N° 28
Avril

http://www.bartolini.fr/bone

Les Bords de la SEYBOUSE à HIPPONE
1er Avril 2004
jean-pierre.bartolini@wanadoo.fr
LA SEYBOUSE
La petite Gazette de BÔNE la COQUETTE
Le site des Bônois en particulier et des Pieds-Noirs en Général
l'histoire de ce journal racontée par Louis ARNAUD
se trouve dans la page: La Seybouse,
Numéros Précédents: 1 , 2 , 3 , 4 , 5 , 6 , 7 , 8 , 9 , 10 , 11 , 12 , 13 , 14 , 15 , 16 , 17 , 18 , 19 , 20 , 21 , 22 , 23 , 24 , 25 , 26 , 27 , ,
EDITO

LA REGRESSION DEMOCRATIQUE
LES GRANDS DEBATS NATIONAUX
SONT-ILS TRUQUES ?

Face à la désertion des urnes par les électeurs, les gouvernements ont réinventé ce qu'ils appellent de nouvelles formes d'expression des citoyens : les débats nationaux.

Il y a quelques années, nous avons vu des débats organisés dans les Cantons à propos de contrats " de Pays Régionaux ".Très peu médiatisés donc très peu de participants. Résultat : découpage préétabli par l'administration et les modalités présentées n'ont pas été modifiées par des amendements sauf lorsque cela touchait un cacique de la politique ou de la finance. La simple proposition du citoyen exclue !

Après les débats nationaux sur les OGM, sur les risques industriels, sur la charte de l'environnement, sur la politique de l'eau et des énergies, sur l'institutionnalisation de l'islam, c'était dernièrement le débat national sur l'école. Un débat très médiatisé qui a mobilisé parents, élèves, professeurs et simples citoyens s'intéressant au problème. Beaucoup de bruits et pas de partition musicale citoyenne en fin de concert.

Pour ce qui concerne les problèmes des Pieds-Noirs et Harkis, l'Etat a désigné et mis en place le H.C.R. (Haut Comité aux Rapatriés ou " Rats Triés !!! ") qui est censé représenter nos communautés afin d'instaurer un débat au sein des trop nombreuses Associations concernées ou auprès de nos communautés. Un débat d'où devait ressortir des propositions pour élaborer une véritable loi. Nous avons vu un H.C.R. inexistant dans les faits et, présentée par le gouvernement une proposition de loi très nébuleuse sans tenir compte de nos avis.

Les gouvernants se servent de ces " débats nationaux " préélectoraux pour noyer le poisson ; pour éviter à faire face aux véritables expert sur les questions concernées ; pour s'éviter de réels débats parlementaires ; et pour se défausser de la responsabilité de leurs choix.

C'est ce que l'on appelle la Régression Démocratique par la manipulation qu'engendre de telles démarches qui associent faussement les citoyens aux décisions déjà prises.
CE Débat National Citoyen, c'est le nouveau " Je vous ai Compris, je vous l'ai bien M.. ".

Au fait, pour la désertion des élus dans les hémicycles, les citoyens ne devraient-ils pas réinventer la Révolution ? Diocane.

J.B. Bartolini

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RETROUVAILLES DE LA CITE BONA

       Un rendez-vous que l'on ne pouvait pas manquer.

       J'attendais parking du Casino de Hyères (Var) mon ami d'enfance Jean-Pierre Bartolini ainsi que son épouse.

       15 heures, une voiture arrive et les regards se sont croisés ils descendent de leur véhicule et la c'est la grosse "embrassade".

       J'ai de suite pensé à la chanson de Julio, "Je n'ai pas changé" enfin si peu.

       Autour d'un café, d'un thé nous avons commencé à évoquer nos souvenirs de jeunes adolescents.


       Tous les copains de la rue de Savoie, rue d'Arsonval, Buch, toujours vivant, les frères Quittard, toujours vivants, les frères Ricci toujours vivants, Buttacavoli Pierre toujours vivant, c'est à croire que cette génération c'est du solide. (Charly, c'est vite dit)
       "Atso, à partir du moment où j'le vois plus le cimitière de Bône j'ai plus envie d'mourir."
       C'est peut-être pour ça !
       Enfin, j'ai pu constater que dans le coeur de Jean-Pierre comme dans le mien, l'amour pour notre ville "Bône la coquette" était toujours aussi intense.

       42 ans de séparation n'ont pu effacer les souvenirs mais deux heures de retrouvailles c'est court, on s'est promis de se revoir. "Ma parole."

       Bon Tchao !

Charles MUSCAT
Un copain à Jean-pierre.

Merci Charly et à très Bientôt à Uzés


LES CHRONIQUES BONOISES
Par René VENTO
Numéro 14

UNE DICTEE A L'ECOLE VICTOR HUGO

        Lorsque j'étais élève à l'école Victor HUGO, dans une salle de classe du premier étage je voyais le pont de la tranchée à travers les vitres de la fenêtre située à gauche du tableau. Un jour de 1950, alors que mon attention se détachait du tableau noir pour vagabonder vers la fenêtre donnant sur le pont, je vis une silhouette se pencher et basculer dans le vide. Je poussai un cri qui interrompit le cours du maître, monsieur Léonardi. Celui- ci se dirigea vers la fenêtre, suivi par quelques élèves audacieux, dont je faisais partie, qui avaient osé quitter leur place sans autorisation de l'instituteur. Au bas du pont, gisait le corps du désespéré qui avait tenté de mettre fin à ses jours.
        Pour nous permettre d'extérioriser le choc émotionnel provoqué par la vision de ce tragique événement, le maître improvisa une dictée intitulée " Le pont de la tranchée ". A cette époque, les maîtres étaient sévères, mais soucieux de la réussite de leurs élèves qu'ils n'hésitaient pas à aider quand il le fallait. C'est pourquoi, monsieur Léonardi se penchait derrière notre dos pour lire par dessus notre épaule la phrase que nous avions notée dans le cahier et signaler, le cas échéant, une faute. Passant derrière moi, je l'entendis s'exclamer :
- Vento, j'ai dit le pont de la tran..an…chée !
Et moi d'écrire, " le pont de la tronchée ", malgré l'insistance du maître qui s'efforçait de m'aider à corriger la faute d'orthographe.
D'où me venait cette obstination qui m'amenait à mettre un o à la place d'un a ? Pour en comprendre la raison, il faut nous ramener en 1949, lors de mon premier voyage en métropole avec mes parents. Dés notre arrivée à Marseille, nous fûmes reçus chez un oncle qui était un conteur d'histoires marseillaises, plutôt cochonnes. Mais il savait que nous, les bônois, étions dans ce domaine bien supérieurs à lui. Aussi, dés qu'il vit mon père, le pria-t-il de raconter une histoire bônoise. Mon père hésita pour la forme puis, devant l'insistance de l'oncle qui se délectait d'avance, il se lâcha.

Voici l'histoire racontée par mon père à l'oncle de Marseille.
        Nous sommes en 1942, à Bône, pendant la guerre. Un jeune homme et une jeune femme, ne se connaissant pas auparavant, se rencontrent un soir dans le p'tit jardin, du côté de la mairie. Leurs regards se croisent et immédiatement c'est le coup de foudre. Le contexte angoissant de la guerre les incitent à jouir de la vie, vite et bien. Aussi, recherchent-ils un coin pour concrétiser l'acte d'amour. Le faire dans le p'tit jardin, à la vue des passants et des paires d'yeux dissimulés derrière les persiennes des maisons voisines est impensable à l'époque. L'hôtel d'Orient, en haut du cours Bertagna, conviendrait bien mais le prix de la chambre n'est pas à la portée de la bourse de notre jeune homme qui est raide, au sens propre et au sens figuré. Une idée lui vient alors à l'esprit : tout près, au bout du boulevard Victor Hugo, se trouve le pont de la tranchée. A cette heure, il fait sombre en dessous car l'unique lampadaire est éteint pour éviter que le pont serve de cible aux pilotes allemands. C'est donc décidé, nos deux amoureux se positionnent sous le pont de la tranchée où ils commencent leurs ébats. Soudain, la sirène de la défense passive retentit, annonçant l'arrivée imminente des bombardiers allemands. Nos deux amants interrompent leur relation et s'enfuient dans deux directions opposées. Lui, vers la grande darse, elle, vers le boulevard Victor Hugo. A la fin de l'alerte, le jeune homme retourne sous le pont, où il espère retrouver sa partenaire afin d'achever l'acte entrepris. Hélas, sous le pont, il n'y a personne.

Déçu, il remonte le boulevard Victor Hugo, passe devant la statue de Jeanne d'Arc et s'arrête dans le p'tit jardin, à l'endroit précis où eut lieu la rencontre foudroyante. C'est alors que surgit son ami Sauveur, qui venait de La Colonne après avoir remonté les allées Guynemer. Le jeune homme, croyant que son ami, le bien nommé, allait le sauver, lui posa la question suivante

        - T'ias pas vu une femme à moitié niquée ?

        Je vous laisse imaginer la tête de Sauveur, mais revenons à celle de mon oncle qui écoutait cette histoire racontée par mon père. Son visage resta sérieux, presque déçu par ce récit dans lequel il ne voyait qu'une banale aventure amoureuse. Mon père pensa de suite que l'oncle n'avait pas compris la chute de l'histoire. Effectivement, mon oncle ne connaissait pas le sens propre et figuré du verbe " niquer ". Nous étions en 1949 et le vocabulaire bônois n'avait pas encore franchi la Méditerranée. Il est vrai qu'à Bône, nous étions des précurseurs en matière de langage imagé. La preuve, c'est que le verbe " niquer " figure dans le Larousse actuel alors que celui de 1949 ne le mentionne pas ! Alors mon père expliqua la signification du verbe " niquer " à l'oncle qui, comprenant enfin la chute de l'histoire, partit d'un éclat de rire tonitruant, s'exclamant avec un accent marseillais rappelant les personnages de Pagnol :

        - A Marseille, on ne dit pas " niquer ", on dit " troncher " !

Et moi, petit bônois de dix ans qui écoutait ces propos d'adultes, je me dis alors : " voilà pourquoi le pont y s'appelle le pont de la tronchée " !
Ainsi s'expliquait ma méprise orthographique lors de la fameuse dictée de monsieur Léonardi.


QUEUE - DE - CERISE
écrit à sa Pigeonne
N° 6 de Juin 1950
de M. D. GIOVACCHINI
Envoyé par Georges Bailly

        La noblesse des fonctions inflige à Queue-de-Cerise, l'obligation de présider bien des cérémonies.
        Il n'est cependant pas digne d'être Chevalier du Tastevin parce qu'il ne saurait " être de Mœurs vineuses, boire son verre lorsqu'il est plein ni le remplir lorsqu'il est vide ".
        Seulement, il invite dans sa seigneurie de Ste-Croix-La-Lorraine ces dames et ces messieurs du " monde " et du" quart du monde ".
        Les " pigeonnes " dégustent du champagne extra-sec et des vins capiteux. On y parle de bijoux et de manteaux de grand luxe.
        Dès qu'elles sont parties bien émoustillées par l'encens de mous " concentrés " et la vision des robes de chez Paquin, le Parvenu, resquilleur d'amour et de fortune, prend son crâne transparent dans ses mains de pieuvre gluante et murmure son pervers refrain :
        " Avec la femme, je possède le mari en le ridiculisant. Rien ne saurait me résister ".
        Une joie de canaille
        Et, pris de frénésie épistolaire, il joue à l'Alfred de Musset. Ne pouvant faire sa " Nuit de Mai " en vers, il éjecte en prose le plus vulgaire érotisme.
        De grâce, écoutez, ces chants divins :

" MA PIGEONNE,
TON PIGEON T'ATTEND
DANS NOTRE PIGEONNIER ".

VIENS MA COLOMBE ESSEULEE,
J'ATTENDS TON ROUCOULEMENT.
JE SUIS TRISTE CE SOIR A L'IDEE DE NE PAS VOIR TERMINER LA JOURNEE SANS NOTRE ABOUTISSANT HABITUEL ".

        Oh ! Mânes de Voltaire ! Cendres de Rabelais ! Tressaillez d'allégresse.
        Vous nous avez légué, comme héritage spirituel, le génie de " Queue-de-Cerise " !
        " NOTRE ABOUTISSANT HABITUEL "!
        Anges aux ailes d'or, séraphins aux cors azurés, descendez sur terre et participez à la grande joie des Bônois.
        Oh ! CET ABOUTISSANT HABITUEL !
        Mais cela vaut cent hectares de vigne en terre riche !
        L'ABOUTISSEMENT HABITUEL de Queue-de-Cerise et de la colombe, mais c'est tout un trésor d'art, de musique et d'esprit.
        Je m'en veux de n'avoir jamais trouvé pareil trophée aux temps de mes amours de " collégien".
        Le style nous montre le tableau dans toute sa splendeur
        Sur les ailes de la Renommée, ces divines et truculentes évocations vont s'envoler de la Seybouse jusqu'en Alger et ailleurs. Les moineaux du Luxembourg connaissent déjà la nouvelle. Ils pépient sans arrêt à l'oreille des pères conscrits : " ABOUTISSANT HABITUEL ! Et les arbres du grand palais étalent de larges banderoles : " BIENVENUE A LA PIGEONNE POUR L'ABOUTISSANT HABITUEL " !
        Je crois bien qu'il me faudra trois mois de vacances pour me remettre de la joie follement intense que Queue-de-Cerise m'a procurée !
        Que nos lecteurs sachent que toutes ces " perles littéraires " tirées des archives du " Grand Homme " sont authentiques et dûment légalisées.
        Au fait, un doute plane dans mon esprit. Avec tant de pigeonnes et tant de colombes, il n'est guère possible d'assouvir de si grands désirs avec une inoffensive queue-de-cerise.
        Il lui faut un tronc de bananier armé de tous ses régimes pour procurer tant de bonheur à des " colombes esseulées " en proie au délire de " l'ABOUTISSANT HABITUEL ".
        Comme il me plairait d'évoquer cette héroïque prose devant des chats-fourrés plus disposés à rire qu'à sévir !
        Le charmeur de "colombes" préférera sans doute abandonner dans mon pauvre corps la pique que Jeanne HACHETTE lui laissa en héritage au Musée de Compiègne.
        Queue-de-Cerise, " roucoulez, roucoulez " toujours. Poussez toujours plus avant vos " AB0UTISSANTS HABITUELS !
        Mais avant de me faire passer de vie à trépas, laissez-moi revoir la Corse, où je compte écrire un modeste ouvrage sur le " maquereau légitime " et ses " colombes esseulées "

PAR-CI - PAR-LA

        On a décoré de la Légion d'Honneur le Grand Rabbin et le Muphti. Nous nous en sommes réjouis.
        Mais on a oublié M. l'Archiprêtre HOUCHE. Le fait est bien étrange. D'autant plus que ce dernier est un combattant authentique, et qu'il accomplit son apostolat avec un tact et un désintéressement qui commandent le respect.
        M. H. A., vous, qui êtes idoine en la matière, y penserez-vous ?

        Savez-vous comment A. F. paie le Chemin de Fer ?
        Avec sa carte de visite !
        Et il menaça le contrôleur qui lui rappelait le règlement…
        C'est du joli, M. le Rapporteur du Budget des Chemins de Fer !
        Les syndicats ont la parole.



Ça qu'on vous a pas dit … !
Christian AGIUS      N° 14
le Maltais de la route de Bugeaud,
y ramasse dans les poubelles…
ma, tombe de ses morts, c'est la franche vérité !!!
Le Pape y cautionne " l'année Maïmonide ", philosophe juif du 12ème siècle. Sûr qu'il a pas lu la Michné Torah : Maïmonide il écrit dedans " Les Turcs de l'extrême nord et les Nègres de l'extrême sud et ceux qui leur ressemblent dans nos climats sont à considérer comme des animaux irraisonnables au-dessous des hommes et au-dessus des singes. "
Zotche ! Sûr qui avait pas Gay Sot à l'époque…

Le Dalaï Lama y va finir en paella ac sa robe safran ! Ce grand humaniste il a écrit " l'attirance pour une femme vient surtout de la pensée que son corps est pur, mais il n'y a rien de pur dans le corps d'une femme… "

La SNCF elle s'est tapée un déficit de 183 millions de zorros en 2002, et……250 millions en 2003 : qui c'est qui t'a parlé de grève…

Les deux petites Lila et Alma elles ont été lourdées du lycée Henri Wallon, à cause du voile : zeb ! ça c'est énergique ! Ma on s'est bien gardé de vous dire qu'elles ont des cours à domicile payés par l'éducation nationale… Ca va donner des idées, diocane !

Victor Hugo il est foutu à cause d'la loi laïque. Personne y a pensé, ma dans la religion caodaïste, il est considéré comme……Dieu !!! Donc makache Victor Hugo en dedans les récitations…

Il a été bien secoué par sa condamnation, Alain Juppé ! Ac sa femme, il a été se reposer à la Ferme Saint-Simon, à côté d'Honfleur. Rien à dire jusque là, ma l'étape elle est à……1000 zorros, ac piscine, hammam, bains bouillonnants, masseuses…… !
Au fait, y s'est fait condamner pour quoi, ce tanoute ?

La journaliste américaine Barbara Walters elle était toute contente de oir que les Afghanes elles marchaient méteunant en devant leurs maris. Interrogée dessur ce progrès, y en a une qu'elle a dit " c'est à cause les mines anti-personnels… "

Bouteflika y vient de trouver que la France elle doit casquer des indemnités pourquoi la bombe atomique de Reggane elle a provoqué des anomalies chez les femmes…
Surtout quand tu sais que c'était en plein Tanezrouft, qu'il est pluss désert qu'le désert…
Meftah, Karim et Badreddine qui zavaient tabassé un passant y se sont ramassés 8 ans de prison. Le procureur il avait même requis 20 ans ! Zotche c'est pas d'la fermeté, ça ?!!
Ouais, ma ne rêve pas…..L'histoire elle s'est passée en……Algérie !!!

Juppé il a été condamné parce qu'il a fait secouer, selon les juges, 2.400.000 zorros à l'état : 18 mois ac sursis.
Un gougoutse y s'est fait piquer pour avoir gagné 5511 zorros en trichant ac Internet : 6 mois fermes…

Encore l'ANPE ! Elle s'augmente toute seule ! 15 millions de zorros pour 18000 feignants sur les 23000 qu'elle a en tout…

Tiens en oilà une autre couche : une enquête elle a été faite en dedans la Caisse de Sécurité Sociale de Rennes : 25 % de la facture du téléphone , c'était des communications……privées.
260.000 zorros dans l'année ! Y en a un qui s'a battu le record : 500 appels personnels en 4 mois !!!

Y en a un qui manque pas de toupet !
A Vaires, dans la région parisienne, un voleur y s'est fait attrapé par le propriétaire en dedans la maison et enfermé dans la cave en attendant qu'la police elle vienne.
Y a rien d'extraordinaire en dedans cette histoire.
Ma, ça va venir…
Car quelques jours plus tard, ce propriétaire il est convoqué au commissairiat, où il apprend que ce calamar de voleur il………………….avait porté plainte pour………………………séquestration !!! Diocanamadone !

Donald Rumsfeld, le farfaton américain qui veut tout le temps bombarder tout le monde y vient de recevoir le prix " du plus beau cafouillage 2003 ", décerné par un comité anglais qui défend " la franche vérité " en politique.
Il avait déclaré pour les armes de destruction massive (Coca-Cola ? ndlr) : " les informations annonçant que quelque chose n'a pas eu lieu m'intéressent toujours pour la bonne raison que, comme vous le savez, ce sont des nouvelles connues. Il y a des choses que nous savons, que nous savons. Nous savons aussi qu'il y a des choses inconnues, ce qui revient à dire que nous savons qu'il y a certaines choses dont nous ne savons rien… "…J'arrête : j'a plus la place, parce qu'y en a encore une tartine !!!


LE PLUSSE DES KAOULADES BÔNOISES (17)
La "Ribrique" de Rachid HABBACHI
MEMOIRE ou MEMOIRE, A SAOUAR

         Purée de vous z'aut', qui c'est parmi vous qui sait que le mot mémoire y se conjugue en femme et en homme, hein ? qui c'est ? Atso, j'étais sûr, personne y sait ! eh ben, moi non plus jusqu'à hier seulement quan c'est que ma fille, elle m'a espliqué.
         Ma fille, celle-là là qu'elle fait des études, comme elle dit elle, grandes z'et supérieures et qu'elle l'a échappé belle, à cause que grâce à dieu, merci l'bon dieu, elle a gardé tous ses cheveux, mais alors tous, et qu'elle est pas venue fartasse ; ma fille, comme j'te dis, elle a choisi de faire ses études en dedans la difficulté et ça, c'est comme elle dit elle, elle a choisi la difficulté à cause qu'elle a étudié une langue qu'elle nous z'a toujours fait peur à nous z'aut' : le français, pas le français de là-bas, çui-là là qui te sent bon les merguez et que tu lui casses les dents, doucement, gentiment, à tempérament et pour que ça lui fait pas du mal, on lui fait ça sous anesthésie générale. Non, j'te parle de cette langue étrangère qu'y s'la parlent les patos en Patosie.
         Ma fille, elle veut aouar une licence comme son oncque il a pour le café aousqu'on va boire l'anisette, mais lui, c'est pas la faculté qu'elle l'y a donnée, c'est la préfecture mais entention, il a qu'à même comme y dit lui, la faculté de servir à çui-là là qu'y veut. Bref ! ma fille pour aouar sa licence y faut qu'elle a une mémoire, pour présenter un mémoire et c'est là qu'elle est la difficulté que j't'en ai déjà parlé, un mémoire ou une mémoire, tu fais la différence toi ? eh ben ! ma fille la pauv', elle la fait et moi à sa place je s'rais devenu plusse que Youle Brunaire, la boule j'l'aurais eue à double zéro et à bou blèche encore, sans z'y aller chez le coiffeur.
         En dedans de sa mémoire à elle, mémoire femme, bien sûr, elle s'a rangé plein des connaissances pour s'écrire dessur le papier un mémoire, homme çui-là là ousqu'en dedans, elle a choisi de maltraiter un sujet qu'il a rien demandé le pauv'. Elle s'a choisi l'écriture et, diocamadone avec ce seul mot, y lui faut faire, comme y dit l'aut', presqu'un liv' et, tiens toi bien, ce mémoire, elle m'a demandé à moi, que j'ai jamaie z'eu d'la mémoire et qu'y me faut quinze jours pour lire la première page de la Dépêche de l'Est, de le lire et de lui dire ça que j'en pense.
         Le lire, j'ai pas pu à cause que dès le premier mot, y m'a venu au cerveau comme du noir, elle parle de prime enfance à moi que de prime, j'ai connu qu'une seule, la prime de rendement qu'elle m'a rappelé la grève qu'on s'la faite à l'Ouenza pour l'obtenir. J'ai alors vu tout rouge comme la couleur des quais ousqu'y z'étaient les ateliers et je m'ai arrêté au moins pendant deux heures et après quan il a fallu donner mon avis, j'y ai dis à ma fille c'est bien, continue mais fais entention à tes cheveux qu'à même et tu sais pas ça qu'elle m'a répondu la misquinette, mais en tchapagate cette fois ? N'as pas peur, je sais qu'y sont un peu gras mais j'me les lave tous les jours que dieu y fait, avec un shampoing sec et ça qu'y m'a fait peur diocane, c'est que ma fille, ses cheveux, je crois qu'elle commence à les perdre par en dedans, avec son shampoing sec, elle est en train de me faire le coup de la pierre en bois.

Rachid HABBACHI

SUPPLIQUE DE L'ENFANT LAS
Envoyé par M. Albert Buono

Je suis très fatigué de grimper...
La terre monte toujours et l'on n'atteint jamais
Les belles roches bleues...

Je suis tout seul dans la nuit de printemps
Où les oiseaux bégaient l'amour.

Le canon qui ne fait pas peur
Est impuissant à soutenir mon éveil.

On m'a dit que la mort
Est une grande plaine verte
Où l'on retrouve ceux qu'on aime.

Ne faites pas de trou
Dans le cœur de maman
Et donnez-moi la mort.


LE DEPARTEMENT DE BÔNE

(ACEP-Ensemble N°239 - octobre 2003)

Bône, "la coquette" chef lieu du département, était le principal port de la région de l'Est Algérien. Elle est l'héritière d'un long passé historique avec sur la colline de 55 mètres de hauteur, la Basilique du Vénéré et Grand Evêque Saint-Augustin, père de l'Eglise latine.

Saint-Augustin, Romain d'Afrique, converti à Milan sous l'influence de l'Evêque Ambroise a été baptisé en l'an 387 avant de rentrer dans son Afrique, à Thagaste (Souk Ahras), puis en 398 à Hippone lorsqu'il fut promu évêque. De l'immense parvis et de l'importante esplanade qui le complète, on peut contempler le paysage admirable de beauté qui se perd à l'infini vers le bleu de la Méditerranée, du Cap de Garde à l'aérodrome des Salines.

Hippone est assurément la ville de l'Afrique du Nord qui peut revendiquer la plus lointaine origine depuis les Phéniciens, les Carthaginois, les Romains, les Vandales, les Arabes, les Turcs et autres envahisseurs.


DIS-MOI PAPY
Envoyé par M. Christian Migliasso
(paru sur la dépêche de l'Est N° 37 du 15 septembre 2003)

Dis-moi Papy! Pourquoi tu n'as pas le même accent que moi ?
Tu habites Marseille depuis bien longtemps et cependant, quand je t'écoute parler, je remarque quelque chose de différent.
- Mon petit Franck, je ne suis pas né à Marseille comme toi !

Mais alors Papy, tu n'es pas né en France !
- Bien sûr que si mon chéri.
Vois-tu, l'histoire de notre vie prend parfois des chemins que nous n'avons pas pu et su prévoir.

- Je ne comprends pas Papy.
- Bien. Lorsque Papy est né, c'était la France.

- La France ?
- Oui, la France ! L'Algérie était alors Française, Bône, ma ville qui m'a vu naître, était aussi un département français.
Marseille fait partie des Bouches-du-Rhône, et bien Bône était le chef-lieu du département de Bône.

- Ah, je comprends Papy. Mais alors, Papy, on pouvait se rendre de Marseille à Bône comme de Marseille à Montpellier ?
- Bien sûr Franck.

- Alors l'O.M pouvait aller jouer à Bône, hein Papy ?
- Bien sûr, j'ai même vu plusieurs fois l'équipe de l'OM venir jouer contre la sélection Bônoise.

- La sélection Bônoise ?
- Oui, à Bône il y avait 3 Clubs.

- Trois Clubs Papy ? Mais alors Bône était plus grand que Marseille ?
- Non, mon chéri, à l'époque nous étions 160.000 habitants.

- Et il y avait 3 Club ! Papy...
- C'est vrai Franck. L'A.S.B où Papy a joué (Association Sportive Bônoise) ; la J.B.A.C (Jeunesse Bônoise Athlétic Club) et l'U.S.M.B (Union Sportive Musulmane Bônoise).

- Il était beau le stade de Bône Papy ?
Tu aimais ton Club ?
Tu revois tes matchs ?
Tu penses à la Ville ?
Dis-moi Papy, tu m'amèneras un jour voir ton stade, la Ville, la rue, ton Cours... Tu me feras goûter au fameux créponnet ?
Hep, Papy, pourquoi tes yeux sont pleins de larmes ? Dis-moi Papy, tu m'emmèneras .........

C. MIGLIASSO


LA RUE SADI CARNOT( N° 6)
de Gabriel Belmonte

     "La Rue Sadi Carnot" est un livre écrit sur son lit d'hopital par M. Gabriel Belmonte, pour ses amis Pieds-Noirs.
     Cette histoire de la "Rue Sadi Carnot" nous est offerte par Mme Eliane Belmonte née Donadieu. Nous la suivrons par épisodes sur "la Seybouse".
     Je mentionne que cette publication est sans but lucratif, qu'elle peut être reprise par les associations ou sites Pieds-Noirs à la condition impérative que les publications se fassent de façon absolument gratuite, sans même 1 euro symbolique, tel que le souhaitait M. Gabriel Belmonte.

Le Passage Savino

        Ce nom de Passage Savino, petite ruelle piétonne qui reliait la rue Sadi Carnot à la rue Burdeaux n'évoque en moi qu'un souvenir et c'est ma mère qui m'a combien de fois raconté cet incident qui fut en fait un accident, et quel accident
        Je ne saurais vous en dire la date exacte, mais beaucoup de gens des environs du passage en question pourraient la donner approximativement.
        Un matin, entre huit et dix heures, peu importe, un petit avion de tourisme s'écrase sur une des maisons du passage Savino ; gros émoi parmi la population avoisinante, tout le monde court vers le lieu de l'accident et, parmi tous les curieux, une femme en chemise, ou peut-être en robe de chambre (excusez-moi, j'ai oublié) qui pleurait à chaudes larmes. Le pilote était mort sur le coup et l'on sut par la sui te que c'était en voulant dire au revoir à sa belle avec qui il avait passé la nuit que le pilote avait effectué un rase-mottes (passage à basse altitude en termes aéronautiques). Seulement il était descendu un peu trop bas et avait heurté un obstacle. Tout le monde comprit pourquoi cette pauvre dame pleurait tant. L'histoire fit grand bruit à l'époque. Je n'ai jamais connu les noms du pilote et de la dame éplorée mais, même si je les connaissais, je ne les aurais pas cités, discrétion oblige !

Taranto le marchand de légumes

        Au coin même du passage Savino se trouvait la famille Taranto dont le fils, Albert était, comme Refalo, un camarade de classe chez monsieur Pruneau également. Cette famille vendait des légumes mais aussi de la glace à rafraîchir et combien de fois, en été, mon père qui aimait boire très frais, me disait : "Tiens ! va vite acheter dix sous de glace chez Taranto !"
        Dix sous, pour éclairer les jeunes de maintenant, représentaient cinquante centimes.
        On n'avait pas de réfrigérateur à l'époque !

