N° 82
Mars

http://piednoir.net

Les Bords de la SEYBOUSE à HIPPONE
1er Mars 2009
jean-pierre.bartolini@wanadoo.fr
LA SEYBOUSE
La petite Gazette de BÔNE la COQUETTE
Le site des Bônois en particulier et des Pieds-Noirs en Général
l'histoire de ce journal racontée par Louis ARNAUD
se trouve dans la page: La Seybouse,
Les dix derniers Numéros : 72, 73, 74, 75, 76, 77, 78, 79, 80, 81,
  C'EST LA MEDITERRANEE      
Par RODOLPHE ORANE
EDITO

C'EST LA MEDITERRANEE !


        Chers Amis,

        Dans ce Sommaire en forme d'Editorial, je vous invite d'abord à une recherche de souvenirs sur un bateau échoué à Bône, tout en écoutant une belle chanson de Rodolphe Orane, " C'est la Méditerranée ".

        Ensuite vous pourrez lire l'histoire du Marché Arabe de Bône racontée par Louis Arnaud, avant de poursuivre celle du " Colon de Mondovi ", Eugène François.

        Une petite page sur le Football d'Algérie fera vibrer les jambes et les cœurs de nombreux compatriotes qui pratiquaient ce " Sport Roi " chez nous.

        Vous découvrirez une nouvelle saga, " Les Agriculteurs de la " Plaine de Bône " relatée par notre Ami Georges Bailly dit " Baïga ".

        Les " Mœurs et coutumes de l'Algérie " rapportées par le Général Daumas en 1853 font comprendre un peu mieux la conception de la vie en Algérie à cette époque et qui reste essentielle pour certains Algériens encore aujourd'hui.

        Une historiette sous forme de conte va sans doute donner envie à de nombreux visiteurs à nous faire connaître leurs contes ou histoires venant de leur enfance ou de celle de leurs ancêtres.

        Un peu de philosophie avec 'Le Porteur d'Eau " afin d'amener de la douceur dans la vie.

        L'histoire de " l'Afrique du Nord Musulmane " s'attache à élucider la conquête arabe de façon synthétique mais juste assez pour donner le désir d'en savoir plus.

        Après avoir lu tout cela, qui fait partie de l'Immense Histoire de Notre Méditerranée, vous pourrez attendre le printemps tranquillement.

Jean Pierre Bartolini          

        Diobône,
        A tchao.


Une Histoire à Compléter
envoyé par Georges BAILLY

        Notre Ami Georges Bailly m'a adressé cette photo qui lui rappelle quelques souvenirs. Il aimerait en connaître davantage.
        Y aurait-il quelqu'un qui aurait d'autres souvenirs ou un article de journal sur l'histoire de ce bateau ?
        Les souvenirs de Georges :
        "Je crois savoir que ce "liberty ship" était venu aprés la guerre, vers 45 - 48, chercher des prisonniers italiens cantonnés derrière le garage Nuncie à Chapuis,
        Hélas il rencontra une mine et avant de sombrer le capitaine l'échoua sur la plage!
        D'ailleurs il pollua longtemps notre plage et se cassa en deux, comme j'avais un cabanon presque enface, je l'ai bien connu et j'allais aux poulpes et oursins dedans.
        Il fut découpé par des ferrailleurs Italiens bien plus tard.
        Voilà l'histoire que j'ai vécue mais j'aimerai avoir de plus amples renseignements.
        Amitiés
        Georges"



L'ANCIEN MARCHÉ ET LE FONDOUK
BÔNE son Histoire, ses Histoires
Par Louis ARNAUD

        Il y avait, à l'angle de la rue Négrier et de la rue Mesmer, un petit café qui avait pour enseigne " Café des Deux Halles ".
        L'immeuble dont dépendait le local affecté à ce café a été démoli par les bombardements de 1942-1943 et n'est pas encore reconstruit.
        Il le sera certainement un jour ou l'autre, mais le petit café, s'il reprend sa place, - qu'il a occupée pendant bien plus de trois quarts de siècle, - ne pourra plus conserver la même enseigne.
        Les " Deux Halles ", en effet, ne sont plus là.
        Dès le début de la création de la nouvelle ville, c'est-à-dire, après le déplacement de la première enceinte, en 1868, deux marchés en plein air s'étaient installés sur des terrains vagues qui n'étaient séparés que par une distance de cent mètres environ.
        L'un de ces terrains vagues, exactement derrière le théâtre, servait de marché aux légumes pour les Européens, tandis que l'autre qui n'était, en réalité, qu'un fondouk en plein air, situé un peu plus loin, entre les rues Bugeaud et Gambetta (laquelle rue n'était encore que route de Constantine), était utilisé par les indigènes, qui venaient y remiser leurs montures et étaler pour la vente, des produits ou marchandises strictement réservés aux autochtones.
        C'est en 1876, que fut élevée sur l'emplacement occupé alors par le marché français en plein air, une construction métallique par la maison Gabelle de Marseille.
        On croit rêver quand on apprend que ce marché à l'armature imposante et solide, autant qu'élégante, n'avait entraîné, pour son édification, qu'une dépense de cent dix mille francs.
        C'était une construction exactement carrée dont la façade principale était tournée vers la rue Négrier. Les quatre côtés, chacun percé d'une grande porte centrale, étaient constitués par une murette de deux mètres de haut, toute en briques rouges sur laquelle venait reposer une clôture formée par des lames de bois placées à la façon de jalousies, ce qui permettait, avec la haute toiture qui recouvrait l'édifice, d'avoir une aération parfaite à l'intérieur.
        Les portes étaient reliées entre elles par deux larges allées se croisant perpendiculairement au centre. Les passants les utilisaient à tout moment de la journée, car le marché ouvert, très tôt, le matin, ne fermait qu'à la tombée de la nuit.
        En 1910, une partie du marché fut affectée à la poissonnerie qui abandonna la place d'Armes.
        Ce marché très commode et très propre a été complètement anéanti, en 1942, par les atroces bombardements subis par la Ville ; il avait été abandonné et désaffecté par la Municipalité qui avait fait construire un marché monumental sur l'emplacement autrefois occupé par le marché arabe.
        Cette Halle aux légumes, dans laquelle se trouvaient aussi des boucheries, des charcuteries, des épiceries ainsi qu'une poissonnerie importante, donnait à tout le quartier une animation intense dès les premières heures du jour.
        Il n'y avait pas alors de marché de gros, ni de commissionnaires aux Halles.
        Les jardiniers maraîchers venaient eux-mêmes apporter leurs produits. Ils arrivaient bien avant l'aube avec leurs carrioles branlantes et criardes, chargées de légumes tout frais. Le bruit des cahots, les appels et les éclats de voix rauques des conducteurs faisaient, dans la nuit finissante, un tintamarre soudain qui réveillait les habitants des maisons voisines.

        La vente se faisait sur le trottoir où l'on avait étalé le chargement des carrioles, alors que les portes du marché n'étaient pas encore ouvertes, et l'on allait dans les cafés tout proches pour régler les comptes.
        Ces cafés, c'était toute la vie du quartier.
        Il y en avait cinq, tous tenus par des patrons d'origine maltaise.
        Ces rudes travailleurs, qui vivaient en solitaires pendant tout le reste de la journée, étaient heureux de se retrouver ensemble, au comptoir, devant un verre de café fumant et bien chaud, dont le seul arôme les satisfaisait déjà, ou bien, autour d'une table de marbre, s'attardant après avoir réglé les comptes de leurs ventes, à " casser une croûte ", avec du pain, du fromage, un oignon, un " caldi " tout chaud ou un morceau de " fougasse " pimentée.
        C'était leur seul plaisir de la journée.
        Puis, ils reprenaient, avec leurs carrioles, le chemin du retour vers l'Allélick ou le Pont d'Hippone, l'Orphelinat ou l'Oued-Forcha, la Colonne ou l'Oued-Kouba, ne pensant plus qu'à leur marché du lendemain.
        Le marché aux légumes de la place de Strasbourg et ses cafés formaient vraiment un coin particulier et pittoresque de la Cité, un morceau bien vivant de la vie matineuse d'autrefois,
        Le plus important était incontestablement, le café du Théâtre, à l'angle de la rue Perrégaux, côté Nord, qui restait ouvert toute la nuit.
        Fondé par le père Louis Xerri, brave homme, très estimé, il a appartenu pendant très longtemps à sa famille.
        A l'opposé, à l'autre angle du marché et dans la même rue Perrégaux, c'était le café " Ste Hélène ", ainsi dénommé par le propriétaire Camilliéri oui avait une fille qui s'appelait Hélène, et non pas, comme beaucoup l'ont cru, à cause de l'Île Ste Hélène où mourut, en 1821, Napoléon 1er.

        Le café des " Quatre-Saisons " tenu par le vieux père Greck, était du même côté que le " café du Théâtre ", puis le " café des deux Halles " tenait le coin de la maison Sens entre la rue Négrier et la rue Mesmer.
        Le, " Bar d'Apollon ", dernier venu de cette quintette, était le, plus étroitement logé peut-être, mais il était de beaucoup le plus fréquenté par les maraîchers maltais qui retrouvaient là, le jovial et serviable Jean Gauci, qui les accueillait toujours avec un large sourire et de bons mots. Cet aimable cafetier était aussi un turfiste enragé propriétaire d'un merveilleux trotteur complètement aveugle qui courait encore malgré cette infirmité majeure.
        Dans la trop étroite salle du bar dont les murs étaient garnis de grands miroirs déformants placés face à face, qui renvoyaient les grotesques et caricaturales images, on n'entendait qu'appeler : " Jean ", par-ci, " Jean ", par-là. Et " Jean " répondait toujours aimablement, de sa grosse voix que ponctuait presque toujours un gros rire gras et grave.
        Ces cafés, entre trois heures et six heures, tous les matins, n'étaient fréquentés que par une clientèle presque exclusivement composée de jardiniers et de revendeurs maltais.


        Dans la rue Bugeaud, à cent mètres, à peine, de la Halle aux légumes disparue, il y avait, jusqu'au premier tiers de ce siècle, un bel et coquet édifice qui était, sans contestation possible, le plus beau monument de Bône après notre Hôtel de Ville.
        C'était le Fondouk, plus communément appelé par le populaire : " Le Marché Arabe ".
        Ce fondouk à l'allure élégante, au style architectural délicat et parfaitement assuré, a dû céder la place à un bâtiment en ciment armé, lourd et mastoc et sans la moindre beauté, qui a bien plus l'apparence d'un fondouk que ne n'avait la jolie bâtisse expulsée.

        Ce " marché arabe ", donnons-lui ce nom, même s'il est impropre, pour rester dans la tradition des vieilles choses d'autrefois, en belle et bonne maçonnerie encastrée dans une armature de fer et de fonte n'occupait pas toute la place des Halles actuelles.
        Il formait un quadrilatère aux angles parfaitement droits, aligné sur la rue Négrier et laissait libre le quart de la superficie actuelle des Halles du côté de la rue Gambetta.
        Cette place qui s'ajoutait ainsi au Fondouk était constamment occupée par une foule très dense, attirée par tous les diseurs de bonne aventure, les prestidigitateurs, venus là pour émerveiller leurs coreligionnaires et en tirer la substantifique moelle nécessaire à leur propre existence.
        Enfants curieux, nous allions nous mêler à la foule des badauds indigènes et nous partagions leur étonnement et leur admiration.

        Les serpents que la flûte et le tam-tam envoûtaient nous laissaient passer sous la peau de longs frissons glacés et nous émerveillaient, en même temps.
        Il venait aussi, sur cette petite place, des animaux sauvages, des espèces les plus ordinaires, porcs-épics et gazelles.
        J'y ai vu, cependant, un jour, vers 1890, un lion, un vrai lion, en chair et en os, qu'un vieil Arabe tenait au bout d'une corde, une simple corde.
        Le roi du désert avait une mine piteuse et triste ; il était vieux et avait l'air désabusé.
        Peut-être était-il aveugle, édenté et sans griffes ?
        Le vieil Arabe, lui, était fier de tenir en laisse le roi des animaux, comme les Romains autrefois attachaient à leur chars de vainqueurs les Monarques qu'ils avaient vaincus.

        En face de ce bout de place, dans la rue Bugeaud en plein sur la chaussée, il y avait un palmier très haut, si haut que par crainte qu'il ne s'abattit, entraîné par le poids de ses palmes, on avait dû consolider sa base par une maçonnerie circulaire.
        Ce palmier avait dû être là bien avant que fut alignée la rue Bugeaud, et, comme à cette époque, il ne gênait pas trop la circulation, on l'avait respecté. On avait bien fait car il apportait au marché et à son style mauresque comme un cachet d'authentification et il était une note complémentaire dans l'ensemble du tableau.
        C'est la présence de ce palmier qui a permis au café voisin de s'appeler " Café du Palmier ", enseigne qui n'a pas changé, bien que le palmier immense, abattu en une nuit d'orage, n'existe plus depuis longtemps.

        A l'intérieur, quatre galeries très larges et très hautes, toutes garnies d'éventaires divers et souvent disparates, se poursuivaient parallèlement aux murs des quatre façades.
        Ici, un marchand de soieries, aux couleurs chatoyantes, voisinait avec un savetier qui rapetassait de vieux souliers trouvés dans des rebuts o là, un tailleur d'habits qui tirait partie de vieilles hardes, puis, des brodeurs, aux fils d'or et d'argent, des fabricants de babouches et de portefeuilles et de sacs en filali ornés d'or, d'argent et de soie, des coiffeurs, des marchands de drogues et de parfums, des bouquinistes aux livres sales, mêlés à de la vieille ferraille.
        Au milieu, était une cour, où des marchands offraient de la laine brute, du beurre, en grosses mottes arrondies, du lait dans des cruches extérieurement sales, de la galette et des dattes écrasées dans des peaux de boucs, des poules étalées par terre et des oeufs entassés dans la paille.
        Sur la petite place, tout près de l'édifice, du côté de la rue Gambetta, il y avait une espèce de petit Mausolée en maçonnerie de 50 à 60 cm. de hauteur, placé là par des mains pieuses, pour perpétuer la mémoire d'un saint Marabout très vénéré qui avait nom : " Sidi-Djaballa ".
        Cette présence sacrée avait, en l'année 1929, sauvé de la destruction le Marché arabe qu'on voulait déjà expulser de cet endroit au profit du Théâtre municipal.
        La Banque de l'Algérie, en effet, qui tenait à avoir un bel Hôtel bien en vue sur le Cours, avait obtenu de la Municipalité la promesse de vente du terrain du théâtre dont l'exil avait déjà été décidé dans ce but.

