N° 88
Octobre

http://piednoir.net

Les Bords de la SEYBOUSE à HIPPONE
1er Octobre 2009
jean-pierre.bartolini@wanadoo.fr
LA SEYBOUSE
La petite Gazette de BÔNE la COQUETTE
Le site des Bônois en particulier et des Pieds-Noirs en Général
l'histoire de ce journal racontée par Louis ARNAUD
se trouve dans la page: La Seybouse,
Les dix derniers Numéros : 79, 80, 81, 82, 83, 84, 85, 86, 87, ,
  VAYAS CON DIOS     
Par : Inconnu
EDITO

Mémoire d'os et de poussière


        Chers Amis         

Le communiqué ci-dessous me donne l'occasion de rappeler que le Webmaster de ce site (votre serviteur) avait mis en ligne un SITE sur le CIMETIERE BÔNE
        Sur ce site il y avait les plans du cimetière afin de localiser environ 80% des tombes ; il y avait des informations et les démarches entreprises par des gens sincéres ; il y avait les photos des réparations éffectuées à titre individuel (hors associations).
        Et tout naturellement, il y avait la dénonciation/information montrant l'état du cimetière avec un vidéorama sur le désastre et les profanations.
        Des associations dont une de Bônois ainsi que l'ancien Consul de France à Annaba m'ont traité de tous les noms, m'ont insulté, ont dit que j'étais un irresponsable, j'ai eu des menaces verbales, bref tout cela m'a conduit à enlever le site en espèrant qu'il y aurait de l'amélioration.
        L'année dernière pour le 1er novembre, avec mon groupe d'amis voyageurs et respectueux de toute notre mémoire, nous avons monté en secret l'opération "jardin des étoiles". Nous avons fait le fleurissement de nos tombes à un prix très, très, très inférieur que pratiquent des "associations". Voir la Seybouse 78
        Hélas, à mon dernier voyage en avril 2009, j'ai constaté que cela allait de pire en pire, j'ai encore des photos. C'est pourquoi cette alerte de M. Algudo m'a encore remuer pour faire passer son message.

Intérieur d'un caveau, on aperçoit le seul cercueil qui reste. Photo avril 2009

        Pourtant, il y a des associations largement subventionnées qui sont "mandatées" pour s'occuper du cimetière. QUE FONT-ELLES ? A part dénigrer ce que des bénévoles font avec leurs propres moyens, sans aucune aide! Ou alors s'approprier les résultats de ces bénévoles comme par exemple : mettre sur leur site des photos de tombes réparées et payées par ces bénévoles en faisant croire que c'est l'oeuvre de l'association !
        EH OUI, tout cela me révolte car je constate qu'il y a trop de béni-oui-oui, trop de j'menfoutistes concernant cette mémoire d'os et de poussière.
        Alors, M. Algudo, que faire face au gaspillage des énergies humaines comme financières, face à l'incurie, l'incompétence et le manque de respect des responsables à tous les nivaux.
        OUI QUE FAIRE ? Sinon crier dans le vide comme je viens encore de le faire.

Jean Pierre Bartolini          

        Diobône,
        A tchao.

COMMUNIQUE
Envoyé par M. Algudo
Le cimetière de Bône

  
        Veuillez, je vous prie, diffuser largement. Merci. M. Algudo

        "Le cimetière de Bône, qu'envie de mourir il te donne.... Mourir de honte, sûrement.
        Personne ne pourra faire croire un seul instant que les Etats Français et Algériens, n'auraient pas pu avoir la volonté politique, de mettre en avant, une valeur universelle: Le respect du aux morts.
Sur ces tombes, les traces de profanations par des casseurs, des pilleurs de tombes, à la recherche de bijoux et d'objets de valeurs, auraient du alerter les autorités de nos deux pays.
Cela n'est pas le cas, et les sommes allouées à la sauvegarde des cimetières sont dérisoires.
Et ne nous leurrons pas, l'état de délabrement, bien orchestré à dessein, sera un nouveau prétexte à de nouveaux regroupements, jusqu'à ce que nos morts soient privés de tout souvenir, que leur existence, leur travail et toute trace même de leur passage sur cette terre de miracles soit définitivement effacée.
Alors, ces hommes et ces femmes, un jour, qui ont pu partir un jour, avec au cœur, le sentiment d'avoir œuvré pour le bien commun, méritent notre admiration et la reconnaissance de ces deux pays."

***
 


INDUSTRIE - COMMERCE
BÔNE son Histoire, ses Histoires
Par Louis ARNAUD


De tout temps, depuis qu'elle est française, Bône a désiré devenir un centre industriel.
Le marquis de Bassano qui fut le premier concessionnaire des mines de fer, situées autour de la ville, avait constitué, en décembre 1845, comme cela a déjà été dit, une société dont le but était l'exploitation des mines de fer de la Meboudja, près de Bône, et des hauts-fourneaux et usines à fer qu'il se proposait de créer, pour le traitement sur place des produits des mines en question.
La population bônoise avait tout de suite, été séduite davantage par la création de ces usines à fer et des hauts-fourneaux que par l'exploitation des mines cependant toutes proches.
Elle espérait ainsi lier la ville de Bône à un avenir industriel plus profitable et plus durable.
Les Bônois avaient consenti, pour cela, presque de gaieté de coeur, à ce que les belles forêts de l'Edough, des Béni-Salah et de La Calle, qui faisaient, à leur ville, une si belle couronne de verdure, fussent sacrifiées pour fournir le combustible nécessaire aux hauts-fourneaux qui allaient devenir tout leur orgueil.
Le seul haut-fourneau qui avait été construit eut tôt fait de démontrer l'utopie que constituait ce plan si merveilleusement prometteur.
Les forêts s'épuisèrent vite, et le combustible de remplacement, en l'espèce, le charbon de terre des mines du Gard, pour le transport duquel, les frères Talabot, propriétaires du gisement de fer des Karézas, situé à une dizaine de kilomètres de Bône, avaient créé une flotte spéciale, finit par devenir trop onéreux.
Le haut-fourneau de l'Allélik et les usines à fer qui l'entouraient durent alors cesser leur activité.
En présence d'un tel fiasco, les propriétaires des mines, qui n'avaient vu dans leur entreprise que le côté industriel, haut-fourneau et usines de fer, vendirent, en 1862, leurs droits à la société du Mokta-el-Hadid, qui exploitait, depuis peu, les mines de fer de Béni-Saf dans le département d'Oran.
Ainsi, avait échoué le premier essai d'implantation, à Bône, d'une industrie métallurgique.

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Voici que l'on reparle aujourd'hui de la création d'une industrie du même genre à Bône.
La chose n'est pas nouvelle, on le sait. Il y a cent ans, on y songeait déjà.
Ce qui s'était avéré impossible, autrefois, ne l'est peut-être, et même sûrement, plus aujourd'hui.
La découverte de pétrole dans le Sud algérien, et la possibilité de faire arriver jusqu'à Bône, au moyen d'un pipe-line, le gaz naturel d'Hassi-Messaoud que l'on pourrait utiliser pour aider à faire fonctionner un fourneau électrique à fonte, mettrait à portée de la main, si on peut dire, la constitution, à Bône, d'un vaste ensemble industriel de sidérurgie.
Tout est prêt pour cela, hormis le gaz d'Hassi-Messaoud, bien entendu, dans la région bônoise : le terrain, l'eau, la main-d'oeuvre et les moyens de transport.
Les futures usines ont, en effet, des emplacements superbes et commodes qui s'offrent à elles, sur les deux rives de la Seybouse, entre Bône et Duzerville et au delà, même, si c'était nécessaire. Il y a, là, de vastes terrains plats et tout unis, faciles à raccorder au réseau routier ou ferroviaire. L'eau du fleuve y est aussi à la disposition des industries à créer et la région offre des ressources et des facilités incontestables pour la nourriture et le logement des ouvriers dans les agglomérations ou les villages voisins. Il serait même possible, au besoin, à ces industries nouvelles, de créer des centres plus proches des lieux de travail, comme le prouve la belle initiative de la S.N.A.F. (société nord-africaine de constructions mécaniques et ferroviaires) qui vient de faire acquérir par la Cie Immobilière Algérienne, à proximité de ses vastes ateliers de l'Allélik, situés à six kilomètres de Bône et à cinq de Duzerville, une propriété de vingt-deux hectares, dont elle a fait arracher la vigne qui en occupait la moitié, pour construire deux mille logements destinés à son personnel.
Deux mille logements, c'est bien plus qu'un programme, c'est un acte de foi dans l'avenir industriel de cette banlieue de Bône qui semble ne plus attendre que l'implantation, dans ce quartier de l'Allélik, non loin de ce lieu des " Usines ", d'il y a cent ans, de cette industrie lourde, qui avait empli de foie et d'espérance les premiers Bônois et que les habitants d'aujourd'hui appellent de tous leurs voeux, à leur tour.
Autrefois, il n'y avait sur le flanc du coteau, à droite de la route qui mène à Duzerville, puis à Guelma, que quelques petites maisons, dont on voit encore les ruines, qui servaient à loger les ouvriers, employés aux " Usines ". On était loin des deux mille logements, mais on était très prés de l'idée maîtresse qui a commandé la réalisation du vaste pro=et de la Compagnie Immobilière Algérienne et la S.N.A.F.
La question du combustible qui avait été fatale à l'entreprise du marquis de Bassano serait moins difficile à résoudre, en ces temps de progrès moderne où nous vivons. Des techniques nouvelles ont permis de remplacer les antiques hauts-fourneaux par des fours brûlant au fuel-oil. L'énergie électrique peut contribuer à produire la chaleur nécessaire à la fusion du minerai. Il y a aussi l'énergie nucléaire, à condition naturellement, de construire une pile atomique les gisements de phosphates, dont on dit qu'ils contiennent de l'uranium en assez notables proportions, pourraient aider à cette réalisation supra-moderne.
Peut-être arguera-t-on, car il y a toujours des coupeurs de cheveux en quatre et des discutailleurs, que cette industrie lourde serait mieux placée, à pied d'oeuvre, tout près du carreau de la mine ?
Ce ne serait là qu'un avis ou qu'une préférence.
Car il existe, à Bône même, depuis plus de cinquante années, une très importante usine de la Société Algérienne de produits chimiques et d'engrais (S.A.P.C.E.) qui traite les phosphates du Kouif pour en faire des superphosphates à plus de deux cents kilomètres de leurs lieux d'extraction, sans que jamais cette situation ait été la cause d'un inconvénient quelconque dans le déroulement des opérations.
Four l'usine à fer, son installation à Bône ne pourrait offrir que des avantages, puisqu'elle serait à proximité de la clientèle et du port d'embarquement éventuel pour la France ou ailleurs.

******

Il existe déjà à Bône, un certain nombre d'entreprises industrielles, grandes et petites, qui fonctionnent très normalement, mais qui prendraient certainement plus d'importance, si la ville devenait un vrai centre industriel sidérurgique.
Sans parler de la S.N.A.F., dont les ateliers de l'Allélik ne cessent de grandir, il y a à Bône, une bonne douzaine de firmes importantes et sérieuses de constructions métalliques, fabriques d'instruments agricoles, mécanique générale, fonderies forge, ateliers métallurgiques, qui s'accommoderaient fort bien du voisinage de la nouvelle firme sidérurgique.
Il y a une Centrale Thermoélectrique de 40.000 chevaux, une fabrique relativement importante d'agglomérés de charbon (briquettes et boulets), une usine à gaz, une usine importante de superphosphates, dont il a déjà été parlé, des briqueteries, des fabriques de pans carrés et carrelages, des fabriques d'ustensiles en aluminium, des distilleries, des fabriques de sirops et boissons gazeuses, de bouchons, de tabacs, cigares et cigarettes, des fabriques de pâtes alimentaires, des confitureries, des conserveries de légumes, de fruits, de poissons, des salines, des huileries, une mégisserie et toutes sortes d'industries se rapportant au bâtiment, tel que des agglomérés de liège.
Mais, il y a, surtout, l'avenir qui permettra à beaucoup de se rendre compte des avantages et des grandes facilités qu'offrent Bône et son alentour à la création de nouvelles industries, par ses terrains appropriés, assortis de voies de communication commodes, pourvus d'abondantes ressources en eau et prochainement en force motrice grâce au barrage de la Bounahmoussa dont la construction se poursuit presque aux portes de la ville.
Déjà, l'importante firme oranaise Crespo, spécialisée et renommée dans l'industrie des corps gras, huiles et oléagineux, a décidé d'installer à Bône, sur les terre-pleins du Quai Nord de la grande darse, une usine importante pour le construction de laquelle elle n'hésite pas à engager des capitaux de l'ordre de un demi milliard.
La région bônoise est incontestablement la plus importante de l'Est algérien au point de vue économique.
Sa situation agricole semble avoir atteint son standing, si l'on en juge par les résultats merveilleux obtenus par les unions agricoles de Bône dont les réalisations sont tout simplement admirables.
Sa situation minière permet les perspectives les plus brillantes.
Quand à son avenir industriel, il sera ce que les hommes et les bonnes volontés le feront. Car tout est en place pour une réussite certaine dans ce domaine et la Chambre de commerce de Bône est toute prête à aider et même à provoquer les initiatives privées.
La main-d'œuvre, que le machinisme agricole a forcée à aller s'employer en Métropole, reviendra sûrement, lorsque les travailleurs indigènes sauront que l'industrie bônoise a besoin de leurs bras.
La main-d'oeuvre est, on le sait, un des facteurs principaux, sinon le facteur essentiel de l'Industrie.
La région bônoise est riche et prometteuse et son avenir industriel est certain et, peut-être, plus proche qu'on ne le croit.

A SUIVRE

A la mémoire des Agriculteurs
de la plaine de Bône
                                          par Georges Bailly                                       N°7

Chapitre IV

LES COLONS MALTAIS DE LA PLAINE

Par le traité de Paris du 3013/1814, les îles de l'archipel maltais devenaient "colonie britannique". A cette époque, Malte, très pauvre, sort d'une quarantaine due au choléra de 1813, et devient un peu plus tard, pour les bateaux qui passent par le canal de Suez, une escale obligée pour se ravitailler en charbon, stocké par les Anglais sur l'île.
        Ce renouveau économique suscite à l'époque, un fort accroissement démographique entraînant de nouveau, pauvreté et famine.
        Pour lutter contre les pénuries liées à cet état à Malte et Gozo, les Anglais tentent, sans grand succès, de faciliter une émigration vers plusieurs pays du Commonwealth.
        Mais pour des raisons de proximité et de langage, c'est en Afrique du nord particulièrement à Bône et sa région, que cette émigration fut la plus importante.
        Ce n'est qu'à partir de 1832, quand il fut avéré que la France s'efforcerait de garder sa conquête que les Maltais commencèrent à arriver en grand nombre dans le Constantinois, soit directement par bateau, soit en transitant par la Tunisie qui était encore une Régence sous la tutelle nominale de l'Empire ottoman.
        La diaspora maltaise formera une population bien supérieure à celle de l'archipel d'où elle était originaire.
        Des centaines, puis des milliers de Maltais et de Gozitains, en opposition avec les autorités anglaises et anglicanes, vont s'installer sur une terre qui est désormais sous la responsabilité d'une administration européenne et, comme eux, de culture catholique.
        Au recensement effectué en 1872, au lendemain de la disparition du Second Empire, elle représentait dans le Constantinois 32,95% de la population étrangère, contre 7,04% dans l'Algérois et 0,49% dans l'Oranais.
        En 1962, la population française d'origine maltaise constituait la quatrième communauté européenne d'Algérie après celle d'origine métropolitaine, d'origine espagnole et d'origine italienne.

Petite ville de Victoria sur l'île de Gozo

À leur arrivée à Bône, les Maltais avaient élu domicile dans le quartier des chèvres, au Pont Blanc, banlieue où les terres cultivables, nombreuses n'étaient pas chères à acheter ou louer.
        Dans la région de Bône, ils avaient trois métiers de prédilection l'agriculture, l'élevage et le commerce.
        L'agriculture fut le domaine où ils réussirent le mieux. Ils étaient, pour la plupart maraîchers ou propriétaires de vergers, notamment à l'Allélik, lieu dit, d'une proche banlieue de Bône.
        Louis Arnaud, dans son livre "Bône, son Histoire,... ses histoires", décrit en ces termes dans les années 1950 l'activité de ces agriculteurs : Ces petits jardinets qui ne contenaient que des oignons, des salades, des carottes et quelques autres légumes cultivés, ces chèvres qui se nourrissaient d'un rien, de quelques rares touffes d'herbe poussées entre des rochers et qui donnaient un lait abondant, suffisaient à la nourriture de toute la famille. Tout était réuni autour de ces maisons de planches qui s'élevaient, triomphantes, au milieu d'une végétation rare et sans attrait, comme pour marquer le triomphe de l'effort et de la volonté sur une nature ingrate et rebelle.

L'élevage fut l'autre réussite des Maltais en Algérie Française. À l'origine chevriers, ils se lancèrent dans l'élevage des bovins et des porcins quelques années après leur installation.
        Certains d'entre eux ayant une passion pour le cheval étaient charretiers, cochers de fiacres et... jockeys, comme en témoignaient les courses organisées sur les hippodromes algériens et tunisiens.
        Dans le commerce de détail, ils devinrent les intermédiaires entre les Européens et les arabes. Ils étaient même quelquefois prêteurs sur gages.

Les courses de chevaux de Guelma : Ventre à Terre, arrivé premier, monté par Charles (Loto), avec, à droite, son père François Borg (lunettes)

FAMILLE BORG

(Récits et documents des frères Charles et François-Émile Borg)

La ferme Bouaérou, la ferme les Usines et le domaine Beradia

François Borg né vers 1840, originaire de Gozo, île de l'archipel Maltais, arriva à Bône vers 1860. II se maria avec Paola Vella, ils eurent neuf enfants : François né en 1862, Antoinette 1866/1868, Graciai 867, Carmelo 1874/1876, Antoine 1871/1940, Augustine 1872/1878, Carmelo 1877/1879, Jean 1880/1880.
        François né le 1/11/1862 à Bône dit Phafou (surnom Maltais), marié avec Catherine Vella, eut Six enfants : Paul 1881, Joseph 1882, Charles 1886, Thérèse 1887, François 1889, Augustin 1894.
        Antoine, né le 18/2/1871 à Bône, marié le 20/1/1900 à Bône avec Jeanne Laurence Sultana, eut deux enfants : Pauline, mariée à André Bailly, et Georges, marié à Odette Xerri.

Charles et Catherine Borg

Le fils de François, Charles né le 16/2/1886 à Bône où il décéda le 21/9/1947, marié le 22/12/1904 à Bône, avec Catherine Sammut née le 5/2/1888 à Bône, décédée le 4/10/1972 à Castelginest (Haute-Garonne), eut neuf enfants dont une fille, Joséphine dite Chouchoune mariée avec Clément Bugèya.

De gauche à droite au ter rang : Lucien, François, Clément Bugèya et Albert
Au second plan : Henri, Marius, Antoine.

François né le 18/10/1907 à Bône se maria le 10/12/1925 à Tunis avec Elvire Diacono née le 1/5/1905 à Tunis, décédée le 12/4/1994 à Toulouse. Ils eurent sept enfants : Charles né le 26/2/1926 dit Lolo, René 1929/1930, Robert né le 26/4/1931, Gilberte née le 29/9/1932, Marie Thérèse 1935/1936, François-Émile né 16/8/1943, Odile née le 3/2/1945.
        François travailla à la ferme familiale de l'Allélik dés l'âge de 15 ans puis s'associa avec son frère Lucien qui se maria avec Olga, soeur d'Elvire.

Les frères achetèrent et administrèrent ensemble leurs propriétés : La ferme les Usines, à l'Allélik, la ferme Bouaérou, à Duzerville et le domaine Berradia, entre Mondovi et Randon. Ils y cultivaient des céréales, des tomates et du tabac livré aux coopératives, et des agrumes : oranges, mandarines, clémentines, ainsi que des pommes, poires et pêches destinées à l'exportation, sous la marque Le sanglier.

Étiquette de la marque des
 produits   Borg

En 1953, François fut élu conseiller municipal sur la liste du Dr Pantaloni, responsable du ravitaillement des marchés et des abattoirs, il fut président de la société de chasse. Toute la famille Borg chassait le sanglier, à l'origine de la marque à l'exportation de leurs fruits. Administrateur de la Tabacoop, de la Tomacoop, de la Fédération des vignerons et des docks-silos, il s'installa à Toulouse où il décéda le 10/1/1986.