Makroudes et Z'labias

        Je crois, sans encore en être très sûr, qu'après les Taranto il y avait le marchand de makroudes et de z'labias (et non pas Zélabias comme on a tendance à dire de nos jours).
        Comme ça sentait bon quand on passait devant ce marchand vers quatre ou cinq heures de l'après-midi au moment où il faisait frire les makroudes !
        Chaque fois que j'en fais (car je sais les faire et bons, je vous assure) je me rappelle l'odeur de ma jeunesse et de cette boutique.
        Le matin était réservé aux beignets c'était une odeur tout aussi alléchante et beaucoup de passants s'arrêtaient pour en déguster un ou deux.
        Vous avez tous entendu, c'est sûr, quand vous rentriez du cinéma en soirée vers onze heures trente ou minuit, ce bruit caractéristique de la pâte à beignets que ce Tunisien (je suppose qu'il était originaire de Tunisie car les makroudes et ces beignets étaient des spécialités typiquement tunisiennes), ce Tunisien donc battait à grand bruit en haut de sa boutique et ce, pendant très longtemps afin que les beignets puissent bien "lever" en cuisant dans l'huile très chaude.
        Oh ! oui ! ce bruit, vous vous en souvenez certainement.

D'Angelo
        Le nom patronymique de D'Angelo, je me demande qui l'a connu, à part le facteur ? En tous cas pas nous, les enfants du quartier, qui ne connaissions que D'Angelo.
        Ce commerçant vendait un peu de tout mais surtout les petites merveilles que les gosses aiment tant acheter, entre autres, les farces et attrapes, les pétards à deux ou cinq sous selon leur taille, les tric?trac qui étaient des bouts de phosphore un peu spécial collés sur des morceaux de papier assez dur et qu'on frottait contre un mur, ce qui provoquait de petites explosions à répétition qui nous réjouissaient et nous excitaient en même temps. Mais, de tout ce que vendait D'Angelo, ce qui m'a le plus marqué c'étaient les cerfs-volants. Tous les ans, en mars et avril, période des vents réguliers, sa boutique regorgeait de cerfs-volants. Il y en avait de toutes sortes, de toutes tailles et à tous les prix. Je me rappelle surtout des plus petits qu'on appelait les "queues de morue" et qui ne valaient que cinq sous et ceux qu'on appelait les "étoiles" et qui , en réalité, étaient des hexagones avec une armature de trois bouts de roseau croises, a laquelle était fixée une longue queue formée de papillotes attachées les unes derrière les autres et qui valaient elles, vingt-cinq sous, soit un francs vingt-cinq.
        Combien a-t-il dû en vendre dans son existence de ces cerfs-volants, ce grand monsieur avec sa grosse moustache blanche, vêtu d'une blouse grise, toujours un béret basque sur la tête et une voix très grave qui nous impressionnait ?
        Tous les enfants de la rue Sadi Carnot connaissaient D'Angelo.
        Je crois qu'après D'Angelo il y avait un café maure, mais je n'en parlerai pas car je n'en suis plus très sûr.

Florentin Martinelli

        C'était écrit sur le haut de la devanture de la boulangerie où, mon père surtout, m'envoyait chercher du pain bis car, disait-il, c'est là qu'on trouve le meilleur pain bis de la rue. Souvent je ne prenais qu'un demi-pain car, en ce temps-là, le pain dit "Jacquot" approchait le kilo et je revois encore le geste de madame Martinelli qui, avec son énorme couteau à charnière et grosse lame (cet appareil avait sûrement un nom que je ne connaissais pas) tranchait en deux un gros pain encore craquant dont j'aimais sentir l'odeur, à l'endroit de la coupe.
        C'est à cette boulangerie que ma mère avait coutume, tous les ans, de venir faire cuire ses "gâteaux de Pâques". C'est encore une coutume de l'époque que je vais essayer de vous faire revivre.
        Toutes les ménagères en effet ou presque toutes n'avaient pas encore de cuisinières individuelles à four, aussi allaient-elles à Pâques chez les boulangers faire cuire leurs gâteaux qu'elles emmenaient sur de grandes plaques de tôle noire. A cette occasion, tous les boulangers s'arrangeaient pour cuire leurs fournées de pain un peu plus tôt de sorte que vers dix ou onze heures, elles savaient qu'elles pouvaient arriver avec leurs plaques de " gâteaux de Pâques " (les Italiens disaient les "Casadielli") gâteaux façonnés de toutes les formes imaginables : en forme de S, de couronnes, certaines avec deux ou quatre oeufs enfoncés dans la pâte recouverte de jaune d'œuf et parfois de petits " zanis " de toutes les couleurs, des tresses, des chignons qu'on appelait aussi "Gargarons" , même des poupées avec des grains de café torréfié en guise d'yeux, de nez et de bouche.
        Toutes ces dames avaient le droit, ce jour-là, d'entrer dans le fournil et de présenter à l'ouvrier boulanger, chacune sa plaque de gâteaux que ce dernier enfournait en criant souvent :
        - Eloignez-vous de la queue de la pelle, que vous me gênez ! vous voyez pas ?
        Et l'on s'écartait vite pour ne pas l'indisposer car toute la réussite de ces gâteaux dépendait de son art mais aussi de son humeur.
        Une demi-heure plus tard environ, commençaient à sortir du four les plaques enfournées les premières et alors il fallait entendre les "Oh !" les "Ah !"
        " Qu'ils sont jolis ces gâteaux ! bien levés et quelle odeur ! " Et celle à qui appartenaient ces gâteaux rougissait de plaisir. Parfois, malheureusement, c'étaient des gâteaux plats comme des galettes qui sortaient et alors, la pauvre dame qui les avait faits rougissait aussi, mais de consternation cette fois, et toutes les personnes présentes se voulant consolantes disaient : "Oh ! ça n'empêche pas qu'ils doivent être bons ces gâteaux, ils ont l'air en tout cas bien souples ! et avec du vin sucré, je suis sûr que c'est un régal. Cela ne rassurait qu'à moitié la pauvre dame qui posait bien vite son torchon sur la plaque et passait aussi vite à la caisse pour payer le prix de la cuisson à madame Martinelli en se jurant de doubler la quantité de levure la prochaine fois.
        C'est bien dommage qu'avec l'apparition du progrès ces coutumes aient petit à petit disparu car, avec leur disparition, c'est aussi un peu notre jeunesse qui a disparu, pas vrai ?

La petite gargotte

        Je ne dirai pas grand chose de cette gargotte car ..Je n'y suis jamais entré mais, ce dont je me souviens, ce sont les plats préparés que l'on apercevait de dehors, sur un comptoir et, ce qui m'a le plus frappé, ce sont ces grands plats de poisson, des rougets souvent, qu'on arrivait mal à définir parce que peut-être un peu trop cuits ainsi que des plats de poivrons frits qui exhalaient leur odeur jusque sur le trottoir.

L'épicerie Zammith

        Vous allez penser : ça en fait des commerçants maltais dans la rue Sadi Carnot ! C'est ainsi, beaucoup de Maltais avaient l'âme de commerçants, on dirait qu'ils ont cela dans le sang et ils arrivaient à pratiquer des prix que d'autres ne pouvaient se permettre, surtout en matière d'épicerie et de vente de lait.
        Pour en revenir à l'épicerie Zammith, je me rappelle principalement de deux choses tout d'abord des terrines exposées devant le magasin sur des étagères de bois, terrines de pois-chiches trempés, de morues trempées également, d'olives variées et autres salaisons. Ensuite de la réputation de ce commerçant d'être le "tombeur" du quartier, vous me comprenez. C'était un bel homme, il est vrai, mais on raconte tant de choses qu'il faut en prendre et en laisser.
        Quant à moi, je revois ce monsieur, avec ses cheveux grisonnants, le sourire toujours aux lèvres et d'une grande amabilité.

Le café maure

        Un café maure ressemble beaucoup à un autre café maure, c'est pourquoi je ne m'étendrai pas sur ce sujet. Ce qui m'a quand même marqué c'est la façon dont parfois un joueur de dominos (on jouait beaucoup aux dominos dans ce genre d'établissement) qui venait de gagner la partie en plaçant son dernier domino sur le jeu frappait sur la table ce domino avec une force telle que les proches passants sursautaient et il exprimait sa joie d'avoir gagné en criant
        Aou ! sur un fond de musique orientale.

La boucherie Borg

        Entre le café maure et la boucherie Borg il y avait la rue du Docteur Mestre au bout de laquelle on apercevait le lycée Saint-Augustin où j'ai usé, pendant six ans, mes fonds de culottes.
        Avant de parler de la boucherie Borg, je veux absolument dire quelque chose sur une famille arabe qui vivait dans cette rue du Docteur Mestre à peu de distance du café maure ; c'est la famille Atchi. Qui n'a pas connu les Atchi ? Je ne sais pas combien d'enfants ils étaient - nombreux en tout cas - se ressemblant tous beaucoup et mon frère et moi sommes allés en classe avec deux des fils de cette famille qui étaient, l'un de l'âge de mon frère, l'autre de mon âge.
        Je revois les garçons et les filles de cette très brave famille comme s'ils étaient devant moi et je suis sur que nous nous reverrions avec beaucoup de plaisir ! Peut-être un jour ! Tant de choses ont changé depuis, mais pas leur gentillesse certainement. Habitent-ils toujours là ? ...
        Après cette petite parenthèse, je reviens à la boucherie en question. La façade du magasin était toute plaquée de carreaux de faïence rectangulaires blancs, parmi lesquels étaient disposés des carreaux rouges de telle sorte qu'on pouvait lire "BORG PASCAL", le nom et le prénom du boucher. C'est grâce à ces carreaux rouges que j'ai connu le prénom de cet homme.
        Quand le dimanche j'allais parfois y acheter la viande pour la macaronnade traditionnelle, j'étais assez impressionné par monsieur ou madame Borg qui écoutaient patiemment ma demande (souvent de la basse-côte) tous deux vêtus de leur tablier blanc immaculé. Puis je passais à gauche du comptoir, à la caisse où la sœur, je crois, de monsieur Borg encaissait le prix de l'achat et toujours avec un gentil sourire, me disait : "Merci mon p'tit !' Comme j'étais timide quand j'étais jeune, je préférais de beaucoup l'instant où je quittais la boucherie à l'instant où j'y pénétrais. Et pourtant ils étaient tous les trois vraiment sympa !
        Ceci dit sur la boucherie elle-même, passons maintenant à l'appartement situé au-dessus de celle-ci. Ce que je vais dire, je ne l'ai appris il n'y a que quelques jours et je ne voudrais pas dire de bêtises ; je ne garantis donc pas l'authenticité de la chose. Il parait que le Maréchal Juin a vu le jour dans cet appartement. Nous n'ignorions pas qu'il était de Bône, comme Albert Camus était de Mondovi, à vingt-quatre kilomètres de Bône, mais dans cet appartement, je viens de l'apprendre. Je laisserai exprès mon adresse à la fin de ce petit recueil de souvenirs afin que des amis mieux renseignes, puissent me confirmer le fait ; je les en remercie par avance.

        

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A SUIVRE


Mon pays !
de Lucienne Grâce GEORGES née FARRUGIA de Blida
Envoyé par M. Gabriel Chaudet (Trait d'union N°48

Mon pays aux petits matins voilés de brume,
Mon pays aux grands midis ensoleillés,
Mon pays tout bourdonnant
Du jour qui se prolonge,
Et la mer à mes pieds,
Le clapotis des vagues,
Flux et reflux du temps qui passe,
De toutes mes années d'enfance,
D'adolescence,
De joies et d'amertume.
J'étais ivre de vivre
Lorsque je suis partie
Pour l'un de ces voyages
Dont on ne revient pas.
Poète révolté,
Exilé,
A jamais séparé des racines profondes,
Porte-voix impuissant d'un monde sacrifié.
Et ma gorge se serre,
J'étouffe du mai de toi,
Car mon appel se perd
Dans le creuset du doute.
Mais l'eau de la rancœur a charrié mes tourments,
La rose entre mes doigts se flétrit lentement,
Me voici apaisée...
Inviolable à mon cœur,
Tu es là mon pays,
A portée de rêve,
A portée d'amour,
Je te situe, je te retiens,
Je te recrée ;
Fixé pour toujours
Sur l'écran de mes souvenirs,
Dans cette plainte indéfinissable
Qui fut celle de ton agonie.

COMMUNIQUE
De M. Fred ARTZ
Président de l'UNFAN
LE JOURNAL PIEDS-NOIRS MAGAZINE
EST DE RETOUR, il est en Kiosque

Le Journal Pieds-Noirs Magazine N° 117 est sorti dans les Kiosques et par abonnements.
Ce périodique, qui est le seul journal entièrement consacré aux Rapatriés.
PIEDS-NOIRS, si vous voulez voir aboutir nos préoccupations qui perdurent depuis plus de 40 ans, il faut nous prendre en mains.
Et la seule façon de le faire, c'est d'avoir nos propres médias. Aujourd'hui la relance de ce journal est un début, demain ce pourrait être la radio.
Soutenez-nous en achetant ce journal Pieds-Noirs. Merci d'avance.

Fred ARTZ.

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PRIERE DU SOIR
Envoyé par M. Albert Buono

Sous les immenses palmes de son jardin
Le prince oriental n'écoute plus le muezzin
Lancer aux quatre vents son appel nostalgique ...

C'est aussi l'heure de sa prière intime
Plus creuse que les pleurs tombant du minaret.

J'attends sans impatience
Qu'avec voracité sur mon indifférence
S'abatte ta volupté
Maîtresse sans amant
Sur le maître sans femme.
Sous ta caresse je te flagelle
Du plus cinglant de mon silence.
Le large cèdre qui tend un dais
Sur les secrets de mon palais
Cache au soleil couchant l'image sans noblesse
D'un sacrilège.

Qu'importe à ce ciel rose
De jeune occidentale amante de couleurs
L'immobile impiété d'un prince oriental
Aux prières rognées par un mal ancestral?

Une femme viendra à l'heure de mon choix
Mon désir est un ordre
Que son corps exécute avec toutes les ruses
Et toutes les ressources
Des amours les plus vraies.

J'enveloppe ses lèvres des fleurs de mes baisers
Comme on serre les morts dans un linge de soie.
Mais au fond de ma gorge j'enfouis
Leurs tiges qui se tordent,
Parce qu'au premier baiser
Sur la plus belle lèvre de mon harem
J'ai bu la lie d'un nom rival.

J'entends la voix des légendes d'enfance
Elle me contait comment de chaque nuit d'amour
Dans le jardin d'Allah naît une rose ardente.

Dans les buissons qui me restent étrangers
Mes frissons brisent des chants d'oiseaux

Mes réveils uniformes
Ne cueillent au matin
Que les larmes d'un autre
Qui perlent sur mes fleurs les plus chères ...

Dans un galop de feu sur mes cavales noires
Je brâme à l'infini désert
De puissance et de luxe
Le pitoyable saignement de mon rêve déchu

N'être plus
Qu'étalon favori d'une amazone mienne


UN PIED-NOIR MEURT
DANS LES FLANDRES
7-8 Avril 1917 au 3ème régiment d'infanterie
Envoyé par J. B. Lemaire                1ère Partie

               Le 8 Avril 1917, Dimanche de Pâques, la reine de Belgique assiste à la messe dite en son honneur dans la chapelle de l'hôpital " ambulance de l'océan " à La Panne sur la côte flamande belge près de Nieuport.
               Au terme de ce même jour un soldat du 3ème R.I., parmi d'autres, Bernard Auguste Salvator Della Maggiora décédera dans la même ambulance, des suites de ses blessures reçues la veille au cours d'un "coup de main".
               Ce "coup de main " faisait partie de toute une série d'actions offensives décidées par le commandement pour tester la résistance des lignes allemandes et ramener des prisonniers à interroger dans la perspective des grandes offensives en préparation.
               Apparemment ce n'est pas une des innombrables actions routinières de patrouille, d'éclairage, d'observation ou autre mais une opération qui a marqué la vie du 3ème R.I. pendant le premier conflit mondial. Elle figure au journal de marche du régiment, elle a été concoctée par le général de division lui-même puisqu'il en a suivi personnellement le déroulement et les résultats. Elle a été menée dans le cadre de deux régiments de la 29ème D.I. et en ce qui concerne le 3ème R.I., le détachement était composé de volontaires venant de différentes compagnies. Aux dires mêmes du général Rouquerol, dans ses mémoires de guerre page 70 "il est vrai que c'étaient là les meilleurs des soldats, les entraîneurs des autres". De plus elle a sa place dans le livret historique d'une petite centaine de pages qui a raconté l'histoire du 3ème R.I. pendant la guerre 1914-1918. C'est donc un fait d'armes important et une des premières opérations de "commandos" de la deuxième moitié du conflit.
               Nous vous proposons d'y consacrer une petite étude dans le cadre du 3ème R.I. car ce régiment est l'un de ceux qui ont laissé le plus d'archives sur la première guerre mondiale, notamment photographiques prises par la reine de Belgique et conservées par le commandant de la 29ème division d'infanterie, le général Gaston Rouquerol qui s'était lié d'amitié avec le couple royal de Belgique. A la mort de ce général, son épouse confia ses archives personnelles à l'école Polytechnique où l'on peu consulter un fonds à son nom regroupant 9 cartons de documents, notamment sur la période de son long séjour dans le secteur de Nieuport à la tête de la 29ème division d'infanterie.
               Dans un premier temps, nous présenterons brièvement le 3ème régiment d'infanterie. Dans un second temps, nous relaterons les circonstances du "coup de main" du 7 Avril 1917, dans un troisième temps, ce seront la vie et la personnalité du soldat Bernard Della Maggiora qui retiendront notre attention et dans un quatrième temps nous vous soumettrons les différentes analyses et leçons qui ont pu être tirées de cette opération par le commandement.
               L'ensemble des données militaires sont issues des archives et de la bibliothèque du service historique de l'armée de terre (S.H.A.T.) à Vincennes ainsi que du fonds Rouquerol détenu à l'école Polytechnique, quant aux données biographiques du soldat elles proviennent du registre matricule du recrutement de Constantine en dépôt au centre des archives d'outre mer (C.A.O.M.) à Aix-en-Provence complétées par des documents d'état civil et des témoignages familiaux.

Le 3ème régiment d'infanterie :
               Voyons tout d'abord ce qu'en dit le"Recueil d'historiques de l'infanterie française" du général Adolenko.
               Issu des "bandes" du bas Moyen-âge puis dénommé PIEMONT vers le milieu du XVIème siècle, il fait partie des quatre plus anciens régiments de France avec le 1er R.I. (Picardie), le 5ème R.I. (Navarre) et le 7ème R.I. (Champagne), tous descendants des "Bannières de Picardie" créées vers 1494 date officielle généralement retenue.
               Dès l'apparition de ces régiments, de nombreuses rivalités se manifestèrent, chacun réclamant l'honneur et le privilège de monter le premier à l'assaut.
               Henri IV fit tirer au sort entre les quatre régiments rivaux et il en ressortit le rang suivant, hormis les Gardes Françaises qui passaient toujours en tête :
                   1 Picardie
                   2 Navarre
                   3 PIEMONT
                   4 Champagne

               En 1666, Louis XIV reconnu Navarre, Piémont et Champagne égaux en droits et devant chacun à tour de rôle occuper la première place.
                   Les "quatre vieux" étaient considérés comme les meilleurs de l'armée et servaient de modèle aux autres unités. Ils bénéficiaient de quelques privilèges comme celui de monter le premier à l'assaut, de choisir leurs quartiers, de n'être jamais dissous et de juger eux-mêmes leurs cadres et leurs hommes.
                   Le 3ème R.I. a existé sans discontinuité de 1507 à 1940 :
               En 1584 il prit le nom de Piémont.
               En 1791 il devint 3ème régiment d'infanterie.
               En 1796 par décret 3ème demi-brigade d'infanterie de ligne.
               En 1803, 24 Septembre, 3ème régiment d'infanterie de ligne.


Reconstitution le 2 Décembre 2001: caporal fourrier du 3ème R.I.L. à Austerlitz

               En 1814, régiment du Dauphin.
               En 1815, cent jours, 3ème régiment d'infanterie de ligne.


Reconstitution : sergent sapeur et caporal grenadier du 3ème R.I.L

               En 1815, Septembre/ Octobre, il est licencié.
               En 1820, 3ème régiment d'infanterie de ligne.
               En 1882, 3ème régiment d'infanterie.
Quand même dissous en 1940, 1962 et 1967, il a été remis sur pied en 1968 et joue actuellement le rôle de régiment de place au camp de Garrigues près de Nîmes.
Son drapeau porte les inscriptions suivantes: Gênes 1800, Austerlitz 1805, Wagram 1809, Bomarsund 1854, Verdun 1916, Vauxaillon 1918, Thiérache 1918, Authion 1945.

               Il débarqua en 1830 à Sidi Ferruch puis rentra en France dès la prise d'Alger avant de revoir l'Afrique entre 1859 et 1864, en 1881 et de 1956 à 1962.

               Toutefois le site internet intitulé "Historiques de régiments" diverge sur quelques dates puisque l'auteur écrit:

               "" Le 3ème régiment d'infanterie a été créé au XVIe siècle en 1570 sous le nom de "Bandes de Piémont". Il s'est illustré à Rocroi en 1643 et à Austerlitz en 1805.
               Le 1er janvier 1791, il devient le 3ème régiment d'infanterie puis est licencié.
               Constitué de nouveau en 1794 puis congédié , il a été reformé en 1796, pour être dissous en 1815 puis enfin ressuscité en 1820.
               A Jemmapes il emporte d'assaut la position autrichienne et s'empare de la batterie d'artillerie qui l'occupait avant que celle-ci ait pu amener ses avants-trains et faire retraite.
               Il a participé ensuite à toutes les guerres.
               Il stationne au camp de Garrigues près de Nîmes. Il est désormais le régiment de manœuvre de l'école d'application de l'infanterie (E.A.I.). En Mars 1995, il célébra son 500ème anniversaire.
               Pour les inscriptions au drapeau il donne: Jemmapes 1792, Austerlitz 1805, Wagram 1809, Bomarsund 1854.""

               Nous ajouterons que dans l'entre-deux-guerres, en 1920, il a pris l'appellation de 3ème régiment d'infanterie alpine (3ème R.I.A.). De toutes façons sa vocation était déjà "alpine" avant la déclaration de guerre de 1914, celle-ci trouvant ses deux premiers bataillons en manœuvres de montagne alors qu'ils étaient en garnison à Digne dans les Basses-Alpes.

               Quant à sa devise: " résolus de crever plutôt que de ne pas tenir bon ", elle remonterait à la bataille d'Austerlitz et il la tiendrait de sa résistance aux attaques répétées (cinq en une heure) des Autrichiens qu'il a subi, conjointement avec la Légion corse, devant Tellnitz qu'ils durent finalement évacuer, le 2 Décembre 1805. (selon l'étude d'Eman Vovsib publiée sur internet " napoleon-series.org ").

Quelques insignes du 3ème régiment d'infanterie et d'autres du temps où il était appelé régiment d'infanterie alpine :


               En 1914, il tenait garnison à Digne (1er et 2ème bataillons) et à Hyères (3ème bataillon) avec un détachement à Marseille, une section spéciale (de mise à l'épreuve des éléments indisciplinés et incorrigibles) et un régiment de réserve, le 203ème R.I.R.. Il avait également un régiment territorial qui lui était rattaché, le 145ème R.I.T..Ces trois unités étaient constitués de provençaux. Il n'y avait que très peu de Pieds-noirs (moins de dix). Nous avons relevé quelques noms sur le monument aux morts de Constantine :
DELESTRADE Louis Marius, né le 1/10/1887 à Marseille, tombé le 25/11/1916 à Progart (Somme).
ERNST Albert, né le 7/1/1880 à Dornach (Alsace), tombé le 2/10/1918 à Auve (Marne).
GIACCHINO Victor, né en 7/1892 à Jemmapes (Ctine), Caporal, tué le 23/3/1916 à Malancourt.
JEAN Xavier Louis, né le 22/4/1893 à Aïn Smara (Ctine), Sgt fourrier, tué le 22/3/1916 à Haucourt (Meuse).
OLIVA Antoine, né le 29/7/1892 à Aïn Tinn (Ctine), tombé le 14/8/1914 à Coincourt (Mte et Melle).

               Dès le début des hostilités il fut dirigé sur la Meurthe et Moselle près de la frontière de 1871 avec l'Allemagne où il connut ses premières épreuves au feu. C'est à trois bataillons qu'il monte en ligne du côté de Diarville dans la nuit du 7 au 8 Août 1914. Puis à Saint-Nicolas-de-Port où ses hommes franchissent la Meurthe le 10 Août.
               Pris sous le feu de l'artillerie ennemie entre Coincourt et Montcourt à 40 kilomètres à l'Est sud-est de Nancy, les 1er et 2ème bataillons conduisent l'attaque avec au sud le 141ème R.I. et au nord le 112ème R.I.. Le 3ème bataillon suit en réserve. Le capitaine de la 5ème compagnie tombe le premier.
               Quand la nuit arrête le combat, les pertes sont sévères et les unités mélangées sont à 500 mètres de l'objectif du bois du Haut-de-la-Croix. Quinze officiers et cinq cent trente six hommes sont tombés mais l'ennemi a battu en retraite.
               La frontière d'Alsace-Lorraine est franchie la nuit du 16 au 17 Août 1914. Le 3ème R.I. est placé en réserve de division.

               Après la contre-offensive ennemie, la retraite de la IIème Armée est générale devant un ennemi supérieur en nombre; le régiment reçoit l'ordre de se replier par échelons.
               La nuit du 21 au 22 Août se passe à Vitrimont à l'ouest de Lunéville. Le 29 Août la 7ème compagnie prend la ferme de Vitrimont.

               Le 6 Septembre, le régiment entre dans la bataille de la Marne et poursuivra l'ennemi jusqu'au 15 au nord-ouest de Verdun où il restera dix huit mois.
               Dans la nuit du 20 au 21 Septembre le 2ème bataillon à 4 compagnies et 2 compagnies du 3ème bataillon perdent dix officiers et cinq cent cinquante et un hommes.
               Le 24 Septembre, risquant d'être tourné, le régiment se replie avec trois officiers et cent trente trois hommes de pertes.

Extrait du cahier de correspondance du 3ème R.I. du 18/9 au 18/11/1914 :
" 13/10/14 Etat faisant connaître le nombre de tués, blessés,
disparus ou évacués depuis le début de la campagne :
Date et lieux des combats
Tués, blessés ou disparus
Evacués
Officiers
Troupe
Officiers
Troupe
14 Août Coincourt
19 et 20 Août Dieuze
26 Août Lamath
29 Août bois de Bareth
20 Septembre Béthencourt
23 Septembre bois de Malancourt
27 Septembre }
4 Octobre } bois de Chappy
10 et 11 Octobre }
18
4
-
-
12
3
-
-
-
815
654
11
55
591
242
6
22
9
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
"        TOTAL        "
37
2405
7
150

Il s'installe dans les tranchées dans le secteur de la Meuse à Verdun, d'Octobre 1914 à Avril 1916. La rude vie du "poilu" commence.
               L'ennemi entreprend l'utilisation de nouveaux moyens de combat tels que bombes, lance-flammes et mines.

               Le 21 Février 1915, le 3ème régiment d'infanterie est là lorsque l'Allemand déclenche sa grande attaque sur Verdun. Six de ses officiers et deux cent cinquante de ses hommes seront mis hors de combat.

               Il mènera aussi de violents combats sur les pentes du Mort-Homme aux côtés du 6ème régiment de tirailleurs.
Le 11 Février 1916, la 5ème compagnie puis les jours qui suivirent, les 6ème, 7ème et 2ème compagnies subissent des pertes sévères dans les combats sur les pentes ouest du Mort-homme.
               Le 20 Mars 1916, après la prise par l'ennemi de la totalité du bois de Malancourt, le 2ème bataillon contre attaque et réussit à reprendre la lisière du bois. Les 21, 22 et 23 Mars, les 3ème et 6ème compagnies subissent de violentes attaques entre cette lisière et Hautcourt.
               A partir du 24 Mars 1916, le régiment est relevé. Quinze officiers et quatre cent six hommes sont tombés au court du dernier mois à Verdun.

               Puis c'est la Belgique dans le secteur de Nieuport, d'Avril 1916 à Octobre de la même année. Plaine humide et sans abri où l'eau à vingt centimètres de profondeur empêche de creuser des tranchées. L'ennemi bien enterré au sud de Lombartzyde multiplie les actions d'artillerie, répétées et violentes, dénommées "bamboulas" par nos hommes. Il appartient à la 29ème division d'infanterie, 36ème corps d'armée, région fortifiée de Dunkerque.
               Durant l'été 1916, les villages belges de Coxyde et d'Oost Dunkerke sont animés et offrent quelques satisfactions matérielles telles que représentations théâtrales ou visites du couple royal belge qui fait de nombreuses photographies dont la plupart de celles concernant les troupes françaises dans la zone de Nieuport se trouvent aux archives de l'école polytechnique dans le fonds Rouquerol.

               Le régime des permissions est définitivement codifié: deux permissions de onze jours par an soit onze jours tous les six mois selon les possibilités du service.
          A compter du 1er Avril 1917, les personnels résidants en Corse, Algérie, Tunisie, Maroc et Portugal ne pourront bénéficier que d'une seule permission de vingt et un jours par an. Ceux qui depuis le 1er Octobre 16 ont bénéficié de onze jours, n'auront que dix jours jusqu'au 1er Octobre 17 pour compléter leur allocation (rapports journaliers du chef de corps, SHAT, s/série 25N).

               L'utilisation des gaz fait son entrée par les Anglais puis l'ennemi. L'examen des vents devient une des principales préoccupations du commandement.

               A partir du 6 Octobre le régiment est relevé . Le 3ème bataillon fut le dernier à quitter le secteur de Nieuport et subit une dernière "bamboula" qui lui coûte 3 tués et 15 blessés.