        Devant l'émotion de la population musulmane choquée par ce projet, la Municipalité avait été forcée de respecter le petit Mausolée du vénéré Marabout.
        Comment le sentiment religieux des mêmes Musulmans a-t-il pu accepter, cinq ou six ans plus tard, sans la moindre protestation, la disparition pure et simple de ces pierres sacrées sur lesquelles avaient pendant si longtemps, prié les vieux fidèles?
        Le Marché arabe devait être reconstruit auprès du Boulevard du Cardinal Lavigerie.
        On avait formellement promis qu'il serait reconstitué dans sa forme et que son intégrité et son élégance lui seraient entièrement restituées.
        Hélas, si l'armature de fer se retrouve dans la nouvelle construction, rien en dehors d'elle ne rappelle le si joli Fondouk de la rue Bugeaud.
        Le terrain sur lequel avait été construit ce Fondouk de la rue Bugeaud, avait toujours servi aux indigènes des environs pour y rassembler leurs montures et y entreposer les produits qu'ils apportaient pour vendre.
        Ce grand emplacement, s'appelait alors, place Bugeaud.
        Avant la construction, sur cette place, de l'élégant fondouk disparu, les marchands indigènes de friperies et vieux objets hétéroclites installaient leurs étalages, en plein air, sur la place Alexis Lambert, devant le Pensionnat des Soeurs de la Doctrine chrétienne, auprès du petit jardin rond qui entourait la statue antique de " Diane à la Biche ", transférée, depuis 1909, au croisement des avenues Garibaldi et Célestin Bourgoin.

***


A l'Aube de l'Algérie Française
Le Calvaire des Colons de 48
                                       Par MAXIME RASTEIL (1930)                                       N° 27

EUGÈNE FRANÇOIS
Mon ancêtre

Quoi de plus louable que de partir à la recherche de ses ancêtres !
Découvrir où et comment ils ont vécu !
La Bruyère disait : " C'est un métier que de faire un livre. "
Photo Marie-Claire Missud
J'ai voulu tenter l'expérience de mettre sur le papier après la lecture d'un livre sur "les Colons de 1848" et le fouillis de souvenirs glanés dans la famille, de raconter la vie de ce grand homme, tant par sa taille que par sa valeur morale, de ce Parisien que fut Eugène FRANÇOIS né à Meudon en 1839, mort à Bône en 1916.
Tout a commencé lors de l'établissement d'un arbre généalogique concernant le côté maternel de notre famille : arrivé à notre ancêtre : qu'avait-il fait pour qu'une "Rue" de ma jolie ville de "Bône la Coquette", porte son nom dans le quartier de la Colonne Randon ?
Tout ce que j'ai appris, j'ai voulu le faire découvrir tout simplement comme d'autres ont écrit sur nos personnalités et grandes figures Bônoises !
Pour qu'aujourd'hui, on n'oublie pas ce qui a été fait hier !...
Marie Claire Missud-Maïsto

DEUXIEME PARTIE

CECI CONFIRME CELA


          On a prétendu qu'aucun livre définitif ne nous a encore fait connaître l'existence quotidienne des premiers terriens français de l'Afrique du Nord qui ont vécu au milieu de ces tribulations et de ces incessantes alarmes.
          Le manuscrit du Grand Eugène y suppléera dans une certaine mesure, car il n'est pas de moindre témoignage lorsqu'il s'agit d'apporter une lueur à la vérité historique.
          Son récit, je le répète, n'est pas le simple exposé d'un fait local navrant; c'est la révélation du drame collectif, c'est la tragédie de presque partout où furent essaimés à travers la vaste Algérie, au hasard des bureaux indifférents et des circonstances les plus diverses, les convois des premiers Colons qui venaient de France.
          Ce qui devait se passer pour Jemmapes, par exemple, n'en est-il pas la douloureuse confirmation? Lisez plutôt (1):
          " Immigration de 800 Parisiens embarqués sur la Seine en face du jardin des Plantes. Salves d'artillerie, harangue d'un délégué du Gouvernement, acclamations de la foule. Départ aux accents de la Marseillaise. Drapeau portant comme inscription : Vive la République!
          " Interminable procession à bord des bateaux plats sur les canaux durant plusieurs semaines et acheminement sur Port-Vendres, où s'embarquent les familles destinées à la Colonisation jemmapoise. Voyage long et pénible sur un voilier qui mettra dix jours pour effectuer la traversée.

          " Débarquement à Stora et entrée à Philippeville où le convoi est reçu par les autorités, la population, le clergé et la troupe. Quelques-uns de nous sont logés chez les habitants, les autres sont dirigés sur la Caserne des isolés.
          " Au bout de quelques jours, transport dans le centre à l'aide de véhicules militaires. Nous trouvons l'emplacement du village ceinturé de remparts à créneaux, mais pas la moindre habitation : campement sous la tente, puis viendront les baraquements.
          " Les hommes sont corvéables deux fois par semaine pour la construction des maisons, des routes et de la première conduite d'eau de Saïfa. Au début l'alimentation en liquide potable était assurée par trois puits et pour les lessives il y avait l'Oued-Fendeck, où les femmes allaient laver sous la protection de quelques soldats placés en sentinelles.
          " Chaque famille touchait des vivres de campagne ainsi que de la quinine, amer souvenir des bambins de l'époque. On voyait les nouveaux Colons recevant leur quart de vin comme les troupiers et faisant aussitôt la trempette. Ravitaillée par les soins de l'Administration militaire, il arriva plusieurs fois, en raison des intempéries, que la Colonie resta sans rations à se mettre sous la dent.

          " Comme moyens de locomotion, il y avait les baudets bâtés du Train qui portaient chacun deux voyageurs jusqu'à Philippeville. La caravane, escortée par des hommes de troupe, cheminait à travers la brousse des eûtes de Bissy peuplées de grands fauves et de moindres fauves indigènes à deux pattes, qui n'étaient pas moins dangereux.
          " Pour faire partie des convois, il fallait se faire inscrire la veille du départ sur le carnet du " Tringlot " qui passait dans les baraquements.
          " Au premier contingent de Parisiens vint s'ajouter peu après un autre groupe d'ouvriers et de cultivateurs provenant du Sud-Ouest de la France, qui eurent d'aussi pénibles débuts en attendant les maisons-type édifiées par le Génie.
          " En 1849, l'épidémie de choléra avait déjà fait 124 victimes à Jemmapes, et elle se montra à nouveau en 1852 pour le malheur de tous.
          " En 1852, nouvelle fournée de Colons en grande partie de la Franche-Comté. Création d'une école, d'une infirmerie et d'une église, le tout en planches. La maçonnerie ne devait être employée qu'en 1861.

          " Le premier officier chargé de l'Administration du Centre agricole trouva la mort dans un tourbillon de l'Oued-Fendeck qu'il voulut traverser à cheval.
          " Les premiers habitants avaient tous reçu une concession de 6 à 7 hectares en plusieurs lots. On les dota d'une charrue et d'une paire de boeufs pour deux colons, d'une carriole pour quatre colons, d'une vache et de quelques avances de semences. Mais à part les céréales et quelques timides essais de plantations de tabac, il n'y avait aucune autre ressource.

          " Dans ces conditions, le peuplement français de 1848 à 1852 périclita si vite, qu'en 1856 on fut obligé de rapatrier une notable partie des malheureux Jemmapois ruinés physiquement, moralement et matériellement par le climat, le paludisme, le chagrin et l'insuccès dû non seulement à la trop parcimonieuse attribution des terres, mais aussi à l'ignorance de beaucoup d'entre eux en matière agricole. "
          Et les fauves? Interrogerez-vous.
          Mon informateur va vous répondre ;
          " Lions et panthères pullulaient dans la région, et je pourrais raconter sur eux maintes histoires. Toutefois je n'ai jamais entendu dire qu'un lion ou sa femelle ait attaqué un homme, Pertuiset, l'inventeur de la balle explosible, réussit à en tuer trois pour sa part en se servant du projectile en question. Le dernier fut foudroyé à l'affût en compagnie de mon père. Lors des terribles incendies de 1881, on trouva quatre de ces carnassiers carbonisés dans le massif forestier des Senandjas. "

          Jemmapes, Mondovi, et vous tous, villages frères nés à la même date dans les tressaillements de la Révolution de 48 suivie des représailles du coup d'État napoléonien du 2 décembre 1851, il était écrit que vous seriez peuplés des mêmes périls et voués aux mêmes destins !

(1) Cette documentation et ces souvenirs familiaux ont été fournis à l'auteur par M. Ballet, dont le père, blessé à Solferino, fut rapatrié à Jemmapes en 1859 auprès de son frère, soldat colon, qui y résidait depuis 1849.


A SUIVRE       
Merci à Thérèse Sultana, et Marie-Claire Missud/Maïsto, de nous avoir transmis ce livre de Maxime Rasteil qui a mis en forme les mémoires de son arrière grand-père Eugène François.
Elle a aussi écrit un livre sur lui.
J.P. B.

Sur le parking du bar
Envoyé Par Chantal


Sur le parking du bar.
      Un gars sort du bar en titubant. Un véritable désastre !!
      Il lui faut 5 bonnes minutes pour retrouver sa voiture, 5 autres pour trouver la clé, non sans être tombé 2 ou 3 fois.
      Au bout du parking, des policiers regardent la scène, médusés.
      Il faut encore 1 bon moment pour que le gars réussisse à faire démarrer le moteur, qui s'éteint tout de suite après.

      Pendant ce temps, ses amis sortent du bar, cognent à sa vitre et lui souhaitent bonne nuit.
      Ca ne va pas bien pour lui, mais il chante quand même, affalé à sa portière, la fenêtre ouverte !...
      Finalement, au bout d'une bonne demi-heure, il réussit à relancer le moteur, et il commence à rouler.
      Immédiatement, les policiers allument leur gyrophare, le bloquent avec leur voiture, et le mettent en état d'arrestation.

      Ils lui demandent alors de souffler dans le ballon, et là, surprise :
      zéro ! rien de rien... Pas 1 goutte d'alcool ! RIEN !!!
      - " Mais pourquoi ça vous semblait si difficile de trouver vos clés, de monter dans la voiture et de démarrer ??
      - " Ah ça... ce soir, c'était mon tour de faire semblant, le temps que les autres puissent partir tranquillement !... "



SPECIAL FOOTBALL
Extrait de la revue de la direction des sports d'Alger, mars 1959.
Envoyé par Daniel DARDENNE
Avant propos

          Le football ayant été en Algerie française, comme il l'est encore dans la plupart des pays du monde, le sport le plus populaire, un véritable fait social, nous lui consacrons en fin de notre revue des disciplines sportives une place prépondérante.
          Car ce sport, en dépit des événements, depuis novembre 1954 jusqu'aux dernières années précédant l'indépendance, malgré les attentats, parfois sanglants, dans les trains, pour les déplacements et aussi dans les tribunes des stades, attira des foules nombreuses réunissant pendant longtemps les deux communautés.
          Nous n'en sommes que plus à l'aise pour saluer, à retardement, le courage de ces' foules, comme celui des joueurs et des dirigeants, et par cela même la popularité de ce sport pratiqué jusque dans les plus petits villages d'Algérie.

FOOTBALL ALGERIEN

Coupe de France
C'est seulement en 1954-1955 que les clubs algériens et nord africains ont été autorisés à disputer la Coupe de France instituée le 15 janvier 1917. Leur participation fut marquée par des fortunes diverses. Mais le plus bel exploit a été indiscutablement la victoire, le 3 février 1957, à TOULOUSE, du Sporting Club d'El Biar sur le prestigieux stade de Reims par 2 à 0.
          
Coupe d'Algérie

     Le 8 juillet 1956 l'U.L.N.A (Union des Ligues Nord Africaines) disparaissait avec toutes ses organisations pour faire face à l'Union des Ligues Algériennes (U.L.A.).
     Le 4 août de la même année le congrès constitutif adoptait le projet déposé par la Ligue d'Alger portant création d'une coupe d'Algérie symbolisée par un objet d'art offert par la Direction régionale des Sports.
     1957 (28/4) Oran vainqueur A.S. Marine Oranais 3 à 1, après prolongation de l'A.G.S. Mascara.
     1958 (25/5) à Oran Vainqueur S.C. Bel Abbès bat A.S.S.E (Alger) 4 à O
     1959 (5/4) à Oran Vainqueur S.C. Bel Abbès (S.C.B.A) 1 - La Marsa 0
     1960 (8/5) à Alger Vainqueur S.C. Bel Abbès S.C.B.A 3 - O.H.D. Olympique Hussein Dey O
     1961 à Oran Vainqueur Perrégauloise (Oran) bat Gallia Sports Alger 2 à 1.
          
Coupe de l'Afrique du Nord

          Cette Coupe fut organisée en 1930 sur le modèle de la Coupe de France. Elle connut un immense succès populaire. Elle disparut en 1956 avec l'U.L.N.A. (Union des Ligues Nord Africaines) pour faire place à la Coupe d'Algérie. Nous ne mentionnerons les résultats que dans la mesure où ils intéressent, pendant la période envisagée ( 1946-1962) les clubs algériens vainqueurs ou finalistes.
     1947 - U.S Maroc bat O.H.D. (Hussein Dey) 2 à 1
     1948 - U.S. Casablanca bat A.S.S.E. (Alger) 5 à 0
     1950 - A.S.S.E. (Alger) bat S.C.B.A. (Bel Abbès) 4 à 3 après prolongations
     1951 - S.C.B.A. bat W.A.C. (Maroc) 1 à 0
     1952 - F.C.B. (Blida) bat R.A.C. (Maroc) 3 à 1
     1954 - U.S.S.C. Témouchent bat U.S.M. Oran 1 à 0
     1955 - S.C.B.A. bat G.S.A. (Alger) 5 à 2 après prolongations
     1956 - Finale non jouée en raison des événements entre le S.C.B.A. (Bel Abbès) et l'U.S.M.B.A..
          
Championnat Nord Africain

          C'est la plus vieille des organisations nord Africaines qui fut officialisée en 1927 et dotée par M. Steeg, Gouverneur Général de l'Algérie, d'un bronze confié en garde au club vainqueur. En 1946 le Congrés des Ligues décida d'attribuer définitivement le trophée à l'U.S. Marocaine et de donner comme sous titre du Championnat nord africain le nom challenge Louis Rivet, en témoignage d'amitié au Président des Congrés pour les services rendus au football.

          Cette compétition disparut avec l'U.L.N.A. en 1956 pour faire place à un championnat d'Algérie. Nous ne citerons, pendant la période envisagée 1946-1962 que les clubs vainqueurs algériens.
     1947 - G.S.A. Alger
     1951 - G.S.A. Alger ; 1953 - S.C.B.A. Oran
     1954 - S.C.B.A. Oran
     1955 - E.S.F.M. Guelma (Constantine)
          

CHAMPIONNAT D'ALGERIE

    (Challenge Louis Rivet)
     Saison 1957-1958 Champion Gallia Sport d'Alger (2e S.C.B.A.)
     Saison 1958-1959 Champion Olympique d'Hussein Dey (2e S.C.B.A.)
     Saison 1959-1960 Champion Sporting Club Bel Abbésien (2e CAL-Oran)
     Saison 1960-1961 Champion A.S.Saint Eugène (2e S.C. Bel Abbès)






Comité d'organisation et de liaison des ligues algériennes. De gauche à droite assis : YUNG - BOUSQUET - BIR - COSMAN - WENDEL - ROFFE, debout : CASHA - DEL CASTILIO - SASTRE.