Carte du conseiller Borg

Photo-montage des mariages de la famille de François et Elvire.
 Aux pieds de leurs parents, de gauche à droite les mariés :
Charles et Gilette Giuliano, Robert et Jeannine Morales,
Gilberte et Robert Abela, François-Émile et Micheline Lévy,
et, au premier plan, Odile et André Saurin.

LA FERME LES USINES
Propriété d'Henri et Marius à l'Allélik.

Réunion de famille chez Henry et Marius Borg à la ferme Les Usines

LA FERME BOUAÉROU

Il s'agissait d'une propriété de 140 hectares, située à 3 Km de Duzerville, louée par François et Lucien aux héritiers Kabendji : Arbres fruitiers, cultures maraîchères (tomates, artichauts, en quantité), tabac et blé, y étaient élaborées avec succès.

Charles et Henri sur leur plantation de tabac

LE DOMAINE BERRADIA

François et Lucien avaient acheté le domaine Berradia en 1942 à Mme Bournas, née Hacina Daoudi. Situé au lieu dit Bouharouche, à Randon sur 30 hectares, il se trouvait à côté des fermes Dalaise et Mercadi

Cueillette des oranges dans le domaine de Beradia

Les ouvriers agricoles après le battage

Lucien Borg (en haut, à droite) dirigeant les travaux

Ces domaines furent nationalisés par l'État algérien le 1/10/1963

Charles Borg dit Lolo raconte en ces termes l'histoire de la quatrième génération d'immigrés maltais, ceux de sa génération.
        Leurs grands-parents, venus pour la plupart de l'île de Gozo, avaient débuté comme salariés agricoles. Par leur travail acharné, ils avaient pu louer puis acheter des terres libres à des musulmans dans la plaine de Bône, le long de l'oued Seybouse.
        Après que leurs aïeux eurent, défrichés et asséchés ces marécages pour en faire des terres de culture maraîchère, ils avaient planté des arbres fruitiers : Pommiers, poiriers, grenadiers, néfliers. Ces plantations étaient appelées "Les jardins maltais".
        Plus tard, les parcelles furent séparées par des cyprès qui servaient de brise vent. Entre les arbres, les agriculteurs maltais cultivaient des produits maraîchers pour couvrir les frais et pouvoir vivre dans l'attente de la production fruitière.
        Ces maraîchers maltais travaillaient tous sur le même principe. Variant les cultures suivant les saisons, ils préparaient eux-mêmes leurs semis, les repiquaient et, une fois les légumes à maturité, les ramassaient, les mettaient dans des paniers ou des cageots et les livraient le matin au marché de gros de Bône.
        Avant 1939, le transport se faisait en fourgon attelé de deux ou trois chevaux ou mulets suivant la distance puis, dès 1945, il se fit en camions ou en camionnettes.
        ll y avait également des Maltais producteurs de lait comme les Vella, Laurent, Debono, Gamba, Charles Grima, frère de ma tante Alice, installés au Pont Blanc, à l'Orphelinat, dans la proche banlieue de Bône.
        Les frères Sultana de Duzerville avaient un dépôt de vente à Bône, rue Bouscarein, tenu par M. Anglade.

Les Borg à la chasse aux sangliers

A SUIVRE

LE SPARTERO ET MECIEU RICHE
(Edmond Rostand chez les pieds noirs ?)
Envoyé par Daniel DARDENNE

            Un spartéro rien qu'y chantait,
            Matin comm'le soir,
            Y feusait plaisir à 'oir y à entend'.
            En pagaïe y t'jonglait des contre-uts.
            Son 'oisin à l'inverse dés ! De riche qu'il était
            Ya hasra Manco y chantait ;
            Et à la nuit, à peine s'y fermait l'oeil.
            Un, c'était les spardeignes et les mévas,
            L'ôt', le f louss et les douros.
            Si des fois, vers le p'tit matin poc à poc
            L'riche y sommeillait, l'ôt' vinga en chantant
            Y s'le réveillait. L'riche y marronait :
            "Pourquôa qu'le Bon Dieu il a pas prévu
            D'fair' vend' la ronflette au marché,
            Pareil qu'la soubressade et la mahia ?"
            A la fin, y fait v'nir le spartéro
            A sa villa, une maison soua - soua,
            Confortable, tout, ma âandi ma ngoulek !
            Y lui dit : "Ow Hernandez !
            Gués lu gagnes par an ?
            Par an ? Awah l'ami !
            Y dit l'spartéro, c'est pas ma méthod'
            Pour compter. "A mêm'temps qu'y tchatchait
            Y s'tapait un'vraie pantcha d'rigolade.
            "Môa, j'ramass' pas bezzef.
            Au jour le jour et hadamakan
            Si j'attrapp' le bout d'l'année labès !
            Chaque jour j'me tiens un morceau d'pain.
            Y alors à la journée qués tu gagnes ?
            - Chouya chouya : l'problème y l'est la :
            Y a trop d'jours de fêtes,
            Que môaobligé je ferme ;
            Premier mai, huit mai, Jeanne d'Arc, Pentecôte ;
            Pluss' les CFRA quis'foutent en grève.
            Où je vais môa ? Adios la casserole !
            Du travail, haqqrebbi, c'est pas ça qui manque."
            L'riche d'l'entend', il était câo.
            La vérité y s'cassait d'rire. Y lui dit :
            - "A partir d'aujourd'hui et dorénavant,
            C'est fini pour toi l'tmeniek et la misère
            Barka qu'tu t'casses l'habbat.
            Des pésettes fisse, comme ti en as jamais vu
            Ch'te donne. Prends ces cent millions,
            Garde les bien-bien ou si tias le compass'
            Fais les fructifier. L'spartéro y restait axe,
            Y croyait 'oir les mines du roi Salomon.
            Y rent'chez lui, à la cave direct y va.
            Dans la terre y met et le flouss et la rigolade.
            Pluss' d'chant, ouallou, même pas s'y pouvait parler
            Rien qu'y marmonnait, pa 'un y l'comprenait ;
            Y venait le vrai tchapourlao.
            Meteunant qu'il avait gagné du bien,
            C'est l'mal qui rentrait dans sa baraque.
            Adios d'dormir, rien qu'y feusait du mauvais sang,
            Amane : La nuit, sans arrêt, y feusait la mata,
            D'la sousto qu'y s'tenait
            Que-un y vient lui sarraquer son pêze.
            Si un pêcheur y passait ' vec un salabre
            Y croyait qu'y venait li engantchcr l'fric.
            A la fin meskine, y s'avale la tomate,
            Y fonce chez le mecieu riche ;
            "Attrape tes millions, tu t'les gardes,
            Rends moâ mon sommeil et mes sanchons".

Si quelqu'un connaît le nom de l'auteur de ce texte en pataouète, je le prie de me le faire savoir afin de le mentionner. D'avance merci. J.P.B.


LE MUTILE N° 207, 21 août 1921

Nos Vieux parents sont des invalides de guerre

       J'ai donné à la Patrie un morceau de ma chair : la Patrie me doit réparation.
Tel est pour nous, invalides de guerre, le principe qui servit de base à la législation qui nous régit (31 mars 1919) et, qui est défini dans l'article premier.
J'ai donné à la Patrie, la chair de ma chair : la Patrie me doit réparation.

       Tel eût dû être pour nos vieux parents, le principe qui, reconnaissant leur douloureux sacrifice, leur eût acquis un droit à pension.
       Au lieu de cela, on s'est basé sur la loi d'assistance aux vieillards et I'Etat a bien voulu condescendre jusqu'à se substituer au fils décédé pour le paiement de l'indemnité que la loi peut exiger des enfants dans certains cas, lorsque leurs parents sont arrivés à un âge déterminé par cette loi.
       L'Etat accorde donc aux parents de nos camarades morts au champ d'honneur ; une allocation c'est-à-dire une indemnité annuelle facultative, qu'il est aisé de supprimer le jour où l'on estime que la longévité de ces vieillards est vraiment excessive !
       Cette indemnité est d'une maigreur squelettique. Comme la pension de veuve, me dira-t-on ; mais je ferai remarquer que la veuve touche sa pension pour elle seule, alors que les ascendants la touchent pour deux à moins qu'il ne s'agisse d'une mère veuve.

       D'autre part, il est un fait prouvé, reconnu, que les pensions, toutes les pensions ne sont plus en rapport avec le coût moyen de la vie et qu'une- révision des taux s'impose, aussi pour les invalides que pour les veuves, orphelins et ascendants.
       Mais ces derniers, en raison même de leur âge, des infirmités qui peuvent en résulter, de l'impossibilité pratique pour eux de se procurer du travail, alors même qu'ils seraient encore en état de l'accomplir, en raison enfin du préjudice moral que leur cause la mort de cette part d'eux-mêmes, de l'abattement que ne peut manquer de leur causer un tel sacrifice, pour ces motifs, comme on dit au tribunal, ils ont droit à des égards que leur confèrent leurs cheveux blancs et les considérations particulières que je viens d'exprimer.
       Ils avaient mis en ce fils, en ces fils, toute leur jeunesse, toute leur activité, toute leur vie ; dans le corps que la mère avait pétri de sa chair, ils avaient insufflé la flamme insufflé, la flamme d'enthousiasme, la flamme d'héroïsme: ils ont mis dans le corps neuf toute leur jeunesse : l'âme de leurs vingt ans.
       Et cette âme a regagné les régions éthérées de l'inconnu: et ce corps privé de vie s'est mêlé à la terre vorace qui l'a digéré; et ce loyer qu'avait allumé les enthousiasmes et les espoirs de deux vies penchées vers lui pour l'utiliser sans cesse et s'y consumant font entières, ce foyer dont les cendres en se dispersant, ont sensé aux quatre vents les étincelles d'or de la gloire s'est éteint à jamais sans qu'il puisse, même un instant, venir fondre les glaces que portent désormais en leur coeur les pauvres vieux !
       Et I'on refuserait à ceux-ci le pain de leurs derniers, jour.
       Non, ce n'est pas possible, cela ne se peut pas.
       Monsieur, Madame, vous avez donné à la France les plus valeureux guerriers ; dans leurs veines coulait, votre sang généreux ; les guerriers sont morts, la terre, libre par eux, a bu leur sang; nous n'avons plus besoin de vous, vous pouvez disparaître !
       Non, pas chez nous, pas en France, n'est-ce pas, Messieurs les députés ? N'est-ce pas Messieurs les sénateurs ?
       A ces grands invalides de la guerre, il faut, c'est indispensable, accorder une PENSION.

A. CHIVOT.           

ANECDOTE
Envoyé par Mme PAGANO
          


L'emploi du pronom indéfini... Il était une fois quatre individus qu'on appelait
Envoyé par Noël
L'emploi du pronom indéfini... Il était une fois quatre individus qu'on appelait
     Tout le monde - Quelqu'un - Chacun - et Personne.
     Il y avait un important travail à faire,
     Et on a demandé à Tout le monde de le faire.
     Tout le monde était persuadé que Quelqu'un le ferait..
     Chacun pouvait l'avoir fait, mais en réalité Personne ne le fit.
     Quelqu'un se fâcha car c'était le travail de Tout le monde !
     Tout le monde pensa que Chacun pouvait le faire
     Et Personne ne doutait que Quelqu'un le ferait… En fin de compte, Tout le monde fit des reproches à Chacun
     Parce que Personne n'avait fait ce que Quelqu'un aurait pu faire.

     *** MORALITÉ *** Sans vouloir le reprocher à Tout le monde,
     Il serait bon que Chacun
     Fasse ce qu'il doit sans nourrir l'espoir
     Que Quelqu'un le fera à sa place…
     Car l'expérience montre que Là où on attend p>     ,
     Généralement on ne trouve Personne !

     Je le diffuse à Tout le monde afin que Chacun puisse l'envoyer à Quelqu'un sans oublier Personne.



MŒURS ET COUTUMES DE L'ALGÉRIE
  1853                     Par LE GÉNÉRAL DAUMAS                            N° 12 
Conseiller d'Etat, Directeur des affaires de l'Algérie
TELL - KABYLIE-SAHARA

AVANT-PROPOS.
  
Appeler l'intérêt sur un pays auquel la France est attachée par les plus nobles et les plus précieux liens, faire connaître un peuple dont les moeurs disparaîtront, peut-être un jour, au milieu des nôtres, mais en laissant, dans notre mémoire, de vifs et profonds souvenirs, voilà ce que j'ai entrepris. Je ne me flatte pas d'avoir les forces nécessaires pour accomplir cette tâche, à laquelle ne suffirait pas d'ailleurs la vie d'un seul homme; je souhaite seulement que des documents réunis, avec peine, par des interrogations patientes, dans le courant d'une existence active et laborieuse, deviennent, entre des mains plus habiles que les miennes, les matériaux d'un édifice élevé à notre grandeur nationale.
Général E. Daumas

LA KABYLIE.
IV.
Les Zouaouas.

     Nous voici parvenus au but que nous nous étions tracé. Peindre l'état de la société kabyle, suivre ses phases historiques depuis l'arrivée des Français en Algérie jusqu'aux jours où nous sommes. telle était notre tâche; et, si imparfaite qu'en soit l'exécution, nous devons la considérer comme finie. Pouvons-nous cependant nous borner là cet essai? L'étude attentive du passé n'entraîne-t-elle pas impérieusement après elle quelques réflexions sur l'avenir ?
     Notre conquête de la grande Kabylie n'est ni absolument complète, ni encore tout à fait inébranlable.
     Nos armes n'ont point encore pesé sur les Zouaouas, pas davantage sur une confédération voisine qui s'étend jusqu'au bord de la mer; toute cette région reste insoumise et ignorée. D'autres points nous sont seulement inconnus, mais leur situation retirée les désignant comme des foyers naturels de révolte, il est bon de s'accoutumer à l'idée d'opérer contre eux. Nous nous efforcerons de donner ici, sur les Zouaouas, tous les renseignements propres à en faciliter au besoin l'attaque.
     D'une autre part, s'il est vrai de dire que l'ensemble de la Kabylie nous appartient dès à présent, ne doit-on pas ajouter aussi qu'elle sera prospère ou misérable, se complaira dans une soumission paisible ou nous fatiguera de ses révoltes incessantes, selon les principes de gouvernement dont nous lui ferons l'application? Quelques avis d'hommes pratiques sur cette matière délicate ne manqueraient donc pas d'utilité.

     Le pays des Zouaouas embrasse la portion la plus haute, la plus aride des montagnes. Les terres cultivables y sont très rares : on les travaille à la pioche, et il s'en faut de beaucoup qu'elles fournissent' le grain nécessaire à l'alimentation des habitants. Ceux-ci mêmes les consacrent de préférence au jardinage; ils en tirent des artichauts, des lentilles, des fèves, des pois, des haricots, des navets, du poivre rouge ; ils ont aussi des plantations de lin et de tabac ; ils entretiennent des ruches à miel. Les fruits ne manquent pas : on trouve des kharoubes, des olives, des ligues, du raisin, des grenades, des coings, des abricots, des pêches, des poires et des pommes. Le gland doux abonde surtout : il est un des principaux éléments de la nourriture des Zouaouas, qui le mangent grillé ou eu font une espèce de kouscoussou par le mélange de sa farine avec celle de l'orge.
     La chasse leur vient en aide, surtout à certaines époques. Ils se servent de petit plomb qu'ils fabriquent ou nous achètent, ou le remplacent par du gravier fin ; ils poursuivent le lièvre, le lapin, la perdrix, la caille, la colombe, le pigeon, la grive, l'étourneau. S'ils diffèrent en cela des Arabes, qui ne font ces chasses qu'au piége, comme eux ils sont accoutumés à traquer la grosse bête. Le lion est très rare dans le pays, à cause de la grande population : la panthère y est plus répandue. On la détruit souvent au moyen d'une espèce de machine infernale, composée de plusieurs fusils dont les canons entrecroisés abritent un morceau de viande correspondant à leurs batteries par des fils propres à en déterminer le jeu. L'animal se plaçant en face pour tirer sa proie, produit lui-même l'explosion qui le tue.

     Les montagnes des Zouaouas renferment en outre beaucoup d'hyènes, de sangliers, de chacals, de renards et de hérissons ; le singe y est particulièrement répandu en quantité prodigieuse, et y exerce des dégâts notables. Des troupes de singes, en quelque sorte disciplinées, détachant à distance des sentinelles qui les avertissent, du danger, viennent s'abattre à l'improviste sur les jardins et les dépouillent, à moins que, surprises à leur tour, elles n'y soient égorgées en masse:
     Toutefois, les ressources en fruits, en légumes, en produits de chasse, seraient loin de suffire aux besoins de la population ; mais elle cultive en outre l'industrie, dont elle a grand besoin pour vivre.
     Les Zouaouas fabriquent de la poudre, des bois et des batteries de fusil (mais non pas les canons), des pioches, des haches, des socs de charme, des faucilles, des mors; ils confectionnent des kabayas (chemises en laine), des burnous, des chachias blanches, des cardes pour la laine, des chapeaux de paille, des nattes , des paniers (kouffa), des cordes en laine, en paille, en palmier nain, en poil de chèvre ou de chameau, des sacs en cuir, des peaux de bouc, des bâts de mulets. Leurs ouvriers en bois livrent des portes, des coffres, des plats d'une seule rondelle, des sabots, de grandes plaques en chêne-liège pour couvrir les maisons. On trouve encore chez eux des tanneurs, des teinturiers, des maçons, des tuiliers, des potiers et même des cordonniers. La plupart de tous leurs produits se vendent au dehors. Deux industries dominent toutes les précédentes par leur extension

     la fabrication de l'huile au moyen de pressoirs grossiers, et celle de la fausse monnaie, que nous avons fait connaître en détail. On cite aussi quelques fractions de tribus fort peu considérées par ce motif, dont la seule industrie consiste à fournir des musiciens dans toute l'Algérie. Leurs instruments sont : deux sortes de flûtes ; l'une ayant quelque analogie avec la clarinette, l'autre faite avec un roseau et d'une dimension très courte ; ensuite plusieurs espèces de tambours : le deuf, qui est le plus petit de tous, le derbouka, où la peau est tendue sur un vase en terre cuite; puis un troisième, qui ressemble beaucoup à notre tambour de basque.
     Mais de tons les moyens qu'emploient les Zouaouas pour lutter contre la misère de leur pays natal, le plus commun, comme le plus infaillible, est l'émigration temporaire. Ils sont les Auvergnats de la grande Kabylie. Leurs pérégrinations si e3xercent même sous une échelle plus étendue que celle de nos besogneux montagnards. En effet, non seulement on les voit en tournée lointaine, s'engager comme domestiques, maçons, moissonneurs ou soldats, amasser un petit pécule et revenir alors au pays pour s'y marier; non seulement chaque famille compte presque toujours un de ses fils en excursion prolongée de ce genre ; mais encore beaucoup d'autres exercent, à proprement parler, le métier de colporteurs entre la montagne et la plaine. Ils partent avec un chargement d'épicerie (caria) et quelques articles de toilette, de verroterie ; par exemple, ils emportent du piment, du poivre rouge et noir, du henné pour teindre les ongles, du musc, du fil et des aiguilles, des couteaux, des ciseaux, du sulfure d'antimoine, du soufre, etc. Ils brocantent ces articles de marchés en marchés arabes, et finissent par rentrer chez eux après les avoir transformés en laine, en ânes, en boeufs et en argent.