               Le régiment est cantonné au camp de Crève-cœur dans la Somme (secteur de Berny en Santerre) où la bataille sévit depuis trois mois.
Entraînement jusqu'au 4 Novembre 1916. Il assurera une relève le 20 Novembre dans le secteur de Berny en Santerre où il perdra dix tués et trente blessés en trois semaines.
               Le 10 Décembre c'est le départ en camion pour une période d'un mois de repos à Libus et Sommereux.
               Le régiment retrouve un secteur amélioré. Les défenses et l'organisation sont plus poussées.
               La supériorité des moyens est de notre côté et nous avons l'initiative des "bamboulas".
               Le 7 Avril 1917, aura lieu l'attaque dont nous donnerons les détails dans le prochain paragraphe.
               Ici s'arrête la période qui nous intéresse. Toutefois nous rappellerons comment le régiment termina la guerre.
               Longtemps confiné dans le rôle ingrat et sans gloire de défense de secteur, rôle rempli particulièrement dans la plaine difficile de Nieuport, écarté de toutes les opérations offensives de 1915-16 et 17, le 3ème R.I. n'avait pas bonne réputation. Il obtint pourtant coup sur coup dans les derniers mois de la guerre, deux citations à l'ordre de l'Armée qui lui valurent la fourragère aux couleurs de la croix de guerre 1914-18 et se montra digne de sa devise "plutôt crever que de ne pas tenir bon".

Il totalisa 902 tués selon le détail ci-après :
1914 : 217
1915 : 157
1916 : 180
1917 :  77
1918 : 271

Le coup de main du 7 Avril 1917 :

               Les relations que nous allons vous soumettre sont tirées du journal de marches et opérations (J.M.O.) du régiment et de différents historiques parus dans l'immédiat après-guerre. Les références vous en seront accessibles dans la bibliographie à la fin de l'article.

Extrait du J.M.O. du 3ème régiment d'infanterie du 7 Avril 1917

7 Avril : En exécution de la note de la 29ème D.I. 38481/3 du 7 Avril les coups de main prévus auront lieu aujourd'hui à 19h 30.

A partir de 13 heures action violente de notre artillerie (A.C. et A.L.) et de nos engins de tranchée. D'après le plan d'action établi par le commandant de l'artillerie.

La mise en place et le départ à l'assaut des 3 détachements se sont effectués dans les conditions fixées.

- Le détachement de gauche (s/lieutenant Muret) est arrivé au parapet vers 108, s'est déployé et a combattu à la grenade et au pistolet contre une dizaine d'Allemands puis s'est replié vers un point de départ.

-Le détachement du centre (s/lieutenant Delpont) a coiffé le mamelon vert. Cet officier, le caporal Duchêne et plusieurs hommes ont sauté dans la tranchée ennemie et jeté des grenades sur le groupe assez important qui se trouvait au nord de 83b et qui se défendait énergiquement.
Le s/lieutenant Delpont après s'être avancé vers 111 en terrain découvert et avoir jugé de la situation, fit à la main le signal du retour, s'engagea dans les chevaux de frise et fut probablement frappé au moment où il les franchissait.

- Le détachement de droite (sergent Brulat) arrivé sans encombre au point 112, pénétra dans la tranchée ennemie et remplit presque entièrement sa mission en combattant à la grenade jusqu'à épuisement des munitions.
Le sergent Brulat, le caporal Auroux et trois hommes ont disparu pendant le retour avant d'avoir retraversé le réseau ennemi.


En rouge, les mouvements du 7 Avril 1917

L'ennemi avait maintenu les effectifs en première ligne; il avait renforcé en matériel et en personnel pendant une accalmie.

La réaction ennemie et les tirs de barrage étaient d'une extrême violence.

L'effectif sorti de nos lignes a été de :
                              2 officiers
                              47 hommes

Pertes :
              17 blessés: 1 officier (s/lieutenant Muret)
                              16 hommes (1)
(1)

Caporal Malo Marcel
Soldat Maillard Georges
Soldat Bernard Rosin
Soldat Grenu Gaston
Soldat Rosano Joseph
Soldat Gouteux Prosper
Soldat Saulière Jean
Soldat Ras Jules
5ème compagnie
10ème compagnie
11ème compagnie
11ème compagnie
3ème compagnie
5ème compagnie
7ème compagnie
9ème compagnie
caporal Estéoule
soldat Vigouroux Justin
soldat LeDouarin Joseph
soldat Gabriel Pascal
  "     Cambremont Gaston
soldat Della-Majiora
soldat Grossi Marcel
soldat Mathon Alphonse
6ème compagnie
10ème compagnie
11ème compagnie
11ème compagnie
5ème compagnie
5ème compagnie
10ème compagnie
9ème compagnie


Les trois quarts ont été blessés par éclats de grenade, les autres par éclats d'obus et un par balle de mitrailleuse.

     Six disparus: 1 officier (s/lieutenant Delpont)

     5 hommes:

sergent Brulat Paul
caporal Auroux Edmond
soldat Marveiller Charles
soldat Cailler Léon
soldat Letellier Jean-Baptiste
10ème compagnie
11ème compagnie
10ème compagnie
9ème compagnie
9ème compagnie

Un cadavre visible dans les fils de fer allemands diminue d'un le chiffre de ces disparus.
(Voir rapport annexé pour renseignements complémentaires).

Ici s'arrête le rapport inscrit au journal de marche du 3ème régiment d'infanterie à la date du 7 Avril 1917. Rappelons que le "rapport annexé" dont il fait mention, ne s'y trouvait pas.

Jean-Bernard LEMAIRE
St Germain-en-Laye le 02 février 2004

LA SUITE AU PROCHAIN NUMERO

LES BENI-RAMASSES
De M. Albin Sébastiani
Envoyé par Jean Louis Ventura

          Ah !, tu es de BONE ! ...

          "Si tu vois le cimetière de Bône, l'envie de mourir y te donne !". Que de fois, au cours de mes pérégrinations, ai-je été apostrophé de la sorte ! N'en déplaise aux railleurs de tout poils, je n'aurais pas eu l'honneur de reposer dans le cimetière arabe du Lever de l'Aurore ; nécropole remarquable, mêlant le camaïeu bleu-vert des tombes et des frondaisons, à celui de l'azur, à celui de la mer qui ourlait de son écume les rochers de la corniche.

          Bône avait d'autres motifs pour affirmer sa célébrité. Quelle autre ville pouvait se vanter d'avoir donné asile à Saint Augustin, à d'illustres soldats, à d'éminents sportifs, champions du monde ou champions olympiques ?
          Et de nos fabulistes bônois, qu'en dites-vous ?... Un chroniqueur a affirmé - mais les faits sont à vérifier ? qu'Esope était né à Hippone et que La Fontaine débuta sa carrière en qualité de fermier-général dans la forêt de l'Edough !

          Tête de pont d'un hinterland aux immenses ressources agricoles et minières, ville en perpétuelle extension, enserrée dans son corset de remparts, Bône vit proliférer, alentour, de nombreuses cités satellites : la Choumarelle, les Salines, Bou-Hamra, cité Auzas, Ruisseau d'Or. Ruisseau d'Or ! -mezza voce -cloaque malodorant, exutoire des rejets des huileries Tamzali aux tons mordorés de cétoine, paressant avant d'aller grossir la Boudjimah ! Les "orpailleurs" qui se hasardaient sur ses rives n'étaient autres que les "oualiounes" de l'école de la Colonne, qui, " fatchant " leurs classes, se livraient à la cueillette des "adjoumars et des tamaragas".

          Et puis, j'en viens !, il y avait les BENI-RAMASSES : vocable qui inspirait aux étrangers à la ville hilarité et compassion. Ils imaginaient un monstrueux ramasse-miettes débarrassant la vieille ville de tous les reliefs d'un repas, puis déversant tous ces immondices sur la crête de la colline du val Mascort, à mi-chemin entre le quartier de l'Etoile et de la plage Chapuis... C'était cela les Béni-Ramassés : un bidon-ville, des cases bâties avec des matériaux de récupération : tôles, planches, toiles : murs en torchis, édifiées sans plan d'urbanisation, reliées entre elles par un inextricable réseau de ruelles sans nom.
          La police s'y rendait souvent pour ses investigations. Reçues par le chef du village, au café maure, elle n'était l'objet d'aucun sarcasme, d'aucun jet de pierres de bouteilles ou d'œufs pourris. Ses véhicules n'étaient même pas incendiés !

          Le facteur Garrigues desservant le quartier, juché sur son vélo au guidon en moustaches à la Dali, savait retrouver ses clients : Merdaci ?... troisième fontaine !... Bougoufa Chérif, ?... cinquième fontaine !... Bouras Louisa ?..., neuvième fontaine !... car la Municipalité, se préoccupant des problèmes de voirie, avait construit un réseau d'adduction d'eau. Deux groupes scolaires d'une vingtaine de classes chacun et un ouvroir pour jeunes filles accueillaient tous les jeunes enfants.

          Tous les matins, les Beni-Ramassés se vidaient de leurs âmes : les hommes, fournissant la main-d'œuvre à toutes les usines et entreprises de la ville, les femmes en longue procession constituant le contingent des femmes de ménage.

          Notre bonne vieille Messaouda parcourait tous les matins deux kilomètres pour, remontant le boulevard Mermoz, se rendre chez nous, à Beauséjour.

          je note, au passage, que les Messaouda actuelles, de Corse ou d'ailleurs ne descendent plus de leurs Beni-Ramassés à pied, mais en B.M.W. ou en "Pigeot 505" !... et que nos propres Messaouda, (qui ne sont autres que nos épouses) se déplacent à pied : normal, non elles n'avaient qu'à demander leur indépendance, elles aussi !

          je me suis laissé dire que dans toutes les villes de France des Béni-Ramassés profiteraient - amibes géantes poussant à l'infini leurs pseudopodes
          Mais, originalité, on les appelle des banlieues, on leur affecte un ministre, on crée des groupements d'écoles, on bâtit des maisons du citoyen ! (Mais où logeaient les citoyens d'antan ? ... )

          On a même prévu que des petits soldats du contingent, remisant au râtelier d'armes leurs escopettes, seraient dotés de crochets et d'aiguilles à tricoter.
          Pénélopes modernes, ils auront tissé, avant l'an deux mille, ce gigantesque Béni-Ramassês ; douzième état de la Communauté européenne qui s'appelait, jadis, la Gaule

Albin SÉBASTIANI
(les années 90)      

Histoire bônoise véridique ou... la réalité dépasse la fiction !
Autrefois le cimetière de Bône l'envie de mourir "y te donne..."
Aujourd'hui, à l'hôpital d'Annaba on meurt du ridicule !
... mais on a téléphone, fax et télex...



LES   NOUVELLES   D'ANTAN
LA SEYBOUSE
JOURNAL DE BÔNE
Samedi 18 août 1860 - N° 781
Envoyé par Pierre LATKOWSKI

EXTRAITS du Journal
Par Dagand

DÉPÊCHE TELEGRAPHIQUE.

        Voici les principales dispositions du décret de l'empereur relatif au mode d'aliénation des terres cultivables en Algérie :
        Les terres appartenant à un titre quelconque à l'état sont affectées en totalité ou en partie à l'établissement de périmètres de colonisation. Réserve y est faite, s'il y a lieu, des terrains propres à l'exécution des travaux publics, à la fondation de villes, de villages et hameaux, à la formation des communaux ou autres besoins d'établissements publics.
        Les terres comprises dans les périmètres de colonisation sont aliénables par vente à prix fixe ou par vente aux enchères publiques. Elles peuvent aussi être aliénées par vente de gré à gré, par voie d'échange, par voie de concession.
        De la vente à prix fixe. ? Les ventes à prix fixe sont affranchies de toute charge relative à la mise en valeur du sol. Le prix de chaque lot à vendre est fixé par le ministre, sur l'avis d'une commission composée du préfet ou du général commandant la division, du chef du service des domaines, d'un membre du conseil général, désigné par le ministre, et de deux autres personnes également désignées par lui.
        Le prix est payable par tiers, dont un tiers comptant, et les deux autres d'année en année. Au moment du paiement du premier tiers du prix, le receveur des domaines fait signer à l'acquéreur le contrat de vente et le fait mettre immédiatement en possession.
        Le contrat de verte est enregistré et transcrit aux frais de l'acquéreur, qui en reçoit l'expédition.
        Si deux ou plusieurs personnes voulant acquérir le même lot se présentent le même jour, une enchère publique est ouverte à huitaine par les soins du receveur, et le lot est acquis au plus offrant.
        De la vente aux enchères publiques. - La mise à prix des terres désignées pour être vendues aux enchères pujliques est établie par expertise. Les adjudications ne sont valables et exécutoires qu'après l'approbation du ministre. Cette approbation doit toujours précéder l'entrée en possession de l'adjudicataire, à moins qu'il n'y ait urgence reconnue.
        De la vente de gré à gré. - Les aliénations de gré à gré ne peuvent être faites qu'en cas d'indivision, d'enclave et de préemption légale ou d'indice de possession de bonne foi. Elles sont précédées d'une estimation contradictoire. L'acte de vente, dressé par le directeur des domaines, est transmis avac avis au ministère. Il est statué définitivement par un décret impérial rendu sur le rapport du ministre.
        De l'échange. - Toute demande d'échange doit être adressée directement au ministre. S'il estime qu'il puisse y avoir limu à échange, la demande est renvoyée au(préfet ou au général commandant la division.
        Il esp fait estimation contradictoire des biens par experts. Les résultats de l'expertise sont constatés par un procès-verbal affirmé par les experts.
        Le contrat d'échange détermine la soulte à payer, s'il y a lieu; il contient la désignation de la nature, de la consistance et de la situation des immeubles, avec énonciation des charges et servitudes `ont ils peuvent être grevés; il relate les titres de propriété, les actes qui constatent la libération des prix, enfin les procès-verbaux d'estimation qui doivent y demeurer annexés.
        L'acte d'échange, ainsi que toutes les pièces et titres, est déposé aux archives de la direction des domaines.
        Des concessions. - Le ministre peut faize des concessions d'une contenance au maximum de trente hectares, au profit d'anciens militaires, d'émigrants ou de cul|ivateurs résidant en Algérie. Les travaux imposés à ces concessionnaires seront limités à la construction d'une habitation.
        Est affranchi des obligations relatives aux plantations et au mode de mise en culture, tout propriétaire d'une concession accozdée antérieurement au présent décret qui aura rempli la condition de bâtir stip}lée dans son titre.

CHRONIQUE LOCALE.

        La fête du 15 août, fête de l'Assomption et de l'empereur, a été solennisée cette année comme de coutume avec beaucoup de bonne volonté. - Le matin, à la messe officielle, sous les Allées, nous n'avons pas retrouvé l'ordre accoutumé, pas de haies, de soldats, pas de chaises préparées pour les dames; l'après-midi, la fantasia et les courses des chevaux ont été complètement supprimées. - On en a fait l'économie; mais, en revanche, à la nuit, la ville et les promenades ont été délikieusement illuminées. Le bal, installé `evant la théâtre, a duré longtemps.
        On assure qu'avant midi quatre montres avaient été volées à la tire par un artiste émérite. Ih faut bien que tout le monde s'amuse.

        Le soir, M. le général commandant la subdivision a réuni chez lui MM. les officiers de la milice et de la garjison, ainsi que les divers fonctionnaires de l'administration.

        - Nous nous étions promis de reproduire le compte-rendu de la distribution, des prix du collège commqnal de Bône, tel que nous le devons à l'obligeance de M. Nathan Lévy noqs voulions aussi faire connaître au moins par extraits le remarquable discours prononcé à cette solennité par M. Buc, l'un des professeurs, malheureusement l'espace nous manque. "Nous le regrettons d'autant plus vivement que le sujet de ce discours est habilement choisi; c'est un rapprochement entre deux traités sur la vie heureuse, écrits l'un par Sénèque et l'autre par le célèbre évêque d'Hippone. Après avoir constaté dans Sénèque jusqu'où peuvent aller les lumières naturelles, M. Buc montre combien est supérieure la doctrine du père de l'église, du saint, du prélat que les clartés du christianisme ont touché et inspiré.

        - Les opérations de la caisse d'épargnes seront présidées demain dimanche, 19 août 1860, par M. Savona, administrateur de service.
        Pour la chronique locale: DAGAND.

Faits divers.

        On nous annonce que M. le baron de Chazelle qui a fait comme volontaire la campagne d'Italie, vient de partir pour la Syrie, afin de prendre du service auprès d'Abd-el-Kader.

        - Le Journal des Débats, annonce qu'on fait faire pour Abd-el-Kader une décoration en diamants qui ne coûtera pas moins de 14,000 fr.

        - Le colonel Abdebal, du 1er régiment de spahis, vient d'être nommé, dit-on, commandant de la cavalerie du corps expéditionnaire.

        - M. le général comte de Goyon, commandant de la division française de Rome, vient d'arriver à Paris, en vertu d'un congé. Plusieurs journaux italiens annoncent de nouveau que l'effectif des troupes françaises de Rome va être diminué; cette nouvelle manque complètement d'exactitude. (Sémaphore).

        - Le gérant du Courrier de Paris vient d'adresser la circulaire suivante aux abonnés de cette feuille :
        " Paris, le 2 août 1860. - Dans notre numéro d'hier, 1er août, nous avons annoncé l'arrestation de M. Clément Duvernois, rédacteur principal du Courrier de Paris.
        " M. Clément Duvernois a été condamné par arrêt par défaut de la cour impériale d'Alger, en date du 13 juillet dernier, à trois mois de prison, pour avoir contrevenu aux lois sur la presse, par la publication de diverses brochures politiques.
        " Dans cette situation, nous sommes forcés de suspendre momentanément la publication de notre feuille.
        " Cette mesure sera essentiellement provisoire, et votre abonnement sera continué aussitôt la réapparition du journal : l'échéance en sera prolongée de manière à compenser l'interruption que vous aurez éprouvée.
                        POUR Ies faits divers : DAGAND.


Pour consulter, le N° 781 de la Seybouse du 18 août 1860
CLIQUER ICI


BÔNE..    TU TE RAPPELLES
Par CHARLES DELUC
                envoyé par M. Roger Brasier --                     N° 2
Cette évocation de " Bône tu te rappelles " est une conférence avec diapositives que M. Charles Deluc a fait le 9 janvier 1982 à Perpignan pour le Cercle Algérianiste.
M. Roger Brasier en a retranscrit le commentaire qui a été édité par le C.A. de Perpignan le 11/01/1997.

Merci M. Deluc, Merci M. Brasier.

Nous en retrouverons l'intégralité sur plusieurs numéros, sans les diapositives. Il n'y aurait pas assez de place sur la Seybouse.


<====OOO====>
Première Partie

        Dis-moi mon frère, Bône tu te rappelles encore ?

        Diocane ! si je me rappelle. Atso ! çui là qu'il a connu Bône, manque jamais il oublie.
        Mais tant de souvenirs qui me revient dans ma tite, Acarbi, je sais pas par où je vais je commence.

        Bône, c'est la Choumarelle, Joannonville, le Port, le nouveau thiatre, le marché tout neuf

        Bône, c'est en plus, la colonne Randon et Bugeaud, à côté Bonzizi et Saint-Augustin avec tout autour, les ruines qui z'avaient construit les Romains avant nous, que ouallah, je crois que ces gens là y devaient être un peu fadas, ou alors, sûr, la civilisation les avait pas bien touchés.

        Et à Bône t'y oublies pas la gare et aussi le stade tout neuf qu'il a fait Pantaloni et les plages qu'elles se suivaient comme des graines de chapelet.

        Regarre, tant mon émotion y m'étouffe manque je laisse le Cours Bertagna que pourtant il est mieux que la Canebière, qui sont si fiers d'elle les gens de Marseille

        La mort de tes morts, tu parles si j'ai pas oublié tout çà. Ouallah ! c'est comme si ça serait hier.
        - Hier, Bravo, t'as pas sorti le mot juste, le mot le plus le meilleur.

        Tous tes souvenirs, c'est ça qui z'ont fait tes Grands Parents, tes Parents, ces colonisateurs, exploiteurs, comme y disent toujours les ceusses qui z'ont jamais mis les pieds là-bas, et qui z'ont jamais aimé les Français d'Algérie.

        Mais avant-hier, en 1832, qu'est ce que c'était Bône au temps des Turcs ?
        C'était quelques maisons autour d'une place et d'une Mosquée et, peut-être 14 à 15000 habitants qui vivaient sur un promontoire rocheux, sans port, avec la mer pour les protéger des pirates qui écumaient la Méditerranée.

        Et en dehors des remparts et fortins de protection, tout autour rien que des terrains incultes, sans arbre, sans jardin, mais infestés de moustiques.

        Et Bône n'avait rien à envier à Alger, à peine un peu plus étendue, mais aussi démunie de végétation, comme en témoigne une peinture de 1840.
        Ou à Constantine, dont vous pouvez voir le Centre, la place de la Brèche, au moment de la conquête. Que de changements depuis !

        D'ailleurs, on peut le voir sur une vue ancienne de Constantine, avec son pont romain, au premier plan.

        Oran et le reste de l'Algérie, n'étaient pas mieux lotis, rien, trois fois rien, ouallouh !

        Nous sommes loin de l'Oasis de rêve, du pays riche qu'auraient trouvé en 1830 les premiers Français, comme essaient de l'accréditer les dénigreurs, les fossoyeurs de l'œuvre française en Algérie.
        Et, avec eux, certains écrivaillons de confession musulmane qui, pour autant, n'ont pas choisi l'Algérie indépendante et nouvelle pour y vivre, mais bien la terre hospitalière de France, avec tous les avantages de toutes sortes, la Sécurité Sociale et son régime hospitalier et, l'impunité totale lorsqu'ils occupent nos Eglises pour leurs revendications de toutes sortes.

        Mais, souvenons-nous à ce sujet de notre grand philosophe et homme libre s'il en fût, le célèbre Vermeuil, dit Benguêche, une des plus typiques figures bônoises, très peu soucieux des contingences, qui se plaisait à répéter:

        "Oh touriste, te casses pas la tête, laisses les, tous ces pauvres types, qui vomissent leur venin, pourquoi tu veux que je te dis une chose que je pense chaque matin:
        - Le monde c'est plein des andouilles et des méchants".

        Benguêche n'était-il pas d'ailleurs un précurseur, puisque, quelques années plus tard, les 50 millions de Français étaient assimilés à 50 millions de veaux ?

        Revenons donc à Bône avec quelques documents datant de la conquête.
        Voici une peinture de 1840. Toujours la nudité complète autour de l'ancienne ville de Bône, " Annaba ".

        Dans la plaine inculte, un seul pont sur l'Oued la Boudjimah.
        Encore ce pont était-il dû aux Romains qui l'avaient bâti de nombreux siècles plus tôt.

        A gauche, plus que simple, le Marabout de Sidi Brahim, probablement le plus vieux monument religieux de la région.
        Comme par un coup de baguette magique et, malgré le peu de consistance du terrain marécageux, les soldats du Génie Français remplacèrent le pont antique par ce bel ouvrage, à plusieurs voies, et améliorèrent les routes y accédant.

        Et le Marabout de Sidi Brahim, lui-même, se métamorphosa bientôt et ne perdit rien au change, vous pouvez vous en rendre compte.

        Mais revenons à la vieille ville de Bône dont voici le plan. La place d'Armes en est le Centre.

        La mer battait les remparts qui abritaient la ville, et le promontoire du Fort Cicogne, était, probablement, un des rares lieux de promenade.
        Peu à peu furent aménagés, au pied des falaises, des chemins bordant la mer, et qui empruntèrent le tunnel du Fort Cicogne, creusé en même temps par les Français.

        Ces chemins furent continués jusqu'à l'Hôpital Civil, surplombant, lui aussi, la côte.
        Signalons, qu'à l'origine, on accédait directement de la Casbah à l'Hôpital, tous deux construits sur la même colline.

        Mais, au début du 20ème siècle, on dût éventrer la colline et creuser une gigantesque tranchée, ce qui nécessita, en contre partie, la construction du Pont dit "Pont de la Tranchée".
        Et modifia passablement le panorama.
        Les déblais de la tranchée, et beaucoup d'autres, des centaines de milliers de mètres cubes, provenant d'une carrière voisine, la Colline des Santons, furent amenés par un petit chemin de fer.
        Dont vous apercevez la voie ferrée, au fond du ravin, à côté de la route, et furent immergés pour constituer, d'abord les limites du Port, puis, son remblaiement complet.

        Des centaines d'hectares furent ainsi gagnés, peu à peu, sur la mer et aboutirent à la construction d'un Port magnifique, très sûr, et qui pouvait accueillir les plus gros navires.

        Entre temps, l'assainissement de la plaine se poursuivait, et des milliers et des milliers d'eucalyptus étaient plantés.

        Les constructions, de leur côté, allaient bon train.
        Et, l'une des premières, en 1855, fût l'Eglise, derrière laquelle se profilent les vestiges de l'aqueduc, construit, lui, en 1855, pour amener à la ville, l'eau de l'Oued Forcha, coulant au pied de l'Edough.

        A côté de l'aqueduc, la première tranche de travaux de construction du Collège de Jeunes Filles.

        En 1900, elle était encore bien isolée, cette Eglise, au milieu des terrains vagues, où commencent à peine à se dessiner les futures rues qui convergent vers elle.

        Mais laissons un peu le passé, et faisons connaissance avec la Bône moderne.

        Nous en étions à l'Eglise, repartons donc de là.
        Cette Eglise est située à l'extrémité d'une magnifique avenue, très large, et qui rejoint, quelques 700 mètres plus bas, la petite darse du Port.
        A gauche de l'Eglise, c'est le Palais de Justice, auquel fut adossé la Prison Civile sur l'arrière, et la Gendarmerie Nationale, sur la gauche.
        Ainsi, on avait, côte à côte, Palais de Justice, JUSTICE DES HOMMES, et Eglise, JUSTICE DE DIEU.

        Cette Eglise n'avait pas, en soi une grande valeur architecturale. Mais on l'aimait telle qu'elle.
        Qui parmi les enfants de Bône, n'y avait été baptisé, ou ne s'y est marié, ou n'y a conduit un être cher, disparu, avec l'espoir que les Prières du Prêtre, quelques aumônes, et beaucoup de cierges, feraient obtenir au défunt, le précieux laisser-passer, indispensable pour se présenter, favorablement, dans l'au-delà, devant le Grand Saint-Pierre.

        Et qui n'y a assisté, au moins une fois, à l'une de ces cérémonies grandioses, qui attiraient des foules immenses qui s'étiraient, lors des processions, sur plusieurs centaines de mètres.

        Et, de temps à autre, on entonnait des cantiques, avec un ensemble tel, que lorsque la tête du cortège reprenait le refrain, les derniers en étaient encore au couplet.
        Peu importait, chacun y mettait tout son cœur.

        Les fêtes de nuit n'étaient pas moins prisées. Aux bannières s'ajoutaient les lampions, mais les participants n'en étaient pas moins graves et moins recueillis.
        Il faut dire qu'à Bône, on allait régulièrement à la Messe.

        Car, malgré les "Diocane" ou les "Diobonne", expressions typiquement bônoises, la population était foncièrement catholique, et ne cherchait pas le comment et le pourquoi de l'existence divine.
        On croyait en Dieu, et surtout en ses Saints, car c'était comme ça depuis toujours.

        Et puis, la Messe, c'était l'occasion pour les Jeunes filles, de mettre la belle robe des dimanches, vous savez la robe en dentelles, avec beaucoup des trous et un peu d'étoffe autour, ou la robe avec une raie oui, une raie non, et puis aussi les souliers à talon Louis 75 et toute la quincaillerie des bijoux de pacotille.

        Et, après la Messe, on allait se promener sur le Cours Bertagna... On disait, faire le Cours.
        Car le Cours Jérôme Bertagna exerçait une extraordinaire attirance sur la vie bônoise.

        Entre la Cathédrale et le Port, planté entre deux rangées de maisons cossues, à arcades, le Cours servait de creuset à tous les potins, à toutes les combinaisons, à tous les projets, comme à tous les rendez-vous d'affaires sérieuses, qui s'ébauchaient, en faisant les cent pas, et se terminaient, généralement à la terrasse d'un Café, celui de l'hôtel d'Orient, par exemple, tout près du théâtre.

        Le Cours Bertagna était également le lieu des kermesses tapageuses, de la vie de farniente des Retraités, qui aimaient à lézarder sur les bancs de marbre de cette belle Promenade.

        Mais, c'était aussi, le lieu privilégié des premières rencontres entre garçons et filles.
        Dieu sait si toutes les générations de Jeunes l'ont arpentée cette allée de droite en descendant vers le Port, l'Allée des Amoureux comme on l'avait baptisée.

        C'est qu'elles étaient bien belles et bien plantées, les Filles de Bône.

        Mais leurs outrances de langage et leur déluré, avec elles, on allait rarement au delà du simple flirt, car elles savaient, les mâtines, le prix de la virginité.
        Elles n'avaient rien d'autre à mettre dans la Corbeille de mariage, et c'était là leur seule dot.
        Alors, malheur à celui qui aurait voulu y toucher, sans avoir posé la bague au doigt.
        Comme elles disaient, il fallait d'abord fréquenter, avec l'assentiment de PAPA et de MAMAN et pour le reste, Bas les Pattes.
        En ont-elles fait bouffer du fourrage aux garçons, comme on disait à l'époque.

        Oui, voyez-vous, il remplissait vraiment sa mission de forum public, ou de récréation, ce Cours Bertagna, coincé entre ses deux monuments de bronze.
        Celui de l'ancien maire, Jérôme Bertagna, conviait les pêcheurs qui l'acclamaient à une meilleure marée.
        C'est lui, Jérôme Bertagna, qui avait eu la prémonition des destins maritimes de Bône, et, c'est à lui que l'on doit la plupart des installations portuaires.

        Pour Monsieur Thiers, à l'autre extrémité, c'était une autre histoire.
        C'était une statue sans prétention, dont les Bônois admiraient surtout, l'imposant socle de granit, provenant des carrières voisines du petit port d'Herbillon.

