N° 40
Mai

http://www.bartolini.fr/bone

Les Bords de la SEYBOUSE à HIPPONE
1er Mai 2005
jean-pierre.bartolini@wanadoo.fr
LA SEYBOUSE
La petite Gazette de BÔNE la COQUETTE
Le site des Bônois en particulier et des Pieds-Noirs en Général
l'histoire de ce journal racontée par Louis ARNAUD
se trouve dans la page: La Seybouse,
Les dix derniers Numéros :
EDITO

LES BÔNOIS SONT VENUS,
LES BÔNOIS SONT PARTIS

PAR RACHID HABBACHI

        Le 26 avril, un mardi de l'an de grâce 2005 a été pour la coquette un jour béni car un soleil était venu pointer à l'est de la ville à un endroit nommé aéroport. Ce soleil était en fait composé de quarante sept particules plus brillantes les unes que les autres, des particules du sol bônois parties un jour pour un autre espace et débarquées ce jour-là, en fin d'après-midi par l'avion venant de Marseille. Ils étaient quarante sept bônois et bônoises même si parmi eux, certains l'étaient par le mariage ou la filiation car, être bônois, c'est en avoir la nationalité et si le code Napoléon, dit civil, prévoit dans certains cas la déchéance de la nationalité française, aucun texte ne parle de la perte de la qualité de bônois, on naît bônois, on donne naissance à des bônois et on meurt bônois.

        Quelle émotion et que d'émotions. A l'atterrissage sur le sol natal, une phrase est venue résumer la situation, une phrase prononcée par le jeune ROSSI parti très très jeune de la terre de ses ancêtres, un jeune qui, dans la spontanéité propre à son jeune age, a dit : " L'Algérie c'est quoi, c'est quarante trois ans d'exil, mais c'est une heure ".

        Arrivés à l'hôtel Seybouse International situé au bout de la rue sainte Monique, adossé à la colline des sept dormants, bagages déposés dans les chambres, ces bônois retrouvés, impatients de revoir le théâtre des exploits de leur jeunesse et les lieux qui les ont vu naître et grandir, ont fondu sur les différents quartiers de la ville à la recherche du moindre indice susceptible de faire vibrer la corde encore sensible de leurs souvenirs et ils en ont trouvé dès le premier soir.

        Le lendemain matin, mercredi, beignets pour tous au petit-déjeuner servi à l'hôtel, beignets que certains sont allés déguster chauds, rue Thiers à l'échoppe même du marchand dont la dextérité fait encore merveille et de laquelle s'échappe comme par le passé ces senteurs de friture qui font saliver les amateurs du beignet à cent sous qui vaut maintenant dix dinars. Et puis visite au cimetière, ce lieu où plane encore l'âme de TADDO gardien de la mémoire, ce lieu que certains médias mal intentionnés ont, il y a quelques jours de cela, promis à la destruction par le déferlement d'engins lancés à l'assaut des tombes. Un cimetière qui, sous l'égide d'une association de bénévoles (IN MEMORIAM), se maintient avec de faibles moyens, malgré l'oubli des sépultures par presque l'ensemble des descendants, dans un état acceptable qui a grandement facilité la localisation des dernières demeures des ascendants d'une majorité des visiteurs.

        L'après-midi, visite à Bugeaud qui couronne encore le majestueux massif de l'Edough, pendant qu'une délégation de représentants était reçue par Monsieur le Président de l'Assemblée Populaire de Wilaya (l'équivalent du conseil général en France), une visite empreinte de cordialité durant laquelle, après un entretien privé avec le Président lui-même, la délégation a été présentée à quelques élus qui ont écouté avec attention tout ce qui a été dit, y compris les doléances et projets. Le soir, réception par Monsieur le Consul Général de France au siège du consulat et dans son allocution, après les souhaits de bienvenue, Monsieur le Consul a axé l'essentiel de son discours sur le devenir des cimetières français insistant sur la volonté des gouvernements de préserver ces jardins du souvenir.

        Jeudi, départ pour La Calle et, sans trop entrer dans les détails, indépendamment de l'entrevue avec le maire de cette charmante localité, il est un fait à signaler, un fait extraordinaire qu'aucun français n'a jamais connu et qu'aucun français ne connaîtra jamais. A Blandan, un barrage de gendarmerie a arrêté le bus transportant les visiteurs pour, tenez-vous bien….offrir une rose à chaque dame eh oui ! voilà un geste à méditer et qui devrait donner à réfléchir à nos pandores.

        Vendredi, pendant que la presque totalité des bônois retrouvés était à Guelma et Hammam Meskhoutine pour une incursion dans le passé de l'antique Calama, une visite des fabuleuses cascades d'eaux chaudes soufrées et le site des damnés pour une sombre histoire d'inceste, une délégation restreinte était reçue par Monsieur le Maire d'Annaba en présence de son adjoint et de Monsieur le Directeur de l'office du tourisme. Tout comme avec Monsieur Le Président de l' A P W, l'entretien a tourné autour des questions de l'heure.

        Samedi, visite des ruines et de la Basilique d'Hippone. A noter que le programme n'étant pas rigide, de nombreux visiteurs ont préféré faire l'impasse sur toutes ces excursions pour aller chez des amis, partager leur quotidien et leurs repas pour retrouver dans cet art de vivre qu'ils connaissent bien, toutes les saveurs de leur enfance restées ancrées dans la partie la plus secrète de leur cerveau, celle qui abrite le souvenir. Tout au long du séjour, dans toutes les rues de la ville, de la rue Bugeaud à Saint Cloud, de la cité Auzas au quartier de l'usine à gaz en passant par la Colonne et le Cours, tout le monde a été apostrophé par des jeunes et des moins jeunes qui faisaient leurs salutations accompagnées d'un sonore et sincère " bienvenue chez vous et surtout revenez nous voir ". Il y eut aussi des retrouvailles entre amis d'enfance et les larmes qui les ont baignées n'étaient sûrement pas dues à la tristesse.
        Le soir de ce samedi, dernier soir donc, repas et soirée folklorique organisés au 14ème étage de l'hôtel Seybouse, soirée durant laquelle tout le monde a souhaité un joyeux anniversaire à Madame Zammit née Lantonnet et durant laquelle aussi, des cadeaux furent remis par Monsieur le Vice-Président de l'A P W à l'ensemble des visiteurs dans une ambiance bon enfant qui a servi de prétexte à ces dames pour se livrer à des exercices de danse orientale.

        Le Dimanche, très tôt le matin, le soleil qui a brillé durant cinq jours a commencé à décliner pour aller se coucher où il s'était levé, à l'est de la ville au point nommé aéroport mais avant, il est allé à l'Ours Polaire, sur le Cours, se gorger de créponnet tout comme il l'avait fait la veille, se promettant, après une photo souvenir du groupe mêlé à la population, prise sur les marches du théâtre de revenir briller à nouveau.

        Surprise. Au dernier moment, à la porte d'embarquement, Monsieur le Maire-Adjoint est venu gentiment remettre à quelques visiteurs un petit écrin abritant les armoiries de la ville.

Bônois allons voir si la rose
Qui pare la coquette est déclose
Et ne dites surtout pas qu'il est trop tard
Parce qu'on se permet encore d'y pasticher Ronsard.


Rachid HABBACHI        

" Le Rêve du Sol Bônois "

    C'EST FAIT. Ce voyage de notre site de Bône la Coquette s'est réalisé. Nous sommes encore à chaud, il est très difficile pour nous d'exprimer ce merveilleux voyage qui sera innoubliable pour tous quel qu'en soit l'opinion.
    Ce voyage volontairement basé sur le pélérinage, le souvenir et la mémoire s'est transformé en voyage initiatique et deuil pour certains. Médiatisé, popularisé et fraternisé par les Bônois/Annabis. Cette relation du séjour sera traitée le mois prochain par les Amis et leurs témoignages.
    En premier lieu, je rends honneur aux amis sur place qui ont préparé notre venue, avec l'accueil formidable de la population à l'aéroport ainsi que tout au long du séjour, hélas trop court.
    Par ordre de visite, je remercie le personnel du Consulat et M. Francis Heude, Consul Général de France à Bône/Annaba de son accueil, de la réception et surtout de son discours où il a fait une mise au point necessaire concernant la désinformation sur les 62 cimetières. Cimetières où il n'y a plus rien et dont certains tentent de se faire du fric avec le rapatriement de nos morts ou plutôt disparus. Un encouragement à tous les membres de l'association IN MEMORIAM pour leur travail au cimetière, malgré les actes de vandalisme très récents qu'il ne faut pas occulter.

    Les autorités Algériennes, à qui je rends hommage pour leur accueil amical et chaleureux ont respecté mon vœu de non politique d'état ou de parti, même si nos actions peuvent être considérées comme politiques au sens propre du terme. Nos entretiens très cordiaux ont porté sur des points précis qui peuvent et doivent un jour aboutir sur le vrai traité d'amitié. Celui des communautés de base, celui des cœurs et de la mémoire qui sont exclus du traité officiel. Merci Messieurs d'avoir accepter ma langue directe qui n'est pas en bois.
    Un remerciement particulier à la sécurité militaire et policière même si parfois je me suis plaint du tintamarre et des gyrophares. J'ai compris ce que représentait pour vous ce groupe de Bônois avec leur envie d'aller de partout à la rencontre de la population, au mépris de risques mal perçus par eux. J'ai apprécié la discrétion qui entourait les petits groupes épars.

    Je remercie le personnel de l'Hôtel Seybouse pour leur amabilité envers tout le groupe.
    Et, bien sur l'Agence Falhi qui a su nous mettre à disposition des correspondants de Casbah Tours avec des guides et chauffeur qui ont fait nos quatre volontés ; qui se sont adaptés à toutes les situations avec une gentillesse indescriptible. Yasid, Omar, Amel et avec un petit faible pour Faouzia : Merci à vous.