     Il règne au pays des Zouaouas une multitude de dissensions politiques. On s'attendrait facilement à ce qu'il en fut ainsi de tribus à tribus, ou de fractions à autres; mais quelquefois ces germes d'implacable hostilité subsistent dans l'intérieur d'un même village. Il n'est pas rare alors de voir bâtir un mur qui le sépare en deux parties, de voir s'élever des tours d'où chacun observe les mouvements de son ennemi, et peut, saisir, pour lui faire du mal, l'instant où ses troupeaux vont paître, où l'on fait la provision d'eau, etc.
     Les Zouaouas ne sauraient rester longtemps encore en dehors de notre autorité : il faudra que, bon gré mal gré, ces intrépides montagnards courbent la tête devant la puissance de nos baïonnettes. Or, les Zouaouas soumis, on peut considérer la Kabylie comme conquise, on peut l'affirmer aujourd'hui que presque toute la contrée nous est connue. A part quelques mois rigoureux, nos colonnes sont en état d'opérer dans ces montagnes en toute saison; elles y rencontreront toujours de beaux villages qui ne peuvent nous fuir comme des camps arabes, le matériel, les produits industriels, les jardins et les arbres ; au printemps, elles y trouveront de plus les vallées garnies à perte de vue d'abondantes récoltes. Une région si vulnérable n'est qu'à vingt lieues d'Alger ; nous l'abordons en outre directement par ses quatre angles : Dellys, Bougie, Sétif, Aumale; ne sommes-nous pas en droit de dire qu'elle est dans notre main?
     La conquête achevée, que deviendra la Kabylie?
     La consolidation de notre oeuvre dépendra évidemment de l'organisation administrative donnée au peuple vaincu; la meilleure sera celle qui tiendra compte des instincts nationaux.
     Maintien des formes républicaines de la tribu, délégation de l'exercice du pouvoir à ses amines, à ses marabouts; emploi judicieux des soffs et des grandes familles qui les dominent pour appuyer notre centralisation sur celle même que les tribus acceptent, et investir de notre autorité précisément les hommes dont l'influence personnelle est déjà reconnue; respect aux lois antiques du pays, à ces kanôuns traditionnels qui d'ailleurs ne froissent en rien nos grands principes de droit public ; ces bases une fois posées, notre édifice n'aura plus de secousse à craindre que sur le terrain des impôts.

     La politique intéressée des marabouts a développé chez les Kabyles une profonde horreur du tribut envers l'étranger. Cela se conçoit sans peine les marabouts sont les premières victimes de l'impôt, puisque tout le superflu du peuple leur revient immanquablement. Toutefois, si nos exigences restent légères, si nous les compensons par des travaux d'utilité publique, tels que routes, ponts, viaducs, barrages, desséchements. Avec l'impulsion nouvelle donnée à l'industrie et au commerce, la richesse du pays augmentera, et ceux qui en bénéficieront le plus nous seront attachés par l'intérêt; ils deviendront nos alliés contre ces chérifs turbulents, leurs rivaux naturels, dont le métier consiste à parcourir la terre musulmane en y prêchant la guerre sainte.
     Notre domination ne court aucun péril à s'associer les marabouts, sûre qu'elle est de les absorber tôt ou tard. Leur influence repose sur un besoin d'ordre et non sur un instinct de fanatisme; qu'arrivera-t-il à la longue ? Les Kabyles s'habitueront à reconnaître peu à peu qu'en nous réside tout principe de force et de stabilité; cependant, leur foi religieuse n'aura pas acquis plus d'ardeur ; ainsi, le temps fera perdre aux marabouts une partie de leur utilité terrestre, et n'ajoutera rien à leur autorité divine. Sous notre domination habilement exercée, comme il vient d'être dit, la Kabylie atteindrait, c'est notre conviction intime, un haut degré de prospérité. La richesse intérieure, se développant par le concours d'agents et de capitaux français, viendrait affluer largement aux deux ports de Bougie et de Dellys, et offrir des échanges considérables à nos produits nationaux.

     L'instinct commercial du peuple conquérant a si bien partagé cette conviction qu'il s'est précipité au-devant d'un tel avenir avec une incroyable ardeur. Depuis que la Kabylie nous est ouverte, Bougie, qui ne possédait naguère qu'un pauvre moulin à huile qui ne vivait que sur la récolte minime des oliviers compris dans la ligne de nos avant - postes , est devenu un vaste entrepôt des huiles de la contrée. Ce sont là d'heureux présages pour l'avenir.
     Le mouvement commercial se développe également dans de notables proportions à Dellys.
     Au point de vue maritime, la nature a fait quelque chose pour l'une de ces localités, beaucoup pour l'autre. Toutes deux obtiendront, moyennant une dépense modique, mi port de commerce assez vaste; Bougie conservera. de plus un des meilleurs mouillages de la côte algérienne, celui de Sidi-Yahia, qui peut abriter une escadre.
     Ces deux comptoirs deviendront rationnellement des centres de populations européennes adonnées à l'industrie et au commerce, tandis que la production agricole restera confiée aux mains des indigènes, moins dispendieuses que les nôtres. Il v aurait de la sorte, à l'intérieur, une nation kabyle en voie de progrès, et sur la côte, une colonie française en pleine prospérité. Ainsi, la force liante du gouvernement et la vive attraction des intérêts privés associeraient deux races dont la destinée, jusqu'ici, semblait être de s'entre - détruire (1).

1.) Voy. la grande Kabylie, par le colonel Daumas et le capitaine Fabar. (1847, libr. Hachette et comp.)

A SUIVRE

LES MÉTIERS :
A ceux qui aiment la langue française.
Envoyé Par Michèle


Le pâtissier s'est fait une religieuse en un éclair.
Le facteur légèrement timbré, prend tout à la lettre.
Le coiffeur se barbe à force de couper les cheveux en quatre
Le cafetier a servi un demi à un jeune mousse.
Le poissonnier fait le maquereau avec une morue.
Le croque-mort a enterré sa vie de garçon en buvant une bière.
Le viticulteur prend de la bouteille et demande qu'on lui lâche la grappe.
Le plombier a pris la fuite en fumant un joint.
Le menuisier a attrapé la gueule de bois en abusant du buffet.
Le charcutier a épousé un boudin, quel andouille !
Le boucher s'est mordu la langue en taillant une bavette.
Le boulanger s'est fait rouler dans la farine, il est dans le pétrin.
L'épicier a pris une amende en passant à l'orange.
L'avocat s'est trouvé bec dans l'eau en défendant une cruche.
Le vétérinaire a un chat dans la gorge et une fièvre de cheval.
Le bûcheron est resté sous le charme en écoutant Dutronc.
Le couturier a choisi de monter un col plutôt que de traverser la Manche.
Le cordonnier s'est fendu le cuir chevelu sur une route en lacets.
Le pharmacien a passé ses vacances au lac Satif, il s'est emmerdé.
L'électricien a été déclaré positif alors qu'il était neutre.
L'horloger n'a plus une minute à lui depuis qu'il a perdu la grande aiguille.
Le bijoutier a lâché une perle dans une rivière de diamants.
Le sculpteur a coulé un bronze dans un moule à plâtre
Le cuisinier fait sa sauce tartare très tôt le matin.
Le volailler court après les poules et y laisse des plumes.
Le curé est à l'arrêt entre les messes.
Le relieur s’est retranché dans la marge du livre.



" L'AFRIQUE DU NORD MUSULMANE"
2ème Edition 1954/1955
                                         Envoyé par M. Daniel Dardenne                                       N°8

Textes et Annexes de A. BENSIMON et F. CHARAVEL : Instituteurs à Alger.
Documentation photographiques et réalisation Technique de
H. BENAIM - G. DOMECQ - E. DURIN - R. PERIAND - Instituteur à Alger.
Illustration et Cartes de F GIROUIN - Instituteur à Alger.
Réalisé sous l'égide de la Section d'Alger du Syndicat National des Instituteurs.

LES TROIS ROYAUMES HERITIERS
DE L'EMPIRE ALMOHADE

XlIIème AU XVIème SIECLE

- Quand l'Empire almohade se brise, trois Royaumes héritent de ses territoires.
- En Espagne, seul, le Royaume de Grenade subsiste avec les Naçrides.

- Les dynasties
     - Les Mérinides à Fès : les plus riches et les plus puissants pendant quelques années, ils seront les maîtres de la Berbérie.
     - Les Abd el-Wâdides à Tlemcen : d'anciennes idoles du Sud Oranais apparentés aux Mérînides.
    - Les Hafcides à Tunis : se réclament des Almohades et revendiquent le titre de Califes.

CARACTERES COMMUNS A CES ETATS :
Frontières imprécises : «les souverains règnent sur des tribus et non sur des territoires bien délimités».
Place considérable de la religion dans les esprits, dans les institutions.
                    Le souverain est en même temps chef suprême religieux.
                    Le Coran est la source principale du droit, Dès le XIIIème siècle, les souverains ouvrent de nombreuses médersas qui doivent former des fonctionnaires. Les Mérinides surtout sont de grands bâtisseurs (gravure 16).
- A partir du XIIème et surtout au XVème S., au Maroc, on note la naissance du maraboutisme puissant mouvement religieux : à ta suite des revers- militaires de l'Islam, situation des forces en présence est renversée ; l'Islam passe à la défensive.
                   - Le Marabout est « un ami de Dieu ». L'austérité de ses moeurs lui vaut un grand prestige. On lui attribue un pouvoir surnaturel.
                 - Sa maison devient une école, une hôtellerie un lieu d'asile : c'est la zaouïa. A la mort du marabout, elle devient un lieu de pèlerinage. Le culte des saints s'établit en Berbérie.
                  - Tlemcen doit au culte d'un saint local : Bou Médine (mort en 1197) certains de ses plus beaux monuments (gravure 15).
                  - Les chérifs (chorfa) descendants du Prophète et d'Ali sont également vénérés. Leur action sera à la fois religieuse et politique. Ils donneront au Maroc deux dynasties.



VIE POLITIQUE ET MILITAIRE

MAROC
- Les Mérînides vont guerroyer en Espagne ; puis ils s'emparent pour quelques années de Tlemcen et Tunis (milieu du XIV" siècle).
- Espagnols et Portugais, prennent pied sur la côte africaine.
- Sac de Tétouan 1399 Ceuta 1415
- 1492 Fin du Royaume de Grenade.
- 1497 Les Espagnols à Melilla.

ALGERIE
- TLEMCEN est sans cesse menacée par les Nomades, les armées marocaines (1299) et tunisiennes (1458).
- BOUGIE, rattachée à TUNIS est disputée vainement par les Rois de Tlemcen.
-1510 : Les Espagnols prennent Bougie et différents ports de la côte algérienne. Ils tiennent le port d'ALGER sous le feu des canons du Pegnon. (1) (Îlot de l'Amirauté).

TUNISIE
- 1270 : Le Calife Hafcide El-Mostançir organise la « guer­re sainte » contre la croisade de St Louis.
- Ses successeurs vont guerroyer contre les Rois d'Aragon maîtres de la Sicile après le massacre des Français de Charles d'Anjou (Pâques 1282) (Les vêpres siciliennes).
- 1510: Les Espagnols s'emparent de Tripoli.

(1)       Pour l'orthographe de ce mot, voir « La Régence d'Alger et le Monde Turc » page 26

REACTIONS ARABES

- La guerre sainte: prend : la forme de la piraterie et de la course qui, en fait, n'ont jamais cessé depuis des siècles.
- 1516 : Les Algérois appellent les Turcs « pour enlever le Penon, cette épine placée dans leur coeur ».
- Explosion du Maraboutisme
- En 1553 les Chérifs s'emparent du pouvoir.
- Ils donnent au Maroc 2 dynasties :
        1)        les Saadiens (16e-17e siècle)
        2)        les Alaouites (17e-20e siècle)
- 1554 : Tlemcen est prise par les Turcs.
- En 1574: Tunis subit le même sort.

VIE ECONOMIQUE AU XIIIème  SIECLE

- La Berbérie exporte des matières brutes : laine, cuirs, huile, dattes, blé, plomb, cire (dans la chrétienté Bougie, donne son nom et la chandelle de cire) ; mais peu de produits manufacturés (étoffes). Noter la stagnation des techniques...
- TLEMCEN trafique avec le Soudan et en importe des esclaves nègres ainsi que de la poudre d'or (importance de la Berbérie du Haut Moyen Age dans la distribution de l'or vers l'Europe).
- A TUNIS, les vaisseaux des Républiques italiennes et du Royaume d'Aragon (Pise - Gênes - Venise) monopolisent le transport des marchandises.
- Construction des soûqs de Tunis sous les Hafcides. Chaque corporation y a sa rue (gravure 18).



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LECTURES

JOURNEE D'UN SULTAN MERINIDE DE FES

Le Sultan a coutume de tenir audience tous les jours de bonne heure, des grands cheikhs y viennent pour le saluer : ce sont eux qui, à sa Cour, tiennent le rang des émirs de Touman en Perse, et de commandants de mille en Egypte (1). On sert pour eux un repas, consistant en des écuelles de bouillon, devant lesquelles sont des plats creux contenant des mets de toutes sortes, ainsi que des douceurs, faites quelques-unes au sucre, mais pour la plupart au miel : il y en a des deux sortes, mais le sucre est rare et la plus grande quantité des douceurs est faite au miel mélangé d'huile. Quand les assistants ont terminé le repas, ils se dispersent dans leurs salles respectives. Parfois, après cela, le Sultan monte à cheval. A la fin de la journée, il est rare qu'il ne, monte pas à cheval, après la prière du milieu de l'après-midi, pour se rendre dans la campagne en un lieu largement ouvert. Il reste debout sur une butte de terrain ; les troupes sont en selle autour de lui ; devant lui les chevaux s'élancent les uns contre les autres : les cavaliers joutent avec leurs lances, les adversaires se défient. C'est la guerre que l'on imite devant lui, leurs rangs serrés se pressent comme si c'était vraiment la guerre et le combat ; tout cela dans le but de s'aguerrir. Puis, avec son escorte royale, il revient à son palais ; les hommes d'armes se dispersent en leur logis, et les docteurs, les gens de mérite et les grands personnages sont introduits pour lui tenir compagnie durant la soirée. On étend une nappe devant le Sultan, et il fait manger ses hôtes. Là-dessus, le Secrétaire d'Etat a avec lui un entretien particulier pour décider des affaires, examiner les placets et les feuilles de réclamations. Ces personnages passent avec le Sultan la plupart des soirées, sauf le Secrétaire d'Etat, auquel il donne, certains soirs, l'ordre de passer la nuit au palais et qui alors y demeure en un appartement privé.

Pour l'audience où il juge les plaintes de ses sujets, le Sultan siège sur des tapis amoncelés, dans un pavillon réservé à ces audiences. Parfois il s'assied sur un trône qui n'est guère élevé ; parfois, il s'assied sur une natte ; et devant lui s'asseyent les cheikhs ceints de leurs sabres. Quant aux autres gens de sabre qui n'ont point ce rang élevé, en, entrant dans la salle d'audience du Sultan ils s'arrêtent et se tiennent debout, à distance, en ligne, appuyés sur leurs sabres. Quand un plaignant veut faire parvenir sa plainte au Sultan, ce n'est possible qu'au moment où celui-ci est à cheval et où il se montre en public. Il crie de loin au Sultan : « Il n'y a de Dieu qu'Allah: secours-moi, Allah te secourra ! ». Le Sultan sait ainsi qu'il a une plainte à lui présenter ; on lui prend son placet et on le remet au Secrétaire d'État. Quand le Sultan revient à son palais, il garde auprès de lui le Secrétaire d'Etat, qui lui lit ce placet et d'autres ; il prend alors des décisions à ce sujet.
                                                                                IBN FADL ALLAH
                                                                           Né à Damas 1301-1349
                                 Traduction J. SAWAGET (Historiens Arabes) (Ouvrage cité)

(1)- Les « émirs de Touman » chez les Mongols, commandaient 10.000 hommes. Chez les Mamelouks, les « commandants de mille » étaient à la tête de 1.000 hommes de la Garde Royale. Les uns et les au­tres correspondaient à nos « généraux ».

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LA ZAOUIA

ZAWIYA : à proprement parler, « angle d'un édifice » a d'abord servi à désigner la cellule du moine chrétien puis s'est appliqué à une petite mosquée ou à un oratoire. C'est encore le sens que ce mot présente dans l'Orient musulman par opposition à la mosquée de quelque importance.
Au contraire, dans l'Afrique du Nord, le terme zaouïa a conservé une signification beaucoup plus large et s'applique à un édifice (ou à un groupe d'édifices) de caractère religieux, parfois scolaire, à un ensemble qui tiendrait à la fois d'une sorte de couvent et d'un collège...
On trouve dans la zaouïa tout ou partie des éléments suivants : une salle de prière, pourvue d'un mihrâb, un mausolée de personnage maraboutique ou chérifien, surmonté d'une coupole ou d'une kou­ba, une chambre réservée à la récitation du Coran ; un maktab ou école coranique, des chambres réservées aux hôtes de la zaouïa, pèlerins, voyageurs de passage, étudiants.
A la zaouïa se trouve le plus souvent accolé un cimetière où sont les tombes de personnages ayant exprimé de leur vivant le désir d'y être enterrés.
«La zaouïa — dit Daumas —, est tout ensemble une université religieuse et une auberge gratuite : sous ces deux points de vue, elle offre avec le monastère du Moyen Age une multitude d'analogies ».
Dès 1903, W. et G. Marçais ont émis l'hypothèse séduisante que les madrassas maghrébines ne furent de leur côté, dans l'esprit de leurs fondateurs souverains mérinides et Abd el Wâdides au XIVème siècle qu'une «officialisation » des écoles annexées aux zaouïas. Il n'est peut-être pas non plus impossible que ces souverains aient essayé, par ces fondations aux côtés de grands centres d'enseignement religieux (en premier lieu le Djami al Karawanken de Fès) d'atténuer dans une certaine mesure la concurrence déjà exercée dans les villes par les zaouyas-écoles.
Actuellement, les principales zaouïas nord-africaines, qu'elles soient situées dans les grandes villes ou dans les campagnes, — où elles ont d'ailleurs presque toujours provoqué la naissance de petits centres urbains, - sont les maisons-mères ou les filiales de confréries religieuses maraboutiques ou chérifiennes.
Outre leur influence religieuse et intellectuelle, les zaouïas de l'occident musulman ont parfois exercé, dans les régions éloignées du siège du pouvoir central, une influence politique directe sur les populations des territoires qui les avoisinaient.
                                            Extrait de l'Encyclopédie de l'Islâm
                                T. IV P. 1289. Article ZAWIYA de LEVI-PROVENÇAL

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RAYONNEMENT DE LA ZAOUIA

On conçoit donc ce qu'aux yeux de l'élite et de la masse le maraboutisme représentait de valeur à la fois spirituelle et concrète. Quoi d'étonnant si quelques-uns de ses protagonistes voyaient affluer à eux, en ces temps troublés, les hommes en peine et leurs dons ? Non seulement par ordre du souverain, mais fréquemment aussi par un mouvement spontané, des groupes sédentaires ou nomades, et jusqu'à certains clans bédouins consentaient à des marabouts le paiement de la dîme légale ; et l'on nous cite le cas curieux de deux cultivateurs qui, ensemençant une bonne terre délaissée momentanément par ses propriétaires, décident à l'avance d'accorder à un cheikh religieux, à son insu, le tiers de la récolte, afin de s'assurer sa baraka.
La zaouïa qui est en principe la demeure du marabout, acquiert parfois des dimensions imposan­tes, comme on le signale à Kairouan pour recevoir des hôtes très nombreux.
Hôtellerie-collège, elle se rapproche sensiblement, par un tel aspect, de la médersa, et il arrive aux deux institutions de se confondre ou de se juxtaposer.
                                                                   Robert BRUNSCHVIG
                                                                         (Ouvrage cité)

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MEDERSAS AU MAROC

Les médersas sont des collèges fondés dans une intention à la fois pieuse et charitable. Elles sont destinées à servir d'abri à des étudiants sans fortune et qui sont étrangers à la ville en laquelle ils sont venus s'instruire.
Ce sont de véritables séminaires qui assurent aux tolba pauvres - mot que l'on traduit assez exactement par clercs, - le vivre et le couvert.
Cette hospitalité est au demeurant très modeste. Les chambres des tolba sont des cellules, si petites parfois qu'elles ne dépassent pas la dimension de un mètre cinquante de largeur sur deux mètres de longueur. Elles prennent jour par une petite fenêtre, grande le plus souvent comme quatre fois la main. Le mobilier est à l'avenant : une natte pour dormir et pour s'asseoir, une couverture, une petite table avec quelques papiers, un encrier et un roseau pour écrire.
Comme vivres, chacun des tolba reçoit en principe un pain ou une galette par jour. Lors de certaines fêtes, le sultan fait faire des distributions de pain, de fruits, de viandes. Il est traditionnel enfin chez les riches arabes d'aider les étudiants à subsister et de leur donner fréquemment l'hospitalité...
Les belles médersas du Maroc, et cela est fort remarquable, ont été construites à peu près toutes durant la première moitié du XIVème siècle...
Le plan général des médersas est simple. Autour d'une grande cour centrale ou patio rectangu­laire sont disposés quatre corps de logis. Le côté de la cour qui indique le mieux le sud-est est réservé à la salle de prière dont le mihrab doit être orienté vers la Mecque.
Le long de la cour sont disposées des galeries qui en sont séparées par des barrières de bois tra­vaillées à jour (moucharabieh)...
Les bâtiments d'habitation comprennent également deux étages qui sont divisés en cellules desservies par de longs couloirs plafonnés. Ces cellules prennent jour tantôt sur la cour principale, tantôt sur des courettes intérieures, et, le plus rarement possible, sur la rue...
Au milieu de la cour est aménagé un grand bassin rectangulaire qui sert aux ablutions rituelles.
                                     Charles TERRASSE « Médersas Marocaines »
                                           30-32, Rue de Fleurus - PARIS - 1927