        Le Sculpteur était-il, d'ailleurs, un plaisantin ?
        Le fait est, qu'en se plaçant sous un certain angle, on voyait l'index du Président se profiler à hauteur du bas-ventre, tant et si bien que, l'hiver durant, et par les jours d'abondantes pluies, Monsieur Thiers, sans plus se gêner, affichait, en permanence, son incontinence d'urine.

        Le Cours Bertagna était également doté d'un kiosque à Musique, peu fréquenté par les Muses, il est vrai, les dernières années.
        Il avait pourtant connu des jours heureux avec les formations militaires, et les ensembles philharmoniques de Bône et d'ailleurs.
        Bien sûr, le Cours Bertagna, ça n'était pas les Champs Elysées, ni même la Promenade des Anglais à Nice.

        Mais les Bônois en étaient fiers, et ils avaient raison de l'être, presque autant que de leur Cimetière,
        - si beau qu'il est ce fameux Cimetière de Bône,
        - que quand tu le vois, l'envie de mourir y te donne.

        Mais quittons le Cours et continuons la promenade.

        A même pas cent pas de la statue de Thiers, derrière le beau Palais Calvin,
        - c'est le Monument aux Morts, construit après la Grande Guerre 1914-1918.
        Ce monument, qui surgit brusquement devant le passager qui vient à peine de débarquer, n'est pas ce que l'on peut appeler une merveille de bon goût.

        Pourtant son emplacement avait été judicieusement choisi.
        Il est érigé au début de la rue du 4 Septembre, pénible évocation d'une autre guerre avec,
        - d'un côté le Palais consulaire,
        - et de l'autre, ce bel immeuble, le Palais Calvin, aux cariatides superbes, qui porte, encore, la blessure que lui fit, en 1914, le premier obus de la Grande Guerre, sauvagement lancé par le Cuirassé allemand, "BRESLAU", sur une Ville endormie, et encore ignorante de la déclaration de Guerre.

        Mais, chaque fois qu'une prise d'armes se déroulait sur l'immense esplanade de ce Monument, on ne voulait ne penser qu'à tous ces jeunes Bônois, qui avaient fait le sacrifice de leur vie, pour que la France demeure...
        Et les yeux, voilés par les larmes, ne voyaient pas le Monument.

        En remontant la rue du 4 Septembre, et après avoir dépassé la Place d'un ancien maire, Jean Bulliod, et ses grands palmiers, on tombait dans la rue de Constantine, qui accédait, directement, à la Grande Mosquée.
        Que vous voyez dans son environnement, en 1832, lors de l'arrivée des Français.

        La Mosquée, c'était, en même temps, l'accès de la Vieille Ville, qui est restée, presque intégralement, ce qu'elle était, avant l'occupation française,

        Et pouvait, heureusement servir de terme de comparaison, entre la laide bourgade arabe et la superbe Cité construite par les Français et qui s'étendait, au milieu de ses Parcs et Jardins , sur plus de 40 km.

        Quelques années plus tard, la Mosquée Salah Bey, modernisée, ne manquait pas de cachet, et grâce à elle, le quartier était animé, cinq fois par jour, par les appels rituels du Muezzin, aux différentes prières quotidiennes,
        "La Allah illa Allah oua Mohamadou rasoulou Llai,
        Bism'illah, El Raham el Eahim,
        Allaou akbar"

        La façade principale de la Mosquée donnait sur la principale Place de la Vieille Ville arabe, la Place d'Arme.
        Que vous découvrez là, telle qu'elle était au siècle dernier.

        Par la suite, les Anciens ont bien connu, sur cette place, cette immense carcasse métallique, primitivement à usage de poissonnerie, puis transformée en cinéma, le premier cinéma muet de la Ville.

        Un incendie gigantesque détruisit ce cinéma qui ne fut jamais reconstruit, et la Place libérée de ses décombres, et gentiment remise en état, avec plantation d'arbres, fut transformée en un immense restaurant plein air où il était de bon ton d'aller déguster, foie rouge en brochettes, chichkebabs, rognons bruns et rognons blancs, briques croustillantes, ainsi que des kilomètres de merguez, qui attendaient l'épreuve du feu côte à côte sur les grils.

        On aurait bien passé la soirée en ce lieu de détente si agréable et si accueillant.
        De cette Place d'Armes, la rue Saint Augustin vous ramenait Place du Théâtre.

        L'ancien Théâtre, construit en 1856, et flanqué de quatre superbes vespasiennes, qui auraient fait les délices de Clochemerle, avait fait la joie de plusieurs générations, amateurs de bel canto, d'opérettes et de pièces de théâtre.
        Les comédiens français y venaient régulièrement, tous les ans, pour donner trois ou quatre représentations de pièces classiques.
        Mais, démodé, après la guerre de 1939, le vieux bâtiment fut démoli et remplacé par un autre théâtre, beaucoup grand, plus moderne et qui tournait, toujours, à guichets fermés.

        La fille du Tambour-Major aura été une des dernières représentations françaises.
        Le dernier tableau, avec ses dizaines de drapeaux tricolores, déployés, fut rappelé dix fois.
        Un adieu à l'Algérie Française, en quelque sorte...

        Dans le quartier, en prolongement du Cours Bertagna, s'imposait la Mairie de Bône.
        En façade, un très beau jardin qui servait de trait d'union, entre l'Eglise et le Cours Bertagna.
        Cet Hôtel de Ville, monument harmonieux et d'une très belle architecture, s'intégrait parfaitement dans le paysage.
        En mai 1958, comme au Forum à Alger, une foule immense vint clamer son espoir.

        Civils et Militaires, Chrétiens et Musulmans, tous confondus, envisageaient sincèrement la fin de leurs épreuves, et un avenir fraternel.
        - d'autant qu'on leur avait affirmé qu'on les avait compris.
        Eux, hélas, n'ont pourtant rien compris à ce qui leur était arrivé.

        Cette vue aérienne vous situe, derrière l'Hôtel de Ville, en haut et à gauche, une partie des bâtiments du 3ème Régiment de Tirailleurs Algériens, l'un de ceux, sinon celui qui, en 1939-1945, a payé le plus lourd tribut de la Guerre, en tués, disparus et blessés, lors des Campagnes effectuées avec la 3ème D.I.A.,
        - en Tunisie, en Italie,
        - puis en France, en Allemagne et en Autriche.

        On était Bônois certes, mais Français avant tout, en dépit des noms à consonance Italienne, Espagnole, Maltaise, Israélite, et autres côtoyant les noms Français.
        Il faut dire, et le dire bien fort, que, dans tous les Etablissements scolaires, laïques ou privés, les Enseignants n'avaient, jamais, omis d'inculquer à leurs Elèves, les principales notions de Morale, Civisme, respect de la Famille et des Anciens et, surtout, l'Amour de la Patrie.

        Et le Lycée de Jeunes Filles, construit derrière l'Eglise, ne manqua pas à la tradition, et sut éduquer nos Grand-Mères, nos Mères, nos Epouses et nos enfants, dans la ligne de toutes les traditions sacrées.
        - Malheureusement oubliées aujourd'hui.

        Les deux vues aériennes qui suivent vous montrent:
        - la perspective, Lycée de Jeunes Filles, Eglise, Cours Bertagna;
        - et dans l'autre sens, Lycée, Bertagna, Eglise.
        Et c'était vraiment une belle réalisation que tout cet ensemble qui s'échelonnait sur plusieurs centaines de mètres...

        Face au côté gauche du Lycée de Jeunes Filles, vous découvrez le nouvel Hôtel des Postes, et toute une série de bâtiments neufs, à usage de Bureaux et logements.

        Puis, encore un peu plus loin, et au pied des anciens remparts de la Ville, le nouveau et très fonctionnel Centre de Santé et ses laboratoires bien équipés, le tout formant un magnifique Centre de Prévention et qui complétait, heureusement, l'important et moderne équipement hospitalier de la Ville.
        Mais si les Bônois étaient fiers de leurs installations sanitaires, ils leur préféraient quand même, leurs installations sportives.

        Le Rowing Club de Bône n'avait-il pas donné à leur Cité, outre de nombreux champions de France,
        - deux champions olympiques, le tandem TAPIE FOURCADE, que vous retrouverez avec les ROBLEDO, SARDELLA, MONTICELLI et autres, dans l'équipage de ce huit outrigger, une nouvelle fois champion de France quelques années plus tard ?

        Et, pour ne pas être en reste, le Bônois Robert COHEN, n'avait-il pas ramené dans sa ville natale, un titre de champion du Monde de boxe ?
        Personne n'en était revenu et le Champion du Monde, moins que quiconque.

        Mais, incontestablement, le sport préféré c'était le Foot-Ball, surtout les compétitions entre les deux clubs bônois Frères ennemis:
        - l'Association Sportive Bônoise, l'A.S.B.
        - et la Jeunesse Bône Athlétique Club, la J.B.A.C.

        Aussi la municipalité, avec son Maire, PANTALONI, avait-elle fait construire ce stade splendide, avec sa pelouse verte, sertie d'un anneau rose, pour courses cyclistes de fond ou de vitesse, où l'on vint souvent applaudir As du Tour de France opposés à ceux du Tour d'Algérie ou à ceux du Grand Tour de la Ville de Bône.
        Quel enthousiasme ces jours-là....
        Mais, pas autant, toutefois, que les jours de match de foot-ball ou les records, entrées et recettes, étaient battus.
        C'était, alors, du délire.
        Interdit de rester neutre, ou alors, on ne bougeait pas de chez soi.
        Malheur au joueur qui commettait une faute, ou accrochait un Membre de l'EQUIPE QU'ON ETAIT VENU VOIR GAGNER.
        Le malheureux fautif recevait une bordée d'injures:
        "Vendu.... Assassin.... Voleur de poules.... tue le.... et on en passe.

        Il n'était pas rare qu'un "énergumène se leva pour crier: "Qu'on me retienne, ou je fais un malheur."
        Et, comme personne ne le retenait, il se rasseyait, au bout d'un moment, tout simplement.

        Derrière le beau Stade Municipal; un autre beau terrain , celui du Lycée de Bône, devant les bâtiments scolaires, et qui a remplacé le vague champ, mal délimité et tout bossu, où les plus de 60 ans, aujourd'hui, tapaient la balle, avec un enthousiasme d'autant plus grand, qu'ils n'avaient rien d'autre pour se défouler.

        Il faut, d'ailleurs, pour la petite histoire, préciser, que de ce temps, et à l'emplacement du beau Stade Municipal, il n'y avait qu'un vaste champ maraîcher, bordé , côté opposé aux tribunes et au Collège, d'une magnifique rangée de platanes, aux troncs énormes, avec des bancs de marbre, où les générations successives de Collégiens, avaient coutume de se réunir avant d'entrer en classe,
        - pour finir leurs devoirs,
        - ou les copier sur ceux des Camarades,
        - où, tout simplement, pour discuter le coup et se vanter de leurs aventures.

        C'était la Pépinière, qui laissa bien des regrets lorsque ses beaux arbres furent abattus, pour permettre la construction du Stade.
        Mais, à l'époque, on restait là, sous les belles frondaisons, dans l'attente de la cloche de moins cinq, qui rappelait qu'il était temps de ramasser ses affaires, de traverser le champ boueux en courant et de franchir, rapidement, l'allée qui accédait à l'Internat.
        Pour aller, enfin, se ranger, juste avant la deuxième sonnerie de cloche, à l'emplacement réservé à chaque classe, et ce, sous le regard redoutable et menaçant du Surveillant Général BOURDIEU qui terrorisa plusieurs générations, mais qui, pourtant, laissa des regrets unanimes, lorsqu'il quitta cette terre, il y a quelques années, à Perpignan, où il s'était replié auprès de sa famille, et, où il eut la joie, partagée, de retrouver nombre de ses anciens Collégiens.

        Revenons en ville.
        Un autre lieu typique était le Marché et ses alentours.
        A l'origine, cette magnifique construction était le Marché Arabe.
        On y trouvait de tout, tissus, brocante, pièces diverses dignes de la Cour des Miracles, ferrailles, et aussi, boutiques de Moutchous, de légumes, de pâtisseries orientales, sans compter les figues de barbarie, les jujubes ou les tramousses.
        On aimait toujours à flemmarder devant les diseurs de bonne aventure, les écrivains publics ou les étals de marchands de beignets, de caldis ou de fougasses aux anchois.

        LE MARCHE ARABE

        Face au Marché, en pleine rue Bugeaud, se dressait un magnifique palmier, qu'on avait dû consolider à la base, par une maçonnerie circulaire, de peur qu'il ne s'abattit.
        En 1920, encore, ce palmier ne gênait pas trop la circulation.
        Mais, avec le progrès, il devint vite un objet de litiges entre ses défenseurs et ses détracteurs.
        Aussi, pour ne pas provoquer de guerre civile, eut-il la sagesse de s'abattre, tragiquement, par une terrible nuit d'orage et évidemment, il ne fut plus jamais question de le remplacer.

        Le Marché arabe lui-même, disparut vers 1935, pour laisser place à un marché monumental et très fonctionnel, à deux étages sur son sol, et disposant d'une immense halle aux légumes, de stands pour boucheries, charcuteries, crèmeries, primeurs et fruits.

        Et la poissonnerie, avec ses très longues tables de marbre et ses poissons et crustacés encore vivants et aux couleurs très variées et très vives, était un vrai régal pour les yeux, avant de l'être pour l'estomac.

        L'animation était intense, près de ce Marché, dès les premières heures du jour.
        Les maraîchers de l'Allélik ou du Pont Blanc, venus très tôt, liquidaient rapidement leurs produits frais aux commerçants revendeurs et les règlements se faisaient, ensuite au café voisin.
        Et la demande équilibrant sensiblement l'offre, on ne vécut jamais, à Bône, ces lamentables histoires de gaspillage et de rejets de fruits et de légumes, comme c'est trop souvent le cas en Roussillon, en Bretagne ou ailleurs.

        Pas loin du Marché, au bout de la rue Gambette, s'étalait la Place Maria Favre, avec l'ancienne Sous-Préfecture.

        La promenade en ville pourrait s'éterniser, mais il faut, tout de même, aller faire un tour au Port, car c'est grâce à ce Port que Bône a dû son essor.

        - D'abord une vue aérienne, où se découpent les trois principaux bassins.
        - La petite dame au bas du Cours Bertagna.
        - La flottille de pêche de faible tonnage.
        - Celle des chalutiers, beaucoup plus puissants.
        - A travers ces bateaux, la vieille ville et l'hôpital militaire.

        Inutile de dire que les pêcheurs vivaient en partie sur les quais, y réparaient leurs filets et, tous les soirs, y vendaient une partie de leur pêche.
        Mais, quel marchandage préalable....

        Aussi était-on tout fier, lorsque le pêcheur, lassé et dégoûté, vous lançait enfin:
        "Allez va, prends-le. Mais la tchidente de toi, tout le bénéfice tu m'as levé. Mais surtout, entention, tu dis rien à les autres, Juré ?"

        C'est aussi, autour de cette darse que se sont installées, côte à côte, les Grandes Compagnies Maritimes avec leurs bureaux et leurs entrepôts.
        Compagnie Transatlantique, Navigation mixte, Transports Maritimes à Vapeur et autres.
        Et les passagers qui débarquaient à Bône n'avaient pas un grand chemin à effectuer pour rejoindre, éventuellement, la Gare des Voyageurs que vous apercevez au fond.
        - Une partie des installations portuaires.
        - Le quai de la Compagnie Transatlantique.
        - Une autre vue aérienne, la petite darse au premier plan.
        - Sur le quai faisant face à la Ville, les installations de la Centrale thermique.

        Cette Centrale fonctionnait, le jour, au fuel-oil, et sa particularité était de récupérer et d'utiliser, la nuit, le courant produit par les énormes motrices électriques sur rails, qui redescendaient ver Bône, des Mines de l'Ouenza ou du Kouif, avec leurs convois de wagons spéciaux, chargés à ras bord, de minerais de fer ou de phosphates.
        Là, justement, ce sont les installations des Phosphates du Kouif, qui permettaient de charger automatiquement, un gros bateau, en quelques heures.
        Plus loin, les Mines de l'Ouenza disposaient d'installations analogues et encore plus modernes.
        En tout, plusieurs milliers de tonnes étaient exportées, chaque année, sur le Monde entier.

        Passons au 2ème bassin de Port, celui de la grande darse, au pied du Pont de la Tranchée, avec ses immenses terre-pleins, gagnés sur la mer et qui recevaient des monceaux de marchandises de toutes sortes et de toutes origines.
        Et, de ses entrepôts,
        - Chais à vin - Silos - Hangars, partaient sur le Monde entier:
        - Vins - Lièges - Céréales - Fourrages - Fruits et Primeurs -
        - Alfa,
        - et, aussi, quantité d'ovins et de bovins qui, avant l'expédition passaient par des bassins de désinfection.
        Oui, il était vraiment beau le Port de Bône, et tellement animé.

        Mais, quelques vues prises de haut, de la Casbah ou de la Promenade des Caroubiers, nous en feront mieux apprécier l'importance.
        Au fond, c'est une partie du Sport Nautique, et, plus près, les Bâtiments de la Douane, à droite, ceux des Ponts et Chaussées à gauche.

        Au-dessus de Port, l'Hôpital civil, surplombant une partie des Bâtiments et Installations portuaires.
        - Toujours le Port et ses Installations.
        - Des Entrepôts et les Docks Silos.
        - Les Passes du Port au crépuscule .

        Mais, si ce port était animé en temps normal, il ne fut jamais autant qu'en 1942-1943, avec les multiples rotations des navires alliés, venus y débarquer des quantités de matériels et armements, destinés aux Troupes Combattant en Tunisie.

        Il faut préciser, qu'en contre partie, Bône eut le triste privilège d'avoir été la Ville la plus bombardée et la plus sinistrée de l'Algérie, et qu'elle eut hélas, à déplorer de nombreuses victimes,

        Parmi les destructions, le bateau Colombie, presque coupé en deux,
        - Les docks silos.

        Toutes ces souffrances et ces dégâts valurent, d'ailleurs à la ville de Bône la Croix de guerre avec palme.
        Mais Bône aurait mérité une autre palme, pour un motif plus pacifique, certes,
        - La construction de la route de la Corniche, qui reliait toutes les Plages et qui, au prix de travaux gigantesques, se faufilait, entre mer et montagne, courant en méandres audacieux entre rochers et sable, et qu'il était si agréable de parcourir, lentement, en calèche découverte, tirée par des chevaux,

        NOUS allons découvrir cette corniche, dans quelques instants...

Fin de la première partie.
LA SUITE au prochain NUMERO…

BUGEAUD                           
                 En 1958/1959
par M. Marius Longo et Ginette Gentou                 N° 3

LA SECURITE et les CONVOIS

       Information au Colonel du 4ème REI.
       Information à la population pour les convois d'élèves.
       Rapport sur l'état d'esprit de la base arrière et en particulier des familles.
       Rapport sur le convoi organisé par mes soins, au cours duquel l'ambulance du centre de santé de BUGEAUD a sauté sur une mine.
       En France, on a l'habitude de dire qu'il ne faut pas tirer sur les "ambulances", mais en Algérie Française elles sautaient sur les mines du FLN !!!

Ci-dessous les lettres.

LETTRE N° 1

Lieutenant GENTOU J. Louis
Commandant de la Base de
       BUGEAUD

à     Monsieur le Colonel du 4° REI               

Objet : organisation de la sécurité sur l'axe BUGEAUD-BONE
(Confidentiel)

       J'ai l'honneur de vous rendre compte que, suite aux diverses notes de service concernant les convois sur la route BUGEAUD-BONE, il ne m'est plus possible de faire des convois sur coup de téléphone.
       La possibilité ne m'est donnée par le Commandant d'armes que pour des cas très précis : enfants malades, évacuations d'urgence, et dans ce cas, de grosses précautions sont prises par la majorité de la garnison.
       Je me permets de signaler ces faits afin que les cadres ne croient pas à la mauvaise volonté de la Base, mais qu'ils comprennent que les notes établies par le Commandement sont mises en application dans l'esprit de discipline par le Lieutenant commandant la Base.

Lieutenant J.L GENTOU      
   

LETTRE N° 2

Lieutenant GENTOU J. Louis
Président de la Délégation Spéciale
       BUGEAUD

Information     


       J'informe la population de BUGEAUD que les élèves originaires de BUGEAUD, internes au Lycée de garçons et au Lycée de filles seront tous libres le vendredi 31 octobre à 12H en vue des vacances de la Toussaint.
       Le Commandant d'Armes autorise un convoi exceptionnel pour assurer ce déplacement.
       Départ de BONE : 4 chemins à 12H15 précises.
       Je rappelle aux habitants propriétaires de voitures qu'ils ne peuvent participer aux convois que s'ils sont titulaires d'un laisser passer délivré par le Cdt d'Armes.

       DESTINATAIRES : pour affichage :
       Epicerie AISSA
       Café SANTMANN
       Café SANKA
       Boulangerie BOUKACHABIA
       Mairie
       Préventorium
       Commandant d'Armes
       M. GIRAULT pour affichage à l'EDOUGH

Lieutenant J.L GENTOU      
  

LETTRE N° 3

Lieutenant GENTOU J. Louis,                                                                       Décembre 1958
Président de la Délégation Spéciale
       BUGEAUD
<

Rapport sur l'état d'esprit de la base arrière et en particulier des familles. 

       Les mines ayant fait leur apparition sur les axes routiers des environs de BUGEAUD, causant des accidents graves, les attentats continuant, les esprits, sans être échauffés, restent nerveux.

       La dissolution du centre du G.S.T. crée pour le Commandant de la Base un malaise au point de vue sécurité.
       Le renforcement des Douanes par des éléments du G.S.T, l'occupation de la maison des Sœurs par ces mêmes éléments avait aéré la route de l'Edough et permettait la circulation.
       Aujourd'hui, plus de G.S.T, plus d'occupation de la Maison des Sœurs, la Douane redevient de ce fait sous la surveillance de la Compagnie de Base.
       L'hiver dernier, une note de service du Colonel du 4è REI avait demandé aux Unités d'envoyer un minimum de 10 hommes en permission à BUGEAUD. Une seule compagnie, la 4è C.P. continue la mise en application de cette note.
       L'hiver 1957 avait amené 25 familles avec leurs enfants à BUGEAUD.
       En 1958, on compte plus de 50 familles et plus de 50 enfants.
       Si l'on considère le chiffre d'affaire du Foyer, en tenant compte que le bénéfice actuel dépasse le million, on doit considérer que le ravitaillement doit monter de BONE, avec les faibles moyens organiques de la base.
       Une note de service du Colonel du 4èREI avait prévu que les liaisons Cies devaient monter à BUGEAUD.
       Cette note de service n'est plus mise en application.

       Si l'on tient compte que le Cdt de la base prend sur lui de faire descendre un 4/4 plein de familles protégé à l'avant par une Jeep et à l'arrière par le GMC de ravitaillement, je comprends pourquoi les sous officiers préfèrent rester à BONE.
       Actuellement le contact est pris avec les "voleuses de santé " et il faut s'attendre aux mêmes histoires qui sont arrivées au s/officier de ravitaillement.
       Des officines de désertion fonctionnent, des bateaux accostent. Les risques de désertion augmentent.
       Le manque de liaison avec la Base apporte du retard aux rares permissionnaires devant rejoindre leur compagnie.
       Les raisons évoquées par les gens de passage à BONE, ne voulant pas monter à BUGEAUD, font du mal aux familles de la Base, et l'on arrive au point où les mariés venant à BONE, attendent la descente de leur femme par un convoi problématique.
       Compte tenu de ces raisons résumées succinctement, j'ai l'honneur de demander pour la période d'hiver, l'affectation provisoire d'un groupe de combat avec un véhicule 6/6 ou 4/4.

       Ce groupe me permettrait ;
       1) de faire garder la Douane.
       2) d'assurer des liaisons plus régulières avec BONE.
       3) d'assurer des rondes la nuit, autour des villas éloignées. Il est bien compris que ce groupe serait camouflé à la Douane et en aucun cas mis à la disposition du secteur.

       Dans le cas où ma demande ne pourrait être retenue par le Commandement, j'ai l'honneur de demander de replier la Douane sur l'Hôtel du Rocher.

Lieutenant J.L GENTOU      
 

LETTRE N° 4

Capitaine GENTOU Jean Louis,                                                         le 25 février 1959
Président de la Délégation Spéciale
       BUGEAUD

à   Monsieur le Colonel              
Commandant le 4èREI           

        Rapport sur le convoi organisé par mes soins, au cours duquel l'ambulance du centre de santé de BUGEAUD a sauté sur une mine.

        Le 25 février 1959, un convoi spécial était organisé par mes soins au titre de la Place.
       Il comprenait :

        Une Jeep radio avec l'adjudant VARSI, chef de convoi.
       Une 2è Jeep du RTS avec le sergent NAER, chef de bord.
       Une 3è Jeep des Dragons avec le MDL LEGEAIS, chef de bord.
       Une ambulance du service de santé de BUGEAUD.
       Le personnel et les véhicules étaient dotés de l'armement et matériel réglementaires.
A 8H15, la barrière de BUGEAUD était ouverte et le convoi quittait BUGEAUD dans la formation suivante :
       - en tète : la Jeep du RTS.
       - En 2è position : la Jeep Légion avec chef de convoi et radio.
       - En 3è position : l'ambulance.
       - En 4è position : la Jeep des Dragons. Fin de convoi.
Vers 8h30, l'ambulance qui se trouvait toujours en 3è position sauta sur un obus piégé (roue avant droite arrachée) au point PK6 à 4km300 environ de BONE, exactement là où un même engin piégé faisait sauter un6x6 à 8H10 le 29 décembre 1958.
       Se trouvaient dans l'ambulance :
JEUNE Claude ; BERTA François ; LOSTORIAT ; RUCKBUCH Jean ; PONJEAC Richard.
       Ce véhicule était conduit par le chauffeur X, chef de voiture 1ère classe.
Evacués immédiatement à l'hôpital de BONE, les premières constatations furent les suivantes :
       Conducteur LALLEMAND : contusions diverses.
       Infirmier GALLIER : amputation probable de 3 doigts de la main droite ; fortes douleurs aux jambes.
       Les 6 passagers ont été laissés en observation à l'hôpital.
Au point de vue matériel, l'ambulance est inutilisable, la roue avant droite arrachée, le châssis faussé, le moteur H.S.

Capitaine J.L GENTOU      


Comment les guides touristiques
décrivaient notre BONE.
Envoyé par M. Marcel CUTAJAR
(paru sur la dépêche de l'Est N° 35 du 15 mars 2003)

      En 1879, par les éditions HACHETTE et Cie, dans un ouvrage de la Collection des Guides Joanne, intitulé "ITINERAIRE DE L'ALGERIE, de TUNIS ET DE TANGER ", et écrit par Louis PIESSE (citant un voyageur poète).

      " Bône est, sans contredit, une des plus jolies villes d'Algérie. Sous ce beau ciel, dit M. E. BAVOUX, à travers cette atmosphère si limpide et si transparente, au fond de cette belle rade dans laquelle entre majestueusement la mer azurée comme le ciel, se dessine élégamment la ville de Bône, avec ses murailles blanches. Protégée par le Fort Génois, dont le nom trahit l'origine, elle est dominée par la Kasba, construite sur le sommet de la seconde colline. Un rocher auquel la nature a donné la forme d'un lion semble l'un des hôtes de ces rivages, préposé là comme une sentinelle à la garde de la terre natale...
      BONE a considérablement perdu de sa physionomie originale, grâce aux nouvelles rues percées à la française et garnies de boutiques de nos marchands, grâce à ses nouvelles places...

      En 1909, par l'ORIENTAL TOURING DE BONE, dans un ouvrage intitulé " ORIENTAL GUIDE " (imprimé par J. CHAÙBRON, imprimeur-éditeur, 9 rue Bugeaud, à Bône) (volontiers romantiques) :
      " Coquette, radieuse, au fond de son golf bleu, verdâtre ou argentée, BONE, la féerique, s'étale en de multiples fluctuations architecturales ".
      " Se dressant là, en mentor, renforcé, par le légendaire Rocher du Lion, le Cap de Garde protège l'augustine cité contre les maléfices du malicieux Neptune. Il semble rappeler l'antique formule de l'Islam qui accompagne toujours de al m'haroussa la bien gardée - le nom d*une ville chère ".
      " En regard, aux confins mourants des Beni-çalah, le Cap Rosa se profile sur un ciel de turquoise et d'azur.
      " Au fond du Golfe, la Boudjima et la Seybouse mélangent leurs eaux glauques aux ondes amères et fuyantes.
      " Ce, tandis que la-haut, la vieille Casbah, aux tours décrépites et désertes, contemple jalousement la majestueuse basilique de Saint Augustin qui s'élève coquette, sur la montagne d'Hippone, comme pour perpétuer le souvenir...
      " Et, tout au fond, rehaussant ce décor grandiose, l'énorme Bouzizi - le Goliath de l'Edough - s'impose au milieu des teintes innombrables et délicieusement variées "...

      En 1920, par les Guides CONTY, dans un ouvrage écrit par Paul MELLOTTEE, et intitulé "ALGERIE TUNISIE " (se voulant historien) :
      " Bône, l'Hippone romaine, l'ancienne Annaba des arabes, est une des plus jolies villes de l'Algérie ; sise au bord de la mer, au fond d'un superbe golfe, le cône du mont Edough lui fait un délicieux fond de verdure, tandis que tout autour, les vignes et les vergers, les rivières de la Seybouse et de la Boudjima l'encadrent d'un rideau frais et charmant. La ville n'est pas construite sur l'emplacement d'Hippone ; la cité romaine, dont on vient récemment encore de découvrir de remarquables ruines dans la propriété Chevillot, était bâtie en face de la ville actuelle, à deux kilomètres, s*étageait sur le mamelon d'Hippone, occupait la plaine, jusqu'à l'Allélick et l'emplacement de la Seybouse dont l'embouchure était beaucoup plus loin, à l'Est. Plus tard, la ville arabe s'étendit sur le mamelon actuel dit des Caroubiers, surplombant la mer qui baignait ses remparts.
      " Depuis la conquête française (26 juin 1832), les constructions modernes ont envahi la plaine, une nouvelle ville s'est créée avec un faubourg de 8.000 habitants (la Colonne Randon). Les remparts qui enserrent la vieille et la nouvelle ville ont été débordés.
      " Extra muros, de nouveaux quartiers se forment, Cité Hickel ? Sidi Brahim, Karézas, quartiers des plages, Luquin, Saint Cloud, Chapuis, où d'innombrables villas ont surgi en dix années...