    Ce voyage qui s'est bati malgré l'hostilité de membres d'associations du sud : Hérault, Bouches du Rhone, Var, Vaucluse, etc.. ; malgré la désinformation sur mon bénévolat, mon intégrité, mon honneteté ; malgré les bruits non fondés sur la sécurité et l'accueil ; malgré mon apolitisme de parti.
    Malgré la victoire morale que je savoure sur tout cela, je ne peux m'empêcher de faire un apparté sur la tentative française de récupération politicienne de notre voyage. Cela est d'autant plus regrettable et odieux que se soit un homme qui se prétend pieds-noirs et bônois (il ne mérite pas les majuscules).
    Alors que tout le groupe du plus jeune 21 ans à la plus agée 84 ans a fait à pied la montée vers la basilique Saint-Augustin, ce monsieur est arrivé en tintamarre et gyrophares devant le parvis avec une escorte d'enfer : motards, jeeps, bus d'hommes très armés, caméra.
    Se dirigeant vers moi et m'énumérant son curriculum " vitel ou évian " auquel je répondis à chaque passage par " ouais, eh ben " ; Bien sur, se pavanant comme le représentant des Bônois, président des bônois du Vaucluse, maire adjoint UMP d'Avignon accompagné de son chef de cabinet, représentant Mme Roig ministre, etc.. Comprenant que je restais sourd à sa lithanie politicienne et à sa télévision, il est rentré vers la basilique et a rejoint le groupe en déclamant entre autre qu'il s'invitait à notre soirée.
    Prévoyant son arrivée pour la soirée, je l'ai arrété dans son élan et sourire en tête en le priant de repartir, que c'était une soirée privée et qu'il n'était pas le bienvenu. Malgré son forcing téléphonique avec des autorités et autres pendant une demi heure devant la salle (il en était la risée), il est parti la queue de ses roses entre les jambes. Le ridicule et la vantardise ne tuent pas mais fait de la peine de l'image que cela laisse.
    Sachez que ce triste sire est M. AIME GALLO et mégalo à la fois. " Monsieur comme vous l'avez si bien dit en partant que vous me le ferai payer, je vous attend, si vous ne connaissez pas la politesse et le respect des autres (Algériens et Pieds-Noirs), il est temps de prendre des leçons. Vous pensiez qu'il suffisait d'un bouquet de fleurs pour récolter les fruits de ce voyage. C'est facile de laisser les fantassins se faire casser la figure pendant que vous recevez des merdailles. Vous n'avez rien à faire parmi nous les Bônois. Retournez à votre politique, laissez-nous en paix et que le rouge de la honte vous monte à la fugure."

    Naturellement un grand merci à ce groupe non associatif, tous ces amis qui m'ont fait confiance en venant avec moi et d'avoir vécu des moments inoubliables, d'avoir su accepter des petites surprises que je me suis efforcé et amusé de faire.
    Tant pis pour ceux qui se sont désinscrits en écoutant les sirénes bônoises ou autres, ils ont loupé " Ce Rêve du Sol Bônois ", merci à eux de nous l'avoir laissé, les parts ont été plus grosses.

VIVE LES VRAIS BÔNOIS(ES),
VIVE LES BÔNOIS(ES) DE DESCENDANCE ET D'ADOPTION.
La parole est à vous pour le prochain numéro.

Merci à tous                                   Jean Pierre Bartolini                         

        Diobône,
        A tchao.


Aprés votre visite,
(---n'oubliez pas de Cliquer --- ou de téléphoner ---)

BÔNOISERIE
De Samira El-Mouats
parue dans l'Est Républicain le 28 avril
L'amour de " Bône… Mama "

    Ils sont venus, ils sont tous là, leurs coeurs et leurs esprits pleins de frénésies et de nostalgie, pressés de revoir, après si longtemps, la " Bône... Mama " qui a vu naître pour certains, ou venus vivre en ses entrailles pour d'autres, durant cette si lointaine et inoubliable période de colonisation qu'un fervent patriotisme s'est acharné à faire bannir, jaloux de l'amour d'une mère patrie qu'il ne voulait aucunement partager avec ces fils partis l'âme meurtrie.
    Aujourd'hui, ils sont tous là, des centaines de Pieds-noirs, venus presque tous du Sud de la France, venus revoir leurs lieux, de naissance, reprendre le fil des souvenirs renouer d'anciennes amitiés partagées au passé, parcourir des quartiers habités, se rapprocher de maisons où ils ont gyrophares et tintamarre, ils scrutent coins et recoins, le coeur attendri et plein d'émotion, l'oeil, chassant les images qu'ils seront heureux de rajouter aux vieux albums de familles.
    Guère dépaysés, nos Pieds-noirs, recherchent, tous frétillants, les anciens trésors d'un terroir empreint de péripéties d'une ancienne vie vécues dans les profondes entrailles de " Bône " leur " mama " déchirée, tentant une réconcillation avec un passé, celui d'une vie non choisie, et pourtant avides de retrouver, errant tels des fantômes, dans cette contrée, jadis hantée par leurs spectres vivants, ils sont venus, ils sont tous là, pas pour une " mama " proche d'un trépas, mais pour revoir, réadmirer, " re-aimer " et se réjouir de la beauté de vestiges d'une Bône, qu'ils étaient contraints d'abandonner et qu'ils retrouvent aujourd'hui peut-être changée mais toujours la " mama " si chère à leurs coeurs, Bône la Coquette de leurs anciens souvenirs.

DZA on a gagné une bataille,
on n'a pas gagné la guerre

 
Jean-Pierre RONDEAU
Feucherolles, le 13 avril 2005
DEPATRIES

       Chère Madame, Cher Monsieur, Chers amis P.N.,

       Pour paraphraser un certain général à qui nous devons beaucoup de nos maux, « Nous avons gagné une bataille ; nous n’avons pas gagné la Guerre. »

       J’ai le plaisir de vous confirmer que le DZA disparaît, je l’espère définitivement. Je vous confesse avoir gardé la note près de quinze jours sous le coude avant de vous en informer. J’ai tenu à en faire prioritairement profiter L’Echo de l’Oranie et lui permettre un scoop, au moins le jour de son assemblée générale, samedi dernier à Nice. Avec Radio Courtoisie, c’est le journal et l’organisation qui m’ont apporté le soutien le plus fort et le plus clair après mes appels à nos associations et médias. Je remercie tout autant tous les autres médias et associations qui s’en sont fait l’écho (je ne les cite pas de peur d’en oublier) et surtout VOUS les centaines de mes compatriotes Pieds Noirs qui m’ont téléphoné ou écrit, par la Poste ou par Internet, et VOUS les milliers qui ont signé ma pétition, malgré ce peu de relais parfois. Oui, j’ai retrouvé votre combativité. Je suis fier d’appartenir à notre Peuple Pieds Noirs. Merci aussi à tous ceux qui ont écrit aux Préfets, à l’Administration, aux Elus. Encore une fois, PARDON à ceux que je n’ai pas rappelés, bousculé comme je l’étais et le suis par ces centaines de contacts et courriers, par mes adresses aux Politiques et à l’Administration, par de nouvelles responsabilités socioprofessionnelles, sans oublier mes activités professionnelles.

       Ce 23 MARS 2005, Monsieur Dominique de VILLEPIN, Ministre de l’Intérieur, adressait une circulaire aux Préfets, sous le numéro NOR INT/D/05/00040/C. Elle a pour objet : « Mention du lieu de naissance sur la carte nationale d'identité et le passeport pour les Français nés en Algérie avant le 3 juillet 1962 ».
       Elle corrige les dysfonctionnements des circulaires NOR INT/D/00/00001/C du 10 janvier 2000 relative à l'établissement et à la délivrance des cartes nationales d'identité, mais surtout la NOR INT/D/0l/00282/C du 19 octobre 2001, relative aux conditions de délivrance et de renouvellement des passeports. C’est la circulaire si « restreinte » qu’elle n’était pas appliquée par la quasi-totalité des préfets, et que j’ai eu beaucoup de mal à dénicher pour vous la faire connaître et vous permettre de refaire faire vos passeports les plus récents.
       Celle du 23 mars dit : « Afin de tenir compte de la situation particulière des Français rapatriés d'Algérie et de répondre aux voeux que ceux-ci ont formulés à plusieurs reprises concernant l'indication de leur lieu de naissance sur leurs titres d'identité et de voyage qui leurs sont délivrés, il a été décidé de modifier les deux circulaires précitées.
       Ainsi, pour les Français nés en Algérie avant le 3 juillet 1962, la rubrique « lieu de naissance » de la carte nationale d'identité et du passeport ne mentionnera plus que la seule ville de naissance, sous son appellation connue jusqu'à l'indépendance de ce territoire. »
       Les présentes dispositions entrent en application à compter du 15 avril 2005. »

       Merci très sincèrement à Monsieur Dominique de VILLEPIN.
       Nous sommes néanmoins désolés de devoir constater que cela s’est encore une fois fait sans que nous ayons le droit de participer aux études qui nous concernent (cf. Cimetières et la Loi dite pour les Rapatriés - sic), même pas ces outils gouvernementaux que sont la Mission aux Rapatriés (sic) et le Haut Conseil aux Rapatriés (re-sic). Alors même que Monsieur le Ministre prenait la précaution d’interroger l’ensemble des Français à travers Internet, pour savoir si les futures cartes d'identité électroniques respecteront leurs libertés.

       Car, comme nous pouvons le constater dans le texte ci-dessus :
       - Nos numéros de départements d’origine ne figureront pas sur nos papiers, comme c’est le cas pour l’ensemble de nos compatriotes nés dans un département français.
       - Ces numéros nous sont enlevés par Monsieur Dominique de VILLEPIN, alors que Monsieur le Premier ministre Alain JUPPE et Madame la Ministre Martine AUBRY nous les avaient rendus.
       - Ils nous sont refusés alors que la majorité d’entre nous avaient pris le risque de faire modifier leur numéro INSEE.
       - On nous donne satisfaction, mais en nous faisant comprendre que nous ne sommes pas tout à fait des Français comme les autres.
       - La France semble avoir peur de déplaire en rappelant qu’il existait en Algérie des départements français, français bien avant Nice et la Savoie. Il faut nous dire à qui ?
       - On nous refuse tout autant la mention France (FRA sur les passeports) qui était la seule, une fois le DZA retiré, à pouvoir préciser à d’éventuels douaniers internationaux parfois incultes ou policiers soupçonneux que, nés dans ces villes aux consonances arabes, nous étions néanmoins nés sur le Territoire français. L’absence du DZA ne nous évitera vraisemblablement pas certains des ennuis que nous nous décrivent nos correspondants à l’occasion de leurs passages aux frontières.
       - La circulaire étant applicable à partir du 15 avril, il ne nous est pas dit si tous ceux qui ont fait faire leur passeport ces derniers mois, voire années, bénéficieront de la nouvelle mesure. Deux courriers au moins de préfets nous prouvent que le problème est réel, sans parler de leur méconnaissance de l’Histoire et des directives et réflexions de leur propre ministère de tutelle. Car au lieu de se féliciter de l’attachement à leur Patrie de leurs propres compatriotes nés dans les départements français d’Algérie, ils leur témoignent peu de cette charité que je n’ose dire chrétienne (laïcité oblige) en leur répondant avec délectation : « nous ne referons pas votre passeport, puisque la circulaire corrective est antérieure ».
       - Enfin, même si cette circulaire ne pouvait y faire référence, aucun décret ou loi n’est paru, comme nous le demandions, qui oblige l’Administration et les Entreprises à respecter notre statut de Français, y compris parfois d’anciens combattants, et nos codes de naissance. Nous subissons encore trop souvent :
       - de nombreux retours du 99 sur nos feuilles d’impôts et sur quelques cartes électorales.
       - le refus notamment de la Banque de France (fichiers) et des banques en général de prendre en compte nos 91, 92, 93 et 94.
       - des demandes répétées de devoir prouver que nous sommes français.

