes le huitième » répondit le vieil homme, avec un grand sourire...
        



HISTOIRE DE BÔNE
PAR RENE BOUYAC
Contrôleur civil suppléant Interprète militaire hors cadre
Source Gallica
PREMIÈRE PARTIE
HIPPONE ET BONE
DEPUIS LEUR FONDATION
Jusqu'en 1830

        CHAPITRE III
Baba-Aroudj s'empare d'Alger. - Développement de la piraterie. - Bône au pouvoir des Turcs. - Expédition de Charles-Quint à Tunis et occupation de Bône par les Espagnols, de 1535 à 1540. - Correspondance du gouverneur avec Charles-Quint. - Mort du gouverneur et abandon de Bône, que les Turcs occupent de nouveau.

        A la mort de Ferdinand le Catholique, les habitants d'Alger, qui, depuis 1510, n'avaient accepté qu'en frémissant le voisinage gênant des Espagnols, maîtres du Penon, pensèrent que le moment était venu de reconquérir leur liberté et de chasser les étrangers. Ils envoyèrent une députation à Baba-Aroudj, qui, malgré l'échec subi deux ans auparavant devant Bougie, en combattant contre les Espagnols, ( Dans cette attaque Aroudj avait perdu un bras. Il alla se réfugier à Djidjelli qu'il fortifia.) n'en continuait pas moins à semer la terreur sur la Méditerranée, et le supplièrent de venir les délivrer de la présence des infidèles.

        Baba-Aroudj, nous l'avons déjà dit, rêvait depuis longtemps d'établir son autorité sur l'Afrique septentrionale.
        A l'appel des Algériens il accourut par mer, tandis que son allié, Ahmed ben el Kadi, amenait par terre de nombreux contingents. Ahmed ben el Kadi habitait entre Bône et La Calle. Baba-Aroudj, en 1514, en avait fait son compagnon d'expéditions.

        Salem ben Toumi, cheik des Taalba, qui gouvernait Alger, ne devait pas tarder à se repentir d'avoir demandé le secours de semblables alliés ; quelques jours après l'arrivée de Baba-Aroudj à Alger l'infortuné cheik périssait étranglé.
        Kheir Eddin, qui attendait à Djidjelli le dénouement de l'expédition, accourut à l'appel de son frère et l'aida à organiser le pouvoir. C'est à Kheir Eddin, frère aimé de Baba-Aroudj, que fut donné le surnom de Barberousse.

        La première préoccupation de Baba-Aroudj fut de chasser les Espagnols des divers points qu'ils occupaient sur la côte d'Afrique. Il se rendit dans la province d'Oran, mais, surpris entre cette place et Tlemcen, il fut tué et son frère resta seul maître d'Alger.
        Assiégé par les bandes arabes soulevées à l'annonce de la mort de Toumi, bloqué par les Espagnols du Penon, menacé par Moulay Hassan, roi de Tunis, Keir Eddin comprit qu'il ne pourrait échapper à tant d'ennemis qu'en se plaçant sous la protection d'une puissance plus forte. Il se déclara donc vassal de la Porte Ottomane et lui fit hommage d'Alger. Le sultan de Constantinople, flatté dans son amour-propre, répondit à cet acte de soumission en envoyant à son nouveau vassal une armée de 2,000 janissaires.

        Kheir Eddin prit alors le titre de Pacha (1518) et s'empressa, avec le renfort qu'il Avait reçu, d'attaquer les Espagnols et de les expulser du Penon. Il marcha ensuite contre l'ancien allié de son frère, Ahmed ben el Kadi, qui avait pris parti pour le roi de Tunis, et le réduisit à l'impuissance.
        A partir de ce moment, la piraterie prend une redoutable extension.

        La navigation de la Méditerranée est presque interrompue. Les navires marchands restent dans les ports, eux-mêmes exposés à la visite des terribles corsaires.
        Sur les côtes de la Provence s'élèvent des bastides où des veilleurs guettent jour et nuit et jettent, aux populations terrifiées, le cri d'alarme.
        Les rivages de l'Europe méridionale se dépeuplent, et le monde chrétien, impuissant, courbe honteusement la tête devant cette poignée de pirates. Mais il ne suffisait pas à Kheir Eddin d'être le souverain incontesté des mers ; il fallait à son ambition un empire digne de son audace. Il tourna les yeux vers Tunis.

        Le 4 août 1534, les habitants de Bône se révoltent et, après avoir massacré le gouverneur tunisien, appellent Kheir Eddin.
        En apprenant cette rébellion, Moulay Hassan fit partir en toute hâte 250 arquebusiers et 400 cavaliers ; mais il était déjà trop tard. Bône était au pouvoir des Turcs.
        Après avoir laissé dans cette place quinze galères, Keir Eddin fit voile avec le reste de sa flotté vers Tunis, dont il s'empara le 18 du même mois, à la suite d'un sanglant combat.

        Moulay Hassan s'était enfui. Les Espagnols ne pouvaient voir sans inquiétude le développement rapide du nouvel empire ; aussi, Charles-Quint se prépara-t-il à aller reprendre Tunis pour y placer son allié détrôné.

        A cette époque, François 1er, en antagonisme avec Charles-Quint, concluait avec la Porte Ottomane, par l'entremise de Jean de la Forest, en janvier 1535, un traité d'amitié et de commerce, aux termes duquel tous les Français et chrétiens qui iraient sur les côtes d'Afrique seraient sous la protection du consul de France. Ce traité renfermait également les clauses d'une alliance offensive et défensive.
        Charles-Quint, malgré cette menace, n'en continua pas moins ses préparatifs et, le 31 mai 1535, il quittait, avec une flotte puissante portant 26,500 hommes, les côtes d'Espagne.
        Il arriva bientôt devant Tunis dont il entreprit le siège et où il fit son entrée le 21 juillet 1535. Moulay Hassan était rétabli sur le trône, et son rival Kheir Eddin s'était enfui dans la direction d'Alger avec les débris de ses troupes.

        Aussitôt après la prise de Tunis, Charles-Quint réunit son conseil pour délibérer sur l'emploi que l'on pourrait faire de la flotte, afin de nuire à l'ennemi.

        Nous extrayons de cette délibération le' passage suivant :
        " Sa Majesté irait ensuite à Bône, où l'on compte environ 3,000 feux. La ville a, comme Bizerte, une rivière, où les galères peuvent entrer et même hiverner. C'est une place forte, et il faudrait l'occuper en raison surtout de la rivière. "
        Charles-Quint donna aussitôt l'ordre à André Doria de se rendre à Bône avec trente galères et deux milles hommes et de s'en emparer. Mais la flotte avait été signalée longtemps à l'avance. Les habitants terrifiés avaient pris la fuite et avaient suivi Kheir Eddin qui, dans sa retraite, était venu s'embarquer à Bône.

        Doria trouva donc la ville absolument déserte ; il se contenta de capturer quelques galères qui se trouvaient dans la rade et qui avaient encore à leur bord un certain nombre d'habitants. Il se retira sans occuper ni la place ni la citadelle et rentra à Tunis.
        Charles-Quint fut peu satisfait d'une expédition sans résultat ; mais comme la flotte devait retourner directement en Espagne, il en donna le commandement au marquis de Mondéjar, capitaine-général du royaume de Grenade, en même temps qu'il lui confiait le soin de s'emparer de Bône en passant.

        Ces instructions dictées à Tunis et datées du 16 août 1535 étaient ainsi conçues :
        "Toutefois, l'empereur prescrit au marquis de Mondéjar de passer à Bône, dont s'était emparé Barberousse (Kheir Eddin). Le marquis n'ignore pas que le prince André Doria s'est présenté devant cette place avec ses galères, et qu'à son approche les Turcs se sont hâtés de l'évacuer. Conformément au traité conclu avec le roi de Tunis, le capitaine-général devra prendre possession de la Casbah, pour la garde de laquelle, ainsi qu'il a été convenu, il sera prélevé 8,000 ducats sur les rentes et les revenus de la place.
        Le marquis laissera dans la forteresse 600 fantassins espagnols et, pour gouverneur, le capitaine Don Alvar Gomez el Zagal ( El Zagal, Le Vaillant), avec les vivres et les munitions nécessaires. "

        L'empereur entre ensuite dans de nombreux détails sur les précautions qu'il juge convenable de prendre pour que l'occupation de Bône s'opère autant que possible pacifiquement, et que les Maures, qui l'ont abandonnée, reviennent promptement l'habiter.
        Sa Majesté s'en remet, du reste, à la sagesse et à la prudence du marquis de Mondéjar, qui pourra débarquer 200 hommes de plus, si, d'après l'importance de la ville et son étendue, il pense que le nombre de 600 fantassins, fixé d'abord pour en former la garnison, soit insuffisant.
        L'empereur désire, en outre, que le marquis s'assure lui-même de l'état des fortifications, et, s'il lui paraît utile pour la sûreté de la place que certaines parties des murailles soient réparées, qu'il donne à ce sujet les ordres nécessaires. Le résultat de cette inspection devra être soumis à Sa Majesté dans un rapport indicatif de la dépense projetée ( Documents inédits sur l'histoire de l'occupation espagnole en Afrique. Elie de la Primaudaie.).

        Muni de ces instructions, le marquis de Mondéjar mit à la voile et arriva quelques jours après à Bône dont il s'empara sans coup férir.

        De cette place, il adressa à Charles-Quint, le 29 août 1535, un rapport ainsi conçu :
        " La flotte, retardée par des calmes et des vents contraires, a mis cinq jours pour se rendre à Bône ; Don Alvar de Bazan nous y avait précédés avec les galères. Quand il se présenta dans la rade, on lui tira quelques coups de canon, ce qui fit penser que les habitants avaient l'intention de défendre la ville.
        " Les troupes ayant été débarquées, on en forma deux colonnes et on les lança contre le château. Les Maures ne nous attendirent pas, et se hâtèrent de l'abandonner. Ce jour-là on ne fit pas autre chose. Nous prîmes possession de la Casbah et de la ville, et les navires que le feu de l'ennemi avait empêchés de s'approcher vinrent mouiller dans le port.

        Pendant les trois jours suivants, on mit à terre l'artillerie, les munitions et les vivres. Après avoir examiné la situation de la ville et la forteresse, il m'a paru que l'on devait, provisoirement, les occuper toutes les deux : la garnison du château ne pourrait être que très difficilement secourue et ravitaillée, si les Maures étaient maîtres de la ville. Il faut qu'ils n'y rentrent qu'avec notre permission et qu'ils ne la trouvent pas abandonnée, attendu que, dans ce cas, il y aurait à craindre que les anciens habitants n'y revinssent pas, et qu'elle ne servît de refuge à d'autres Maures ou Arabes, qui s'y conduiraient de manière à la rendre inhabitable.
        Je laisserai à Bône 800 hommes, comme Votre Majesté l'a ordonné. Avec 200 soldats dans le château et les 600 autres dans la ville, je crois que l'on peut se maintenir, en attendant que Votre. Majesté ait fait connaître ses intentions à ce sujet.

        Il serait utile, si la ville doit être repeuplée de Maures, de construire une tour, sur un mamelon, près de la marine, afin de pouvoir secourir, au besoin, ceux du château. Cette tour construite, on permettrait aux Maures de rentrer à Bône, et, à mon avis, 300 hommes suffiraient alors pour garder la forteresse.
        Messer Benedito a dressé le plan de la ville et du château. Je l'envoie à Votre Majesté, avec un mémoire des réparations qu'il conviendrait de faire et de la dépense qu'elles coûteraient.
        " Les vivres sont avariés pour la plus grande partie. On s'en aperçoit à la mine des soldats : pas un n'a la figure d'un homme sain. Quelques-uns sont déjà morts, et un grand nombre d'autres sont malades. Je me hâte de tout terminer, afin que nous puissions, le plus tôt possible, faire voile pour l'Espagne.
        " Il y a eu quelques pourparlers avec les Maures ; mais ils ne veulent pas de la paix. Don Alvar de Bazan nous a été très utile pour le débarquement des vivres et des munitions ; avec son aide, nous avons, pu, en peu de temps, mener à bien cette opération.( Documents inédits sur l'histoire de l'occupation espagnole en Afrique.)"

        Quelques jours après, la flotte espagnole abandonnait Bône avec sa petite garnison et se dirigeait vers l'Espagne.

        Les conditions dans lesquelles on laissait le gouverneur et ses troupes n'étaient pas des plus favorables. Les maladies semaient de nombreux vides dans les rangs ; les approvisionnements étaient avariés et le ravitaillement devenu presque impossible, puisque les indigènes refusaient tout commerce avec les Espagnols. Cette situation ne pouvait qu'empirer.

        Nous allons en juger par la lecture du rapport ci-après, qu'adressait Don Alvar à Charles-Quint un mois environ après son arrivée à Bône, c'est-à-dire le 13 septembre 1535 ( A la lecture de ce document véritablement intéressant et puisé à la même source que les précédents, on comprendra que nous ayons tenu à le reproduire en entier. Mais il existe des lacunes dans le texte, produites par des déchirures ; elles ont été indiquées par des points.).
        " Le samedi, 23 août, dans la matinée, les galères se présentèrent devant Bône. On nous tira trois ou quatre coups d'un mauvais petit canon de fer qui ne nous fit aucun mal ; nous avons trouvé ce canon qui n'est bon ni à tuer, ni même à épouvanter.
        " Les galères se retirèrent dans la partie du couchant, à une demi-lieue environ de la ville. Les Maures, au nombre d'une trentaine de cavaliers, se montrèrent bientôt..... nous avons su ensuite .... Les Turcs des galères qui faisaient de l'eau se réunirent à nous par raboteux, et ils atteignirent trois ou quatre chrétiens. Le lendemain, dimanche, ils firent de même. Les Maures et les Turcs avaient allumé de grands feux, et, pendant ces deux jours, ils conservèrent leurs drapeaux arborés sur la Casbah et sur la ville, de sorte que le roi de Tunis ne pourra pas dire que cette place est à lui.
        " Le lundi, au point du jour, le marquis de Mondéjar parut avec le reste de la flotte. Le débarquement se fit immédiatement dans une anse, au couchant de la ville, et nous prîmes possession de cette dernière et de la forteresse, sans rencontrer aucune résistance. Je restai dans le château avec deux compagnies, celles de Francisco de la..... et de Juan Avellan. Le marquis s'établit dans la ville avec les autres troupes et une bonne partie des hommes de la flotte. La cavalerie ne débarqua pas ; nous n'avions pas besoin d'elle.
        " Le jour suivant, on commença à mettre à terre l'artillerie, les vivres et les munitions. Trois demi-canons, dix fauconneaux et vingt barils de poudre furent transportés au château, et on laissa, auprès de la porte de la mer ( La place du Commerce actuelle. Mais la porte dont parle Don Alvar était ouverte dans la partie du rempart que cachent aujourd'hui les docks de la douane, c'est-à-dire à gauche de la porte actuelle, ouverte seulement en 1838.) sur une petite place qui s'y trouve, les autres approvisionnements et le reste de l'artillerie. Les officiers comptables de Votre Majesté ont eu soin de prendre note de tout.

        " Messer Benedito et moi nous avons mesuré le contour de la forteresse et l'enceinte de la ville, ainsi que la distance de cette dernière à la Casbah et celle qui existe de la forteresse à une hauteur que l'on voit sur le bord de la mer. Une petite tour construite sur une hauteur protégerait efficacement le débarquement des vivres et des munitions. En élevant un mur de ladite tourelle au château, qui permettrait d'aller et de venir en sûreté….. La hauteur est disposée de manière qu'elle fait ….. où les navires sont à l'abri .... de cette forteresse, si elle doit être détachée de la ville ; afin qu'elle ait une sortie assurée vers la mer et qu'elle puisse être secourue en cas de besoin ( La hauteur dont parle ici Don Alvar est le terre-plein du Fort-Gigogne actuel.).
        " Une muraille, en partie ruinée, s'étend de la Casbah à la ville ; elle paraît avoir été construite pour mettre à couvert et protéger, du côté de la mer, les gens qui montent à la forteresse ou qui en descendent.
        " Du côté de la terre, il y a un terrain inculte, terminé par une autre hauteur qui commande la ville. On pourrait construire sur cette hauteur une forte tour, et, de cette tour au château, un premier mur, puis un autre qui joindrait ladite hauteur à un espolon (ouvrage avancé), lequel touche à la ville. Cet espolon, comme le verra Votre Majesté, est indiqué sur le plan qu'a dressé Messer Benedito. Si l'on doit occuper la ville et la Casbah, il nous semble que cette tour serait bien placée sur la hauteur ; en reconstruisant également la muraille qui tombe en ruines et la menant jusqu'aux deux autres dont il vient d'être parlé, on pourrait remédier à l'inconvénient que présente actuellement le château qui n'a point de communication assurée avec la mer, disposition dont on ne saurait se passer. Votre Majesté examinera le plan et ordonnera les constructions qu'elle jugera convenables (Cette seconde hauteur est le deuxième contrefort de la colline de la Casbah, à droite de la porte de l'Aqueduc. L'importance de la position, qui avait attiré l'attention de Don Alvar, n'échappa pas au général Damrémont qui, en 1830, y fit construire une redoute.).

        " Le même plan lui fera connaître la grandeur de la Casbah. Les murs sont faibles et tellement ruinés qu'ils s'écroulent lorsqu'on les pousse avec la main. Les parties les plus larges ont à peine trois pieds d'épaisseur. Sur le mur d'appui, il y a un certain nombre d'arcades ; mais presque partout, pour aller de l'une à l'autre, il faut s'aventurer sur des poutres jetées en travers, et il n'est pas possible d'y passer pour faire les rondes. La disposition des embrasures est mauvaise. Le château renferme cinquante ou soixante loges ou cellules ; quelques-unes ont des citernes très petites et dehors il y en a une autre, plus grande, mais toutes sont à sec.
        " On est obligé de descendre chaque jour à la ville pour s'approvisionner d'eau. Ce n'est pas une petite besogne, et il pourrait se présenter telle circonstance où notre embarras serait grand. Tout notre temps se passe à transporter les munitions et provisions de bouche que l'on a dû laisser auprès de la porte de mer, et à monter de l'eau de la ville à la forteresse. Il nous est impossible de nous occuper d'autre chose et cependant il y a beaucoup à faire. La maison où nous sommes aurait besoin de grandes réparations, elle n'a même pas de porte…..

        " Pendant les douze ou treize jours que sont restés à Bône les soldats débarqués avec le marquis de Mondéjar, ils ont si bien employé leur temps qu'ils ont enlevé tout ce qu'il y avait dans les maisons jusqu'aux marbres des murs et aux moulins, petits et grands, dont, on fait usage dans ce pays. Ceux de ces objets qu'il n'était pas possible d'embarquer, on les brisait pour en avoir les ferrements. Quant aux coffres et aux bahuts que les Maures avaient laissés chez eux, il faudra, s'ils y reviennent, qu'ils en apportent d'autres. Bien peu de maisons ont encore des portes et des fenêtres; tout a été détruit. Les soldats ont percé en beaucoup d'endroits la muraille du côté de la mer, comme si les portes de la ville n'étaient pas assez grandes, et par-là ils ont fait passer du blé, de l'orge et des fèves. Les rues en sont pleines. Ils craignent sans doute de n'avoir pas le temps de tout embarquer.
        " Votre Majesté a ordonné que 600 hommes me fussent accordés pour la garde de la Casbah ; ce nombre, si le marquis de Mondéjar le jugeait utile, devait être porté à 800. Elle a ordonné, également qu'on me remît, pour l'armement de la forteresse, une couleuvrine, trois canons doubles, trois demi-canons renforcés et vingt fauconneaux avec les munitions nécessaires. On ne m'a pas donné ladite couleuvrine ; il me manque aussi trois fauconneaux. Quant aux munitions et aux vivres, Votre Majesté verra le peu qu'il nous en reste par la note du pourvoyeur.

        " Le marquis m'a laissé la compagnie de Rodrigo d'Avalos, qui est forte de 200 hommes. Avec cette compagnie et les 600 soldats de la forteresse, il lui a paru qu'il était possible de garder le château et la ville, mais il ne m'a pas expliqué comment il pense que la chose peut se faire. J'avoue que je ne le comprends pas ; les gentilshommes et les capitaines, venus avec lui sur la flotte, auxquels il en a parlé, ne le comprennent pas plus que moi. Ils ont tous été d'avis que, pour défendre la ville et le château, il fallait 2,000 hommes au moins et une artillerie plus nombreuse, attendu que celle qu'on a laissée pour la forteresse seulement…. et le château, la chose était évidente pour tous ceux qui s'y connaissent. On observa au marquis qu'il me faisait tort en agissant ainsi, et qu'avec si peu de monde je ne pouvais pas me maintenir dans la forteresse et occuper en même temps la ville.

        " De mon côté, je lui dis que, d'après les ordres de Votre Majesté, je devais garder seulement le château avec 600 hommes, et que, conformément au traité conclu avec le roi de Tunis, la ville devait être rendue aux Maures ; mais le marquis ne voulut rien entendre.
        Considérant donc que les vivres étaient encore dans la ville, ainsi que la moitié de l'artillerie et toutes les munitions, que nous étions obligés de nous approvisionner d'eau aux puits de la ville, et surtout que la Casbah n'a point de communication assurée avec la mer, j'insistai fortement auprès du marquis de Mondéjar pour qu'il me donnât 1,500 hommes que je répartirais dans les deux places, et 20 ou 30 autres pièces d'artillerie destinées à armer la ville. Tous ceux qui ont vu les lieux convenaient que je ne demandais qu'une chose nécessaire et raisonnable ; le marquis n'avait pas besoin d'ailleurs de tout ce monde qu'il emmenait, puisqu'en arrivant en Espagne, il avait ordre de payer les soldats et de les licencier; mais je ne pus rien obtenir de lui.

        " Je lui demandai alors de me laisser 200 hommes de plus, afin de pouvoir en garder 400 avec moi dans le château et d'établir les 600 autres dans la ville, jusqu'à ce que Votre Majesté eût été informée de ce qui se passait.
        J'ai bon espoir que les ordres qu'elle donnera seront tels que je pourrai remplir mes obligations, ainsi qu'il convient au service de Votre Majesté et à mon honneur. Il est impossible qu'on m'abandonne, comme je suis, aux hasards des événements. Non seulement je manque de vivres, d'artillerie et de munitions, mais le petit nombre d'hommes que je commande est à peine en état de servir. Les soldats sont dénués de tout, sans chaussures et sans vêtements, affaiblis par les fatigues et la faim qu'ils ont endurées, et démoralisés complètement. Je crois et tiens pour certain que la moitié succombera cet hiver : il en est déjà mort plus de 50 et notre pauvre hôpital est encombré de malades ( A la lecture de cette peinture navrante de la situation d'un corps expéditionnaire à peine débarqué, on se demande comment Don Alvar a pu tenir cinq ans encore dans la Casbah.)

        " Je supplie Votre Majesté de ne pas oublier qu'avec ces 200 hommes de plus que le marquis m'a laissés, et que je paierai, s'il le faut, de ma bourse, j'ai vu moins d'inconvénient à me hasarder à garder la ville qu'à l'abandonner. Avec l'aide de Dieu, je la défendrai, ainsi que le château, jusqu'à ce que Votre Majesté ait fait connaître ses intentions.
        " Bien que nous ayons de méchants voisins dans ces Turcs qui sont dispersés dans… et à Constantine, le plus grand embarras. . . . nous ne pouvons nous secourir les uns les autres ni tirer partie de la grosse artillerie, parce que dans le château et dans la ville il n'y a aucun cavalier ( Plate-forme destinée à recevoir de l'artillerie) préparé pour la recevoir. J'ai placé quatre canons dans la forteresse et deux dans la ville ; les fauconneaux ont été répartis dans l'une et dans l'autre. Mais, les soldats, comme je l'ai dit à Votre Majesté, sont très mal disposés.