      En 1927, par les EDITIONS HACHETTE, dans un ouvrage intitulé "ALGERIE TUNISIE TRIPOLITAINE MALTE " (les guides bleus), rédigé par M.M. RICARD et DALBANNE : (statistique et informatif) :
      " Bône (arabe Annaba), ville de 51895 habitants, dont 26361 français et 5764 étrangers surtout italiens, chef-lieu d'un arrondissement de 161292 habitants, siège d'une subdivision militaire, est située au voisinage de l'embouchure de la Seybouse, entre la montagne de l'Edough et la mer, adossée à des hauteurs boisées de pins, dans une situation ravissante. Le climat, humide et assez pénible à la saison chaude, est, en hiver, aussi agréable que celui d'Alger.
      " L'ancienne agglomération indigène occupait les pentes sud du mamelon qui domine la Casbah. De grands quartiers modernes, sillonnés de voies rectilignes, ont été créés à l'ouest. Entre ces deux parties de la ville est tracé le beau Cours Bertagna.
      " En dehors de l'enceinte, au nord ouest, s'est constitué l'important faubourg de Sainte Anne, dont les maisons s'allongent jusqu'aux premiers contreforts de l'Edough.
      " La ville elle-même est vite vue. Le grand charme de BONE est dans son site admirable, les verdoyantes végétations qui l'encadrent, et les promenades qu'offrent ses environs, tant dans le voisinage immédiat que dans un rayon plus éloigné, promenades facilitées par les voies ferrées et les routes "...

      0! TEMPS, QUE N'AS-TU PU, COMME T'EN PRIAIT LE POETE, SUSPENDRE TON VOL SUR CETTE EPOQUE BENIE DES DIEUX !;;;

Marcel CUTAJAR

RAPPEL La Saint-Couffin !
A UZES le 1er JUIN 2003
Communiqué de l'A.B.C.T
RETENEZ BIEN CETTE DATE 6 JUIN 2003 ET RESERVEZ-LA
Rassemblement national des Bônois, Constantinois et anciens de Tunisie

C'est le dimanche 6 juin qu'aura lieu la traditionnelle journée champêtre organisée par l'Amicale des Bônois, Constantinois et Anciens de Tunisie du Gard. Comme les années précédentes, c'est dans le cadre verdoyant du camping municipal d'UZES , mis à notre disposition par la mairie de cette ville, que nous vous accueillerons.

Le programme est le suivant:
8 heures 30 :Ouverture et accueil des participants.
10 heures 30 : Grande messe en plein air avec la statue de Saint Augustin : Evêque d'Hippone.
11 heures 30 :Accueil des personnalités Gardoises et des représentants des amicales de rapatriés de toute la région.
12 heures :Repas tiré du sac.
15 heures 19 heures: Animations diverses
17 heures : Tirage de la tombola.

Vous trouverez sur place .: Boissons, merguez et pâtisseries orientales.

Bônois, Constantinois, anciens de Tunisie, Pieds Noirs de tous horizons, amis et sympathisants, venez nombreux participer à cette journée, afin de retrouver des visages connus, d'échanger des souvenirs impérissables et d'assurer dans la joie et la bonne humeur le succès complet de cette manifestation.

Cette journée nationale, Campagnarde et conviviale, se déroule au Camping Municipal d'UZES (dans le Gard).
Chacun apporte son "Couffin" ou sa "Cabassette", sa petite table et chaises pliantes. N'oublez pas les verres pour l'Anisette (se délecter avec modération)


QUAND L'ORAGE PASSA
M. ANTOINE nous fait l'honneur de la diffusion, par épisodes sur notre site, de ce livre de souvenirs dont le tirage est épuisé. Pour ceux qui ne voudraient pas attendre la fin du livre, il peut être réédité et vendu par l'auteur au prix de 25 Euros (hors envoi), à condition qu'il y ait une demande.

Adresse de courriel :
robertantoine@wanadoo.fr

Histoire écrite en l'an 2001 par Robert ANTOINE
Photographies de l'auteur
Photo de M. Robert Antoine

A ma femme, à mes filles
A M. et Mme Roger Fauthoux
A ceux qui m'ont aidé à retrouver
une documentation perdue

Photo de M. Robert Antoine

P R E F A C E

      C'est bien la première fois que l'on me fait l'honneur de me demander une préface.
      J'ai d'ailleurs trop souvent critiqué cet exercice périlleux, réservé d'habitude à des personnages éminents qui résument souvent d'une manière alambiquée, parfois obscure, ce qui a été rédigé très simplement et avec beaucoup de clarté.
      Mais je ne pouvais refuser, étant devenu en 1950 membre à part entière de Staouéli, un gros village du Littoral algérois que j'avais découvert pour la première fois, en 1938 et où j'aurais fini mes jours si . . .
      Le père de l'auteur, ses parents les plus proches, étaient mes amis et quant à Robert, il a été mon élève au C.E.G. de Staouéli. Je l'ai initié au basket, il a entraîné les équipes scolaires et il est devenu, je crois, mon ami avec, en ce qui me concerne - puisse-t-il me pardonner cet excès, quelque chose de paternel.
      Je vais donc présenter son œuvre en en soulignant les grandes lignes et en faisant, de temps en temps, quelques commentaires.

      Robert représentant la 4ème génération Antoine en Algérie, décrit tout d'abord l'arrivée des premiers colons de la famille.
      Louis Antoine 42 ans et Clara Rooney 28 ans s'installent en 1860 à Staouéli, Centre de peuplement nouvellement créé à 20 kms d'Alger, et comprenant Sidi-Ferruch où a lieu le débarquement de 1830.
      Un couple de pionniers " classique " avec, en poche, une concession de quatre hectares recouverts de broussailles où pullulent chacals, serpents, scorpions avec des marécages infestés de moustiques, propagateurs de la terrible malaria.
      Mais des pionniers assez insolites, Louis né dans les Vosges, est bachelier. Sa femme est anglaise. Ils ont tous deux longtemps vécu à Moscou, précepteurs dans des familles de boyards russes et sont loin d'être démunis d'argent.
      Leur épopée est celle de quelques rares colons du début : une réussite due à un travail incessant, à un mépris du danger, de la maladie, des conditions de vie inhumaines.
      Ils savent le prix " du sang et des larmes ".
      La famille progresse et, en 1935, Robert ANTOINE naît. Deux ans plus tard sa famille est ruinée, ses parents se séparent et c'est le début d'une existence cahotée avec, chez des étrangers parfois chaleureux, des séjours coupés de retours dans le cocon familial auprès d'une grand-tante paternelle ou d'une grand-mère tendrement aimée.
      L'éducation, dans ce milieu bourgeois fréquentant la gentry algéroise, est parfaite, mais l'instruction est souvent menée en dépit du bon sens avec, de temps en temps, quelques bases solides dans des collèges religieux très stricts et l'apport constant de livres bien choisis.
      En 1948 c'est le retour à Staouéli auprès du père remarié, refaisant sa vie et sa situation avec l'appui d'un ami solide devenu son beau-frère.

      Robert connaît encore une situation difficile, mais il découvre copains et copines, un collège où il se plaît dans un village où il est, enfin, " chez lui ".
      A 15 ans c'est, en classe de quatrième, un adolescent mûr pour son âge, très bien éduqué, s'exprimant parfaitement avec tant pis s'il est déçu l'accent de la bourgeoisie algéroise, presque " pointu ", en tout cas très éloigné du " pataouet " de Bab-el-Oued.

      Le 2e volet raconte la vie professionnelle de l'auteur avec deux pôles principaux : L'Aviation et le Service Cinéma des Armées.
      Engagé à 18 ans, l'auteur connaîtra l'Ecole de Rochefort, le retour en Algérie, la Guerre.
      Ensuite c'est Ivry, le Cinéma aux Armées où il est parrainé par Pierre Ferrari reporter de talent et il côtoiera là Schoendoerffer, Lelouch, Sautet et j'en passe. Appareil de photo au poing, il couvrira tous les grands évènements, jusqu'à sa présence permanente pendant la guerre d'Algérie, auprès du général de Gaulle. Ce qui lui permettra de " vivre " l'Histoire et, indirectement, de nous la faire vivre.

      Le troisième volet concerne l'EXODE et le retour en métropole. L'auteur a respecté pendant longtemps le vieux conseil suivi par les Alsaciens-Lorrains dès qu'il était question du pays perdu:

" Y penser toujours
N'en parler jamais"

      Il en parle, quarante ans plus tard, avec beaucoup de pudeur. Comme l'ensemble de l'œuvre cette dernière partie est écrite dans un style simple et coloré.
      Les jugements portés sont francs, nets et ne peuvent laisser personne indifférent. Les événements sont vus avec le maximum d'objectivité avec un self-control et un humour qui sont, sans aucun doute, un héritage de la grand-mère britannique.

      Le tirage prévu, ne vise que parents et amis, mais je souhaite vivement que d'autres en profitent.
      Vous le lirez, je pense, tous, comme je l'ai lu ou plutôt dévoré, avec infiniment d'émotion et de passion.
                                    Roger FAUTHOUX
                                    Le Pontet juillet 2003

Photo de M. Robert Antoine

TOULON

      L'escadre est à Toulon.
      Les quais de l'Arsenal étaient animés par des mouvements de charrois et par le va et vient de soldats, de marins, et toute une faune d'animaux que l'on embarquait....
      Cent quatre navires de guerre de la "Royale" se préparaient à traverser la Méditerranée sous les ordres de l'Amiral DUPRÉ.
      La logistique se déployait dans les six cent soixante seize bâtiments de commerce affrétés spécialement pour l'expédition.
      Voiles et cordages étaient réglés par soixante mille marins civils et militaires. A cela s'ajoutaient les trente six mille soldats du corps expéditionnaire.
      Une guerre se préparait.
      Cent mille hommes dans Toulon, qui n'était qu'une petite ville de trente mille autochtones, voilà de quoi animer cette jolie cité. Tout bruissait, fourmillait, palpitait. Son cœur battit encore plus fort quand le Général de Bourmont fut annoncé et ce fut la liesse qui déferla quand le Duc d'Angoulême passa la vieille porte de l'Arsenal.

      Une ombre d'inquiétude plana sur tout le Corps expéditionnaire quand la vigie du port annonça qu'un vaisseau barbaresque arrivait dans la baie de Toulon. Un Amiral turc voulait parlementer.
      Reçu fraîchement à Toulon en ce mois de mai 1830, il partit pour Paris où le même accueil lui fut réservé.
      Le Roi Charles X maintenait sa décision .

      Il fallait détruire la capitale de la piraterie barbaresque, relever l'affront fait au Consul DUVAL.

      Un mot sur notre Consul à Alger.
      Né dans le Levant, connaissant parfaitement la langue turque et les usages orientaux, il avait eu plusieurs fois l'occasion de rappeler au Dey d'Alger, les actes de piraterie commis en Méditerranée par les navires algériens.

      Une sombre histoire de dette due par la France à l'époque du Directoire, avec des intermédiaires douteux, exaspéra le Dey, qui souffleta notre Consul, avec son chasse-mouches. Depuis on à fait mieux. Une vengeance 130 ans plus tard?

Photo de M. Robert Antoine

Photo de M. Robert Antoine

DÉPART DE L'ESCADRE

      Le 26 mai 1830, à 10 heures, le vaisseau Amiral "PROVENCE" donna l'ordre d'appareiller. Le départ d'un navire a toujours quelque chose d'émouvant, de poignant. Un millier d'embarcations toutes voiles dehors, était un spectacle tout à fait exceptionnel que chaque Toulonnais n'aurait voulu manquer à aucun prix.
      La foule était massée sur les quais, agitant mouchoirs et chapeaux, mêlant la couleur au blanc des voiles, donnant ainsi un effet de kaléidoscope, aux variantes infinies.
      L'escadre quittait la France pour Alger.
      Certes ce n'était pas la première fois qu'une opération punitive était engagée contre la fameuse cité barbaresque. Le Roi Louis XIV avait dû bombarder Alger pour faire cesser les actes de piraterie. Charles-Quint en son temps avait dû sévir pour les mêmes causes. Les Anglais également.

      Aujourd'hui l'expédition devait nettoyer la cité de ses pirates, détruire leurs moyens, et rentrer en France. Telle était sa mission.
      On verra par la suite que les événements nous poussèrent beaucoup plus loin, mais revenons au voyage de l'escadre...
      Écoutons le médecin du bord du PROVENCE qui tenait un journal; "Deux jours après son départ de Toulon la flotte se trouve devant les Iles Baléares, le 30 on croise à 15 lieues d'Alger mais les conditions météorologiques empêchent tout débarquement et, le 31, ordre est donné de retourner vers les Baléares. Le 1er juin on mouille à Palma de Majorque".
      Ordres et contre-ordres affluent et se succèdent, résultat d'une antipathie très vive entre l'Amiral DUPRÉ et le général de BOURMONT ( déjà une antipathie entre la Droite et la Gauche).
      Enfin ordre est donné de lever l'ancre, cap sur Alger.

Photo de M. Robert Antoine

DÉBARQUEMENT A SIDI FÉRRUCH

      Le 14 juin 1830, à 4h00 du matin, l'escadre se trouve devant la plage de Sidi Ferruch, à 25 Kms à l'ouest d'Alger.
      Le canon gronde pour débloquer la plage. La riposte est énergique. A six heures, la batterie barbaresque, postée sur la grève, est réduite au silence.
      Le débarquement commence.
      Les troupes turques sont dissimulées dans les ondulations de sable de la plage. La bataille s'engage avec une résistance opiniâtre.
      Le fort barbaresque de SIDI-FERRUCH est pris à 9 heures et nos troupes s'avancent, baïonnette au canon, s'emparant de 2 batteries dont 14 pièces de d'artillerie.
      Pendant que l'Infanterie prend position, le débarquement du matériel continue de s'effectuer avec une grande rapidité. Les blessés sont évacués sur les bâtiments "LE DUQUESNE " et la "VIGOGNE "qui les transporteront à l'hôpital militaire de Mahon, ville principale de l'Ile de MINORQUE dans l'Archipel des BALÉARES.

      Le 16 juin au matin, les fossés sont creusés, les batteries en place; le Corps expéditionnaire a pris position sur le sol Africain.

Photo de M. Robert Antoine

LA BATAILLE DE STAOUELI

      La troupe marche sur Alger, avec comme base arrière SIDI-FERRUCH et comme position avancée un lieu dit, STAOUELI.
      C'est une petite plaine, une marche, à 4 Kms de la plage du débarquement, au pied de collines Cet espace permettait le campement de caravanes, avant de poursuivre vers CHERAGAS et enfin Alger.
      Aux premières heures du matin, le 19 juin, les Kabyles puis les fantassins arabes conduits par des cavaliers turcs couronnent le plateau de STAOUELI, ou, pour être plus précis, ce qui fut par la suite nommé plateau de la Trappe..
      Se postant sur les hauteurs, ils forment un croissant protégé par une redoute armée de pièces de gros calibres.
      Le terrain n'est pas facile, il est couvert d'une végétation buissonneuse et sillonnée par plusieurs ruisseaux. IBRAHIM AGHA, Commandeurs des janissaires et gendre du DEY d'Alger, a choisi le lieu, le terrain, le dispositif pour cette première bataille.
      Un coup de canon, tiré du camp d'IBRAHIM, donne le signal de l'affrontement.
      Les tirailleurs Kabyles se lèvent comme des fantômes et font une première décharge. La milice turque descend des hauteurs et se couvrant d'une ligne de feu, se précipite avec furie sur la gauche de nos bivouacs, les janissaires et la cavalerie fondent sur nous, lances baissées...

      Écoutons le Colonel, Commandant le 30éme de ligne.
      "Notre première ligne est enfoncée, nos retranchements sont envahis et le Général BERTHEZENE nous donne l'ordre d'abandonner nos positions et d'en prendre d'autres plus en arrière.
      Nous exécutons, et nous nous retrouvons assaillis tout à coup par une nuée de fantassins et de cavaliers qui débouchent des vallons, et des dunes en poussant des cris sauvages et répandant la terreur. Toutefois nous faisons bonne contenance...
      En quelques minutes le tiers du bataillon avait succombé et plusieurs compagnies se repliaient.
      C'est alors que le Général MUC-D'UZER fait donner ses obusiers de montagne qui, placés dans une position favorable, sèment l'épouvante dans les rangs adverses.
      Enfin dégagés, nous reprenons nos positions et, animés par une farouche ardeur, nous poursuivons.....
      Ils chancellent, ils reculent, nous avançons.
      Emportés par notre impétuosité, nous nous retrouvons en pointe, dans le dispositif de l'Armée.
      Les Turcs, nous voyant ainsi isolés, reprennent l'offensive et, furieux de leur échec, montent à l'assaut et nous bousculent.
      Le régiment n'a plus une seule cartouche, se trouve trop serré dans la mêlée pour faire usage de la baïonnette.
      Le péril est grand.
      A ce moment l'officier porte-drapeau tombe, mortellement frappé. Le drapeau lui échappe des mains...
      Déjà un peloton de Janissaires s'avance pour s'en emparer mais je me précipite sur notre cher étendard, je me relève, je le tiens haut et ferme et, d'une voix vibrante je crie "au Drapeau".
      Ces mots magiques suffisent pour rallier le régiment. Officiers, soldats se pressent autour de moi. Nous faisons face, nous tenons.
      Un mouvement de l'armée en avant vient nous sauver."
      La bataille de STAOUELI est gagnée.
      Elle se solde par la prise de 300 moutons 100 chameaux et plusieurs chevaux. Bref, un maigre butin, mais elle nous donne un immense ascendant sur les Turcs et les indigènes.
      Au moment où j'écris ces pages, nous sommes à l'orée du XXIéme siècle. Les mentalités, les valeurs ont changé.
      Je ne suis pas sûr qu'aujourd'hui l'on comprenne les motivations du colonel du 30éme de ligne. Mais c'était vrai il y a si peu de temps, que je me sens obligé de rendre hommage au courage de ces soldats qui ont laissé parfois leur vie sinon leur santé, pour un idéal.
      Je laisse à Clio les mensonges de l'Histoire, pour porter mon intérêt sur ce lieu dit "STAOUELI" qui est devenu mon village.
      En 1830, ce n'était qu'un lieu de campement assez aride, pour nomades.
      Le village s'est construit à 3 Kms du champ de bataille.
      Par la suite un monastère de Trappistes fut construit sur les lieux de l'engagement.
      Mais si vous le permettez, nous y reviendrons plus tard, accompagnez moi je vous prie dans une ferme des Vosges, vers 1813.

Photo de M. Robert Antoine

DES VOSGES ... A ALGER

       AVRIL, le 14 de cette année...

      Les cloches de Charmois l'Orgueilleux sonnent à toute volée pour annoncer le mariage de François ANTOINE laboureur de son état, âgé de 29 ans demeurant à la Cense de Frison commune de Harol, avec Demoiselle Véronique MARCHAND, âgée de 25 ans, native de Charmois. A la Mairie, le mariage est inscrit sous le n° 2 de l'année 1813 et l'acte de mariage porte un beau tampon du 1er Empire..

      Toute la famille ANTOINE est là : Léopold le père du marié, âgé de 64 ans avec son épouse Jeanne, et Jean- Baptiste MARCHAND, le maréchal ferrant, suivi de son épouse, pour ne compter que les plus âgés.
      La fête paysanne fut grandiose : le laboureur avait des écus, le maréchal ferrant aussi.
      Les jeunes époux demeureront à la Cense de Frison, commune d'Harol, berceau de la famille ANTOINE.
      La demeure est une ferme vosgienne, implantée sur un plateau dominant des prés, des labours et des bois et, en contrebas, se trouve un étang.
      Elle se situe à 2 Kms du village, lui-même se dressant à 20 kms au sud sud-ouest d'Epinal.
      Véronique se trouvant trop à l'étroit, fit rallonger la partie habitable, en incluant dans le mur frontal, la pierre qui date les travaux, comme il est de coutume en pays vosgien.
      C'est ainsi que l'on peut noter les rajouts successifs et dater les différentes époques de construction.
      La Cense de Frison n'est plus le lieu où l'on percevait l'impôt, mais un endroit qui semble agréable et paisible, quand on le visite l'été.
      Un sentiment de pérennité persiste, mais je dois rêver.
      De l'union de Véronique et de François naquirent sept enfants, 3 filles et 4 garçons. François, l'aîné, resta à la ferme, Louis fit des études à Epinal. Bachelier, il éprouva le désir de voyager.
      Une place de précepteur auprès d'une famille russe se présenta et voilà notre jeune diplômé de 20 ans parti pour les steppes de la grande Russie.

      Notre voyageur dût endurer ce long parcours en diligence, avant d'arriver à Moscou.
      Pour lui c'était l'aventure, lui dont la famille n'avait jamais quitté les Vosges depuis au moins 10 générations.
      Bien accueilli par le boyard qui l'emploie, il doit enseigner aux enfants du Maître des lieux, le "Français"
      Pour ceux qui me liront dans bien des années, il faut dire que notre langue était celle des érudits et des beaux esprits, et que, par mode ou par plaisir, il fallait connaître et pratiquer la langue de Molière. Aujourd'hui ce beau langage est devenu indigent, remplacé par un anglais déjà bien différent de celui de Shakespeare
      Ni domestique, ni maître, Louis a ses satisfactions et ses déboires. Enseigner la langue et la grammaire de VAUGELAS, ce n'est pas une sinécure, mais la ténacité prouvée de sa race contribue à lui rendre la vie agréable.
      Dans cette famille russe, l'on reçoit beaucoup : on se croirait chez le "Général DOURAKINE" de la Comtesse de SEGUR.
      Me permettrez-vous, cher lecteur, de faire le point sur l'Histoire de la Russie pendant cette période de 1838-1855 et d'essayer, en quelques mots, d'esquisser la vie sociale de ce pays. Vous acquiescez. Bien !
      A l'arrivée de Louis en Russie, nous sommes en plein moyen-age, avec les serfs et seigneurs. NICOLAS 1er règne. Ce Tsar renforcera le régime policier, ce qui fit de ce pays l'inverse d'un paradis.
      A sa mort, en 1855, son fils ALEXANDRE II lui succéda. Il mit fin à la guerre de Crimée (1854-1855) qui opposait les Russes, aux Anglais, aux Français, et aux Turcs. C'est donc dans un climat social dur, pesant, que Français et Anglais vivent le quotidien dans la capitale russe. Louis garde toujours le contact avec sa famille, bien que les lettres arrivent avec un délai de 15 jours, sinon plus.
      Qu'importe ! Les avantages pécuniers que Louis engrange, lui font supporter le climat et la séparation.
      Le 10 décembre 1854, une mauvaise lettre arrive à Moscou. Elle annonce le décès de sa mère Véronique et son père lui demande de revenir car il a décidé de partager ses biens entre ses enfants.
      Louis a 36 ans; pas très grand, trapu, il porte la barbe à la façon des Russes, ses yeux bleus éclairent un visage volontaire.
      Voilà déjà 16 ans qu'il est à Moscou, il parle le russe et apprend l'anglais avec une de ses collègues, préceptrice dans une autre famille de boyards.
      Les deux familles se rencontrent, les enfants jouent ensemble et les précepteurs respectifs se donnent mutuellement des cours de Français et d'Anglais.
      Les lettres de France deviennent de plus en plus pressantes mais Louis attendra l'été 1855 pour se rendre près de son père et de ses frères.
      Le long voyage du retour lui permet la rêverie, et les projets les plus fous germent dans son esprit.
      Retrouvailles chaleureuses à la Cense de Frison, joie de serrer dans ses bras son père, ses frères, ses sœurs et les neveux et nièces nés pendant son absence.
      Cet Oncle venu de si loin effraie un peu et l'oncle lui-même se sent un peu étranger dans cette ambiance familiale, lui, le célibataire, le rentier.
      Le soir, à la veillée, l'on parle beaucoup. L'un raconte des histoires russes, l'autre des histoires françaises. Pendant les 16 ans d'absence de Louis, la France a changé sa royauté, contre une République ( la n°2 ) et nous sommes ce soir sous un Empire, ( le N°2. ).
      Le père parle de partage et de succession, les fils acquiescent sans commentaires.
      L'acte de partage est daté du 28 décembre 1855, il porte le timbre de taxe impérial de 1 franc 25. NAPOLÉON III Empereur.
      A l'inverse de ses frères qui sont laboureurs ou cultivateurs, Louis est rentier. Rentier à 37 ans, voila une situation enviable. Mais à cette époque les liens politiques entre la France et la Russie ne sont pas au beau fixe, et la situation de rentier intéresse peu le regard du fisc.
      Dans son lot, Louis reçoit divers prés et terres, un étang à la Rochette, une part de la nouvelle verrerie de Charmois, des immeubles en indivision avec son frère Joseph...
      Le donateur, François ANTOINE, se réserve une pension alimentaire et un logement. Un jardin de 8 ares avec rucher et mouches lui appartiennent.

      Je reviendrai dans mon récit sur cet acte de donation car il fut pour moi une pièce essentielle.

      Louis se sent à l'étroit dans la ferme familiale. Les grands espaces lui manquent, et la présence de Clara, la préceptrice anglaise qu'il a connu à Moscou.
      Les gazettes écrivent beaucoup sur l'Algérie, le gouvernement en parle aussi, souvent en mal, comme ce général Bernard, Ministre de la Guerre qui déclarait que :
      "l'Algérie ce n'est qu'un rocher stérile dans lequel il faut tout apporter, excepté l'air, encore est-il mauvais"
      La grande Administration Française sera toujours opposée à une Algérie intégrée à la France, parfois même, contre des positions gouvernementales favorables.
      Heureusement les colons, malgré le doute et les réticences des hauts fonctionnaires, ne se découragent pas. Avec une persistance et une opiniâtreté dont on n'a pas toujours salué la valeur, ils ont souvent, au milieu de dangers réels, continué leurs travaux de défrichage. Cela, même dans le petit village des Vosges, on le savait.
      Louis écrit une grande lettre à Clara. Il expose son projet de franchir la Méditerranée, de vivre une aventure de pionniers.
      - Voudra-t-elle accepter cette vie, rompre les attaches qu'elle a à Moscou, y laisser ses sœurs JULIA et SARAH ?
      - Voudra-t-elle fonder un foyer, se marier là-bas en ce pays que l'on appelle encore la Barbarie? La lettre part d'Harol vers Moscou...
      Dans sa lettre réponse, Clara hésite. L'Algérie n'est pas encore en paix, les conditions de vie sont dures et, d'après ce qu'elle a pu glaner comme informations, la sécurité des civils n'est pas encore certaine. De plus ses attaches sont à Moscou. Après le remariage de sa mère avec M. FERGUSON, ses liens avec Londres se sont distendus. Ses deux sœurs, c'est à dire sa famille, sont là, à Moscou.
      Il faudra beaucoup de persuasion de la part de Louis pour que Clara se décide à quitter la ville impériale.
      C'est en été 1860 qu'elle franchit le pas et décide de retrouver Louis à Paris.
      Elle quitte famille, situation, confort, boyards et steppes pour Louis et ses rêves...
      Le départ et les adieux furent déchirants, ses sœurs comprenant mal que leur aînée laisse une vie confortable pour se lancer au devant d'événements risqués dans un pays que l'on dit malsain et peu civilisé.
      Julia a les yeux de Chimène pour Serge OLEMINE, un jeune Russe de son âge, et regrette amèrement que sa sœur ne soit pas là pour les fiançailles.
      Du haut de son mètre cinquante, Clara est une femme énergique. Deux petits yeux bleus éclairent un visage d'un ovale agréable. Une chevelure blonde, traitée en chignon souvent chapeautée, offre aux regards des autres, une impression de bonhomie et de sévérité mêlées.
      Dans sa tenue de voyage sombre, elle prend place dans le wagon du chemin de fer de la gare de Moscou.
      Ses sœurs sont venues l'accompagner à la gare, ainsi que ses élèves.
      Un mouchoir blanc au milieu d'un nuage de fumée noire, le dernier souvenir de Moscou.
      Le voyage se fera en partie en chemin de fer, puis en diligence et, pour finir, le train la conduira à Paris où Louis l'attend.
      Retrouvailles.
      Deux jours à Paris, puis encore le train, sa fumée, ses escarbilles, sa vitesse... pour l'époque.
      Paris - Marseille en moins de 24 heures, on n'arrête pas le progrès.

Photo de M. Robert Antoine

      Quelques jours à Marseille et l'on traverse la Méditerranée sur un magnifique navire, à voiles et à vapeur, encore une nouvelle technique...
      La traversée dure cinq jours et l'on arrive en vue d'Alger.