       Nous osons donc demander à Monsieur le Ministre de l’Intérieur, mais aussi à tout le Gouvernement, une nouvelle et définitive circulaire corrective aux Préfets et les décrets ou loi nécessaires pour faire respecter nos Droits de Français à part entière.
       D’autant que le problème se reposera bientôt maintenant à tous. Un rapport sur la biométrie des cartes d’identité vient de paraître sous l'Egide de la Commission Européenne et, comme nous avions été les premiers à vous l’annoncer, les cartes à puces « c’est pour demain ». Tous vos journaux s’en font l’écho depuis quelques jours. Pièces d’identité, mais demain justificatifs pour dialoguer avec l’Administration, voter ou payer sur Internet.
       En conséquence, nous ne démontons pas notre action en cours. Nous vous remercions de continuer à nous adresser les pétitions déjà signées. Nous vous adressons une nouvelle rédaction. Il n’est pas utile de la signer si vous avez signé la précédente. Mais s.v.p, diffusez la ! Et ne vous laissez pas démobiliser par ceux qui se sont précipités pour vous dire que « le problème était réglé grâce … à leur intervention » ! Pour ce qui nous concerne, nous irons plus loin si nécessaire, y compris devant les tribunaux nationaux, européens et internationaux pour faire respecter nos Droits.

       Je vous prie d’agréer, Chers Amis, l’assurance de mes sentiments fraternels.



Sur le choix d'une carrière
N° 1 de Janvier 1950
de M. D. GIOVACCHINI
Envoyé par sa fille


Sur le choix d'une carrière
par GEORGES DUHAMEL

         Vif et ambitieux comme je te vois, je ne peux songer, pour toi, qu'à deux carrières vraiment recommandables. La première est celle de la politique. Elle n'est pas sans inconvénients. Il faut avoir bonne mémoire et se rappeler à coup sûr le nom de ses électeurs. Il faut apprendre à obéir, à observer les consignes de son parti. Il faut payer la moindre voix par toutes sortes de services. Il faut même s'accoutumer à recevoir de très horribles injures de gens avec qui deux mois plus tard on signera des traités d'alliance. Mais on reçoit un traitement qui vaut trois fois ce qu'il vaut, puisqu'il est exonéré d'impôt. Patient et courageux comme tu l'ais, tu deviendras sûrement ministre. On en nomme, dans notre pays, par centaines, chaque année. Oui, tu seras au moins Ministre. Tu auras des multitudes infinies du domestique, ce qui est appréciable dans une époque où il devient impossible de dénicher une simple bonne. Tu auras des automobiles à profusion, en un temps où les messieurs les plus huppés doivent' se contenter de vieux clous. Tu verras t'incliner devant toi des gens qui, la veille encore, ne t'auraient même pas regardé. Ah - ça c'est un bon métier ! C'est même le seul métier facilement accessible pour un garçon qui, comme toi, n'a pas d'aptitudes particulières.

         L'autre métier auquel je pense est celui des affaires. Tu m'as bien compris, mon garçon ! Je ne parle pas du commerce. Je parle des affaires, et seulement des grandes affaires. Si tu devais tâter des affaires pour rester dans les petites affaires, J'aimerais mieux te voir tomber préfet ou ambassadeur. Non ! Les grandes, les grosses affaires ! Celles qui par leur énormité même, échappent nécessairement aux règles de la morale commune. Rappelle-toi que les malhonnêtes gens, s'ils opèrent au-dessous de la tonne, sont de vulgaires malfaiteurs. A partir du millier de tonnes ils deviennent d'habiles serviteurs de l'économie nationale. A partir du train, du bateau, nos gens sont des potentats.
         Sache que tu ne jouirais jamais en paix des biens acquis dans les affaires de cette sorte. On te cherchera chicane. Les journaux de temps en temps, citerons les initiales de ton nom et parleront d'abus, de scandales. Ne t'avise pas d'avoir peur. Tes adversaires seront muselés et tu relèveras le front. Car, en vérité, et mieux encore que tous les politiques, c'est toi qui seras le roi dans notre époque difficile.
         Réfléchis donc, mon cher enfant, et si quelque chose t'inquiète, tourne-toi de nouveau vers moi, qui ne songe qu'à ton bien-être, et qui suis ton oncle affectionné.



LE PLUSSE DES KAOULADES BÔNOISES (26)
La "Ribrique" de Rachid HABBACHI
L'ANTI PROVERBES

      Chais pas qui c'est qu'il a dit un jour que les oiyages y te forment la jeunesse et çui-là là, l'aut' qu'il a dit que plaie d'argent elle est pas mortelle ou encore ce troisième badiguel qu'il a sorti que l'argent elle te fait pas le bonheur, mais ça que moi j'le sais, c'est que tous comme y sont, y sont un peu joubasses.
      Dans tout ça, moi que j'ai le privilâge de l'espérience de ma soixantaine passée, je peux dire à de bon que tout ça c'est du bouillon pour les morts et encore, pas les miens à cause, que si tu te prends les oiyages et l'argent, déjà que si t'y as pas l'un, tu peux pas aouar l'aut' surtout que les oiyages, si que t'y en fais des longs, rien que la fatigue elle te déforme la jeunesse. La plaie que j't'en parlais plus haut, si qu'elle est pas mortelle, c'est que le pansement que tu lui mets dessur, c'est d'la belle argent, des zorros comme y dit Christian ou des têtes dollars comme y dit la fatche à broutche qu'il est président de l'amérique et plusse t'y en mets dessur avec plein des zéros et plus vite tu guéris.
      Main'nan, diocamadone, moi, mon bonheur à moi il a un thermomète aousqu'y a des traits qu'y te commencent à 1.000 zorros et quan c'est que j'ai un fiève qu'elle marque 1 million, chose qu'elle m'est jamais arrivée, tiens toi bien, si que j'm'affogue c'est seulement de bonheur et j'te jure dessur la vie d'mes morts, qu'y en a beaucoup dedans ma famille, cette fiève-là, elle est pas mortelle.
      On peut continuer comme ça jusqu'à demain à dire et à redire dessur des choses où qu'y a rien à dire, ces choses qu'elles z'ont été dites par des babalouks qu'y te parlent de misère pasqu'y sont riches et de oiyages quan c'est qu'y z'ont jamais bougé de leur trou.
      Aga moi, que j'ai oiyagé entre Bône et la Patosie, eh ben ! j'ai plein des rides dessur la fugure, ces rides qu'on s'les appelle les rides du souvenir et, quan c'est que je pense à l'argent que j'ai pas, les rides y m'en vient encore un wagon et ne viens pas me dire que c'est pas une plaie et surtout, surtout que ces faiseurs de lettre à Arthur y se contente de viser le prix rebelle et qu'y z'arrêtent de parler des oiyages qu'on f'ra jamais et de l'argent qui nous fait rêver.

Rachid HABBACHI

BÔNE..    TU TE RAPPELLES
Par M. JEAN PERONI (Tome 2)
           envoyé par Mme Gauchi -- et Jean Louis Ventura                     N° 4
"Je me presse de rire de tout de peur d'être obligé d'en pleurer. "
BEAUMARCHAIS
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PLAISIRS DAMOUR

        Aïd el Kebir, fête de l'Islam, qui pousse vers le méchoui le mouton bêlant de peur, beignets dorés qui laissent dégouliner leur miel épais, makrouts dont la semoule frite craque sous la dent comme oeufs de saumon, merguez qui saignent en rouge piment, thé sucré qui sent la fleur d'oranger, parfums de menthe, odeurs de sucre d'orge ; et Vieille Ville qui grouille d'une foule enfin heureuse de boire à sa soif, de manger à sa faim, après un long mois d'abstinence.
        Dans la nuit qui s'écoule, les femmes, accroupies autour de la kesra en attendant l'aurore, malaxent de leurs doigts rosis de henné, le grain ramolli par le beurre de brebis; à côté, du kanoun surchauffé par la braise, jaillissent des gerbes d'étincelles.
        Durant ce mois de Ramadan, les hommes ont patienté toute la longue journée, dans la chaleur du sirocco, aux écoutes du coup de canon qui les libère de leur jeûne quotidien; tous, ou presque, car les resquilleurs de la religion ne manquent pas, qui boivent dans la pénombre de l'arrière magasin, le verre de vin défendu.
        Malheur à qui se fait prendre par les gosses aux aguets il est poursuivi sous les "houa" de la meute déchaînée et vouée à la vindicte enfantine dans une course poursuite qui s'achève quelquefois sous des jets de pierres, simulacre de la punition divine.
        En ce mois de Ramadan, les Européens, eux, oublient le ragoût de pommes de terre et la macaronade à la sauce tomate, pour s'en aller, place d'Armes, au rendez-vous du couscous et des gâteaux au miel.
        Car c'est une coutume : on passe la soirée à la Place d'Armes devenue, en ce mois heureux, un pôle d'attractions de la gastronomie orientale. Les cafés qui l'encadrent se sont transformés en restaurants où l'on sert, le soir, les assiettes de couscous arrosé de mergha. Les pâtisseries y ont également installé leurs stands, et les guirlandes multicolores éclairent à profusion, étalés sur des plateaux de cuivre ou bien montés en pyramides, les zlabias en spirales, les makrouts farcis de dattes brunes, les figues en pâtes d'amande, les cacahuètes agglutinées dans le miel, les fruits confits et les nougats.