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SIDI BOU MEDINE

Choaïb-Ibn-Hussein-el-Andalousi, surnommé Abou-Médian naquit vers 1126 à Cantillana, village situé sur le Guadalquivir, à huit lieues environ au Nord de Séville en Espagne sous le règne du Sultan Almoravide Ali-Ibn Yousseî-Ibn Tachfin (le même qui fit bâtir la grande mosquée de Tlemcen).
Sidi Bou Médine professa successivement à Bagdad, Séville, à Cordoue et à Bougie ; il s'établit définitivement dans cette dernière ville où la science était en grand honneur.
Desservi par des envieux auprès du Sultan Yacoub-el-Mansour l'Almohade, il fut appelé à Tlemcen (au Maroc d'après l'Abbé Bargès) par ce prince qui voulut le voir et l'interroger lui-même. Le marabout se rendit aux ordres de Yacoub. Arrivé à Aïn-Tekbalet et, apercevant Tlemcen, il indiqua à ses compagnons le ribat d'El-Eubbad et s'écria comme inspiré : « Combien ce lieu est propice pour y dormir en paix l'éternel sommeil ! ».
Et c'est à l'Oued Isser qu'il mourut en disant : « Dieu est la vérité suprême». (1197-98) (594 hég). Transporté à El-Eubbad, il fut enterré dans un endroit où se trouvaient déjà les restes de plusieurs oualis (Amis de Dieu) de distinction.
On raconte que les fossoyeurs qui creusèrent la tombe de ce grand savant et saint homme furent dérangés dans leur travail par une nuée d'hirondelles, les frôlant de leurs ailes. Les hommes agacés à la longue, leur demandèrent la cause de leur attitude : « Nous sommes, répondirent-elles, les âmes de tous les saints descendues du ciel afin de faire cortège jusqu'aux pieds d'Allah à celle de Sidi Bou‑Médine. »
                                                                    S. RAHMANI
                                       Professeur à l'Ecole Normale de Bouzaréa (Alger)

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AU PALAIS DES ROIS DE TLEMCEN

«Le Prince fit élever des palais et des édifices destinés à servir aux plaisirs de ce monde et aux agréments de la vie.
« Il possédait un arbre d'argent sur lequel on voyait toutes sortes d'oiseaux chantants ; un faucon était perché sur la cime. Lorsque les soufflets, qui étaient fixés au pied de l'arbre, étaient mis en mou­vement, et que l'air arrivait dans l'intérieur des oiseaux, ceux-ci se mettaient à gazouiller et faisaient entendre chacun son ramage, que l'on reconnaissait bien : quand le vent arrivait au faucon, on entendait l'oiseau de proie pousser un cri et, à ce cri, les autres oiseaux interrompaient tout à coup leur doux gazouillement »...
                                                                       ET - TENESSY (1)
                                                         Histoire des Beni-Zeiyan (2) Rois de Tlemcen
                                                               (Traduction Abbé BARGES 1852)

(1)   Natif de Ténès, il vint à Tlemcen dans la seconde moitié du 15ème siècle.
(2)   de Yaghinoracen Ben-Zeiyan, fondateur de la dynastie Abd el-Wâdide.

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UNE FETE AU PALAIS DES ROIS DE TLEMCEN

La population se rassembla et les nobles se mêlèrent aux gens du peuple. On pouvait remarquer (une profusion) de coussins alignés, de tapis étendus, de candélabres pareils à des colonnes dressées sur des socles de cuivre jaune d'or. Le Khalife — qu'Allah l'assiste —, était au milieu de la réunion, assis sur le trône de son royaume, sa vue remplissait d'aise ceux qui le contemplaient, sa majesté ra­fraîchissait les coeurs, et l'esprit frémissait de plaisir devant la beauté de ce monarque. Des deux côtés du roi se trouvaient les notables de sa tribu et les principaux des diverses classes de la popula­tion de la capitale du royaume. Ces personnages étaient assis sur des sièges correspondants, à leur di­gnité et à leur rang dans la hiérarchie sociale. On eut cru contempler les fleurs d'un frais jardin. Le respect pour le roi faisait baisser les yeux et la crainte qu'il leur inspirait adoucissait les voix.
Ce spectacle était grandiose et cette foule ne faisait pas de bruit. Des pages circulaient autour des convives ; ils étaient revêtus de vêtements de soie aux couleurs variées ; ils tenaient des encensoirs et des aspersoirs, et la fumée d'ambre de ces encensoirs remplissait les narines des convives et faisait un nuage dans l'atmosphère de ce lieu, tandis que les aspersoirs répandaient sur l'assistance une pluie d'eau de rose de Nacîbîn ».
                                                                         YAHIA IBN KHALDOUN
                                     cité par BERQUE dans « Algérie Terre d'Art et d'Histoire ».
N.-B. - Il ne s'agit pas du grand historien IBN KHALDOUN ('Abd er-Rahmân) mais de son frère cadet YAHIA.

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PUISSANCE DES MARABOUTS AU XVème SIECLE

Sur le plan social ou même politique, le maraboutisme, de plus en plus comptait. Comme dans la période précédente, et peut-être encore davantage par suite de l'affaiblissement de l'autorité sultanienne contemporain de l'hégémonie mérinide, une tâche essentielle était, surtout dans le pays plat, de défendre les populations paisibles contre les excès des Bédouins. La défaillance habituelle des pouvoirs publics obligeait à recourir aux seuls personnages dont le prestige subsistant pu limiter le mal ou atténuer ses effets : les hommes de religion... c'étaient fréquemment des marabouts que presque tous craignaient pour leur puissance mystérieuse et dont la personne même avait quelque chose de sacré. Leur seule présence ou leur protection déclarée préservaient souvent du brigandage sédentaire et voyageur. Leurs interventions utiles se multipliaient en faveur des victimes futures ou déjà éprouvées, on leur attribuait par exemple la récupération de prises sur les Arabes pillards. Quelques-uns de ces derniers se convertissaient à une vie honnête et pieuse, et s'essayaient à obtenir de leurs congénères un plus grand respect du bien d'autrui. Un marabout lettré de KAIROUAN, d'origine arabe ALI BEN AYYAS AL UBAIDALI, mort au milieu du siècle, faisait rendre gorge à chaque Bédouin repenti au point de le dépouiller entièrement et il le dédommageait un peu plus tard avec les biens du premier converti suivant..
L'oeuvre de protection était complétée et facilitée par l'inviolabilité que la conscience accordait aux principales zaouïas A l'encontre même du makhzen, quelques-unes bénéficiaient, de par l'usage, du droit d'asile.
                                                                                        B. BRUNSCHVIG
                                                                                           (Ouvrage cité)

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L'HABITAT SOUS LES HAFCIDES

La classification des types d'habitation en trois catégories, tente, maison, gourbi, adoptée généra­lement de nos jours, serait assurément valable aussi pour le moyen âge, et il faudrait mentionner à part, comme aujourd'hui, et les « ghorfa - et les demeures troglodytes qui caractérisent certaines localités du sud-est : c'est bien dans des cavernes que vivaient au début du XIVème siècle les Gumrasin des confins tuniso-tripolitains...
La maison, sur plan carré, et presque toujours à un étage, répartit ses bâtiments sur les quatre côtés d'une cour intérieure pavée. Une terrasse la couvre. L'entrée, dans les demeures bourgeoises, est fermée de deux portes, donnant, l'une sur la rue, l'autre à l'intérieur, formant ainsi un vestibule que « chacun s'étudie de faire paraître plus beau et de meilleure grâce que tout le reste du logis, à cause que les citoyens, le plus communément, ont coutume d'eux poser et seoir à ces entrées et là, s'entretenir avec les amis, ou deviser avec leurs serviteurs et domestiques ».
Les murs sont fréquemment en pierre de taille, et l'ornementation intérieure a beaucoup gagné depuis que, sous l'influence andalouse, vers le XIVème siècle, l'usage s'est répandu des revêtements en carreaux de faïence, multicolore et émaillée...
Dans les maisons les plus riches et dans les palais princiers, le marbre était employé couramment ; les plafonds en bois ciselé ou les lambris de plâtre finement sculpté, ajoutaient à l'esthétique cossue, des appartements, tandis qu'un jet d'eau, jaillissant dans une vasque au centre d'une salle ou d'une cour offrait aux regards le charme de sa vue et rafraîchissait l'air agréablement les jours d'été...
Ne nous faisons pas illusion cependant. Un pareil luxe, attesté dans la capitale hafçide et dans sa banlieue, imité probablement aussi dans quelques demeures des plus grandes cités, devait être bien rare ailleurs.                          
                                                                                      B.  BRUNSCHVIG
                                                                                          (Ouvrage cité)

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A SUIVRE

ACADÉMIE FRANÇAISE
       CONCOURS DE POÉSIE DE 1856        N°2

LES RESTES DE SAINT AUGUSTIN
RAPPORTES À HIPPONE

POEME
Par ALFRED DES ESSARTS

II

Au loin, sur la mer écumante,
Quel est, ce bruit qui frappe l'air?
Est-ce le vent de la tourmente ?
Non, c'est un ouragan de fer.

Comme du haut de la montagne
Coule un torrent dévastateur,
Les Vandales sortis d'Espagne
Suivent l'ange exterminateur.

Foulant, comme l'herbe coupée,
Les pâles générations,
Ils les fauchent avec l'épée,
Ces moissonneurs des nations.

Les cités gisent abattues;
Le fer décapite les arts ;
Des faux dieux tombent les statues ;
Bientôt tomberont les Césars.

C'est l'avenir qui se prépare,
Mystère dans la mort caché
I l faut que le limon barbare
Féconde le sol desséché.

Roule donc, avalanche humaine;
Pressez-vous, bataillons épais
Prenez monde pour domaine
Il n'a pas voulu de la paix !

Du Christ la sentence sévère
N'atteindra pas Israël seul;
Partout s'étendra le linceul
Qui flotte au sommet du Calvaire!

III

" A nous, Hippone ! A nous et carnage et butin !
A nous ! " Dit le Vandale en agitant le glaive.
Hippone ! Elle n'a plus, dans le combat sans trêve,
D'autre défenseur qu'Augustin.

Les jours étaient comptés, de ces jours où la tombe,
Semble à tous les vivants comme un gouffre s'ouvrir
Où ce n'est pas un chef, un roi qui doit périr,
Mais un peuple entier qui succombe ;

Un de ces jours de deuil, un de ces sombres jours
Où l'homme avec fureur s'acharne sur sa proie,
Et, las d'exterminer, se fait un feu de joie
Avec les palais et les tours,

" Seigneur, si votre arrêt à l'ennemi nous livre,
Étendez votre bras qui frappe avec lenteur
Quand le troupeau n'est plus, à quoi bon le pasteur ?
A mes enfants dois-je survivre? "

Ainsi parle Augustin. - Son voeu fut exaucé ;
Il retrouva la paix au milieu de la guerre;
Et ce cœur paternel, qui palpitait naguère,
Par la mort seule fut glacé.

Après s'être endormi dans la douleur profonde
Vers la Cité de Dieu, par les anges porté,
Il s'élève, laissant planer sa charité
Sur la triste Cité du monde.

Vous, disciples chéris, rêvant un jour plus beau,
Confiez votre évêque aux remparts de Pavie,
Afin qu'après sa mort, comme pendant sa vie,
La croix abrite son tombeau.

Où resplendit la croix, c'est là qu'est sa demeure;
Le sommeil est plus doux près d'un peuple pieux.
Allez donc ! Augustin peut attendre son heure
Le temps n'existe plus au royaume des cieux !

A SUIVRE           


Une des origines de la Prise d’Alger
par la France en 1830
Par M. Jean François Paya

                            Retrouvé dans les Archives

En Août 2004 au gré d’un article sur l’histoire des USA et relatif à la première expédition qui atteint la Cote en 1805 on lit «  Le Chef de cette expédition LEWIS arpenta la cote pour essayer de voir s’il n’y avait pas un bateau qui les attendait comme promis par son bienfaiteur le Président JEFFERSON  Rien ! Le gouvernement n’avait pas envoyé de secours »

« IL EST VRAI QUE TOUTE LA MARINE DES ETATS UNIS ( 7 navires à l’époque) ETAIT MOBILISEE EN MEDITERRANEE OU ELLE SE BATTAIT DEJA CONTRE LES BARBARESQUES QUI PRENAIENT DES OTAGES SUR  LES BATEAUX OCCIDENTAUX »

Fin de citation ; la Marine Américaine avait même bombardé le port d Alger à une certaine époque.
Sans oublier les tours de guet encore visibles qui jalonnent toute la cote de la Méditerranée du sud.
De l’Espagne au bas de l’Italie afin de signaler les incursions terrestres des pillards barbaresques.<
Le Débarquement de Sidi Ferruch en Juin 1830 devait mettre définitivement fin à cette situation.

JF Paya



Envoyé par Mme. Gély

Pourquoi pas ?

L'Algérie est en valeur dans le numéro 7 d'Histoire d'Entreprises.

Pourquoi l'Algérie ? Pourquoi pas ! Chacun connaît la beauté de ses paysages, ses ressources naturelles, la cordialité de ses habitants et la complexité des liens que nous avons tissés depuis bientôt deux siècles avec ce pays souvent présenté comme essentiellement rural et qui a pourtant été le cadre de très belles histoires d'entreprises.

Algériens, Français [mais aussi Espagnols, Italiens, Maltais...) ont écrit en effet quelques belles pages d'une histoire entrepreneuriale, en Algérie bien sûr, mais aussi en France, après le rapatriement de ceux qui sont ainsi devenus des pieds noirs. Marqués par cette expérience douloureuse, d'ori­gines très diverses, souvent totalement démunis, certains se sont appuyés sur ce traumatisme pour trouver l'>énergie de créer de très belles aventures et de flamboyantes réussites. Jean-Jacques Jordi, notre grand témoin, nous rappelle utilement que cette population parfois méprisée a joué un rôle dans la France des années soixante en bousculant ou en renouvelant certains secteurs, comme ce fut le cas pour la boulangerie ou encore les méthodes de pêche en Méditerranée. Un effet stimulant pour l’économie du pays et la preuve que plus le contexte est compliqué, plus la créativité est vive. D'autres, Algériens à l'image de Hamoud Boualem, ont construit de fantastiques épopées industrielles et commerciales. Ils ont traversé les siècles, les aléas politiques, les périodes troublées et su résister à la concurrence féroce de géants, Coca-Cola en tête.

Tous, en tout cas, ont montré que l'esprit d'entreprise ne connaît pas de frontière. Nous non plus et c'>est pourquoi nous vous invitons à nous suivre sur le chemin de l'>Algérie d'hier et d'aujourd'hui.

La rédaction d'Histoire d'Entreprises

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Je souhaite vous faire connaître Histoire d'Entreprises, Le Magazine qui consacre son N° 7 (en kiosque depuis le 23 juillet) à l’Algérie, théâtre de belles aventures entrepreneuriales.

Ce dossier met en lumière de belles pages d’une histoire entrepreneuriale écrite il y a plus d’un siècle par des Algériens, des Français, mais aussi des Espagnols ou des Italiens :

- Confiée à des moines trappistes en 1840, le Domaine de la Trappe a été une exploitation agricole emblématique de l’Algérie française. Reprise en 1908 par la riche famille Borgeaud, elle fut nationalisée par le gouvernement algérien en 1963.

-L’histoire d’Orangina, née au cœur de la Mitidja, de la rencontre entre Léon Béton, un homme préoccupé de promouvoir les oranges d’Algérie, et le Docteur Trigo, inventeur de la «Naranjina », une boisson pétillante à base d’orange.

-L’aventure algérienne de Dollfus Mieg et Cie, manufacture textile alsacienne partie s’installer en Algérie au cours du XIX° siècle pour s’approvisionner en coton.

- Fondée en 1878 par un limonadier d’Alger, Hamoud Boualem est aujourd’hui la plus ancienne société algérienne encore en activité. C’est elle qui fabrique le célèbre «  coca cola algérien » : le Selecto.

-Paul Robert, inventeur du célèbre dictionnaire éponyme né à  Oran, fut également un véritable entrepreneur. Commencé en 1945 et achevé en 1967 entre Alger et Paris, son dictionnaire rassembla  les forces vives de collaborateurs dévoués et déterminés !

Jean Vasseur         
Directeur de la Publication

Pour en savoir plus et localiser les kiosques qui diffusent le magazine en France :
http://www.histoire-entreprises.fr/localisateur-de-kiosques/
Tout savoir sur le Magazine
http://www.histoire-entreprises.fr/

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D.M.C.
De l’Alsace à l’Algérie

Fabrique d'indiennes créée à Mulhouse en 1746, Dollfus Mieg & Cie a été l'une des plus importantes sociétés textiles au cours des XIXe et XXe siècles.

Si beaucoup d'entre nous connaissent le fil DMC, on ignore souvent le parcours de l'entreprise et notamment son implantation en Algérie, région qui fournit au cours du XIXe siècle la matière première du fil mercerisé : le coton.

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Orangina
la, petite boisson secouée

Née de la rencontre en 1935, d'un docteur espagnol et d'un négociant d'huiles essentielles installé en Algérie, Orangina a retourné ses inconvénients de naissance une forme ronde, la pulpe qui colle aux parois du verre) en arguments marketing de choc. Avec son slogan devenu fameux, « secouez, secouez-moi », la marque a gagné le pari de l'audace publicitaire.

Aujourd'hui, un milliard de petites bouteilles ventrues sont vendues dans le monde...

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Le Domaine
de la Trappe
une exploitation agricole emblématique

Communauté religieuse puis exploitation agricole laïque, le Domaine de la Trappe a été pendant 120 ans une ferme modèle particulièrement originale et l'un des phares majeurs de la science agronomique pour la recherche et ses applications.

Créée en Algérie en 1843, l'exploitation de la Trappe a été la première entreprise nationalisée par le gouvernement en 1963. Visite guidée de ce qui reste comme l'une des entreprises symbole de la réussite pied-noire.

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Le Robert
un dictionnaire né à Alger

Commencé à Alger, continué à Casablanca puis à Paris, le dictionnaire le Grand Robert paraît en 1964 à la surprise générale : depuis 1900, en effet, aucun dictionnaire de langue n'avait vu le jour. Œuvre d'un certain Paul Robert, né en 1910 en Algérie, ce nouveau dictionnaire de langue française, résolument ancré dans la modernité, devient vite un classique. À tel point qu'on oublie qu'il fallut à son créateur des années de travail acharné pour réussir ce projet titanesque.

Bâtisseur, récolteur de fonds, ambassadeur et éditeur, Paul Robert a su mener son entreprise... de A à Z.

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FABLES ET HISTORIETTES
TRADUITES DE L'ARABE
PAR A. P. PIHAN
LE MARCHAND ET LES VOLEURS.