        J'ai surtout à me plaindre de leur désobéissance et de leur peu de courage. Pendant que la flotte a été ici, il est arrivé ici certaines choses qu'il m'est impossible d'avouer à Votre Majesté : dix chrétiens ont fui sans honte devant un Maure, comme s'ils eussent été des femmes, et chaque jour l'ennemi ramenait les soldats à coups de lance jusqu'aux murs de la ville et aux proues des galères. Nous avons perdu de cette manière plus de 20 hommes.

        " La mer entoure à peu près la moitié de la ville, et naturellement de ce côté elle est la plus forte. L'autre côté n'est défendu que par un mur sans terre-plein, dans lequel on a pratiqué un grand nombre de trous. En certains endroits, ce mur est très faible et offrirait peu de résistance à ceux qui voudraient pénétrer dans la ville. A une petite distance de là muraille, on trouve une tour située sur un rocher. Elle est grande et solidement construite. Au-dessus il y a un emplacement si vaste qu'on pourrait y disposer trois ou quatre canons, et, comme la pointe sur laquelle est bâtie la tour s'avance clans la mer, il serait facile d'empêcher tout navire, grand ou petit, d'aborder d'un côté ou de l'autre de la ville. Un pont-levis donne entrée dans cette tour, dont le sommet est à ciel ouvert, ainsi que les embrasures. Dans ses fondations, il y a une citerne.

        " La muraille qui entoure la ville du côté de la terre est en meilleur état et plus élevée que celle du château ; mais elle est encore moins large. Elle a des barbacanes et un petit chemin de ronde souterrain, formé d'arcades, qui, comme celles de la Casbah, tiennent au rempart. Ces arcades, pour la plupart, ne sont pas solides. L'une et l'autre muraille ne résisteraient pas à l'artillerie : elles ne sont bonnes que contre des Arabes armés de lance.

        " Deux jours après le départ de la flotte, quelques Arabes qui m'avaient demandé une entrevue vinrent dresser leurs tentes sous les murs de la ville. Un d'eux me dit qu'il était fils d'Abdallah, cheik des Merdès, lequel cheik et un autre, tous deux de la tribu des Hannêncha, sont les plus puissants du pays. Il m'assura que son père, bon serviteur du roi de Tunisie, désirait vivre en paix et commercer avec nous.. .. prix que leur avaient donné les gens des galères, à dix ou douze ducats les bœufs et à deux ou trois les moutons.

        " Pendant les deux jours que les Arabes ont trafiqué avec Don Alvar de Bazan, sur les bords de la rivière, de l'autre côté de la ville, ils en sont venus aux mains plusieurs fois avec les nôtres, et, de part et d'autre, trois ou quatre hommes ont été tués. Nos gens firent deux prisonniers. Un de ces Arabes fut amené sur les galères ; mais l'autre ayant été laissé dans la ville, je le fis mettre en liberté et lui rendis moi-même ce qu'on lui avait pris. Cette circonstance a tourné à notre profit. Ce Maure est le premier qui nous ait vendu des poules et des oeufs. Quant au fils du cheik, il n'a fait avec nous aucun trafic. Au prix qu'il voulait vendre ses bœufs et ses moutons, les capitaines des galères auraient pu seuls en manger. Il me demanda des burnous pour lui, pour son père et pour son frère, et je lui répondis que, si j'étais assuré qu'ils fussent de bons serviteurs de Votre Majesté et du roi de Tunis, je les lui donnerais volontiers. Il partit, en promettant de nous amener un autre jour, de bon matin, des moutons et des bœufs à des prix raisonnables.

        " Le lendemain, au point du jour, il revint, en effet, mais avec 200 Turcs, plus de 500 Arabes à pied et 200 autres à cheval. Nous leur tuâmes trois de ces hommes.

        On fit aussi prisonnier un Turc dangereusement blessé d'une arquebusade. Nous avons su par lui que les Turcs, laissés ici par Barberousse, se sont présentés pour entrer dans la ville : ils pensaient que nous l'avions abandonnée ; mais bien qu'ils se fussent vantés auprès des Arabes, parmi lesquels ces coquins se sont fait une grande réputation de bravoure, de nous chasser de Bône, ils n'ont pas osé nous attaquer. Depuis ils n'ont pas reparu; mais on m'a dit qu'ils sont campés à trois ou quatre lieues de la ville.

        " Quant aux Arabes, nous les avons revus deux ou trois fois, et, dans ces escarmouches, nous, leur avons tué six ou sept hommes et fait un prisonnier. Un seul des nôtres a été blessé légèrement au bras. Des petits combats ont eu lieu plutôt par nécessité que par notre volonté.
        Lorsque les Arabes les ont attaqués, la première fois, nos hommes étaient occupés à renouveler la provision d'eau ; la seconde fois, ils faisaient la reconnaissance d'un ravin peu éloigné de la forteresse, où l'ennemi avait l'habitude de se mettre en embuscade. Dans ces diverses affaires, nous avons reconnu combien il serait avantageux d'avoir ici de la cavalerie et des arbalétriers. Pour la cavalerie il y a de bonnes plaines, et, pour les arbalétriers, des haies de jardin et un sol montueux, le tout si bien disposé que les uns et les autres peuvent s'aider mutuellement.

        "J'ai différé jusqu'à ce jour de faire partir le brigantin, espérant que j'aurais quelque chose de particulier à mander à Votre Majesté; je voulais aussi attendre pour savoir si le roi de Tunis, en exécution de son traité avec Votre Majesté, enverrait des ordres….. ce que j'ai à dire à ce sujet, c'est qu'il y a trois ou quatre jours, il vint ici un qui paraît être un homme sage ….. voir l'autorité qu'il a et la confiance qu'il mérite. Après les compliments que les Maures sont dans l'usage de prodiguer, il m'a dit que le roi de Tunis l'avait envoyé à Bône, comme gouverneur de cette ville ; mais il ne m'a pas appris comment il se nomme, et il n'a amené avec lui aucun des Maures que j'ai connus à Tunis, ce qu'il aurait dû faire, attendu que je ne l'ai jamais vu lui-même.

        " Je ne sais s'il m'a dit la vérité ou s'il a menti. Il peut fort bien mentir et dire vrai tout à la fois, car le roi de Tunis ne voit pas les choses avec beaucoup de sûreté et ne les conduit pas comme le voudrait la raison. Les Maures, d'ailleurs, sont si cupides que, lorsqu'ils y voient leurs intérêts, ils s'exposent à tout ce qui peut leur arriver. Ce gouverneur, ou soi-disant, tel, m'a certifié que l'Arabe, qui, ces jours derniers, m'a dit qu'il était le fils du cheik des Merdes, était un imposteur, lequel voulait se faire donner un burnous. Je ne répondrai pas que ce soit la vérité et que ledit gouverneur ne mente pas lui-même dans un but quelconque. Quoiqu'il en soit, il perdra son temps et sa peine, parce que je me tiens sur mes gardes, avec lui comme avec les autres. Je les connais trop bien tous.,

        " Voici ce dont je puis rendre compte à Votre Majesté, quant au motif de la venue à Bône de ce personnage, en supposant toujours qu'il m'ait dit la vérité : il paraît que le roi de Tunis lui a remis des lettres pour les habitants de cette ville qui, presque tous, se sont retirés à Constantine ; les autres ont cherché un refuge dans les montagnes voisines. :

        " Quelques-uns avaient accompagné Barberousse à Alger ; mais ceux-là sont revenus, et, si je dois croire ce qu'ils m'ont dit, Barberousse ne s'y trouve plus : il s'est embarqué sur les galères. Ils m'ont appris aussi que 1.000 Turcs, de ceux qui sont venus par terre de Tunis, se sont emparés de Constantine, et que Hassen Agha les commande. Ce sont 200 de ces mêmes Turcs qui ont poussé une pointe jusqu'à Bône ; ils espéraient, comme je l'ai dit à Votre Majesté, s'en rendre maîtres facilement et l'occuper au nom de Barberousse. Le caïd apporte aussi un sauf conduit et le pardon du roi pour les habitants de Bône, qui, Votre Majesté s'en souvient sans doute, ont tué leur gouverneur avant l'arrivée de Barberousse. Le roi leur fait savoir l'amitié et l'affection que Votre Majesté a pour lui et les grâces qu'elle lui a accordées. Il leur dit qu'en conséquence rien ne s'oppose à ce qu'ils reviennent en toute sécurité dans la ville et qu'ils pourront y vivre en paix ; que nous autres chrétiens nous devons occuper la forteresse, mais que nous serons pour eux de bons voisins. Le caïd a également des lettres pleines de belles promesses pour les cheiks de ces deux tribus, dont j'ai parlé à Votre Majesté, et qui sont les principales du pays.

        " J'ai répondu au gouverneur de faire ce que le roi son maître lui avait commandé ; que ce serait une très bonne chose de se concilier les Arabes et de les ramener, ainsi que les Maures, à l'obéissance du roi de Tunis, mais que le but vers lequel il devait tendre surtout, c'était d'expulser les Turcs de cette contrée parce que .... nous ne pouvons garder sûre et bonne amitié..... qu'il m'avertit de tout ce qu'il ferait ; je lui ai dit aussi que les Arabes qui viendraient à Bône pour trafiquer avec nous seraient bien payés de tout ce qu'ils nous apporteraient et qu'on ne leur ferait aucun mal.
        " Ils ont déjà commencé à venir et nous ont vendu quelques bœufs et des poules, dont nous nous sommes régalés, car nous avions tous grand besoin de nous refaire. Mais ce n'est pas sans peine que nous pouvons trafiquer avec eux, parce qu'ils refusent notre monnaie d'or, dont on ne fait pas usage dans le pays. Les Arabes ne se servent que d'une monnaie d'argent, qu'ils appellent mazarinès et qui est la trente-deuxième partie d'un ducat. Les bœufs nous ont coûté de trois à quatre doblas et les poules trois mazarinès, à peu près un réal.
        " Ces jours-ci, le caïd est venu me voir. Il m'a dit qu'il négociait avec le cheik des Merdes, afin d'obtenir de lui qu'il renvoyât les 230 Turcs qui sont avec ses gens dans la montagne, à deux lieues d'ici. Il a offert à ce cheik, au nom du roi de Tunis, tout ce que Barberousse lui avait donné, c'est-à-dire certains villages du territoire de Bône. J'ai répondu au gouverneur qu'il avait agi prudemment, et que s'il le pouvait, il serait convenable d'ajouter quelque chose au don fait par Barberousse ; que de mon côté je donnerais audit cheik des burnous et de l'argent, s'il se montrait un loyal serviteur du roi de Tunis. La pacification du pays dépend de cette négociation, et j'ai recommandé au caïd de se hâter.

        " Les choses sont dans cet état, et je ne sais ce qui adviendra de tout ceci ; mais, de quelque manière qu'elles tournent et quand bien même ceux de Bône consentiraient à revenir habiter cette ville, je ne la remettrais pas au gouverneur. Il ne doute pas d'ailleurs que nous rencontrions à cet égard de l'opposition de la part des Turcs, si, comme je le crains, les Maures ne savent pas s'y prendre pour en débarrasser le pays ou pour les tuer tous, ceux d'ici et ceux de Constantine, ce qui serait le meilleur et le plus sûr pour tout le monde. Jusqu'à ce que Votre Majesté m'ait fait connaître ce que je dois faire, je garderai la ville et j'amuserai le caïd avec cette affaire des Turcs.

        " On dit que Barberousse a été très content de cette place, et il a eu raison, parce qu'elle réunit de très bonnes qualités qui s'accordent avec son nom. Elle est parfaitement assise en un terrain plat. Son port est bien abrité contre les vents. Deux grandes rivières arrosent une grande étendue de terres labourables qui, certainement, ne le cèdent pas en fertilité à la campagne de Cordoue. Il y a aussi un bon espace occupé par des jardins auprès de la ville, et la montagne a des pâturages excellents pour les bestiaux sur les versants du côté de la mer. Dans quelques gorges on trouve également de bons pacages ……. de la place est une autre montagne autour de la ville, les Arabes font herbager leurs bestiaux l'été, ils les conduisent, l'hiver, sur le bord de la mer. Ils disent que la montagne est très giboyeuse. On y trouve des lions, des porcs-épics, des ours, des sangliers, des lièvres, des lapins, des perdrix. Les sangliers surtout y pullulent à tel point qu'on les voit rôder par bandes en beaucoup d'endroits. Votre Majesté sait déjà que la rivière principale ( La Seybouse.) peut recevoir autant de galères que l'on veut, et qu'elles peuvent hiverner dans ce port, à l'entrée de la mer, avec la plus grande sécurité. Nous en avons eu récemment la preuve par le séjour qu'y a fait la flotte. Les deux rivières sont si abondantes en poissons qu'on les tue à coup de bâton. La plus petite passe sous un pont qui a onze grandes arches ( La Boudjima et le pont d'Hippone.) ; mais on ne peut traverser la plus grande à gué qu'auprès de son embouchure dans la mer, et cette embouchure est au plus à deux traits d'arbalète de la ville. La mer donne aussi de très bons et très beaux poissons.

        " Si Votre Majesté ordonne que la ville soit rendue aux Maures, en conformité du traité fait avec le roi de Tunis, l'occupation de la Casbah sera moins dispendieuse ; avec le revenu des trois quintos de chaque année, on pourra payer une bonne partie de la dépense de ladite forteresse. Toutefois, avant que Votre Majesté se dessaisisse de la ville, il convient de bien fortifier le château, d'assurer sa communication avec la mer et de le munir d'une artillerie plus nombreuse. Il faudrait, pour compléter son armement, dix autres fauconneaux, une demi-douzaine de sacres, trois couleuvrines en échange des trois canons doubles, dont nous ne savons que faire, et quelques versos ( Verso ancienne couleuvrine d'un petit calibre.) qui nous seraient très utiles. De cette manière, nous tiendrons toujours la ville, et les Maures ne pourront pas bouger sans notre permission. Dans l'état de choses actuel, si on leur remettait Bône, nous nous trouverions à leur merci. Il importe aussi que nous soyons bien approvisionnés d'eau et de vivres qui nous font faute en ce moment.

        " Pour me maintenir dans la forteresse, je n'ai besoin que des 600 hommes que Votre Majesté m'a confiés ; mais, si je dois en même temps garder la ville, je la supplie de vouloir bien mettre à ma disposition 500 hommes en sus des 1.000 qui m'ont été laissés, ainsi que l'artillerie nécessaire ; celle que l'on m'a donnée, comme je viens de le dire à Votre Majesté, suffisant à peine pour la forteresse.

        " Il y aurait autre chose à faire, ce serait de repeupler Bône au moyen de Grecs ou d'Albanais ( Sans doute, Alvar Gomez veut parler des Grecs qui, après la mort du fameux Scanderbez (1467), se sont réfugiés dans l'Italie méridionale.) ; avec 200 cavaliers de ces gens, nous serions maîtres d'une si grande partie de la campagne que….. et la forteresse qu'il faut reconstruire, l'une et l'autre, étant peuplées de chrétiens, il y aurait facilité d'y entretenir bon nombre de troupeaux. Avec ces Albanais, dont je viens de parler, pouvant fournir 200 cavaliers, si la Casbah était bien fortifiée et la partie des murailles de la ville qui tombe en ruines convenablement réparée, principalement du côté de la mer, il serait possible de les garder toutes deux avec 1.000 soldats.

        " Quoi que Votre Majesté ordonne, d'ailleurs, je la supplie très humblement de me faire donner les gens, l'artillerie, les munitions et les vivres qui me sont nécessaires, afin que je puisse, à mon honneur et comme j'y suis obligé, lui rendre bon compte de ce qui touche à son service. En tout et pour tout je m'en remets entièrement à la décision de Votre Majesté. Elle sait mieux que moi ce qu'il est convenable de faire, beaucoup mieux que je ne saurais le concevoir et le demander.

        " Le capitaine Juan Avellan est retourné en Espagne, et le marquis de Mondéjar a remis sa compagnie à Pedro Hernandez de Caravajol. Le choix qu'il a fait est bon. Le capitaine de Caravajol, qui sert, depuis longtemps, mérite la faveur dont il a été l'objet ; je prie Votre Majesté d'approuver sa nomination.

        " Francisco de Alarcon, notre trésorier, se rend auprès de Votre Majesté ; il l'informera de tout ce qui se passe ici, et de la situation dans laquelle nous nous trouvons. Il remettra en même temps à Votre Majesté une note détaillée des choses qui nous manquent. Je la supplie de donner des ordres pour que lesdites munitions et autres approvisionnements soient fournis le plus promptement possible, avant que le temps ne se gâte et que nos besoins deviennent plus pressants.

        " J'ai l'espoir que Francisco de Alarcon me rapportera aussi de la Cour les ordres de Votre Majesté sur la conduite que je dois tenir avec les Maures et les Arabes, dans le cas où ils accepteraient la paix ou voudraient nous faire la guerre.
        Le départ précipité de Votre Majesté de la Goulette ne lui a pas permis de me donner à ce sujet toutes les instructions nécessaires. Notre trésorier, en ce qui concerne son office, nous laisse bien approvisionnés, et son absence n'aura aucun inconvénient : son second et son frère qu'il a chargés de pourvoir à tout, pendant son voyage en Espagne, sont des gens habiles et dignes de confiance... dans l'armement de cette place. ...... comme Votre Majesté le verra par le plan ci-joint.
        "Je la prie de renvoyer à Bône Messer Benedito, et de permettre qu'il dirige la construction des nouvelles fortifications. Il est très habile, et Votre Majesté peut être certaine que ses ordres seront exécutés ainsi qu'il convient. Ce sera pour nous une grande faveur. Je lui ai fait compter cent ducats pour la dépense de son voyage, et il m'a promis, si l'on veut qu'il revienne à Bône, de se charger de tous les travaux et de toutes les réparations qu'ordonnera Votre Majesté, afin de mettre le château et la ville en bon état de défense. Son intention bien arrêtée était de se retirer chez lui et il n'a cédé, en venant ici, qu'à mes instances et à celles du marquis de Mondéjar.

        " Je finissais cette lettre, lorsque quelques-uns de nos hommes, qui étaient à faire de l'eau pour la forteresse, m'ont envoyé prévenir que certains Maures à pied et à cheval voulaient s'y opposer. Ils n'ont pas réussi, et nous leur avons tué deux fantassins et un cavalier. Le bijou le plus précieux que portait celui-ci est cette lance que j'envoie à Votre Majesté. Elle était aussi longue que le fer l'exigeait, mais un soldat l'a coupée, ce qui n'a fait plaisir ni au cavalier ni à moi. Je ne dois plus à Votre Majesté qu'une paire d'étrivières et une sangle, attendu que j'ai fourni le reste à la Goulette. S'il y avait ici meilleure occasion, j'acquitterais ma dette plutôt deux fois qu'une.

        " On m'a dit que dans ce pays les bons chevaux ne sont pas rares. J'ai un poulain qui deviendra, je crois, un excellent cheval. Si Votre Majesté désire qu'on lui en cherche quelques-uns, qu'elle veuille bien me le faire savoir, et je donnerai des ordres en conséquence."

        Nous avons tenu à reproduire cette lettre en entier, car elle est l'histoire de l'occupation pendant les cinq ans que flotta le drapeau espagnol sur la Casbah. Abandonnés à eux-mêmes, privés de tout, sans nouvelle de la mère-patrie, continuellement harcelés par les Arabes, les soldats espagnols, aussi bien que leurs officiers, se laissèrent aller à un profond découragement; et, comme nous le verrons dans la suite de cette correspondance, ils voulurent se faire musulmans. Du découragement à l'indiscipline, il n'y a qu'un pas, il fut bientôt franchi.

        Au long rapport que nous venons de lire, Charles-Quint répondit :
        " Messine, 23 octobre 1535.
        " Le roi, " Nous avons lu votre lettre qui nous a été apportée par Messer Benedito et Francisco de Alarcon. D'après le compte qu'ils nous ont rendu, ce que vous nous avez écrit et le rapport que nous a fait le marquis de Mondéjar sur l'état où vous avez trouvé la ville de Bône, sur son importance et sur ce qu'il convient de faire pour la fortifier et pourvoir aux besoins de la population, ainsi qu'aux autres choses qui la concernent, après avoir considéré l'utilité, les inconvénients et les dépenses qui en résulteraient, et par-dessus toute notre volonté et tant qu'on observe loyalement de notre part le traité qui a été conclu avec le roi de Tunis,
        " Nous avons ordonné et ordonnons ce qui suit :
        " On occupera seulement, comme nous appartenant, la forteresse de ladite ville de Bône, ainsi qu'il avait été d'abord décidé et ordonné.
        " La garnison sera de 600 fantassins espagnols avec leurs officiers et gens de service, et dans le port stationneront deux brigantins.
        " Pour la sécurité de ladite garnison et afin que les habitants maures de la ville ne puissent lui causer aucun dommage, vous ferez démolir de fond en comble la muraille avec tours qui joint la forteresse à la ville.
        " Si vous croyez que l'on puisse garder et défendre la tour qui existe sur un rocher au bord de la mer, près du débarcadère du château, vous la ferez fortifier et vous y mettrez 25 ou 30 hommes, après vous être assuré qu'ils peuvent être secourus de la forteresse, par mer ou par terre, en cas de besoin. De cette manière, les deux brigantins qui devront rester à Bône se trouveront en sûreté, et les navires chrétiens qui viendront y commercer ou qui apporteront des approvisionnements pour la garnison, pourront, dans un cas de nécessité, être aidés ou secourus. La même disposition assurera l'embarquement et le débarquement desdits navires, ainsi que la communication entre le port et la forteresse, alors même que les habitants de la ville se montreraient hostiles.

        " La troupe qui devra être de garde dans ladite tour sera prise sur le nombre des six cents hommes de la garnison et commandée par une personne de confiance, laquelle sera responsable des soldats et du poste ; mais si vous connaissez que cette tour n'est d'aucun avantage pour le bien et la conservation du château, vous la ferez démolir, ainsi que la muraille, afin qu'aucun corsaire n'essaie de s'en emparer, et que les Maures de la ville, s'ils ne sont pas en paix avec nous, ne puissent en tirer parti pour attaquer la forteresse.
        " Il est bien entendu que vous ne remettrez à ces derniers la ville de Bône que lorsque la muraille sera démolie et que la tour aura été fortifiée et munie de sa garnison, si vous jugez qu'elle doive être conservée ou détruite ; dans le cas contraire, il importe que personne ne puisse s'y établir à notre détriment.
        " Si le roi de Tunis vous écrit ou si le gouverneur qu'il a envoyé vous parle à ce sujet, vous devrez agir prudemment et leur répondre qu'incessamment vous leur rendrez la ville lorsque vous aurez fait porter dans la forteresse l'artillerie et les approvisionnements qui sont restés en bas.