        Mais ce n'est là qu'un dessert. Pour l'instant, on déguste le couscous, bien assis autour des tables qu'on libèrera le plus tard possible pour les retardataires dépités.
        Point de servantes aguichantes, mais des garçons qui n'ont pas hélas ! fréquenté l'école hôtelière. Peu importe s'ils mettent le pouce dans l'assiette en servant, ou s'ils s'épongent le front avant de vous passer la serviette. Qui fait la fine bouche n'a nul besoin de s'y aventurer.
        Tous les serveurs sont musulmans, sauf un à qui l'on donne le sobriquet amical de François les Bas Bleus.
        Pourquoi ? Sans doute ne le sait-il pas lui-même. Bah ! c'est son nom de guerre. Il aurait pu s'appeler Francine ou Juliette, Suzy ou Germaine. Il lui importe peu, étant suffisamment connu pour se satisfaire de ce pseudonyme. C'est en quelque sorte son pignon sur rue.
        Ses manières sont câlines; il marche à petits pas en dandinant de la croupe, garde en posant l'assiette sur la table le petit doigt levé, et ramasse le pourboire en disant "merci" avec un défaut de langue forcé qui le fait zézayer.
        Il n'empêche qu'en public il se tient dans une prudente réserve; si, par hasard, un effronté osait lui passer la main un peu plus bas que les reins, il pousserait un "oh !" offusqué car, et c'est son principe, le travail c'est le travail ; le reste, c'est pour après.
        Dommage ! il serait plus mignon s'il soignait davantage sa tenue.
        Dans son genre, il est pudibond ; à preuve, il se donne seulement lumière éteinte, ce qui lui valut une fois, à l'en croire, de confondre boîte de cirage et boîte de vaseline.
        En tout cas, si on sait le prendre (façon de parler), il devient volubile et vous dévoile les mille petits secrets de son milieu, concurrents et clientèle compris.

        Le P.D.G. de la corporation, c'est Salah, un gentil garçon, patron d'un hôtel "Les Ambassadeurs", rue Saint-Augustin, qui, le cas échéant, sert de lieu de rendez-vous à la confrérie pour ses réunions "syndicales" ou quelques parties fines.
        Le plus huppé de la bande est sans aucun doute la Grande Germaine (paix à ses cendres), un beau gars, bien bâti, de commerce agréable et d'excellente tenue, qui fait fructifier à la Colonne Randon un opulent commerce de modiste.
        Répéto, lui aussi, donne dans le chapeau de femme, à la Vieille Ville. Il soigne sa toilette à cause des exigences du métier, se pomponne sans ostentation, s'habille au prêt-à-porter, affectionne la veste trois-quarts et, ne pouvant décemment vêtir la jupe, adopte avec désinvolture le pantalon de couleur, coupe féminine. Il choisit ses sacs à main à la Maison du Cadeau, ses bijoux chez Feloux, ses parfums chez Callandra. Il joue à la maman avec un petit chien, tout ce qu'il y a de plus mignon, qu'il porte sur le bras comme un bébé.
        Son maquillage est des plus discrets : un peu de rose aux lèvres, un peu de noir aux yeux. Mais le gène ce gris-bleu qui teinte sa joue, malgré le soin qu'il prend à se raser.
        Le coiffeur pour dames s'occupe de sa chevelure qu'il ondule par de constantes mises en plis.
        Les talons hauts donnent un soupçon de féminité à sa démarche ; il en rajoute en de déhanchant en cadence, chose aisée puisqu'il est dodu de poitrine et gras de croupe.
        Hélas ! un bien vilain défaut le fait tomber dans le vulgaire l'insulte facile et la langue grossière pour celui qui, dans la rue, lance à son intention une réflexion désobligeante.
        François les Bas Bleus poursuit sa revue de détails. En parlant de Zizou, il affecte le plus profond dégoût :
        "Il porte préjudice à la corporation à cause de son laisser aller, Pas le moindre souci de toilette ; il s'avachit dans son saindoux. Il est vrai que, le pauvre, c'est un besogneux; il passe ses nuits sur les palangriers à tirer le tramail. Ceux qui aiment l'odeur du poisson se régalent, mais, croyez-moi, ils ne sont pas très nombreux."

        Et ceux de la "haute"?
        Bien qu'il ait scrupule à donner des noms, une pointe de jalousie se dessine dans le regard de François.
        " Bien sûr, ces gens là ne travaillent pas dans la rue; ils se permettent de recevoir chez eux, d'offrir le whisky et les petits fours, et de danser en robe de soirée sur un air de pick-up. "
        "Pour sauvegarder les apparences, ils ne fréquentent que des étrangers, gens de passage, marins ou soldats. Mais ils courent, ce faisant, de gros risques, comme par exemple, après le départ du légionnaire, la disparition d'un bibelot, d'une pendulette, voire d'un bijou de valeur."
        Qu'on n'aille pas croire que ces messieurs-dames sont montrés du doigt, tenus à l'écart, repoussés vers leur perversité. Non, ils ne sont pas cloués au pilori sous prétexte qu'ils ne font pas l'amour comme les autres. Après tout, ils sont un produit de consommation dont usent ceux qui s'en satisfont. A chacun de choisir comme il lui sied : des goûts et des couleurs ...
        En serait-il autrement, ils auraient droit de s'insurger puisque ne sont pas frappés d'ostracisme ces messieurs qui offrent les mêmes plaisirs par l'entremise de leurs dames.
        Pourquoi y aurait-il deux poids et deux mesures ? Bône ne souffre pas de pudibonderie ; accueillante pour ces P.D.G. qui ne sont pas généraux, elle tend la même main amicale aux P.D.G. des maisons qui portent des enseignes suggestives, Régence, Lune et autre Monico.
        Émile Deberry est un bon garçon, de commerce agréable et charmant camarade : les footballeurs de l'A.S.B. l'ont élu à la vice-présidence de leur club. Et comme il aime le sport, il les soutient d'un argent auquel on s'abstient de trouver une odeur malgré le Sphinx qui lui a laissé son empreinte.
        Laurent Fenech travaille dans la viande fraîche en débitant du bifteck aux Halles Centrales de la rue Bugeaud. Safar vit le plus souvent dans la Lune, et Augustin Ricardo à l'Excelsior. Alexandre Nebouth tient tête à Marthe Richard près du 1er arrondissement de police; Antonin Caruana, rue Césarine.
        L'étalage de ces maisons se renouvelle à périodes fixes, suffisamment courtes, parce que l'habitué du lieu apprécie les changements de menu. Sauveur Galinetti, le passeur, pourvoit au réapprovisionnement.
        Tous ces garçons, bien qu'en pensent Ies méchantes langues, sont honnêtes, réguliers avec le fisc, stricts avec les services de police, loyaux et généreux en périodes électorales, réguliers entre eux et avenants avec la clientèle.
        Et tout se passe très bien dans ce milieu de bonne compagnie, salariés d'une fonction publique que le législateur a codifiée et qui respectent la loi en honnêtes citoyens ; sauf exception quand un homme comme Léon Sibi oublie de faire la valise après l'indépendance, pensant pouvoir continuer son petit négoce "comme avant".
        Le métier, s'il apporte de gros bénéfices, comporte un minimum de risques, au point que, sans attendre l'émancipation de la femme prônée par Mme Françoise Giroud, les femmes elles-mêmes s'octroient parfois le rôle de patronne : telle Mme Busidan dont le Monico s'est installé sur les ruines de l'ancienne poste; ou bien Mme Chabali ...

        Mais c'est là une toute autre histoire.
        Mme Chabali, la Mina pour la clientèle, dirige un grand et bel établissement, luxueux et confortable, à deux pas du Pont de la Tranchée, et qui peut loger une bonne centaine de pensionnaires. C'est la somptuosité vêtue à l'orientale. Autour d'un patio rafraîchi par des jets d'eau qui chantent dans des vasques de marbre, la mosaïque dessine sur les murs des scènes d'amour bleues sur fond de saphir. Les plafonds des préaux reposent sur des arcades de porcelaine blanche veinée d'indigo. Jusqu'au coucher du soleil, la lumière tombe du ciel à travers des vasistas de verre opaque ; puis prennent le relais, pour diffuser une lumière tamisée, des lustres dont les paillettes multicolores tracent des arcs-en-ciel sur les dalles de marbre. Raïtas, violes, banjos, tambourins, au rythme assourdi des derboukas, bercent la langueur du lieu sous les doigts des musiciens en tapinois dans un coin d'ombre.
        Au premier étage, dans les chambres, des moquettes de haute laine gardent secret le bruit des spasmes et des soupirs; et les conversations intimes conservent le ton des confidences.
        Dans la soie chamarrée qui les habille, les belles hétaïres, les bras chargés de lourds bracelets, le cou captif dans des colliers dorés, en attendant la venue du client, boivent le thé à la menthe dans de minuscules tasses pailletées d'or.
        Mme Chabali domine de sa puissance et de son autorité cette maison d'amour où l'on paie plus cher, beaucoup plus cher qu'ailleurs, le plaisir d'aimer.
        Certains soirs, tout-à-coup, sonne le branle-bas. Un inspecteur de police s'adresse en aparté à Mme Chabali. Les filles sont aussitôt mises en alerte, et les derniers clients expédiés tambour battant. Un ultime coup d'œil à la ronde. La Mina se rend compte que tout est en ordre. Et chacune à son poste d'attendre sur le qui-vive.
        Dès que le marteau a claqué sur la porte cochère, la maîtresse de céans s'avance cérémonieusement à la rencontre de l'hôte illustre qui lui a été annoncé. Elle se gardera bien, puisqu'elle sait à quoi s'en tenir, de le saluer d'un obséquieux "Monsieur le Ministre" : le représentant de la République, en goguette pour un soir, tient à garder l'anonymat devant ces demoiselles qui risquent d'avoir la langue trop longue.
        Entouré de sa cour, secrétaires d'État, préfets, chef de cabinet, de secrétaires qui ont flairé la bonne aubaine, de quelques policiers en civil, et de M. le Sous-préfet chargé de l'expédition, M. le Ministre admire la débauche orientale de la maison de tolérance, en complimente la patronne, fait des sourires aux filles. Et puis, M. le Ministre, qui n'est pas de bois, est pris d'une folle envie de faire l'amour, à l'orientale, histoire de se documenter qu'il dit. Il jette un coup d'œil suppliant vers le sous-préfet chargé de mission. Hélas ! l'ordre est formel : interdiction. Et M. le Ministre se contente de palper la soie sur le corps d'une aguichante courtisane qui, pour le plaisir des yeux et l'excitation des sens, fait frémir son nombril et ballotter ses seins devant la République.

