12 Septembre 1999

 

L'orphelinat Sainte Monique

Je continue ma description de la périphérie de Bône, juste sous le massif de l'Edough et je pars cette fois ci par une petite route très ombragée que j'ai maintes fois parcourue en vélo.

Départ au pont de Joanola dont nous avons déjà parlé en laissant sur la droite l'allée de l'Hôpital et sur la gauche l'arrière du quartier de la colonne Randon. Ce chemin goudronné, peu large, était entouré de jardins potagers car il y avait de nombreux ruisseaux qui descendaient de la montagne. Je me souviens au tout début sur la droite, d'une tuilerie et poterie qui, jeune enfant, m'avaient beaucoup intéressé puis sur la gauche, le havre frais et verdoyant de l'orphelinat Sainte Monique qui, en dehors de sa chapelle de l'établissement charitable et de l'orphelinat tenu par des religieuses, était aussi une très importante exploitation maraîchère dont les légumes étaient vendus au marché, par les bonnes sœurs elles mêmes.

Un peu plus loin, après un bois d'eucalyptus où beaucoup de Bônois venaient pique niquer le Dimanche au Printemps, courait sur la droite le Ruisseau d'Or. Je ne sais d'où vient son nom mais naïvement, je pensais tout jeune que ce surnom venait de la couleur dorée de petits poissons qu'on y péchait. Un peu plus loin, la route se divisait en deux, sur la droite, une petite côte entre deux collines couvertes d'oliviers retombait sur la nationale Bône Philippeville, sur la colline de gauche, un cimetière de guerre américain et en arrière, un terrain d'entraînement militaire où je me souviens être allé faire un parcours du combattant lors d'une préparation militaire élémentaire.

Sur la gauche, le chemin des Lauriers Roses avec des terrains assez marécageux qui rejoignaient l'usine à Gaz construite le siècle dernier, loin de la ville mais progressivement entourée par des lotissements et des habitations. Ce chemin des lauriers roses aboutissait en ville à la place de l'ancien marché arabe.

Le marché arabe

Ce quartier a du être modifié par des constructions de la nouvelle Algérie, à savoir, le grand stade de 80.000 places construit pour la coupe d'Afrique des nations et sans doute du coté du ruisseau d'Or, par les remontées des nacelles quatre places bleues montant vers Bugeaud . J'ai vu ces constructions sur des vidéos récentes mais je ne connais pas leur implantation exacte.

pierre.leonardelli@wanadoo.fr


17 Septembre 1999

 

Les Béni Ramassés

Ce soir, je vais essayer de situer un quartier de Bône qui doit être mal connu de la plupart des Bônois mais qui me tient à mon cœur car j'y ai vécu de 1937 à 1955 et j'y suis même né en 1933, les Béni Ramassés ou Béni Mahfer. En effet, ma mère y a été Directrice d'école et j'y ai passé toute mon enfance.

Le quartier des Béni Ramassés se composait d'une partie inférieure habitée par des Français de souches Européennes diverses et au dessus de l'école, le quartier musulman. La route principale partait du chemin de ceinture à la fin de l'avenue Jean Mermoz. Cette route montait presque tout droit dans la colline jusqu'à la deuxième fontaine puis obliquait sur la gauche jusqu'à un embranchement sur la droite menant au château Chancel ou château de l'Ouenza qui, jusqu'aux années 54, servait d'hôpital militaire.

Il y avait aussi l'arrivée de petits wagonnets en téléphérique venant d'une carrière plus haut dans la montagne. Au niveau de cet embranchement, on redescendait en pente douce en laissant un petit lotissement sur la droite jusqu'au pont de l'oued Kouba au milieu de jardins potagers et de vergers. Après le pont, un chemin en terre repartait dans les collines vers Sidi-Aissa et les premières pentes de l'Edough. La route goudronnée obliquait à droite, bordée d'eucalyptus à la senteur si agréable, puis on débouchait sur la mer au niveau de la plage Chapuis en laissant sur la gauche le garage Nuncie où les transports urbains de la ville de Bône avaient leur base. A droite, une cité qui donnait sur la plage militaire avait été construite au début des années cinquante. Je me souviens d'un camp de prisonniers militaires Italiens et Allemands en 43 /44. Ce tour de l'oued Kouba, je l'ai fait souvent en vélo, en été, pour aller à la plage.