        " Lorsque vous aurez fait ce qui est dit ci-dessus, vous remettrez la ville aux Maures et vous vivrez avec eux en bonne intelligence ; mais vous ne devrez pas leur permettre de recevoir des Turcs. S'il était même possible de les déterminer à chasser ceux qui sont dans le voisinage de la ville ou à Constantine, ce serait une bonne chose et une grande sécurité pour vous.
        " Afin d'aviser et de mettre ordre suivant votre manière de voir, à tout ce qui concerne la démolition de la muraille et la fortification de la tour, ainsi qu'à ce qu'il vous paraîtrait convenable de faire, si la forteresse nécessite des réparations, nous avons ordonné à Messer Benedito de retourner à Bône ; il y restera jusqu'à ce que tous les travaux soient terminés. Pour revenir en Espagne, il prendra passage sur l'un des brigantins qui ont été mis à votre disposition. La distance n'est pas grande de Bône à Bougie, et il s'arrêtera dans cette dernière place pour examiner les fortifications. On nous a informé qu'il y a là des choses qui ne sont pas comme elles devraient être.

        " Pour lesdites dépenses et réparations, frais d'espions et de messagers, nous avons donné ordre qu'il vous fût remit immédiatement mille ducats prélevés sur l'argent qui est envoyé à notre payeur Sébastiano de Ciçaguirre, ainsi que vous le verrez par le bordereau ci-joint, signé du grand commandeur de Léon, notre secrétaire, et de Pedro de Aïaçola, notre trésorier général et notre conseiller. Vous recevrez aussi, par le premier navire qui partira d'ici, les bois de construction, munitions et autres approvisionnements que vous avez demandés.
        " Vous aurez soin de veiller à ce que, dans la répartition de cet argent et dans l'emploi des matériaux, il soit procédé avec la plus grande économie. Je me repose sur vous à ce sujet. Vous ne devrez dépenser que ce qui sera modérément nécessaire et qu'on ne saurait absolument éviter, d'autant plus que les travaux de réparation dont il s'agit sont de peu d'importance, et qu'il ne peut être question de rien faire de neuf hors de propos. Dans un autre bordereau, adressé à Miguel de Pénozos, notre pourvoyeur, et signé de notre grand commandeur de Léon et dudit trésorier général, vous trouverez le détail des vivres et munitions qui vous sont expédiés par le navire ayant pour patron Jayme Gual, en attendant les autres approvisionnements que l'on réunit à Messine ; et vous aurez à prendre les dispositions nécessaires pour assurer le débarquement, ainsi que leur transport dans la forteresse.

        " Il y a lieu de croire qu'avec les vivres qui vous restent encore et ceux qu'on vous envoie, vous serez convenablement pourvus jusqu'à la fin de cette année et même au-delà. Quant aux six premiers mois de l'année prochaine, des ordres ont été donnés pour que l'on se procure toutes les choses dont vous pourriez avoir besoin et pour qu'on vous les expédie sur un bon navire. Cependant on ne pourra le faire que lorsqu'il commencera à geler à cause des viandes salées que l'on doit vous envoyer. En ce moment, avec la chaleur qui règne en Sicile, on ne peut préparer lesdites viandes dans la crainte qu'elles ne se gâtent. On aura soin, d'ailleurs, que les vivres que vous recevrez plus tard soient de bonne qualité et qu'ils vous soient expédiés le plus promptement possible. Des ordres ont été donnés à cet effet au pourvoyeur de Palerme, chargé de cet envoi.

        " La garnison de la forteresse de Bône, devant être seulement de 600 hommes, vous ferez embarquer sans retard, pour être transportés à Mahon, avec le capitaine Pedro Erres de Carvajal, les 400 hommes que vous avez de trop, bien pourvus de vivres et payés de leur solde. Dans la lettre et la cédule qui accompagnent la présente dépêche et que vous devrez remettre audit capitaine, tout est expliqué et spécifié d'une manière particulière. Vous veillerez à ce que l'on observe et exécute ce qu'elles contiennent avec toute la célérité possible.
        " Vous nous informez que dans ce pays il y a de beaux chevaux mauresques. Si vous en trouvez deux de taille moyenne et de bonne allure, et deux autres grands coureurs, de haute taille et dont la robe soit remarquable, vous nous obligerez de les acheter pourvu qu'ils aient de bonnes bouches, et vous nous les enverrez par des navires qui vous porteront des vivres ou par tout autre qui s'engagerait à les transporter à Barcelone, Valence, Carthagène, Alicante ou Malaga, suivant le port de destination, en prenant toutes les précautions pour que, du lieu de débarquement, ils soient conduits, bien soignés, à notre Cour. Si nous sommes satisfaits de ces chevaux, nous vous écrirons pour que vous en achetiez d'autres. Comme il ne s'agit pas pour nous de défendre la ville, l'artillerie que vous avez doit suffire pour la forteresse. Quant aux demi-couleuvrines et aux versos que vous demandez en échange des canons, laissés à Bône, tout cela se fera quand il sera possible ; en ce moment, il n'y a aucun moyen de vous les procurer. Notre payeur Sébastiano de Cyçaguirre a reçu ordre de porter en compte, à son avoir, les 200 ducats que vous avez fait donner à Messer Benedito pour les frais de son voyage et de son retour.

        " Défense a été faite à tous nos vassaux, marchands ou autres, sous les peines les plus graves, de commercer avec Alger ou tout autre port occupé par les Turcs. Il ne leur est permis de trafiquer qu'à Oran, Bougie, Bône, la Goulette qui nous appartiennent. Ces ports sont situés dans de très bons pays et parfaitement à la convenance des marchands ; cette mesure doit profiter également aux sujets du roi de Tunis, et, de cette façon, les garnisons desdites places se trouveront toujours bien approvisionnées.
        " Je vous donne avis de cette disposition, afin que, si cela est nécessaire, les Maures de paix en soient avertis, et que les habitants de Bône sachent que notre intention est de les traiter avec bonté, et de faire tout ce qui nous sera possible pour augmenter la prospérité de leur ville, s'ils se montrent, comme ils le doivent fidèles à notre service et à celui du roi de Tunis.
        " Ayez soin de nous informer de tout ce que vous apprendrez de nouveau et qu'il nous serait utile de connaître. Je sais que je puis compter sur vous pour cela.
        " Moi, le roi. "

        Force fut à Don Zagal avec les 600 hommes, dont les rangs étaient chaque jour éclaircis par les maladies et les escarmouches, de se maintenir à Bône. Pour compléter ce tableau de misères, disons que les approvisionnements annoncés ne vinrent pas, que pendant quatre ans, Don Alvar dut entretenir ses troupes du Produit des razzias qui ne se faisaient qu'au détriment de la discipline et diminuaient chaque fois de quelques unités le nombre des Espagnols. Bien plus, profondément affectée de l'abandon dans lequel on la laissait, privée des secours de sa religion, la garnison voulut un moment se faire musulmane. Les razzias dont nous venons de parler furent la cause de violents dissentiments entre le gouverneur du roi de Tunis et le gouverneur espagnol. Une lettre de Don Bernardino de Mendoza nous en signale les raisons :
        " La Goulette de Tunis, 24 mai 1536.
        " Le 16 mai j'ai écrit longuement à Votre Seigneurie. Ce que j'ai à lui mander aujourd'hui, c'est que le roi de Tunis ne paie pas les soldats de la garnison de Bône. Il prétend qu'il n'y est pas obligé, et que, d'ailleurs, son caïd manque d'argent attendu qu'Alvar Gomez ne lui a pas donné ce qui lui revenait, à lui et à ses cavaliers, des différentes razzias que l'on a faites. Le roi n'a pas raison de se plaindre : son caïd a reçu sa part du butin calculée sur le nombre de ses gens. Ce sont les Maures eux-mêmes qui me l'ont assuré. Ce qu'ils voudraient tous deux, c'est que le produit des razzias fût partagé par moitié, mais, à mon avis, cela serait injuste. Le caïd n'a que 60 cavaliers, et les chrétiens sont au nombre de 400 à 500 fantassins et de 20 lances.
        " Votre Seigneurie peut être bien persuadée que, dans cette affaire comme dans toutes les autres choses, Alvar Gomez se conduit très loyalement ; mais comme ceux de Bône n'ont pas voulu se soumettre au roi ni recevoir son gouvernement, ce qui est cause que le roi et le caïd se trouvent à court d'argent, ils cherchent des prétextes pour se dispenser de payer.

        " Je donne avis de tout ceci à Votre Seigneurie, pour qu'elle soit informée de la vérité et qu'on n'accuse pas Alvar Gomez qui ne mérite aucun reproche ( Elie de la Primaudaie. Documents)."

        Quatre années s'écoulent pendant lesquelles les accusations qui ont motivé la lettre qu'on vient de lire se font plus précises et plus graves. Ce n'est pas seulement de concussion que Don Alvar est accusé, mais de trahison. On prétend que des engagements secrets le lient aux Arabes et qu'il s'est engagé à leur livrer la Casbah. Bientôt Don Alvar est instruit de ces sourdes menées, il apprend que la cour d'Espagne, mise au courant de sa conduite, va lui en demander un compte sévère ; il acquiert la conviction que le trésorier Miguel de Penagos est l'auteur de cette dénonciation. Dès lors l'idée de se venger de son subordonné ne quitte plus Don Alvar. Ce drame qui fut le signal de la fin de l'occupation espagnole à Bône est raconté par les témoins eux-mêmes dans les documents suivants :
        Octobre 1540. Le capitaine Pedro Godinez de Azevedo, écrit ce qui suit de Bône à la date des 2 et 22 octobre :
        " Le 26 septembre, le commandant Alvar Gomez, fit appeler Miguel de Penagos, et l'ayant enfermé dans une chambre, il le poignarda. Il sortit ensuite et dit, devant tout le monde, que, s'il avait tué le payeur, c'était à son corps défendant, parce que ce dernier voulait le tuer lui-même. Il prévint en même temps le capitaine Godinez, qu'ayant l'intention de s'en aller, il lui remettrait le commandement de la forteresse. Quelques heures après, il avait changé d'avis et déclara qu'il ne partirait pas et qu'il mourrait dans le château, l'épée à la main. Il ajouta d'ailleurs que personne n'échapperait à la mort, pas plus le capitaine que les autres, parce qu'il mettrait le feu à la forteresse.
        " Voyant ce qui se passait, le capitaine Godinez avertit la garnison de se tenir sur ses gardes. On avait désarmé le commandant, mais il paraît qu'il avait caché une dague entre les matelas de son lit. Un clerc, qui avait été laissé auprès de lui, accourut prévenir le capitaine qu'Alvar Gomez venait de se frapper de plusieurs coups de poignard. Ayant fait venir deux notaires, le capitaine leur dit de se rendre dans la chambre du commandant et de dresser procès-verbal de ce qui était arrivé.
        " Interrogé par eux, Alvar Gomez fit des aveux. Il déclara que, s'il avait essayé de se tuer, c'était parce qu'il savait qu'on avait reçu l'ordre de l'arrêter, qu'il avait eu en effet la pensée de s'enfuir, non par crainte des soldats, mais parce qu'il ne voulait pas être conduit en Espagne, que tout ce que l'on disait d'ailleurs était vrai, et qu'il méritait d'être brûlé ; mais il affirma qu'il n'avait fait aucun traité avec les Maures et qu'il n'avait rien à se reprocher dans l'affaire de la tour.

        "Le capitaine Godinez s'était empressé de donner avis à la Goulette de ce malheureux événement ; et le 16 octobre, D. Girou est arrivé à Bône, où il se trouve encore. Il a fait arrêter Alvar Gomez ainsi que plusieurs autres. Le capitaine écrit aussi qu'il faut changer la garnison, parce qu'un grand nombre de soldats sont mariés.
        " Rodrigue de Orosco, lieutenant du trésorier de Bône, dans une lettre qui porte la date du 1er octobre, raconte de la même manière que le capitaine Godinez la mort du payeur et ce qui s'est passé ensuite dans la chambre du commandant. Il a donné ordre que l'on dressât un état de tout l'argent qu'Alvar Gomez avait en sa possession. On n'a retrouvé que 4.000 ducats ; mais il croit que plus de 10.000 autres ont été cachés par le commandant. Quant au mobilier, on n'a pas fait d'inventaire.
        " Les enseignes, sergents, caporaux de la garnison écrivent que le capitaine Godinez s'est très bien conduit dans cette triste circonstance. Ils rappellent à Sa Majesté qu'ils sont à Bône depuis cinq ans et comme beaucoup d'entre eux sont mariés et ont des enfants ils la supplient de leur permettre de rentrer en Espagne.
        " Le crime dont s'est rendu coupable Alvar Gomez emporte la confiscation de tous ses biens. Le Conseil pense qu'il serait juste que les deux petites-filles du payeur Miguel de Penagos reçussent en don une partie de cette fortune. On pourrait aussi donner à un de ses frères ou à quelque autre de ses parents l'emploi qu'il laisse vacant. ( Documents inédits sur l'histoire de l'occupation espagnole en Afrique (Elie de la Primaudaie).-)".

        Le 8 novembre, Francisco de Alarcon qui, à la nouvelle des événements qui venaient d'avoir lieu, était accouru à Bône, écrivait en ces termes à Charles-Quint:
        " De Cagliari,
        " J'ai écrit à Votre Majesté pour l'informer de ce que j'avais appris relativement à la mort du payeur Penagos ; mais, à mon arrivée à Bône, j'ai entendu un tout autre récit du capitaine Godinez. Le commandeur Girou doit écrire à Votre Majesté et lui raconter les choses comme elles se sont passées véritablement. Il a fait quelques arrestations. En ce moment il termine l'instruction de cette affaire, et Votre Majesté peut être assurée qu'on ne lui cachera pas la vérité, bien qu'on ait essayé de la tromper à diverses reprises. Aucune considération ne l'a arrêté : il a fait résolument son devoir. A mon avis, Dieu et Votre Majesté ont été bien servis par le commandeur ; on peut dire qu'il a sauvé cette malheureuse garnison d'une ruine totale.
        " Nous nous demandons tous avec étonnement ce qu'Alvar Gomez a pu faire de tout l'argent qu'il a reçu. On n'a retrouvé que 4.400 ducats, ainsi que le verra Votre Majesté par le mémoire que lui envoie le commandeur Girou - ce dont j'ai pris note dans mes livres - le commandeur se donne beaucoup de peine pour découvrir ce qu'est devenu cet argent.
        " Comme je sais que Votre Majesté sera contente d'apprendre l'heureux changement survenu dans la manière de vivre des soldats, je m'empresse de l'informer que ces malheureux qui, par désespoir, voulaient se faire Maures, se confessent aujourd'hui et communient. Nous en avons tous remercié Dieu, et nous espérons que le jour de la Nativité de Notre Seigneur, ils feront ce que font les autres chrétiens, car ils ont maintenant une église, grâce au commandeur Girou, et ils croient en Dieu et ne blasphèment plus.
        " La venue à Bône dudit commandeur a été heureuse pour tout le monde, et Votre Majesté devrait bien lui ordonner d'y résider quelque temps, jusqu'à ce qu'il ait pu remettre toutes choses en bon état. On a envoyé le frère Thomas de Guzman pour réformer les monastères de la Catalogne, et il serait bien nécessaire qu'on laissât ici le commandeur pour faire la même chose. Les soldats l'aiment : bien traités par lui, ils sont redevenus ce qu'ils étaient autrefois, gais et contents ( Documents inédits sur l'histoire de l'occupation espagnole en Afrique (E. de la Primaudaie).) ".

        L'enquête terminée, le commandeur Girou annonça au gouverneur prisonnier qu'il allait être transféré en Espagne pour y être jugé. Le lendemain, on trouvait Don Alvar étranglé avec sa propre ceinture.

        Si les Espagnols avaient voulu garder Bône, il aurait fallu, comme le conseillait le capitaine Godinez, non seulement changer toute une garnison affaiblie par cinq ans d'exil et démoralisée par les exemples qu'elle avait eus sous les yeux, mais encore la remplacer par un effectif bien supérieur à l'ancien. Quoi qu'il en soit, Charles-Quint ordonna l'évacuation. On fit sauter les remparts, on ruina les tours de la Casbah et de la ville, et la garnison se rembarqua.

        Cette nouvelle fut aussi promptement connue de Tunis que d'Alger.
        Les Turcs accoururent, relevèrent les fortifications démolies et s'installèrent à Bône qu'ils devaient garder jusqu'à notre arrivée en Algérie.

        Pendant cinq années encore les Espagnols se maintinrent à Bougie. Mais attaqués avec fureur par les Turcs, demandant en vain du secours à l'Espagne, la faible garnison capitula et son malheureux chef de Peralta eut la tête tranchée pour n'avoir pas su mourir à son poste.

        Le 13 septembre 1574 Tunis succombait à son tour après une défense héroïque.
A SUIVRE
        


ALGER MARS 1960
Par M. Bernard Donville
            
            Ce mois-ci beaucoup de nouvelles avec de gros événements mondiaux comme le tremblement de terre d'Agadir.
            La route algérienne était déjà tueuse et sur le champ de courses les chevaux sont flemmards. Mais vive "nouz otres" les volleyeurs de CASBNCI sont des champions.
            J'ai rappelé la "prière de Willette", pour les artistes, qui étaient toujours célébrées à St Augustin.
            Coïncidence heureuse le salon des orientalistes et l'attribution du Grand Prix Littéraire de l'Algérie.
            Sans oublier une vie maritime intense. Et enfin en Bonus encore notre ami Brouty dans les sables .
            Bonne lecture et excusez les doublons...
            Bernard
Voir la suite du dossier sur :
donville-fevrier1960.pdf


LE 19 JUIN 1925, AMÉRISSAIT SUR LE PLAN D'EAU DE L'ARRIÈRE-PORT
L'HYDRAVION MARSEILLE-ALGER DE L'AÉROPOSTALE...
Aérodrome de Maison Blanche
35 ans après le Dixmnude

I - Des dirigeables aux Caravelles... et Boeing-707 de 1960, en passant par l'hydrobase de l'Agha

        LES oreilles encore toutes bourdonnantes des vibrations de l'hydravion postal de la ligne Latécoère, Mme Louis Faure-Favier contempla un instant les burnous écarlates des spahis de faction. Flanqués contre la cathédrale, les murs du Palais d'Hiver étincelaient de lumière sous le soleil de juin. A l'étage, dans son bureau, M. Maurice Viollette attendait avec beaucoup d'émotion la messagère du secrétaire d'Etat à l'Aviation.

        Encore vêtue de son ensemble de voyage, elle gravit les quelques marches, entra et serra la main que lui tendait le chef de l'Algérie.
        Echanges de politesses. Curiosité du gouverneur général s'informant des conditions de cette traversée aérienne de la Méditerranée. Questions pressantes..
        Cet exploit de l'Aéropostale s'était pourtant déroulé à merveille. Mme Faure-Favier, journaliste de son état, avait quitté Marseille le matin même à 5 heures, assise aux côtés du " sansflliste " Salvadou à bord de l'hydravion piloté par le colonel Casse. L'itinéraire habituel, celui des " pionniers ", par Perpignan et Alicante, avait été scrupuleusement respecté et l'oiseau géant avait amerri à 15 h. 45 sans encombre sur le plan d'eau de I'aéroports de I' Agha.

L'Algérie ne se sent jamais
trop près de la France

        A la veille de l'inauguration de la base d'hydravion de l'Agha, ce 19 juin 1925. M. Viollette lut sans doute avec beaucoup d'attention la missive de M. Laurent Eynac:
        " J'ai grand plaisir à profiter de l'inauguration de la liaison aérienne France-Alger, en vous adressant par cette voie l'expression de la fierté que ressentent tous les Français à voir réuni à la métropole par un lien nouveau, le foyer de votre domaine nord-africain ".
        Ces quelques mots allaient droit au cœur. Et dans sa réponse au sous-secrétaire d'Etat à l'Aviation, M. Viollette écrivit :
        " L'Algérie ne se sent jamais trop près de la France, et puisque l'aviation vient de lui offrir aussi des moyens nouveaux de liaison rapide elle se réjouit que votre initiative éclairée se dépense à son profit.
        " Pensez beaucoup à nous et nous, vous en serez toujours très reconnaissants ".
        Le lendemain, le tout Alger de l'époque se transportait jusqu'aux installations de l'Hydrobase de l'arrière-port de l'Agha.
        Toutes les personnalités du Gouvernement général, et du monde de l'aviation se pressaient devant la grue géante tenant à quelques mètres du quai l'oiseau métallique et magique qui mettait Marseille à moins de 10 heures d'Alger. Un soleil estival laissait scintiller ses ailes. La foule très digne, malgré la chaleur, supportait le complet-veston de rigueur...
        M. Viollette fut accueilli par M. Casse, ingénieur en chef de l'Aéronautique et directeur des services de la S.N.Aé au sous-secrétariat d'Etat à l'Aviation, et M. Fourcher, directeur de la S.N.Aé en Afrique du Nord.
        La cohorte des personnalités parcourue alors les différentes installations. Le gouverneur général, cérémonieusement, félicita d'une poignée de main les pilotes Mingat et Morvan, les sans-filistes Salvadou et Veyrand, véritables pionniers de l'aviation commerciale en Algérie.
        Puis, traversant le hangar, le cortège se dirigea vers le " F.A.H.B.H. " que sa grue de manœuvre venait de déposer sur l'eau. Les chroniqueurs de l'époque décrivirent avec force détails le départ et les évolutions de cet " oiseau gigantesque " qui s'envola dans un sillage étincelant, emmenant à son bord, sous la conduite du pilote Mingat et de Salvadou, notre rédacteur en chef de l'époque M. Berlureau...

L'ère des hydravions
de l'Agha

        L'hydravion disparut un moment en direction de Bab-el-Oued, décrivit quelques virages " tel un gracieux goéland " et revint jusqu'au plan d'eau dans un parfait amerrissage,..

Aux heures de pointe, un appareil ,
décolle toutes des 7 minutes
Bientôt 1 million de passager par an

        Cette manifestation officielle fit sans doute de nouveaux adeptes de l'aviation. Elle détruisit peut-être dans l'esprit de beaucoup une légitime appréhension, si bien que, d'année en année, sous la conduite d'ardents propagandistes de l'air, l'aéroport de l'Agha se trouva en compétition avec son rival l'aérodrome. Tous les espoirs des aviateurs se portaient en effet sur ce champ d'aviation de Maison-Blanche où déjà l'ère des dirigeables était à son déclin, laissant deux magnifiques hangars (occupés aujourd'hui par Air Algérie) aux ferments précurseurs de l'Aéro-Club d'Algérie.
        Maison-Blanche, peu à peu, lentement, devint une réalité.

        L'arrivée. triomphale, le 18 décembre 1933, de la Croisière noire du général Vuillemin en fut la consécration. L'aéropostale avait fait d'immenses progrès. Le' 22 juillet 1933, pour la première fois, des passagers civils avalent effectué la traversée aérienne Alger-Marseille. Des avions ou hydravions partant d'Alger -Agha ou d'Alger - Maison-Blanche, avalent relié peu à peu les contrées et pays " lointains " Zinder (mars 33), Casablanca (mai 30), Londres (Juin 31)... Les premiers meetings d'aviation du début du siècle avalent fait courir les foules.
        Le club-house de Maison-Flanche, géré par l'Aéro-Club, devenait le rendez-vous dominical élégant du " Tout-Alger ". L'aviation commerciale commençait à connaître un essor considérable, mais l'aviation légère l'avait largement devancée en créant partout en Algérie et au Sahara d'autres champs d'aviation, d'autres clubs-house.