        La Maison de Mme Chabali est connue à Paris. De retour, M. le Ministre évoquera devant ses pairs, à l'entr'acte d'un conseil, Bône et son Palais des Mille et une Nuits où, à son corps défendant, sevré des voluptés espérées, il n'a fait que passer.
        Le lendemain, Mme Chabali n'a pas manqué d'envoyer sa note à la Préfecture, prix du silence inclus.

A SUIVRE

VOCATION
(Extrait de Mektoub, saga Pieds-Noirs)
Envoyé par M. Albert Buono

         L'appartement de l'avenue Garibaldi, il était à quatre pas de l'église Sainte-Anne, au milieu d'une grande place où les calèches des mariages, les corbillards des enterrements et les voitures de la famille, ils pouvaient se garer à l'aise. A côté le presbytère, dans la salle du patronage, l'abbé Curmi il apprenait le catéchisme ; il était jeune et pas sévère du tout. Pour mon plaisir et pour le sien, j'étais toujours prêt à répondre ; l'abbé Curmi il me demandait même d'interroger mes camarades, ce que j'aimais pas trop, pourquoi les autres ils me traitaient de " chouchou ". Pour me guérir de ma maladie d'étudier, au lieu d'aller jouer, ma mère elle m'a inscrit au patronage. C'est les séances de cinéma qu'elles me plaisaient le plus. Les parties de football, où l'abbé il tourbillonnait au milieu des joueurs dans les envolées de sa soutane, et les grands coups de pied dans le ballon de ses lourdes chaussures montantes, elles étaient pas très à mon goût et j'étais pas très fort. Je préférais écouter l'abbé Curmi raconter les histoires de la Bible ; je l'aurais aimé encore mieux l'abbé Curmi s'il aurait pas eu des traînées blanches des cendres des cigarettes sur sa soutane, si l'odeur de naphtaline elle aurait pas flotté autour de lui et si ses doigts, aux bouts tout jaunes ils m'auraient pas mis des relents de tabac dans le nez en me donnant la communion. Plus que la Bible, plus que l'abbé Curmi, j'aimais les vêpres et l'odeur de l'encens dans l'église à moitié obscure

          J'aimais aller dans l'église quand elle était vide.

          L'abbé Curmi, il avait vu tout mon manège ; il croyait que la mémoire et la vocation spirituelle, elles sont branchées sur la même ligne et il pensait que je pouvais faire prêtre. Je l'ai pas contredit quand il m'en a parlé ; déjà je me voyais grimper les grades du sacerdoce ; toutes les soutanes du clergé, de la noire à la blanche en passant pas la rouge et les pourpres, elles me tapaient dans mon oeil napolitain.

          Sûr de son affaire, l'abbé Curmi il est venu chez mes parents leur proposer de me faire entrer au séminaire, même sans payer s'il le fallait. Ma mère elle l'a écouté attentivement en se demandant si curé et la suite c'était mieux qu'instituteur, professeur et les plus hauts grades d'enseignement. Elle a pas eu le temps d'arriver à sa conclusion. Mon père, sans dévoiler ses couleurs, il a vu rouge et il a opposé un " niet " catégorique. C'est grâce à mon père, grâce à son communisme inavoué, même sous la torture, grâce à l'excommunication que la Sainte Eglise romaine elle avait prononcée contre ce divorce, que j'ai échappé à la prêtrise. C'est grâce à mon père que vous êtes là: vous tous, enfants et petits enfants Hosannah du plus haut des cieux pour les gentils communistes, contempteurs des curés qu'ils vous coupent une lignée des BUONO par célibat des prêtres. Quand même, je me demande si j'aurais pas pu grimper l'échelle sacerdotale jusqu'à la Papauté ; Peut être que le métier de Saint Père il est plus cool que celui de grand-père ! De toute façon j'en ai jamais voulu à mon père de m'avoir claqué au nez la porte du séminaire.

          Par contre, j'ai gardé sur l'estomac qu'il m'a empêché d'être le petit Jésus de la crèche des petites sœurs des pauvres de Saint Vincent de Paul.

          Au lieu de ricaner bêtement comme vous faîtes, si vous me croyez pas demandez à ma mère : même de l'autre monde, elle pourrait vous répondre. D'ailleurs c'est elle, la sainte femme, qu'elle m'a révélé la merveille que j'étais en âge de bébé: une chair fraîche sauvée des dents de l'ogre par le bon Saint Nicolas, une peau veloutée de pêche blanche nourrie des bains de son; les bains de son, ils font plus d'effet que les bains de lait d'ânesse de Cléopâtre ; la preuve ? on donne des pâtées de son aux cochons de lait pour leur conserver le teint par voie buccale; moi on me bichonnait le mien par voie de son épidermique.

          J'avais en plus un grand front d'innocence, un oeil grand ouvert sur l'intelligence, l'autre qu'il s'en allait dans les parages du rêve ; une petite bouche à croquer les fruits du paradis, des petites mains et des petits pieds potelés qu'ils battaient le tam-tam du bonheur; le plus beau de tout c'étaient des belles oreilles déployées en ailes d'ange, qu'un coup de sirocco il nous aurait emportés, elles et moi, plus haut que le septième ciel. Ce chérubin il aurait remporté à l'unanimité la Palme d'or des festivals d'Enfants-Jésus. Aussi, il a, sans s'égarer, tapé dans l'œil infaillible des petites sœurs des pauvres de Saint Vincent de Paul, qu'elles tenaient une crèche dans la rue Bouscarein et qu'elles comptaient monter pour Noël une crèche vivante, avec un vrai petit Jésus. Elles ont demandé à mes parents de me prêter pour tenir le rôle muet. Ma mère elle a senti sa corde maternelle vibrer en violoncelle; mon père, le sourcil contracté en point final, sans s'occuper qu'il me coupait dans l'œuf ma vocation d'artiste, sans s'occuper qu'il était pas Romain, pas Sénateur et qu'il votait plébéien, il a mis son veto définitif.

          Par la faute de mon pauvre père, par la faute des rancunes de ce communiste non déclaré à la Sécurité Sociale, de ce divorcé anti-curés, j'ai jamais été mis sur la paille d'une crèche, en adoration des bons chrétiens bônois, et pourquoi pas des Rois mages, si par hasard, ils étaient passés par-là en revenant du Sahara. Cette privation de l'auréole d'Enfant-Jésus, elle m'a laissé une frustration qu'elle est pas encore guérie.

          C'est pas la peine de pouffer par en dessous quand vous regardez ce que l'Enfant-Jésus il est devenu. Mon miroir, le petit miroir magique qu'il disait toute la vérité sur la beauté de la méchante belle-mère de Blanche Neige, il m'a montré du doigt, les retouches que les années elles ont apporté au portrait de jadis : l'ovale du visage qu'il s'affaisse sur les bords comme un oeuf mollet, la peau du cou fripé machine, l'arcade sourcilière qu'elle se déplume, les taches du sang séché que les dermatos ils qualifient de vieillesse et qu'elles éclaboussent mon front et mes mains et par-dessus le marché mes fanons épais de bœuf qu'il pense profond et qu'il bave avec langueur en regardant passer au loin, les trains des chemins de fer algériens.

          Jésus, il a eu le bon goût de pas subir toutes ces décrépitudes. Lui, Qu'il était grand pratiquant des paraboles, il a vite capté la trajectoire qu'elle mène de la jeunesse à la dégradation des galons de beauté qu'elle t'inflige la vieillesse. Lui, qu'il était né entre la vache et l'âne, il s'est arrangé pour mourir en beauté, entre deux larrons d'hommes au sommet de sa fleur de jeunesse et du Golgotha juif. Les Romains du Ponce Pilate, qu'il s'en lavait les mains et la conspiration d'état major du Sanhédrin, sans le vouloir, ils lui ont bien rendu service, pour les siècles et les siècles à venir. .,

          Moi, pour me consoler, il me reste le miroir des mystères, qu'il me répète que l'important c'est pas la rose, c'est pas la croix c'est pas l'arôme ni la laideur des vieux, l'important c'est ça qu'il y a derrière le miroir, la balle au centre de ton ego.


ELLES SONT BIEN BÔNE
Par M. Fernand Bussutil dit OTTO BUS
Envoyé Par Jean Louis Ventura               N°11
ELLES SONT BIEN BÔNE
FERNAND BUS

A tous mes Amis bônois, si douloureusement éprouvés par les événements d'Algérie et dispersés dans tous les coins de France et du Monde, avec mes affectueuses pensées.

F.B.