Photo de M. Robert Antoine

L'ARRIVEE EN TERRE D'AFRIQUE

      Dans les yeux clairs de Louis et de Clara, l'arrivée est somptueuse.
      Bleue la mer, blanc Alger, bleu le ciel...
      Alger en 1860. Trente ans de colonisation ont passé, et la vieille casbah, a vu sa périphérie se bâtir.
      De nouveaux quartiers se construisent avec des rues plus larges, des places plus grandes. Le port lui-même reçoit des aménagements. Un climat de demi -sécurité règne dans Alger, les grands combats ont cessé mais il reste dans les campagnes des pilleurs générant le plus souvent quelques escarmouches, parfois de véritables tueries.
      Cependant les bateaux venant de France sont de plus en plus nombreux, déversant leurs lots d'émigrés de nationalités différentes sur les quais. On y côtoie des Allemands qui croyaient partir pour le Brésil, des Espagnols, des Catalans venant des Iles Baléares, des Maltais, des Italiens et parfois même des Français.
      L'aigle Impérial avait déployé ses ailes jusqu'aux bords de l'Afrique.
      La prospérité du second Empire avait des répercussions importantes dans la nouvelle colonie. En 1860 le mot "colonie" n'avait pas le sens péjoratif que certains lui donnent aujourd'hui, oubliant un peu vite le rôle civilisateur et bienfaisant que la France a joué.
      C'est dans la cohue colorée d'un port, dans l'ivresse de découvrir une terre nouvelle, dans un dépaysement total et sous un soleil brûlant que Louis et Clara essaient de se frayer un chemin jusqu'au bureau des émigrés et des concessions.
      L'Algérie de l'époque était un pays à peu près inculte. Routes et ponts étaient inexistants et le génie militaire avait fort à faire pour rendre les communications possibles.

      Le gouvernement français ne toucha à aucun patrimoine appartenant aux indigènes. Les domaines des féodaux maures, les parcelles individuelles ou collectives, appartenant aux tribus ou aux religieux, restèrent à leurs anciens propriétaires, tribus ou aux religieux, restèrent à leurs anciens propriétaires.
      En règle générale, les Européens mirent en valeur des terres incultes qui, d'après le Droit musulman, sont acquises au premier, qui les fait vivre ou revivre.

      Au Bureau des concessions, un jeune officier des zouaves les accueille. Sa tenue rouge et bleue, sa jeunesse le rendent sympathique.
      Après discussion, Louis et Clara iront à STAOUELI à 25 Kms à l'ouest d'Alger.

Photo de M. Robert Antoine
Clara Rooney épouse de Louis ANTOINE

      Les premiers émigrants, "les soldats de la pioche, "s'étaient installés vers 1836 à SIDI-FÉRRUCH. Un Décret Impérial du 24 mars 1855 autorise la création d'un centre de peuplement de 30 feux au lieu dit STAOUELI.
      Mais qu'est ce qu'un centre de peuplement ?
      C'est un camp militaire, dirigé par un officier. C'est lui qui impose une stricte discipline à ces pauvres émigrés.
      Le matin le clairon sonne pour le lever, le soir l'appel de Diane fait éteindre les feux sous les tentes.
      Entre temps les militaires assurent protection et sécurité à ces civils venus défricher leur lopin de terre.
      L'Officier Directeur est tout puissant dans son camp, il fixe les heures de travail, punit de prison ou expulse ceux qu'il juge indésirables.

      Mais les pionniers ne se découragent pas. Ils savent que le Général BUGEAUD, attache moins de gloire à vaincre dans les combats, qu'à fonder un avenir durable pour la France.
      Sa devise "ENSE ET ARATRO" qu'un historien disait pouvoir traduire par :
      "L'épée n'a de sens que si elle cède la place à la charrue". Il y eut 12 centres de ce genre dans l'Algérois, 21 dans l'Oranais, 9 dans le Constantinois.
      Ne sens-tu pas, cher lecteur, comme un air de Western, une "Conquête de l'Ouest" à la Française. S'en fut un, réel, vécu, mais jamais porté à l'écran.

Photo de M. Robert Antoine

FIN DU 1er EPISODE
LA SUITE AU PROCHAIN NUMERO

19 mars contre 5 décembre
Envoyé Luc Demarchi

Certaines municipalités ont choisi de ne pas célébrer la commémoration officielle et nationale du 5 décembre et comptent bien s'acharner à préférer la date du 19 mars...
Ci dessous, la réaction d'Alexis Bouchard auprès de la municipalité de Chasse sur Rhône.
Puis, la vraie signification du 19 mars pour l'Algérie, date fêtée haut et fort par une association qui se met hors la loi et montre de ce fait de quelle coté elle s'est placée dés le début...!!!

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Avis à la population de Chasse sur Rhône

Alexis BOUCHARD, Chevalier de la Légion d’Honneur, ancien combattant, soldat appelé en Algérie, ancien Conseiller municipal, communique :
       Monsieur le Maire de Chasse sur Rhône, en contradiction formelle avec son engagement écrit du 7 mai 2003 a refusé de pavoiser la ville et d’organiser la première cérémonie officielle et nationale, le 5 décembre 2003, pour rendre hommage aux anciens combattants et aux « Morts pour la France » dans les combats en Tunisie, au Maroc et en Algérie de 1952 à 1962.
       Non seulement il n’a pas respecté ses propres écrits mais il a placé notre commune dans la désobéissance civile en regard du décret n° 925 du 26 septembre 2003 pris par Monsieur le Président de la République sur proposition de Monsieur le Secrétaire d’Etat aux Anciens Combattants, proposition fondée sur l’écrasante majorité des associations d’Anciens Combattants qui ont désiré rendre cet hommage, sagement, à une date déconnectée de tout anniversaire d’événement survenu au titre de ces combats.
       Ce décret de la République est donc bien le fruit du fait majoritaire et de la sagesse qui veulent retrouver, enfin, plus de quarante ans après, la nécessaire fraternité entre tous les Français vivant désormais dans notre hexagone national et dont plusieurs millions ont du abandonner leur terre natale parce que le FLN ne leur a pas laissé d’autre choix qu’entre « la valise ou le cercueil », tandis que le gouvernement français de 1962 a commis le crime de ne pas protéger nos compatriotes d’origine nord africaine (les harkis) et européenne (les « pieds noirs ») dont plus de 170 000 l’ont payé de leur vie dans des conditions d’une insoutenable barbarie. Cela, sans assumer les conséquences sociales et politiques de sa décision d’abandonner sa souveraineté en Algérie, notamment l’accueil honorable aux familles de harkis et leur assimilation rapide dans notre hexagone national.
       Je rappelle aussi que tous les Présidents de la République ont déclaré leur refus de commémorer les anniversaires du cessez le feu en Algérie que ce soit Valéry Giscard d’Estaing le 19 mars 1980 et François Mitterrand le 24 septembre 1981. Je suis convaincu que le Général de Gaulle s’y serait lui-même finalement opposé.
       J’appelle donc à ne pas participer à cette honteuse cérémonie du 19 mars 2004 pour ne pas insulter, une fois encore, la mémoire de plus de 170 000 français qui ont été massacrés et celle de leurs familles qui vivent autour de nous dans le souvenir inoubliable d’avoir été contraint d’abandonner leur terre natale.
       J’appelle aussi la section locale de la FNACA et Monsieur le Maire de Chasse sur Rhône au respect d’autrui et à la sagesse en annulant cette cérémonie du 19 mars 2004 pour nous retrouver tous réunis dans une vraie fraternité entre français et entre anciens combattants, le 5 décembre 2004, au pied de notre Monument aux « Morts pour la France » de toutes les générations.
       C’est bien seulement le devoir de mémoire et de fraternité qui s’impose … et pas l’entêtement et la bêtise qui agressent nos compatriotes, de surcroît, en bafouant la loi.
       à Chasse sur Rhône, le 1er mars 2004 Alexis BOUCHARD

Le timbre émis par l'algérie pour fêter "sa victoire"

Par contre, une autre municipalité, BAGES dans les Pyrennées Orientales, métite notre Podium d'Or.
En effet, cette commune, suite à l'intervention de votre serviteur, a pris la décision de débaptiser la "rue du 19 mars" et de la dénommer "Rue du 5 Décembre, anciens combattants d'AFN".
A ma connaissance, c'est la première commune des P.O. et peut-être de France à faire ce geste d'apaisement et de reconnaissance.
Bravo M. le Maire, bravo Mesdames et Messieurs les conseillers Municipaux, recevez toute notre gratitude.
Ci-dessous, la demande, de changement de nom de rue, de M. Bartolini contresignée de Mrs Fred Artz, président de l'UNFAN et de Jacques Torrès président du CRI.

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Dénomination de rue

M. Jean Pierre Bartolini
Route du Mas Sabole                                                         BAGES le, 11 Décembre 2003
66670 BAGES
Tel 04 68 21 75 17
Jean-pierre.bartolini@wanadoo.fr                                            A
                                                                      Monsieur Serge Soubielle Maire de Bages,
                                                                      Mesdames et Messieurs les Conseillers Municipaux,

Objet : Dénomination de rue

Monsieur le Maire,

Bien que plus de quarante années se soient écoulées depuis les terribles évènements de la Guerre d'Algérie, vous-mêmes et vos concitoyens ne pouvez en ignorer les dramatiques séquelles.
Un cessez-le-feu unilatéral entra en vigueur le 19 Mars 1962, suite à des accords signés à Evian, accords qui étaient censés garantir la paix et la sécurité des habitants des 15 départements Français d'Afrique du Nord.
Or, il est actuellement prouvé que cent cinquante mille harkis et supplétifs de l'armée Française, vingt cinq mille Français d'Algérie et trois cent dix-sept soldats du contingent furent victimes d'une abominable boucherie de la part des égorgeurs du FLN, le Front de Libération Nationale algérien. Cela représente six fois et demie les pertes précédant le 19 Mars !
Un million deux cent mille Français de toutes origines furent jetés hors de chez eux !
Ce ne sont pas les excessives et partisanes émissions télévisées de propagande anti-française - univoques et politisées à outrance - qui pourront dissimuler les faits historiques.
L'Algérie indépendante fête ce qui est, pour elle, la ''Victoire du 19 Mars''. Elle en a même frappé un timbre-poste. C'est tout à fait logique pour les algériens.
Mais qui, en France, voudrait glorifier nos capitulations et nos plus sanglantes défaites ?
Par décret du 26 septembre 2003, publié au Journal Officiel du 28 septembre 2003, le gouvernement de la France a institué un " Jour National de mémoire et de recueillement pour les morts pour la France en Afrique du Nord de 1952 à 1962 "
Ce jour est le 5 décembre. C'est la date de l'inauguration, par le Président CHIRAC, en 2002, Quai BRANLY, à PARIS, du monument national au Morts de la Guerre d'Algérie en présence de délégations de tous les anciens combattants.
Une commission, présidée par le Professeur Jean FAVIER, réunissant des représentants de toutes les associations d'Anciens Combattants d'Algérie, a longuement délibéré pour en arriver à proposer cette date neutre et œcuménique, sans aucune connotation partisane.
En effet, depuis plus de quarante ans, la discorde régnait au sein du monde combattant de la " troisième génération du feu " et deux dates étaient commémorées séparément.
D'une part, le 16 octobre, date de l'inhumation à Notre Dame de Lorette, en 1977, en présence du Président Valéry GISCARD d'ESTAING, du soldat inconnu d'Algérie.
D'autre part, une association - contre quarante-cinq signataires du manifeste contre le 19 mars - s'accroche au 19 mars, date de l'application des accords d'EVIAN, en 1962. Le principal argument de cette position est que le 19 mars est la date officielle de la fin de la guerre d'Algérie.
En contradiction avec tous les témoignages et les travaux des historiens, cette Association persiste à ignorer les victimes d'après le 19 mars et à célébrer une défaite. Jamais la France n'a célébrer la défaite de 1870.
Or, le 5 décembre est, de facto, une date officielle, tout comme le 16 octobre l'a été.
Ce 5 décembre a été choisi comme date d'une nécessaire réconciliation nationale.
Nos morts, tous nos morts réunis : appelés, rappelés, militaires de carrière, harkis, supplétifs, victimes civiles : musulmans, chrétiens, juifs, athées, ou autres ont droit au respect et au repos.
Malvenus sont ceux qui s'opposent à cette noble intention.
Cette pomme de discorde entretient un climat délétère entre les acteurs de ce drame épouvantable que sont toutes les guerres avec leurs interminables cortèges d'horreurs.
Pourtant il est indispensable que les plaies cicatrisées ne soient plus rouvertes à plaisir et que la paix s'installe entre les ennemis d'hier.
Afin d'éviter toute contestation sujette à raviver les haines et les peurs, vous pouvez, Monsieur le Maire, Mesdames et Messieurs les Conseillers Municipaux, favoriser la concorde entre les Anciens Combattants d'Algérie et Civils de toutes communautés en rebaptisant de façon neutre et oecuménique l'actuelle rue " du 19 mars 1962 " ...
En rue " des Anciens Combattants en AFN " ou par un terme moins guerrier " Rue de la Mémoire d'AFN " qui engloberait tous les morts civils et militaires sans discrimination, et rendrai un hommage à l'œuvre Française.
Vous aurez ainsi contribué à unir tous nos camarades de combat et vous renverrez dos à dos les irréductibles fanatisés.
Je me tiens à votre disposition pour vous fournir tous renseignements utiles.
En espérant que vous voudrez bien donner une suite favorable à cette requête, je vous assure Monsieur le Maire, Mesdames et Messieurs les Conseillers Municipaux, de ma sincère considération et de mon attachement aux valeurs de tous nos ancêtres.

M. Fred ARTZ                                                               M. Jacques TORRES
Président de l'UNFAN                                                          Président du CRI
M. Jean Pierre Bartolini
Délégué de l'UNFAN
Administrateur du CRI

UNFAN : Union Nationale des Français d'AFN, 130 Avenue de Palavas - 34070 Montpellier
CRI : Collectif des Rapatriés Internautes, Adresse : www.lecri.org

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La lettre du Maire de Bages

Projet de loi pour les rapatriés,
QUEL PROJET !!
Par Jean-Pierre RONDEAU

Projet de Loi pour les Rapatriés.
Toutes les citations en italique sont tirées du FIGARO du 14 mars 2004.

Le 14 mars 2004

     1) On indemnisera quelques uns (article 46), une minorité qui, il est vrai, avaient remboursé leurs crédits. Bien. Mais la majorité des Pieds Noirs est écartée. J'ai participé à un contre-projet avec le GNPI (Groupement National Pour l'Indemnisation) pour l'indemnisation. Nous avons calculé que les PN avaient été indemnisés à 22% (pour ceux qui pouvaient "prouver" et hors inflation) et sur les propres chiffres de l'Administration, bien inférieurs aux nôtres (que valait un immeuble estimé après l'Indépendance par une Administration qui avait intérêt à minorer?). 22%, contrairement à la Constitution ("nul ne peut être dépouillé...") Or, que l'on ait été pour ou contre l'Indépendance, nous avons été expropriés pour Raison d'Etat, par l'Etat français et sans que nous ayons le droit de voter, contrairement à nos compatriotes métropolitains. Contrairement aussi à ce qui s'est passé dans tous les autres pays où les "Rapatriés" ont été totalement indemnisés (Grande Bretagne, Belgique, Portugal,...) et Italie (à 110%).

     2) Autres points intéressants, mais qui ne coûtent pas cher:
     - pas cher le" on va se pencher sur les retraites de quelques dizaines de personnes qui, condamnées pour leur action pendant la guerre d'Algérie et contraintes à des années d'exil, n'ont pu cotiser convenablement..." Mais combien de nos amis sont morts sur ces (maigres) quelques dizaines?
     - pas cher le musée et mémorial de Marseille qui comprendra toutes les anciennes colonies d'Afrique, d'Asie, etc. Pas plus cher certainement que le Musée des Arts primitifs si cher à notre Président de la République, qui offrait un bâtiment prestigieux à Paris quand on nous offre un silo à Marseille. De plus, qui va le gérer?
     - pas cher "le rapatriement d'un million et demi de dossiers d'état civil, grâce à un récent accord avec l'Algérie (qui inclut la restauration des cimetières"). La plupart des cimetières du bled ont disparu. De même, pour ne citer que ce que j'ai constaté, une bonne partie du cimetière juif d'Oran! Quant aux dossiers d'état civil: des scans?
     - pas cher, la Journée nationale d'Hommage aux Harkis et la nouvelle date commémorative du 5 décembre pour la fin des combats. "Cet anniversaire, décidé à l'automne dernier par le gouvernement, tend à remplacer celui du 19 mars." On croyait que c'était déjà fait! Ils vont nous le ressortir à chaque élection? A noter le "qui tend à remplacer"

     3) Les vœux pieux:
     - "la Nation reconnaît solennellement la participation des intéressés à l'Oeuvre de la France d'Outre-mer"
     - l'action envers les émissions de télévision, articles et manuels scolaires. Ce gouvernement comme la Droite qui a gouverné depuis 1962 n'ont jamais réussi à y faire passer ses propres messages! A rire ou à pleurer. Discours pour les Pieds Noirs à comparer à ce qu'ils ont fait depuis deux ans pour les Harkis: là, on a vu une vraie volonté. Pas pour nous. Je cite : "Reste à tenter d'infléchir l'enseignement de l'Oeuvre française Outre-mer, qui tient largement de la caricature". "tenter!"
     Oui, seuls nos amis Harkis devraient pouvoir se réjouir de cette loi (mais c'est à eux de le dire) sur le plan matériel et parce que l'Opinion bouge en leur faveur.
     Car, comment avoir confiance en ce Gouvernement, alors que, malgré les promesses et le décret de loi de Monsieur Alain JUPPE, nos cartes d'identités et nos passeports vont porter, au fur et à mesure de leur renouvellements, non pas le code de notre département de naissance, mais le sigle DZA pour DJEZAIR, le nom d'un état qui n'existait pas, et surtout avec un nom en Arabe. Bonjour les ennuis lors de nos voyages aux USA ou en Espagne, et peut-être dans nos Métro et TGV!
     Comment avoir confiance quand le Ministre de la Justice de ce Gouvernement s'indigne, à juste titre, de la tribune offerte au terroriste CARLOS et va défiler avec le Premier ministre en Espagne, alors qu'ils se taisent quand d'anciens terroristes et poseuses de bombes viennent cracher sur notre Histoire et sur nos soldats (Armée ou Harkis) dans nos Médias et même à l'Assemblée et dans nos cimetières militaires, voire enseignent dans nos universités.

     En fait, il s'agit d'élections. Les voix qui se portent sur le FN posent problème. Alors on fait les sacrifices les moins coûteux. J'étais à Bercy pour présenter notre projet d'indemnisation la semaine dernière. Pas question! La France n'a pas les moyens. Pourtant, nous demandions une rente perpétuelle, loin des montants que l'on nous doit (pas à moi, je ne peux rien espérer, mais ce serait la reconnaissance de notre extrême préjudice moral et matériel). Sommes-nous moins dignes que les inondés de...). Rente perpétuelle: l'Etat paie des intérêts, pas les capitaux. Et nous proposions qu'ils ne soient pas versés les années difficiles pour la France. Que dalle! Vous n'y pensez pas! Nous ne sommes pas les cafetiers. Trop divisés. Quelques uns d'entre nous vont courir la campagne et nos médias pour remercier. Ils vont se faire voir dans les manifs officielles pour les Rapatriés. Ils vont appeler à voter pour les "bons" candidats présentés par ce Gouvernement "si à l'écoute" et recevoir quelques Légions d'honneur.
    Mais attention, nous sommes prévenus: c'est la dernière fois. «Il faut qu'enfin on en finisse, assure Hamlaoui MEKACHERA. Nous devons clore le dossier définitivement.» Ce qui se traduit pour le FIGARO bien informé et dont j'ai tiré les citations :"Le gouvernement va enfin solder, au profit des rapatriés d'Afrique du Nord et singulièrement des harkis, l'antique contentieux né des spoliations de 1962."

     Et bien non Monsieur MEKACHERA pour nous le dossier n'est pas clos, ce n'est pas fini, ce n'est pas soldé, pour notre Histoire, pour notre Mémoire, pour nos Parents. Et plus particulièrement pour moi, le président d'une association d'anciens élèves dont le Gouvernement et l'Ambassadeur de France viennent d'abandonner, sans vergogne, en juillet 2002, alors qu'ils étaient encore sous protection française, nos archives, qui remontaient à 1883, mais surtout notre Monument aux Morts qui portait les noms de nos nombreux Professeurs, Agents de l'Administration et Condisciples "Morts pour la France" en 14/18 et 39/45. Honte à ce Gouvernement.


Jean-Pierre RONDEAU          
Responsable d'associations de "Rapatriés"

Projet de loi pour les rapatriés,
QUEL MEMORIAL !!
Par Jean-Claude Arabian

A . P . U . M . A . F .
Association Pour Un Mémorial ALGERIE FRANCAISE en l'Honneur du Général Raoul Salan
et pour tous ceux qui ont dit NON publiquement à son Abandon
et qui ont tout sacrifié pour Elle.
Siège Social National, B.P. N°22 - 34400 - Lunel Cedex

                                                                        Lunel, le 15 mars 2004

                                                            Lettre adressée à Ministère de la Défense
                                                           pour Information Diffusion Insertion

ref : jca 672 / recoff/ 13 2004
Objet : Servir La France - Pour la Réconciliation des tous les Français

Marseille va avoir Le Mémorial National de la France d'Outre Mer.....
Le Mémorial National Algérie Française est-il oublié...? Qu'en pensez-vous ?

      Monsieur le Premier Ministre,

      Je me permets d'appeler votre attention sur la mémoire qui est l'une des " missions " prioritaires que notre association tente d'assumer, sans vouloir bien entendu entacher les valeurs républicaines.
      Ce devoir de Mémoire, constitutif de notre citoyenneté de Pieds Noirs d'Algérie Française, contribuera à la transmission des valeurs effectivement fondamentales que constituent le ciment de notre terre natale nationale que nous ne pouvons oublier. Il doit donc passer nécessairement par la maintenance de l'information et la sensibilisation des jeunes générations à qui il s'agit de transmettre des leçons humaines, historiques et civiques.

      L'Algérie Française demeure, quant à elle, prés de 42 ans après son abandon, responsable de très fortes tensions au sein du monde Pieds Noir, Harkis, du monde combattant et leurs amis... et plus largement de la Nation. Il suffit pour s'en convaincre de considérer les difficultés qu'ont les Français à trouver le consensus pour le choix de la solution finale pour la réconciliation.

      Le Gouvernement de la France de Jean Pierre Raffarin avec Monsieur Hamlaoui Mékachéra et Nicolas Sarkozy va examiner un projet cette semaine un projet pour une participation de l'Etat à la réalisation d'un Mémorial de la France d'Outer-Mer en partenariat avec Marseille, pour marquer ainsi sa volonté d'assurer " la cohésion à l'égard des rapatries ". Votre Gouvernement entend ainsi " apporter une réponse plus forte, et si possible définitive, aux attentes de l'ensemble des rapatries, a souligné Hamlaoui Mékachéra, aussi bien en termes de réparations matérielles que dans le domaine essentiel de la mémoire et de la reconnaissance "

      Cette recherche d'équité pour les rapatriés harkis et pieds-noirs dans le projet de loi adopté en Conseil des Ministres est une juste réparation des inégalités des précédentes indemnisations. Nous ne pouvons d'approuver ce bon travail de votre gouvernement qui portera ses fruits très rapidement, j'en suis certain.

      Néanmoins, sans vouloir donner une orientation partisane, mais seulement donner aux survivants et nos descendants, un lieu national de recueillement, de mémoire et souvenir, de remerciements… , nous attirons l'attention que seul le dernier et grand geste final pour la réconciliation est le Mémorial Algérie Française en l'honneur du Général Raoul Salan et de tous ceux qui ont oeuvré et/ou morts sur le champ d'honneur pour que l'Algérie reste Française, sans oublier entre autres : Jean BASTIEN-THIRY; Roger DEGUELDRE; Albert DOVECAR; Claude PIEGTS et les Généraux Maurice CHALLE; Edmond JOUHAUD; André ZELLER, le Président Jo ORTIZ, les 150000 Harkis et 25000 Pieds-noirs Européens massacrés, encore à ce jour oubliés, abandonnés, trahis...

      L'A.P.U.M.A.F travaille sans demander un sous à qui que ce soit pour que nos enfants se souviennent d'eux mais aussi pour qu'ils entretiennent cette flamme " A.F. " ... et apprennent à Servir la France. Elle travaille aussi pour la réconciliation de tous les Français.
Elle recherche donc une Ville qui érigerait sur une place publique " un grand monument mémorial " avec une sculpture du Général Raoul SALAN. " Le Monument - Mémorial " rappellera l'œuvre Française en Algérie accompagné du nom de tous les martyrs et défenseurs l'Algérie Française sur une imposante stèle. Paris Capitale de la France serait rendre Justice à ces Hommes restés fidèles à la " parole donnée ", à leurs "Frères-Concitoyens : Juifs, Chrétiens, Musulmans".

Nous nous permettons donc, Monsieur le Premier Ministre, de nous adresser à vous qui connaissez bien cette " triste " page de l'histoire de France.

Consentiriez vous à intervenir auprès du Président de la République ou de Monsieur le Premier Ministre pour l'Elévation au MARECHALAT DE FRANCE du Général Raoul Salan (le Général le plus décoré, 2 fils morts au champ d'Honneur...) (post-mortem) et du Maire de Paris pour le Mémorial.

Une Ville pourrait-elle par ailleurs en fonction de ses moyens faire ériger : un monument; une stèle; donner le nom à une rue, une place, apposition de plaques sur les Monuments A.F.N. etc.....?
Nous ne pouvons que vous confirmer nos positions

Ni Pardon - Ni Oubli, Mais aussi Réconciliation si…. Encore possible après 42 années….
Nous soutenons aussi l'Action des Anciens Combattants Harkis survivants et de leurs enfants....

Parce que une fois de plus les harkis sont humiliés et écartés.... " Algérie Française : Ni page tournée ; Ni page déchirée ; Ni dernière page, tant que le Mémorial ne sera pas accepté par l'Etat"
Nous rappelons que notre Association est née spontanément après la mort du Général avec le soutien de nombreuses hautes Personnalités Civiles, Militaires, Religieuses et " pieds-noires ou Métropolitaines " pour oeuvrer principalement à rendre Hommage aux Défenseurs de l'Algérie Française et pour que nos enfants se souviennent... et qu'à la veille de la 42ème Année Les pieds-Noirs et les harkis sont ignorés et qu'aucun Gouvernement ne nous a permis d'élever un Grand Mémorial " Algérie Française pour la Réhabilitation de ses Défenseurs...... "

Alors que nous représentons unis plus d' 1 000 000 de voix...

Nous avons noté avec satisfaction des avancées positives notamment la date du 25/9 et ce nouveau projet de Loi pour les Harkis dans un esprit d'équité…

Dans l'espoir d'une réponse
Nous vous en serions infiniment reconnaissants.
Veuillez agréer, Monsieur le Premier Ministre, les assurances de toute notre considération.


Le Président de l'A.P.U.M.A.F.
Jean Claude Arabian.         

DEVOIR DE MEMOIRE
CELEBRATION du 26 MARS 1962
Allocution de M. Claude CHEVROT
26 Mars 2004 à Saint-Cyprien

      Quarante deux ans déjà et pourtant à peine quarante deux ans. Sur les chemins de la vie se croisent et s'épousent à longueur de temps la mort et la vie, les deuils et les naissances, les pleurs et les rires, l'angoisse et la paix. La paix et sa fragilité face aux forces du Mal, l'incertitude du lendemain, alors tous les " à quoi bon " et tous les " pourquoi pas ? " Ainsi va notre existence aux cent couleurs de Nuit et de Soleil. Cette vie et ce soleil que ne reverront plus jamais ces dizaines de morts exécutés par l'Armée Française aux ordres d'un officier musulman en ce bel après midi du 26 Mars 1962 à Alger.
      42 ans ont passé depuis ce drame pendant lesquels un certain nombre de questions nous sont parues essentielles. On peut se demander au nom de quelle idéologie un état fait-il assassiner certains de ses citoyens. Cette France qui se disait grande et généreuse avait-elle été poussée, manipulée ?
      Au fait, que voulaient-ils ces Français, hommes, femmes, vieillards, enfants, venus manifester en ce bel après midi du Printemps 1962 ? Simplement, justement rester Français. Qu'avaient-ils à opposer à leur face à face ? Des drapeaux Bleu - Blanc - Rouge et des fleurs.
      Quant au silence qui suivit ce massacre, n'était-il pas en lui-même une provocation ? Pardonner ne nous fera pas oublier mais seulement redonner leur dignité à ceux qui morts et aux vivants qui ont vécu en ce 26 Mars 1962 leur dernier printemps en Algérie.
      Cette page honteuse de l'histoire de France, moment épouvantable de massacres et de disparitions, n'a jamais cessé d'habiter l'imaginaire Pied-Noir dans la douleur de l'exil. Oui, nous étions nombreux, Pieds-Noirs et Harkis, loin de l'incandescence des passions à vouloir témoigner à nos martyrs, à ceux du 26 Mars 1962, du 5 Juillet, du 20 Août 56, à nos compatriotes Harkis abandonnés, notre attachement et notre reconnaissance. Oui, nous avons compris le caractère emblématique de leur sacrifice qui nous imposait, 42 ans après, de rester fidèles à ce devoir de mémoire. Ces dates ne sont-elles pas des dates repères ?
      Elles sont ancrées en nous comme des temps forts de ce long calvaire qui conduisit notre communauté à l'arrachement et à l'exode.
      Ayons chers amis, une pensée pour ceux qui, journellement, tombent sous les coups de la barbarie la plus ignoble et d'un fanatisme exacerbé.
La mémoire des morts n'est-elle pas dans le cœur des vivants ?

Discours de M.Claude CHEVROT
Président de l'Association
" Pieds-Noirs et Amis de Saint Cyprien et du Roussillon "
Le 26 Mars 2004.

REPONSE A UN TAPAGE MEDIATIQUE
Envoyé Hervé Cuesta
Vous trouverez la totalité de cette page sur le site d'Hervé Cuesta
 
Page envoyée à : telespec@tf1.fr
Date: Le 7 mars 2004 10:35 PM
Objet: De Gaulle, mon père

Mesdames , Messieurs les responsables de chaînes télévision et radio.
 