QUELQUES INTERNATIONNAUX

     Très nombreux sélectionnés dans l'équipe de France.
     Avant la période envisagée, il faut citer pour mémoire :

     Alger : Villaplane, Pozo Jean, Pavillard, Zermani, Bonello,
     Blida : Salvano
     Oran : Magnon, Dirbus (3 sél.), Bastion Jean (La Marsa), Fructuoso Michel, Gonzales Joseph.
     Constantine : Bardot (6 sél.) Philippeville, Zatelli Mario (Sétif)
     Et puis durant celle qui nous concerne (1946 à 1962) :
     Alger : Salva Marcel (13 sél.), Jasseron Lucien (2 sél.), Rahis Bernard (3 sél.), Blida ; Ben Bouali, Benouna, Bentifour (Hussein Dey), Ibrir Mioubi, Couard Roger (France B), Zitouni.
     Oran : Oliver Celestin (5 sél.), Firoud Kader, Mahi, Brusseaux, Rodriguez Sauveur (Aïn Temouchent), Bastien Jean, Liberati (France B)
     Constantine : Lamia Georges (7 sél.) Landi, Samuel Jean Claude (Guelma) Mekloufi Rachid (Sétif), Brahimi.
     Joueurs nés en Algérie, rapatriés en France et devenus internationaux : Anziani Philippe (Philippeville), Ayache William (Alger), Baeza Jean (Alger), Bousdira Fares (Alger), Estève Vincent (Alger), Larios Jean François (Oran) Lopez Christian (Oran), Soler Gérard (Oran), Sahnoun Omar (décédé).


A la mémoire des Agriculteurs
de la plaine de Bône
                                          par Georges Bailly                                       N°1

A la mémoire des Agriculteurs de la plaine de Bône, de Georges Bailly, retrace la vie des colons-agriculteurs européens qui, dès leur arrivée en 1848 dans cette partie de l'Est algérien, entreprirent d'assainir et de défricher des endroits marécageux et peu cultivés qui leur avaient été attribués par l'armée.
L'épidémie de choléra de 1849 emportera la plupart de ces premiers volontaires. Les survivants et les nouveaux venus purent toutefois racheter les parcelles des disparus.
Ils durent surmonter de nombreux obstacles : attaques, des pillards, des lions et des panthères qui décimaient les troupeaux, malaria, logements inconfortables dans des baraques en bois...
Ils fortifièrent leurs villages, tel le centre agricole de Mondovi, protégé par un fossé et quatre fortins où ils montaient la garde chaque nuit. Ainsi commença l'histoire agricole de la plaine de Bône.
Ces colons plantèrent des légumes et arbres fruitiers, puis du tabac, de la vigne, du coton, certains s'essayèrent à l'élevage d'ovins et de bovins et, même, à celui du ver à soie.
Le phylloxéra, le mildiou, les inondations, la sécheresse et les sauterelles, provoquèrent des faillites et plusieurs propriétés furent vendues à vil prix.
C'est alors que des investisseurs métropolitains, ayant échappé aux krachs financiers de l'Union Générale et du Panama, investirent dans la plaine de Bône en créant de grands domaines, gérés en Société Anonyme.
Au lendemain de la première guerre mondiale, un jeune homme d'origine alsacienne, Charles Munck, comprit que seule la création de mutuelles et de coopératives pourrait sauver la petite et moyenne propriété en assurant crédit et stabilité des prix. II fonda ainsi avec quelques amis Les Associations Agricoles de Bône, qui choisirent des cultures pour fournir des emplois à un grand nombre de travailleurs. Ce fut la réussite!

Georges Bailly est né à Bône le 17/4/1938, dans une famille de commerçants établis à Bône depuis 1842.
Au lendemain de l’indépendance, il s'est installé à Perpignan, dans les Pyrénées Orientales, puis s'est rapproché de ses enfants établis dans la région Provence Alpes-Côte d'Azur.
Pour réaliser son ouvrage, le premier du genre, il a pu consulter les archives des héritiers de la plupart des colons de la plaine de Bône, ainsi que celle des Chambres de commerce et de la Direction de l'Équipement pour raconter l'histoire dramatique mais exemplaire des pionniers agriculteurs de l'Algérie française.
Il reste à la vente quelques exemplaires de ce livre. Rendez_vous sur le N° 59 de la Seybouse pour trouver le bon de commande. "SEYBOUSE N° 59"
D'autres ouvrages de Georges " Généalogie des familles Teddé, Bonnet, Bailly " et " Bône-Annaba Ville de ma naissance


Avant propos

De la difficulté d'exposer " La véracité de notre passé"

Au cours de mes démarches en vue de composer cet ouvrage, indispensablement collectif, j'ai constaté combien certains descendants de ces pionniers agriculteurs de notre plaine, souvent amis d'enfance, faisaient la sourde oreille à mes appels de coopération.
Soit, ils me disaient avoir perdu ou détruit, les archives familiales, désirant effacer cette tragédie de l'abandon, témoignages à jamais enfouis !
Soit, ils trouvaient sans doute, inutile ou même inconvenant de fouiller dans leur passé pour retrouver après cinquante ans, les images, qui auraient du marquer leur vie. Et ça ils ne me l'ont pas avoué.
Ces attitudes pour ma part, incompréhensibles et inadmissibles reflètent à la réflexion, les lointaines difficultés du peuplement de ces terres conquises mais demeurées ingrates.
La mise sous cadastre du 19ème siècle, par le génie militaire, après les convois patriotiques des colons de 1848, à qui on loua une parcelle de 5 hectares de terre vierge, dénommée "Concession", trébucha après le choléra de 1849 effaçant leurs premiers et louables efforts.
La vente de ces concessions à des métropolitains par appel d'offre affiché dans les mairies de France et sur place par les veuves ou les survivants, favorisa un certain regroupement des parcelles à peine défrichées, en plus grandes exploitations.
Hélas, le début du 20éme siècle verra ces petits propriétaires vendre à vil prix leurs fermes devant les innombrables difficultés dont la sécheresse et le phylloxéra, à des Sociétés Anonymes pour la plupart métropolitaines, ayant les possibilités financières de créer et gérer de grands domaines viticoles. Et puis, après tant d'années de travail, ce fut l'incompréhension de l'insurrection, la trahison et l'abandon de cette province florissante par notre nation entière.
C'est dire combien, l'attachement à cette terre fut différent qu'on soit petit propriétaire ou employé dans un domaine, arrivés de longue date ou récemment.
Une intégration métropolitaine réussie et même heureuse ne pouvant justifier l'oubli, en cette patrie qui ne nous reconnaît pas totalement encore aujourd'hui.
Pour nous jusqu'à notre disparition nous conserverons et défendrons notre régionalisme d'algériens d'origine européenne, exilés de force, en pensant à nos anciens.

Les amis qui m'ont aidé et moi-même leurs pardonnons, car nous aurons au moins la fierté de laisser à la postérité quelques preuves de notre passage bienfaisant dans cette partie du monde.


La mémoire, est comme la dune de sable
Sans cesse remodelée par le vent ..................... de l'histoire
Aussi chacun croit savoir ce qui compose son propre tajine
Mais malgré le temps qui passe
Rien à jamais ne s'efface.

Georges dit Baïga


Je tiens à remercier tous ceux qui ont collaboré à la réalisation de cet ouvrage-mémoire, notamment Charles et François-Émile Borg, Paul Bossuot, Gérard Boutonné, Jean-Pierre Brucker, Georges et Marie-Claire Cassar, Christian Castelbou, Pierre Courbis, Jean-Pierre et Bernard Gassiot, Eric Germain, Armand Giuliano, Gilette Giuliano-Borg, Gérard Grech, Jean Jolly, Mme Matrone, Yves et Cathy Marthot, Jean-Pierre Maurel, Richard Ode, Paul Pavet, Jean-Philippe Pellarin, Yves Perreimond, Guy Pierri, Marc Rozier, Jacky et Thérèse Sultana, la famille Vernède en particulier : Pierrette, Maurice et son fils Jacques.



 Chapitre I  

LES POTENTIALITÉS NATURELLES, ÉCONOMIQUES
ET HUMAINES DE LA PLAINE DE BÔNE.

(D'après un rapport rédigé en 1960 par Eric Germain, ingénieur agronome)

POTENTIALITÉS NATURELLES

Sol et relief

La plaine de Bône était essentiellement constituée par trois types de terrains datant du quaternaire :
- des dépôts lagunaires et marins composés de sable et d'argile,
- des alluvions anciennes et nouvelles déposées par des oueds,
- des sols de marécage appelés "guerra".
Elle était bordée au sud par des massifs montagneux formés de terrains tertiaires (Numidien), au nord par un massif cristallin du primaire (L'Edough) et des formations dunaires du quaternaire (dunes littorales et de Blandan).
Les sols, formés à partir de ces différentes formations géologiques étaient très variés. Ils allaient des sols très compacts du lac Fetzara contenant 50% d'argile, au sable du littoral, en passant par des terres noires, les sols alluvionnaires de la Seybouse et des sols de décomposition des grès.
La plupart de ceux-ci avaient de fortes teneurs en sodium et en magnésium mais étaient pauvres en calcium.



Climat

Les températures moyennes journalières enregistrées au cours de l'hiver étaient de l'ordre de 8°C avec des maxima pouvant atteindre 21°C en janvier et jusqu'à 27°C en novembre. Quelques légères gelées pouvaient survenir en février et mars. Ces températures moyennes journalières étaient de 11 à 12°C en avril avec des maxima allant jusqu'à 28°C. Ces maxima pouvaient dépasser 30°C en mai, juin et octobre, 35°C en septembre et même atteindre plus de 40°C en juillet et août. Ces températures élevées coïncidaient avec une période de sécheresse marquée. Les effets de cette sécheresse étaient accentués par le sirocco, un vent brûlant venant du sud dont le nombre de jours par an était en moyenne de 47 à Bône.
Toutefois, la principale caractéristique du climat de cette région était une forte pluviométrie (moyenne annuelle de pluviométrie de 1947 à 1957: 735 mm à Mondovi, 787 mm à Bône, 793 mm à Ain Mokra). Celle-ci était mal répartie. Les chutes les plus importantes avaient lieu d'octobre à mars (574 mm au total durant cette période). On enregistrait encore quelques pluies en avril et mai, représentant respectivement 57 et 41 mm. La sécheresse était ensuite totale jusqu'à la fin septembre si l'on exceptait quelques orages d'été (62 mm au total pour ces quatre mois dont seulement 3 mm en juillet).
A cette répartition mensuelle très inégale des précipitations se superposait un régime très variable, de moins de 500 mm à plus de 850 mm en fonction de l'année. Ainsi la pluviométrie constituait-elle, dans la plaine de Bône, le principal problème pour l'obtention de rendements réguliers, ceux-ci pouvant varier du simple au double pour certaines cultures annuelles telles que le tabac, le coton ou la tomate.

Hydrographie

La plaine de Bône présentait du point de vue hydrographique des caractères très particuliers. Il existait encore en 1960, malgré les travaux réalisés, environ 39.000 hectares plus ou moins submergés durant l'hiver : à l'est, les marais du M'krada (1.400 ha), au nord, une zone littorale de 3.000 ha, les Beni Urgine, au centre la dépression du Lac Fetzara (13.500 ha) et à l'ouest les marais du delta commun de l'Oued Kébir et de l'Oued El Aneb (9.000 ha). A ces marais il fallait ajouter environ 5.000 hectares de lacs proprement dits : lac Oubeïra, lac Melah, lac des Oiseaux.
De nombreux oueds traversaient cette plaine, dont les plus importants étaient : l'oued Seybouse, l'oued Bou Namoussa, l'oued El Kébir. Ils permettaient à leurs riverains d'irriguer leurs terres grâce à quelques ouvrages de retenues.
Dans la plaine même, les ressources hydrauliques n'étaient pas négligeables. On repairait en général trois niveaux aquifères dont le premier à -60 mètres était exploité par des sondages équipés de pompes immergées.
Enfin, le massif dunaire de Blandan, à l'ouest, possédait des réserves importantes qui permettaient l'alimentation en eau potable de la ville de Bône et des villages environnants.

POTENTIALITÉS ÉCONOMIQUES


Situation

La quasi-totalité des produits agricoles de la plaine de Bône était drainée par cette agglomération. Une partie de ces produits servait à satisfaire les besoins de ses 140.000 habitants d'alors. Une autre était destinée à l'exportation, soit après simple conditionnement (agrumes, primeurs), soit après traitement ou transformation préalable (conserves de tomates, coton égrené, tabac séché, vins).
Ce trafic se faisait par le port qui rivalisait avec celui d'Oran par son tonnage (entrées 780.000T, sorties 2.450.000T), le nombre de navires le fréquentant (3.322) et la longueur de ses quais de 3,2 km.
C'était aussi par ce port que passaient les importations de matériel agricole lourd, ainsi qu'une partie de celles des produits phytosanitaires, le reste venant par train surtout d'Alger.
Dans la plaine, certains villages avaient une importance locale, surtout comme marchés. Il s'agissait des centres suivants : Duzerville à 12 km de Bône, Mondovi à 25 km, Randon à 27 km, Morris à 22 km, Penthièvre à 30 km, et, à un degré moindre, Nechmeya, Ain Mokra, Bugeaud, Combes et Barral.


État juridique des terres

Les terres cultivées dans le département de Bône se répartissaient en quatre catégories:
Les terres francisées, terres pour lesquelles il y avait des titres écrits de propriété. Elles se rencontraient principalement dans la plaine de Bône proprement dite.
Les terres communales ou domaniales, constituées principalement par des forêts recouvrant les massifs montagneux cernant la plaine.
Les terres Melk appartenant à des musulmans qui se les transmettaient héréditairement mais par simple tradition.
Les terres Arch, propriétés de personne et exploitées collectivement par les communautés musulmanes qui vivaient sur elles.
Ces deux dernières catégories de terres étaient nombreuses dans les régions limitrophes de la plaine. Leur statut freinait la réussite des programmes de modernisation de l'agriculture.


Dimension des exploitations

On trouvait dans l'arrondissement de Bône quatre catégories d'exploitations :
Les grands domaines européens (> 300 ha) occupant une partie du centre de la plaine, datant souvent du second empire et caractérisant la colonisation de la région. Leurs propriétaires travaillaient suivant des méthodes modernes et pratiquaient une agriculture intensive de type viticole-arboricole.
Les grands domaines de la bourgeoisie musulmane de Bône où l'agriculture y était extensive, de type céréalier.
Les moyens et petits domaines européens, propriété le plus souvent d'agriculteurs d'origine italienne ou maltaise qui pratiquaient une agriculture intensive de type arboricole et maraîcher.
Un grand nombre de petites propriétés musulmanes dont l'agriculture était encore très peu évoluée. Le type de culture y était semi-extensif avec comme productions principales des céréales et du tabac associé à un élevage très extensif.