" FUGIT IRREPARIBILE TEMPUS " (Virgile)
MOI ET AUGU AC LE CHAT BOTTÉ

     Moi : 0 beurre ! te connais le Chat Botté ?
     Augu : Atso ? à un Bônois te demandes ça ? C'est garanti que je m'le connais. C'est un qu'il a le magasin à côté la p'tite place des arbres de palmiers. J'a même acheté des souliers estra ac les semelles en crêpe et des crampons antidérapage.
     Moi : Mais non c'est pas ça. Je te parle de l'histoire du Chat Botté que c'est un conte de fées et que j'a lu l'aut'soir dans le lit quand j'étais malade ac les coliques.
     Augu : Alors langue au chat, raconte.
     Moi : Oilà ! Y a longtemps un ménier avant d'aller à chez Tado ac pieds en ayant, y laisse à ses trois enfants à lui, tout çà qu'il avait : un moulin, un bourricot et un chat. L'aîné, malin, y se prend le moulin, l'autre le bourricot et le darnier le chat,
     " Aga moi cette accidente qu'elle m'arrive qui se dit le plusse jeune, mes frères y peuvent faire associés, ma moi une fois que j'me mange le chat, qu'est-ce qui me reste à part la peau, que je peux me faire un col de canadienne avec. "
     Le chat qui s'entend ça y se lui reupond : (pourquoi les animals en ce temps là, y parlaient comme toi et moi).
     " T'en fais pas ô patron, laisse-moi faire à moi et laisse aller au tampon . Fais moi un p'tite paire des bottes, donne-moi un sac et je m'en vas dans la broussaille en haut Sidi-Aïssa. "
     Son patron qu'il avait le cœur tsur la main, y se lui fait les bottes, y s'lui donne une musette et y s'le laisse partir.
     Le chat qu'il arrive la nuit dans la montagne. La lune elle éclairait telment, que te pouvais lire la Dépêche de l'Est. Le chat y prend à un arbre une Pommette bien murte, y s'la met tsur une pierre blanche et y met du tabac à priser à côté le fruit. Y se cache darrière une touffe des abjoumards et il attend. Tout d'un coup y s'amène un lièvre, y mange la pommette, y s'éternue et y s'affogue hock-noute tsur la pierre. Le chat y prend le gibier et y se l'emporte dans la musette à chez le roi des Tchoutches. " Oilà o tous tes bises, ça qu'il t'envoit mon patron le marquis de Calamard, qui se lui dit le chat. "
     Dis à ton patron qu'il m'a lévé la faim et à la prochaine y reupond le roi. " Une autre fois y se lui apporta deux tchibecks qu'il s'avait tué à coups de tire-boulette.
     Un jour que le chat y savait que le roi y promenait en lindeau ac sa fille au bord de la Sibouse. y dit à son patron :
     " Ecoute moi à moi, si te veux être riche, par besoin jouer à la loterie, écoute moi seulement, va prendre un bain et laisse-moi faire le reste. "
     Calamard y fait comme y dit le chat et au moment où le roi y passe, le chat y se met à z'hurler : " Au secours, l'âme de vos morts, mon patron y se noie. " Le roi y met la tête à la funêtre du lindau et y dit aux hommes qui se l'accompagnent d'aller sauver le malheureux.
     Pendant ce temps le chat y dit au roi que des voleurs y se lui avaient fauché le paletot et le patalon au marquis de Calamard. Après ça, le roi y se le fait monter dans la carosse à côté lui - Le chat lui y court en avant et comme y s'arrive à l'Allélick y voit dans un jardin, des hommes en train de cueillir des pastèques. Si des fois, on vous demande à qui c'est ça, faites moi le plaisir et dites que c'est à Calamard. Comme le roi des tchoutches y s'amène, y demande :
     "- A qui c'est tout ce champs de pastèques ? "
     - Au marquis de Calamard qui reupondent comme un seul homme les ouvriers.
     Le chat y continue à courir et y s'arrive à un château qu'il était habité par un z'ogre.
     " On m'a raconté qui se lui dit le matou, que t'y étais capable de te changer en lion ou en z'éléphant. A debon c'est vrai ça ?
     Ça c'est sur qui dit l'autre et tout de suite à sa place y vient un lion.
     La chat d'la peur y monte sur les étuiles, ma moins cinq y s'affogue en bas, pourquoi y glissait ac les bottes.
     Après ça, y se lui crie d'en haut en bas " Et maintenant, si t'y es un homme, fais toi en rat "
     Comme y dit le chat, y fait l'homme. Alors le chat y se jette dessur lui et y s'en fait une kémia.
     Le roi y s'arrive au château. Le chat y sort devant la porte.
     " Faisez comme chez vous, 0 roi des Tchoutches, pourquoi vous êtes chez le marquis de Calamard. "
     Axe y reste le roi et tout de suite y dit à le marquis
     " Dans la vue des tes yeux, j'a vu que t'y avais le béguin de ma fille, prends-toi la, je te la donne et on fera le mariage à chez P'tit Louis au Lever de l'Aurore.
     Kirikiki, mon histoire elle s'a finie.

     Augu - La vérité c'est beau, ma t'y as oublié la mortalité, pourquoi moi aussi je sais faire des vers. Tiens ! aspette...
     Que te t'appelles Léon, Augu ou bien Antoine,
     Y faut dire des bombes, l'habit elle fait le moine,
     Jamais désespérer, jamais dire j'en a mare
     Et te prendre comme exemple l'histoire de Calamard.

ET VIVE LE DÉPARTEMENT DE BÔNE

     Enfin ! nous s'le tenons notre Département.
     C'est plus du bla-bla-bla et pas des boniments
     Les méchants, les jaloux y trouv'ront çà bien moche
     Pourquoi y vous diront : " C'est un mouchoir de poche. "
     Ma, même dans les mouchoirs, t'y as des catégories.
     Du chiffon ordinaire ou bien de la soierie.
     On nous dit Marseillais, des cousins à Titin
     Eusses y ont Notre-Dame, nous autres Saint Augustin.
     On parl' pas bien français, on a la langue bônoise
     Et malheur à ses os, cuilà qu cherche des noises,
     Un coup de tête, six bosses et direct chez Tado
     Là-bas y sera bien pour faire son p'tit dodo.
     Des hommes célèbres on a, et c'est tous des grands As.
     Qui sont nés à Saint-Cloud, à la Cité Auzas,
     La Colonne, Beauséjour et même Joinnonville,
     Des hommes qui font zonneur à notre belle ville
     C'est le Maréchal Juin au petit nom d'Alphonse,
     La France quand ell's'l'appelle, y lui répond " Je fonce "
     Et pis on a Dubois le Préfet de Paris
     Qui, d'empêcher le bruit y s'a fait le pari
     Et c'est pas un Dubois d'où s'qu'on se fait les flûtes
     Là-bas quand te parles fort, vite vite ont te dit " chut "
     Enfin Robert Cohen, le champion des poids coqs
     Qui s'écrase l'aversaire comme un zeuf à la coque.
     Oui, oui, nous s'le prenons not' p'tit département.
     Souk-Ahras et Guelma c'est nos petits enfants,
     Tébessa et La Calle ac tous les grands villages.
     Tous on est très contents ; çà se oit au visage.
     Le richard ac l'auto, le oilio en bécane,
     Tous enfin, fiers, on est d'être des " Diocanes ".

CHER LUNDI DE PENTECOTE
Envoyé par Mme Michèle Raphanel


Cher lundi de Pentecôte,
Bientôt, tu n'auras plus la cote
Car, pour tous les salariés,
Tu ne seras plus férié !
Tu seras même supprimé
Nous devons te sacrifier,
Sous prétexte de solidarité
Avec les personnes âgées.
Elle a bon dos la canicule
Pour nous faire avaler la pilule:
Travaillons ! Travaillons !
Et des taxes, de plus en plus, nous aurons.
Nous aurions dû descendre dans la rue,
Pour défendre ton statut...
Mais tout le monde s'est tu
Car personne n'y croit plus :
Ni travailleurs, ni syndicats
Ne font désormais le poids
Face au pouvoir du patronat
Qui fait ce qu'il veut de l'emploi.

Il eût été plus populaire
De donner de vos salaires
Messieurs les Ministres et Députés
Au lieu de nous culpabiliser
En nous disant : " Trop de loisirs,
Ce n'est pas bon pour l'avenir ! "
Nous n'irons plus au bois
Nous promener ce jour-là,
Mais dans les usines et les bureaux,
Nous irons bosser le coeur gros !
Nous ne pourrons plus maintenant,
Rendre visite à nos parents,
Eloignés par la distance,
Dans un joli coin de France;
Vous, qui avez eu cette idée,
Messieurs les Députés,
Avez-vous donc pensé
A toutes ces personnes âgées
Que leurs enfants pouvaient retrouver
Lors de ces week-end prolongés ?
Ce sera fini désormais !
Et ne soyez pas étonnés
Qu'il y ait un jour, un revers
A cette décision arbitraire
A vouloir tout casser,
A ne plus rien respecter,
Il est possible et je l'espère
Que vous récoltiez tout le contraire
De ce que vous attendez
En supprimant ce jour férié !
Il nous reste l'espoir encore
Que l'Esprit (de Pentecôte !) ... souffle très fort
Et vous ramène à la raison
En nous laissant à la maison.

Toi qui existais depuis des années
Si vraiment tu disparais
Sache que nous t'aimions bien, tu sais,
ô lundi de Pentecôte, désormais,
Nous ne penserons plus à toi avec le sourire
Car, de toi, il ne nous restera que des souvenirs..

A méditer et à distribuer...


BÔNE MILITAIRE
du CAPITAINE MAITROT
                              Envoyé par M. Rachid Habbachi                      N° 7

Bône Militaire                                                   44 SIÈCLES DE LUTTES
du XXIVème avant  au XXème Siècle après notre ère
Médaille de Bronze à l'Exposition Coloniale de Marseille 1906
Médaille d'Argent de la société de Géographie d'Alger 1908

Première Partie
HlPPONE ET BONE

CHAPITRE VI
ETABLISSEMENT
Des Français sur les côtes d'Afrique
Expédition des Toscans

1520 - 1607


        On a vu tous les chrétiens de la Méditerranée, Gênois, Pisans, Espagnols, faire des incursions dans la Barbarie, soit opérations militaires, soit transactions commerciales ; seuls, les Français se sont abstenus, bien que les rois François Premier et Henri IV aient passé des traités avec le sultan de Constantinople, suzerain du dey d'Alger.
        En 1520, des Français, dont je n'ai pu retrouver les noms, fondèrent un comptoir au cap Nègre, pour exploiter le corail, les cuirs et les laines.
        En 1524, deux Marseillais, Thomas Linch et Carlin Didier, achetèrent le privilège de la pêche et de la vente du corail à des Arabes campés entre le cap Rosa et Mersa el Kharaz (port aux breloques : La Calle) ; ils construisirent une grande, maison carrée, qui prit le nom de Bastion de France. Détruite par les Turcs, en 1551, elle fut reconstruite en 1591 et cédée à de nouveaux propriétaires, les premiers ayant été ruinés par la concurrence gênoise.
        En 1604, M. de Moissac avait donné une immense extension aux affaires, pour lesquelles la compagnie payait une redevance annuelle de 34.000 roubles d'or, quand il s'éleva des contestations avec la Porte, qui déclara une guerre acharnée aux Français.