Revenons aux Béni-Ramassés proprement dit, la partie basse était constituée de petites villas simples sans luxe. Pour monter à l'école on prenait la rue Lamoricière très pentue au dessus de la marbrerie Guarguillo, je crois. On pouvait accéder à l'école soit par une petite rue à droite soit par des escaliers car la rue Voirol avait cela de particulier qu'elle se terminait de chaque coté par des escaliers. Les deux écoles étaient symétriques avec un péristyle cubique. Un jardin sur le devant les séparait avec des bougainvilliers violets. Les deux porches s'ornaient de glycines aux teintes pâles, le bureau du Directeur, cinq classes dont deux dans des préfabriqués, une grande cour.

J'ai revu sur une vidéo, l'école des filles où j'ai vécu, (vidéo faite par un de mes frères en 1985). Par contre, l'école des garçons qui donnait sur le cimetière Européen a disparue pour laisser passer un nouveau Boulevard donnant accès à des tours construites en haut sur la colline au dessus du cimetière vers Beausèjour . Rue Lamoricière habitaient mes grands parents maternels et plus bas, un oncle et une tante. En face, sur la route de Sidi Aissa, un frère de ma mère avait aussi une villa c'est dire qu'une partie de ma famille était là .

La ville arabe

Au dessus, c'était le quartier musulman si typique , j'ai parlé de fontaines, il y en avait trois où les gens venaient chercher l'eau car l'eau courante à la maison était quasi inexistante dans ce quartier pauvre, de même que le tout à l'égout. En hiver, les pluies lavaient tout mais en été, cela ne sentait parfois pas très bon. Les habitations basses étaient parfois en dur, parfois des bidonvilles plus misérables mais il y avait beaucoup d'arbres eucalyptus et figuiers et beaucoup de petits jardins potagers. Il y avait encore à cette époque deux enseignements en Algérie et aux Béni Ramassés il s'agissait de l'enseignement franco-musulman. Les gens que nous connaissions étaient très gentils. Je me rappelle la famille Bouakadia au dessous de l'école. Je me souviens qu'à chaque mariage et à l'Aid Kebir, ma mère recevait des couscous et des pâtisseries (zlabias et Makrouts…). En montant la côte de Sidid Aissa, il s'est construit entre les deux premières fontaines, une petite mosquée avec son école coranique.

Voilà ce qu'étaient les Béni Ramassés, un quartier de petites gens , tant Européens que musulmans , tous simples et gentils mais nous n'avions pas peur d'y vivre. Maintenant les tours, les nouveaux boulevards ont sans doute modifiés ce paysage d'autant plus que Annaba compte maintenant plus de 400.000 habitants.

pierre.leonardelli@wanadoo.fr


22 octobre 1999

 

Le quartier de l'Étoile

Combien de Bônois se souviennent du quartier de l'Étoile ? Certes, ce n'était pas le haut des Champs Elysées mais je connais bien ce quartier car pendant mes huit années au lycée Saint Augustin, j'y suis passé, tantôt à droite, tantôt à gauche, pour arriver au Collège au début puis au Lycée en descendant de l'école des Béni-Ramassés où je résidais.

Arrivé au bas de la côte des Béni-Ramassés, le chemin de ceinture faisait suite au boulevard jean Mermoz vers le quartier de Beauséjour et le Transformateur que je décrirai plus tard. On continuait tout droit vers le centre ville et vers le lycée par l'Avenue Alexandre Papier, avenue assez large qui, bordée de petites villas sur sa gauche avant le Lycée, était assez peu lotie sur sa droite jusqu'à l'immeuble de quelques étages qui faisait l'angle de la Rue du Docteur Mestre juste en face de la placette arrondie devant l'entrée du Lycée Saint Augustin.

D'autres fois pour descendre au lycée, je prenais la rue Lamoricière , coupait le chemin de ceinture en laissant sur ma droite deux Marbreries (Saliba et Guarguillo je crois ) et je continuais par l'Avenue du Capitaine Dauphin avec tout au long sur la Gauche le mur du Jardin du Stade avec ses bougainvilliers violets , puis une place ouvrant la route autour du Stade Municipal , puis l'entrée Monumentale du Stade Saint Augustin ; sur la droite des villas jusqu'à l'entrée secondaire du Lycée par Le Stade du Lycée et l'Internat .

Entre le chemin de ceinture au Nord, le Lycée Saint Augustin au Sud , le Boulevard papier à l'Ouest et l'avenue Dauphin à l'Est, se trouvait le quartier de l'Étoile: Étoile à six branches constituait des rues d'Isly, Halèvy, Labori, Bastia, Lafayette qui se terminait sur l'entrée des fournisseurs de l'Internat et Edouart VII vers le chemin de Ceinture . Tout ce petit quartier était constitué de petites villas à un étage en général , petit jardin autour.

pierre.leonardelli@wanadoo.fr


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