Réforme agraire

Celle-ci intéressait en 1960 les zones d'Ain Mokra sur 4.500 hectares et de Penthièvre sur 7.000 hectares.
La CAPER (Comité d'admission à la propriété rurale) chargée de cette réforme, achetait de grands domaines puis les re-distribuait à de petits agriculteurs musulmans, qui recevaient des lots de 6 à 10 hectares avec un cheptel d'élevage plus ou moins important suivant les régions ainsi que des terrains de parcours collectifs.
Cette attribution se faisait moyennant une redevance calculée sur vingt ans. La CAPER mettait en valeur et défrichait ces zones avec son matériel durant les premières années. En contrepartie, les attributaires devaient se plier au plan de culture et d'assolement déterminé par les techniciens de cet organisme en collaboration avec la Direction des Services Agricoles.


Équipements

Le parc de motoculture était en accroissement rapide. Par rapport à 1949, il avait augmenté en 10 ans de 110%. En 1959 il s'établissait ainsi : 213 moissonneuses batteuses, 173 batteuses, 1940 tracteurs, 807 faucheuses, 590 moissonneuses lieuses.
De même, la pratique de l'irrigation s'était largement développée. De 1946 à 1959, les surfaces irriguées étaient passées de 3.000 à 4.700 hectares qui se répartissaient ainsi : agrumes (2.500 ha), cultures maraîchères (1.100 ha), autres vergers (800 ha), fourrages artificiels (200 ha), cultures industrielles (100 ha).
Les modes d'irrigation employés étaient de deux types :
- L'aspersion intéressant 600 hectares environ se développait assez rapidement en particulier pour les cultures fruitières.
- La submersion et le ruissellement, après pompage dans un sondage, étaient pratiqués sur 3.900 ha environ pour les cultures maraîchères et les vergers.


Modes d'exploitation des sols

L'arrondissement de Bône avait une superficie totale de 297.250 ha qui se décomposait de la façon suivante : forêts (124.857 ha), terrains improductifs non affectés à l'agriculture (46.299 ha appartenant à l'État, communes, terrains urbains et industriels), terres utilisées par l'agriculture (126.594 ha, soit 42%).

Ces forêts étaient essentiellement constituées de chênes-lièges dont l'exploitation était florissante avant 1954.
II faut aussi signaler l'eucalyptus localisé dans la région côtière, à l'est sur 1.100 ha et à l'ouest sur 350 ha. Un important projet avait démarré en 1957 qui visait à créer 24.300 ha de forêts de cette essence dans le nord Constantinois dont 5.800 ha dans l'arrondissement de Bône, principalement dans sa partie ouest. A la fin du programme il était prévu d'arriver à une production annuelle de 40.000 tonnes de bois qui alimenterait une usine de pâte à papier employant plus de 1.000 personnes.
Les terres exploitées étaient réparties à peu près à égalité entre européens, 60.763 ha et musulmans 65.531 ha.


En ce qui concerne les terres agricoles, il fallait distinguer la plaine de Bône proprement dite, au centre, des régions périphériques.
La plaine de Bône présentait une agriculture évoluée. Ses vergers d'orangers 2418 ha pour une production de plus de 30.000 tonnes par an, ses oliviers 450.000 arbres pour environ 3.000 tonnes d'olives et son vignoble, étaient très bien entretenus et avaient des rendements élevés et réguliers.
Les plantations fruitières et la vigne étaient peu dépendantes des aléas climatiques, la sécheresse du printemps et de l'été n'ayant que peu d'influence sur leurs rendements moyens. Les orangeraies étaient d'ailleurs toutes irriguées. Quant au vignoble, il produisait annuellement plus de 450.000 hl de vin.
Les autres terres cultivées de la plaine étaient généralement lourdes. Elles étaient occupées principalement par des céréales, 21.500 ha surtout du blé dur et de l'orge, ainsi que 8.400 ha de tabac, 7.000 ha de coton, et 800 ha des cultures maraîchères, essentiellement des pommes de terre, des tomates et des artichauts.
Ces productions annuelles avaient des rendements irréguliers, la climatologie de l'année, notamment une pluviométrie excessive au moment des semis ou du repiquage des plants, influençait beaucoup la réussite ou l'échec de la culture.
Les travaux d'assainissement exécutés par les services de l'hydraulique dans les secteurs de Randon, Morris et Duzerville avaient apporté de grandes améliorations.
Cependant, pour avoir une meilleure efficacité, ce réseau aurait dû être complété par des canaux secondaires et un drainage de parcelles.
Quant aux terres des régions périphériques, il s'agissait pour la plupart de sols de bonne qualité. Toutefois, la culture à base de céréales était souvent extensive sauf dans la zone d'Ain Mokra et Oued El Aneb où il existait quelques vergers et vignobles d'une certaine importance sur des exploitations appartenant à des agriculteurs d'origine européenne.


De mon temps !...
Trait d'Union N° 46

       Nos deux ministres de l'Éducation Nationale arrivent difficilement à mettre sur pied l'Université de l'an 2000. Peut-être, faudra-t-il leur adjoindre un troisième ministre ?

       "De mon temps"..., un seul Ministre de l'Instruction Publique suffisait à la tâche. Une fois pour toutes, appliquant les directives du temps de jules Ferry, il avait décidé que les classes auraient lieu tous les jours (jeudis et dimanches exceptés), de huit à onze et de treize à seize heures ; que l'année scolaire commencerait le premier octobre et se terminerait le premier samedi du mois de juillet, avec un congé de douze jours pour Noël et le jour de l'An et de quinze jours pour Pâques. Quant à l'organisation du "ramassage scolaire", et des cantines, il laissait à chacun toute liberté de manoeuvre.
       J'habitais dans une ferme, sur le territoire de la commune d'Oued-Amizour. Pour me rendre à l'école d'EL-KSEUR distante de cinq à six kilomètres, je disposais du bourricot : Grisou, au pelage poivre et sel, haut sur pattes, rapide et cabochard. Le terme de "âne" nous était connu depuis la deuxième page de notre syllabaire, mais "âne", faisait savant, pompeux, voire péjoratif. Le Directeur, Mr PENY, ne traitait-il pas le mauvais élève d"'âne bâté" et Madame HUITRÉ, la maîtresse de la Maternelle, avait confectionné un redouté bonnet d'âne dont elle coiffait le paresseux, exposé au pied du gros frêne, pendant la récréation. Portant en bandoulière, d'un côté, en guise de cartable, une musette militaire que mon père avait ramenée de la guerre 14-18, et de l'autre un "crabot", sorte de panier kabyle en alfa, de forme oblongue, muni d'un couvercle coulissant, qui contenait mon repas de la mi-journée, je partais, juché sur Grisou à la conquête du Savoir!

       Grisou n'appréciait pas du tout les petits coups d'aiguillons que j'appliquais sur son garrot. Il renâclait alors, faisait claquer ses oreilles, lançait quelques ruades et pétarades, puis reprenait, trottin-crottin, sa vitesse de croisière. Au bas du village, il lançait son cri de guerre, vite relayé par ses confrères, "scolarisés" comme lui. A onze heures, tous les gosses des épars se réunissaient sous le préau, autour d'une grande table désaffectée pour y prendre leurs repas. Il y avait là, autant que je m'en souvienne, Émile, Rachid, Quico et Mathilde, Claude et sa petite soeur Golaine ... Golaine, précisément, qui lisait le compliment d'usage, le jour de la distribution des prix, car, bien avant la fin du cours préparatoire, elle lisait couramment ... avec un fort accent mahonnais, il est vrai.
       J'extirpais de mon "crabot" le frichti que ma mère avait confectionné la veille, un quignon de pain, quelques fruits de saison, les inévitables figues sèches de Kabylie, le robinet de la cour nous offrait la boisson. On n'avait pas encore inventé les repas chauds ! Dès quatre heures, à califourchon sur Grisou, j'apprenais déjà, les leçons du lendemain. Autant de temps de gagné à consacrer aux devoirs de maison.

       Aux chaussures, maintenant! Brosse décrottoir, au poil raide, brosse en forme de minuscule mandoline, pour étendre le cirage, brosse souple et soyeuse que je promenais sur le globe de la lampe à pétrole pour donner plus de brillance au cuir.

       Souper et coucher. Avec le même rituel, les jours succédaient aux jours ... La vie "s'écoulait comme un long fleuve tranquille", comme serpentait au fond de la vallée, l'Oued Soummam. Capricieux, quand de gros orages s'abattaient sur les BABORS, il débordait alors, sautant par dessus les gabions, coupant la route, inondant la plaine pour aller rejoindre plus loin un autre méandre. Par précaution, mon père m'accompagnait sur son cheval, jusqu'à la "coupure" et décidait s'il fallait ou non, rebrousser chemin. L'uniformité ne préoccupait personne : interrogez ma petite blouse, souvent réajustée à ma taille et qui fut ma fidèle compagne durant mon séjour à la Communale, pendant cinq ans d'École Primaire Supérieure, pendant trois ans d'École Normale de Constantine, et même au-delà, au cours de mes premières années de "sacerdoce".

       II y a, de cela, quelque huit décennies, c'était "ça" de "mon temps !".

Albin SÉBASTIANI      


Les trois cigognes
Envoyé Par Chantal

       Trois cigognes se rencontrent, et se demandent les unes aux autres :
       - Tu vas où ?

       - Hooo, je vais chez un couple qui essaye d'avoir un enfant depuis 10 ans..
       -Je leur apporte une petite fille.

       - C'est cool ! - Et toi ?

       - Je vais chez une dame qui n'a jamais eu d'enfants. je lui apporte un petit garçon !
       - C'est bien, je suis sure qu'elle va être vraiment heureuse.
       - Et toi ? demandent les deux premières à la troisième cigogne.

       - Moi ? Je vais juste là à côté, au couvent. Je ne leur apporte jamais rien, mais j'adore leur foutre la trouille



ANECDOTE
Envoyé par Mme PAGANO
          

          M. Fleur habite dans mon village d'éxil, je le connais depuis son installation et il ne m'a jamais dit qu'il avait été distingué pour son sport.
          C'est la modestie Bônoise.
J.P. B.



MŒURS ET COUTUMES DE L'ALGÉRIE
  1853                     Par LE GÉNÉRAL DAUMAS                            N° 6 
Conseiller d'Etat, Directeur des affaires de l'Algérie
TELL - KABYLIE-SAHARA

AVANT-PROPOS.
  
Appeler l'intérêt sur un pays auquel la France est attachée par les plus nobles et les plus précieux liens, faire connaître un peuple dont les moeurs disparaîtront, peut-être un jour, au milieu des nôtres, mais en laissant, dans notre mémoire, de vifs et profonds souvenirs, voilà ce que j'ai entrepris. Je ne me flatte pas d'avoir les forces nécessaires pour accomplir cette tâche, à laquelle ne suffirait pas d'ailleurs la vie d'un seul homme; je souhaite seulement que des documents réunis, avec peine, par des interrogations patientes, dans le courant d'une existence active et laborieuse, deviennent, entre des mains plus habiles que les miennes, les matériaux d'un édifice élevé à notre grandeur nationale.
Général E. Daumas

LE TELL
VIII.
El oudou (Les ablutions).

             La religion musulmane impose l'obligation de l'oudou el kebir, la grande ablution, et de l'oudou el seghir, la petite ablution.
             La petite ablution doit être faite avant chacune des cinq prières que tout musulman doit offrir à Dieu dans les vingt-quatre heures, et qui sont :
Salat el fedjer, prière du point du jour;
Salat et dohor, prière d'une heure après midi;
Salat et Jaseur, prière de trois heures;
Salat et snoghreb, prière du coucher du soleil;
Salat et nicha, prière de huit heures du soir.

              Ces prières sont plus ou moins avancées ou retardées suivant la saison.
             Chacune des pratiques de l'oudou el seghir doit être répétée trois fois.
             Elles consistent à se verser un peu d'eau dans la main droite et à la laver, à s'en verser ensuite dans la main gauche et à la laver également, en prononçant ces paroles :
" Bessem allahi el rahmani el rahimi ,
" Au nom de Dieu le miséricordieux,
" Mon intention est de faire telle prière. "

              Si l'on porte une bague, il faut la faire tourner pour bien nettoyer son empreinte.
             On se gargarise ensuite avec une gorgée d'eau, toujours par trois fois, et trois fois on aspire de l'eau par les narines, en disant :
" O mon Dieu , faites-moi sentir l'odeur du paradis ! "

              On fait une tasse de sa main droite, on la remplit d'eau; et on se lave la figure du front au menton et d'une oreille à l'autre, en donnant attention à bien se nettoyer jusqu'aux racines des poils du visage, les yeux et les oreilles.
             On se lave ensuite les deux bras jusqu'au coude, en commençant par le bras droit.
             On trempe dans l'eau ses deux mains, réunies par l'extrémité des doigts, on les porte au front, on les divise pour les faire glisser jusqu'au menton ; on se lave encore les oreilles et on se frotte le cou.

              Enfin, on se lave les deux pieds, en commençant par le pied droit et en passant avec soin, entre les doigts du pied qu'on purifie, les doigts de la main opposée.
             S'il arrive qu'on n'ait point d'eau l'heure de la prière venue, on étend ses deux mains sur une pierre polie ou sur un terrain très propre ; on les passe sur sa figure, en confessant qu'on est dans l'intention de faire telle prière ; on ôte sa bague, on s'enlace les doigts les uns dans les autres, on ramène sa main gauche, d'abord jusqu'au coude du bras droit, sa main droite ensuite jusqu'au coude du bras gauche, et quand on a deux fois seulement accompli ces différents actes, on peut procéder à la prière.

              L'oudou el kebir, que l'on appelle encore oudou el djenaba, l'ablution des flancs, est imposée dans certaines circonstances désignées par la loi et qui sont reconnues avoir souillé l'homme et la femme, ou l'homme seulement, ou la femme seulement (1); on le fait ou chez soi, ou aux bains publics, ou dans une eau de la campagne, rivière, lac, puits ou ruisseau.
             Comme celles de l'oudou el seghir, toutes les pratiques de l'oudou el kebir doivent être répétées trois fois. On commence par se laver, d'abord le milieu du corps, et les mains ensuite, en disant :
" 0 mon Dieu, mon intention est de me purifier par ces bains, afin que toutes mes impuretés grandes et petites soient chassées. "

              Et après avoir fait ainsi que pour la petite ablution, on s'asperge le flanc droit et le flanc gauche.
             L'homme doit se laver la tête et les poils de la barbe ; mais il est permis à la femme de ne point dénouer les tresses de ses cheveux.


IX.
Le jeûne, le ramadan (el siam el ramadan).

             Le jeune du Ramadan est la troisième base fondamentale de l'islamisme, qui en reconnaît cinq
La prière, el salat ;
L'aumône, el zekkat;
Le jeûne, el siam;
Le pèlerinage, el hadj;
La profession de foi, el chehada.