       Un négociant, possesseur d'une grande quantité de marchandises, se rendait à une ville pour les vendre. A son arrivée, il loua un logement et s'y installa.
       Des brigands, qui demeuraient dans cette ville et qui ne reculaient devant aucun vol, l'aperçurent, et se dirigeant vers la demeure du marchand, tentèrent de s'introduire auprès de lui, mais leurs efforts furent inutiles.
       Cela les fatigua. Alors leur chef, qui était le plus fin d'entre eux, leur dit : " Je me charge pour vous d'expédier son affaire."
       Il alla donc s'affubler du costume des médecins, et plaçant dans sa manche une fiole et une boîte remplie de médicaments, il se mit à crier : " Qui est-ce qui désire un médecin ? "
       S'avançant jusqu'à la demeure du marchand, il entra chez lui et le vit à table. " Désirez-vous un médecin? " lui dit-il.
       - " Je n'ai que faire de médecin, repartit celui-ci, mais asseyez-vous et mangez un morceau, si vous voulez. " Le voleur ne se fit pas prier davantage.
       Or, le marchand était grand mangeur. " Voilà une belle occasion ! " pensa en lui-même le voleur, puis il dit au marchand : " Je suis nécessairement votre obligé, puisque nous avons goûté le sel ensemble, et je ne dois pas différer plus longtemps de vous faire connaître une recette qui m'est particulière.
       Je vois en vous un homme de grand appétit, -cela ne peut que nuire à votre estomac, et si vous ne vous ménagez pas, vous périrez bientôt. "
       - Comment se peut-il qu'une forte nourriture nuise à mon estomac? répondit le marchand. Je digère bien mes aliments, je ne vois pas que mon ventre en soit plus gros, et, grâce à Dieu, cela me profite.
       " Le voleur lui dit : " Avant que le mal ne se déclare, il faut vous purger."
       - Et qui me purgera? " - "Moi-même, assurément. "
       " Eh bien! soit, " dit le marchand.
       Alors; le faux docteur lui donna une médecine contenant beaucoup d'aloès et lui dit : "Prenez ceci et buvez-le cette nuit. "
       Le marchand reçut le breuvage et, quand vint la nuit, il l'avala. Bien qu'il sentît l'amertume de l'aloès et l'odeur désagréable de la médecine, il n'en perdit pas une seule goutte ; cela le fit aller à la selle et il se trouva soulagé.
       La nuit suivante, le voleur lui apporta une nouvelle médecine plus amère et plus détestable que la première;
       Le marchand continua d'en éprouver les effets, mais il ne montra ni moins de patience ni plus de dégoût.
       Le voleur, voyant que le marchand avait confiance en lui, qu'il acceptait et buvait ce qui lui était offert, s'en alla et rapporta un breuvage mortel qu'il lui présenta.
       Le marchand le prit et l'avala aussitôt sans répugnance et ne cessa toute la nuit d'aller à la selle, à tel point qu'il rendit complètement ses intestins.
       Le lendemain matin, c'en était fait de lui. Le voleur et ses compagnons survinrent alors et s'emparèrent de ses bagages ainsi que de tout ce qu'il possédait.


BULLETIN        N°6
DE L'ACADÉMIE D'HIPPONE

SOCIÉTÉ DE RECHERCHES SCIENTIFIQUES
ET D'ACCLIMATATION


PROMENADE ET HERBORISATIONS
          DANS L'EST DE L'ARRONDISSEMENT DE BÔNE        (2)

Par M. A. LETOURNEUX
Conseiller à la Cour impériale d'Alger, Chevalier de la Légion d'honneur,
Membre honoraire de l'Académie d'Hippone, etc.

Théâtre de Khemissa, 22 mars.

Nous profitons d'une éclaircie pour traverser le ravin des pierres et escalader un sentier de chèvres qui longe un sombre et profond chabet, au fond duquel mugit une cascade. Je ne conçois pas comment nos bêtes gravissent le talus incliné à 45°. Nous atteignons un plateau ombragé de chênes verts hérissés d'une toison de lichens et de mousses. Pendant que nos montures soufflent, nous mettons le feu à un arbre mort et nous dégelons nos membres à la chaleur du bûcher gigantesque. Le ravin est splendide, les parois coupées au rasoir laissent pendre comme des panaches, des chênes tordus par le vent; des corneilles et des vautours volent en criant, et le bruit de la cascade monte du fond de l'abîme où l'oeil ne peut pénétrer.

Nous reprenons notre marche le long du ravin, dont les lèvres se resserrent peu à peu et nous parvenons à le franchir. Le plateau élevé que nous parcourons ensuite nous conduit au Kef-el-Haks qui, de ce côté, s'élève comme un toit pour s'abaisser à pic vers le nord. La végétation du Kef-el-Haks qui fut le dernier refuge et le tombeau de l'insurrection de 1852 est la même que celle du Kef-Zouara.

Là cesse le caïdat de Si Taïeb ben Zerguin ; la je lui fais mes adieux, et sous une pluie fine qui raie l'horizon, je gagne par une gorge pleine d'orchis provincialis et d'orchis picta un vaste plateau découvert où les champs de blé ne laissent qu'un étroit passage. La route est longue sur le sol détrempé; rien à recueillir : quelques pieds de ranunculus muricalus au bord d'une flaque d'eau, quelques brins de linaria virgala dans les champs.

Le plateau s'abaisse vers une oued minuscule qui sera la Seybouse et que remplit le potamogeton; sur l'autre rive se dressent mélancoliquement les ruines de Khemissa. J'y installe ma lente au milieu du théâtre où les pariétaires poussent dans les interstices des pierres disjointes. Je parcours le plateau sans y trouver autre chose que des fûts de colonne et des pans de muraille : la pierre est la seule fleur de ce cimetière d'une ville (1).

(1) Thubursicum numidarum.

Souk-Ahras, 23 mars.

Encore une journée perdue pour la botanique. Une voie romaine, ruine de chemin, me conduit des ruines de Khemissa aux ruines de Dréa à travers des collines parcimonieusement vêtues de broussailles. La fontaine près de laquelle je déjeune et le ruisseau qui en sort sont remplis de cresson, du potamogeton déjà signalé et de chara gymnandra ; le plateau qui s'étend de là jusqu'au pied du Djebel-Dekma, n'offre au dehors des champs cultivés qu'un gazon court, semé de pierres blanches, où s'épanouissent çà et là, presque imperceptibles, les fleurs lilas de l’ixia bulbocodium.

La cime du Djebel-Dekma que j'ai visitée autrefois, appartient au terrain nummulitique et présente une végétation identique à celle des antres montagnes calcaires de la même zone.
Je n'en essayai point l'ascension et me hâtai de traverser la Medjerda et d'arriver à Souk-Ahras.

24-25 mars.

En sortant de Souk-Ahras, je retrouve l'Oued-Zerga, ce ruisseau ombragé de quercus mirbekii (Zéen) sur les bords duquel j'ai cueilli jadis en été l’hédysarum venosum, le phlomis bovei, la centaurea parviflora, les buplevrum fruticescens, semi-composilum et montanum ; où j'ai trouvé confondus en automne les odontites purpurea et asperifolia. Aujourd'hui ils n'ont plus rien à m'offrir. Une rampe creusée au flanc d'une colline de calcaire rougeâtre, plantée de chênes verts mis on coupe réglée par les fours à chaux voisins, me conduit à un plateau qui s'abaisse bientôt vers la Medjerda. Je franchis à gué celte rivière célèbre, le Bayrada de Régulus, et je monte sur des plateaux tout verts de champs de blé, interrompus par des lignes régulières de collines où le pin d'Alep s'élève au milieu des massifs de quercus ilex. Rien sur le gazon ras que des pierres blanches et les petites fleurs acaules de l’ixia. La gorge du Hamman-Tassa où le chemin se serre le long du ruisseau n'est pas plus riche. Je m'arrête un instant pour goûter l'eau de la source chargée de sulfures alcalins. Le sultan-el-behaïr pousse seul au bord de l'eau chaude. Au-delà du défilé je retrouve les plateaux avec leurs cultures sans fin, et je pense aux vers d'Horace :

Quidquid de Lybicis verrilur areis

Deux pies d'Afrique se poursuivent en sautillant sur le blé vert, mais je ne puis persuader à mon spahi de les tirer, parce qu'elles ne se mangent pas.

Nous rencontrons un ruisseau égayé de quelques touffes du senecio giganleus non encore fleuri et qui nous conduit au pied des ruines de Taoura (Aïn-Gattar, ) près desquelles s'élèvent les bastions de la smala des spahis, sentinelle vigilante de la frontière. Avant déjeuner, je descends dans une prairie largement arrosée où je cueille un carex (C); sur le plateau les sideritis romana, linaria virgata, alyssum granatense, draba verna, erodium cicutarium, constituent une maigre végétation foulée aux pieds des chevaux. Je cherche en vain dans les anfractuosités des rochers le stemebergia lutea que j'ai cueilli dans les mêmes conditions à 10 kilomètres de là, près des ruines de Tamatmat.

A une heure je me remets en marche. Les plateaux continuent, sans accidents de terrain, jusqu'à une chaîne de collines rocheuses et pittoresques, plantées de pins et traversées par un défilé qui s'ouvre sur une plaine immense où s'élèvent, sans ordre, des montagnes isolées aux formes bizarres, déchiquetées en clochetons, taillées en pyramides, découpant durement leurs âpres silhouettes sur le bleu du ciel. Entre elles circule l'Oued-MelIeg, la rivière salée, qui devant nous ferme la frontière. Ce défilé, c'est la porte du sud, Bab-el-Guebla, et les collines séparent deux zones de végétation : au sommet, croît la plante du Sahel, le diss, qui descend à mi-côte en se mêlant à l'halfa, celui-ci, à son tour, règne sans partage sur la plaine.

Ma tente est dressée au pied d'un bordj bâti pour le caïd Brahim ben Malèk, avec les débris d'un fort romain.

26 mars.

J'ai passé toute ma journée à courir sur le versant des collines,,; le caïd m'a sans cesse éloigné de la frontière : le pays n'est pas sûr. Voici la liste des plantes observées, avec ou sans fleurs. <

Cynara cardunculus;— en arabe, Khorcheff.
Othouna cheirifolia; — ras-el-auech, (la tête du serpent.)
Centaurca acaulis; — redjagnou.
Rosmarinus officinalis;— kelil.
Scilla maritima ; — ounsel.
S. heinispherica; — belbous-el-thouag.
Mathiola tricuspidata.
Sisymbrium coronopifolium.
Artemisia odoratissima; — chikh.
Genisia ramosissima ; — chaubreg.
Paronychia argentea.
Bellis sylveslris.
Mandragora microcarpa; — biodh-el-ghoul, (oeuf d'ogre.)
Carduncellus pinnalus, var acaulis.
Retama sphaerocarpa; — retem.
Iberis pectinata.
Stipa tenacissima; — el-halfa.
Nerium oleander; — defla.
Thymus; — el-khiata, (la couseuse.)
Atractylis coespitosa, en feuilles.
Cardopatium amethystinum, en feuilles.
Teucrium ina; — chendgoura.
Anacyclus pyrethrum ; — gountès.
Pegonum harmula ; — harmel.

Mon caïd, ancien héros de la frontière, bavard comme une pie et grimacier comme un singe, me nomme toutes les plantes et en célèbre les vertus.

La racine de mandragore est employée dans les maladies de poitrine : on la fait sécher et on la fume. Ce narcotique paraît du goût du caïd qui en consomme plus que sa poitrine ne semble en exiger.

La racine de centaurea acaulis donne une belle teinture jaune; les femmes la recueillent, la coupent par morceaux et la font bouillir. Les étoffes sont mordancées avec l'alun (chebb).

Le terfesia leonis n'est pas rare. Au mois de mai, les Hamama dévorent aussi le khorcheff tout cru, le réceptacle des cynara acaulis, et carduncellus serratus, les nervures de diverses carduacées. Ils mangent également le cynomorium coccineum qui croît près du Meleg et le darmous, apteranthes guyoniana qui remplit les fentes du Djebel-Echbed.

J'étais étonné de voir dans les champs de blé des branches de laurier-rose plantées en quinconces. Le caïd m'a appris qu'elles préservaient la récolte des larves et des vers.

Enfin, il m'assura que le gountès était envoyé dans l'Inde, qu'on le mêlait aux eaux des sources où venaient boire les éléphants et qu'il avait la propriété de leur faire tomber les défenses.

Un autre usage moins fantastique du gountès était autrefois celui-ci : lorsqu'un prisonnier refusait de parler et que le bâton était impuissant à lui délier la langue, on lui introduisait la tête dans une peau de mouton à moitié pleine de poivre rouge et de poudre de gountès. Ce moyen était infaillible, me disait mon caïd, et l'on a eu grand tort d'y renoncer.

Je m'étais endormi tranquillement bercé par les histoires de mon hôte. Vers minuit, une tempête s'éleva ; j'entendis un craquement et je fus enseveli dans les plis de ma lente. Je m'en dépêtrai à grand peine et courus me réfugier dans le bordj. J'y trouvai le caïd meurtri et tempêtant : sa tente n'avait pas eu meilleure chance que la mienne, l'un des poteaux s'était brisé et lui avait contusionné l'épaule.

27 mars.

Après une heure passée à ramasser tout ce que la tempête de la nuit avait dispersé, nous montons à cheval. J'insiste pour visiter les bords du Melleg. Le caïd consent après de longues hésitations. Nous parlons le fusil au poing : la plaine ondulée est desséchée, la pluie ayant manqué pendant l'hiver; à peine si quelques brins de blé jauni surgissent ça et là de la terre labourée. Même désolation le long des ghedirs (mares) où j'avais fait de si belles récoltes en 1858, à la place des stalice oegyptiaca, asteriscus aquaticus, allium cupani, alkanna lutca, secale orientale, erodium glaucophyllum, audropogon ischoemum, qui couvraient le sol lors de ma première visite, je n'aperçois qu'une terre argileuse couverte d'efflorescences salines, quelques buissons rabougris et rongés de salsola longifolia, quelques touffes naissantes de marrubium pseudo-alysson et des débris de staticés indéterminables. En vain nous descendons sur les bords d'un affluent de l'Oued-Melleg; des tamaris habités par des palombes ombragent quelques flaques d'eau; aux alentours le sol est crevassé; je ne trouve à cueillir que les pousses fleuries d'un bryonia dont les vrilles s'accrochent aux pieds sans feuilles de l'asparagus horridus.

Le caïd frotte sa barbe sur mon épaule, me fait ses adieux et me confie aux soins du cheik des Ouled-Soukras.
Nous gagnons son douar à travers une véritable lande d'halfas triste et nue, au milieu de laquelle s'élève une tour carrée en pierres rouges ; c'est un monument funéraire romain, que les indigènes appellent Ksar-el-Ahmeur. Aux fentes de la pierre croît le clypeola jonthlaspi.

Le douar du cheik est placé au milieu d'un massif de collines profondément ravinées, couvertes de pins d'Alep, de genévriers et de romarins. Pas une plante sur ces pentes glissantes! Le blé n'a pas même germé! !

28 mars.

Nous gagnons le Melleg à travers une vaste steppe d'halfa. La rivière ne roule que du sable.

Sur l'autre bord, commence une forêt immense, interminable de pins d'Alep, plate, mais déchirée ça et là de lignes perpendiculaires de rochers: à droite, à gauche, dans le lointain, des montagnes pyramidales. Nous marchons serrés, l'oeil au guet, car c'est ici le pays vide, la contrée de la peur, le domaine des maraudeurs. Une clairière marécageuse où poussent d'énormes phelipoea lutea nous annonce la fontaine où nous devons déjeuner. Au-dessus, une grande ruine prête à crouler, une vertèbre du lion romain.

A midi nous reprenons la route à travers des collines qu'escalade la forêt. Ça et là quelques pieds de gagea fibrosa. Enfin après une course pénible sous un lourd soleil nous gagnons une grande plaine où le douar du cheik des maâlim étend son cercle noir. J'y retrouve le gagea de la forêt associé à une autre espèce et de nombreuses plaques de muricaria prostrata.

29 mars.

Le cheik m'accompagne au sortir de la plaine, un coin de la forêt nous barre la route; une odeur acre et pénétrante en sort. C'est là que sont établis les faiseurs de goudron et nous ne tardons pas à apercevoir leurs appareils. Ces gens, qui appartiennent aux Ouled-Khiar, tribu tunisienne, n'emploient que le bois du juniperus phoenicea (arar.) Leur appareil (djebbia) consiste en une vaste amphore, haute de cinq à six pieds, enterrée jusqu'au col dans une bâtisse de pierres et de terre, creusée à son centre de manière à former un foyer circulaire. A la partie inférieure de l'amphore, sous le foyer, est adapté un conduit ondulé qui aboutit à un réservoir assez profond, recouvert de pierres et d'halfa et protégé par un prolongement de la bâtisse : celle partie de l'appareil se nomme la khebbia (la cachée.)

Deux personnes sont attachées à chaque fourneau, l'une qui coupe le bois, l'autre qui alimente le foyer, souvent cette dernière est une femme ou un enfant.

Deux fois par jour on remplit la bourma (marmite); tous les cinq ou six jours on vide le réservoir, dont le contenu remplit deux outres ou gueurba. Le prix du goudron varie beaucoup; il augmente au printemps lorsque les tribus du sud en enduisent leurs chameaux.

Il y a trente à quarante exploitations dans la forêt que nous avons parcourue hier.

C’est à grand peine que j'obtiens ces renseignements; les goudronniers m'ont pris pour un garde général, et je les soupçonne fort d'exercer leur industrie sans diplôme ou de ne rendre compte qu'au cheik.

En quittant ces travailleurs enfumés, je passe de la forêt dans des champs cultivés : devant moi s'étend une longue plaine nue formant couloir; à gauche les flancs rocheux du plateau du Dir; a droite, de hautes montagnes, limite des Ouled Yaya ben Thabb, — parmi le blé, des tulipa gosneriana, des narcissus tazetta, le muscari comosum et le genista des hamama, quelques pieds de psychine stylosa en fleur, de valla annua, un hyacinthus, le linaria triphylla, le papaver argemone, le calendula vulgaris et le cynoglossum cheirifolium ; en dehors des moissons la plaine est toute grise de chihh et de rétama retam; ça et là les salsolacées vulgaires du sud, réduites à un tronc mutilé par la dent des troupeaux.

Cette végétation m'accompagne jusqu'à Morsant où le caïd a plaqué une misérable cabane sur la façade d'un arc de triomphe romain.


A SUIVRE

L'ANNEE 1919
Défoulement et refoulement

Envoyé par Henri et Rachid
Pour que les tirailleurs aillent tirer ailleurs ?
Henri Lunardelli


Si tu étais en 1919, tu sais juste avant la prohibition !
Et que tu sois tombé sur cette affiche .

TRADUCTION :( Les lèvres qui toucheront à l'alcool ne toucheront jamais les nôtres ! )

Non, mais sérieusement tu aurais arrêté de boire , toi ??
ET C'EST LA RAISON POUR LAQUELLE JE CONTINUE A BIBINER DEPUIS CETTE DATE.
-RACHID-

TRIBUNAL DE COMMERCE
DE CONSTANTINE

DISCOURS

Prononcé par
M. Lucien COOPMAN

PRESIDENT DU TRIBUNAL DE COMMERCE
A l'audience de son installation du 27 octobre 1860
CONSTANTINE

MESSIEURS,

Ce n'est pas sans ressentir une vive émotion que je prends possession de ce fauteuil. Si j'ai consacré nue partie de ma jeunesse et de mon âge mur à l'étude et à l'emploi des choses administratives, si je suis entré dans les affaires commerciales pour appliquer une découverte dont l'importance, au point de vue des intérêts de la colonisation, m'a valu, je l'espère, quelques-uns de vos suffrages, je n'étais nullement préparé à l'administration de la Justice. Et certes, j'aurais renoncé à accomplir une charge aussi lourde, si je n'avais pas compté, Messieurs, sur votre bienveillant concours et l'appui de votre vieille expérience.
        Déjà j'avais vu avec peine la retraite prématurée d'un homme distingué, mieux, d'un homme de bien, tout le monde l'a nominé : M. Cauro, dont je ne saurais trop louer personnellement le zèle et le dévouement à la chose publique ; j’étais pris de découragement ; mais vos suffrages, Messieurs, nous l'ont rendu, nos regrets ont cessé, et bientôt, prenant part à nos travaux, l'accomplissement de nos devoirs sera plus facile.

Vous savez les obligations que nous imposent ces devoirs. Sans doute, l'usage des lieux, l'habitude des affaires viennent en aide an magistrat consulaire ; mais n'oublions pas que la science du droit nous servira souvent de critérium contre nos erreurs et contre les égarements de trop de raisons, et nous offrira de puissantes garanties pour le bien-juger. Délions–nous aussi quelquefois du trop bien–dire
        Quand je parle de la science du droit, je n'entends pas cette étude sèche, aride, qui fait les rhéteurs; non, nous airons une autre mission à remplir. Nous devons surtout, Messieurs, nous appliquer à la connaissance de la philosophie des lois commerciales ; nous puiserons dans ces études de précieux enseignements et nous verrons se dérouler devant nos veux, d'âge en âge Mous les progrès de la civilisation.
        C'est ainsi que le passé instruit le présent, prépare l'avenir.