Ayant appris la sortie du 2ème tome du livre : "De Gaulle, mon père" et le tapage médiatique qui en résulte je me permets de vous joindre cette page de mon site qui peut-être vous en apprendra un peu plus sur ce "héros" et j'espère vous permettra de poser de judicieuses
questions à vos invités :
Philippe de Gaulle et Michel Tauriac.

Je vous joins l'URL de mon site afin que vous puissiez découvrir
de plus amples informations.
Ainsi que des pages d'un site ami:
 http://pageperso.aol.fr/anma981929729/MOTIF.html
Veuillez croire à mes salutations distinguées
 

PROPOS MENSONGERS...


De Gaulle, 4 juin 1958 à Alger:

"Eh bien, de tout cela, je prends acte au nom de la France! Et je déclare qu'a partir d'aujourd'hui la France considère que dans toute l'Algérie il n'y a qu'une seule catégorie d"habitants: il n'y a que des Français à part entière, avec les mêmes droits et les mêmes devoirs!"

Deux jours plus tard à Oran:
"L'Algérie est une terre française, organiquement et pour toujours!"

   
PARIS-MATCH 31 mai 1958
   
16 mai 1958 Historia-Magazine n° 255 (Espoir de paix: la Fraternisation)
 

De Gaulle, 3 mars 1960:

"Moi vivant, jamais le drapeau FLN ne flottera sur Alger."

 

 

PARIS-MATCH 31 mai 1958
   
Nice-Matin - 31 octobre 2003
 

"Qu'on ne se raconte pas d'histoires! Les musulmans, vous êtes allés les voir ? Vous les avez regardé avec leur turbans et leurs djellabas, vous voyez bien que ce ne sont pas des Français! Ceux qui prônent l'intégration ont une cervelle de colibri, même s'ils sont très intelligents. Essayez d'intégrer de l'huile et du vinaigre. Agitez la bouteille. Au bout d'un moment, ils se séparent de nouveau. Les Arabes sont des Arabes, les Français sont des Français. Vous croyez que le corps français peut absorber 10 millions de musulmans, qui demain seront 20 millions et après-demain 40?"

Alain Peyrefitte, "C'était de Gaulle" éditions de Falois/Fayard, 1995 (Propos tenus le 5 mars 1959.)

   
"Les Harkis, ce magma dont il faut se débarrasser sans attendre"
De Gaulle, conseil des Ministres du 4 mai 1962
   

Tract diffusé abondamment par l'armée française dans toutes les villes d'Algérie fin juin 1962.
   
   
   

1954/2004

Pendant 50 ans, soit un demi siècle, nous avons combattu
et nous nous battons encore contre le terrorisme islamique
qui envahit l'Europe.
Il faut dire avec force que la France entre 1954 et 1962 a souffert
des extrémistes islamiques nous les avons vaincus sur le terrain.
Un seul homme leur a ouvert la route : De Gaulle.
LA PREUVE :
En Algérie 1954 /1958, les femmes musulmanes enlevaient leurs voiles
en brandissant le drapeau Français.
En France aujourd'hui en 2004, 50 ans après, soit un demi siècle,
les femmes remettent le voile et le couvrent du drapeau Français.
LA PREUVE :
Un seul homme leur a donné cette possibilité : De Gaulle. .
LA PREUVE :
La perte de l'Algérie Française leur a ouvert la route.
Un seul homme leur a donné cette opportunité : De Gaulle.
Aucun habitant des pays décolonisés d'Afrique, d'Indochine de Tunisie, du Maroc,
et j'en passe, ne revendique aujourd'hui le fait qu'il soit en France chez lui,
seuls les musulmans extrémistes d'Algérie exigent ce droit.
LA PREUVE :
Si les Algériens se considèrent chez nous en France, comme étant chez eux,
nous pieds-noirs Français d'Algérie considérons que nous étions chez nous.
LA PREUVE EST FAITE.
L'ALGERIE FAISAIT PARTIE INTEGRANTE DU TERRITOIRE NATIONAL DE LA FRANCE (15 départements)

Un Seul homme coupable : de Gaulle.
Coupable d'avoir sacrifié les plus fidèles de ses enfants.
Coupable d'avoir fait massacrer les plus fidèles de ses Harkis, tous morts
pour avoir cru en la parole de la France.
Coupable de l'abandon à l'ennemi du plus beau joyau de notre patrimoine.
Un seul homme : De Gaulle.
Coupable de trahison, d'imposture, de forfaiture, de perfide infamie.
Un seul homme : De Gaulle.
Que l'Histoire jugera !


A.Belvisi
Combattant de l'armée d'Afrique
Combattant de l'O.A.S

 
Crédits: Paris-Match, Historia Magazine, Nice Matin, La Nouvelle Revue d'Histoire, Bulletin d'Information du GNPI.
 
 

DES NOUVELLES DE LÁ-BAS...
Par « le Fouineur »

Chers amis Bonois, vous trouverez dans cette partie de la Seybouse, un recueil d'articles des quotidiens de Là-bas. Il est impossible de dévelloper la totalité du contenu de chaque journal, chaque jour, et puis ce n'est pas le but de cette rubrique.
Nous voulons seulement faire suivre l'information transmise par la presse locale, qui, comme vous allez le découvrir, fait ce qu'elle peut pour informer, malgré une rigoureuse contrainte de la censure.
Et oui, ça existe aussi là-bas, et heureusement que Internet existe…….
Quatre quotidiens sont parcourus chaque jour, et l'essentiel est retransmis pour vous informer des faits les plus marquants du mois.
Nous espérons que cela vous satisfera, et si vous le souhaitez, faites nous part de vos remarques ou suggestions en ce qui concerne cette rubrique.
Le fouineur.

Avant propos :

La rubrique " Les Nouvelles de là-bas " se modifie, peu à peu, chaque mois pour vous être agréable.
En cette période de L'année 2004 les articles des quotidiens Algériens sont principalement orientés vers l'élection présidentielle, qui se déroulera très prochainement. Et la bagarre est rude !!!!
Comme les articles à caractère politique ne nous intéressent pas sous cette rubrique, nous 'zappons ' (pour employer une expression à la mode) ceux-ci volontairement.

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1) Pillage de sable à Annaba / Préjudice de 20 millions d'euros

      La récente saisie par la brigade de gendarmerie d'El Bouni de 22 camions chargés de sable de construction et d'un tractopelle à la cité Sidi Salem, dans la banlieue d'Annaba, relance le dossier de la mafia du sable.
D'autant plus que, malgré l'intervention du président de l'Assemblée populaire communale (APC) d'El Bouni qui s'était déplacé sur le site, ce dernier pillage s'est déroulé au vu et au su des services de police de l'arrondissement de Sidi Salem.
      Pour ces derniers, il ne s'agissait pas de pillage, mais d'exploitation légale d'une sablière improvisée sous la pression de la pénurie chronique du sable sur le marché. L'entrepreneur commanditaire de ces chargements de sable a bénéficié d'une autorisation. Un argument catégoriquement rejeté par les membres de l'APC. Contacté, l'un des vice-présidents a précisé : "Sidi Salem est une cité qui dépend territorialement de notre commune. Seuls nos services compétents sont à même d'accorder ou de rejeter toute demande d'exploitation de quelque nature que ce soit. S'agissant de sable, jusqu'à preuve du contraire, notre commune ne dispose pas de sablière et nous n'avons accordé aucune autorisation d'exploitation de ce matériau. Pour avoir tenté de s'opposer légalement à ce pillage, notre président a été menacé par l'entrepreneur mis en cause qui a essayé de reprendre possession des camions saisis par la gendarmerie nationale que nous avons sollicitée." Qui a bien pu délivrer cette autorisation d'exploitation du sable de cette plage de Sidi Salem ? Cette dernière, déjà bien mal en point sur le plan environnemental, est quotidiennement, et depuis plusieurs mois, ciblée par les pillards. Des sources concordantes ont affirmé que le pillage de sable sur toute la corniche d'Annaba est la conséquence de la fermeture, pour des raisons obscures, de la sablière de la commune Echat (El Tarf) voisine. Les mêmes sources précisent que ces raisons obscures pourraient avoir pour origine "le haut lieu" dont certains membres ont récemment transféré en toute clandestinité vers la Tunisie via le poste frontalier d'El Aïoun (El Tarf) 20 millions d'euros. Ces derniers représentent la contrepartie en dinars perçue au titre des chargements d'importante quantité de sable dont un seul chargement sur un poids lourd de faible tonnage coûte 9000 DA.

Par M. F. Gaïdi
2) ANNABA / Les handicapés dans une situation aléatoire

     Durant plus de 10 jours à partir du 14 mars, date de célébration de la Journée nationale des handicapés, la direction des affaires sociales (DAS) de la wilaya de Annaba organise des rencontres destinées à la sensibilisation du public sur les conditions de vie des handicapés.
      Sept établissements dont 3 centres médico-pédagogiques pour enfants inadaptés mentaux d'une capacité d'accueil de 282 places, un foyer pour 120 personnes âgées, deux autres pour 130 enfants assistés, une pouponnière de 50 lits, un centre spécialisé destiné à la rééducation et à la réinsertion de 50 enfants en danger de délinquance et une école pour l'encadrement pédagogique de 184 jeunes sourds et aveugles représentent les moyens dont dispose la DAS pour répondre aux besoins de ces catégories de citoyens.
      Des moyens apparemment insuffisants au regard des multiples SOS lancés par les gestionnaires de ce secteur sous la pression d'un nombre chaque année plus important de nécessiteux. Au-delà de leur décrépitude, les 3 centres médico-pédagogiques pour enfants inadaptés mentaux, le foyer pour personnes âgées, les 2 centres pour enfants assistés, la pouponnière, le centre spécialisé de rééducation, l'école des sourds-muets et l'annexe de jeunes non-voyants, en activité dans la wilaya de Annaba n'arrivent plus à faire face aux besoins de leurs 666 pensionnaires tous âges et sexes confondus. Les décisions de régularisation, d'admission, de pension, d'aide sociale, les demandes de mise à disposition des moyens pour la maintenance et l'entretien des centres et foyers sont restées sans réponse. Insuffisance également en matière de budgets annuellement alloués variant entre 130 et 180 millions de dinars. Depuis quelques mois, les caisses étant vides, la famine guette les centres et foyers de la wilaya de Annaba dont les pensionnaires survivent grâce à des bienfaiteurs ; les pensionnaires sont pratiquement livrés à eux-mêmes. "Je suis père d'un enfant atteint d'une sclérose multicolaire. J'ai frappé à toutes les portes y compris celle de la DAS pour espérer bénéficier d'une aide à même de me permettre de le soigner, en vain. Je lance un appel à toutes les autorités locales et nationales pour m'assister financièrement", a déclaré M. Allouche. Pour Lakhdar Maâtar handicapé mental à la suite d'une blessure par balle occasionné, le 12 décembre 1994 par un agent de l'ordre public, l'horizon paraît bien bouché. Ce citoyen âgé de 37 ans perçoit mensuellement une pension de 1700 DA qu'il juge dérisoire. Il a affirmé : "Depuis 1994, je n'ai pas cessé de demander de l'aide. Pour toute réponse, on m'accorde une pension de 1700 DA au titre d'assistance sociale. Handicapé mental, sans ressource, je suis contraint de mendier pour subvenir à mes besoins et à ceux de ma famille à ma charge."

3) Détournement du patrimoine

     Avec la cession à la wilaya de l'immeuble Ensid du même nom de l'entreprise Bureau d'études en mécanique, sidérurgie, bâtiment, industrie, génie civil qui l'occupait jusqu'au début de l'année 2004, s'achève la mise à genoux du potentiel économique dont disposait la wilaya de Annaba.

     Animée par des dizaines de compétences de haut niveau dont des experts, architectes, ingénieurs, économistes, sociologues et autres, dotée de tous les moyens technologiques, Ensid, filiale du groupe Sider, rejoint ainsi la cohorte des entreprises dissoutes. Son immense siège de plus de 5 étages, avec plusieurs dizaines de bureaux, restaurants et une cuisine pour la préparation quotidienne de 5000 repas, a été cédé à la wilaya en contrepartie de 120 millions de dinars. " Il est destiné à servir de siège à la Délégation pour l'emploi des jeunes", s'est-on limité à dire aux cadres et travailleurs de l'Ensid mis au chômage technique aussitôt le contrat de cession signé. Créée quelques années après le complexe sidérurgique d'El Hadjar, cette infrastructure a été réalisée par la Société nationale de sidérurgie durant les années 1970. Elle a coûté au Trésor public plusieurs milliards de dinars. Cette liquidation presque en catimini a entraîné la réaction des syndicalistes qui, par l'intermédiaire de leur secrétaire général de la plateforme syndicale UGTA de Sidi Amar, comptent saisir les plus hautes instances du pays. "On n'a pas idée de brader un aussi important outil de travail comme le bureau d'études, Ensid. Nous nous interrogeons sur la finalité de cette opération. Nous avons la certitude qu'elle cache d'autres desseins que ceux avoués. Un immeuble de plusieurs étages avec des centaines de bureaux et des équipements importants cédés à 120 millions de dinars, il y a de quoi exprimer certains doutes. Que vont devenir les cadres et travailleurs qui ont été mis au chômage technique. Nous ne nous tairons pas pour sauvegarder l'intérêt des travailleurs", a indiqué un des syndicalistes contactés. C'est un autre son de cloche qu'avance Nadji Cherif, le directeur de l'emploi de la wilaya, lorsqu'il affirme : "Cette acquisition entre dans le cadre de l'opération création des guichets communs. L'immeuble Ensid devrait nous permettre de regrouper tous les intervenants du secteur des investissements et de l'emploi dont l'Ansej et 250 sièges de micro entreprises."

Par Hafidh H.
4) EMPLOI DE JEUNES / Déficit chronique

     Au 3e trimestre, 3032 jeunes ont bénéficié du contrat pré emploi mis à la disposition de la direction de l'emploi de la wilaya de Annaba par le ministère du Travail au titre de l'année 2004.
      La prédominance des jeunes filles représentant 73 % du nombre de contrats attribués dans ce créneau est due, selon le directeur de l'emploi, au problème des obligations du service national auquel sont confrontés les postulants masculins. Bien que classée en tête de liste des bénéficiaires de contrats de travail pré emploi à l'échelle nationale, la wilaya de Annaba reste déficitaire en la matière. En effet, depuis 1998 année de lancement de l'opération pré emploi, et jusqu'à fin février 2004, la wilaya a bénéficié de 5394 soit 38,5 % de ses besoins représentés par 14 000 demandes. Ce qui a incité les responsables locaux de l'emploi à multiplier les démarches auprès de leur tutelle pour tenter d'obtenir un quota supplémentaire de 2000 autres contrats. Cette dernière aurait été favorablement accueillie par le ministre du Travail lors de la visite de travail qu'il avait effectuée en février 2004 à Annaba. Ne s'en tenant pas uniquement à cet aspect de contrats de pré emploi, la direction de l'emploi a également réussi à acquérir l'immeuble Ensid avec plusieurs centaines de locaux qui serviront à la création de 250 microentreprises principalement destinées aux jeunes et pour l'implantation du siège de l'Ansej.

Par H. H.
5) PARIS-24ème SALON INTERNATIONAL DU LIVRE / Forte participation de l'Algérie

     Le Salon international du livre se tiendra du 19 au 24 mars à la porte de Versailles à Paris avec comme invitée d'honneur la Chine. Comme chaque année à la même période, le Salon international du livre ouvre ses portes au public parisien pour découvrir les derniers titres littéraires, parus un peu partout dans le monde.
      Plus qu'une aubaine, les mordus du livre pourront également s'entretenir, le temps d'une dédicace, avec leurs auteurs favoris. L'Algérie sera présente avec plus d'une quarantaine d'éditeurs privés et publics. Parmi ces maisons d'édition figurent, entre autres, Chiheb, Barzakh, Casbah, Houma, ENAG, Dar El Gharb, Dar El Hikma, l'OPU, le CREAD, la Bibliothèque nationale d'Alger, El Khabar... En tout, ce sont pas moins de 1000 titres en langues arabe et française qui seront exposés sur une superficie de 80 m2.
      L'effet vente dédicace
      Le stand sera géré par certains membres de l'Association des libraires algériens, à leur tête Mme Fatiha Soal. Au cours de ce salon, des ventes dédicaces et des rencontres débats seront à l'honneur. A titre d'exemple, les éditions saisissent cette opportunité pour présenter le livre de Omar Mokhtar Châalal sur Kateb Yacine en organisant une conférence sur le thème "Kateb Yacine" le 20 mars prochain. A cette occasion, de nombreuses personnalités liées au parcours de l'auteur de Nedjma, tels l'ancien directeur d'Alger républicain, Henri Alleg, et Mme Zoubeïda Chergui, qui fut l'épouse de Kateb Yacine, prendront part à cet hommage. Par ailleurs, il est à noter que le Syndicat professionnel du livre (SPL) a annoncé dans un communiqué de presse qu'il sera absent à la 24e édition du livre de Paris. "Vu les mauvaises conditions de préparation, le SPL représentant de nombreux éditeurs refuse de cautionner la représentation de l'édition algérienne et de mettre en péril l'image de notre pays", lit-on dans ce communiqué. En dépit de la proposition des organisateurs qui ont financé la participation des éditeurs et de l'accord donné par le SPL afin de gérer conjointement avec le SNL le stand Algérie, cette année, le SNL a refusé toute coordination en vue de la préparation de la participation de la partie algérienne, préférant faire cavalier seul. "Ce n'est pas par manque de bonne volonté de notre part mais, c'est là le résultat de pratiques hégémoniques du Syndicat national des éditeurs de livres, autoproclamé organisateur en chef de cet événement."

Par Nassima C.
6) RENCONTRE SUR LA SANTE A SETIF / Forum international sur le cancer

      L'auditorium de l'université Ferhat Abbas de Sétif abritera les 15 et 16 mars 2004 un forum international sur le cancer. Des sommités de huit pays (Australie, Canada, France, Suisse, Tunisie, Cameroun et Burkina Faso) et des Centres hospitalo-universitaires d'Alger, d'Oran et de Sétif donneront des communications et animeront des conférences autour du tabac, de l'infection et de l'enregistrement de la tumeur ainsi que sur les soins infirmiers en cancérologie.

     Ce dernier volet est destiné au personnel paramédical qui bénéficiera à l'occasion d'une formation (réactualisation des connaissances, informations et approches d'intervention). Le rendez-vous de Sétif sera rehaussé par la présence de représentants de nombreuses associations internationales, telles que l'Union internationale le cancer (UICC), l'Observatoire du tabac en Afrique francophone (OTAF), la Ligue contre le cancer (LCC), le Centre international contre le cancer, l'Alliance mondiale contre le cancer et bien d'autres intervenants ayant déclaré la guerre à cette maladie dévoreuse. Il sera certainement l'espace approprié d'échanges des expériences et des méthodes d'intervention et de collaboration concrète, de consolidation des activités de recherche, et ce, pour une véritable prévention, une meilleure prise en charge du malade et une valorisation des soins infirmiers. "Cette maladie constitue, selon le professeur Mokhtar Hamdi Cherif, un des problèmes majeurs de santé publique de la planète qui englobe 20 millions de personnes atteintes." La transformation de l'environnement, les changements de mode de vie et la crise croissante du tabagisme ne sont, d'après notre interlocuteur, épidémiologue et président de l'OTAF basé à Niamey (Niger), pas étrangers à l'alarmante situation qui fait annuellement 20 000 décès en Algérie. "30 000 nouveaux cas de cancer sont, enchaîne-t-il, diagnostiqués chez nous chaque année. Avec en sus une augmentation de 50 % du nombre de cas entre 1986 et 2000." Pour atténuer l'"avancée" de ce mal qu'on ne doit plus considérer comme une fatalité, nous confie le professeur Hamdi Cherif, les chercheurs misent, dit-il, sur la prévention pouvant éviter, par un dépistage à un stade précoce, pas mal de malheurs. La lutte contre le tabagisme est l'autre cheval de bataille des intervenants algériens notamment qui se trouvent, faute de moyens, le plus souvent désarmés. A titre d'exemple, l'Algérie est en matière de radiothérapie à la traîne. Celle-ci n'est, pour une population de 30 millions d'âmes, pratiquée qu'au niveau de cinq centres, dont un militaire. Loin donc des normes internationales qui exigent six à sept appareils pour un million d'habitants.

Par Kamel Beniaïche
7) POINT ZERO / Du Djurdjura à N'djaména

     D'après les dernières informations en date, si Hassan Hattab, recherché par toutes les armées du monde, serait en Kabylie à quelques kilomètres d'Alger, son collègue Abderrezak Le Para serait, lui, mort à plus de 5000 km de là, au Tchad, à la suite d'un accrochage avec l'armée tchadienne, épaulée par l'armée américaine. Au-delà du sens du voyage, particulier à l'Algérien, toutes idéologies confondues, que de chemin parcouru par Abderrezak, des montagnes enneigées du Djurdjura aux déserts pierreux du Tibesti. Ce cas est exemplaire dans la mesure où il donne une idée de la nouvelle coopération internationale en matière de lutte antiterroriste ; de son côté, l'Algérie lance un plan de développement "Grand-Sud" pour favoriser la région et relancer le tourisme. Abderrezak apprend la nouvelle et descend dans le Sud kidnapper quelques étrangers. Après avoir tourné plusieurs mois dans les paysages féeriques du Tassili et du Hoggar, Abderrezak et ses touristes se rendent au Mali pour échanger les otages contre un peu d'argent. La pression malienne prend le relais et Abderrezak se rend en Mauritanie dépenser ses euros durement gagnés. Mais il est toujours poursuivi et se rend au Niger, d'où il est encore chassé et se retrouve au Tchad où il est éliminé par les armées tchadiennes et américaine. Quel est l'apport de l'Algérie dans l'élimination de Abderrezak à part le lancement du plan de développement "Grand-Sud" ? L'apport semble un peu léger, mais ce n'est pas vrai. C'est l'Algérie, par le biais d'Algérie Télécom, qui a équipé le groupe de Abderrezak en téléphones satellitaires Thuraya. Selon certaines sources algériennes d'ailleurs, la dernière communication de Abderrezak à Hassan Hattab aurait été captée. Quelques secondes avant sa mort, Abderrezak aurait demandé à Hassan : "Pourquoi tu m'as envoyé au Tchad, alors qu'il fait si bon dans le Djurdjura ?"

Par Chawki Amari
8) Relizane / L'innocence " piétinée "…

     Ce sont des enseignants et des parents d'élèves courroucés qui ont voulu exprimer leur indignation à travers les colonnes d'El Watan, du fait de la manière " écœurante de cynisme " dont ont été victimes leurs enfants, lors de la récente visite de Khalida Toumi, ministre de la Culture, à Relizane.

     La visiteuse de marque devait, en effet, effectuer, selon le programme tracé par les autorités locales, une halte au conservatoire de musique communal, afin d'écouter un récital interprété par une chorale enfantine composée d'une quarantaine de bambins dont l'aîné ne dépasse pas 10 ans. Les parents s'étaient saignés aux quatre veines pour offrir à leurs enfants les tenues traditionnelles exigées pour la circonstance, et les bambins rivalisèrent de talent afin d'offrir un spectacle de qualité à la ministre. Le jour J, les écoliers furent " réquisitionnés " à partir de 10h30 par les autorités locales, ratant ainsi les compositions de fin de trimestre de l'après-midi. Le récital devait avoir lieu à 13 heures et les " artistes en herbe " attendirent le passage de l'illustre invitée, alignés devant l'entrée du conservatoire communal, dans une atmosphère de joie fébrile et de trac. Ils attendirent longtemps, très longtemps, jusqu'à 19 heures, l'arrivée de la ministre, le ventre creux car personne n'avait songé à prévoir une collation pour les bambins, au cas où, et les organisateurs n'osant pas les renvoyer par peur de mécontenter les autorités. Khalida Toumi ne passa pas, le programme ayant été chamboulé à la dernière minute, et la longue attente des " enfants de chœur " prit fin quand leurs parents vinrent les récupérer, dans une atmosphère de crises de larmes et de chagrin d'enfants. " Allez, après une telle marque de mépris et de cynisme de la part de représentants de l'Etat, inculquer aux enfants des valeurs telles que le respect d'autrui, des engagements et la ponctualité ", concluent nos interlocuteurs.

Par M. Seghier
9) AIN TEMOUCHENT / Frémissement dans le secteur du tourisme

     Le complexe touristique Syphax vient d'être contacté de l'étranger, sur son site Internet, pour assurer le séjour de 25 touristes français en mai prochain. Cette villégiature, est-il précisé, doit être agrémentée de pêche sous-marine. Mais cette demande, la première du genre dans la wilaya, annonciatrice d'un regain d'intérêt pour la destination Algérie, est tout de même conditionnée et par la facilité d'accès d'un matériel de pêche soumis à autorisation et par la facilitation de l'obtention de visas d'entrée pour le groupe.
     C'est ce qu'a révélé le propriétaire du complexe, ravi d'avoir pour une fois des clients dès le mois de mai et qui plus est des étrangers. Le ministre du Tourisme, en visite d'inspection, a promis des mesures qui contribueront à la réussite de l'opération. Il s'est de même montré sensible à la demande des trois principaux opérateurs touristiques de la wilaya en vue de la révision à la baisse de la TVA sur la restauration. La question va être d'ailleurs soumise à l'examen au gouvernement. Ceci a constitué le volet 'promesses' d'une visite qui a pris la mesure d'un frémissement dans le secteur du tourisme à travers la wilaya. En effet, au vu du bilan présenté, les 436 lits disponibles en 1997 sont passés à 1 427, sans compter le système de l'hébergement chez l'habitant qui s'est généralisé, en réponse à une forte demande en période estivale. Et de façon à y répondre plus franchement, l'étude d'aménagement de la ZET de Bou Zadjar, soit 120 ha constructibles, va être finalisée le 15 avril prochain par un bureau espagnol. Celle-ci va être suivie de travaux d'aménagement sur fonds publics, des travaux qui promouvront Bou Zadjar en qualité de zone pilote, à l'instar de cinq autres ZET du littoral national. Mieux, la wilaya a réussi à obtenir, à la faveur de la visite ministérielle, l'étude d'aménagement du site balnéaire de Sbiat, un site à l'état naturel dont 7 ha sont aménageables. L'étude de cette ZET au profit d'un tourisme de haut standing va être réalisée sur les fonds propres de l'agence nationale de développement du tourisme (ANDT). Cet effort de valorisation des potentialités touristiques de la région a été conforté par la décision du wali de mettre fin aux dérives constatées dans l'attribution d'autorisation d'usage au sein du domaine forestier sur le littoral, des dérives dont nous avions fait état dans ces mêmes colonnes (El Watan du 21 avril 2003). Il a ainsi donné un coup d'arrêt à toute nouvelle attribution et décidé d'annuler des concessions accordées par la conservation des forêts, des concessions dont les travaux de défrichement ont porté atteinte à l'environnement et dégradé la beauté naturelle des sites. Pis, ces concessions avaient été accordées sans une véritable étude préalable et sans tenir compte de la loi relative à la protection et la valorisation du littoral, une loi promulguée en février 2002.

Par M. Kali
10) LE CANADA ET L'ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE / La pizzeria comitee

     Allô! C'est bien le comité de soutien à la candidature de Bouteflika ? Non madame, c'est une pizzeria ici", nous dit une voix d'homme dans un français approximatif. "Une pizzeria ? Oui, c'est bien cela… La pizzeria Al-Salam", nous confirme-t-on. L'anecdote véridique résume bien l'état de l'organisation des troupes des différents comités de soutien à la candidature du président Bouteflika.
     L'un de ces comités, dénommé El Wiffak El Djazzairi, Commission de coordination des comités de soutien à M Bouteflika a poussé l'effronterie jusqu'à acheter un encart publicitaire dans un journal communautaire maghrébin de Montréal pour annoncer sa création en donnant comme adresse et numéro de téléphone celui d'une pizzeria. Mais il se trouve que, dans le même journal, figure également une publicité de ladite pizzeria… Al-Salam. Le patron de la pizzeria, quant à lui, est formel. Il ne fait partie d'aucun comité de soutien. Par ailleurs, il nous informe qu'un ami à lui en charge du comité a fait le déplacement à Alger en vue de préparer l'élection du 8 avril prochain. L'annonce publicitaire, qui invite les membres de la communauté algérienne au Canada à se rapprocher de la permanence (la pizzeria), nous informe que le comité a tenu une séance de travail sous la présidence d'un certain Mebarek Ghazi qui fait des affaires entre Alger et Montréal, a-t-on appris. Un autre comité de soutien, celui-ci présidé par Omar Chikh, qui travaille en qualité de conseiller spécial pour le Maghreb, dans une boîte d'avocats montréalaise, bien que ne reconnaissant pas le désordre régnant, appelle tous les comités à se joindre à lui. Ce dernier n'en est pas à sa première campagne présidentielle. Déjà, en 1995, il avait formé un comité de soutien à la candidature de Zéroual. Dans une entrevue accordée à El Watan, il nous a indiqué qu'il servirait le prochain candidat, fût-il Bouteflika ou un autre. Néanmoins, il considère que le président Bouteflika est le candidat idéal, compte tenu de son carnet d'adresses. Omar Chikh est épaulé dans sa démarche par un autre Algérien installé au Canada depuis une vingtaine d'années originaire de la même région que lui, Saïda. Hafsi Chikh Belfedil est un homme d'affaires qui a assisté au dernier congrès du FLN pour finalement se ranger du côté des redresseurs. Quelques indiscrétions nous ont appris qu'il n'y a pas si longtemps, les deux hommes n'étaient pas vraiment sur la même longueur d'onde, chacun voulant probablement prendre la tête du comité. Toujours est-il que ces deux derniers, rencontrés vendredi, donnaient l'air d'être les meilleurs amis du monde. D'autres personnes, originaires pour la plupart de l'Ouest, se sont joints au comité dirigé par Chikh, mais ne souhaitent pas être publiquement identifiées comme telles. Pourquoi ? Elles n'ont pu nous l'expliquer. Simple méfiance ? Calcul politique ? On ne le saura pas. Quelques personnes nous ont même appelés pour nous préciser qu'elles ne voulaient pas que leur nom soit mentionné dans la presse. Il y a encore un troisième groupe…, constitué d'une seule personne, qui a décidé de faire cavalier seul et qui revendique la paternité et la légitimité des comités de soutien à la coordination du président-candidat. Cette personne est Saïd Chohra, qui est également entrepreneur et originaire de Saïda. L'entrepreneur la trentaine a fait son beurre en Algérie dans la location des jet-ski, des planches à voiles et de tous les gadgets nautiques indispensables à la jeunesse dorée algérienne. Installé au Canada depuis neuf ans, ce dernier a commencé par exporter en Algérie quelques jet-ski et a vu sa compagnie grandir à une vitesse fulgurante. Dans des publicités publiées dans des journaux communautaires, il vante les mérites du président-candidat : "Il faut quelqu'un d'expérimenté à la barre du pays, quelqu'un qui ait une expérience des affaires internationales, quelqu'un qui comprenne les enjeux internes et œuvre dans la bonne direction pour leur résolution : pour moi, il n'y a qu'une personne à ce poste et c'est Abdelaziz Bouteflika." Jusqu'à présent, pris dans leurs tourmentes internes, les comités de soutien n'ont organisé aucune activité de sensibilisation.