              On entre dans le mois de Ramadan quand, après le mois de Chaban, deux adouls témoignent avoir vu la nouvelle lune, tous les habitants d'une ville, tous les membres d'une tribu ne l'eussent-ils pas vue; depuis ce moment jusqu'à la lune suivante, le jeûne est d'obligation pour tous les musulmans ; chaque jour, à partir du moment où l'on peut distinguer un fil blanc d'un fil noir jusqu'au coucher du soleil.
             Pour entrer de fait dans le Ramadan, il faut y entrer d'intention et s'être proposé la veille de jeûner le jour suivant; autrement, et bien qu'on jeûnât ce jour-là, le jeûne ne serait pas compté.
             Pendant le temps du jeûne, on ne peut ni embrasser, ni étreindre, ni se laisser aller aux mauvaises pensées qui peuvent faire perdre à l'homme sa force. - Il faut s'abstenir durant tout le' jour de relations avec sa femme.
             Celui qui jeûne, homme ou femme, ne peut goûter aucuns mets, ni ceux qu'Il prépare , ni tout autre.
             Il ne peut se servir d'aucun remède pour les dents; car toute chose, aussi minime qu'elle soit, qui entrerait dans l'estomac romprait le jeûne.
             Si cependant on s'est mis du koheul aux yeux, et que le lendemain on le sente au gosier, le jeûne n'est pas rompu pour cela (2).
             La fumée de tabac elle-même, non seulement celle que l'on aspirerait en fumant, mais encore celle qu'on respirerait en compagnie de fumeurs, rompt le jeûne; il n'en est point ainsi de la fumée du bois.
             Celui qui, de son plein gré et non par oubli ou par ignorance, a mangé, se trouve dans le cas dit keufara; et, pour se racheter, il donnera soixante jointées de blé aux pauvres, une à chacun, ou jeûnera deux mois de suite, ou affranchira un esclave.

              Toutefois, un homme très avancé en âge peut se dispenser de jeûner, pourvu qu'il donne chaque jour une jointée de blé aux pauvres.
             En cas de maladie grave, on peut remettre le jeûne, et le cas est décidé par un médecin ou par l'autorité d'un homme sincère.
             La femme enceinte, en couches, ou qui allaite, peut se dispenser de jeûner; il en est de même de celui qui est fou et de celle qui est folle.
             Quand un homme a besoin de faire travailler sa femme, il peut encore l'autoriser à manger.

              Si le Ramadan tombe au moment des fortes chialeurs, on peut boire, mais à la condition de donner également du blé aux pauvres et de jeûner plus tard pendant autant de jours qu'on en aura violé.
             Sauf ces cas réservés, celui qui mange pendant le Ramadan peut être bâtonné, emprisonné, frappé d'une amende , suivant la volonté du kadi.
             On rompt le jeûne de la journée en mangeant, aussitôt le coucher du soleil, des choses légères, ou des douceurs, ou des dattes, et en buvant trois gorgées d'eau après avoir fait cette prière :
" Mon Dieu, j'ai jeûné pour vous obéir, être romps le jeûne en mangeant de vos biens.
Pardonnez-moi mes fautes passées et futures "

              Il est d'usage cependant de faire aussitôt un repas, pour ne point imiter les juifs, qui s'abstiennent longtemps encore après que l'heure de manger est venue.
             Aux trois quarts de la nuit, enfin, on fait le repas du sehour; mais au fedjeur (point du jour), il faut reprendre l'abstinence.
             Ce n'est pas assez, toutefois, de ne pas satisfaire les appétits du corps, il faut encore s'abstenir de tout mensonge, de toute mauvaise pensée, et ne pécher ni par les yeux, ni par les oreilles, ni par la langue, ni par les mains, ni par les pieds.
             C'est pendant le Ramadan surtout que chaque matin la langue dit à l'homme :
" Comment passeras-tu la journée?
- Bien, si tu ne me compromets pas," lui répond l'homme.
Le soir elle lui dit encore :
Comment as-tu passé la journée ? "
Et l'homme lui répond : " Bien , si tu ne m'as pas compromis.., "


X.
Le Chambi à Paris (3).

             Tandis que la poésie est chez nous le don d'un petit nombre, le privilège de quelques esprits, une fleur exquise et rare qui n'appartient qu'à une certaine espèce de sol, chez les Arabes elle est partout; elle anime à la fois, dans le pays par excellence de l'espace, du soleil et du danger, les spectacles de la nature et les scènes de la vie humaine. C'est un trésor auquel tous viennent puiser, depuis le pasteur dont les troupeaux disputent à un sol brillant quelque touffe d'herbe flétrie, jusqu'au maître de la grande tente, qui galope au milieu des goums bruyants, sur un cheval richement harnaché.

              Tel est le fait dont se sont pénétrés tous ceux qui ont longtemps vécu, comme moi, de la vie arabe. Les personnes qui en sont encore à leur apprentissage des moeurs africaines croient souvent à une exagération dans ce qu'ils ont tant de fois entendu répéter sur la poésie orientale. Ils craignent de subir une opinion toute faite, de se laisser imposer ce qu'on appelle, je crois, le convenu, dans le langage des artistes. J'avais remarqué ces dispositions chez un officier de spahis, qui me permettra de le mettre en scène dans un intérêt de vérité. M. de Molènes, dont le nom, tout militaire, aujourd'hui, réveillera peut-être quelques souvenirs littéraires chez les lecteurs, contestait, dans mon cabinet, un matin les dons poétiques du peuple arabe, quand notre entretien fut interrompu par une visite d'une nature insolite et inattendue. Le personnage qui s'offrait à nous portait le burnous et le haïk; c'était un Chambi. II appartenait à cette race d'audacieux trafiquants qui bravent la morsure des serpents, les tempêtes de sable et la lance des Touareg, ces brigands voilés du désert, pour aller jusqu'aux États du Soudan chercher les dents d'éléphant, la poudre d'or et les essences parfumées. J'avais déjà rencontré dans le cours de ma vie africaine cet éternel et placide voyageur qui vous répond avec la mélancolie sereine du fatalisme, quand vous I'interrogez sur ses errantes destinées : " Je vais où me mène Dieu. " Cette fois le Chambi était venu amener au Jardin des Plantes, par l'ordre du général Pélissier, deux de ces célèbres méharis que les guerriers montent dans le Sahara, et qui atteignent, dit-on, une vitesse à faire honte aux plus généreux coursiers.

             Quand le prophète aurait voulu donner un irrécusable témoin à mes paroles sur l'indélébile poésie de son peuple, il n'aurait point pu m'envoyer un hôte plus opportun que le Chambi. Celui qui allait servir de preuve vivante à mes arguments n'était pas en effet un de ces tholbas qui puisent dans la docte retraite des zaouyas, des inspirations inconnues du vulgaire, aux sources mystérieuses des livres sacrés ; ce n'était pas non plus un de ces guerriers suivis de cavaliers, précédés de drapeaux, entourés de musiciens, qui peuvent tirer d'une existence d'éclat et de bruit tout un ordre exceptionnel d'émotions. Non, c'était un homme de la plus basse condition, ce que serait ici un colporteur de nos campagnes. Eh bien ! dis-je à mon interlocuteur, je parierais que si j'interrogeais au hasard cet obscur habitant du désert, je tirerais à l'instant de sa cervelle des chants qu'envieraient peut-être les meilleurs de nos poètes. Le défi fut accepté. L'interrogatoire commença. On va juger ce qui en sortit.

             Ce fut d'abord un chant religieux. il faut répéter chez les Arabes ce que disaient les poètes antiques : " Commençons par les dieux. " Là cette source et cette fin de notre vie, c'est-à-dire la religion divine, n'est jamais oubliée. Ce Dieu dont il semble que la vie du grand air rende le contact plus fréquent, la présence plus sensible et le pouvoir plus immédiat, est toujours invoqué par les chantres nomades. Le Chambi n'interrogea pas longtemps ses souvenirs. Après avoir fredonné pour se mettre en haleine, un de ces airs monotones comme l'horizon du désert, dont les Arabes charment leur voyage sur le dos des chameaux, voici ce qu'il nous récita :
" Invoquez celui que Dieu a comblé de ses grâces,
O vous tous qui nous écoutez !
Croyez en ses dix compagnons,
Les premiers qui aient composé son cortége.
Interrogez les montagnes,
Elles vous révéleront la vérité.
Savez-vous qui vous parlera aussi de Dieu?
C'est le chelil (4) du cheval Bourak.
Ce chelil qui est semé de boutons d'or,
Et auquel pendent des franges resplendissantes,
Ce chelil aime les hommes qui jeûnent,
Et ceux qui cassent leurs nuits à lire les livres de Dieu.
Il aime aussi les braves,
Les braves qui frappent avec le sabre ,
Et qui jettent dans la poussière
Les infidèles et les mécréants.
Qui le possède devance tous les autres
Auprès de Dieu, le maître du monde.
Qui le possède devra avoir une parole
Qui ne revienne jamais,
Le sabre toujours tiré
Et la main toujours ouverte pour les pauvres.
Mais ce chelil, je ne l'ai jamais vu sur la terre,
Je ne sais pas même de quelle couleur il est ;
On m'en a parlé, et j'y ai cru.

             Je ne sais point si je m'abuse sur le mérite de ces vers, mais il me semble qu'il y a dans ce morceau un charme et une grandeur qu'offrent rarement les oeuvres de l'esprit chez les nations les plus avancées. Le dernier trait : On m'en a parlé et ,j'ai cru, ne déparerait point la composition la plus savante d'une littérature raffinée. Il exprime ce que la foi du croyant a de plus absolu et de plus enthousiaste avec une sorte de grâce sceptique. L'officier que je voulais convaincre eut la même impression que moi. Ce début nous avait unis tous deux en goût de poésie, et je fis un nouvel appel à la mémoire du Chambi.

             Les poètes, chez les Arabes, puisent tous leurs inspirations aux mêmes sources. La religion, la guerre, l'amour et les chevaux, voilà ce qu'ils célèbrent sans cesse. Souvent le même chant renferme ces éléments bornés et féconds de toute leur vie. On demande à Dieu de rendre vainqueurs ceux qui l'implorent ; on demande aux chevaux de porter ceux qui les possèdent auprès des Fatma ou des Aicha. Quelle différence entre cette primitive et vigoureuse poésie de l'Orient, si riche dans ses développements, mais si sobre dans ses matières, et notre poésie inquiète, tourmentée, fantasque, qui bouleverse toutes les régions du ciel et de la terre pour y chercher les sujets qu'elle traite en sa langue fébrile et travaillée!
             Les souvenirs du Chambi se rassemblaient souvent avec peine, et sans cesse nous obtenions seulement quelques bribes de chants que nous aurions voulu pouvoir écrire tout entiers ; mais les vers sont comme des diamants qui brillent d'un éclat d'autant plus vif, qu'ils ne sont point réunis en diadèmes ou en bouquets.

             Voici, au hasard, quelques-uns des fragments que j'arrachai à la mémoire de mon singulier visiteur; je crois qu'on y verra, comme moi, de ces vastes éclairs où se découvrent des perspectives infinies.
Porte les yeux sur les douars des Angades,
Puis lève-les au ciel et compte les étoiles;
Pense à l'ennemi où tu n'as point d'ami ,
Pense à nos montagnes, à leurs étroits sentiers;
Viens seul , m'a-t-elle dit, et sois sans compagnon.

             Ou je suis bien étrangement abusé par le charme qu'a laissé dans ma mémoire une vie qui me sera toujours chère, ou bien il y a dans ces vers ce que l'intelligence de la nature a de plus noble et ce que l'amour a de plus passionné.
             Et qui rendra plus fièrement cette chevalerie à laquelle sont soumises encore les moeurs arabes, que cette autre strophe sortie aussi toute vivante des souvenirs du Chambi :
Mon coursier devient rétif devant ma tente;
Il a vu la maîtresse des bagues prête à partir.
C'est aujourd'hui que nous devons mourir
Pour les femmes de la tribu.

             Tous ceux qui ont assisté à quelques combats en Afrique savent le rôle que jouent les femmes dans toutes les scènes guerrières. C'est pour elles que parle la poudre. La réponse de tous les chefs aux ouvertures de paix qui leur sont faites, c'est: " Que diraient nos femmes, si nous ne nous battions pas? "
Elles ne voudraient plus nous préparer le couscoussou. C'est une grande erreur de croire que l'islamisme maintient la femme dans un état d'abjection d'où pourraient seuls la tirer des miracles de la foi chrétienne. La femme musulmane, au contraire, a conservé chez des hommes, que sa parole précipite dans les combats, ce prestige qu'avaient les reines des tournois aux jours amoureux et guerriers du moyen âge.

             Le Chambi parvint à nous réciter un chant complet, où la femme est en même temps célébrée avec un sentiment profond de tendresse morale de ces emportements de passion sensuelle, ce luxe d'ardentes images qui, depuis le Cantique des Cantiques, éclatent en Orient dans toutes les odes à l'amour.

Ma sœur (5) ne peut se comparer qu'à une jument entraînée,
Qui marche toujours aux arrière-gardes,
Avec une selle étincelante d'or,
Montée par un gracieux cavalier
Qui sait s'incliner en courant,
Quand résonne le bruit de la poudre.
Ma soeur ressemble à une jeune chamelle
Qui revient du Tell au milieu de ses compagnes,
Chargée d'étoffes précieuses.
Ses cheveux tombent sur ses épaules,
Et ont la finesse de la soie;
Ce sont les plumes noires de l'autruche mâle
Quand il surveille ses petits dans le Sahara.
Ses sourcils, ce sont le noûn (6)
Que l'on trouve aux pages du Koran,
Ses dents ressemblent à l'ivoire poli ;
Ses lèvres sont teintes avec du kermesse.
Sa poitrine , c'est la neige
Qui tombe dans le Djebel Amour.
0 temps ! sois maudit si elle vient à m'oublier !
Ce serait la gazelle qui oublie son frère.

             Les chevaux peuvent seuls disputer aux femmes le privilège d'une tendresse enthousiaste dans une âme de musulman. Le cheval est, chez les Arabes, élevé à la dignité d'une créature animée par la raison. Le cheval Bourak a sa place au paradis parmi les saints, les houris et les prophètes. Nous avons vu quelles vertus a son chelil, ce merveilleux talisman qui est le partage du vrai croyant. Aussi, toute la complaisance que les Arabes mettent à décrire leurs femmes, ils la mettent également à peindre la grâce énergique et fière de leurs chevaux.
Sidi-Hamra possède une jument gris pierre de la rivière,
Qui ne fait que caracoler.
Il possède une jument rouge
Comme le sang qui coule aux jours de fête (7)
Ou bien comme le fond d'une rose.
Il possède encore une jument noire
Comme le mâle de l'autruche ,
Qui se promène dans les pays déserts.
Il possède enfin une jument gris pommelé,
Qui ressemble à la panthère,
Que l'on donne en présent à nos sultans.

             Voilà ce que nous débita le Chambi d'une voix aussi caressante que s'il nous eût dépeint les charmes des plus merveilleuses beautés du désert. Il nous dit aussi :
Je veux un cheval docile.
Qui aime à manger son mors,
Qui soit familier avec les voyages,
Qui sache supporter la faim,
Et qui fasse dans un jour
La marche de cinq jours;
Qu'il me porte auprès de Fatma,
Cette femme aussi puissante que le bey de Médéah,
Lorsqu'il sort avec des goums et des askars,
Au bruit des flûtes et des tambours.