Les lois, quelles qu'elles soient, ont une relation intime avec la morale et la politique; elles eu sont comme le reflet fidèle. Elles expriment les besoins, les moeurs des peuples, et elles ne peuvent être bonnes que si elles sont continuellement en rapport avec la richesse publique.
        Si elles ne portent pas en elles-mêmes les germes d'une perfectibilité infinie ; si elles ne sont pas modifiées à certaines époques suivant les progrès commerciaux et l'opinion ou conscience générale, soyez en sûr, Messieurs, elles sont mauvaises, exceptionnelles, oppressives. Citées alors dans certaines circonstances, incompatibles dans de nouvelles, si non toujours, avec l'esprit public, ces lois exceptionnelles, oppressives, ne sont que des lois de passage ou de transition de partis, sans pouvoir jamais être d'une justice générale, car ce sont presque toujours les passions ou l'intérêt personnel qui les ont engendrées.
        Aussi l'incorruptible équité, de temps à autre, manifestant les principes de sa souveraineté, renverse toutes ces exceptions et terrasse avec cette inflexibilité que donnent le droit et la raison, toutes les passions qui les ont créées.
        II n'y a de vraiment bon, de perfectible, que ce qui est de l'essence du grand, du beau, et du juste, parce que ce sentiment ou plutôt cette intuition native est dans le coeur de torts les hommes et que la source en remonte à Dieu.
        Aussi, le magistrat, s'inspirant de ces éternels principes, eu s'asseyant à cette table de justice plein de sérénité et de calme, se sent dégagé de toutes les petites passions, de tous les petits intérêts ; il n'a plus pour guide que le sentiment du devoir.

Revenons maintenant, Messieurs, à l'économie des lois : ce sont surtout les lois commerciales qui doivent tenir compte des besoins des peuples.
        Le commerce a eu et a l'heureux privilège d'adoucir les moeurs.
        En établissant des rapports entre les hommes et les nations, il les a rendus plus sociables ; et ce n'est pas une des choses les moins curieuses de l'étude philosophique des lois, que de voir l'influence successive que le commerce a exercée sur les nations.
        Disons-le de suite : toutes les nations qui n'ont pas eu de commerce, où le commerce n'était pas en honneur, « sont tombées ; toutes les nations qui ont eu le commerce sans la liberté,» ont croulé.
        A la formation des sociétés, alors que les échanges étaient nuls, un état perpétuel de guerre existait entre les hommes: c'était la barbarie, l'esclavage. Les lois étaient peu nombreuses, mais elles étaient d'une sévérité excessive, afin de préserver toute propriété contre la rapine et le brigandage de chacun.
        La notion du juste n'était pas respectée: il fallait se garantir contre les raisons du plus fort.
        Le commerce, en régularisant les échanges, donna naissance aux transactions et au respect de la foi jurée. Il fit considérer le plus faible à l'égal du plus fort. La force fit place à l'intelligence.
        L'industrie, les sciences, les arts, grandirent peu à peu.
         - Le commerce apportait ainsi au monde la civilisation.

Mais pour obtenir le respect de la foi jurée, l'équité dans les conventions, la tenue des engagements, à défaut de ces vertus morales qui étouffent l'égoïsme et mettent un frein à un aveugle et injuste intérêt personnel, il fallait, à cette époque, exercer une répression terrible contre tous les délinquants.
        - Moins les nations sont commerçantes, plus les lois sont sévères. - Aussi les lois anciennes édictaient-elles des peines tellement révoltantes, que nous ne pourrions le croire si nous n'avions pas le témoignage de l'histoire.
        Faut-il bien, du reste, s'étonner de ces égarements dans le mal et la répression, lorsque, dans une société aussi civilisée que la nôtre, nous ne pouvons pas encore parfaitement comprendre, même au point de vue économique, que l’intérêt le mieux entendu est celui qui consiste à faire « le juste, le bien!

La société grecque et la société romaine, malgré leur civilisation avancée, ne furent pas non plus étrangères à ces sévérités. Les lois de Rome et d'Athènes donnèrent le droit de vendre les débiteurs qui ne pouvaient payer. Des pères, méconnaissant les lois les plus sacrées de la nature, traqués, éperdus, devenus fous de misères et d'angoisses, pour satisfaire l'insatiabilité des créanciers intraitables, allaient jusqu'à vendre leur enfant, s cette consolation dans le présent, cette espérance de l'avenir.
        Ces créanciers n'étaient pas des négociants, non Messieurs, c'était des vendeurs d'argent, les propagateurs du prêt sur gage, c'était les sangsues de la plèbe.
        La famille courbait la tète devant ce principe nouveau : la propriété.
        La liberté non plus, ce droit divin de l'homme, n'était plus respectée, et le créancier pouvait chez lui séquestrer son débiteur et lui infliger de mauvais traitements. Ces gages ne suffisaient pas encore : la loi punissait de mort le débiteur de mauvaise foi, et le créancier avait le droit de faire l'office de bourreau, de mettre en pièces ce débiteur. Et ces flétrissures et le déshonneur poursuivaient l'insolvable jusque dans sa descendance. Les enfants étaient exclus des charges de la République.
        Tant d'excès et de crimes excitèrent enfin une telle indignation à Rome, que le peuple se retira à différentes reprises sur le Mont-Sacré, et que des révoltes troublèrent la république jusqu'à l'abrogation, an moins tacite si non légale, de ces lois draconiennes. Certes, par de pareils supplices, on méconnaissait les Véritables intérêts du travail.
        Mais hâtons nous de le dire, ces nations étaient basées sur l'esclavage ; elles étaient agricoles, guerrières, elles n'étaient nullement commerçantes ; et nous verrons que le commerce a fondé la liberté des peuples.

Dans quelques pays de l'Europe, il n'y a pas longtemps, et je n'affirmerais pas ce que cela n'existât point encore, les étrangers naturalisés, les enfants des débiteurs insolvables qui n'acquittaient pas les dettes de leur père, ne pouvaient prétendre à l'exercice d'aucune judicature consulaire.

C'était le principe de la solidarité, dans la famille, mis en pratique.
        Maintenant nos lois sont plus douces, elles se ressentent de nos moeurs. Il n'est plus question de la peine de mort... Grand Dieu ! Et si la privation de la liberté est encore un des droits que peut exercer le créancier coutre le débiteur, l'exercice de la contrainte par corps a été sensiblement adouci ; et une loi qui remonte à quelques années seulement, rapportée depuis, il est vrai, n'avait-elle pas aboli ce dernier vestige du paganisme!
        Les étrangers naturalisés peuvent aujourd'hui, en France, remplir toutes les fonctions de la magistrature, et ce n'est pas un de nos moindres bonheurs de le dire, puisque le magistrat qui vient de nous installer est un nouveau venu dans ce pays de France un Israélite naturalisé. Les enfants d'un débiteur déclaré insolvable ne sont plus déchus des droits attachés à la qualité de citoyens, et pour le débiteur, pour sa famille, la loi vient maintenant an devant de ses désirs, il v a des moyens de réhabilitation : couronne d'honnêteté offerte à la vieillesse ou à sa descendance, noble consécration du droit de propriété.
        De cette antiquité qui vient de faire l'objet de nos observations, i1 ne nous reste pas, Messieurs, de monument de l'organisation de sa magistrature consulaire, et presque rien des choses du commerce, et c'est là une preuve certaine du peu d'influence qu'exerçait le commerce dans les anciennes sociétés.
        Les Babyloniens, les Egyptiens, les Phéniciens, les Carthaginois, ne nous ont laissé aucun document à cet égard, et les Grecs n'ont guère été plus explicites. Ceci ne peut nous surprendre.

Le commerce n'était pas un des besoins de l'humanité à ces époques où la force régnait pour ainsi dire sans conteste, où les licences amoureuses et les nécessités du luxe pouvaient à peine temporiser les effets de cet orgueil de la force, où les richesses le bien-être, s'acquéraient par le pillage.
        La raison de toutes ces choses est dans l'état social même de ces peuples ; il y avait un maître et des esclaves : « le maître se battait, l'esclave travaillait.»
        - Le travail était le signe de la dégradation humaine.
        Pour que le travail devint en honneur, il fallait l'apparition du Christianisme, de cette loi nouvelle, source de tout progrès, quia prononcé l'affranchissement de la femme, du faible, de l'opprimé' la liberté pour tous, qui ordonne l'oubli des injures, et qui a proclamé le travail « la rédemption de l'humanité. »
        N'avons nous pas entendu, l'autre jour, dans nos murs, un ministre de l'Empereur, animé d'un ardent amour des intérêts de l'Algérie, il en a donné des preuves éclatantes, d'une famille ancienne, doublement patricienne par son illustration féodale et par les services rendus à la patrie depuis 89, venir dire qu'il était aussi un travailleur, un pionnier de la civilisation !
        Etrange loi du progrès! : Autrefois l'usage du commerce entraînait la déchéance de la noblesse, et le travailleur, qu'était-il? Un esclave ou un histrion!
        C'est qu'alors la liberté n'était qu'en germe, et le commerce ; source de tant de richesses, consécration et diffusion du travail a besoin de liberté; disons-le, il force les portes de l'oppression ou il invente les moyens de s'y soustraire, ainsi « notamment par la découverte de la lettre de change.

Mais le commerce n'a pas besoin seulement pour se développer de liberté; il lui faut la paix, la sécurité.
        Et, à notre époque, où les richesses particulières, transformées par le principe d'association, acquièrent la puissance de richesses publiques, où les voies rapides de communication ont rendu continuels, incessants, les rapports entre les peuples, on tous les intérêts matériels tendent à se fondre, l'antagonisme doit disparaître, les barrières doivent s'abaisser entre les peuples, le libre-échange, complètement proclamé, doit être la loi des rapports entre les nations; le commerce, la loi des besoins entre elles. - La sécurité, la paix, seront assurées.
        Ainsi se réalisera ce magnifique programme dû à l'initiative de l'Empereur, et dont Sa Majesté a déjà assuré l'exécution avec l'Angleterre.
        Mais l'industrie ne donne pas seulement la richesse, principe nouveau émanant du travail, et c'est ainsi seulement que je l'entends, Messieurs, principe autour duquel gravitent maintenant tous les peuples.
        Elle établit la mutualité entre les nations.
        Ne l'oublions pas non plus, elle a beaucoup contribué, parle respect imprimé à toute ouvre sérieuse, par cet amour du travail qu'a fait naître le commerce, à étendre nos plus précieuses jouissances : celles de l'esprit.
        La science, les arts, la littérature, ne sont pas non plus, à notre époque, des étrangères pour elle.
        L'influence qu’a exercée sur la constitution moderne de la propriété l'industrie, en répandant le bien-être, en aidant à l'affranchissement complet de l'individu, a aussi contribué à donner plus d'expansion aux douces joies de la famille, sans lesquelles l'homme se demande « où est sou but ».
        Et croyez-le, Messieurs, le commerce donnera au monde entier la liberté, « cette liberté sage, modérée, qui assure le bien-être de chacun et de tous, cette liberté basée sur la réciprocité, qui pacifie les esprits, qui règle le progrès. »

La guerre, comme le disait il y a quelques jours une parole auguste, est envoyée quelquefois aux peuples à titre de rédemption et comme une épreuve salutaire.
        Témoignage éclatant des lois de l'humanité ! La guerre, en ce moment, est comme le dernier cri de l'oppression, c'est aussi le moyen héroïque de constituer les nationalités, et ces nationalités constituées, qui exprimeront chacune des besoins différents, résultant des meurs, de la nature du sol, du climat, fonderont à jamais la loi du libre-échange : la réciprocité. — Et cette réciprocité ouvre au monde entier un grand essor.
        L'agriculture, l'industrie, le commerce, prendront alors une face toute nouvelle. On ne forcera plus la nature, en haine de son voisin; on ne cherchera plus à se passer des autres peuples, on n'inventera plus de ces droits pour protéger un travail soi-disant national, - et qui ne protègent que quelques-uns.
        - Chaque peuple apportera son contingent aux besoins de l'humanité !

C'est alors que le problème de ta vie a ben marché, sera résolu; c'est alors que régneront réellement la justice, l'équité, la liberté.
        Et, en présence de tant de faits éclatants, cessons de nous croire parfois les enfants dégénérés de nos pères. Dans cette voie sacrée de l'humanité, chaque jour est un progrès, chaque étape une victoire potina liberté.
        Bénissons donc, Messieurs, ces grands esprits qui dominent le monde et le conduisent à cette réalisation; cessons de calomnier une époque et un gouvernement qui seront dans l'histoire des siècles, la grande époque ! »
        - Regardons l'Europe, pensons à l'Empereur.
        C'est ainsi, Messieurs, que je désirais montrer l'équité, la liberté comme bases essentielles du commerce et de l'industrie, et l'industrie et le commerce assis sur leurs bases

Je voulais aussi passer en revue avec vous les édits de 1563 et 1565, premiers fondements de la justice consulaire, dus au chancelier de l'Hôpital, éminent esprit que l'on pourrait appeler ici, le père du juste, et rendre hommage ensemble aux ordonnances de 1673 et de .1681 qui servent encore de règle au commerce et à marine. Ces ordonnances, Messieurs, vous le savez, sont l'oeuvre de Colbert, le fils d'un drapier, le plus grand ministre du grand siècle de Louis XIV.
        - Savary, un simple négociant, en a rédigé les articles et le roi, celui qui avait pris pour emblème un soleil avec cette devise : Nec pluri bus imper, afin de sanctionner toutes les mesures prises par sou Ministre, et pour donner une grande impulsion au commerce et à l'industrie, présidait tous les quinze jours le conseil du commerce et conférait la noblesse, chose bien grave à cette époque, à tous les négociants qui répondaient à son initiative en créant de grandes entreprises. Seulement, sous Louis XIV, commercer n'eu était pas moins un privilège; les corps de métiers, les jurandes, les maîtrises imposaient des limites au travail, et il fallut la révolution de 89 pour abolir les monopoles et décréter la liberté et le droit que chacun avait d'exer­cer une profession, un métier. - Née du suffrage des négociants l'institution de la magistrature consulaire, à cette époque, de tourmente et de rénovation, fut seule conservée, le nom seul fut échangé, l'Assemblée Nationale institua les tribunaux de commerce.
        L'Empereur Napoléon 1er, toujours aussi préoccupé des besoins de la France, au milieu mime des plus grandes victoires, nomma une commission pour la codification des lois commerciales, et il appela à l'honneur d'en faire partie plusieurs membres du Tribunal de Commerce de la Seine. Et pour donner mn témoignage de tout l'intérêt qu'il portait aux affaires du commerce, il assista, plusieurs fois aux délibérations du Conseil d'État sur le projet du nouveau code

Nous devons aussi, Messieurs, à l'Empereur d'avoir été institués comme ayant le caractère de véritables magistrats. C'était là consacrer l'indépendance de la magistrature consulaire, indépendance qu'elle tenait déjà du suffrage des notables.
        Mais vos moments sont précieux, Messieurs, et je n'abuserai pas longtemps de votre indulgence; nous reprendrons, dans une autre conférence, je l'espère, l'examen des grandes questions sociales que le commerce et l'industrie, en ouvrant une ère nouvelle de prospérité à notre pans, ont fait surgir depuis trente ans.
        Je ne voudrais pas cependant terminer sans dire un mot sur nos besoins, sur la colonisation; veuillez m'accorder ce loisir.
        Retenu loin d'ici par des circonstances tout à l'ait exceptionnelles, n'ayant pas pu prendre part tout d'abord à vos travaux, je tenais à répondre à l'honneur que vous m'avez fait en m'appelant à cette présidence.
        En agissant ainsi, c'est que je pense que nul n'a le droit de se, soustraire à l'accomplissement d'un devoir, surtout lorsqu'il est l'élu du suffrage de ses concitoyens, quelque restreint que soit ce suffrage, et ce droit du suffrage, prenons garde de le méconnaître dans un pays qui est privé des institutions de la mère-patrie !
        Pour moi, Messieurs, je n'ai qu'un regret: c'est que les notables inscrits ne soient pas en plus grand nombre; c'est là une lacune dans l'organisation de la magistrature consulaire. En effet, sous l'empire du suffrage universel, on a de la peine à comprendre ces distinctions établies entre les patentés. Il y aurait peut-être à cet égard un voeu à formuler. Mais revenons aux choses générales de l'Algérie.

Sachons-le, Messieurs, rien de grand, rien de durable, ne se fonde par l'impatience, toute chose est l’oeuvre du travail; et, comme l'a dit un grand penseur, le monde appartient « aux flegmatiques intelligents »
        Nous oublions trop que les Romains, ce peuple de géants, a mis plusieurs siècles à conquérir, a civiliser ce pays, et quand nous examinons les progrès faits depuis plusieurs années, quand nous nous reportons à ce qui existait il y a quinze ans dans cette province seulement, nous devons avoir confiance et croire en l'avenir. Constantine, Bône, ont pris une très grande importance; Philippeville, Setif, Batna, Souk-Ahras, La Calle, Bougie, djidjeli, cette ville sortie deux fois de ses ruines, Biskra, Bou Saada, Ain Beïda, Tebessa, préfectures sous-préfectures, commissariats civils, postes militaires, et plus de 30 villages ont été créés et témoignent des progrès de la colonisation.
        Il n’y a pas un des points de cette province, la dernière conquise, qui n'ait été exploré. Les sables meules du désert ont été fertilisés. Pas une tribu qui ne soit soumise. Bien ne peut échapper à la vigilance de l'autorité. Les Arabes accourent en foule apporter sur nos marchés leurs produits agricoles.
        L'impôt indigène, qui n'était pour l'Algérie que de six millions, il y a quelques années, s'élève maintenant à 18 millions.
        Nous devons au courage de l'armée une sécurité dont la grandeur et la puissance de la France assurent la perpétuité.
        N'est-ce pas déjà une grande oeuvre accomplie !

Ah! Prenons garde, Messieurs, que notre ardent désir de changement ne nous rende ingrats.
        Nous l'avouerons franchement, nous ne comprenons rien à ce dualisme qu'on surexcite, à cet esprit d'antagonisme qu'on veut réveiller et qui nous ramènerait à un autre fige. Quelles sont donc les passions qui s'agitent? L'Algérie a-t- elle rien à faire avec vos prétendues luttes! Est-elle vraiment bien en cause? Y a-t-il ici une délégation bien empiète de la souveraineté!

La souveraineté est-elle à Alger, à Constantine, à Oran? Pourquoi ces inquiétudes, ces agitations? Les Barbares sont-ils à nos portes? Que le calme revienne dans les esprits. Rassurons-nous.
        Non, Messieurs la souveraineté n'est ici l'apanage d'aucun… La souveraineté est à Paris. Cette délégation de la volonté nationale siége aux Tuileries et de là, quand Elle élève la voix, l'Europe frémissante, attentive…. écoute.
        Nous pouvons bien avoir confiance, n'est-ce pas?
        L'Empereur ne vient-il pas de donner la plus grande preuve de sa haute sollicitude pour les intérêts algériens, en venant visiter la colonie.
        — Nous le savons tous, l'Orient est cher aux Napoléon.
        Il y a quinze jours, nous recevions l'assurance de nos destinées d'un grand Ministre qui a continué avec persévérance l'oeuvre civilisatrice entreprise par ses devanciers au gouvernement de l'Algérie, et qui n'a pas cessé de travailler avec ardeur à l'accomplissement de cette rénovation dont Sa Majesté a jeté les premières bases en instituant un ministère spécial, à la tète duquel il a placé tout d'abord le Prince Napoléon. Ne nous laissons donc pas entraîner à des découragements inutiles.
        Tenez, Messieurs, eu assistant l'année dernière à Paris à la rentrée de ces colonnes françaises, bronzées par la victoire, en songeant que six semaines, à peine six semaines, n'est-ce pas, avaient suffi pour l'affranchissement d'un peuple, je ne pouvais m'empêcher de penser aux immenses approvisionnements qu'il avait fallu faire, à la rapidité des transports, à tous les moyens d'action employés pour frapper des coups décisifs.
        A peine l'aigle avait-il eu le temps de prendre son vol, la Renommée disait ses succès.