Par Djemila Benhabib
11) A la suite de complications rénales vendredi soir / Zerhouni évacué en France

     Le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Yazid Zerhouni, vient d'être transféré en urgence par Europe-Assistance vers un hôpital parisien dans un état de santé jugé critique, a-t-on appris de source médicale proche de l'hôpital militaire.
     Selon celle-ci, le ministre, hospitalisé pour une séance d'hémodialyse, a été contaminé par un microbe qui a engendré une infection généralisée, une septicémie. "Son état est jugé grave et nécessiterait une prise en charge médicale spécialisée de plus de deux mois…", a déclaré la même source. Cette infection, dite nosocomiale, est très répandue dans les milieux hospitaliers, y compris en Europe, et se développe notamment dans les blocs opératoires. L'état de santé du ministre est "pour l'instant stationnaire", selon notre interlocuteur, qui a noté que celui-ci "pourrait évoluer positivement en cas de prise en charge médicale à temps". La première absence du ministre de l'Intérieur a été remarquée par la presse lors de la visite du président de la République à Biskra, il y a une dizaine de jours. Les journalistes ont remarqué que Yazid Zerhouni avait perdu de son dynamisme et affichait une mine très affaiblie qui l'a obligé à s'éclipser avant même la fin de la visite pour ne plus réapparaître en public. Mardi dernier à Sétif, le ministre a carrément disparu du cercle officiel, poussant les journalistes qui accompagnaient le président lors de ses déplacements à l'intérieur du pays à se poser des questions. Une source proche de la Présidence avait déclaré à notre journaliste : "Le ministre a attrapé une forte grippe qui l'a empêché de poursuivre son voyage." En fait, Yazid Zerhouni a été admis à l'hôpital militaire de Aïn Naâdja pour subir des soins et une séance d'hémodialyse. C'est là qu'il aurait contracté une infection généralisée. Son état de santé s'est détérioré, ce qui a nécessité son transfert en urgence vers un hôpital parisien. Aucune information n'a filtré officiellement sur son état. Contacté, le ministère de l'Intérieur n'a pas voulu s'exprimer sur le sujet.

Par S. T.
12) PRÉPARATION DE LA PRÉSIDENTIELLE EN EUROPE / Les consulats mis à l'index

     L'organisation en France de la campagne électorale pour l'élection présidentielle a fait l'objet d'une réunion des structures du FLN en France et des comités de soutien à Ali Benflis samedi dernier à la Bourse du travail de Paris, sous la présidence de Mohamed Arezki Aït Ouazzou, représentant du FLN en France.
     La réunion a porté sur les modalités pratiques pour la diffusion du programme du candidat Ali Benflis. Pour ce faire, une campagne d'information sera effectuée à travers des affiches, des lettres et des tracts qui seront distribués dans les cités, les marchés et dans tous les lieux où se regroupe la communauté algérienne. Des réunions de proximité seront organisées par les comités de soutien dans les cités où réside la majorité des Algériens. La réunion a regroupé de nombreux représentants de comités de soutien de toutes catégories sociales : médecins, universitaires, cadres d'entreprise, travailleurs, chômeurs, jeunes et femmes qui ont, à la faveur de cette réunion, pris connaissance des engagements d'Ali Benflis résumés dans un document intitulé Contrat pour une nouvelle politique nationale en faveur de la communauté algérienne établie à l'étranger. Edité sous forme de dépliant afin d'être distribué largement au sein de la communauté algérienne résidante en France, ce document présente treize propositions qui couvrent les différents aspects, institutionnel, économique et social, d'une "nouvelle politique axée sur la démocratie participative". Par ailleurs, le collectif des Algériens de France pour le soutien de la candidature d'Ali Benflis à l'élection présidentielle dénonce, dans un communiqué, la préparation "dans l'opacité" des élections par les services consulaires en France. "Ces préparatifs ne font l'objet d'aucune concertation avec les représentants des candidats, les élus nationaux de la communauté et le mouvement associatif démocrate engagés dans cette élection." Il "s'élève contre les pressions dont se déclarent victimes un certain nombre d'agents consulaires respectueux du principe d'égalité et d'honnêteté". Le collectif dénonce, par ailleurs "l'utilisation scandaleuse des moyens de l'Etat algérien en France en faveur du candidat-président. Les locaux, notamment ceux situés au 41, boulevard de Strasbourg à Paris 10e, ont été mis à la disposition de la direction de campagne du candidat-président. Ce bien appartenait à l'ex-Amicale et a été rétrocédé depuis à l'ambassade d'Algérie. Le collectif exige que ces locaux qui sont utilisés pour les besoins de la campagne électorale du candidat-président soient immédiatement rendus à leur destination auquel cas l'ambassade d'Algérie devra mettre à la disposition de tous les candidats des moyens matériels et immobiliers identiques à ceux dont bénéficie scandaleusement et en toute illégalité le candidat-président." Le collectif des Algériens de France attire l'attention des pouvoirs publics algériens, des candidats à la présidentielle, des médias, des partis et organisations démocrates sur ces faits. "Pour les démocrates, si cette situation devait perdurer et ses instigateurs persévérer, la réaction sera à la mesure de la menace de fraude qu'elle annonce. Nous nous engageons à barrer la route à la fraude, au despotisme et aux dérives maffieuses que certains pensent pouvoir imposer à la communauté algérienne de France."

Par Nadjia Bouzeghrane
Chères lectrices et lecteurs de cette rubrique , si vous souhaitez
formuler des remarques ou me transmettre vos apréciations,
vos idées, contactez-moi à l'adresse suivante :
LE FOUIN83@AOL.com


LES ECHOS DIVERS
Par les VIGIES DU NET
1) Le guerre terroriste a commencé, il y a 50 ans...

Richard Ayoun ("Pieds-Noirs d'hier et d'aujourd'hui juillet/aout 99 n°103, p31")

La " révolution algérienne " adopte à l'égard des Juifs une politique verbalement antiraciste. Pourtant, le FLN tue des Juifs, et ses actions empêchent toute cohabitation future. En juillet 1955, le rabbin de Batna est agressé. Le 20 août 1955, les Juifs constantinois sont traumatisés par le massacre d'une famille juive connue, en route pour le week-end. On se demande dans la communauté si on peut défendre de tels assassins. Un samedi de mai 1956, des grenades sont lancées à Constantine contre des cafés israélites. Des Juifs ripostent. En juin, la synagogue d'Orléanville est incendiée ; en novembre, une bombe tue dans sa maison, le rabbin Isaac Aziza de Nedromah et plusieurs membres de sa famille.
En janvier 1957, des attentats, à Nedromah à nouveau, font sept morts dont trois enfants en mars, le rabbin Chékroun de Médéa est tué près de la synagogue ; en mai, des grenades sont jetées dans le quartier juif de Constantine ; le même mois, une bombe explose au Casino de la Corniche, à Alger, rendez-vous de la jeunesse juive. Elle fait de nombreuses victimes. Lors de leurs obsèques, des musulmans sont pris à partie dans les rues européennes et lynchés. Des Algérois juifs cachent alors des musulmans, les sauvant parfois de la foule. En juillet, c'est autour du quartier juif d'Oran de subir des attentats dont les auteurs sont pris et lynchés ; en août, dans la basse Casbah d'Alger, David Chiche est arrosé d'essence par un groupe de musulmans : une allumette et il meurt carbonisé. Le même mois, à Bône, des personnalités juives sont menacées et agressées. La peur s'empare de la communauté et des Juifs abandonnent les villages où ils avaient toujours vécu.

(envoyé par Pierre Barisain)

2) (Avant Madrid 2004, Alger 1955)

- La guerre d'Algérie et les Juifs :
Diversités des engagement Pieds-Noirs d'hier et d'aujourd'hui sept 99 n°104

En 1958, les attentats dirigés spécialement contre les Juifs diminuent. En février, deux shelihim (" émissaires ") israéliens, Raphaél Bengherra et Yaacov Hassan, qui dirige le département de l'émigration à Alger, venus en Algérie pour préparer l'aliyah (la montée en Israël), sont enlevés entre Tiaret et Aflou par le FLN. Me Ahmed Boumendjel parlant au nom du FLN affirme que les Israéliens, étrangers au conflit, seront bientôt libérés. En mai, leurs corps sont identifiés dans un charnier FLN près d'Aflou. En septembre, une grenade est lancée dans la synagogue de Boghari lors de l'office de la fête de Soukkot (Cabanes), faisant un mort et onze blessés. Un responsable de la communauté déclare : " Il est, tout au moins pour le moment, difficile sinon impossible de situer le caractère de cet inqualifiable attentat d'autant que sur le plan local il ne paraît pas être le signe tangible d'un mauvais climat entre groupements ethniques ou confessionnels ". L'année 1959 est paisible quand, à la veille de Yom Kippour, une grenade lancée dans la synagogue de Bou Saada tue la petite fille du rabbin âgée de six ans et demi et blesse plusieurs personnes. C'est le début spectaculaire de la reprise des attentats. En décembre 1960, la grande synagogue d'Alger dans la haute Casbah est saccagée au cours d'émeutes : le mobilier est brisé, tous les rouleaux de la Loi sont profanés, déchirés, piétinés. Parmi eux, un Sefer Torah qui aurait été rapporté par des Juifs d'Espagne lors de leur établissement en 1391 ou au cours du XVè siècle. Les grilles sont arrachées, le drapeau vert et blanc du nationalisme algérien est hissé sur l'édifice et les murs sont maculés d'inscriptions dont l'une dit : "Mort auxJ uifs ", surmontée d'une croix gammée. Pourtant, lors de cette émeute, les musulmans manifestent leur sympathie à leurs voisins juifs, les assurant de leur protection.
En 1961, les "ultras" du GPRA s'attaquent à la conquête du pouvoir. Ils veulent vider l'Algérie de tout ce qui n'est pas "arabe". Des ordres venus du Caire ou de Tripoli incitent à "frapper les Européens, frapper les Juifs, qu'ils prennent peur et s'enfuient". À partir de juin, les attentats s'intensifient. Ferhat Abbas, chassé de la direction du GPRA en août, et de retour en Algérie, en 1962, après six ans d'absence, tombera dans les bras d'lie Stora, adjoint au maire de Khenchala, qui lui dira:
" Maintenant, Ferhat, tu vas nous construire notre belle Algérie ". En mai 1961,un groupe de "patriotes algériens juifs" publie dans la revue du MRAP, Droit et Liberté, un article sur l'épanouissement que promet aux Juifs l'Algérie future : " Regardez combien sont estimés ceux d'entre vous qui ont enrichi le patrimoine culturel algérien. Le chanteur et musicien constantinois Raymond n' est-il pas cher aux yeux des musulmans ? Ils l'aiment parce qu'il a contribué à conserver et enrichir le folklore algérien que les colonialistes ont voulu étouffer". Le 22 juin, Raymond (Raymond Leyris), beau-père d'Enrico Macias, est abattu place Négrier, au cœur du quartier juif constantinois, d'une balle de neuf millimètres tirée dans la nuque.
Le 11 septembre, le matin de Rosh Hashanah (le nouvel an hébraïque), le coiffeur ambulant Henri Choukroun est tué d'un coup de poignard alors qu'il se rend à la synagogue, portant le plus jeune de ses enfants âgé de neuf mois et tenant par la main une fillette de quatre ans. Cet assassinat provoque un affrontement au cours duquel deux musulmans trouvent la mort. En novembre, les attentats sont nombreux. Adolphe Lévy président des Anciens prisonniers de la Seconde Guerre mondiale à Alger, est assassiné, ainsi qu'à Sétif, le bâtonnier David Zermati, président de la communauté de Sétif, et ami de Boumendjel et de Ferhat Abbas. La personnalité de David Zermati rayonnait sur l'ensemble des communautés algériennes et était le symbole de l'entente et de l'amitié dont rêvaient certains dans l'Algérie nouvelle. Après son assassinat, les Juifs quittent la ville. De 2 400 Juifs en 1954, il n'en reste que 700.

Richard Ayoun, Archives Juives, chez Liana Levi
(envoyé par Pierre Barisain)

2) BAB EL OUED / Et si la Cantera m'était contée…

Je vous laisse "savourer" cet article extrait par Hubert Groud, du journal algérien "EL WATAN" en date du 11 mars 2004.
Où l'on apprend que la "nuit coloniale..." n'était peut-être pas si noire que cela...

BAB EL OUED / Et si la Cantera m'était contée…
Cantera, un terme à consonance espagnole qui désigne la carrière Jobert qui surplombe Triolet, confluence des cours d'eau qui prenaient naissance des hauteurs de Frais-Vallon, jadis envahies par une luxuriante végétation.
Ces eaux faisaient fonctionner le moulin de Triolet, avant de dévaler le long d'un lit pour terminer leur course en aval dans la mer.
Hier, nos parents l'appelaient Cantera, un terme espagnol qui s'est imposé par la force des choses par les immigrés espagnols qui travaillaient à la carrière et, à la nuit tombante, regagnaient leur baraquement à la Basetta, un fief qui par la suite devint un lieu essaimé de savetiers ibériques.
A l'époque coloniale, Bab El Oued était un bourg constitué d'une populace cosmopolite, un melting-pot où colons de différents horizons se côtoyaient dans une parfaite symbiose. Colons français, juifs séfarades, Espagnols, Italiens, Maltais et Arabes autochtones se côtoyaient dans un tissu urbain ramassé, voire dense. Une cité d'accueil. Une cité que beaucoup de vieux reconvoquent pour égrener, telle une antienne, les instants d'un temps où il faisait bon vivre. Cet énorme quartier s'ouvre sur une mer qui embrasse les plages de Padovani, Laâyoun, coincées entre la petite baie de Leden Plage dans le bourg du littoral ouest et la calanque dite Qaâ Essour vers l'est...
Maintenant, Bab El Oued étouffe sous le poids d'une population qui a pratiquement décuplé depuis l'indépendance. Rares sont les immeubles qui ne nichent pas dans leurs terrasses des bicoques, voire un autre niveau, faisant fi des règles de construction. Environ 150 000 habitants sont tassés dans cette commune, caractérisée par ses rues grouillantes et la promiscuité de ses cités-dortoirs à l'image de la cité Diar el Kef qui refait peau neuve et de la cité Pérez... Le peu d'espaces existants se rapetit au fil des années, laissant place à une érection d'édifices qui enlaidissent le cadre bâti, voire l'environnement. La tragédie du 10 novembre 2001 et la furie des eaux qui avaient charrié nombre d'habitations et de commerces avaient quelque peu modifié le plan urbanistique, notamment au niveau des Trois-Horloges, de la Butte et de Triolet où nombre de rues sinueuses et en creux ont été soit nivelées, soit «relookées». Mais cela reste insuffisant dès lors qu'il n'existe pas un plan de développement communal de nature à rendre plus aérée la commune.

(envoyé par Luc Demarchi)


SOUVENIRS
Pour nos chers Amis Disparus

Marcel-Paul Duclos nous a quitté subitement ce vendredi 5 mars, il avait 57 ans.
Le site qu'il avait consacré à sa ville natale et à ceux qui comme lui ont aimé ce pays était une part importante de sa vie.
Il ne sera malheureusement plus actualisé et les courriers resteront sans suite.
Merci à tous d'avoir partagé avec lui l'amour de Philippeville.
Sa famille.
===============

J'ai appris par notre Ami commun, Jean Louis Ventura le décès de Marcel-Paul.
Depuis bientôt deux ans nous communiquions par Internet et avions sympathisé avec nos sites respectifs de Bône et Philippeville en faisant mentir la rivalité proverbiale des deux villes.
Nous avons le même age, c'en est peut-être la raison.
Par ce petit mot, je présente, le site présente à son épouse, ses enfants et toute sa famille mes respectueuses condoléances et partage la peine qui vous affecte si cruellement.
Nos sincères amitiés.

===============

C'est avec tristesse que je vous annonce le décès d'un des nôtres. Il s'agit du décès de mon oncle survenu à l' âge de 65 ans.
JACOB Gilbert était né à Bône. Fils de JACOB Edmond Adrien et de MISSUD Carmen.
Ses obsèques ont lieu au cimetière de la Valentine ( Bouches du Rhône) le jeudi à 10H. (1/04/2004)
Amicalement à tous.
Brigitte WASHINGTON

Nos Sincères condoléances aux Familles et Amis


Lorsque je partirai ...
de Marc-Antoine CIANFARANI --- Noël 1985
Envoyé par M. Gabriel Chaudet (Trait d'union N°48

Lorsque je partirai pour un dernier ailleurs,
Bien loin de ce pays où je vis en exil,
Garde moi une place au coin des rimailleurs
je me plierai, Seigneur, à ton "Ainsi soit-il"...

je m'en irai là-haut, au-delà des nuages,
Retrouver les parents qui m'ont trop tÔt quitté
Mes copains disparus, les amis de mon âge,
Que le vent de l'Histoire un jour a emportés...

je referai le puzzle aux couleurs de tendresse
Replaçant les morceaux aux endroits désertés,
je referai la vie pour que soudain renaissent
Les bonheurs disparus, dans leur intégrité...

Quand il faudra partir pour ce dernier ailleurs,
J'aimerais bien, Seigneur, qu'une autre vie commence
Avec très peu de pire et beaucoup de meilleur
Une vie de bonté, d'amour et d'indulgence

Quand je viendrai vers toi, confiant et désarmé,
Accueille moi, Seigneur, avec mansuétude
Ne m'abandonne pas aux tristes solitudes
Laisse moi retrouver tous ceux que j'ai aimés


MESSAGES
S.V.P., lorsqu'une réponse aux messages ci dessous peut, être susceptible de profiter à la Communauté, n'hésitez pas à informer le site. Merci d'avance, J.P. Bartolini

Notre Ami Jean Louis Ventura créateur d'un autre site de Bône vient de créer une nouvelle rubrique d'ANNONCES et d'AVIS de RECHERCHE qui sera liée avec les numéros de la seybouse.
Après avoir pris connaissance des messages ci-dessous,
cliquez ICI pour d'autres messages.
sur le site de notre Ami Jean Louis Ventura


De M.Thierry Pettetin

A propos de BÔNE, ma grand-tante a épousé un Monsieur Paul ZERAFA qui avait deux frères Sauveur et Joseph (sauf erreur de mon papa).
Paul avait une entreprise de ramassage des ordures ménagères à Bône dans les années +/- 40/50 et un garage "concessionnaire" pigeot. Ce garage a été ensuite transformé en cinéma par Claude ZERAFA (et son frère également Paul) et sauf erreur a fait faillite.
Sauveur quant à lui avait à Bône également une "usine" de pâtes alimentaires.
Mon grand-oncle/tante et le reste des ZERAFA sont rentrés sur Marseille puis se sont installés à Cagnes sur Mer. J'ai revu tout le monde en vacances etc... Puis la vie étant ce qu'elle est nous nous sommes revus une dernière fois dans les années 1980 (Paul et Léontine sont décédés fin 1970 et début 1980) et depuis impossible de retrouver trace de Claude et de sa fille Christine.
Si dans votre cercle bônois ou P.N. des informations circulent je suis preneur.
Veuillez recevoir mes sincères salutations - Thierry.
Adresse : tpetetin@espacejeanmonnet.com

De M. Robert Magniez

C'est à l'occasion de recherches que j'ai découvert votre site. En effet, mon épouse a toute sa famille Pieds Noirs et à ce titre, ses proches recherchent quelques souvenirs ou personnes les ayant partagées.
Ainsi Monsieur Max et Madame Suzanne Peyronnel (née Geoffre) recherchent des personnes ayant fréquenté
- pour Monsieur Peyronnel: l'École Mattera à Bône en 1936, le Lycée St Augustin (39-47), l'Institut Supérieur Industriel d'Algérie -l'Ecole Nationale des Travaux Publics- (47-51) Maison Carré sachant qu'il a résidé à Philippeville de 32 à 36.
- pour Madame Peyronnel (aux mêmes périodes), le lycée Ernest Mercier à Bône, le Lycée St Augustin et la Faculté de Lettres/Droit à Alger.
Pour information le Père de Madame Peyronnel, Monsieur Geoffre a été Directeur de l'Hôpital de Bône jusqu'à la fin.
Comme je vous l'ai précisé plus haut, ces personnes sont en recherche de souvenirs, photos, témoignages et dans mes recherches pour eux, j'ai été impressionné par votre site et sa richesse. Peut être pourriez vous faire passer ce message ou les mettre en relation avec des personnes de votre connaissance susceptibles de les connaître ?
Je sers "d'intermédiaire", Monsieur et Madame Peyronnel ne disposant pas d'accès au NET mais sont disposés à écrire et éventuellement à se déplacer.
Avec l'espoir que ces personnes puissent retrouver un peu d'eux mêmes grâce à vous.
Recevez mes salutations les plus ensoleillées depuis l'extrême Nord... de la France.
Robert Magniez
Adresse : robertmagniez@wanadoo.fr

De Mme Sandrine Naturel

Je m'appelle Sandrine Naturel, nom de jeune fille Alzetto. J'essaie de faire mon arbre généalogique et je suis arrêtée en 1823, avec une certaine "BOCCONE Marie Grazia", née à Carloforte le 29.05.1823, décédée à Bône le 06.03.1881, fille de BOCCONE François et de CAPONIA Augustine, mariée à ALZETTO Paolo, lui-même né à Carloforte le 22.01.1818, décédé à Bône le 09.04.1883, fils de ALZETTO Joseph et de DE SEGNI Victoria.
Lorsque j'ai vu sur le site de Bône, la liste des familles tabarquines, je me suis demandée si mes ancêtres n'en feraient pas partie.
Je n'ai pas plus de renseignements sur ces BOCCONE, hélas ! Peut-être pourrez-vous m'en dire davantage.
Sincères salutations, Sandrine Naturel
Adresse : michel.naturel@tiscali.fr

De M. Henri D'Ambra

Je viens de visiter votre site, qui est superbe, et me permet de faire connaissance avec Bône, ville de mes GP et AGP, mais j'aurais voulu savoir si vous pouviez me renseigner au sujet de ma famille?
Mon AGP, D'AMBRA Francesco ou François, mariée avec DEL DEO Justine, aucune date de décès, ou mariage, sinon la naissance de mon GP le 2/12/1895 à Bône.
Je crois savoir que la famille D'AMBRA était propriétaire d'un café restaurant à Bône, mais je n'ai aucun renseignements, ni date, ni adresse.
Je vous serais reconnaissant, si vous aviez, parmi vos contacts, quelqu'un qui pourrait m'apporter des éléments, pour pouvoir entreprendre des recherches
Merci d'avance, D'AMBRA Henry
Adresse : henrydambra26@tele2.fr

De Mme Fiore

Bravo pour votre site, je suis née le 11 novembre 1961 pendant les événements, nous sommes partis en 62 je n'avais que 8 mois. Ce que je connais de Bône c'est ce que mes parents m'ont appris mais à l'époque ils étaient jeunes. C'est super intéressant de voir et de lire des articles sur ma ville natale et parfois triste car mes enfants ne connaîtront pas forcement mon passé et surtout celui de leurs grand-parents.
Mais si je vous écris c'est pour retrouver des traces et des amis d'enfance de mon père, Fiore Emile né le 5 mai 1935 à Bône, son père FIORE Christophe était plombier de métier mais il était devenu militaire de carrière. Mon père est le 2eme d'une famille de 4 enfants, CHRISTIANE mariée avec Longo Michel gendarme à Bône, Francis décédé dans un accident de voiture en 58 ou 59, Rita mariée à un policier Dimanche Robert et enfin la dernière Claudine qui était encore au lycée. Pour les 70 ans de mon père je voudrais lui faire la surprise de retrouver des amis, des photos et pourquoi pas des films je répondrais à toutes les réponses.
Merci.
Adresse : martinfive@free.fr

De M. Guittard robert

Je m'appelle Robert Guittard et je recherche mes copains de la Logiscoop de Bône, rues d'Arsonval et de Savoie.
Merci d'avance
Adresse : ghislaine 89@aol.com

DIVERS LIENS VERS LES SITES AMIS

1) - Chers Amis Pieds-Noirs,
J'ai l'immense Honneur de vous annoncer la naissance de notre site

Consacré essentiellement à la mémoire et à la défense des Supplétifs, ces oubliés de la Guerre d'Algérie.
Pour votre prochaine visite sur le site, d'avance nous vous remercions de tout coeur et en toute fraternité.
Christian MIGLIASSO
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2) - J'ai mis à jour mon site http://midivers.free.fr
et je vous propose de découvrir des photos du salon des bônois à Aix.
Luc VERDI, Né à Bône en juin 1961.

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3) - Hervé Eouzan annonce le lancement de son site Annuaire et Avis de recherche .

C'est un annuaire des anciens d'Afrique du Nord.
On peut dès à présent s'inscrire et lancer éventuellement les avis de recherche.

De M. Jean Pierre Bartolini

RECHERCHE DE DOCUMENTS:
De même, je serais preneur des N° "de la Dépêche de l'Est", de la "Seybouse"
ou de tout autre publication Bônoise ou pas, comme : "Le Réveil Bonois"; " Le Ralliement"; "L'Indépendant de Constantine" ; "L'Oasis" ; "L'Akhbar" ; "Le Morbacher" ; "Le Courrier de l'Algérie"; "Le Commerce Algérien, de Sétif" ; "Le Sémaphore" ; "La Gazette des Abonnés" ; "L'est Algérien"; "Le Mahouna" ; "Le Progrés de l'Algérie" ; "Le Zeramna" ; "L'Electeur Libre" ; "Le Potache" ; "La Démocratie Algérienne" ; "La Dépêche de Constantine" ; "Démocratie" ; "Dépêche de l'Est" ; "Le Courrier de Bône" ; "La Liberté" ; "Le Petit Bônois" ; "Le Bônois" ; "L'Impartial" ; " Echo de Bône" ; "La Gazette Algérienne" ; "L'Avenir de l'Est" ; "Echo d'Hippone" ; "La Petite Revue Agricole" ; "Le Chêne Liège" ; "Les Clochettes Bônoises" ; ETC...
"Le Calvaire des Colons de 1848" de Maxime Rasteil.
Ces recherches sont faites pour sauvegarder numériquement, et faire connaître notre passé. Ce site en fait foi.
Il va de soi, que ces journaux devront être mis en lieu sur, accessibles facilement à tous (toutes communautés confondues d'hier et d'aujourd'hui).
Seules la connaissance et la diffusion permettront la sauvegarde de notre mémoire, de rétablir des vérités et de montrer au Monde que nos communautés vivaient trés bien ensemble.
Je remercie d'avance tous les chercheurs.


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MISE A JOUR DES RUBRIQUES
  1. Rubrique "Seybouse d'Antan" : Numéro 781 du 18 août 1860 envoyé par M. Pierre Latkowski
  2. Rubrique "Où sont-ils" : 3 Photos de Saint-Augustin envoyées par M. B. Caparroy
  3. Rubrique "Où sont-ils" : 6 Photos du Champs de Mars et St-Augustin envoyées par M. Julien Di Benedetto
  4. Rubrique "Où sont-ils" : 3 Photos de l'école de Duzerville envoyées par Mme Thérèse Sultana
  5. Rubrique "Où sont-ils" : 1 Photo du Collège d'Alzon envoyée par M. Marius Longo
  6. Rubrique "Où sont-ils" : 5 Photos de Sadi Carnot envoyées par M. J. Dasi
  7. Rubrique "Où sont-ils" : Photo de Saint Augustin Identification par M. Paul Pardigon
  8. Rubrique "Où sont-ils" : Photo St-Augustin Identification par M. B. Caparroy
  9. Rubrique "Photos" : 1 Planche de photos de M. Jean Dasi
  10. Rubrique "Photos" : 1 Planche de photos de Mrs. Baby Jourdan et J.F. Palomba
  11. Rubrique "Associations" : Mise à jour des calendriers de l'AEB d'Aix et de l'ABCT d'Uzès

LE VOYEUR
Fable de Mohamed et Kadour
Envoyé par Jeannot Ronda

C'est mohamed qui rigarde par finetre
Y voire la femme de son copain kadour tot nue.
ya zebi, qui se dit, vergule
yen a bocou di poils !!!!! hasclamacion
li lendemain y voire kadour y li dit :dopoin
la pitain ! ta fatma bocou des poils a la karmousse !!!!!
kadour y ripondi sy pas possible.
mohamed, ty me dire pas ça a moa, j'la vi tot nue.
Kadour y zapelle fatima, aya ould kerjba aroua mena fissa.
Allez montre lui la soua à mohamed.
fatima elle lève la robe et :
mohamed ravi y ti vois qu'y en dit poil !!!
et kadour y dit : attende, attende.....
y prende la chèchia, y fi des grands gestes avec son bras
et y dit.....
allez les mouches, allez fot le camp.

salamalicoum



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