             Les Arabes sont infatigables dans la parole comme dans le silence. Ce sont en tout les hommes des extrémités. Les voilà pour des journées entières à cheval, dévorant les plaines, se riant des montagnes, ou bien les voilà devant leurs tentes, couchés sur des nattes, les regards fixés sur leurs vastes horizons, pour une suite indéterminée d'heures ! Mon Chambi, si je ne l'avais pas arrêté, me réciterait encore les poésies du désert. La poudre, les chevaux, les chameaux, les cris de jeunes filles, ce pauvre homme avait évoqué tous les bruits, toutes les couleurs, toutes les figures de la patrie, et il était là comme un fumeur de hachich perdu dans ce monde enchanté. Mais notre vie à nous ne nous permet pas de nous laisser envahir par la poésie. Je mis fin à une visite qui m'avait pris déjà trop d'utiles moments. J'en avais tiré, du reste, des arguments victorieux pour ma cause.
" Je me rends, me dit mon interlocuteur; je conviens avec vous qu'aucune mémoire de paysan ne serait ornée en France, ni même je crois, en aucune contrée de l'Europe, comme celle du Chambi, Reconnaissons au pays du soleil le privilège de colorer chez tous les hommes le langage et la pensée des mêmes teintes que le ciel. "

             - Louons Dieu, ajoutai-je, d'avoir donné pour refuge le domaine de l'imagination à ceux qui mènent sur une terre stérile, la vie de la misère et du danger.
             Quant au chambi, il ne s'inquiétait guère des réflexions qu'il venait de nous fournir; il avait repris son visage résigné et son attitude placide. Comme je lui demandais, en le, congédiant, sur quelles ressources il comptait dans ses pérégrinations continuelles, il ouvrit la bouche, et, me montrant entre ses lèvres brunes, ces dents d'une éclatante blancheur qui distinguent les enfants du désert: Celui qui a fait le moulin, dit-il, ne le laissera pas chômer faute de monture. Quand il fut parti, je pensai que ce pauvre hère emportait sous ses haillons les deux plus grands trésors de ce monde, la poésie et la sagesse.

             J'aimerais à faire connaître dans tous leurs détails les moeurs d'un pays qui maintenant est pour toujours associé au nôtre. Je l'aimerais pour maintes raisons. Chez nous ce qui excite le plus d'intérêt est ce qui parle à l'imagination. Si l'on pouvait savoir tout ce qu'il y a dans l'esprit arabe de verve, d'originalité, d'attrait, il y aurait bien vite en France un véritable engouement pour l'Algérie. Puis je le crois aussi, il y aurait profit pour toutes les littératures européennes dans la lumière jetée sur un peuple où le climat, les coutumes et la religion ont réuni une si prodigieuse variété de richesses poétiques. Cooper a tenu en éveil la curiosité d'un immense public avec ses tribus indiennes. Les enfants du désert sont d'autres hommes que ceux des tribus américaines. Chez les populations de l'Afrique, la grâce, l'intelligence, l'éclat d'une antique civilisation, se mêlent à l'énergie de la vie sauvage. Ces hommes qui passent leur temps sous la tente, qui vivent de l'éperon et du fusil, sont familiers avec l'immortelle poésie du Koran, et ont sur toutes les choses humaines mille aperçus pleins de finesse. Je vais tacher d'en fournir une preuve.

             Quelques personnes, m'assure-t-on, se sont intéressées à ce Chambi que j'ai mis en scène récemment. Je me retrouvai ces jours derniers dans des conditions toutes semblables à celles où j'étais lors de la visite que j'ai exactement racontée. Je m'entretenais avec le même interlocuteur de ce qui est, j'en conviens, une préoccupation habituelle de ma pensée, du pays arabe, de ses habitants, des études de toute nature qu'il y aurait pour des esprits curieux et attentifs dans la vaste contrée où s'engagent chaque année davantage nos destinées. Le personnage que l'on connaît s'offrit tout à coup à notre vue.

" Je te croyais reparti pour le désert, dis-je au Chambi.
- Non pas, me dit-il, je reste ici avec quelques compagnons. "

             Je dirai en passant qu'il y a dans ce moment-ci à Paris un groupe d'Arabes, pour la plupart du Sahara, qui ont associé au milieu de nous leurs errantes et insouciantes existences.

" Et de quoi vivez-vous? " Il se prit à rire de ce rire intelligent et, si l'on peut parler ainsi, convaincu des nations qui n'abusent pas comme nous de ce jeu de la physionomie.
" Écoute, fit-il, nous allons tous les dimanches dans un café. Là on nous dit : Fumez, prenez du café, et l'on vous payera. En effet, quand nous avons fumé et bu pendant quelques heures, on nous donne quarante douros, qui nous servent à vivre toute la semaine. " Là-dessus il rit encore, et il ajouta une phrase dont il est difficile de traduire en notre langue la pittoresque ironie, mais qui voulait dire à peu près ceci : Les enfants de Mohammed profitent de ce que Dieu a créé, tout exprès pour les nourrir, une nation de badauds.

             Ainsi les Gil Blas et les Guzman d'Alfarache n'appartiennent pas uniquement à nos contrées. Voilà que l'Afrique nous fournit aussi cette sorte de gens pour qui le pavé des grandes villes est un champ inépuisable où vient une infinité de cultures. Depuis longtemps, j'avais le désir de réunir les impressions habituelles que notre pays, nos moeurs, notre civilisation font éprouver aux voyageurs des pays arabes. Je résolus de mettre à profit la nouvelle visite du Chambi pour tirer d'une intelligence africaine tonte une série d'opinions raisonnées sur la France. Je commençai donc un interrogatoire où je posai d'abord à mon hôte quelques questions préliminaires sur les chrétiens. Voici quelles furent ses premières réponses :
" Vous ne priez pas, vous ne jeûnez pas, vous ne faites pas vos ablutions, vous ne rasez pas vos cheveux, vous n'êtes pas circoncis, vous ne saignez pas les animaux qui vous servent d'aliments, vous mangez du cochon et buvez des liqueurs fermentées, qui vous rendent semblables à la bête; vous avez l'infamie de porter une casquette, que ne portait pas Sidna-Aïssa (Notre Seigneur Jésus-Christ) : voilà ce que nous avons à vous reprocher. En échange, nous disons : Vous frappez bien la poudre; votre aman (8) est sacré; vous ne commettez pas d'exactions; vous avez de la politesse; vous êtes peu enclins au mensonge; vous aimez la propreté. Si, avec tout cela, vous pouviez dire une seule fois du fond de votre coeur : Il n'y a pas d'autre Dieu que Dieu, et notre seigneur Mohammed est l'envoyé de Dieu, personne n'entrerait avant vous dans le paradis. "

             Plus d'un lecteur sourira certainement à quelques passages de cette tirade, où il trouvera de bizarres puérilités. Peut-être n'aura-t-il point réfléchi assez avant de sourire. Ainsi, ce singulier reproche : " Vous avez l'infamie de porter une casquette, que ne portait pas Notre Seigneur Jésus-Christ, " tient précisément à ce qui donne aux moeurs orientales le plus de grandeur et de dignité. Dans ce pays de traditions antiques, rien n'a changé : les fils tiennent à honneur d'être vétus comme leurs pères. Cette bizarre tyrannie de la mode, que les plus sérieux esprits sont obligés de subir chez nous, est là-bas chose complètement inconnue. Les habits, comme les usages, sont sous la protection de la religion, et tirent de cette loi auguste quelque chose d'une particulière gravité. Ce qu'il y a de ridicule dans notre accoutrement a certainement été un des obstacles les plus puissants placés entre les moeurs arabes et l'influence européenne.
             Laissant de côté les considérations générales sur la race chrétienne, je demandai au Chambi ce qui lui avait paru digne d'éloge en France, et voici ce que j'en obtins :

" Il y a dans votre pays un commandement sévère. Un homme peut y voyager jour et nuit, sans inquiétude. Vos constructions sont belles, votre éclairage est admirable, vos voitures sont commodes, vos bateaux à fumée et vos chemins de feu n'ont rien qui leur soit comparable dans le monde. On trouve chez vous des aliments et des plaisirs pour tous les âges et pour toutes les bourses. Vous avez une armée organisée comme des degrés. Celui-ci au-dessus de celui-là. Aucune de vos villes ne manque de fantassins; vos fantassins sont les remparts de votre pays. Votre cavalerie est mal montée, mais merveilleusement équipée. Le fer de vos soldats brille comme de l'argent. Vous avez de l'eau et des ponts en abondance. Vos cultures sont bien entretenues; vous en avez pour chaque saison. L'oeil ne se lasse pas plus de voir vos légumes et vos fruits que votre sol ne se lasse de les fournir. Nous avons trouvé dans votre jardin du Baylic (le Jardin des Plantes) en animaux, en plantes et en arbres, ce dont nos anciens eux-mêmes n'avaient jamais entendu parler. Vous avez de quoi contenter l'univers entier en soie, en velours, en étoffes précieuses et en pierreries. Enfin, ce qui nous étonne le plus, c'est la promptitude avec laquelle vous savez ce qui se passe sur les points les plus éloignés. "

             Voilà assurément un bel éloge de notre civilisation. Il semble que nous devrions exercer une grande action sur un peuple qui apprécie aussi vivement toutes les découvertes et toutes les ressources de notre esprit ; malheureusement, les Arabes mettent dans les jugements qu'ils portent sur eux-mêmes une intelligence aussi élevée que dans les jugements qu'ils portent sur nous. Ce ne sont pas des sauvages, menant par la seule impulsion de la nécessité et de l'habitude une vie donc ils ne comprennent point la grandeur. Ce qu'il y a de charme profond, de saisissant attrait dans leur libre et périlleuse existence, ils le connaissent mieux que nous. Qu'on en juge par cette apologie de l'Afrique, dont le Chambi fit suivre son éloge de notre pays :
" Tandis que votre ciel est sans cesse brumeux, que votre soleil est celui d'un jour ou deux, point davantage, nous avons un soleil constant et un magnifique climat. Si, par hasard, le ciel vient à s'ouvrir sur nous, un instant après il se referme, le beau temps reparaît, et la chaleur nous est rendue. Tandis que vous êtes fixés au sol par ces maisons que vous aimez et que nous détestons, tous les deux ou trois jours nous voyons un pays nouveau. Dans ces migrations, nous avons pour cortége la guerre, la chasse, les jeunes filles qui poussent des cris de joie, les troupeaux de chamelles et de moutons qui sont le bien de Dieu, se promenant sous nos regards, les juments suivies de leurs poulains qui bondissent autour de nous.
" Vous travaillez comme des malheureux, nous ne faisons rien. Notre vie est remplie par la prière, la guerre, l'amour, l'hospitalité que nous donnons ou que nous recevons. Quant aux travaux grossiers de la terre, c'est l'oeuvre des esclaves. Nos troupeaux, qui sont notre fortune, vivent sur le domaine de Dieu; nous n'avons besoin ni de piocher, ni de cultiver, ni de récolter, ni de dépiquer les grains. Quand nous le jugeons nécessaire, nous vendons des chameaux, des moutons, des chevaux ou de la laine; puis nous achetons et les grains que réclame notre subsistance et les plus riches de ces marchandises que les chrétiens prennent tant de peine à fabriquer. Nos femmes, quand elles nous aiment, sellent elles-mêmes nos chevaux, et, quand nous montons à cheval, elles viennent nous dire, en nous présentant notre fusil :
" 0 monseigneur ! s'il plaît à Dieu, tu pars avec le bien, tu reviendras avec le bien. "
" Notre pays, en printemps, en hiver, dans toutes les saisons, ressemble à un tapis de fleurs, d'où s'exhalent les plus douces odeurs. Nous avons des truffes et le danoum qui vaut les navets; le drin nous fournit un aliment précieux. Nous chassons la gazelle, l'autruche, le lynx, le lièvre, le lapin, le dol, le renard, le chacal, le bekeur-el-oulach (l'antilope). Personne ne nous fait payer d'impôts ; aucun sultan ne nous commande.
" Chez vous, on donne l'hospitalité pour de l'argent. Chez nous, quand tu as dit : " Je suis un invité de Dieu, " on te répond : " Rassasie ton ventre, " et l'on se précipite pour te servir. "

             Si la civilisation recevait des éloges tout à l'heure, voilà le désert qui est bien autrement exalté. Je désire que cette série de paroles, traduites avec une fidélité scrupuleuse, fasse réfléchir un peu les gens qui s'indignent de ce que la race européenne et la race indigène ne forment point déjà, en Algérie, un même peuple, gouverné par les mêmes lois.

             Qu'on médite sur chacune de ces phrases, et l'on verra que le travail de notre conquête est tout simplement de réunir les éléments les plus opposés. Tandis que le génie de l'Europe est l'industrie, le génie de l'Orient est l'oisiveté. Tandis que l'esprit moderne poursuit la pensée chimérique peut-être des dominations pacifiques, l'esprit des temps anciens se conserve chez les populations primitives de l'Afrique, qui demeurent éprises de la guerre. Je ne désespère pas, certainement, du but que notre autorité se propose; mais, pour atteindre ce but, même avec plus de rapidité et de sûreté, il est bon de ne se cacher aucun des obstacles qui nous en séparent.
             On trouvera que ce sont là peut-être de bien sérieuses considérations à propos des discours du Chamhi. Les gens qui n'aiment pas faire peser sur leur esprit le poids des sérieuses pensées, préféreront, sans aucun doute, à ce qui précède ce qui me reste encore à dire. Je conclus, d'après certaines de ces paroles, que mon visiteur était un moraliste, et il y a un chapitre que les moralistes de tous les temps aiment particulièrement à traiter, c'est celui des femmes. Je n'eus pas à me repentir d'avoir mis le Chambi sur cette matière. Le philosophe de Ouargla mit dans son traité sur ce qui occupera toujours le plus les fous et les sages de tous les pays et de tous les temps, une verve malicieuse, digne de Rabelais et de Montaigne. Ce fut d'abord une suite de dictons. "Chez vous et chez nous, dit-il, la ruse des femmes est sans pareille. "
Elles se ceinturent avec des vipères
Et s'épinglent avec des scorpions.
Le marché des femmes est comme celui des faucons;
Celui qui s'y rend doit se méfier d'elles :
Elles lui feront oublier ses travaux,
Elles détruiront sa renommée,
Elles lui mangent son bien ,
Elles lui donneront une natte pour linceul.