        L'aérodrome de Maison-Blanche, dépuis fin 1923, date à laquelle vint s'y ancrer le dirigeable " Dixmude " qui connut une fin tragique prés des côtes italiennes, possède lui aussi une petite histoire jalonnée de grands noms, qui viennent s'associer à ceux des précurseurs de l'aviation. La liste en serait trop longue à énumérer. Elle va des exploits éblouissants de Metrot et Tarin dans le ciel de la Mitidja, aux pionniers d'Air Afrique et de Latécoère,...

Déjà l'âge du " jet "

        Le véritable point de départ de l'aérodrome actuel, se situe en 1938, lorsque le terrain fut consacré officiellement " aéroport ". La guerre. Intervint, avec l'arrivée des troupes anglo-américaines qui y construisirent la première piste est-ouest de 2,432 mètres de long, servant actuellement aux petits appareils militaires.
        En 1950, Maison-Blanche, en pleine croissance, était déjà classé pour son trafic quatrième aéroport après Londres, Paris et Bruxelles ! Le terrain devient rapidement l'un des plus modernes de France lorsque est inaugurée par les plus gros appareils la piste en béton précontraint unique en son genre, de 2.430 mètres x 60 mètres, orientée NE-SO.

        Cette année. alors que pour son trafic passager, l'aéroport d'Alger conserve le titre de deuxième aéroport français après Paris-Orly, nous pourrions dire, en tenant compte des mouvements d'appareils militaire, consécutifs aux événements, qu'il arrive à égalité et dépasse même de quelques milliers son rival parisien !
        Les hommes de la dernière génération, celle des " rappelés " et des soldats d'Algérie ont pris l'habitude aujourd'hui de ne plus s'étonner de rien. Lorsqu'en juin 58, sur ce même aérodrome de Maison-Blanche, les privilégiés, autorités et journalistes, virent atterrir majestueusement la " Caravelle " présidentielle, nous pensions qu'il faudrait des année avant que les lignes régulières soient dotées d'appareils semblables. Et pourtant... A peine un an plus tard, Air France, puis Air-Algérie, y apportaient le " jet " français.

        1960 sera plus encore l'année des " jet ". Tandis que les entrepreneurs feront donner les premiers coups... de bulldozers de la nouvelle piste en précontraint, un nouvel et gigantesque oiseau viendra se poser majestueusement à Maison-Blanche. La petite histoire de l'aéroport sera à nouveau marquée d'une grande date : l'arrivée du " Boeing 707 " .
        Dans quelques mais en effet, les jets intercontinentaux feront escale ici dans leurs voyages réguliers vers l'Afrique noire.
        Alors, alors seulement, les prédictions de M. C, de la Marlière, ingénieur des Arts et Manufactures, ex-directeur d'Air France à Alger, commenceront à devenir une réalité. Il écrivait, en janvier 1934, dans la revue " Algéria " :
        " ..Alger est appelé à devenir le centre principal d'arrivée des avions et hydravions venant d'Europe et le centre de départ vers l'Afrique occidentale et équatoriale et Madagascar ; vers le Nigéria et l'Afrique du Sud pour les avions anglais ; vers le Congo belge pour les avion belge ; vers l'Angola et le Mozambique pour les avions portugais ; vers l'Orient par Tunis-Le Caire et vers l'Amérique du Sud par Gao, Dakar, Natal pour les avions d'Air France ".

        M. C. de la Marlière serait aujourd'hui surpris de l'orientation moderne de Maison-Blanche. Ses vues, à l'époque, étaient très justifiées, mais il n'avait pas assez tenu compte de I'évolution de la technique aéronautique, du potentiel de vol, de l'extension des aéroports marocains et tunisiens.

        Ses prédictions restent cependant valables en ce qui concerne les pays de la Communauté et certains autres pays africains au départ d'Orly. Mais dans un certain domaine, les " efforts opérés par la société unique Air France ", dont il vantait les mérites dans son article, n'ont pas, jusqu'à ce jour, permis aux plus gros appareils desservant ces lignes, de se poser à Maison-Blanche.

ll. Vers son million de passagers par an, l'aéroport aux heures de pointes, voit un appareil décoller toutes les sept minutes.

        S'ILS pouvaient revenir parmi nous, les pionniers de l'aviation nord-africaine n'en croiraient pas leurs yeux...
        Alors qu'à leur époque, l'arrivée de I' " aéropostale " était chaque fois un événement, ils pourraient voir, aux heures de pointe, sur notre aérodrome d'Alger-Maison-Blanche de longues files d'appareils, moteurs tournant, attendre sur les bretelles menant aux pistes le "top " machinal des techniciens de la tour de contrôle.
        Du haut de leur belvédère, face à cette étendue verdoyante de la Mitidja où scintillent les superstructures aéronautiques, les responsables du contrôle du trafic, voient chaque jour, à une heure de pointe variable suivant les saisons, un appareil prendre son vol toutes les sept minutes l
        Qu'en penseraient les pilotes de Latécoère ?
        L'an passé, le plus beau record aux départs a été enregistré au mois d'avril. Entre sept et huit heures, tout au long du mois, 602 avions ont pris l'air : 20 appareils chaque jour en moyenne... un décollage toutes les trois minutes !
        Aux arrivées, le record se situe entre 10 et 11 heures, en juillet : un atterrissage toutes les 4 minutes et demie.

1960 : Vers le million de passagers

        Pour parler de Maison-Blanche, on ne peut éviter d'avoir recours aux chiffres et aux statistiques. Pour l'année 59, les services de la direction de l'Aéronautique civile en Algérie, sous la direction de M. Fogués, viennent d'établir un tableau complet du trafic qu'Il est intéressant de feuilleter pour placer Maison-Blanche dans son cadre d'évolution.
        Notre aéroport, nous l'avons dit, reste, cette année, le deuxième de France. Un coup d'œil rapide sur les chiffres des années précédentes permet de se rendre compte de cette montée vertigineuse marquée par un accroissement des " mouvements " de 2I,6 % et du trafic passagers, pour 20,8 %.

        En 1959, les différentes pistes ont enregistré avec 30596 atterrissages ou décollages, 9.922 mouvements de plus qu'en 1957, 5.453 de plus qu'en 1958. Il y eut pour cette période 158.937 passagers de plus qu'en 58, soit très exactement 919.846,
        L'avenir de l'aéroport ne fait aucun doute, cette année. Il dépassera allègrement le million de passagers.
        Il convient d'associer à ce trafic passagers le fret et la poste, dont le tonnage a connu un accroissement plus léger en 1959 qu'en 1957: 18.014 tonnes de fret contre 17.145 tonnes en 58 (+ 5 %) et 4.722 tonnes de " poste " contre 4.442 (+ 6.3 %).
        Bien entendu, tous les événements saisonniers influent grandement sur le trafic de Maison-Blanche. Au cours des mols de juillet, aout et septembre, l'exode des vacanciers a dépassé une moyenne de 100.000 passagers par mois. Les étrennes " algéroises " et les cartes de vœux faisaient atteindre en décembre le plus haut tonnage de fret et de poste de l'année, respectivement, 1,693 et 686 tonnes !
        Où vont tous ces passagers s'envolant de Maison-Blanche. D'où viennent-ils ? Les statistiques, là encore, sont éloquentes. 57,7 % d'entre eux arrivent ou partent vers la métropole ; 20,5 % pour les aérodromes d'Algérie ; 17,7 % pour le Sahara.

Plaque tournante vers le Sahara...

        Les mouvements d'appareils se répartissent plus équitablement entre la métropole, l'Algérie et le Sahara. Depuis les événements, les Français d'Algérie ont été conduits aux déplacements aériens, plus surs, vers les autres villes d'Algérie.
        L'avènement du pétrole a amené les compagnies pétrolières à affréter un grand nombre de " spéciaux " pour le ravitaillement d'abord, puis les relèves de main-d'œuvre ou leurs bases sahariennes. Vivres frais, matériels de toutes sortes sont acheminés par air quotidiennement vers Hassi-Messaoud, Hassi-R'Mel, Edjelé, une quarantaine d'aérodromes sahariens. Ce qui fait 52,8 % du fret partant de Maison-Blanche vers le Sud
        Maison-Blanche s'affirme donc comme une plaque tournante vers le Sahara.

        8.367 appareils des différentes compagnies sont partis ou arrivés du Sud au cours de l'année écoulée, ce qui représente 163307 passagers ; 9.525 tonnes de fret (le chargement d'un gros cargo, 286 tonnes de courrier et colis postaux (celui de 350 fourgonnettes environ).
        L'aérodrome d'Irrara, avec 1137 mouvements enregistrés à Maison-Blanche est le mieux desservi. 35.530 passagers, 1.099 tonnes de fret et 4 t. 161 de poste ont transité à Maison-Blanche en I959.

        Cette année 1960 verra une régularisation du trafic réparti sur les principales lignes de métropole, d'Algérie et du Sahara entre les deux compagnies, Air France et Air Algérie. Leurs appareils pourront se trouver sur le même pied d'égalité avec respectivement 50 % du trafic.
        Actuellement, la ventilation par compagnie du trafic commercial s'établit comme suit : Air France : 36 % des mouvements, 57 % des passagers ; Air Algérie, 32,2%, des mouvements et 33,6 % des passagers.
        Pour le fret, la poste, la compagnie nationale l'emporte également avec respectivement 62,2 %, et 57,5% contre 30,8 % et 37,6 % à Air Algérie.
...et le monde entier

        La répartition des mouvements donne une Idée exacte de I'importance à Alger des compagnies secondaires SGAA, 9,6 % : Aérotec, 7 %, ; Afric Air, % ; divers, 8,2 %,
        Toutes ces compagnies, assurant avec des appareils plus petits que ceux des " deux grands " du trafic commercial des lignes intérieures (Algérie et Sahara) avec des " Bristol et Dragon " (SGAA), des " Avro 19 " et des " Piper Apache " "(Afric Air). des DC-3, " Broussard " et " Beech Craft " (Aérotec). Il convient de faire mention, à ce propos, des avions-taxis de l'escadrille Mercure, de la C.T.A. et d'Aéro-Sud, appelés à se rendre sur les différents aérodromes d'Algérie et du Sud.

        A l'étude des mouvements d'appareils " tête de ligne " et " fin de ligne " pour 1959, on apprend qu'en plus des 18 aérodromes métropolitains, 30 d'Algérie, 39 sahariens, 6 tunisiens ou marocains et 11 aérodromes africains desservis, que des avions partant ou arrivant à Alger, ont touché Alicante, Amsterdam, Barcelone, Bruxelles, Colombo, Djedda, Genève, Léopoldville, Lisbonne, Londres, Madrid, Malte, Milan, Naples, New-York, Palma, Rome, Stuttgart, Tel-Aviv, Tripoli et Valence.
        Il convient de noter également qu'en plus des compagnies aériennes françaises, bon nombre de compagnies étrangères se sont installées à Maison-Blanche. Citons la TWA, la Cie Aviacion y commercio, la TAI et les compagnies britanniques BOAC, BEA et Eagle.
        Tous ces chiffres. ces énumérations ennuyantes, donnent un aperçu de la situation actuelle de l'aéroport d'Alger-Maison-Blanche que gèrent admirablement, en étroite collaboration, les services de l'Aéronautique civile en Algérie et la Chambre de commerce d'Alger.

III - Un expert américain prévoit : 5 millions de passagers en 1973

        Les Américains sont, on le sait, les champions du " Gallup ". les statistiques, les chiffres, ont pris chez eux une telle importance qu'il ne saurait être question de lancer une entreprise ou de risquer des Investissements quelconques sans l'aide d'un véritable expert.
        Les compagnies aériennes américaines ne font pas exception à la règle. L'une d'elles, la " Convair " s'est employée à traduire en chiffres et prévisions l'avenir de l'aéroport d'Alger-Maison-Blanche.
        La longue étude qui en est résultée a été reproduite dans un magazine spécialisé. Le représentant de la compagnie aérienne américaine prévoit qu'en 1973, 5 millions de passagers toucheront I'aérogare d'Alger-Maison-Blanche.
        Ce chiffre peut paraître démesuré si l'on tient compte du rythme d'accroissement des années écoulée. Mais il faut se faire à l'Idée que, un jour ou l'autre, d'autres appareils que ceux fréquentant aujourd'hui les pistes de Maison-Blanche y trouveront leurs relais commerciaux.
L'avenir de Maison-Blanche

        Notre aéroport, outre sa situation géographique entre l'Europe et le coeur de I'Afrique, garde pour lui un atout majeur. Pour concurrencer les ports aériens qui pourraient prétendre à d'aussi florissantes perspectives, il offre aux appareils un terrain sien aux conditions météorologiques exceptionnelles.
        En effet, le " Q.G.O. " est pratiquement inconnu à Maison-Blanche. Au cours de l'année écoulée, une vingtaine d'avions seulement ont été déroutés en raison des conditions atmosphériques défavorables. Ce qui est " nul " en comparaison de beaucoup d'autres aérodromes.

        Bien entendu, en admettant que notre expert yankee volt juste - ce qui est vraisemblable - le Maison-Blanche de 1973 ne se fera pas vans difficultés. Les compagnies aériennes ayant actuellement une sorte de " monopole du pavillon " sur l'aéroport, ne se laisseront pas faire sans réagir. Ici tout se passe un peu comme sur les lignes maritimes Métropole-Algérie, ou le monopole du pavillon français de la " Transat ", la " Mixte " et la " S.G.T.M. " interdit toute immixtion étrangère (italienne par exemple..).
        D'ores et déjà, une extension du trafic étranger trouve à Maison-Blanche des oppositions farouches. Mais seront-elles efficaces pour entraîner la promotion de notre port aérien au rang de " plaque tournante " africaine ?
        L'avenir nous le dira.
        Néanmoins, l'évolution de Maison-Blanche poursuit son cours Le programme d'équipement 1960, qu'exposait devant les représentants de la presse, le 15 décembre dernier, M. Saigot, directeur des Travaux publics à la Délégation générale du gouvernement en Algérie, est assez éloquent.
Les perspectives nouvelles

        On sait que le " programme 60 " comporte une majoration de 20 % des crédits de paiement par rapport aux exercices précédents pour les aérodromes comme pour les ports et la voirie. Ce budget " Aérodrome " pour l'Algérie représente 2.870 millions d'anciens francs contre 1.300 en 1955, 1.830 en 1959. A ces crédits s'ajoutent les autorisations de programmes donnant aux administrations intéressées la possibilité d'ouvrir des chantiers nouveaux qui s'échelonneront sur les années 60 et suivantes. Pour les aérodromes algérois, ces " autorisations " représentent, en 1960, 3.530 millions d'anciens francs.
        Les services de l'Aéronautique. qui ont la charge des questions techniques, mettent en oeuvre tout d'abord la construction de la nouvelle piste de 2.000 m.x45 m, dont il est question depuis plusieurs années.
        Jusqu'à présent, ces travaux avalent été différés pour des raisons d'ordre budgétaire.
        De leur coté, les services de la chambre de commerce d'Alger, chargés à Maison-Blanche de l'exploitation commerciale sous la direction de M. Bresson, s'efforcent de mener à bien un certain nombre de travaux dont une nouvelle aire de stationnement et l'agrandissement du hall de trafic, par la construction d'une aile côté bloc technique (tour de contrôle). D'autres travaux débuteront Incessamment. Il est toujours question d'un " héliport " qui sera situé derrière des dépôts et stations pétrolières actuelles : de l'ouverture de nouvelles voies de circulation, etc.
        Tel est le tableau des perspectives nouvelles de l'aéroport. Les passagers de 1960 et ceux de l'avenir n'auront pas à se plaindre d'Alger-Maison-Blanche où tout est mis en oeuvre pour les servir. La chambre de commerce, après bien des pourparlers, vient de décider une banque à ouvrir une succursale dans le hall de l'aérogare. Dans quelque temps, les passagers en transit pourront au cours des plus brèves escales, acquérir dans un bazar spécialisé quelques menus objets d'artisanat local et... extra local. Il est question encore de placer les escaliers d'accès au restaurant de l'ouverture d'un snack-bar, d'une terrasse avec lunettes d'approche…
        Bien entendu, il faudra encore bien des années, avant que le voyageur aérien arrivant ou transitant, à Alger puisse trouver.... une chambre d'hôtel et voir réduit le nombre effarant des formalités. Avec le temps, ces dernières finiront bien par disparaître, souhaitons-le. mais il serait temps de penser sérieusement au problème hôtelier.
        Pourquoi, devant de telles perspectives ne pas suivre : dés maintenant l'exemple des Anglais qui possèdent sur tous leurs aérodromes des hôtels. " Airport " pourvus d'aménagements confortables. Les voyageurs aériens, français et étrangers, pourraient ainsi garder un autre souvenir de leur séjour ou de leur escale à Alger, que celui d'une nuit d'insomnie sur quelques fauteuils, el accueillants soient-ils, de, notre aérogare.

Mon ami le pilote Estienne...
Envoyé Par M. P. Jarrige

          Georges Estienne, né en 1896, est le fils du général Jean-Baptiste Estienne, créateur des chars d’assauts et promoteur de l’Aviation militaire. Engagé en septembre 1914, à 18 ans au 13ème Bataillon de Chasseurs alpins, il fait les campagnes de Belgique, de la Somme et de Vosges. Il passe dans l’aviation en 1915.
          Pilote aux escadrilles N 12 de juin 1915 à juillet 1916, il est affecté ensuite à l’escadrille N 49 de juillet 1916 à novembre 1918. Il se distingue alors dans la reconnaissance à grande distance et il prend des clichés loin à l’intérieur des lignes allemandes, allant jusqu’à photographier les usines Zeppelin à Friedieschafen.

          Le commandant Louis Castex, aviateur et écrivain, écrit : En 1916, j’étais sur le terrain de Bessoncourt, près de Belfort, la ville était protégée par une escadrille de chasse. Georges Estienne en faisait partie. Il souffrait de son inaction. Alors il fit, de sa propre initiative, adapter à son avion un réservoir spécial. Et le voilà entreprenant de longues reconnaissances à travers les lignes ennemies. Il s’était muni d’un appareil photographique qu’il avait disposé sur le plancher de sa petite carlingue. C’est ainsi que le Grand État-Major put avoir des photos de toute la vallée du Rhin. Partant de Belfort, il atterrissait à Lunéville, ayant photographié tout le Front et l’arrière du Front, ouvrant ainsi l’ère des grandes reconnaissances à l’intérieur des lignes ennemies.
          Titulaire de la Légion d’honneur, de la Médaille militaire et de cinq citation, il est volontaire pour la campagne de Pologne d’avril 1919 à décembre 1920 où il aura une septième citation sur le front de Wolhynie.
          En Pologne, Georges Estienne retrouve son ami Joseph Kessel qui avait été son condisciple au lycée de Nice
                     Vous pouvez voir tout le PDF à cette adresse :
           PDF 137-CGT-SATT

LA BEAUTE DU DIABLE
De Hugues Jolivet

Un Coronavirus
      
       Si dans un microscope, ta beauté éclatante
       Retient tous les regards, à l'égal des sirènes
       Tu troubles les humains. Leur tendresse inquiétante
       Provoquera en leur sein, un manque d'oxygène !

       A l'image d'Adam et d'Eve dans l'Eden,
       L'homme de notre siècle, avide de Connaissance,
       Prend des risques jusqu'à sa mise en quarantaine
       Pour pallier ses erreurs, ses fautes, son impuissance.

       Tous les Etats s'inquiètent, s'interrogent et s'agitent
       Depuis qu'en fin d'année, pour endiguer ta fuite
       Des rives du Yangtze, aux bords desquels gravitent
       Wuhan et son labo de substances maudites !

       Aucune étude sérieuse ne permet d'affirmer
       Que le conavirus soit issu de ce centre.
       Sont-ce des chauves souris, porteuses contanimées,
       Qui ont pollué le monde, s'évadant de leur antre ?

       Les Nations, dans l'impasse, ont sonné le repli :
       Revêtir la cuirasse d'un strict confinement
       Assorti, pour le fun, d'une simple panoplie :
       Un "ausweis" pour le pain, un masque pour le paiement !

Hugues Jolivet         
22 mars 2020          



De Gaulle : l'homme qui a fait tuer le plus de Français...par des Français !
De M. Gomez, 8 mars 2020
Envoyé par M. JP. Ferrer.
 Ne demande pas ce que ton pays peut faire pour toi. Demande ce que tu peux faire pour ton pays. (J.F.KENNEDY)           

               " L'homme providentiel ". L'icône d'une très grande majorité de Français. Celui qui a dirigé la résistance derrière son micro, à Londres et qui ne doit sa " gloire " politique qu'au patriotisme d'un juif (le ministre Georges Mandel, qui sera assassiné par des miliciens) qui, justement parce qu'il était juif, a refusé de quitter la Patrie en danger, et laissé ainsi sa place, dans l'avion qui l'attendait, à un De Gaulle opportuniste, déçu de ne pas avoir été retenu comme ministre de la Défense du nouveau gouvernement Pétain.
               Mon livre " J'accuse De Gaulle " retrace sa remarquable carrière " politique " car il est préférable de passer sous silence sa " brillante " carrière militaire.