        Le Bastion fut détruit de fond en comble et les bâtiments français, pourchassés, virent leurs équipages prendre le chemin de l'esclavage.

        Le grand duc de Toscane prit alors la tête d'un grand mouvement en faveur des chrétiens contre les Turcs et une expédition toscane s'organisa en 1607.
        Cette action de guerre est très peu connue ; elle est narrée dans un ouvrage qui partit en 1608, aussi de ne puis-je parler de documents inédits, mais, à coup sûr, puis-je affirmer que cet ouvrage est presque inconnu. Il me fut communiqué par M. le docteur Boude, de Bône, un modeste et un savant(1).

        Ce document est d'autant plus précieux et intéressant pour nous, qu'en dehors de ce que, écrit par un Français, il est dédié au roi de France, il nous fait voir combien, à cette époque, nos compatriotes étaient craints et redoutés en Orient. Il nous apprend, de plus, que le détachement d'étrangers, pris à la solde du grand duc de Toscane, était composé presque entièrement de Français et commandé par un gentilhomme français.
        La dédicace de cet ouvrage est un quatrain assez galamment tourné. Il sort peut-être un peu de mon sujet, mais sa joliesse fera passer sur son inopportunité.

        Sire, le froid a peu tarder
        le jour nommé de vos Estreines
        Mais il ne pourra pas glacer
        le sang françois dedâs mes veines

        Sans m'astreindre à suivre l'opuscule page à page, je vais m'essayer de l'analyser et de le commenter, mais en observant strictement l'ordre chronologique qui a été un peu laissé de côté dans la rédaction originale.
        Les Français, commence l'auteur, avaient grande réputation à cette époque.
        Les Turcs avaient une horreur invincible et une terreur sans nom des gens habillés à la française. Quand on leur faisait, pour remonter leur courage, remarquer qu'ils n'avaient de français que l'habit, ils répondaient :

        " S'ils ne sont Français, au moins en ont-ils l'habit. Mais je dy qu'ils avachisses davantage le courage des nostres, quand ce vient à combattre, lesquels, espouvantés de la persuasion commune qu'ils ont de la valeur et courage des François, se rendent plus tost et ne font pas si grande résistance à ceux-là qu'aux autres nations qu'ils ont en autant d'estime ".
        On entre, ensuite, immédiatement, dans le sujet.
        À cette époque, le corsaire Morath Rays(2) ravageait les côtes méditerranéennes.
        Le grand duc Ferdinand de Toscane, surnommé, par les Turcs, le grand diable Ferdinand, résolut d'organiser une expédition avant pour but : ou de s'emparer de Morath, après avoir sondé tous les refuges de la Méditerranée, ou de piller et réduire à néant une, ville barbaresque, importante comme place de guerre ou centre de commerce.

        Il organisa une expédition sous les ordres du " Seigneur Silvio Piccolluomini, un des braves et renommés guerriers de nostre âge, signalé par les charges honorables qu'il a eues, dès sa jeunesse, és les guerres de Transsyluanie et des Pays-Bas et très grand Connestable de la religion de saint Estienne et gouverneur de Cosme, grand prince de Toscane et fils aîné de ladite Altesse en lieu et place de François du Mont de Bourbon général de toute l'infanterie qui avait intérêt à ne pas marcher, mit sous ses ordres, dis-je, neuf galères dont huit revenaient du Levant avec cinq Bretons, une Tartane et trois frégates d'Espalmer ".
        Les Bretons, contrairement à ce que prétendent certains auteurs, n'étaient pas des vaisseaux venant de Bretagne mais des " Vaisseaux ronds qu'on nomme Bretons " dont le modèle venait peut-être de Bretagne.
        Il lui donna un certain nombre de soldats et de mariniers, plus des " Adventuriers, Gentils hômes capitaines renomniéz " d'origine étrangère, la plupart Français, sous les ordres du chevalier de Beau-Regard.

        Le mot d'ordre de l'expédition était saint Augustin, patron de " Bône, jadis Hipône, Evesché du glorieux et célèbre docteur saint Augustin ".
        L'expédition comprenait, outre les fantassins et les marins, un corps de deux cents cavaliers ou chevaliers ou adventuriers italiens, sous les ordres du " Chevalier Fabrice Coloret, prieur de Uniciane, maistre de chambre du grand duc, et fort son favori à cause de son incroyable douceur, courtoisie, discrétion, fidélité et vaillance ". Le porte étendard était " le chevalier Enée Piccolluomini, fils dudit grand connestable ".
        Les étrangers, Français en majorité, au nombre de quatre cents, étaient aux ordres du chevalier de Beauregard et avaient comme capitaines, le capitaine Marchant " soldat expérimenté et serviteur loyal à qui leurs Altesses auoyent commandé de n'abandonner aucunement le dict chevalier de Beau-Regard " ; le capitaine Chasteauvieux, le sieur de Tourtour " Jeune et courageux gentil-hôme " ; le capitaine Lâglade, le sieur de Saint-André, les sieurs de Gaux et de Masan, le capitaine Eliot d'Elgaron, le baron de Cornay, le capitaine Asciano Bardilly, tous, sauf le dernier, noms bien français et de bonne lignée.
        L'aumônier était " le père Dom Juam du Boys, Célestin, personnage autant doué de bon courage, hardiesse que de doctrine et érudition ".

        En résumé, l'armée comprenait deux corps principaux : le corps italien subdivisé en fantassins et artilleurs réguliers et en cavaliers irréguliers embarqués sur la flotte toscane et le corps français embarqué sur les bretons.

EXPEDITION TOSCANE
1900 HOMMES

        Commandant en chef, Connétable Silvio Picolomini
        Aumônier Don jean Du Boys
        ARMEE ITALIENNE.... ….15oo hommes
        CORPS RÉGULIERS……..…….13oohommes
        CAVALIERS IRRÉGULIERS,..… 200 hommes
embarquée sur la flotte Toscane sous les ordres de l'amiral Inguerranne comprenant : 9 galéres, 1 tartane, 3 frégates
Les capitaines étaient Baroche, Laurens Lanceur, Marc Anthoine. joseph dit Cardinalin
        Commissaire général Hugolin Barisson
        Sergent major général. . Colonel Ambroise Bindy
PREMIÈRE SUBDIVISION

        Sergent Major Capitaine jean André Richelme

INFANTERIE

        Capitaine jean Brancador Lieutenants, ses deux frères
         dont le chevalier Guidobalde
        Capitaine Flaminio Ubaldini. ....
        Capitaine Charles de la Penne .... …Lieutenant Marcel de Canaceppe,
        Capitaine Francois Alfani………….Lieutenant Albert Mansult
        Capitaine Auréle Passerin ........
        Capitaine Hierome Gautier .......
        Capitaine Colesche .......

ARTILLERIE

        Capitaine Pierre Guiscard 3 pétards, 4 arquebuses à crocs

DEUXIÈME SUBDIVISION

        Sergent-Major. Capitaine Pierre Jacques de la Fratte

INFANTERIE

        Capitaine François Nesly Lieutenant Jacques Capponi
        …………………………………………Enseigne Belin Ricasol
        Capitaine Marc Anthoine Placidi
        Capitaine Cosme Rossio
        Capitaine Politraci Suarez portugais
        Capitaine Simon Amici, .. .
        Capitaine Thomas Thomasi d'Ancone

CAVALERIE

        Ct Chevalier Fabrice Coloret.... Enseigne Chevalier Enée Picolomini

CONTINGENT ETRANGER
Embarqué sur cinq Bretons

        Commandant ............ Chevalier de Beauregard

INFANTERIE

        Capitaine Marchant .... ...
        Capitaine Chateauvieux ...
        Sieur de Saint-André ............
        Capitaine Eliot d'Elgaron ……….Lieutenant, Sieur de Gaux
        ……………………………………..Lieutenant, Sieur de Masan
        Baron de Cornay...............
        Capitaine Ascanio Bardilly de Corton
        Capitaine Rouache ..............
        Capitaine Joly Coeur ... ........

ARTILLERIE

        Capitaine Langlade………… Lieutenant, Sieur de Tourtour 1
        …………………………………4 pétards

        Avant de partir, on passa une revue " monstre " générale à Livourne, mais les volontaires refusèrent d'y assister disant " qu'ils estaient volontaires et qu'ils feroyent telle monstre à la bataille de mer et sur le lieu de l'êtreprinse qu'on y verroit leurs espées toutes teintes du sang de l'ennemy ".
        On embarqua le trentième jour d'août 1607, sous les ordres de l'admiral Ingueranne, sauf le chevalier de Beauregard qui, avec ses hommes, sur cinq bretons, devait se rendre directement à l'île de la Galite et, après la prise de Bonne (sic), faire la course.
        L'itinéraire était Port Ferrare (île d'Elbe, au Grand Duc) puis toutes les îles de ces parages.
        Le dimanche, on arriva à Monte Christi où l'on apprit le fait suivant : " Un vray François qui apprint par sa côfiance à tous les autres à mourir courageusement, occit " le premier turc qu'il rencontra parce que son fils s'était converti à l'islamisme. Morath le fit empaler et rôtir à petit feu " comme un coq d'inde sur une pointe de roc ".
        Pendant la relâche, on dressa le plan de Bône et l'on s'aperçut " lequel estant parachevé que la croy qui estait la marque du papier sur lequel on l'avait copié, se trouva par hasard à l'endroit qui représentait le mitan de la dicte ville qui fut prins des plus religieux et craignant Dieu pour bon augure de victoire ".
        On rencontra au cap de la Poule (Sardaigne) 22 vaisseaux ronds " flaments échangeant du grain contre du sel ".