             Après ces dictons que je pourrais multiplier, sorte de proverbes rimés, où s'accouplent singulièrement le bon sens et la poésie, le Chamhi nous fit un tableau complet de moeurs que je veux essayer de rendre. Ce qu'il y a de profondément original fera excuser ce qu'il y a peut-être d'un peu offensant pour certaines idées de notre civilisation et de notre pays.
             Chez nous, dit notre Arabe, les femmes aiment qu'un homme soit toujours recherché dans ses vêtements, frappe bien la poudre, ait une main continuellement ouverte, mène hardiment un cheval et sache garder un secret. Voilà qui regarde l'amant; quant à l'époux, il faut qu'il n'oublie pas un seul jour les devoirs du mariage, sans cela, sa femme va trouver le cadi, et du plus loin qu'elle l'aperçoit, elle se met à crier : " O monseigneur, lui dit-elle, il n'y a pas de honte quand on obéit à sa religion ; eh bien ! je viens au nom de ma religion accuser mon mari. Ce n'est pas un homme, il ne me regarde pas; pourquoi resterais-je avec lui?"
" Le cadi lui répond : " 0 ma fille, de quoi te plains-tu? Il te nourrit bien, il t'habille bien, tu as tout ce que tu veux.
- Non, monseigneur, reprend-elle, je ne suis ni nourrie ni vêtue ; s'il n'accomplit pas ce que lui prescrit notre seigneur Mohammed, je veux divorcer avec lui. "
" Le cadi alors s'écrie : " Tu as raison, la religion des femmes, c'est l'amour. " Et presque toujours le divorce est prononcé. "

             Beaucoup de gens s'en vont disant que les femmes sont malheureuses dans la société musulmane. Je n'ai pas posé cette question au Chambi ; mais, si je lui avais dit : "Crois-tu que vos femmes voudraient vivre sous notre loi? " il m'aurait répondu, j'en suis sûr : " Elles regretteraient l'autorité protectrice du cadi. "
             J'étendrais sans fin un sujet dont le principal mérite doit être la brièveté, si je voulais rapporter ce que l'habitant du désert me débita encore d'observations, de maximes, de poésies. Parmi l'amas de paroles et de pensées mêlées comme de capricieuses arabesques dans ce long entretien, je remarquai cependant une sentence en vers, que je veux à toute force citer, car elle porte l'empreinte de cet orgueil, trait distinctif du caractère arabe, que ne peut méconnaître sans danger quiconque est appelé à traiter avec les populations musulmanes.
Souviens-toi qu'une once d'honneur
Vaut mieux qu'un quintal d'or.
Ne te laisse prendre pour jouet par personne.
Le pays où souffre ton orgueil,
Quitte-le, quand ses murailles seraient bâties avec des rubis.

             L'auteur du Cid aurait aimé, je crois, cette poésie. N'est-elle pas empreinte d'une grandeur qui rappelle cette fierté que le sang castillan a tirée, sans aucun doute, des veines africaines? Mon Chambi allait devenir pour moi un Abencérage, quand je le congédiai en lui donnant un douro. L'Arabe, qui a déjà tiré des leçons de Paris, se montra tout entier alors. Il prit la pièce entre ses doigts, et, l'élevant au-dessus de sa tète :
" Voici ton père, s'écria-t-il, le mien et celui de tout le monde.

             Je raconte ce que ,j'ai entendu. Quant au soin de tirer des conclusions, je le laisse à ceux qui aiment à débrouiller l'énigme bizarre de l'esprit humain.


1. La loi entre ici dans des détails que nous croyons devoir supprimer
2. Nous ne nous expliquons point cette phrase. Elle est tout au long dans l'ouvrage de Sidi-Bhelil, au chapitre El Siam, commenté par Sidi-Abd-el-Baky.-Comment de la poudre d'antimoine peut-elle aller des yeux au gosier? Quoi qu'il en soit, cette réserve caractérise bien les scrupules avec lesquels les musulmans observent et Siam.
3. Membre de la grande tribu des Chambas, dans le Sahara.
4. Ornement de soie que l'on étend sur la croupe des chevaux aux jours de fête.
5. Les Arabes, dans leur poésie, désignent sous ce nom leurs maîtresses.
6. Noün, lettre de l'alphabet arabe qui affecte la forme d'un arc.
7. Aux jours fériés, on saigne chez les musulmans un grand nombre d'animaux, qui sont ensuite dépecés et distribués aux pauvres.
8. Pardon.

A SUIVRE

Le Porteur d'eau
Très beau texte envoyé par M. Anonyme

                Un porteur d'eau avait deux grandes jarres, suspendues aux 2 extrémités d'une pièce de bois qui épousait la forme de ses épaules.

                L'une des jarres avait un éclat, et, alors que l'autre jarre conservait parfaitement toute son eau de source jusqu'à la maison du maître, l'autre jarre perdait presque la moitié de sa précieuse cargaison en cours de route.

                Cela dura 2 ans, pendant lesquels, chaque jour, le porteur d'eau ne livrait qu'une jarre et demi d'eau à chacun de ses voyages.

                Bien sûr, la jarre parfaite était fière d'elle, puisqu'elle parvenait à remplir sa fonction du début à la fin sans faille.

                Mais la jarre abîmée avait honte de son imperfection et se sentait déprimée parce qu'elle ne parvenait à accomplir que la moitié de ce dont elle était censée être capable.

                Au bout de 2 ans de ce qu'elle considérait comme un échec permanent, la jarre endommagée s'adressa au porteur d'eau, au moment où celui-ci la remplissait à la source.

                "Je me sens coupable, et je te prie de m'excuser."

                "Pourquoi ?" demanda le porteur d'eau. "De quoi as-tu honte ?"

                "Je n'ai réussi qu'à porter la moitié de ma cargaison d'eau à notre maître, pendant ces 2 ans, à cause de cet éclat qui fait fuire l'eau. Par ma faute, tu fais tous ces efforts, et, à la fin, tu ne livres à notre maître que la moitié de l'eau.

                Tu n'obtiens pas la reconnaissance complète de tes efforts", lui dit la jarre abîmée.

                Le porteur d'eau fut touché par cette confession, et, plein de compassion, répondit: "Pendant que nous retournons à la maison du maître, je veux que tu regardes les fleurs magnifiques qu'il y a au bord du chemin".

                Au fur et à mesure de leur montée sur le chemin, au long de la colline, la vieille jarre vit de magnifiques fleurs baignées de soleil sur les bords du chemin, et cela lui mit du baume au cœur. Mais à la fin du parcours, elle se sentait toujours aussi mal parce qu'elle avait encore perdu la moitié de son eau.

                Le porteur d'eau dit à la jarre "T'es-tu rendu compte qu'il n'y avait de belles fleurs que de TON côté, et presque aucune du côté de la jarre parfaite? C'est parce que j'ai toujours su que tu perdais de l'eau, et j'en ai tiré parti.

                J'ai planté des semences de fleurs de ton coté du chemin, et, chaque jour, tu les as arrosées tout au long du chemin.

                Pendant 2 ans, j'ai pu grâce à toi cueillir de magnifiques fleurs qui ont décoré la table du maître. Sans toi, jamais je n'aurais pu trouver des fleurs aussi fraîches et gracieuses."

                Morale de l'histoire: Nous avons tous des éclats, des blessures, des défauts. Nous sommes tous des jarres abîmées.
                Certains d'entre nous sont diminués par la vieillesse, d'autres ne brillent pas par leur intelligence, d'autres trop grands, trop gros ou trop maigres, certains sont chauves, d'autres sont diminués physiquement, mais ce sont les éclats, les défauts en nous qui rendent nos vies intéressantes et exaltantes.
                Il vaut mieux prendre les autres tels qu'ils sont, et voir ce qu'il y a de bien et de bon en eux. Il y a beaucoup de positif partout.
                Il y a beaucoup de bon en vous.
                Ceux qui sont flexibles ont la chance de ne pas pouvoir être déformés.

                Souvenez-vous d'apprécier tous les gens si différents qui peuplent votre vie ! Sans eux, la vie serait bien triste.
                Merci d'apprécier amicalement mes imperfections - et, plus important pour tous - d'apprendre à aimer les vôtres…


" L'AFRIQUE DU NORD MUSULMANE"
2ème Edition 1954/1955
                                         Envoyé par M. Daniel Dardenne                                       N°2

Textes et Annexes de A. BENSIMON et F. CHARAVEL : Instituteurs à Alger.
Documentation photographiques et réalisation Technique de
H. BENAIM - G. DOMECQ - E. DURIN - R. PERIAND - Instituteur à Alger.
Illustration et Cartes de F GIROUIN - Instituteur à Alger.
Réalisé sous l'égide de la Section d'Alger du Syndicat National des Instituteurs.

INTRODUCTION

          "Qu'à travers ces documents, ceux qui s'attachent à élucider l'histoire de l'Islam sachent retrouver des hommes dignes, au même titre que tous les autres, de leur curiosité et de leur sympathie"
J. SAUVAGET                    
Professeur au Collège de France
Introduction à l'Histoire de l'Orient Musulman
(A. Maisonneuve)                
LA COMMISSION.             

LE KHAREJISME

          VIIIème SIECLE
          Le pays est conquis, mais non soumis.
          Des révoltes éclatent et se succèdent pendant 20 ans. Pourquoi ?
          Les Berbères supportent mal les vexations auxquelles les soumettent les gouverneurs arabes.
          De plus, contrairement à la loi coranique, les nouveaux convertis demeurent des contribuables et sont assujettis à l'impôt foncier (Kharâj).
          A noter, l'influence du tempérament berbère épris d'indépendance et d'esprit égalitaire.
          Une hérésie, née en Orient des compétitions sanglantes autour du Califat va permettre aux Berbères de donner une forme religieuse à leurs revendications politiques et économiques : le Khâréjisme : racine Kh.r. j. : sortir (de l'Islam orthodoxe).

          Les foyers de révolte :
    le Maroc.
    le Sud Constantinois.
    le Sud Tunisien - la Tripolitaine.

          La doctrine : c'est l'Islam égalitaire et puritain.
          Il affirme que tout musulman " même un esclave nègre " peut devenir Calife. Il lui suffit d'en être digne.
    - Succès considérable de cette doctrine en Berbérie.
    - KAIROUAN prise par les Berbères, reprise par les Arabes est plusieurs fois mise à sac.
    - Vers 771 : Les Khâréjites tiennent le Maghreb central et l'Ifrîqiya.
    - Finalement, les révoltes sont durement réprimées par des armées venues d'Orient.
    - Mais si les Arabes reprennent l'Ifrîqiya et installent un émir (*) à KAIROUAAN, ils renoncent à s'emparer du reste du Maghreb qui s'organise en royaumes religieux.

REMARQUE : Les personnes qui ne connaissent pas la langue arabe prononceront probablement " le caréjisme " comme par ailleurs " Ibn Caldoun " et " Cadija ". Elles pourront demander à un Musulman de leur indiquer la prononciation du kh, 7ème lettre de l'alphabet arabe qu'on entend souvent dans des mots comme : Khamsa (cinq) et ya Khouya (ô mon frère), et dont le son est analogue à celui de la jota espagnole.

LECTURES


LA MOSQUEE DES PURITAINS

          " Ce discours donne un raccourci saisissant de la position des sectaires khârijites, et traduit, avec toute la brutalité que l'on pouvait attendre de ces fanatiques mais non sans noblesse et sans une grandeur poignante, leur intransigeance puritaine et leur profonde religiosité ". (Sauvaget)
          Le Khârijite Abou-Hamza fit à la Mecque, un discours dans lequel il mentionna le Prophète de Dieu, puis Abou-Bekr et Omar de la manière qui convenait... Après quoi il en vint à ses propres compagnons : " De jeunes gars qui, par Dieu, étaient dans la pleine force de leur âge, dont les yeux se détournaient pour ne point contempler le mal, dont les pieds se faisaient lourds pour ne point suivre les vanités, exténués de pratiques pieuses, fourbus de veilles. Dieu les voyait, au sein de la nuit, l'échine courbée sur les fascicules du Coran ; le sol avait rongé leurs genoux, leurs mains et leur front (1) mais ils considéraient que tout cela était peu de chose auprès de Dieu. Si bien que lorsqu'ils se trouvèrent devant les flèches encochées, les lances pointées, les sabres dégainés, et que l'escadron fulmina sa foudre de mort, chacun d'eux se lança bravement droit devant lui, jusqu'au moment où ses pieds s'entrechoquèrent sur le col de sa monture et où les beaux traits de son visage se teignirent de sang. Et les fauves de la terre accoururent vers eux, et les oiseaux du ciel s'abattirent sur eux. Et combien d'yeux sont maintenant dans le bec d'un oiseau, dont les possesseurs avaient si longtemps pleuré, au sein de la nuit, dans leur crainte de Dieu. Combien de mains ont maintenant quitté leur poignet, sur lesquelles leurs possesseurs s'étaient si longtemps appuyés, au sein de la nuit, pour se prosterner devant Dieu. Hélas, hélas. " Et il descendit du minbar en pleurant.
IBN QOTAIBA
(né en Irak en 828, mort à Bagdad vers 885)
Traduction J. SAUVAGET - Historiens Arabes - Collection " Initiation à l'Islam "
A. Maisonneuve - 1, rue St Sulpice - Paris (6`')

(1) Tant ils multipliaient les exercices pieux : les genoux, les paumes des mains et le front étaient en effet en contact avec le sol au cours de la prosternation rituelle qui est le moment essentiel de la prière liturgique.

UN GOUVERNEUR A POIGNE

          La scène se passe en 695 à Koufa (Perse), le Calife Omeyyade de Damas vient de désigner Al-Hajjaj au gouvernement d'une province de l'Irak. Le discours qu'il adresse à ses administrés à l'occasion de sa prise de fonction est une page fameuse de l'éloquence arabe : nous n'en possédons pas moins de 9 versions, assez voisines les unes des autres pour qu'on puisse admettre qu'il a été effectivement prononcé à peu près dans les termes que rapporte At-Tabari. Vers la même époque, le Gouverneur Yazid se vante d'instaurer au Maghreb les procédés du gouverneur d'Irak.
          " Je vois ici des têtes 'mûres dont le temps est venu de faire la cueillette : je vois déjà le sang couler sur les turbans et sur les barbes...
          Gens de l'Irak, Dieu m'est témoin que je ne suis pas de ceux qui se laissent palper comme on palpe des figues, ou que l'on peut effrayer en secouant une vieille outre vide (comme on fait aux chameaux) : ma perspicacité est connue, et je poursuis mon but jusqu'au bout. Le Prince des Croyants Abdelmalik a vidé son carquois devant lui : il a mordu ses flèches (pour les éprouver), sans en trouver qui fût plus amère et plus dure que moi et c'est pourquoi il m'a lancé contre vous. Car voilà trop longtemps que vous suivez allègrement la voie de la sédition et que l'égarement est la règle de votre conduite. Mais - j'en prends Dieu. à témoin - soyez certains que je vous écorcherai comme on pèle une branche, que je vous ligoterai comme on fait d'un buisson d'épines, que je vous rosserai comme des chameaux étrangers (qu'on chasse du troupeau) : et, par Dieu, quand je promets, je tiens quand j'ébauche, je finis l'ouvrage. Et usez de ces conciliabules et de ces racontars ! " On dit que... " " Il a dit que... ", " Il dit que... " : de quoi vous mêlez-vous ? Dieu m'est témoin que vous marcherez sans broncher dans la voie correcte ou que je créerai à chacun de vous de l'occupation au sujet de sa carcasse ! Tous ceux du corps expéditionnaire d'Al-Mohallab que je trouverai en ville passé trois jours seront exécutés, et je ferai piller leurs biens. " Après quoi il gagna sa résidence sans rien ajouter.
AT-TABARI
Historien arabe (839-923) né à Amal (Perse)
Traduction J. SAUVAGET

* * *
A SUIVRE

Rodolphe ORANE
Auteur, Compositeur, Interprête
          

   Album de souvenirs dansés par les anciens   


La chanson "C'EST LA MEDITERRANEE" que vous écoutez en ce moment sur une magnifique musique qui nous rappelle les plus beaux souvenirs dans cette splendide ville d'"Oran la belle", chère au coeur de tous nos compatriotes, nous est offerte gracieusement par l'auteur.