               Sur les écrans de France s'affiche le film " De Gaulle ".
               Est-ce que dans ce film seront rappelés ses phrases et ses commentaires qui, aujourd'hui, le catalogueraient comme " raciste " et " antisémite " ? Non, bien évidemment. Il convient donc de s'en souvenir.
               " Sur le plan ethnique, il convient de limiter l'afflux des Méditerranéens et des Orientaux, qui ont depuis un demi-siècle profondément modifié les compositions de la population française. Sans aller jusqu'à utiliser, comme aux Etats-Unis, le système rigide des quotas, il est souhaitable que la priorité soit accordée aux naturalisations nordiques (Belges, Luxembourgeois, Suisses, Hollandais, Danois, Anglais, Allemands, etc.) " (Le 12 juin 1945, ses directives au Garde des Sceaux)
               " De toute façon, l'Algérie française, c'est une fichaise et ceux qui préconisent l'intégration sont des jean-foutre. C'est très bien qu'il y ait des Français jaunes, des Français noirs, des Français bruns. Ils montrent que la France est ouverte à toutes les races et qu'elle a une vocation universelle. Mais à condition qu'ils restent une minorité sinon la France ne serait plus la France. Nous sommes quand même, avant tout, un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne. Qu'on ne se raconte pas d'histoires ! Les musulmans, vous êtes allé les voir ? Vous les avez regardés, avec leurs turbans et leurs djellabas ? Vous voyez bien que ce ne sont pas des Français ! "
               " Qu'est-ce que les Arabes ? Les Arabes sont un peuple qui, depuis les jours de Mahomet, n'ont jamais réussi à constituer un Etat. Avez-vous une digue construite par les Arabes ? Nulle part. Cela n'existe pas. Les Arabes disent qu'ils ont inventé l'algèbre et construit d'énormes mosquées. Mais ce fut entièrement l'œuvre des esclaves chrétiens qu'ils avaient capturés. Ce ne furent pas les Arabes eux-mêmes. Ils ne peuvent rien faire seuls. "
               " Il est impossible d'accueillir au Palais Bourbon cent vingt députés algériens. La Patrie deviendrait la colonie de ses colonies. "
               " Les Arabes, les Kabyles, les Mozabites, les Juifs ? Ces gens-là ne font pas partie de notre peuple. "


               Au général Allard : " Mais enfin Allard, vous n'imaginez tout de même pas qu'un jour, un Arabe, un musulman, puisse être l'égal d'un Français ! Voyons ! C'est impensable. "

               Au député Raymond Dronne : " Voulez-vous être bougnoulisé ? Voyons, Dronne ! Donneriez-vous votre fille à marier à un bougnoule ? "
               " Nous avons une responsabilité, celle de jouer le rôle de la France. Ce rôle, dans mon esprit comme dans le vôtre, se confond avec un rôle chrétien. Notre pays ne serait pas ce qu'il est, c'est presque banal de le dire, s'il n'était pas d'abord un pays catholique. "
(Discours de Rome, le 27 juin 1959)
               " L'élément décisif pour moi, c'est que Clovis fut le premier roi à être baptisé chrétien. Mon pays est un pays chrétien et je commence à compter l'histoire de France à partir de l'accession d'un roi chrétien qui porte le nom des Francs. "

               Au général Koenig : " Evidemment, lorsque la monarchie ou l'empire réunissait à la France l'Alsace, la Lorraine, la Franche-Comté, le Roussillon, la Savoie, le pays de Gex ou le Comté de Nice, on restait entre Blancs, entre Européens, entre chrétiens. Si vous allez dans un douar, vous rencontrerez tout juste un ancien sergent de tirailleurs parlant mal le français. "

               Au député Delbecque, organisateur de son arrivée à Alger en 1958 : " Et puis, Delbecque, vous nous voyez mélangés avec des Musulmans ? Ce sont des gens différents de nous. Vous nous voyez mariant nos filles avec des Arabes ? "
               " Les Arabes, pour détruire les ponts, ça va. Mais pour les construire ! Avez-vous vu un Arabe construire un pont ? Les Arabes n'ont jamais rien construit, jamais un pont, jamais un port, jamais une usine, jamais un chemin de fer. Cela n'est jamais arrivé. Il y a peu de chances pour que cela arrive maintenant. Ils ont besoin de nous. "

               Au député algérois Marc Lauriol : " Ces gens-là sont des Arabes, ils ne nous aiment pas, nous n'en voulons pas. "

               Au ministre Joxe, en mars 1962 : " Alors, Joxe, vous avez bientôt fini avec vos bicots ? "

               A Jacques Foccart (l'Africain), le 8 novembre 1968 : " Vous savez, cela suffit comme cela avec vos nègres. Vous me gagnez à la main, alors on ne voit plus qu'eux : il y a des nègres à l'Elysée tous les jours, vous me les faites recevoir, vous me les faites inviter à déjeuner. Je suis entouré de nègres, ici. Foutez-moi la paix avec vos nègres. Je ne veux plus en voir d'ici deux mois, vous entendez ? Ce n'est pas en raison du temps que cela me prend, bien que ce soit déjà fort ennuyeux, mais cela fait très mauvais effet à l'extérieur : on ne voit que des nègres, tous les jours, à l'Elysée. Et puis je vous assure que c'est sans intérêt. "

               Raconté par son fils, Phillipe : " Si une communauté n'est pas acceptée, c'est qu'elle ne donne pas de bons produits, sinon elle est admise sans problème. Si elle se plaint de racisme à son égard, c'est parce qu'elle est porteuse de désordre. Quand elle ne fournit que du bien, tout le monde lui ouvre les bras. Mais il ne faut pas qu'elle vienne chez nous pour imposer ses mœurs. "
               " J'attire votre attention sur un problème qui pourrait devenir sérieux. Il y a eu 40.000 immigrants d'Algérie en Avril. C'est presque égal au nombre de bébé nés en France pendant le même mois. J'aimerais qu'il naisse plus de bébés en France et qu'il vienne moins d'immigrés. Vraiment, point trop n'en faut ! Il devient urgent d'y mettre bon ordre. " (En avril 1962)
               " Ceux qui prônent l'intégration ont une cervelle de colibri, même s'ils sont très savants. Essayez d'intégrer de l'huile et du vinaigre. Agitez la bouteille. Au bout d'un moment ils se sépareront de nouveau. Les Arabes sont des Arabes, les Français sont des Français. Vous croyez que le corps français peut absorber dix millions de musulmans, qui demain seront peut-être vingt millions et après-demain quarante ? Si nous faisons l'intégration, si tous les Arabes et les Berbères d'Algérie étaient considérés comme Français, comment les empêcherait-on de venir s'installer en métropole alors que le niveau de vie y est tellement plus élevé ? Mon village ne s'appellerait plus Colombey-les-Deux-Eglises, mais Colombey-les-Deux-Mosquées ! " (Le 5 mars 1959)

               A Alain Peyrefitte : " L'intégration, c'est une entourloupe pour permettre que les musulmans qui sont majoritaires en Algérie à dix contre un, se retrouvent minoritaires dans la République française à un contre cinq. C'est un tour de passe-passe puéril ! Avez-vous songé que les Arabes se multiplieront par cinq, puis par dix, pendant que la population française restera presque stationnaire ? Il y aurait deux cents, puis quatre cents députés arabes à Paris ? Vous voyez un président arabe à l'Elysée ? "
               " On a prétendu faire des nègres de bons Français. C'est beau l'égalité, mais ce n'est pas à notre portée. Vouloir que toutes les populations d'outre-mer jouissent des mêmes droits sociaux que les métropolitains, d'un niveau de vie égal, ça voudrait dire que le nôtre serait abaissé de moitié. Alors puisque nous ne pouvons pas leur offrir l'égalité, il vaut mieux leur donner la liberté ! Bye Bye, vous nous coûtez trop cher ! "
               " Les noirs sont de braves bougres. Ils ne sont pas animés par la même passion, par la même haine que les Arabes. Il n'y a pratiquement pas de noirs en dehors de l'Afrique noire, alors que le mouvement pan-arabe va bien au-delà du Maghreb. Mais vous comprenez bien que lorsque l'Afrique du Nord sera perdue, le même intérêt n'existera plus. Les Arabes sont d'habiles politiques. Ils sont habiles comme des mendiants. "
               Le 3 avril 1962, lors d'un conseil des ministres : " On ne peut pas accepter de replier tous les musulmans qui viendraient à déclarer qu'ils ne s'entendront pas avec leur gouvernement ! Le terme de rapatriés ne s'applique évidemment pas aux musulmans, ils ne retournent pas dans la terre de leurs pères ! "
               " Les harkis... ce magma qui n'a servi à rien et dont il faut se débarrasser sans délai. "


               Le FLN et l'ALN se sont chargés de l'en débarrassé par dizaines de milliers, auxquels s'ajoutent tous les Français assassinés entre le 26 mars et fin juillet 1962.

               Ne manquez pas d'aller voir De Gaulle : " L'homme qui a fait tuer le plus de Français par des Français. " (De son propre aveu à Pompidou).
Manuel Gomez


Mars 2020.
Par M. Robert Charles PUIG


       Comme ce mois est triste lorsque le souvenir s'en empare.
       Tout à coup, il y a dans l'air ce bruit des armes qui tiraient sur une foule pacifiste, cette odeur de la poudre qui transformait cet après-midi ensoleillée en un champ de bataille. Un champ de bataille où les tirs des armes à feu ne venaient que d'un seul camp ! Celui des assassins, des terroristes " repentants ", des militaires français aux ordres d'un pouvoir parisien menteur et criminel.
       Le sol de ce jour du 26 mars 1962, entre le Monument aux Morts et la Grande Poste d'Alger était comparable au marbre d'une tombe noirci par le sang des patriotes assassinés. Il y eu 82 morts. Il y eu 200 blessés.
       Le général Pierre Goubard, commandant du 4éme Régiment de Tirailleurs a noté le nom de ceux qui ont souhaité éliminer 282 innocents sur les pavés d'Alger en ce début d'après midi devenu sombre comme un deuil : Amarati Mohamed, Khelifa ben Sakhaoui, Youssef ben Amar, Manis Moktar, Caid Mohamed, Bendekin, Bellat Laidi, Blikheri Massaoud, Khelifa Abderahmane, Ziane ben Amar, Gurzalah Mohamed, Moujnibag Mohamed et Habiri Amar.
       Cinquante huit ans après la tuerie, cette tragédie est toujours vivante dans mon souvenir et cinquante huit ans après, je me dis qu'il faut encore se battre, clamer, proclamer, écrire notre Vérité ; être les survivants d'un temps, d'une mémoire, d'une épopée que nous devons à nos ancêtres, à ceux qui sont enterrés là-bas et ceux qui ont disparu sans la moindre sépulture, kidnappés par les terroristes, torturés, morts dans des conditions certainement affreuses !
       Depuis notre Exode de 1962, nous sommes nombreux à réclamer la Vérité sur ces assassinats, ces disparitions, sur ce drame non réparé ainsi que celui qui suivra le 5 juillet 1962, à Oran. Qu'en est-il de notre appel à demander justice pour cette blessure qui nous marque et qui ne cicatrise pas ? Rien ! Toujours rien ! Nous avons face à nous, des hommes politiques sans grandeur et sans le sens du patriotisme qui guidait nos cœurs. Ils ont oublié nos morts des deux guerres, 14 / 18 et 39 / 45, lorsque l'Outre-mer sauva la Nation et préserva sa liberté de penser, puis ceux d'Algérie entre 54 et 62.

       Aujourd'hui, où est cet honneur, cet orgueil de croire en un grand pays, une Grande France ? Nos hommes politiques fuient la vérité ! Depuis 1962 ils veulent étouffer cette page commune de l'Histoire de France et de l'Algérie française, et aujourd'hui la situation est pire pour notre mémoire !
       Des phrases prononcées depuis quelques années sont celles qui ne savent pas, qui ignorent ou qui acceptent de nous brûler et d'effacer notre trace au nom d'une politique abjecte de repentance.

       Un vaste problème que cette " solution finale " que certains veulent nous appliquer.
       Cela ne se réalisera JAMAIS !
       Il y aura toujours des enfants qui protégeront nos racines Pied-noir et perpétueront notre histoire, jusqu'à ce que réparation soit faite à nos 132 ans de présence sur cette terre d'Afrique du Nord.
       Il y aura toujours une partie de la population qui désignera coupable celui qui a osé dire que la guerre d'Algérie était " un crime contre l'humanité ", en méprisant ceux qui sont morts pour une paix française, sur cette terre. Des soldats, de jeunes appelés qui faisaient leur service militaire, des civils européens et musulmans qui faisaient confiance à la Nation.

       Pourtant, de nouvelles ignominies voient le jour en cette année 2020 ! Plusieurs cérémonies dédiées à De Gaulle... Voir le président honorer de sa présence la dépouille d'un de ceux qui nous voua aux enfers, Jean Daniel suppôt de Mitterrand, puis lire dans les journaux les louanges adressées à un Hervé Bourges pro-arabe et FLN, tout au long de sa vie.
       Puis encore et encore, un autre affront ! Comparer la Shoa avec les événements d'Algérie ! Il n'y a pas eu de " Kristallnatch " en Algérie ! J'espère à ce sujet qu'il y a des personnes de bonne volonté, des anciens combattants, avec nous descendants de ce peuple Pied-noir, qui crient leur honte à cette comparaison. Je pense que nos amis juifs ont bien compris que ce collationnement est incompréhensible pour eux et pour nous, de la part de celui qui a osé prononcer ces mots. Comment oublier les camps de concentrations ? Les millions de morts de cette guerre de 39 / 45 et se permettre ce rapprochement outrancier, déplacé, sans avoir honte d'un tel amalgame ! Des propos scandaleux pour les juifs, car ils minorent le crime nazi contre leurs ancêtres disparus et excessifs pour les Pieds-noirs, car ils donnent des armes de propagande au terrorisme FL haine, toujours au pouvoir en Algérie.
       Hélas ! Après tant d'années, il y a des gens dits-responsables en France, qui n'ont pas le sens de la nuance et du respect de ceux qui ne sont plus. Ils semblent extraire leur politique progressive d'une idéologie de la soumission à l'Orient en demeurant porteur de l'humanisme douteux d'un Thomas Woodrow Wilson, Président des USA et partisan " du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes ", avec un Théodore Roosevelt. Mais, il faut aussi s'en souvenir. Ils se gardaient bien d'appliquer cette règle aux noirs américains qu'ils maintinrent longtemps dans un apartheid condamnable, un " crime racial contre l'humanité ! "
       Un " crime " dont le pouvoir parisien en cette année 2020, imbu de sa majorité diffuse, nous accuse encore, démontrant son peu de connaissance de l'Histoire et des circonstances de la grandeur ancienne de la Nation sur les cinq continents.

       Étions-nous les seuls à découvrir, conquérir, pacifier l'Afrique ou l'Asie ? Faut-il rappeler les conquêtes allemandes ou belges, les portugaises et espagnoles en Amérique du Sud ? Les Anglais au Canada ? Les Américains dans l'Ouest de leur continent et l'élimination des Indiens de vastes territoires ?
       En France, à cause de cette province française d'Algérie, c'est le mythe de la repentance qui nous juge et qui espère nous perdre dans le labyrinthe où Minos condamna le Minotaure, mais je suis sûr qu'un jour un Thésée nous sauvera du Monstre et proclamera notre vérité !
       Nous sommes au mois de mars 2020. Il réveille une douleur, un drame. Je me rappelle un de mes oncles... Le corps sous la ceinture percé de plusieurs balles et dans la tête, un autre impact, ce 26 mars. Une mort affreuse. Il fut doublement assassiné ce jour-là par une horde sauvage sous un commandement français guidé depuis le Rocher noir et Paris. Combien d'autres avec lui ?
       Quelle tristesse ce temps disparu ! Serons-nous toujours les seuls à nous souvenir, à commémorer cette date des assassinés par la rage de l'ennemi FL. haine et de nos propres édiles ?
       " Le temps, dit le Roi à Chimène dans le Cid de Corneille, atténue les douleurs, encourage au pardon. " Faudra-t-il pour cela, que notre Histoire et notre honneur ne soient plus bafoués par les cuistres qui nous gouvernent aujourd'hui.

Robert Charles PUIG / mars 2020       
      


" Soyez fiers d'être des amateurs "
Par le Général (2s) Antoine Martinez
Envoyé par M. Jolivet.
Emmanuel Macron, président de la République, à ses députés
" Nous sommes dans l'œil du cyclone depuis le 1er mars. C'est là qu'on a vu arriver les choses. Je crois que les Français ne mesurent pas encore ce que cette crise sanitaire veut dire. C'est terrible. Des jeunes qu'il faut intuber de toute urgence, des personnes âgées balayées en quelques heures, des équipes médicales qui arrivent à saturation complète après 15 jours de mobilisation, des gens en pleurs, des plans nationaux, la peur pour soi et pour ses proches... Quand on est dedans, les choses sont extrêmement compliquées" (Jean Rottner, médecin et président de la région Grand Est)

         Les derniers développements de cette crise sanitaire avec l'intervention du Chef de l'Etat le 14 mars, deux jours après celle du Premier ministre, laquelle se produisait déjà et étonnamment à peine quarante-huit heures après la première allocution du président de la République, sont la preuve d'une absence de ligne directrice dans la gestion de cette crise grave marquée par des hésitations successives, des déclarations ou décisions incohérentes et souvent contradictoires de la part de nos gouvernants. Ces derniers développements démontrent, en réalité, l'incapacité du pouvoir politique à anticiper et à décider dans les moments difficiles. Ce refus d'affronter la réalité et cette tendance à attendre et à être soumis en permanence à l'événement et à réagir tardivement, voire pas du tout, malgré l'évidence de l'évolution d'une menace se retrouve d'ailleurs dans d'autres domaines comme l'immigration de masse, l'invasion migratoire, le séparatisme islamique, la déclaration de guerre du président turc qui utilise les migrants pour déstabiliser l'Europe. Dans tous les cas, les conséquences sont les mêmes : une mise en danger des Français dont certains ont déjà perdu et d'autres perdent ou vont perdre la vie, alors que la première des missions régaliennes de l'Etat est de protéger son peuple. C'est insupportable ! Il est crucial de rappeler ici les incohérences les plus flagrantes et de dénoncer le refus coupable d'admettre des évidences qui conduira à des drames.

         Alors que l'Europe est devenue l'épicentre de la pandémie, des questions légitimes doivent, en effet, être posées. Où est passée l'Union européenne (UE) ? Depuis la fin du mois de janvier, elle en est encore à réfléchir sur une coordination des moyens. On a cependant pu constater cet esprit de solidarité tant prôné mais manifesté d'une façon curieuse par l'Allemagne qui a refusé à l'Italie la livraison de moyens de protection pour lutter contre le virus, alors que cette dernière fait face à une situation dramatique. Depuis deux mois, il faut bien admettre qu'entre ses membres c'est le chacun pour soi qui prévaut et que l'UE est inexistante comme elle l'a été lors de la crise migratoire déclenchée en 2015, incapable de protéger ses frontières et ses citoyens. Et elle ne fait pas mieux aujourd'hui face à la nouvelle menace d'invasion massive téléguidée par la Turquie. Quant à la crise financière qui se profile, la seule certitude c'est qu'elle sera beaucoup plus grave que celle de 2008. La seule réponse crédible à apporter, une fois la crise sanitaire actuelle passée, ne pourra résider que dans une révolte des peuples européens pour imposer une nouvelle organisation, un nouveau fonctionnement, un nouveau projet plus soucieux des lintérêts des peuples pour cette UE à la dérive.

         Par ailleurs, il va bien falloir reconnaître que l'idéologie progressiste et mondialiste qui guide nos dirigeants politiques est bien responsable de la globalisation, de l'accumulation et de l'addition simultanée des crises qui sévissent aujourd'hui, qu'elles soient sanitaire, migratoire ou économique. Les ravages du Covid 19 démontrent l'irresponsabilité des inconditionnels et des fanatiques du sans-frontiérisme qui refusent d'admettre, en utilisant une propagande ridicule (" le virus n'a pas de passeport ", alors que tout le monde sait que c'est le porteur de virus - qui a un passeport - qui passe la frontière), que contrôler les frontières dans ces circonstances c'est du bon sens et non la manifestation d'un repli nationaliste. D'ailleurs, le directeur général de la santé ne dit pas autre chose lorsqu'il déclare:" Le virus ne circule pas en France, ce sont les hommes et les femmes qui le font circuler ". La frontière protège donc, c'est la première des barrières. Et en persistant dans le déni et en n'ayant pas réagi immédiatement, nos dirigeants ont une immense responsabilité dans l'évolution de cette crise sanitaire sur notre territoire. Car ils ont voulu, dès le début, privilégier et sauvegarder le volet économique - mondialisme oblige - et ont préféré attendre et voir comment évoluait l'épidémie. Par leur attentisme coupable, ils récolteront, malheureusement pour les Français, et une crise sanitaire et une crise économique qui seront toutes deux très sévères. D'ores et déjà, on peut estimer que le Covid 19 remet fortement en question la sacralisation de l'idéologie mondialiste qui veut supprimer les frontières et dissoudre les nations. Ce virus pourrait même bouleverser l'économie de la mondialisation, notre ministre de l'Economie ayant, probablement sans le vouloir, fait l'éloge d'un souverainisme convié à se développer puisqu'il souligne " la nécessité impérative de relocaliser un certain nombre d'activités et d'être plus indépendant sur un certain nombre de chaînes de production ". Il reconnaît ainsi les dangers d'une doctrine folle et destructrice imposée aux " peuples enracinés " qui la rejettent. C'est l'aveu d'un cuisant échec.

         On ne peut, en outre, que s'étonner de la gestion du volet détection/protection dans la gestion globale de cette crise sanitaire. Depuis le début, et malgré les avertissements et les appels répétés du monde hospitalier et des médecins de ville, le silence du gouvernement sur l'absence des moyens de dépistage et de protection est assourdissant. Où sont passés les tests et masques pourtant indispensables pour détecter et protéger ? Pourquoi ne sont-ils toujours pas distribués alors que le 19 février dernier la France envoyait 17 tonnes de matériel de protection (combinaisons, masques, gants, produits désinfectants) à la Chine ? Pourquoi avoir refusé d'organiser un dépistage systématique du virus, au moins dans un premier temps sur les personnes présentant des symptômes ? Pourquoi avoir refusé, pour des raisons idéologiques, le dépistage des personnes aux frontières ? Cette pratique permet pourtant, au moins, de ralentir l'épidémie en empêchant des personnes infectées d'entrer sur le territoire. La gestion de la crise sur ce point particulier de la détection/protection est irresponsable car elle met en danger la vie des soignants pas protégés, celle des patients détectés trop tardivement car testés au moment de leur hospitalisation dans un état souvent grave et finalement celle des Français. Et elle ne permet pas, sur le plan des statistiques, de disposer des données réelles très supérieures à celles fournies quotidiennement et qui sont indispensables pour agir efficacement. Quant aux capacités des hôpitaux, un certain nombre arrivent à saturation avec le risque d'occurrence de situations dramatiques. La lamentable gestion de la crise sur ce volet est aggravée par la scandaleuse décision du président de la République d'engager son ministre de la Santé dans la bataille électorale pour les élections municipales, à Paris, à un moment très critique. Ce sens des priorités ne grandit manifestement pas nos dirigeants politiques qui, lorsque viendra le moment de rendre des comptes, ne pourront plus se retrancher derrière le couplet " responsable mais pas coupable ". Ils sont coupables ! Car l'interview de ce ministre dans le quotidien Le Monde du 17 mars 2020, constitue un aveu cynique d'amateurisme, d'incompétence, et surtout de gestion criminelle de la crise en ne prenant pas dès le début et en toute connaissance de cause des mesures adaptées à la menace, mettant ainsi en danger les Français. Ces révélations sont une bombe qui risque de provoquer le naufrage et l'effondrement du pouvoir.

         Quant aux élections municipales, chacun s'attendait, compte tenu de l'évolution de la situation, à ce que dans son allocution du 12 mars, le président de la République annonçât le passage au stade 3 pour la crise sanitaire et le report des élections municipales. Rien de cela ne fut mentionné. Quarante-huit heures plus tard, dans un climat d'incohérence et d'incompréhension totale, le Premier ministre décidait un quasi-confinement général de la population mais, " en même temps ", convoquait 46 millions d'électeurs le lendemain. Comprenne qui pourra ! Moins d'un Français sur deux s'est rendu aux urnes, le résultat du scrutin en étant finalement faussé à des degrés divers. Les Français ont ainsi assisté à un sabotage de ces élections municipales d'autant plus que le second tour a été reporté au 21 juin prochain. Cependant, compte tenu des turbulences qui risquent d'agiter le pays après la gestion lamentable de la crise sanitaire avec le bilan de ses victimes et après les confessions sidérantes de l'ancien ministre de la Santé, qui peut affirmer aujourd'hui que ce second tour se tiendra bien ? De plus, des pressions ont été exercées sur l'exécutif pour maintenir à tout prix ces élections. A l'évidence, il aurait été plus sage de les reporter d'un an, mais cela confirme l'incapacité au plus haut niveau de l'Etat de décider en dernier ressort en situation de crise. Or, c'est bien ce qu'on attend d'un responsable politique. On reste stupéfait devant un tel manque de lucidité.