L'éclair avait-il seulement sillonné la rue, éclairé le ciel d'uni rayon lumineux, le tonnerre avait-il grondé ? On semblait enten­dre encore les mille bruits de la bataille et l'écho lointain et déchirant des cris des blessés, et cependant c'était bien le retour triomphal. Les voilà bien ces pantalons rouges, noblement troués, auguste livrée de la France et de la liberté !
        Alors, en songeant à Alexandre, à César, je nie demandais si l'antiquité aurait pu opérer de pareils miracles, et volontairement ma pensée, oublieuse un montent du génie, se reportait à la science, cette doyenne de tous progrès, au commerce, à l'industrie, qui avaient aussi contribué à ces succès éclatants. Et je voyais surgir à côté de cette armée puissante, « personnification de la sécurité par la force « la science, le commerce, l'industrie, » personnification de la liberté par le travail.
        Et, en voyant une guerre si courte, si brillante, si étonnante dans ses résultats, je me disais que les temps étaient venus où la tranquillité était essentiellement liée à la prospérité des peuples, et, m'apparaissait cette union si féconde de la sécurité dans la liberté et de la liberté dans la sécurité. Cette union, Messieurs, est ici surtout nécessaire.
        Je ne sais pas bien ce qu'on entend par gouvernement militaire ou par gouvernement civil. Ayons des institutions civiles ; elles salit nécessaires à la mise en oeuvre et au développement des richesses du pays; mais ayons un gouvernement fort, très fort. Un gouvernement fort n'exclut pas les institutions civiles, et il n'y a que lui qui peut faire respecter ici le droit de tous, de chacun, de l'Arabe comme de l'Européen. Lui seul peut donner la liberté sans laquelle toutes les colonies échappent à leurs métropoles, sans laquelle elles ne peuvent être fondées.
        Emettre de pareils principes, Messieurs, c'est vous dire que je ne suis pas partisan de l'assimilation telle qu'on veut la définir.

Il me semble qu'en un pays nouveau, il faut des institutions nouvelles. Il faut tenir compte des moeurs, des besoins si différents qui tiennent au climat, qui tiennent aux races diverses qui occupent le sol. Ce n'est pas avec les institutions proprement dites de l'Europe qu'on pourra féconder cette terre si riche, où tout est à créer, et donner une grande importance à l'agriculture et à l'industrie. Il faut un mouvement, une action que les anciens rouages administratifs ne peuvent imprimer.
        Notons seulement cet exemple : les lois anciennes qui nous régissent sont toutes faites plus spécialement en vue de la conservation de la propriété ; ici, elles devraient être faites plus spécialement en vue de faciliter la transmission de cette propriété, et cette facilité ne peut avoir lieu qu'à la condition qu'une liberté complète présidera à toutes les transactions. Il nous faut aussi une nouvelle constitution des impôts, l'application vraie du principe équitable de la répartition proportionnelle.
        Il nous faut aussi l'entrée en franchise, dans tous les ports de la métropole au moins, de tous les produits, sans exception, naturels et manufacturés.

Ce sont là des études nouvelles, des études sérieuses à entreprendre ; ce serait là la simplification de nos lois, de notre système administratif.
        Commençons d'abord par constituer la propriété immobilière, et comme le disait dernièrement un publiciste de mes amis, dont j'honore et j'estime le talent. Permettez-moi de le citer : « L'État est comme une société commerciale, il a besoin de connaître son doit et son avoir. Or, jusqu'à présent, l'État, qui a succédé à la domination turque, est loin d'avoir opéré le recensement des biens qui lui reviennent, et chaque jour il est dépouillé, en quelque sorte, par les envahissements des tribus. Pour s'en rendre compte, il ne faut pas oublier que la constitution qui régissait les Arabes était une constitution féodale, et que la propriété indigène peut se subdiviser ainsi : propriétés appartenant à l'État, propriétés attachées aux fonctions, propriétés des tribus, propriétés individuelles.
        Ce bilan établi, il serait facile de faire la part des propriétés appartenant aux tribus et de répartir ensuite ces biens entre les Arabes, de manière à constituer la propriété individuelle entre les mains des travailleurs indigènes, et à opérer la rédemption de ces infortunés. Ainsi, on romprait ce dangereux » faisceau qu'on appelle la tribu et qui est un obstacle au progrès » de la civilisation, et tous les biens provenant du domaine des Deys et de l'Odjack, tous ceux affectés autrefois aux fonctions » publiques reviendraient à l'État. Ce serait là le lot, et ce serait le meilleur, destiné à la colonisation, aux institutions et aux dotations que le Gouvernement voudrait établir en Algérie. La propriété ainsi constituée servirait de base et de moyens de crédit à toutes les institutions nouvelles ainsi qu'aux particuliers. »

Mais M. Léon Plée n'a pas tout dit, ce ne serait par là la rédemption complète de ces infortunés, Ou se trompe, nous le pensons du moins, la constitution de la propriété individuelle chez les Arabes, faite en vue de leur assimilation avec nos lois, nos moeurs, nos habitudes, nos usages, ne produira pas les effets qu'on attend de cette mesure.
        L'application de cette mesure est nécessaire cependant, mais l'assimilation, la fusion n'auront pas tout à fait lieu. Trop de préjugés séparent ces populations de nous.
        Le Kabile seul, l'homme de la montagne, l'industriel, nature philosophique et un peu voltairienne, pourra s'assimiler à nous, si nous respectons ses coutumes. Il est industrieux; - et l'industrie réunit les hommes.

Mais l'Arabe, l'Arabe de la plaine, qui a conservé la tradition de la vie biblique, le pasteur, l'agriculteur, ne s'assimilera jamais; - L'agriculture isole les hommes.
        Disons–le, d'une nature contemplative, l'Arabe n'aime pas le travail, c'est l'enfant de l'air, il porte en lui le stigmate de l'or­gueil, de l'orgueil si rebelle à tout progrès.

Il y a encore un objectif à la civilisation auquel on n'a pas assez pensé, c'est la constitution de la famille. L'Arabe est chez-lui le souverain maître, il commande, chacun obéit, et la femme toujours isolée, jamais en contact avec notre civilisation, élève l'enfant, cette espérance de l'avenir dans la haine de l'Européen. On lui donnera un titre de propriété, il continuera à vivre sous la tente ; à côté, il laissera tomber en ruines la maison qu'on aura construite pour son usage. Il étouffe dans nos maisons. Qu'on ne s'y trompe pas, l'Arabe campe toujours. Cette tente qui l'abrite, est le signe et l'instrument d'un perpétuel voyage.
        Si l'Arabe se sent envahir par la civilisation, il vendra les propriétés qu'on lui aura données, et nous connaissons ceux qui les lui achèteront, il montera à cheval, la famille suivra et il ira, contemplateur des magnificences de la nature et des vastes horizons jouir de sa liberté par delà les déserts.
        Serait–ce un mal? Non... Une race plus forte et plus industrieuse, viendra. Elle mettra en rapport toutes les richesses du pays et la propriété sera jetée dans le commerce, dans la circulation, et la colonisation européenne sera complète,
        Veut–on éviter l'émigration probable de cette race ? Qu'on élève les enfants selon les institutions françaises; mais il y aurait violation de la liberté individuelle. Du reste, ne soyons pas absolu ; de grands progrès ont été accomplis, des hommes de bonne volonté, de génie, sont à l'oeuvre. Attendons, pour nous prononcer définitivement, l'heureux effet qu'on espère du nouveau décret sur la Justice musulmane, et ayons confiance dans un Ministre qui tient à honneur de mener à bonne fin cette vaste entreprise.

Elle ne saurait tenter une âme plus dévouée, plus sûre d'elle même dans la voie du bien.
        Heureux les pays, Messieurs, qui savent inspirer de telles sympathies et de tels dévouements !
        Les chemins de fer qui n'étaient encore qu'une « espérance due à l'initiative de M. le maréchal Randon qu'il faut aussi citer lorsqu'il s'agit de grandes choses de l'Algérie viennent enfin d'être votés par les chambres, grâce à l'énergique persévérance de M. Chasseloup-Laubat. - Bientôt ils seront en cours d'exécution.
        Mais ce ne sont pas là les seuls témoignages que la colonie vient de recevoir de l'administration nouvelle ; vous le savez, les sommes affectées à tous ces travaux, à tous les travaux extraordinaires, s'élèvent environ à cent millions. Ces chiffres, Messieurs, ont leur éloquence ; ils affirment la sécurité et la li­berté de la colonie.
        Cessons donc de craindre, en présence de manifestations si éclatantes de l'Empereur.

Recueillons-nous, Messieurs, pour remercier le ciel de nous avoir fait vivre à une si grande époque de transformation sociale, où le bonheur de chacun éveille l'attention de tous, où des Gouvernements issus du suffrage universel, fidèles à leur origine, se mettent à la tête des idées générales et de progrès.
        Pensons aux grandes choses accomplies depuis 12 ans.
        Rappelons-nous bien, Messieurs, et gardons dans nos murs un sentiment profond de reconnaissance, qu'il y a un mois l'Empereur était à Alger, s'inquiétant des besoins de la colonie.

Sa Majesté a voulu juger par Elle-même, et, en abordant sur cette terre d'Afrique qui depuis huit siècles n'avait vu un souverain, ses premières paroles ont été des paroles «de justice,de consolation et d'espérance. »
        Près de l'Empereur, pourrions-nous l'oublier, à ses côtés, était un ange de bonté, de douceur, la providence des affligés. Il nous semblait, Messieurs, voir comme une apparition céleste, et se dresser devant nous le génie de la force et de la puissance uni au génie de la grâce et de la beauté.
        C'était les Protecteurs de l'Algérie.

MESSIEURS LES AVOCATS,
        Nous savons l'esprit de conciliation qui préside à vos travaux, animés du désir de faciliter la prompte et bonne administration de la justice, vous nous apportez un précieux concours, et nous serons heureux de vous en témoigner ici, au nom des justiciables, notre gratitude.

MONSIEUR LE GREFFIER,
        Depuis longtemps, comme fonctionnaire, nous avions pu apprécier votre zèle, nous savons que votre ponctualité ne nous fera pas défaut pour assurer la prompte exécution des jugements que rendra le Tribunal.


Le Château des Julhans
par Martinez
    

Quand l’attrait de l’argent (sur les plus faibles) est plus fort
que la défense des vraies causes, c’est ainsi
que les PiEDS-NOIRS seront toujours discrédités.

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 « On doit payer 185 euros en liquide tous les mois »
01-09-2009 - Sur le Journal La Marseillaise

Ils sont dans la précarité, en recherche d’un logement stable. Ils ont atterri au Château des Julhans dans l’urgence. Aujourd’hui, la situation n’est « plus tenable ».  De son côté l’Etat algérien attend « le respect d’une décision de justice qui est en notre faveur ».

Gilles et Mireille (1) vivent dans la propriété du Domaine des Julhans depuis trois ans, dans une caravane qui leur appartient.

    Tout est parti d’une situation de grande précarité : « on cherchait un logement, on a vu cette propriété » se souvient ce père de deux enfants en bas âge, « on a demandé et on nous a dit qu’on pouvait s’installer ». Les conditions sont tout de suite définies : « 185 euros par mois à payer en liquide pour occuper un terrain de la propriété du côté de la chapelle ».
   Jusqu’à une trentaine de personnes aurait logé dans ce lieu. A 185 euros mensuels, le compte est vite fait…

Photo DR    Au départ, la caravane de sept mètres sur trois était installée dans le jardin du château. « On nous a délogé car on gênait quand il y avait des fêtes de centaines de personnes… ». Banquets, gueuletons et fêtes sont en effet fréquents.

    A une quinzaine de mètres de là, Marc séjourne dans une caravane encore plus vétuste. Plusieurs accidents de la vie l’ont conduit aux Julhans. « J’étais d’abord dans la chapelle mais un jour, après de fortes pluies, le toit m’est tombé dessus ». Par « toit », il veut dire «des poutres et des agglos qui avaient été mis sur le toit pour soi-disant nous protéger ». A une époque, plusieurs ménages y vivaient. Toujours pour 185 euros par mois. Toujours en liquide. « Ils sont tous partis ».

Ces conditions d’arrivée laissent pantois. « Après mon divorce, j’ai consulté un assistant social qui m’a indiqué qu’à cette adresse il y avait des gens qui louaient des appart’ »Autre élément surprenant : Marc est sous curatelle et c’est un organisme social qui paie tous les mois son loyer à ses pseudo propriétaires.

    Simon a aussi vécu dans la chapelle.
« Je m’étais aménagé mon box mais un jour le toit s’est effondré. Le bâtiment a été mis en péril et tout le monde est parti ». L’homme vit aujourd’hui avec son épouse à Aubagne, chez sa belle-famille. « Personne ne s’est occupé de nous après notre sortie des lieux » dénonce-t-il, « on dirait que maintenant qu’on est parti, on ne les intéresse plus, plus personne ne s’occupe de nous ».
    A l’époque de leur arrivée, ils n’étaient pas au courant de l’histoire. « Nous ne savions pas que les lieux appartenaient à l’Algérie et qu’ils étaient occupés illégalement par ceux qui encaissaient des loyers ».
    Trois ans dans la précarité font « qu’aujourd’hui, c’est encore plus difficile qu’avant car si on part, on ne sait pas où aller ». Comme coupables d’avoir habité dans un endroit laissé sans droit ni loi.

Un arrêté municipal pour « péril imminent » en décembre 2008

    Justement, suite à l’effondrement d’une partie de la chapelle, la commune de Roquefort-la-Bédoule a publié un arrêté municipal « de péril imminent »
(2).
    S’appuyant sur un rapport d’expert du 17 décembre 2008 par ordonnance du Tribunal d’instance de La Ciotat, sur demande du maire, l’arrêté considère « qu’il y a urgence à ce que des mesures provisoires soient prises en vue de garantir la sécurité publique, laquelle est gravement menacée par l’état de l’immeuble ». De plus, « il est insalubre, les règles élémentaires de sécurité ne sont pas respectées » (en matière de solidité des structures, séparation entre la cage d’escalier et appartements, absence de garde-corps au dernier niveau, installation électrique), « un étai renforce la cage d’escalier, une partie de la toiture est béante et permet aux eaux de pluie de s’infiltrer largement » et « les faux plafonds en plâtre sont fortement imbibés d’eau, un effondrement ne peut être totalement écarté ».<

    En quatre articles, l’arrêté demande au Consul d’Algérie à Marseille « dans un délai d’un mois, (de) prendre toutes mesures provisoires pour garantir la sécurité publique en interdisant l’accès à l’immeuble en procédant à la mise en place devant la façade d’une barrière pour en éloigner les personnes afin d’éviter les dangers d’une chute de tuiles. L’immeuble ne pourra être habité avant une réhabilitation complète et sous réserve du raccordement aux réseaux d’eau potable et d’électricité ».

   L’article 4 indique que « la gendarmerie de Carnoux-en-Provence, le maire, les agents assermentés de la commune (Roquefort-la-Bédoule, ndr) sont chacun, en ce qui les concerne, chargés de l’application du présent arrêté ». Le bâtiment a bel et bien été muré par le Consulat d’Algérie. Et ce alors qu’il est persona non grata sur les lieux depuis plus de 20 ans…


Consulat d’Algérie : « Des activités illégales se déroulent sur ces lieux qui nous appartiennent »


    Le Consulat d’Algérie a réalisé les travaux « pour assurer la sécurité, bien que nous en avons été chassés ».

    «Pour nous, l'affaire est très simple » indique le Consul d'Algérie. « Une décision de justice a été rendue en notre faveur et nous attendons qu'elle soit exécutée. Ces personnes doivent partir car elles ne sont pas chez elles dans ces lieux qui mériteraient d’être restaurés pour y accueillir des activités pour la collectivité ».
    Ce bâtiment appartient à la CNASAT, la Sécurité sociale algérienne. Un avocat est désigné pour défendre leurs intérêts et obtenir « la récupération des lieux ».
    Une première décision de justice en 1998 a en effet donné raison à l’État algérien mais l’affaire est aujourd’hui devant la cour d’Appel d’Aix.  Le face-à-face oppose l’Algérie à l’Union Syndicale de Défense des Intérêts des Français Repliés d’Algérie. Même si depuis il semblerait qu’y compris l’Usdifra ait été délogée par des « jusqueboutistes de la cause ».

    Selon le consulat, « ces associations sont des indus occupants qui n'ont rien à faire là-bas ».
    Les autorités algériennes sont également au courant des nombreuses activités qui s'y déroulent. « Le comble, c'est que non seulement ils occupent les lieux mais en plus ils gagnent de l'argent en sous-louant des logements ».
    Il arrive néanmoins au consulat de passer des conventions avec des partenaires pour des activités ponctuelles. « Nous sommes régulièrement sollicités par des associations de chasseurs qui veulent profiter des 360 hectares de terrains ou des organisateurs de courses cyclistes ». Dans ces cas, « nous leur donnons l’autorisation administrative avec plaisir, parce que c’est fait dans la légalité. Toutes les autres activités sont illégales » affirme le consul qui rappelle au passage que « nous payons tout de même les taxes foncières ! »
    Des contacts ont été établis avec Francis Giraud, le maire de Roquefort-la-Bédoule. « Nous nous y sommes rendus ensemble et on nous a insultés en nous disant que nous n’avions rien à y faire ».
    En revanche, les Algériens ont été saisis lorsque le bâtiment a été mis en péril. « Là, on a su nous trouver pour payer les travaux ». Depuis, les Algériens ont muré la chapelle. « Si on avait pu tout murer on l’aurait fait, mais on ne peut pas s’approcher du château ».
    La chapelle n'est donc qu'un des aspects du problème puisque les terrains et le château demeurent difficilement accessibles. Plusieurs personnes affirment avoir été accueillies… par des fusils.

    En attendant, les autorités algériennes refusent de se positionner sur le champ politique. « Nous ne voulons pas en faire une histoire politique. Nous demandons juste le respect de la loi. Nous nous situons uniquement sur le terrain juridique » déclare le consul.
« Peut-être qu'au début cela avait pour eux un but politique, mais aujourd'hui, ce ne sont que quelques personnes qui en profitent et qui gagnent de l'argent.
L’aspect historique est dépassé ».

(1) Tous les prénoms ont été modifiés.

(2) Arrêté municipal 250/2008 en date du 19 décembre 2008.

http://www.lamarseillaise.fr/le-fait-du-jour/on-doit-payer-185-euros-en-liquide-tous-les-mois.html


L’infantilisation du peuple
Envoyé par M. Jean Vurpillot

Comment on vous prend pour des imbéciles et comment on rend les citoyens idiots !
De l’art et la manière de manipuler les consciences.

Cela commence à l’école
Lentement et depuis l’école primaire, on fabrique du crétin en lui faisant croire qu’il est libre et intelligent.

En démocratie, on évite de tuer les corps, il suffit de tuer les âmes.
Car tuer les corps fait des martyrs !
En cas de nécessité, cependant, il y a les accidents mortels et les soi-disant suicides.

Comment on fait marcher le peuple-enfant ???!!!

1*) Stratégie de la diversion

La stratégie de la diversion consiste à détourner l'attention du public des problèmes importants et des mutations décidées par les élites politiques et économiques, grâce à un déluge continuel de distractions et d'informations insignifiantes. Les jeux et les films insignifiants mobilisent les fantasmes et infantilisent  l’esprit critique.

La stratégie de la diversion est également indispensable pour empêcher le public de s'intéresser aux connaissances essentielles, dans les domaines de la science, de l'économie, de la psychologie, de la neurobiologie, de la pédagogie, de la morale et de la cybernétique.

« Garder l'attention du public, distraite, loin des véritables problèmes sociaux, captivée par des sujets futiles et superficiels, sans importance réelle. Garder le public occupé, occupé, occupé, distrait sans aucun temps pour penser.

2*)  Créer des problèmes et offrir des solutions

Cette méthode est aussi appelée "problème-réaction-solution". On crée d'abord un problème, une "situation" prévue pour susciter une certaine réaction du public, afin que celui-ci soit lui-même demandeur des mesures qu'on souhaite lui faire accepter. Par exemple: laisser se développer la violence urbaine ou organiser des attentats sanglants, afin que le public soit demandeur de lois sécuritaires au détriment de certaines de ses libertés. Ou encore: créer une crise économique pour faire accepter comme un mal nécessaire le recul des droits sociaux et le démantèlement des services publics.
Ou encore, on crée une peur collective pour faire accepter une intervention.
Mais le mieux est de créer des revendications collectives. Ce qui amène à des états semi-révolutionnaires où comme l’on sait, rien ni personne ne peut vraiment contrôler quoi que ce soit.

3*)  La stratégie du dégradé

Pour faire accepter une mesure difficilement acceptable par le public, il suffit de l'appliquer progressivement, en "dégradé", sur une durée de 10 ans par exemple. C'est de cette façon que des conditions socio-économiques radicalement nouvelles ont été imposées durant les années 1980 à 1990. Chômage massif, précarité, flexibilité, délocalisations, salaires n'assurant plus un revenu décent, autant de changements qui auraient provoqué une révolution, s’ils étaient survenus brutalement.