  Pour commandez l'Album "Nos 20 Ans à Oran"  
  pour 10 € seulement franco de port.  
adresse :    rodoran@orange.fr
  Rendez-vous sur le site pour écouter d'autres extraits. 
    http://www.rodolpheorane.musicblog.fr




Samedi 23 mai
Le soir Repas catalan et ambiance 

Dimanche 24 mai
Buffet champêtre à 12 h 30 à Notre dame de la Salut

Pour le programme détaillé, l’ hebergement et les inscriptions
envoyez votre adresse e mail et vos coordonnées à :

barba.annie-claude@orange.fr (Annie Vidiella)
ou

william.puccio@orange-ftgroup.com (William Puccio)
tel 09 60 07 3 706


FABLES ET HISTORIETTES
TRADUITES DE L'ARABE
PAR A. P. PIHAN
LES RENARDS TROMPES PAR LE LOUP.

       Une bande de renards s'en allait un jour chercher de quoi manger. Tout en faisant leur ronde, ils trouvèrent un chameau mort. - " Voilà, s'écrièrent-ils, de quoi vivre pour longtemps; mais il est à craindre que quelqu'un de nous ne partage pas également avec les autres, que le plus fort ne prenne au delà de ce qui doit lui revenir, et que le plus faible ne meure de faim. Il nous faut donc chercher un arbitre relativement à notre trouvaille, pour qu'il la répartisse entre le fort et le faible. "
       Or, pendant qu'ils s'entretenaient de cette affaire, un loup s'avança de leur côté, et l'un d'eux dit aux autres : " Si vous voulez, nous choisirons ce loup pour arbitre ; il est puissant et vigoureux comme vous le désirez; jadis son père fut notre roi, et il y a lieu d'espérer qu'il sera équitable envers nous. "
       La proposition fut acceptée, puis ils allèrent trouver le loup et l'informèrent de leur délibération, le priant d'être leur régisseur et leur juge au sujet de la nourriture qu'ils avaient trouvée, et de donner journellement à chacun une portion suffisante.
       Le loup se rendit à leur demande et leur fit le premier jour une répartition convenable; mais, le lendemain, il se dit en lui-même : " En vérité, c'est une faiblesse de ma part que de leur distribuer ce chameau ; car ils ne peuvent me causer ni dommage ni profit, ils ne sont pas forts, et jamais ils ne cesseront d'être mes serviteurs et ceux de ma famille. Qu'ai-je donc à craindre? Ce chameau, c'est la Providence qui me l'a envoyé, je ne leur en dois pas d'actions de grâces ; pourquoi les redouter et négliger mes intérêts? Désormais, je ne leur donnerai plus rien. "

        Les renards, pressés par la faim, vinrent lui dire : " 0 loup! donne-nous aujourd'hui de la nourriture. "
       "Non certes, répondit celui-ci; je, n'ai ni distribution ni largesse à vous faire; vous n'aurez rien, retirez-vous ; et si j'aperçois quelqu'un de vous rôder autour de moi, je le tuerai. "

        Un des renards dit aux autres : " Nous voilà plongés dans le malheur à cause de ce traître qui n'a pour Dieu ni respect ni crainte. Nous ne sommes pas assez forts contre lui : quelle ruse donc employer? " " Ce n'est que la faim, reprit un autre renard, qui a pu le porter à cette injustice; laissez-le pour aujourd'hui manger à satiété, qu'il se remplisse le ventre et les yeux ; demain nous reviendrons le trouver. "
       Le lendemain, ils vinrent lui dire " 0 loup! notre unique intention était de te mettre à notre tête, afin que tu donnasses à chacun de nous son lot, et que personne ne fit du tort aux autres; voilà ce que nous attendions de toi, et cependant nous nous sommes fait du tort et nous avons gâté notre affaire. Hier nous sommes venus, et, quoique affamés, nous avons supporté patiemment ce que tu nous as fait; mais aujourd'hui une grande faim nous assiège encore : donne-nous donc de ce qui te reste de notre nourriture, car il nous suffira de peu, et tout ce que tu feras sera bien fait. "
       Le loup refusa, et, de plus, les accabla d'injures.

        Un des renards dit alors aux autres : " Il n'y a pas moyen de réussir auprès de ce fripon; c'est notre perte qu'il désire. Allons trouver le lion et implorons son secours contre lui ; nous lui proposerons le chameau pour qu'il donne la mort à ce loup perfide. "
       Ils se rendirent donc auprès du lion et l'informèrent de la conduite du loup à leur égard, puis ils ajoutèrent : " Grâce à Dieu, tu es fort et puissant, eh bien ! va trouver ce loup, tue-le et empare-toi de ce dont il s'est rendu maître; nous t'en serons reconnaissants. "

        Le lion s'en alla chercher le loup et le livra aux renards, qui le mirent en pièces.


SOUVENIRS
Pour nos chers Amis Disparus
Nos Sincères condoléances à leur Familles et Amis


Envoi de M. Alain Sportiello
Décès de M. Jacky SPORTIELLO


"Chers(es) amis (es),

       Nous venons d'apprendre avec tristesse, le 12 février, la disparition de Jacky Sportiello, fils de Jean-Baptiste, agent des PTT, et d'Antoinette Balzano son épouse, et frère de Janine et d'Alain.
       Jacky était âgé de 71 ans, il était né à Bône où il a habité avec sa famille au 17 de la rue de Strasbourg (route de Bugeaud).
       Il avait fréquenté l'école Sadi-Carnot en primaire puis le lycée Saint Augustin. Sportif, il nageait au Cercle des Nageurs Bônois (CNB) et avait joué au foot en cadet à l'Association Sportive de Bône (ASB).
       Après le bac, il avait préparé les concours d'entrée aux grandes écoles au lycée Bugeaud d'Alger. Il avait été admis en 1959 à l'Ecole Normale Supérieure et à l'Ecole Polytechnique.
       Polytechnicien, Jacky a eu une carrière de chef d'entreprise jusqu'à sa retraite qui a coïncidé avec le début de sa maladie.
       Il vivait à Paris, était marié et père de trois enfants.





AVIS AUX ANNONCEURS
Par M. M. Jean Pierre Bartolini

        Chers Amis,
        Je reçois chaque jour du courrier de parution de livres, d'œuvres de spectacle ou autres événements à caractères lucratifs au sens financier.
        Sans entrer dans les justifications ou non du caractère financier des annonces, je me dois encore, de préciser que le site de Bône et la Gazette ne vivent que par mon investissement financier (matériel informatique, hébergement, achats de documentation et même déplacements) et sans regret ; par ma disponibilité dont l'emprise est plus forte que celle qui revient normalement au domaine familial qui ne me l'a jamais reproché et dont je loue la patience ; par le bénévolat, la gentillesse et le dévouement des chroniqueurs qui contribuent à cette Gazette et qu'il faut remercier mille fois ; par l'apport gracieux de documentation des lecteurs que je remercie aussi pour comprendre l'esprit de cette modeste réalisation.
        Une fois ces précisions dites et redites, je dois encore rajouter que ce site et cette Seybouse n'ont aucun caractère commercial, haineux, racial, repentant, spécialement politique ou religieux, etc… ou contraire à la loi et aux respects des bonnes mœurs et des mémoires plurielles. Les seuls buts sont la mémoire et la vérité telles que nous les avons vécues et que nous connaissons, nous les Pieds-Noirs, les expatriés d'Algérie. La diffusion, l'explication et la compréhension de ses buts nous amèneront, je le pense sincèrement, au but suprême qui est la Paix. La Paix des Mémoires, des Âmes, des Cœurs, en un mot celle des Hommes.
        Donc en regard de cela, je réserve le passage des annonces et publicités sur la Seybouse dans ce respect. Pour accomplir cette tâche, surtout pour les livres, pour l'audio ou la vidéo, je dois m'assurer que ceux-ci sont conformes à ce respect, à cet esprit en ayant aussi mon libre choix.
        Pour exercer ce libre choix de faire de la publicité gratuite des annonceurs, il faut que je lise des ouvrages ou des chapitres publiables sur le site, que je visionne des DVD ou que j'écoute des CD. Il me faut du temps. Certains annonceurs m'envoient ou me proposent spontanément leurs œuvres (même si je dois les renvoyer) et en plus ils ont l'amabilité et la patience d'attendre ma décision. Je les en remercie sincèrement car j'ai encore des livres reçus et à lire.
        Par contre, d'autres annonceurs, que nous ne connaissons ni d'Adam ni d'Eve, font du harcèlement par messages interposés (d'autres Webmasters sont dans le même cas), alors qu'ils n'ont même pas le réflexe d'exprimer ce qu'ils attendent de nous, de nous faire parvenir leurs œuvres ou de très larges extraits. En plus de cela, certains sont impolis et même agressifs dans leurs propos si nous n'accédons pas à leurs " désirs ".
        Je l'avais déjà dit et je le redis, je ne passerai plus de publicité pour des œuvres que je n'aurai pas lues, regardées ou écoutées. J'ai déjà refusé de faire de la publicité pour quelque chose qui n'était pas conforme à notre mémoire et je le referai. J'ai peut-être commis des erreurs, si c'est le cas je les assumerai et les réparerai.
        Je suis au regret de m'en tenir à cette décision qui sera comprise par la majorité et critiquée par une minorité. Je suis un bénévole parmi tant d'autres, qui s'investit financièrement et temporellement sans compter et qui a la liberté de se rendre ses comptes.

        Je repasserai plusieurs fois cette Avis, car certains ne l'auraient pas lu auparavant et d'autres ne le liraient ni cette fois-ci ni plus tard, sur ce numéro.
        Avec mes profonds remerciements.
        Amicalement
        J.P.B.,
        Webmaster à but non lucratif du site de Bône et de la Seybouse.


MESSAGES
S.V.P., lorsqu'une réponse aux messages ci dessous peut, être susceptible de profiter à la Communauté, n'hésitez pas à informer le site. Merci d'avance, J.P. Bartolini

Notre Ami Jean Louis Ventura créateur d'un autre site de Bône a créé une rubrique d'ANNONCES et d'AVIS de RECHERCHE qui est liée avec les numéros de la seybouse.
Pour prendre connaissance de cette rubrique,
cliquez ICI pour d'autres messages.
sur le site de notre Ami Jean Louis Ventura

--------------------


De Mme. Claude Cognet

Amis de BELLEVUE, SAINT-JEAN, EL-KANTARA etc.
VOICI LA NOUVELLE REUNION POUR LES CONSTANTINOIS
Chers Amis,
Vous retrouverez, du 21 au 24 mai 2009, à LUNEL (34) entre Montpellier et Nimes,
" LES 15/25 ANS EN 1962 DES CLOCHERS DE CONSTANTINE "
C'est pourquoi, nous vous invitons à vous inscrire à cette réunion.
BIEN NOTER QUE VOTRE INSCRIPTION NE SERA DEFINITIVE QU'A RECEPTION DU CHEQUE.
Vous pouvez contacter Daniel FARNAUD : daniel.farnaud@wanadoo.fr
ou moi même : claude.cognet@free.fr
Nous vous adresserons la liste des personnes qui seront présentes, afin de savoir quels sont les amis que vous pourrez retrouver.
A très bientôt et merci pour votre collaboration.
CLAUDE

De M. Pierre Jarrige

Chers Amis
Voici cinq Diaporamas sur les Aéronefs d'Algérie. A vous de les faire connaître.
Diaporama 1
Diaporama 2
Diaporama 3
Diaporama 4
Diaporama 5
Pierre Jarrige
Site Web:http://www.aviation-algerie.com/
Mon adresse : pjarrige@orange.fr

DIVERS LIENS VERS LES SITES


M. Robert Antoine et son site de STAOUELI vous annoncent la mise à jour du site au 1er Mars.
Son adresse: http://www.piednoir.net/staoueli
Nous vous invitons à visiter la mise à jour.
Le Staouélien

M. Gilles Martinez et son site de GUELMA vous annoncent la mise à jour du site au 1er Mars.
Son adresse: http://www.piednoir.net/guelma
Nous vous invitons à visiter la mise à jour.
Le Guelmois

Bonjour à tous
Le site de " Constantine la ville de mon enfance" http://www.constantine.fr est ouvert.
Dans le sommaire à gauche aller dessous "les constantinois" et cliquer dessous sur " leurs pages perso" cliquer sur mon nom entre deux petites photos et sur "cliquer ici pour les albums photos". Ensuite à gauche sur la petite photo de Sidi Mabrouk ou sur celle de Birtouta,selon votre choix.
ou alors cliquez directement sur ce lien, puis sur Yvan Bourgue :
http://www.constantine83.fr/pages_perso/index_pages_perso.php
Bientôt les photos seront légendés. Je remercie tous ceux qui pourront m'envoyer des photos du Pays de notre jeunesse, je me ferais un grand plaisir en les plaçant sur les albums.
Faites parvenir ces renseignements à tous vos amis.
YVAN BOURGUE

cliquez ICI pour d'autres messages.

RECETTE POUR MANGER Á L'ŒIL
Envoyé par Chantal

         Un curé dit à son ami rabbin :
         - J’ai un truc pour manger à l’œil.
         - Super, tu fais comment ?
         - Je vais au restaurant assez tard, je commande une entrée, un plat, je prends mon temps pour le café, le cognac, un bon cigare et j’attends la fermeture. Comme je ne bouge pas, quand ils rangent toutes les tables et mettent les chaises dessus pour pouvoir fermer, le garçon vient pour me demander de payer.
         Je lui dis que j’ai déjà payé son collègue, qui est parti. Simple, non ?
         - Génial, fait le rabbin ; si on essayait demain ?
         - D’accord je réserve.

         Le soir suivant, ils vont au restaurant, commandent de nombreux plats.
         A la fin de la soirée, le garçon arrive et leur demande de payer
         Le curé lui répond ; " mais c’est déjà fait, à votre collègue qui est parti ".
         et Le rabbin rajoute : "… et ça fait un moment qu’on attend la monnaie "
        




Vous venez de parcourir cette petite gazette, qu'en pensez-vous ?
Avez-vous des suggestions ? si oui, lesquelles ?
En cliquant sur le nom des auteurs en tête de rubrique, vous pouvez leur écrire directement,
c'est une façon de les remercier de leur travail.

D'avance, merci pour vos réponses. ===> ICI


Numéro Précédent RETOUR Numéro Suivant