         Enfin, les dernières mesures annoncées par le président de la République le 16 mars au soir doivent être à présent appliquées et scrupuleusement respectées par la population. Force est cependant de constater que nombreux sont ceux qui contestent et enfreignent sciemment les règles adoptées pour tenter de maîtriser la pandémie. Dans de nombreux secteurs tiersmondisés de nos villes notamment, les habitants non seulement réagissent agressivement lorsque les policiers leur rappellent les règles à observer mais refusent ouvertement de les respecter. D'autre part, on observe également dans ces quartiers à forte présence immigrée la poursuite d'activités commerciales pourtant interdites depuis le 14 mars à minuit. Par ailleurs, des groupes de racailles se distinguent par la poursuite de leurs activités liées à la drogue, la vente au noir de stocks de masques volés et par des actes de violence, de pillage, de voitures incendiées pour marquer leur refus du confinement et provoquer des incidents avec les policiers chargés de le faire appliquer. Il est évident que cela se terminera très mal. C'est pourquoi le président de la République et son gouvernement seraient bien avisés d'envisager rapidement, pour éviter d'être une fois de plus obligés de réagir à l'événement, l'instauration de l'état d'urgence, avec ponctuellement et localement un couvre-feu imposé si besoin par la force, pour assurer l'application de ces mesures. Gouverner, c'est prévoir. En tout cas, cette crise met en évidence la folie que constitue la soumission à cette idéologie multiculturaliste qui démontre l'impossibilité de faire vivre plusieurs peuples sur un même sol. Il faut que cela cesse et cela devra conduire à une réflexion sur la nécessité de désafricaniser, démaghrébiniser et désislamiser notre société aujourd'hui gangrénée et qui court à sa perte. Il en va du salut de la France et de son peuple en souffrance et en danger.

         Alors, face à cette crise sanitaire, le manque de clairvoyance et l'absence de lucidité pour saisir la réalité de la menace révèlent un certain amateurisme sinon une incompétence du pouvoir politique installé dans ses certitudes par idéologie et provoquent un sérieux doute sur son aptitude à gérer les moments difficiles et à décider rapidement dans l'intérêt de la nation. " Soyez fiers d'être des amateurs " lançait récemment le président de la République aux députés LaREM. Il n'y a vraiment pas de quoi être fiers ! D'autant qu'il semble, si l'on en croit l'ex-ministre de la Santé, que le chef de l'État, le Premier ministre et d'autres responsables savaient à quoi s'en tenir dès le mois de janvier. Si c'est le cas, ils ne pouvaient pas ignorer le risque d'une particulière gravité auquel ils exposaient les Français en ne réagissant pas immédiatement. Il faudra bien, lorsque cette crise sanitaire sera passée, que des comptes soient rendus. Il est donc légitime d'envisager dès à présent la création d'une commission d'enquête qui devra déterminer si l'exécutif, au sens large, a manqué dans cette guerre à ses devoirs dans l'exercice de ses responsabilités.

Général (2s) Antoine MARTINEZ
Président des Volontaires Pour la France
Le 18 mars 2020

V.P.F. :   
   https://volontaires-france.fr/tribune-du-general-martinez/


L'humanité ébranlée et la société effondrée
par un petit machin

Envoyé par divers internautes
Un petit machin microscopique
appelé coronavirus bouleverse la planète.  
           
     Quelque chose d'invisible est venu pour faire sa loi. Il remet tout en question et chamboule l'ordre établi. Tout se remet en place, autrement, différemment.

       Ce que les grandes puissances occidentales n'ont pu obtenir en Syrie, en Libye, au Yemen, …ce petit machin l'a obtenu (cessez-le-feu, trêve…).
       Ce que l'armée algérienne n'a pu obtenir, ce petit machin l'a obtenu (le Hirak a pris fin).
       Ce que les opposants politiques n'ont pu obtenir, ce petit machin l'a obtenu (report des échéances électorales. ..).
       Ce que les entreprises n'ont pu obtenir, ce petit machin l'a obtenu (remise d'impôts, exonérations, crédits à taux zéro, fonds d'investissement, baisse des cours des matières premières stratégiques. ..).
       Ce que les gilets jaunes et les syndicats n'ont pu obtenir, ce petit machin l'a obtenu ( baisse de prix à la pompe, protection sociale renforcée…).

       Soudain, on observe dans le monde occidental le carburant a baissé, la pollution a baissé, les gens ont commencé à avoir du temps, tellement de temps qu'ils ne savent même pas quoi en faire. Les parents apprennent à connaître leurs enfants, les enfants apprennent à rester en famille, le travail n'est plus une priorité, les voyages et les loisirs ne sont plus la norme d'une vie réussie.
       Soudain, en silence, nous nous retournons en nous-mêmes et comprenons la valeur des mots solidarité et vulnérabilité.
       Soudain, nous réalisons que nous sommes tous embarqués dans le même bateau, riches et pauvres. Nous réalisons que nous avions dévalisé ensemble les étagères des magasins et constatons ensemble que les hôpitaux sont pleins et que l'argent n'a aucune importance. Que nous avons tous la même identité humaine face au coronavirus.
       Nous réalisons que dans les garages, les voitures haut de gamme sont arrêtées juste parce que personne ne peut sortir.
       Quelques jours seulement ont suffi à l'univers pour établir l'égalité sociale qui était impossible à imaginer.

       La peur a envahi tout le monde. Elle a changé de camp. Elle a quitté les pauvres pour aller habiter les riches et les puissants. Elle leur a rappelé leur humanité et leur a révélé leur humanisme.
       Puisse cela servir à réaliser la vulnérabilité des êtres humains qui cherchent à aller habiter sur la planète mars et qui se croient forts pour cloner des êtres humains pour espérer vivre éternellement.
       Puisse cela servir à réaliser la limite de l'intelligence humaine face à la force du ciel.
       Il a suffi de quelques jours pour que la certitude devienne incertitude, que la force devienne faiblesse, que le pouvoir devienne solidarité et concertation.
       Il a suffi de quelques jours pour que l'Afrique devienne un continent sûr. Que le songe devienne mensonge.
       Il a suffi de quelques jours pour que l'humanité prenne conscience qu'elle n'est que souffle et poussière.
       Qui sommes-nous ? Que valons-nous ? Que pouvons-nous face à ce coronavirus ? - Rendons-nous à l'évidence en attendant la providence.
       Interrogeons notre " humanité " dans cette " mondialité " à l'épreuve du coronavirus.

       Restons chez nous et méditons sur cette pandémie.
       Aimons-nous vivants !
par Moustapha Dahleb,
écrivain tchadien
le 21 mars 2020
https://www.afrik.com/l-humanite-ebranlee-et-la-societe-effondree-par-un-petit-machin


L'archaïsme en Algérie !!!
Envoyée par M. P. Barisain
  «L’Algérie ne sortira de son archaïsme que si elle met fin aux discriminations envers les femmes »          

        Cela fait une année que les Algériens investissent les rues par milliers pour revendiquer leurs droits de citoyens et leur désir de construire une Algérie nouvelle. Cette bataille extraordinaire est menée par des femmes et des hommes courageux.

         Si les femmes se sont enthousiasmées pour cette révolution et se sont engagées massivement pour le changement de l’Algérie, c’est parce qu’elles subissent doublement l’injustice ; leur liberté est doublement confisquée et leur dignité est doublement bafouée. Elles endurent une fois en tant que peuple les misères de celui-ci et la seconde en tant que femmes. Personne n’ignore leur souffrance lorsqu’elles s’aventurent dans la rue et tout Algérien est capable de se rendre compte lui-même des discriminations que leur inflige le code de la famille. Celui-ci les considère comme des êtres inférieurs et les hommes comme des êtres supérieurs, ce qui n’est ni dans l’intérêt des femmes qui se sentent injustement traitées ni dans celui des hommes qui le vivent mal, car ils ne comprennent pas pourquoi leurs sœurs ou leurs femmes réussissent autant qu’eux ou parfois même mieux s’ils sont réellement supérieurs et si elles sont inférieures.

         Si les femmes se sont enthousiasmées pour cette révolution et se sont engagées massivement pour le changement de l’Algérie, c’est parce qu’elles subissent doublement l’injustice ; leur liberté est doublement confisquée et leur dignité est doublement bafouée. Elles endurent une fois en tant que peuple les misères de celui-ci et la seconde en tant que femmes. Personne n’ignore leur souffrance lorsqu’elles s’aventurent dans la rue et tout Algérien est capable de se rendre compte lui-même des discriminations que leur inflige le code de la famille. Celui-ci les considère comme des êtres inférieurs et les hommes comme des êtres supérieurs, ce qui n’est ni dans l’intérêt des femmes qui se sentent injustement traitées ni dans celui des hommes qui le vivent mal, car ils ne comprennent pas pourquoi leurs sœurs ou leurs femmes réussissent autant qu’eux ou parfois même mieux s’ils sont réellement supérieurs et si elles sont inférieures.
        Depuis 1962, le peuple algérien lutte pour ses droits de citoyen confisqués par le pouvoir. Les femmes, en plus de ce combat, luttent également depuis 1962 pour leurs droits de femmes et de citoyennes. La différence, c’est que le peuple se bat contre l’État seulement alors que les femmes se battent contre l’État et contre les hommes qui ne veulent pas admettre qu’elles puissent avoir les mêmes droits qu’eux.
        Tout comme le pouvoir ne veut pas admettre que le peuple soit libre, libre de choisir ses représentants, libre d’exprimer son opinion politique, les hommes ne veulent pas admettre que les femmes soient libres, libres de sortir de chez elles, libres de circuler en sécurité dans la rue, libres de se mettre sur une terrasse de café, libres de s’habiller comme elles veulent. Dans la culture algérienne marquée par le traditionalisme, l’État voit dans la liberté du peuple une désobéissance et les hommes voient dans la liberté des femmes, en plus de la désobéissance, une débauche.

        Depuis 1962, les plus ouverts et les plus modernes des hommes répondent aux revendications des femmes : ce n’est pas le moment. Quant aux autres, ils utilisent la violence contre elles pour les faire taire tout comme le pouvoir l’utilise pour réprimer le peuple. Très peu sont ceux qui soutiennent le combat des femmes. Ainsi à Alger, lors des manifestations de ce grand mouvement populaire du 22 février, des femmes ont été agressées par des hommes parce qu’elles militaient pour l’égalité Femmes-Hommes. Les Algériens font les éloges des femmes qui s’engagent tous les vendredis pour le changement de l’Algérie, mais n’aiment pas les femmes qui revendiquent leurs droits. Comment peut-on espérer une Algérie nouvelle si les droits humains sont bafoués ? Car ce que réclament les femmes algériennes n’est rien d’autre que le respect des droits humains.
        C’est pour cela que les femmes doivent crier haut et fort aujourd’hui, à l’occasion de ce premier anniversaire de la révolution algérienne en marche : non c’est le moment. C’est le moment que les hommes apprennent à accepter que les femmes soient des êtres humains et des citoyennes à part entière et que la différence de sexe ne justifie aucun privilège social. C’est le moment que l’État arrête de leur mentir en inscrivant dans toutes les Constitutions, depuis celle de 1963, que les citoyens et les citoyennes sont égaux en droits et devoirs et de maintenir en même temps les lois injustes à l’égard des femmes bien inscrites dans le code de la famille. C’est le moment que l’Algérie sorte de l’archaïsme moral, social et culturel, ce qui ne sera possible que si les discriminations envers les femmes sont abolies et que le principe d’égalité est respecté. Les femmes représentent la moitié de la population. Elles construisent pareillement que les hommes l’avenir de l’Algérie, il n’y a aucune raison que les hommes aient plus de droits qu’elles et cela dans tous les domaines.
        Quant à ceux qui parlent au nom de la religion et qui arrivent à convaincre certaines femmes que le statut inférieur qu’on leur impose est une recommandation divine et qu’il n’y a rien à faire que de s’y soumettre, je les invite à lire le Coran pour réaliser que beaucoup de ses versets ne sont pas mis en pratique. Non seulement les musulmans abrogent, consciemment ou inconsciemment, les versets ne répondant pas à leur vision de la société et au regard qu’ils portent sur l’autre, mais aussi ne sont pas tous d’accord quant aux versets qu’il faut abroger, ce qui est une preuve que même la question de l’abrogé nassikh et de l’abrogeant manssoukh est davantage une appréciation personnelle.
        L’argument salafiste, selon lequel les musulmans ne peuvent abroger que ce que les premiers musulmans ont abrogé, ne tient pas. L’esclavage et les règles qui le codifient évoquées par au moins 25 versets n’ont été abolis qu’à l’époque contemporaine. Tous les pays musulmans ont, entre le XIXe siècle et le XXe siècle, décidé d’en finir avec cette pratique, au nom de l’égalité de tous les êtres humains. Pourquoi les musulmans abrogent-ils les règles codifiant l’esclavage au nom des droits humains et refusent-ils d’abroger celles qui maintiennent la femme en situation d’infériorité alors qu’elles vont à l’encontre des mêmes droits humains ?

        Pour justifier l’impossibilité d’annuler la polygamie, les inégalités successorales, l’autorité masculine (qawama) et beaucoup d’autres règles discriminatoires à l’égard des femmes, le discours religieux affirme que ces règles sont évoquées dans des versets explicites. Pourtant beaucoup de règles qui ont été abrogées sont évoquées elles aussi dans des versets explicites. L’Algérie, comme beaucoup de pays musulmans, ne met pas en pratique par exemple le châtiment de la main coupée dicté dans le verset 38 de la sourate 5, La Table Servie, alors qu’il remplit tous les critères d’un verset explicite tels qu’ils sont désignés par les docteurs de la religion.
        Voilà pourquoi les femmes algériennes doivent prendre leur destin en main. Dans quelques jours, ce sera le 8 mars. Cette journée doit être celle d’une protestation des femmes, là où elles sont, pour marquer leur indignation contre l’injustice qu’elles subissent dans leur pays. Elle doit être également une journée de protestation de tous les hommes qui abhorrent les discriminations dont les femmes sont victimes.
        Les femmes algériennes ne peuvent pas attendre que le patriarcat reconnaisse leurs droits. Elles ne doivent pas attendre que la révolution aboutisse et que les revendications du peuple soient réalisées pour penser aux leurs. Leurs revendications font partie de celles du peuple et l’Algérie nouvelle est impossible sans l’émancipation de la femme ni l’égalité des sexes. Si l’État a pu violer la Constitution algérienne à sa guise, c’est parce que les Algériens ont accepté qu’il la viole au sujet des droits des femmes. C’est pour cela que le combat des femmes pour leurs droits est dans le fond également un combat pour les droits des hommes.
        Les femmes algériennes représentent la moitié de la société, elles participent avec leurs efforts et leur intelligence à la construction de leur pays, il n’y a aucune raison qu’elles soient des citoyennes de seconde zone. C’est pour cela que la journée internationale pour les droits de la femme doit être une occasion pour exprimer leur indignation, y compris au sein de leurs foyers, pour alerter tous les Algériens quant aux préjudices et l’injustice qu’on leur inflige, pour exiger le respect de leurs droits, et ceux de toutes les femmes, au nom du principe d’égalité y compris l’égalité devant le droit d’être libres.
        Une contribution de Razika Adnani, philosophe et islamologue. Elle est membre du Conseil d’Orientation de la Fondation de l’Islam de France, du Conseil Scientifique du Centre d’Étude du Fait Religieux et du groupe d’analyse de JFC Conseil.

SÉLECTION ASAF -
ARTICLES PARUS EN FEVRIER 2020

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Envoyée Par l'ASAF
BRÈVES

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L'escroquerie historique
de la " légende noire " de la colonisation

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Par Bernard LUGAN
Quand Arte apporte sa pierre à l'escroquerie historique de la " légende noire " de la colonisation

       La chaîne Arte vient de se surpasser dans le commerce de l'insupportable escroquerie historique qu'est la " légende noire " de la colonisation. Or, le bilan colonial ne pourra jamais être fait avec des invectives, des raccourcis, des manipulations et des mensonges.

       Regardons la réalité bien en face : la colonisation ne fut qu'une brève parenthèse dans la longue histoire de l'Afrique. Jusque dans les années 1880, et cela à l'exception de l'Algérie, du Cap de Bonne Espérance et de quelques comptoirs littoraux, les Européens s'étaient en effet tenus à l'écart du continent africain. Le mouvement des indépendances ayant débuté durant la décennie 1950, le XXème siècle a donc connu à la fois la colonisation et la décolonisation.
       Quel bilan honnête est-il possible de faire de cette brève période qui ne fut qu'un éclair dans la longue histoire de l'Afrique ? Mes arguments sont connus car je les expose depuis plusieurs décennies dans mes livres, notamment dans Osons dire la vérité à l'Afrique. J'en résume une partie dans ce communiqué.

       1) Les aspects positifs de la colonisation pour les Africains

       La colonisation apporta la paix
       Durant un demi-siècle, les Africains apprirent à ne plus avoir peur du village voisin ou des razzias esclavagistes. Pour les peuples dominés ou menacés, ce fut une véritable libération.
       Dans toute l'Afrique australe, les peuples furent libérés de l'expansionnisme des Zulu, dans tout le Sahel, les sédentaires furent libérés de la tenaille prédatrice Touareg-Peul, dans la région tchadienne, les sédentaires furent débarrassés des razzias arabo-musulmanes, dans l'immense Nigeria, la prédation nordiste ne s'exerça plus aux dépens des Ibo et des Yoruba, cependant que dans l'actuelle Centrafrique, les raids à esclaves venus du Soudan cessèrent etc.
       A l'évidence, et à moins d'être d'une totale mauvaise foi, les malheureuses populations de ces régions furent clairement plus en sécurité à l'époque coloniale qu'aujourd'hui…

       La colonisation n'a pas pillé l'Afrique
       Durant ses quelques décennies d'existence la colonisation n'a pas pillé l'Afrique. La France s'y est même épuisée en y construisant 50 000 km de routes bitumées, 215 000 km de pistes toutes saisons, 18.000 km de voies ferrées, 63 ports équipés, 196 aérodromes, 2 000 dispensaires équipés, 600 maternités, 220 hôpitaux dans lesquels les soins et les médicaments étaient gratuits. En 1960, 3,8 millions d'enfants étaient scolarisés et dans la seule Afrique noire, 16 000 écoles primaires et 350 écoles secondaires collèges ou lycées fonctionnaient. En 1960 toujours 28 000 enseignants français, soit le huitième de tout le corps enseignant français exerçaient sur le continent africain.
       Pour la seule décennie 1946 à 1956, la France a, en dépenses d'infrastructures, dépensé dans son Empire, donc en pure perte pour elle, 1 400 milliards de l'époque. Cette somme considérable n'aurait-elle pas été plus utile si elle avait été investie en métropole ? En 1956, l'éditorialiste Raymond Cartier avait d'ailleurs écrit à ce sujet :
       " La Hollande a perdu ses Indes orientales dans les pires conditions et il a suffi de quelques années pour qu'elle connaisse plus d'activité et de bien-être qu'autrefois. Elle ne serait peut-être pas dans la même situation si, au lieu d'assécher son Zuyderzee et de moderniser ses usines, elle avait dû construire des chemins de fer à Java, couvrir Sumatra de barrages, subventionner les clous de girofle des Moluques et payer des allocations familiales aux polygames de Bornéo. "

       Et Raymond Cartier de se demander s'il n'aurait pas mieux valu " construire à Nevers l'hôpital de Lomé et à Tarbes le lycée de Bobo-Dioulasso ".
       Jacques Marseille [1] a quant à lui définitivement démontré quant à lui que l'Empire fut une ruine pour la France. L'Etat français dût en effet se substituer au capitalisme qui s'en était détourné et s'épuisa à y construire ponts, routes, ports, écoles, hôpitaux et à y subventionner des cultures dont les productions lui étaient vendues en moyenne 25% au-dessus des cours mondiaux. Ainsi, entre 1954 et 1956, sur un total de 360 milliards de ff d'importations coloniales, le surcoût pour la France fut de plus de 50 milliards.
       Plus encore, à l'exception des phosphates du Maroc, des charbonnages du Tonkin et de quelques productions sectorielles, l'Empire ne fournissait rien de rare à la France. C'est ainsi qu'en 1958, 22% de toutes les importations coloniales françaises étaient constituées par le vin algérien qui était d'ailleurs payé 35 ff le litre alors qu'à qualité égale le vin espagnol ou portugais était à19 ff.
       Quant au seul soutien des cours des productions coloniales, il coûta à la France 60 milliards par an de 1956 à 1960.

       Durant la période coloniale, les Africains vivaient en paix
       Dans la décennie 1950, à la veille des indépendances, à l'exception de quelques foyers localisés (Madagascar, Mau-Mau, Cameroun) l'Afrique sud-saharienne était un havre de paix.
       Le monde en perdition était alors l'Asie qui paraissait condamnée par de terrifiantes famines et de sanglants conflits : guerre civile chinoise, guerres de Corée, guerres d'Indochine et guerres indo-pakistanaises.
       En comparaison, durant la décennie 1950-1960, les habitants de l'Afrique mangeaient à leur faim, étaient gratuitement soignés et pouvaient se déplacer le long de routes ou de pistes entretenues sans risquer de se faire attaquer et rançonner.

       Soixante-dix ans plus tard, le contraste est saisissant: du nord au sud et de l'est à l'ouest, le continent africain est meurtri :
       - Dans le cône austral, ce qui fut la puissante Afrique du Sud sombre lentement dans un chaos social duquel émergent encore quelques secteurs ultra-performants cependant que la criminalité réduit peu à peu à néant la fiction du "vivre ensemble".
       - De l'atlantique à l'océan indien, toute la bande sahélienne est enflammée par un mouvement à la fois fondamentaliste et mafieux dont les ancrages se situent au Mali, dans le nord du Nigeria et en Somalie.
       - Plus au sud, la Centrafrique a explosé cependant que l'immense RDC voit ses provinces orientales mises en coupe réglée par les supplétifs de Kigali ou de Kampala.

       Si nous évacuons les clichés véhiculés par les butors de la sous-culture journalistique, la réalité est que l'Afrique n'a fait que renouer avec sa longue durée historique précoloniale. En effet, au XIX° siècle, avant la colonisation, le continent était déjà confronté à des guerres d'extermination à l'est, au sud, au centre, à l'ouest. Et, redisons-le en dépit des anathèmes, ce fut la colonisation qui y mit un terme.

       Aujourd'hui, humainement, le désastre est total avec des dizaines de milliers de boat people qui se livrent au bon vouloir de gangs qui les lancent dans de mortelles traversées en direction de la "terre promise" européenne. Les crises alimentaires sont permanentes, les infrastructures de santé ont disparu comme l'a montré la tragédie d'Ebola en Afrique de l'Ouest ou la flambée de peste à Madagascar, l'insécurité est généralisée et la pauvreté atteint des niveaux sidérants.
       Economiquement, et à l'exception d'enclaves dévolues à l'exportation de ressources minières confiées à des sociétés transnationales sans lien avec l'économie locale, l'Afrique est aujourd'hui largement en dehors du commerce, donc de l'économie mondiale, à telle enseigne que sur 52 pays africains, 40 ne vivent aujourd'hui que de la charité internationale

       2) Les conséquences négatives de la colonisation

       La colonisation a déstabilisé les équilibres démographiques africains
       La colonisation a mis un terme aux famines et aux grandes endémies. Résultat du dévouement de la médecine coloniale, la population africaine a été multipliée par 8, une catastrophe dont l'Afrique aura du mal à se relever.
       En effet, le continent africain qui était un monde de basses pressions démographiques n'a pas su " digérer " la nouveauté historique qu'est la surpopulation avec toutes ses conséquences : destruction du milieu donc changements climatiques, accentuation des oppositions entre pasteurs et sédentaires, exode rural et développement de villes aussi artificielles que tentaculaires, etc.

       La colonisation a donné le pouvoir aux vaincus de l'histoire africaine
       En sauvant les dominés et en abaissant les dominants, la colonisation a bouleversé les rapports ethno-politiques africains. Pour établir la paix, il lui a en effet fallu casser les résistances des peuples moteurs ou acteurs de l'histoire africaine.
       Ce faisant, la colonisation s'est essentiellement faite au profit des vaincus de la " longue durée " africaine venus aux colonisateurs, trop heureux d'échapper à leurs maîtres noirs. Ils furent soignés, nourris, éduqués et évangélisés. Mais, pour les sauver, la colonisation bouleversa les équilibres séculaires africains car il lui fallut casser des empires et des royaumes qui étaient peut-être des " Prusse potentielles ".