4 *) La stratégie du différé et des principes dits de précaution

Une autre façon de faire accepter une décision impopulaire est de la présenter comme "douloureuse mais nécessaire", en obtenant l'accord du public dans le présent pour une application dans le futur. Il est toujours plus facile d'accepter un sacrifice futur qu'un sacrifice immédiat. D'abord parce que l'effort n'est pas à fournir tout de suite. Ensuite parce que le public a toujours tendance à espérer naïvement que "tout ira mieux demain" et que le sacrifice demandé pourra être évité. Enfin, cela laisse du temps au public pour s'habituer à l'idée du changement et l'accepter avec résignation lorsque le moment sera venu.
 La diabolisation et la peur du néfaste ou du danger occupe l’esprit du citoyen-lavette et lui fait accepter à peu près n’importe quoi.

Autre exemple : l’acceptation de l’immigration massive au nom d’une générosité bien française et de principes moraux et émotionnels, sans que personne ne semble s’apercevoir que des millions d’africains, d’asiatiques finiront par être majoritaires et qu’ils nous imposeront leurs lois et appauvriront nos ressources privées. C’est alors qu’on nous prendra jusqu’à nos meubles et nos maisons.

5 *) S'adresser au public comme à des enfants en bas-age

La plupart des publicités destinées au grand-public utilisent un discours, des arguments, des personnages, et un ton particulièrement infantilisants, souvent proche du débilitant, comme si le spectateur était un enfant en bas-age ou un handicapé mental. Exemple typique: la campagne TV française pour le passage à l'Euro ("les jours euro"). Plus on cherchera à tromper le spectateur, plus on adoptera un ton infantilisant. Pourquoi ?
"Si on s'adresse à une personne comme si elle était âgée de 12 ans, alors, en raison de la suggestibilité, elle aura, avec une certaine probabilité, une réponse ou une réaction aussi dénuée de sens critique que celles d'une personne de 12 ans."
 
On peut faire défiler ainsi dans la rue des milliers de gens complètement abrutis par des slogans imbéciles ou débiles.
L’étude impartiale des raisons évoquées nous laisse abasourdis et son utilité complètement nulle et injustifiée.

6 *) Faire appel à l'émotionnel plutôt qu'à la réflexion

Faire appel à l'émotionnel est une technique classique pour court-circuiter l'analyse rationnelle, et donc le sens critique des individus. De plus, l'utilisation du registre émotionnel permet d'ouvrir la porte d'accès à l'inconscient pour y implanter des idées, des désirs, des peurs, des pulsions ou des comportements pré-établis.
Il est important que le public ait des raisons d’avoir peur : la vache folle, la grippe aviaire, le CO2 toxique, la montée des eaux, le fascisme prétendu des adversaires, le sida, … Tout cela occupe les esprits débiles qui doivent se trouver heureux d’être à l’abri de Papa-Etat et de Maman-société.
Les concepts de liberté, d’égalité et de fraternité sociale sont largement utilisés pour susciter des réactions infantiles. Alors même que les libertés rétrécissent à grande vitesse.
L’émotionnel des citoyens est entièrement contrôlé par les médias au service des  «  requins. »
La culture de la mièvrerie et du gnangnan entraîne même une sorte de snobisme de bas étage qui fait désormais partie d’une culture. Un curieux renversement des valeurs se manifeste : on édulcore de gros problèmes et des monstruosités, des génocides, pour en privilégier certains ou pour monter en épingle des problèmes absurdes de midinettes.
Le slogan remplace la réflexion. La résonance remplace le raisonnement..

7*)  Maintenir le public dans l'ignorance et la bêtise

Faire en sorte que le public soit incapable de comprendre les technologies et les méthodes utilisées pour son contrôle et son esclavage.
"La qualité de l'éducation donnée aux classes inférieures doit être de la plus pauvre espèce, de telle sorte que le fossé de l'ignorance qui isole les classes inférieures des classes supérieures soit et demeure incompréhensible par les classes inférieures."
L’instruction des professeurs est elle-même cantonnée dans l’ignorance, car l’instruction est basée essentiellement sur la mémoire et on réussit ainsi à avoir des Bacs + 12 qui sont des mécaniques mais sans les valeurs qui font un « Homme » .

Le plus remarquable est de réussir à obtenir des spécialistes et des énarques qui sur le plan humain sont de franches nullités et ne sont que des machines administratives, des robots.
Dans leur domaine, on va bientôt pouvoir se passer d’eux, les ordinateurs feront mieux mais moins méchamment.

8*)  Encourager le public à se complaire dans la médiocrité et l’irresponsabilité

Encourager le public à trouver "cool" le fait d'être bête, vulgaire, et inculte.
Ce système est particulièrement efficace auprès des adolescents. L’accession à la drogue permet encore mieux d’annihiler l’esprit critique, l’impartialité, la lucidité.. C’est maintenant le règne des zombis.

9*)  Remplacer la révolte par la culpabilité

Faire croire à l'individu qu'il est seul responsable de son malheur, à cause de l'insuffisance de son intelligence, de ses capacités, ou de ses efforts. Ainsi, au lieu de se révolter contre le système économique, l'individu s'auto-dévalue et culpabilise, ce qui engendre un état dépressif dont l'un des effets est l'inhibition de l'action. Et sans action, pas de révolution!...

10*) Connaître les individus mieux qu'ils ne se connaissent eux-mêmes.

Au cours des 50 dernières années, les progrès fulgurants de la science ont creusé un fossé croissant entre les connaissances du public et celles détenues et utilisées par les élites dirigeantes. Grâce à la biologie, la neurobiologie, et la psychologie appliquée, le "système" est parvenu à une connaissance avancée de l'être humain, à la fois physiquement et psychologiquement. Le système en est arrivé à mieux connaître l'individu moyen que celui-ci ne se connaît lui-même. Cela signifie que dans la majorité des cas, le système détient un plus grand contrôle et un plus grand pouvoir sur les individus que les individus eux-mêmes.
Le système permet de traiter les citoyens en mécaniques imbéciles, dont on sait que leurs réactions seront dans la ligne prévue et non dans un ensemble de décisions intelligemment conçues par l’électeur. Le citoyen est devenu un robot-zombi.

11*)  Destruction de la famille     

Déprimer la cohésion familiale est la meilleure façon d’isoler les enfants et de les laisser à un consensus populaire de « je m’en fichisme ». Depuis bientôt un siècle, on s’est acharné à détruire l’autorité parentale et surtout paternelle. Si l’enfant adolescent garde une certaine affection pour ses parents, il se sépare catégoriquement de ses idéaux et de ses principes pour décréter une liberté autoproclamée basée sur le caprice et les envies et fortement influencée par les principes marxistes-léninisme ou les consignes syndicales ou les professeurs ou les médias.
Ensuite, on s’est employé à séparer la femme de l’homme. L’avènement des moyens anti-conceptionnels, de l’avortement et la nécessité pour la femme de travailler à l’extérieur pour survenir aux frais de la famille a cassé l’union sacrée des couples. La cohésion des couples est devenue fragile.
Une médiatisation habile a poussé la femme à « casser du mec » entre elles. Le « je ne suis pas ta bonne » est devenu le critère de ces nouvelles épouses. A tel point qu’on ne se marie plus et que les Pacs sont plus commodes.
A partir de cette situation, il devient facile de fragiliser les jeunes et de les soumettre aux propagandes subversives.

Soyons précis : Un père n’est plus un père, une mère n’est plus une mère et un mari n’est plus un mari et une femme n’est plus une épouse. Résultat : un enfant n‘est plus un enfant. Mais alors que sont donc ces gens qui d’ailleurs ne restent plus ensemble. Les livres de science fiction l’avaient prévu : les enfants seront pris en charge par un Big Brother quelconque.

12*) Destruction du nationalisme, de l’esprit religieux, des traditions.

En le coupant de ses racines ancestrales, le citoyen devient un robot-lavette. Traditions et sagesse populaire donnaient une certaine solidité à l’esprit du peuple. La tactique est simple : le citoyen et plus particulièrement ce qu’on appelle la jeunesse n’a plus de repères et s’abandonne dans l’alcool, la drogue et le sexe. On en fait alors ce qu’on veut, pourvu qu’ils puissent passer ses nerfs à casser quelques vitrines et à déterrer quelques pavés. Ensuite tout le monde est calmé après la crise de nerfs. L’hystérie collective est passée et bébé a fait sa petite colère. Sa volonté de puissance s’est épanouie dans quelques saccages, feux de voiture, destructions de l’image du père, en quelque sorte. Quelques « bonbons » ramènent le calme.
Bien orchestré un ordre de grève absurde et ne correspondant à rien peut être suivi par une horde d’imbéciles qui marchent comme des zombis répétant deux ou trois phrases lancées par quelques hurleurs bien placés.

Aucune rééducation n’est entreprise, alors qu’un petit séjour en maison de rééducation « manu militari » serait excellent.

13*)  Perversion d’un système politique basé sur des tromperies : la démocratie est complètement dévoyée.

Pendant des millénaires la force gouvernait les peuples.

Les chefs de tribus perdurèrent longtemps puis les rois et les empereurs. Le peuple enfant était mené à la baguette. Enfin, on inventa la démocratie et comme le peuple était maintenu dans un état infantile, on lui offrit de quoi jouer afin de mieux le tromper et de le faire marcher.
Satisfaire ses goûts pour toutes sortes d’appétits, fit l’objet de toutes les promesses. Puisque c’était lui qui votait, il devait avoir un Papa Noël et une Maman-administration à son service. Au nom de « liberté égalité fraternité »,tout ce bon peuple se réjouit et s’apprêtât à ce que d’autres prennent des responsabilités. Tous les espoirs furent permis pour satisfaire ses envies, ses jalousies, son orgueil, ses petites colères, sa paresse, ses pulsions sexuelles, sa concupiscence, son goût de lucre.

Habituer les gens à l'idée de s'autodéterminer contribuera à détruire le sens de la famille et des valeurs éducatives. Une éducation basée sur une doctrine mensongère et sur des enseignements erronés abêtira les jeunes, elle les pervertira et fera d'eux des dépravés. (Drogues et sexe)

Bien mieux puisqu’il votait, il choisissait donc et les obligations de toutes sortes n’étaient jamais que la conséquence de ses votes. Il ne pouvait donc pas se révolter contre son régime !
Enfin pour mieux le tromper, et avoir une paix sociale relative, on lui offrit un choix entre une droite et une gauche.
Mais en réalité et plus que jamais maintenant, ce ne sont que « petite droite » et « petite gauche » ; presque pour rire. Chacun venant au pouvoir alternativement pour placer ses petits copains et donner quelques menus gages administratifs, justifiant leurs promesses électorales.. Et le peuple complètement hypnotisé vote tantôt d’un côté, tantôt de l’autre. En France : c’est l’UMP/ PS, en Angleterre c‘est conservateurs/travaillistes, au USA c’est démocrates/républicains et dans toutes les démocraties c’est la même fumisterie : Un attrape-nigaud colossal. Et le peuple abruti de slogans vote tantôt d’un côté tantôt de l’autre. C’est hilarant et ridicule ! Mais aussi scandaleux.
Enfin le ridicule explose lorsqu’on s’aperçoit que 5 à 10% de l’électorat vote tantôt à droite tantôt à gauche et que c’est ce faible pourcentage qui est sensé déterminer les orientations du gouvernement.
Il ne sera pas mauvais que l’enfant juge avec sagesse les actes des politiques pour tenter d’en souffrir le moins possible.
On n’améliore pas son caractère, son émotion, une vision holistique de la vie et de l’univers. On fait des spécialistes mécanistiques …des savants idiots bref, des robots fort peu intéressants, mais influençables, préformés et qui « ironie » ne le savent pas.

14°) Pervertir les gens en flattant leurs tendances à cultiver les envies et les répulsions

Cultiver la propre importance des citoyens est un excellent moyen pour les empêcher de s’unir pour réagir.
Il est essentiel de persuader le citoyen qu’il est important, s’il reste indépendant.
Être indépendant donne à l’imbécile le sentiment qu’il est intelligent et que son opinion est la seule valable.
Ce qui amène le peuple à se contenter de voter et   d’être cantonné dans ces deux partis :
Petite droite, petite gauche.
Il existe bien quelques associations, mais l’action qu’elles mènent se rétrécit à une option qui touche soit le portefeuille, soit un sentiment précis, soit un souvenir folklorique, mais jamais une globalité.
Les citoyens ne se rendent pas compte de la perversion du régime qui, en réalité, les asservit à la dictature de manipulateurs de marionnettes.

L’action véritable se situe pourtant dans un programme complet
qui ne doit pas être électoraliste.

Les cinq instruments de cette action sont :
« Un pied, une main, une oreille, un œil et une voix »
« Partout et toujours ! »



MESSAGES
S.V.P., Lorsqu'une réponse aux messages ci dessous peut, être susceptible de profiter à la Communauté, n'hésitez pas à informer le site. Merci d'avance, J.P. Bartolini

Notre Ami Jean Louis Ventura créateur d'un autre site de Bône a créé une rubrique d'ANNONCES et d'AVIS de RECHERCHE qui est liée avec les numéros de la seybouse.
Pour prendre connaissance de cette rubrique,
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sur le site de notre Ami Jean Louis Ventura

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De Mme. Geneviève Lemmer-Oberdorff

Bonjour,
Un de nos inscrits, souhaite voir des photos de Barral, je n'ai pas trouvé sur le net de lien me permettant de l'aider.
Pouvez-vous m'indiquer un lien afin que je le renseigne?
Je vous remercie pour votre réponse.
Cordialement.
Geneviève Lemmer-Oberdorff
Mon adresse : genevieve.lemmer@wanadoo.fr

De Mme. Marie Thérèse TRAMAILLE

Je recherche toutes les personnes connaissant ma maman, née en 1927 de Sauveur UMOLA et de Marie-Caroline MARTINEZ.
Elle a vécu rue JEMMAPES au dessus de chez MME HAMED.
Elle était apprentie modiste chez Mme BASILINE, a travaillé chez AZZOPARDI. Elle a deux Soeurs Yvette et Suzanne et un frère Marcel (MARSOU), elle s'est mariée le 4 juin 1949 avec mon papa Jacques MARION, quartier Maître.
Ses amies, Marthe Delernia, Claudine Seggio etc.
j'espère retrouver des amies de ma maman qui serait la plus heureuse.
Merci.
Amitiés Marie Thérèse TRAMAILLE
Mon adresse : mmariete@free.fr

De Mme. Josseline Revel

La mairie de Nice a décidé d'organiser en juin 2010 deux journées pour les Pieds Noirs avec conférences, bals, théâtre, etc.
Nous sommes trois à avoir proposé de monter un film à partir de documents d'amateurs avec notre propre commentaire. Le problème c'est que nous avons des difficultés à trouver des films et nous commençons à nous décourager. Si vous avez ou si vous connaissez des gens susceptibles de nous prêter leurs films, vous nous rendrez un grand service en les sollicitant.
L'un de nous trois est avocat, donc ils peuvent avoir confiance. Nous allons travailler avec le technicien de la cinémathèque et les films ne risquent rien.
Voilà notre appel
Merci d'avance.
Josseline Revel
Mon adresse : RJosseline@aol.com

De M. Pierre Jarrige

Chers Amis
Voici les derniers Diaporamas sur les Aéronefs d'Algérie. A vous de les faire connaître.
Diaporama 12a                                        Diaporama 13
Diaporama 14                                           Diaporama 15
Diaporama 16                                           Diaporama 17
Diaporama 18
Pierre Jarrige
Site Web:http://www.aviation-algerie.com/
Mon adresse : pjarrige@orange.fr

DIVERS LIENS VERS LES SITES


M. Robert Antoine et son site de STAOUELI vous annoncent la mise à jour du site au 1er septembre.
Son adresse: http://www.piednoir.net/staoueli
Nous vous invitons à visiter la mise à jour.
Le Staouélien

M. Gilles Martinez et son site de GUELMA vous annoncent la mise à jour du site au 1er septembre.
Son adresse: http://www.piednoir.net/guelma
Nous vous invitons à visiter la mise à jour.
Le Guelmois

cliquez ICI pour d'autres messages.

N'ADOREZ-VOUS PAS LE 3ème AGE ?
Envoyé par Janina
Voici une lettre d'une dame de 86 ans qui a pété les plombs avec sa banque.
Sa réponse est intellectuellement savoureuse, et vaut le coup d'être connue.

     Cher Monsieur,

      Je vous écris pour vous remercier d'avoir refusé le chèque qui m'aurait permis de payer le plombier le mois dernier.
     Selon mes calculs, trois nanosecondes se sont écoulées entre la présentation du chèque et l'arrivée sur mon compte des fonds nécessaires à son paiement.Je fais référence, évidemment, au dépôt mensuel automatique de ma pension, une procédure qui, je dois l'admettre,n'a cours que depuis huit ans.
     Il me faut d'ailleurs vous féliciter d'avoir saisi cette fugace occasion et débité mon compte des 30 Euros de frais pour le désagrément causé à votre banque.
     Ma gratitude est d'autant plus grande que cet incident m'a incité à revoir la gestion de mes finances.
     J'ai remarqué qu'alors que je réponds personnellement à vos appels téléphoniques et vos lettres, je suis en retour confrontée à l'entité impersonnelle, exigeante, programmée, qu'est devenue votre banque. A partir d'aujourd'hui, je décide de ne négocier qu'avec une personne de chair et d'os.
     Les mensualités du prêt hypothécaire ne seront dorénavant plus automatiques mais arriveront à votre banque par chèques adressés personnellement et confidentiellement à un(e) employé(e) de votre banque que je devrai donc sélectionner. Soyez averti que toute autre personne ouvrant un tel pli consiste en une infraction au règlement postal.
     Vous trouverez ci-joint un formulaire de candidature que je demanderai à l'employé(e) désigné(e) de remplir. Il comporte huit pages, j'en suis désolée, mais pour que j'en sache autant sur cet employé(e) que votre banque en sait sur moi, il n'y a pas d'alternative. Veuillez noter que toutes les pages de son dossier médical doivent être contresignées par un notaire, et que les détails obligatoires sur sa situation financière (revenus, dettes, capitaux, obligations) doivent s'accompagner des documents concernés. Ensuite, à MA convenance, je fournirai à votre employé(e) un code PIN qu'il/elle devra révéler à chaque rendez- vous. Il est regrettable que ce code ne puisse comporter moins de 28 chiffres mais, encore une fois, j'ai pris exemple sur le nombre de touches que je dois presser pour avoir accès aux services téléphoniques de votre banque.

     Comme on dit : l'imitation est une flatterie des plus sincère. Laissez-moi développer cette procédure. Lorsque vous me téléphonez, pressez les touches comme suit :Immédiatement après avoir composé le numéro, veuillez presser l'étoile (*) pour sélectionner votre langue.
     Ensuite le 1 pour prendre rendez-vous avec moi
     Le 2 pour toute question concernant un retard de paiement
     Le 3 pour transférer l'appel au salon au cas où j'y serais
     Le 4 pour transférer l'appel à la chambre à coucher au cas où je dormirais
     Le 5 pour transférer l'appel aux toilettes au cas où.............. ...
     Le 6 pour transférer l'appel à mon GSM si je ne suis pas à la maison
     Le 7 pour laisser un message sur mon PC. Un mot de passe est nécessaire.
Ce mot de passe sera communiqué à une date ultérieure à la personne de contact autorisée mentionnée plus tôt.
     Le 8 pour retourner au menu principal et écouter à nouveau les options de 1 à 7
     Le 9 pour toute question ou plainte d'aspect général. Le contact sera alors mis en attente, au bon soin de mon répondeur automatique.
     Le 10, à nouveau pour sélectionner la langue. Ceci peut augmenter l'attente mais une musique inspirante sera jouée durant ce laps de temps.

      Malheureusement, mais toujours suivant votre exemple, je devrai infliger le prélèvement de frais pour couvrir l'installation du matériel utile à ce nouvel arrangement.
     Puis-je néanmoins vous souhaiter une heureuse, bien que très légèrement moins prospère, nouvelle année ?
     Respectueusement,
     Votre humble cliente.

(Souvenez-vous : ceci fut écrit par une dame âgée de 86 ans)
N'ADOREZ-VOUS PAS LE 3ème AGE ?



Vous venez de parcourir cette petite gazette, qu'en pensez-vous ?
Avez-vous des suggestions ? si oui, lesquelles ?
En cliquant sur le nom des auteurs en tête de rubrique, vous pouvez leur écrire directement,
c'est une façon de les remercier de leur travail.

D'avance, merci pour vos réponses. ===> ICI


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