       La décolonisation s'est faite trop vite
       Ne craignons pas de le dire, la décolonisation qui fut imposée par le tandem Etats-Unis-Union Soviétique, s'est faite dans la précipitation et alors que les puissances coloniales n'avaient pas achevé leur entreprise de " modernisation ".
       Résultat, des Etats artificiels et sans tradition politique ont été offerts à des " nomenklatura " prédatrices qui ont détourné avec régularité tant les ressources nationales que les aides internationale. Appuyées sur l'ethno-mathématique électorale qui donne automatiquement le pouvoir aux peuples dont les femmes ont eu les ventres les plus féconds, elles ont succédé aux colonisateurs, mais sans le philanthropisme de ces derniers…

       Les vraies victimes de la colonisation sont les Européens
       Les anciens colonisateurs n'en finissent plus de devenir " la colonie de leurs colonies " comme le disait si justement Edouard Herriot. L'Europe qui a eu une remarquable stabilité ethnique depuis plus de 20 000 ans est en effet actuellement confrontée à une exceptionnelle migration qui y a déjà changé la nature de tous les problèmes politiques, sociaux et religieux qui s'y posaient traditionnellement.
       Or, l'actuelle politique de repeuplement de l'Europe est justifiée par ses concepteurs sur le mythe historique de la culpabilité coloniale. A cet égard, la chaîne Arte vient donc d'apporter sa pierre à cette gigantesque entreprise de destruction des racines ethniques de l'Europe qui porte en elle des événements qui seront telluriques.
Bernard LUGAN
(L'Afrique réelle) contact@bernard-lugan.fr
Site : www.asafrance.fr
[1] Jacques Marseille, Empire colonial et capitalisme français, histoire d'un divorce. Paris, 1984. Dans ce livre Marseille évalue le vrai coût de l'Empire pour la France.
Lire : Osons dire la vérité à l'Afrique de Bernard Lugan
https://www.asafrance.fr/archives/resultats-de-recherche-archives/item/bernard-lugan-l-escroquerie-historique-de-la-legende-noire-de-la-colonisation.html


Macron au pied du mur...
par M. Michel Onfray
Envoyé par M. H. Jolivet


           PHASE 1

           Il ne fallait pas être grand clerc pour comprendre que, la Chine ne passant pas pour très économe de la vie de ses citoyens, le confinement de l’une de ses villes de plusieurs millions d’habitants par les autorités communistes témoignait de facto en faveur de la gravité de cette crise du coronavirus. Je l’ai pour ma part fait savoir sur un plateau de télévision fin janvier. Ce pays, dont il est dit qu’il prélève dans les prisons les condamnés à mort, qu’il exécute afin de vendre leurs organes frais au marché noir des transplantations partout sur la planète, n’est pas connu pour son humanisme, son humanité et son souci des hommes concrets. C’est le moins qu’on puisse dire… En prenant ces mesures, il disait à qui réfléchissait un peu qu’il y avait péril en sa demeure, donc en la nôtre. Qui l’a vu ? Qui l’a dit ? Qui a compris cette leçon ? La plupart ont vu et dit ce que les agents de l’État profond disaient qu’il fallait voir et dire.

           Mais, comme pour illustrer la vérité de la sentence qui dit que le sage montre la lune et que l’imbécile regarde le doigt , il y eut quantité de prétendus sachants pour gloser sur le doigt et oublier la lune : c’était une gripette, elle ferait moins de morts qu’une vraie grippe ; la véritable épidémie, c’était la peur des gens – et les intellectuels et les journalistes du régime libéral en profitaient pour rejouer la scie musicale du peuple débile et de la sagacité des élites…

           Pendant que la populace achetait des tonnes de papier toilette, ce qui permettait d’avouer qu’elle avait, disons-le comme ça, le trouillomètre à zéro, les comités de scientifiques invisibles chuchotaient à l’oreille du président ce qu’il convenait de faire entre gestion de l’image présentielle et santé publique, proximité des élections municipales et mesures d’hygiène nationale, situation dans les sondages et décisions prophylaxiques. Un mélange de Sibeth Ndiaye et de docteur Knock fabriquait alors la potion infligée par clystère médiatique au bon peuple de France. Nul besoin de préciser qu’il s’agissait d’une soupe faite avec une poudre de perlimpinpin aussi efficace qu’un médicament commandé sur internet… en Chine!

           Quel était cette potion magique ? Une grande admonestation libérale, un genre de leçon de chose prétendument antifasciste. Il s’agissait de montrer aux abrutis de souverainistes la grandeur de l’idéologie maastrichienne : plus de frontières, libre circulation des hommes, donc des virus! Les chinois étaient contaminés mais ils n’étaient pas contaminants : nous étions immunisés par la beauté du vaccin de Maastricht ! Pendant qu’ils fermaient leurs frontières, nous ouvrions les nôtres plus grand encore – si tant est que cela puisse être encore possible… Nous nous offrions au virus.

           Voilà pourquoi, sur ordre du chef de l’État, le gouvernement français s’est empressé d’aller chercher sur place les expatriés français qui travaillaient en Chine. On n’est jamais mieux servi que par soi-même : si l’on devait se trouver contaminés, qu’au moins ce soit en allant nous-mêmes chercher le virus sur place et le ramener en France. Mais pas n’importe où en France, non, pas à Paris, bien sûr, ni au Touquet, mais en province qui est, en régime jacobin, une poubelle ou un dépotoir dont on se souvient toujours dans ces cas-là. Une première livraison s’est faite dans le dos du maire d’une commune du sud de la France, une seconde en Normandie où nous avons l’habitude des débarquements.

           La mode à l’époque, nous étions dans le premier acte de cette histoire, consistait à rechercher le client zéro : celui qu’il aurait fallu confiner chez lui pour que rien n’ait lieu, un genre de bouc émissaire à traire. C’était chercher la première goutte du raz-de-marée avec le projet de l’enfermer dans une bouteille afin que la catastrophe n’ait pas lieu.

           Il fut dit que, peut-être, ce numéro zéro serait à chercher sur la base militaire d’où étaient partis les soldats français missionnés pour aller taquiner le virus chinois sur place avant de rentrer chez eux. Que croyez-vous qu’il advint à ces militaires ayant été au contact de gens immédiatement mis en quarantaine après leur retour de l’empire du Milieu ? Ils ont été renvoyés chez eux en permission… Pas question de les mettre en quarantaine ! Quelle sotte idée c’eut été! Qu’on aille donc pas chercher aujourd’hui le client zéro car il se pourrait bien qu’on puisse obtenir des informations qui nous permettraient demander des comptes au ministre de la défense et au chef des armées auxquels il a obéi.

           PHASE 2

           L’acte deux a été guignolesque : le tsunami arrivait et on lui avait creusé des voies d’accès sous forme de canaux à gros débits, et ce avec l’aide du génie militaire français. S’y est ajouté le génie du chef de l’État. Le grand homme, qui se prenait pour de Gaulle et Gide en même temps, mais aussi pour Stendhal (on est beylien ou on ne l’est pas) nous a délivré la parole jupitérienne : il fallait se laver les mains, éviter la bise et éternuer dans son coude – j’imaginais qu’anatomiquement il était plus juste d’envoyer ses postillons dans le pli de son coude car je me suis luxé l’épaule en essayent d’éternuer « dans » mon coude… Du savon, du gel et un coude : nous étions prêts, comme en 40, le virus n’avait qu’à bien se tenir.

           Il a continué à progresser bien sûr. Et le pouvoir a fait semblant d’estimer que le plus urgent était toujours de savoir qui avait postillonné le premier. Il n’y avait pas de foyers d’infection mais des « clusters », ce qui changeait tout. Il s’agissait en effet de ne pas donner raison aux benêts qui estiment, comme moi, qu’un peuple n’est pas une somme d’individus séparés, comme les monades de Leibniz, ce qui est l’idéologie libérale, mais une entité qui est elle-même une totalité. Aller chercher le virus en Chine c’était une fois encore estimer que la minorité (d’expatriés) pouvait imposer sa loi à la majorité (du peuple français). Que périsse le peuple français, mais les maastrichtiens n’allaient tout de même pas donner tort à leur idéologie alors que le réel invalidait déjà leurs thèses dans les grandes largeurs!

           L’élément de langage maastrichtien fut : « le virus ignore les frontières » – comme Macron et les siens, qui les ignorent tout autant… La plume du chef de l’État lui a même fourbi la formule adéquate: « Le virus n’a pas de passeport »- on dirait un titre de San-Antonio.
           Tous les pays qui, comme Taïwan ou Israël (dont on n’a pas parlé, un pays qui, lui, a le sens de son peuple), ont décidé la fermeture des frontières, sont passés pour des populistes, des souverainistes, des illibéraux, des passéistes qui n’avaient rien compris à la grandeur nihiliste du progressisme.

           Or, ces faux progressistes vrais nihilistes n’aspirent qu’à une seule chose: le gouvernement planétaire d’un État universel où les techniciens (les fameux scientifiques, comme il y en aurait au GIEC ou dans ce comité invisible qui conseille (!) Macron) gouverneraient le capital en faisant l’économie des peuples.
           Le coronavirus leur donne une autre leçon politique : la suppression des frontières, c’est la possibilité, pour tout ce qui menace contamination, de se répandre à la vitesse de la lumière… Le virus n’ignore pas les frontières, mais les frontières savent et peuvent le contenir.

           PHASE 3

           La preuve, le troisième acte décidé par… Emmanuel Macron lui-même. Dans un premier temps, le Président tire une salve pendant un long monologue d’une demi-heure : fermeture des crèches, des écoles, des collèges, des lycées, des universités, réduction des contacts avec autrui, en priorité les personnes âgées.
           Et puis, bien sûr, le coude et le savon, le gel et la bise, des armes de destruction massive.

           Or, qu’est-ce que ce confinement sinon l’invitation à fabriquer autant de frontières qu’il y aura de Français ? La frontière nationale n’est pas bonne, mais la frontière qui sépare de son prochain est présentée comme la solution, la seule solution nous dit-on. Le virus qui ignore les frontières se trouve donc tout de même contenu par les frontières pourvu qu’elles soient érigées par chacun contre son prochain pensé comme un contaminateur potentiel. Ce qui marcherait pour les monades ne marcherait donc pas pour les États ! Étrange paralogisme …

           Il faut donc radicalement éviter les contacts et les brassages, il faut donc remettre ses voyages et ses déplacements, il faut donc rester le plus possible chez soi, mais mais mais : le premier tour des élections municipales n’est pas reporté ! Comprenne qui pourra ! On dit que Gérard Larcher, président du Sénat, se serait opposé au report des élections : mais qui est ce monsieur auquel le président de la République mange dans la main ? Quel est son pouvoir ? Des dizaines de millions d’électeurs sont donc invités à se ruer en direction de lieux confinés, les bureaux de vote, dans lesquels, tout le monde en conviendra, on évite les contacts et les brassages et on montre qu’on doit préférer rester chez soi pour éviter les promiscuités.

           Le lendemain, quelques heures après la prise de parole présidentielle, le Premier ministre est envoyé au front pour enfoncer le clystère plus profond : fermeture des cafés, des restaurants, des boîtes de nuit, des musées, des bibliothèques, de tous les lieux publics, etc. Mais, toujours : maintien du premier tour des élections municipales. On se lavera les mains avant et après, on respectera une distance d’un mètre avec son voisin, puis on mettra son bulletin dans l’urne. Il faudra bien empoigner le rideau à pleine main pour l’écarter afin d’entrer dans l’isoloir, mais aucun risque – le savon veille… Magique !

           Que s’est-il passé le lendemain du jour de la décision de ce presque couvre-feu? il faisait beau, dans les rues de Paris, des gens ont fait leur footing, d’autres se sont un peu dévêtus pour prendre le soleil près du canal Saint-Martin, certains faisaient du vélo ou du roller, de la trottinette aussi. Ils transgressaient la loi ? Et alors ? Pas un seul policier n’a verbalisé qui que ce soit.
           Tout le monde se moque de l’État qui n’a plus d’autorité et plus aucun moyen de faire respecter l’ordre républicain ! La peur du gendarme est une vieille lune qui a rejoint celle des dragons et du diable ! De la même manière qu’une jeune fille porte un voile musulman en présence de Macron (ce qui est formellement interdit par la loi) et que rien ne se passe, le mépris affiché des décisions du chef de l’État témoignent de la déliquescence dans lequel se trouve le pays et dans quel mépris est tenue la parole de cet homme.

           Les libéraux et leurs cervelles soixante-huitardes voulaient des monades et des consommateurs en lieu et place de citoyens et de républicains ? ils les ont… Ils souhaitaient jouir sans entraves ? ils jouissent sans entraves… Ils affirmaient qu’il était interdit d’interdire ? ils se croient résistants en se faisant la bise… Ils croient toujours que CRS=SS ?
           Ils n’auront pas même vu la queue d’un policier municipal à vélo ou en mobylette, sinon en roller, pour leur rappeler que Jupiter dans son Olympe a décidé qu’il fallait éternuer dans son coude. Olympien comme le comédien d’un club de théâtre dans un lycée, Emmanuel Macron a dit: « Ce que révèle d’ores et déjà cette pandémie, c’est que la santé gratuite, sans condition de revenus, de parcours ou de profession, notre État-providence, ne sont pas des coûts ou des charges, mais des biens précieux, des atouts indispensables quand le destin frappe. »
           Et puis ceci: « Ce que révèle cette pandémie, c’est qu’il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché. » Quel talent ! Quel menteur ! Quel bouffon ! Mais quel mauvais comédien…

           Cet homme qui a mis sa courte vie au service du Veau d’Or fait semblant aujourd’hui de découvrir que piétiner l’intérêt général, conchier le bien public, compisser la santé dans les hôpitaux quand elle était pilotée par les comptables, ce n’étaient peut-être pas exactement les bons choix ! Qui croira cet hypocrite dont toute la politique depuis qu’il est au pouvoir consiste à détruire le système de santé (et de retraite) français ? C’est la quintessence du projet politique libéral mené sans discontinuer par les présidents de la V° république depuis la mort du général de Gaulle.

           Quiconque écoute les personnels de santé depuis des mois (ils sont en grève depuis un an…) sait qu’en temps normal, avec cette politique libérale, ils sont débordés et impuissants tant l’hôpital public est malade sinon mourant. Qui pourra croire que la France est en état de recevoir un afflux massif de malades du coronavirus alors que la congestion était déjà là avant l’épidémie ?

           Ce qui est dit par quelques spécialistes de la santé c’est, je vais l’exprimer de façon brutale, que lors du pic à venir, phase 4, nommons-là comme ça, il faudra, faute de places pour tous, trier les arrivants et laisser les vieux à leur sort, donc à la mort… Voilà où mène le libéralisme initié par Pompidou & Giscard, augmenté par Mitterrand en 1983, accéléré par le traité de Maastricht en 1992 et tous ceux qui, droite et gauche confondues, communient dans cette idéologie, puis par Macron qui, depuis son accession à l’Élysée, a voulu activer ce mouvement à marche forcée.

           Voici une autre leçon donnée par cette crise, en dehors d’apprendre l’impéritie du chef de l’État: les caisses sont vides quand il s’agit d’augmenter le SMIC ou le salaire des plus modestes ; elles le sont quand ces mêmes personnes doivent être soignées (on ne compte plus ceux qui ont renoncé à s’occuper de leurs dents, de leur ouïe, de leur vue à cause de leur pauvreté ; elles le sont quand il faut se soucier des paysans dont l’un d’entre eux se suicide chaque jour ; elles le sont quand il faut construire des écoles ou des universités, doter les hôpitaux de matériel performant, humaniser les prisons, recruter des fonctionnaires, financer la recherche scientifique dont nous aurions bien besoin aujourd’hui, laisser ouvertes des écoles de campagne, maintenir en vie les lignes de chemins de fer en dehors des grandes villes et des grands axes ; elles le sont quand il faudrait se donner les moyens de récupérer la multitude de territoires perdus de la République), elles le sont si souvent quand il faudrait construire une République digne de ce nom.

           Mais il y a de l’argent pour faire face à cette crise économique qui s’annonce…
           Tous ces gens mis au chômage technique par cet état de siège seront payés – par les assurances chômage. C’est bien sûr très bien, mais il y avait donc de l’argent… Plus un café, plus un restaurant, plus un lycée, plus une école, plus un commerce, sauf liste donnée, plus un cinéma, plus une salle de spectacle ne sont ouverts, mais Macron nous assure que « l’État prendra en charge l’indemnisation des salariés contraints de rester chez eux ».
           Mais alors, bonne nouvelle : l’État existe encore ? Il peut fonctionner ?
           Il sait faire autre chose que prélever les impôts et recouvrer les amendes ?
           Il sait faire autre chose qu’envoyer sa police et son armée tabasser les gilets-jaunes ?
           Il sait faire autre chose que de subventionner des médias publics pour diffuser massivement l’idéologie maastrichtienne ? Il sait faire autre chose que de libérer les élus délinquants renvoyés chez eux ?

           Vraiment ? Ce virus fait donc dire des bêtises à Macron: on pourrait donc être solidaires et fraternels en France ? On pourrait estimer que le consommateur hédoniste n’est pas l’horizon indépassable de notre modernité et qu’on peut aussi être un citoyen responsable ? On pourrait trouver de l’argent public pour financer des solidarités nationales au-delà des habituels bénéficiaires ? Il y a là matière à révolution: il est bien certain qu’Emmanuel Macron est le dernier homme pour la réaliser.
           Après le virus, il faudra y songer.
           En attendant, l’Allemagne ferme ses frontières avec trois pays, dont la France !
           Maastricht tousse, crache et menace l’embolie.

           Michel Onfray
           17 mars 2020



Le Doc en mode combat
Par le Docteur Philippe Paux - 26/03/2020
Envoyé par Mme Bouhier

         Nous sommes nombreux parmi les anciens marins à nous étonner du procès qui est fait à la Nivaquine. A Madagascar nous avons, y compris les enfants, pris chaque jour, sauf le dimanche, un comprimé de Nivaquine. Au prix d'un trésor d'imagination pour faire ingurgiter ce comprimé au goût dégueulasse.. Nous étions nombreux les métropolitains à Diego Suarez et jamais nous n'avons entendu parler de problèmes occasionnés par la Nivaquine. Il y en a peut-être eu chez certains mais pas au point où, hier, j'ai entendu un ponte parisien déblatérer sur les contre-indications de ce médicament. En l'écoutant on devrait tous être aveugles aujourd'hui et atteints de bien d'autres infirmités.
         Voici le témoignage d'un Médecin en chef (er) des Troupes de Marine. A partir de son expérience il raconte avec humour les vertus de la Chloroquine ou Nivaquine.


         Chloroquine, je t'aime moi non plus….

         J’ai une longue histoire d’amour et de haine avec la Chloroquine. Elle débute dans les années 1981, sur les bancs de l’Institut de Médecine Tropicale du Service des Armées, le Pharo à Marseille. Cet institut est pour moi le parangon des écoles de formation à l’exercice de la médecine tropicale. Pendant un an, c’est le dur apprentissage de toutes les maladies exotiques, les soins de santé primaire, l’épidémiologie, la chirurgie d’urgence, la chirurgie de la lèpre, avec à l’issue un concours très sélectif.
         Le paludisme est l'un des sujets les plus étudiés, il est vrai, que la maladie est bien connue dans cette école de santé militaire, le découvreur du parasite et prix Nobel étant l'illustre médecin militaire Alphonse Laveran.

         Très indiscipliné, un peu blagueur, j’étais dans le collimateur d’un des professeurs de médecine tropicale et bien sûr le jour du grand oral, il m’interroge sur un sujet tortueux et improbable. Je m’en souviens encore, car ma note injuste et vengeresse de 5 sur 20 m’avait profondément humiliée. "Action protéolytique de la Chloroquine au niveau intra-érythrocytaire sur plasmodium falciparum" – excusez du peu. Ma carrière de médecin tropicaliste commençait à peine et la chloroquine m'avait déjà fait mal.

         C'est lors d'une mission en tant que médecin du fleuve Maroni en Guyane que je rencontre pour la première fois Dame Chloroquine. Notre rencontre fut catastrophique, non pas sur le plan physique, car finalement d'un aspect classique, un peu pâle peut-être et à la rondeur maigrichonne, mais alors son goût, quelle merde !

         C'est une expérience inoubliable d'avoir en bouche, Dame Chloroquine , tant son goût est immonde, certainement le plus horrible que j’ai eu la malchance de rencontrer, son amertume caustique et sa saveur acerbe mériteraient le déclassement immédiat des trois étoiles de notre ami Goujon à Fontjoncouse et la prison pour attentat à la saveur. J'ai mis plusieurs années à comprendre pourquoi, cette saveur immonde, poacre et nauséeuse faisait fuir le commun des mortels : empêcher son absorption en plus grande quantité, car Dame Chloroquine tue et assassine quand elle est avalée en excès.

         C'est aussi une expérience inoubliable d'avoir à soigner, traiter et soulager fièvre et sueur, frissonnement et frémissement, tremblement et tressaillement avec quelques comprimés de Dame Chloroquine que l'on nommera maintenant de son vrai nom Nivaquine, un nom plus féminin et donc plus doux. Médicament miracle du "grand sorcier blanc", il l'a été alors, et à Apatou, à Gran Santi, à Maripasoula, à Saul, les tribus d'indiens Wayanas ou Emerillons, les "Noirs Marrons" du Surinam n'avaient d'yeux, non pas pour le Doliprane, non pas pour le Lexomil, mais simplement, que pour le cachet magique du "grand sorcier blanc" que j'étais alors.
         Une transpiration frissonnante et frémissante et, vite, un traitement de 5 comprimés 5 cinq jours de Nivaquine et fini les maux insupportables dans les suites immédiates. Quelques mois de pirogues sur les eaux tumultueuses du fleuve tempétueux à distribuer ces presque bonbons blancs ont marqué mon début d'un amour sans fin pour ce que qu'ils avaient : un pouvoir miraculeux sur les hommes tremblant en chaude inconfort pour certain ou malédiction tremblante du Dieu Nature pour les autres.

         L'histoire continue sur un autre continent. La belle et imprévisible Afrique, où pendant plusieurs années le "grand sorcier blanc" va sévir en Côte d'Ivoire et constater toujours le pouvoir magique de Mme Nivaquine. Hélas, une diminution de ses capacités à détruire le méchant parasite, transmis par un méchant moustique femelle buvant le sang des hommes afin de nourrir ses œufs, apparaît. Dame nature qui n'a jamais aimé la contradiction et jalousant certainement un succès qu'elle jugeait imméritée va tout faire pour casser le pouvoir prodigieux et prestigieux de Mme Nivaquine. C'est ainsi que nous assistons au mariage de Dame Chloroquine et de Sieur Proguanil, s'appelant maintenant et communément Savarine. A deux, il est plus facile de lutter contre ce méchant parasite qui tue toujours et anéanti encore.
         Néanmoins, Mme Nivaquine exerce toujours une immense emprise sur les peuples ivoiriens, Baoulé ou Bété, Sénoufo ou Malinké, Dan ou Dida, et beaucoup d'autres peuples. Elle sert d'ailleurs souvent d'échange coutumier ou de monnaie, tant au marché de Bouaké ou de Korhogo que sur les contrôles policier ou douanier "Bakchich ou plutôt don charitable pour ne pas dire corruption".

         Mais Dame Chloroquine, je t'aime moi non plus, car tu tues aussi, tu butes, tu fusilles, car poison tu es et poison tu resteras. Combien sommes-nous médecins tropicaux ou sous les tropiques à avoir constaté intoxications mortelles volontaires ou accidentelles à la tant aimée Nivaquine. J'ai toujours en mémoire cette enseignante, jolie dame à la quarantaine enjouée, sereine et épanouie, qui par un geste d'appel à une souffrance de cœur, a avalé une dizaine de comprimés, comme elle aurait pris une dizaine de Lexomil. Sa fin fatale sous mes yeux attristés en regard des siens implorant son sauvetage, puis mes mains massant son cœur arrêté par la faute de Dame Chloroquine m'ont terriblement touché. C'est aussi Dame Chloroquine qui a privé ma tendre et chère épouse et votre Doc dévoué, de la naissance d'un enfant à venir. Dame Chloroquine je t'ai haï alors.

         Les années passent et les missions en Afrique perdurent et du Tchad au Gabon, du Congo au Mali de la Centre-Afrique au Sénégal, du Burkina au Cameroun, le pouvoir de Dame Chloroquine est toujours intact pour leurs peuples pauvres et disetteux et combien de fois le "grand sorcier blanc" d'une main généreuse et un peu voleuse de l'état français distribuait de sa propre dotation le cachet miracle, comme les publicitaires du Tour de France distribuent les gadgets pour les enfants et les grands enfants.
         Médecine généreuse sans aucune efficacité sur les formes graves de paludisme tant la résistance à la Chloroquine en Afrique est grande, je l'ai pratiqué année après année et je continue à penser que la Chloroquine par son prix dérisoire a aidé des millions d'êtres humains à se protéger d'une maladie loin d'être plus meurtrière et assassine que notre CoVID -19 (220 millions de malades et 400 000 morts par an), mais cela est une autre histoire.

         Maintenant en ces jours difficiles, un nouveau combat débute contre une force terriblement folle, insidieuse et cauteleuse. Contrairement au paludisme qui est une maladie transmise par un ennemi visible, le moustique se prénommant Anophèle, injectant un parasite le plasmodium, l'infection à COVID-19 est particulièrement perfide et insidieuse. Son virus est transporté et diffusé par quelques milliers de minuscules gouttelettes de salive que l'on nomme Flügge, nom aussi barbare que le virus qu'elles transportent. Celles-ci se déposent partout et dès qu'elles pénètrent à travers les voies aériennes nez, bouche et œil (par le canal au doux nom de lacrymonasal), les poumons vont se défendre corps et âme contre cet hôte indésirable, car terriblement agressif sur ses alvéoles.
         Et alors, et alors? Hé, Hé la chloroquine est arrivée... éée!
         Non elle est plutôt revenue.
         Que de débats, de positions, de bla-bla sur Dame Chloroquine.

         Et voilà que revient un nom, le Professeur Didier Raoult. Je le connais un peu depuis longtemps (1981) et de loin car croisé lors de nos études en médecine tropicale à Marseille. Puis quelques cas de rickettsioses dans les suites de ma carrière m'ont mis en rapport avec lui. Par la suite, j'ai toujours suivi intellectuellement sa carrière, formidable au demeurant, son curriculum par ses publications est probablement le plus imposant en quantité de la vie médicale. Je l'ai suivi ces dernières années par ses articles sur le journal Le Point et ses prises de position à l'encontre de beaucoup d'idées reçues comme l'utilisation à contre-courant des antibiotiques à titre systématique, son doute affirmé devant le réchauffement climatique et ses conséquences, voilà ses deux plus connus contrepieds à la "Neymar". J'ai été aussi très heureux que ma fille fasse son internat dans son service à la Timone et ait comme meilleures amies ses proches collaboratrices.
         Un seul mot sur lui, "Grand sorcier blanc": "atypique" point à la ligne.
         Et alors, et alors : que faut-il en penser de Dame Chloroquine?

         Il ne faudra pas s'étonner que des dizaines d'années de médecine de guerre et de médecine tropicale m'ont convaincu que le maitre mot dans ce type d'hécatombe mortelle et funeste est le pragmatisme. OUI à l'utilisation de la chloroquine sous COUVERTURE SPECIALISEE.

         OUI, Il faut donner la CHLOROQUINE au bon moment, jamais tout de suite. Car sa fonction anti-inflammatoire est préjudiciable en début d'infection (action sur les cytokinine et l'interféron). Laissons donc nos propres défenses immunitaires gagner le combat. Mais à partir du moment où elles sont dépassées, là où l'inflammation explose et dépasse sa simple fonction de défense, il faut agir. C'est au moment où les premiers signes d'atteinte pulmonaire au scanner apparaissent, que l'on peut (doit?) donner cette ancienne potion magique. Ceci découle du plus simple pragmatisme en période de guerre et d'extrême urgence sociétale. C'est celui du petit "grand sorcier blanc" retrouvé.

         A titre personnel, comme beaucoup de médecins, je suis paré à me traiter dès les premiers signes objectifs d'atteinte pneumonique, mais pas avant. JAMAIS à TITRE PREVENTIF au moindre rhume, toux ou fièvre.

         Voilà la position d'un médecin de terrain, d’un petit gradé dans la hiérarchie de la médecine exerçant loin des salons feutrés où la médecine se chuchote et a besoin de multiples et complexes ordinateurs, longues études étendues et courbes diverses. J'ai appris de Mopti à Bobo-Dioulasso, de Grand Bassam à Bouaké, de Korhogo à Brazzaville, de Bangui à Ndjamena, de Moundou à Bardai, de Tchibanga à Maripasoula, de Camopi à Grand Santi, et de mon petit cabinet de Carcassonne, que Dame Chloroquine à dose adaptée n'est pas dangereuse et pourquoi pas, comme mon illustre Maître et Confrère Didier Raoult, l'utiliser à bon escient, au bon moment, à la bonne dose et sous la surveillance de spécialistes.

         Dame Chloroquine, je t'aime aujourd'hui et je t'aimerai peut-être à l'infini, l'avenir proche, nous le dira….
         Fermez le ban

         Le Doc en mode combat

         PS/ Pour mes amis consœurs, confrères mieux vaut utiliser la forme d'hydroxychloroquine (Plaquenil) que la chloroquine brute (Nivaquine), car plus active sur l'inflammation. La chloroquine et l’hydroxychloroquine bloquent les réponses lymphocytaires T à la stimulation induite par les mitogènes et inhibent la production de certaines cytokines, d’interféron a et de facteur de nécrose tumorale (TNFa). Est-ce pour cela qu'elles pourraient être efficaces sur ce tsunami sanitaire ? J'aurais aimé poser cette question à celui qui m'a humilié d'un 5 sur 20, il y a de nombreuses années….


PS/Pour mes amis des Troupes de Marine et de la Légion, vous avez certainement vu le clin d'œil à nos missions Maroni sur la photo avec "un ti décolage, la ti-la goute, le pété pied", seule la qualité du rhum a changé.



LIVRE D'OR de 1914-1918
des BÔNOIS et ALENTOURS

Par J.C. Stella et J.P. Bartolini


                            Tous les morts de 1914-1918 enregistrés sur le Département de Bône méritaient un hommage qui nous avait été demandé et avec Jean Claude Stella nous l'avons mis en oeuvre.

             Jean Claude a effectué toutes les recherches et il continu. J'ai crée les pages nécessaires pour les villes ci-dessous et je viens d'ajouter Petit, Clauzel, Gelât Bou Sba, Héliopolis, des pages qui seront complétées plus tard par les tous actes d'état civil que nous pourrons obtenir.

             Vous, Lecteurs et Amis, vous pouvez nous aider. En effet, vous verrez que quelques fiches sont agrémentées de photos, et si par hasard vous avez des photos de ces morts ou de leurs tombes, nous serions heureux de pouvoir les insérer.

             De même si vous habitez près de Nécropoles où sont enterrés nos morts et si vous avez la possibilité de vous y rendre pour photographier des tombes concernées ou des ossuaires, nous vous en serons très reconnaissant.

             Ce travail fait pour Bône, Aïn-Mokra, Bugeaud, Duvivier, Duzerville, Herbillon, Kellermann, Millesimo, Mondovi, Morris, Nechmeya, Penthièvre, Randon, Kellermann et Millesimo, va être fait pour d'autres communes de la région de Bône.
POUR VISITER le "LIVRE D'OR des BÔNOIS de 1914-1918" et ceux des villages alentours :

CLIQUER sur ces adresses : Pour Bône:

http://www.livredor-bonois.net

             Le site officiel de l'Etat a été d'une très grande utilité et nous en remercions ceux qui l'entretiennent ainsi que le ministère des Anciens Combattants qui m'a octroyé la licence parce que le site est à but non lucratif et n'est lié à aucun organisme lucratif, seule la mémoire compte :

http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr

                         J.C. Stella et J.P.Bartolini.
 


NOUVELLES de LÁ-BAS
Envois divers

Les origines du peuple amazigh

Envoyé par Pierre
https://www.elwatan.com/pages-hebdo/etudiant/les-origines-du-peuple-amazigh-16-01-2019

Par El Watan par MEZHOURA SALHI 16 JANVIER 2019

Elles semblent remonter à la plus haute antiquité

             Rares sont les peuples comme celui amazigh dont les origines ont été recherchées avec autant de constance et d’imagination, depuis la plus haute Antiquité. Elles semblent remonter à une très haute Antiquité, malgré le silence des sources. Au cours du deuxième millénaire, les royaumes se formèrent, alors que la population était en partie sédentaire et en partie nomade.
             Il y a l’hypothèse d’une certaine organisation sociale et politique en Afrique du Nord au temps des premières navigations phéniciennes. Au Ve siècle avant J.-C., Hérodote connaissait des rois libyens, comme le roi Adicran. Il signale aussi l’existence de la royauté libyenne. Il s’agit des Adyrmachides, dont les territoires confinent avec le royaume des Pharaons.
             Il parle de cette population libyenne : «Ils présentent au roi les jeunes filles qui vont se marier, si quelqu’une plaît au roi, c’est lui qui la déflore.» Pour Hérodote, il n’y avait en Afrique du Nord que des Libyens. Ils formaient l’ancienne race indigène, puis venaient les Numides, qui habitaient une grande partie de la Libye jusqu’au désert.

             C’est au IVe siècle avant J.-C. que la situation commence à s’éclaircir, notamment pour la Mauritanie et la Libye. La fondation du royaume de Numidie par les Gétules, probablement vers le début du IIIe siècle avant J.-C., ouvrit une nouvelle période de l’histoire des royaumes libyens, c’est la période de leur apogée, qui s’étendit de Massinissa à Ptolémée.
             Dans les Etats qui se formèrent en Berbérie avant la conquête romaine, la royauté était surtout un commandement guerrier. Il convenait qu’elle fut exercée par les hommes, elle était héréditaire. En revenant à leur origine, on trouve beaucoup d’hypothèses, Hérodote parle d’une race libyenne regroupant de nombreuses peuplades, la population du nord de la Libye serait divisée en tribus, ou plutôt en fédérations de tribus et en clans, qui avaient chacune son nom, son territoire, son passé et son destin.
             L’ethnique utilisée par Hérodote pour designer les autochtones et le nom géographique de la contrée appartient à la même racine : «La Libye désigne parfois tout le continent africain et les Libyens sont ceux qui habitent le long de ses côtes septentrionales.» Selon l’historien Halicarnasse, les Auses, les Nasamons, les Garamantes, les Maxyes, les Zaueces, les Loliphages, etc, appartiendraient tous à la même race libyenne.
             Ces groupements se sont constitués sous le poids des besoins de la vie sociale, de la défense, de l’attaque, ainsi que par d’autres impératifs dictés par la nécessité de vivre dans une communauté solidaire. Pour Salluste, les Libyens et les Gétules comptent parmi les premiers habitants de l’Afrique du Nord.
             Plus tard, les Mèdes, les Arméniens et les Perses, conduits par Hercule en Espagne, passèrent en Afrique et se mêlèrent aux Libyens, les Perses avec les Gétules. Les Mèdes et les Libyens, bientôt confondus sous le nom de Maures, eurent de bonne heure des villes et échangèrent des produits avec l’Espagne, ils étaient les ancêtres des sédentaires. Les Gétules et les Perses, condamnés à une vie errante, prirent le nom de «Nomades».

             Cependant, la puissance de ces derniers s’accrut rapidement, et sous le nom de «Numides», ils conquirent tout le pays jusqu’au voisinage de Carthage. Salluste rapporte cette légende d’après une tradition qui lui aurait été faite des livres puniques du roi Hiempsal II, d’après Stephan Gsell. Il distingue deux peuples connus comme premiers habitants de l’Afrique, les Gétules et les Libyens auraient été les plus anciens peuples de cette contrée.
             L’Egypte pharaonique semble avoir connu très tôt le peuple libyen. Des textes hiéroglyphiques du second millénaire utilisant les termes «Libou» ou «Rebou» remontent à la haute Antiquité égyptienne. D’autres historiens préféraient percevoir une migration européenne sous la pression d’une invasion nordique.
             Des peuples gaulois auraient été obligés de passer en Espagne, refoulant ainsi une partie des occupants vers l’Afrique du Nord, en 1600 av. J.-C. D’après Procope, la population de l’Afrique du Nord se répartit en deux grandes catégories : les autochtones et les émigrés, ces derniers sont d’origine asiatique et cananéens, il reconnaît l’existence d’une population antérieure dite autochtone, mais n’aborde pas le problème de ses origines. L’historiographie arabe du Moyen-Age rattache les Berbères à Canaan.

             Ibn Khaldoun eut le mérite d’exposer la plupart des théories relatives aux origines des Berbères. Elles s’accordent presque toutes à faire des Berbères un peuple sémitique et en l’occurrence arabe : «Maintenant le fait réel, fait qui nous dispense de toute hypothèse et ceci : les Berbères sont les enfants de Canaan fils de Cham fils de Noé, leur aïeul se nommait Mazigh…»
             Certains historiens coloniaux ont adopté l’origine cananéenne ou himyarite, pour d’autres ils seraient d’origine indo-européenne. Les données linguistiques : les idiomes berbères adoptent et berbérisent facilement un nombre de vocable étranger, on y trouve des mots latins, français, espagnol, etc. Il semble que le libyque était réceptif aux invasions lexicales. D’après Bertholon, le libyque aurait été un dialecte hellénique.
             Cependant, l’apparentement du berbère avec d’autres langues géographiquement voisines fut proposé dès 1838 par Champollion (égyptologue français), qui établissait une parenté entre cette langue et l’Egypte ancienne. En 1924, M. Cohen proposa l’intégration du berbère dans une grande famille dite chamito-sémitique.

             Pour l’anthropologie culturelle, les Berbères sont des descendants des Mechtouis et des Capsiens, qui vivent en Afrique du Nord depuis l’âge de la pierre taillée.
             Les Libyens de l’historiographie antique, comme les Berbères de l’historiographie médiévale, moderne et contemporaine, appartiennent culturellement à la même ethnie et semblent se rattacher aux Mechtouis type nord-africain, qui, d’après C. Arambourg, «a une longévité considérable qui s’est étendue à tout le paléolithique supérieur et au néolithique. Au-delà, des traces sont conservées parmi les populations berbères actuelles qui paraissent en dériver».
MEZHOURA SALHI           


La production oléicole en hausse à Constantine

Envoyé par Jeanne
https://www.liberte-algerie.com/est/la-production-oleicole-en-hausse-a-constantine-335250


Liberté Algérie   l Par M. APS - 05/03/2020

TOTALISANT UNE SUPERFICIE DE PLUS DE 739 HECTARES

        La production oléicole a connu dans la wilaya de Constantine un développement “considérable” au cours de l’actuelle saison agricole (2019-2020), avec une récolte de 14 550 quintaux, représentant une augmentation de 3170 q comparativement à la saison précédente, a-t-on appris avant-hier mardi auprès de la direction locale des services (DSA). La campagne de cueillette des différents genres d’olives, notamment “Chemlale”, “Sigoise” et “Boumguergueb”, les variétés les plus répandus dans cette wilaya, s’est déroulée dans de bonnes conditions entre octobre et novembre derniers, a indiqué, Yacine Ghediri.

        Il a également assuré que la production oléicole a dépassé les prévisions établies par les services agricoles, estimées à environ 10 000 quintaux, soulignant qu’un “grand intérêt” est accordé à l’oléiculture, notamment dans les zones montagneuses à travers “l’encouragement et l’accompagnement des agriculteurs avec l’objectif de les fixer dans leurs régions d’origine”. La production de l’huile d’olive durant cette saison a atteint 1512 hectolitre, avec un rendement moyen de 16 litres/quintal, avec une hausse de l’ordre de 552 hectolitres comparativement à la saison précédente, a fait savoir le même responsable, notant qu’une quantité de 9 300 q d’olives a été consacrée à la production de l’huile d’olive et 5 242 quintaux à l’olive de table.

        La pluviométrie et l'entrée en phase de production de nouveaux oliviers ont contribué à l’augmentation de la récolte oléicole, a-t-on encore noté, relevant que le nombre d’oliviers productifs cette saison est estimé à plus de 149 000 unités sur un total de 160 000 oliviers. À signaler que la filière oléicole dans la wilaya de Constantine occupe une superficie totale de plus de 739 hectares.
APS           


UNE CROISSANCE DE 5,6% ENREGISTRÉE

Envoyé par Léon
https://www.liberte-algerie.com/est/production-de-plus-de-711-000-quintaux-de-legumes-a-khenchela-335134

par liberté Algérie, par APS 04/03/2020 ,

Production de plus de 711 000 quintaux de légumes à Khenchela.

           Une production de plus de 711 000 q de légumes a été réalisée dans la wilaya de Khenchela, au titre de la saison agricole 2018-2019, a-t-on appris, lundi, auprès de la direction des services agricoles (DSA).

           Parmi cette récolte enregistrée dans les 21 communes de cette wilaya, 420 000 q ont été recensés dans les localités de la région sud, en l’occurrence les communes de Babar, Chechar et Ouled Rechache, a déclaré le chef du bureau des statistiques agricoles au sein de cette direction, Imadeddine Mokdad.

           Cette production dans la région sud de la wilaya a été réalisée à la faveur de l’introduction de la technique de la plasticulture, a-t-on noté, relevant que la production sous serre a totalisé 181 000 q, représentant près de 25% de la récolte globale.

           Le même responsable a souligné que la tomate, le poivron, la pomme de terre, l’aubergine et le chou-fleur étaient les légumes les plus produits dans la wilaya de Khenchela, indiquant qu’une croissance de 5,6% dans la production des légumes a été recensée pour la saison agricole 2018-2019.

           Il est à rappeler que la surface réservée dans cette région à la culture des légumes a connu une hausse passant de 4700 ha pour la saison agricole 2017-2018 à 4835 ha au cours de la saison 2018-2019.
          
APS                      


BORDJ BOU-ARRÉRIDJ

Envoyé par Renaud
https://www.liberte-algerie.com/est/pose-de-2-500-km-de-fibre-optique-335081


 Liberté Algérie - Par M. APS - 03/03/2020

Pose de 2 500 km de fibre optique

           Pas moins de 2 500 km de câbles de fibre optique ont été posés au cours de l’année 2019 dans la wilaya de Bordj Bou-Arréridj, a-t-on appris, dimanche, auprès de la direction locale d’Algérie Télécom (AT). Selon la chargée de communication de l’entreprise, Siham Rehal, AT-Bordj Bou-Arréridj a exécuté, au cours de l’année précédente, plusieurs projets de modernisation de son réseau, qui ont permis le déploiement de 2 500 km de câbles de fibre optique à travers la wilaya, notamment dans les groupes d’habitations situés dans les régions enclavées.

           Dans le cadre de la concrétisation du programme du ministère de tutelle portant sur le renforcement du service global et de l’offre internet, la direction opérationnelle de Bordj Bou-Arréridj a procédé à l’extension et à la modernisation du réseau de télécommunication de la wilaya, selon la responsable. Elle a expliqué que 28 régions ont pu être raccordées l’an dernier, tandis que 22 autres attendent de l’être “prochainement, à l’issue des travaux actuellement en cours”.

           Par ailleurs, en plus de 17 stations sans fils de l’opérateur de téléphonie mobile Mobilis, 48 bureaux de poste ont été raccordés à la fibre optique dans une volonté d’améliorer le service public, a-t-on signalé.
APS                      


Exclusif.

Envoyé par Noël
https://algeriepart.com/2020/03/15/exclusif-la-france-offre-gratuitement-5000-kits-de-depistage-au-coronavirus-a-lalgerie/


 Algérie-part - Par Abdou Semmar - 15/06/2020

La France offre gratuitement 5000 kits de dépistage au coronavirus à l’Algérie

           La France vient au secours de l’Algérie qui est confrontée à un début de l’implantation sur son territoire national de la pandémie du coronavirus. Hier soir, un avion cargo dépêché par les autorités françaises a fourni à l’Algérie pas moins de 5000 test de dépistage au coronavirus qui ont commencé à manquer cruellement à l’Institut Pasteur d’Alger et à la Pharmacie Centrale des Hôpitaux Algériens (PCH), a appris Algérie Part au cours de ses investigations.

           Grâce à cette de nouvelle quantité des kits de dépistage, les autorités algériennes ont pu alimenter les hôpitaux algériens notamment ceux de Boufarik et de Blida, la région la plus touchée par la contamination au coronavirus, des kits de dépistage nécessaires à la prise en charge de plusieurs dizaines de cas suspects repérés dans la wilaya de Blida.

           Selon nos sources, les autorités françaises ont promis un soutien logistique et médical important aux autorités algériennes dans cette crise sanitaire provoquée par la propagation du coronavirus en Algérie. Le Premier-ministre français, Edouard Philippe, s’est entretenu longuement avec son homologue algérien Abdelaziz Djerad pour lui assurer que la France se tiendra aux côtés de l’Algérie dans cette dure épreuve provoquée par la pandémie du coronavirus dans le monde. Signalons enfin que depuis l’arrivée de ces nouveaux kits de dépistage, les autorités algériennes ont pu identifier plusieurs nouveaux cas de coronavirus dans le pays. Le bilan officiel s’est élevé à 54 cas confirmés et 4 morts. Un cas confirmé a été détecté au sud du pays à Adrar où un ressortissant iranien a été contrôlé positif au coronavirus.
Abdou Semmar                      

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Nouveau confessionnal
Envoyé Par Eliane

          Un homme décide, après plus de 20 ans, de finalement retourner à la confesse. Il écarte le rideau, entre, s'assied, et découvre, étonné, un minibar bien rempli, une bouteille de champagne rosé dans un seau avec de la glace,
          Un ravier avec des amandes grillées et des cacahuètes, un autre ravier rempli de* MON CHÉRI*.

          Et enfin, "cerise sur le gâteau", des photos de Playboy avec de jolies filles affichées sur la paroi du confessionnal..
          Alors qu'il entend le prêtre s'apprêter à entrer dans le confessionnal, il lui dit :
          “Mon père, excusez moi, cela fait très longtemps que je ne me suis plus confessé, et même que je ne suis entré dans une église, mais dites-moi...
          ça a pas mal changé... non ???”*

          *Et le prêtre répond:*
          *“Sortez de là,*
          *vous êtes de mon côté,imbécile !..." *



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