        Le 13 septembre, on entra dans le golfe de Sardaigne et, le soir, on arriva à la Galite. On y rencontra les Bretons, mais on ne tira pas le canon en signe de salut, de peur d'être entendit de la côte.
        Aussitôt arrivés, les chefs furent convoqués sur le vaisseau amiral. Le général ordonna d'embarquer les adventuriers sur les galères prêtes à prendre terre ; quelques capitaines de vaisseau refusèrent.
        Le soir, éclata une tempête formidable ; les bâtiments furent obligés de passer entre la côte et l'île pour se préserver des coups de mer ; heureusement, elle dura peu et l'on fit voile pour l'Afrique.
        Le capitaine Laurens Lanceur signala le, cap de Garde à trois heures du matin et entre cinq et six heures, on débarqua à " l'Espalmoir ", à une lieue et demie de Bône (plage Toche). Le chevalier de Beau Regard, le père du Boys et le capitaine, Marchant mirent, les premiers, le pied sur la terre d'Afrique.
        Le père du Boys demanda instamment à marcher sur la " forteresse " mais le connétable hésita un peu devant la difficulté de l'opération.
        Enfin, l'ordre fut donné de marcher sur la Casbah, de s'en emparer ou bien, en cas d'insuccès, de rejoindre l'armée du côté de la ville ou encore de se rembarquer à " l'Espalmoir ", si l'armée n'avait pas bougé.
        Pour arriver à la ville, il y avait trois chemins tous trois dominés par la forteresse, d'où nouvelle hésitation. Ce fut le chevalier de Beauregard qui imposa son avis et qui se mit en marche le, premier.
        Le chevalier, avec le père et le capitaine Marchant, tenait la tête. Suivaient le capitaine Chàteauvieux, avec le guide garrotté, le sieur de Tourtour avec les quatre pétards(3) du capitaine Langlade, le sieur de Saint-André avec soixante hommes, les sieurs de Gaux et de Masan, et le capitaine Eliot d'Elgaron, avec chacun une échelle et cinquante hommes, le baron de Cornay avec cent hommes et le capitaine Ascanio Bardilly avec une échelle et sa compagnie.

        L'armée italienne, forte de 1.500 hommes, suivait cette avant-garde, mais en se couvrant elle-même, puisqu'elle ne devait pas emprunter, jusqu'au bout, le chemin des Français.
        L'armée était précédée par le capitaine Jean Brancador et sa compagnie, suivis de son frère, le chevalier Guidobalde, escortant un pétard et deux arquebuses à crocs, sous les ordres, du capitaine Pierre Guiscard ; puis le commissaire général de l'armée, Hugolin Barrisson, avec un petit pétard et seize hommes, le grand connétable et son état-major, le colonel Ambroise Bindy, sergent-major de l'armée, avec un pétard et deux arquebuses à crocs, le capitaine Flamilio Ubaldini et sa compagnie, les capitaines Charles de la Penne et François Alfani, avec chacun une échelle, Aurèle Passerin et Hierome Gautier, avec leurs compagnies ; le sergent-major était le capitaine Jean André Richelme ; le chevalier Coloret avec l'escadron, les capitaines François Nesly et Marc Anthoine Placidi sous les ordres du sergent-major capitaine Pierre Jacques de la Fratte.
        Les habitants de Bône avaient été avertis de l'arrivée des Toscans par deux vaisseaux de Tunis apportant des lettres d'un certain Malessa, maître charpentier, écrivant à sa famille de quitter la ville. Le caïd avait alors renforcé la garde.
        Un groupe de cavaliers avait tenu, toute la nuit, la porte de la Marine ; mais il s'était retiré le matin, en ne voyant rien d'anormal. Sa rentrée avait rendu confiance aux janissaires et la surveillance s'était un peu relâchée. Sans le bruit que fit la prise de la Casbah, les Toscans auraient pu entrer dans la ville par les portes laissées ouvertes.
        En tous cas, les Bônois ne savaient pas que c'était l'armée, du grand Duc ou grand Diable qui venait de débarquer, car, deux jours auparavant, on leur avait appris que la flotte s'était perdue dans le Levant, corps et biens, avec 1.200 hommes " et en auoyent fait les feux de joy, laquelle leur fut bien courte ".
        Après de nombreuses difficultés, provenant de l'absence de route et de la présence de nombreux rochers qui se dressaient dans la plaine, les Français arrivèrent en vue de la Casbah qu'ils croyaient être une tour un peu plus grosse que les autres et furent très étonnés de trouver une " forteresse revêtue de très hautes et espesses murailles toutes bordées d'artillerie bien montée ",

        Il y eut un moment de surprise et d'hésitation mais le chevalier de Beauregard se rendit compte que si l'on ne prenait pas la Casbah, pour en faire taire les canons, jamais l'armée n'atteindrait la ville.
        Aussi accueillit-il, avec plaisir, les exhortations que le père Du Boys fit à ses soldats.
        Et l'on vit ces hommes, " la pluspart armée à crud grimper plus viste que chèvres à mont ".
        Arrivés au pied de la muraille, les groupes se divisèrent : les artilleurs, avec leurs pétards, marchèrent sur la porte, en faisant le tour des remparts, puisqu'on abordait par le bastion Nord, celui que devait enlever Yusuf, deux cents ans plus tard, et que la porte se trouve face au sud.
        Les autres soldats appuyèrent leurs échelles au mur et se mirent à grimper.
        Il paraît que la sentinelle maure qui les aperçut, en fut si saisie qu'elle en perdit la parole et ne peut crier à l'arme ".

        La première échelle appliquée fut celle du sieur de Gaux, la deuxième celle du capitaine Eliot, qui monta sur le rempart avec le cadet de Château Redon et planta son enseigne sur un tourion ; la troisième, celle du sieur de Masan, se trouva un peu trop courte. On tendit alors, de haut des murs, des cordes d'arquebuse aux assaillants ; la quatrième fut celle du capitaine Ascanio. Pendant ce temps, le capitaine Langlade et le sieur Tourtour faisaient sauter la porte et entraient dans le fort, avec le sieur de Saint-André, le baron de Cornay et le capitaine Chateauvieux.
        Les Turcs, absolument affolés par la soudaineté de ces attaques arrivant de tous côtés, ne surent pas profiter des quelques chances qui leur restaient. Ils auraient pu se masser sur la place et, de là, dominer et écraser leurs adversaires qui étaient en contrebas ; d'autant, qu'en tenant quelque temps, ils pouvaient espérer des secours par les échelles que les Français avaient eu la mauvaise inspiration de laisser dressées.
        Le père Du Boys, voyant la faute commise, se plaça sur le rempart de façon à empêcher quiconque d'approcher de ces échelles, du dedans comme du dehors. J'aime à croire, quoique la relation ne le dise pas, que le Père ne resta pas seul pour accomplir cette mission, comme on pourrait le croire à la première lecture.
        Au bout de quelques instants, il ne resta plus aux Turcs que la tour de la Mosquée et une des tours de l'enceinte. Cette dernière tour, sur laquelle se trouvaient cinq canons et trente janissaires fut enlevée par le capitaine Langlade qui tua huit hommes de sa main, par le capitaine Eliot et le sieur de Saint-Alof.
        Sur la tour de la Mosquée, ne se trouvaient que deux Turcs qui émerveillèrent tellement les chrétiens que, quand ils se rendirent faute de munitions et à demi-asphixiés par la fumée de la paille mouillée, qu'on avait allumée au-dessous d'eux, on leur laissa la vie sauve pour devenir " scribes marins de Son Altesse plutôt que de les envoyer bouillir dans la marmite de Pluton. "
        Le chevalier de Beauregard prit ensuite des mesures de sécurité. Il confia la garde de la porte au baron de Cornay, mit des sentinelles sur les murs, fit rompre les échelles, brûler les affûts de canons et jeter les cadavres turcs par dessus le rempart. La Casbah avait, comme garnison, 150 janissaires sous les ordres d'un agha : tous avaient été tués, sauf les deux Turcs de la Mosquée.
        Pendant ce temps, l'armée toscane s'était approchée de la ville. Mais le bruit fait à la Casbah avait donné l'éveil et elle trouva les murs garnis de Maures, décidés à vendre chèrement leur vie. Mais la vue des bannières chrétiennes flottant sur la forteresse, exaltait le courage des Italiens qui se portèrent en avant aux cris de : " Saint-Augustin ! Victoire ! Victoire ! ".
        La compagnie Brancador marcha droit sur la porte " vers la Forteresse " que le chevalier Guy dobalde, frère et lieutenant du capitaine, fit sauter et, malgré la résistance désespérée des Turcs, la compagnie conduite par le chevalier, Marc Anthoine Richeardille et Octave Adami pénétra dans la ville. Mais elle paya cher son succès, le capitaine et ses deux frères furent très dangereusement blessés ; l'un d'eux, le chevalier, eut la figure complètement " rostie " par une torche qu'il brandissait et qu'un Turc retourna contre lui.
        Le colonel Ambroise, avec la compagnie Colesche, appuya à droite pour aller vers la porte de " Terre ". Mais son pétardier avait suivi le capitaine Brancador ; il fut obligé de revenir à la porte, " vers la Forteresse ". Il suivit alors les murs intérieurement et alla placer un poste à la porte " de Terre ".

        Pendant ce temps, le capitaine Guiscard, envoyé par le connétable, alla faire sauter, dit dehors, la porte " de Terre " ; il entra dans la ville avec le capitaine Nesly et l'escadron du chevalier Coloret. Le capitaine Nesly releva aussitôt, avec sa compagnie, le poste du colonel Ambroise. Le bruit du pétard détourna l'attention d'une partie des Turcs, qui se portèrent vers la porte " de Terre " dégarnissant enfin la porte " vers la Forteresse ", où le combat était toujours aussi acharné. Mais la ville était loin d'être au pouvoir des chrétiens. Le capitaine Nesly reçut l'ordre de prendre quarante mousquetaires et d'aller s'emparer de la porte " de la Mer ".
        Les chevaliers n'étaient pas entrés dans la ville; ils étaient restés devant la porte " de Terre ", mais en butte au feu d'un parti turc qui s'était établi dans un sépulcre (Marabout) en dehors des murs, ils se portèrent à la porte " de la Mer " pour empêcher les habitants de fuir vers la plaine. La voie était très étroite et rocailleuse, aussi la marche se fit-elle lentement, et l'on perdit pas mal de monde, par l'effet des coups de feu et de pierres venus des remparts.
        On rencontra, peu après, la cavalerie turque, dont les cavaliers légers ne purent rien tenter contre les chevaliers bardés de fer, qui se contentèrent de serrer leurs rangs, tout en avançant. Arrivés à la porte " de la Mer ", les Toscans entrèrent et fermèrent les battants derrière eux, en laissant la cavalerie turque au-dehors.
        Ils arrivaient à temps pour seconder le capitaine Nesly, qui venait d'être blessé au visage.
        Le connétable envoya, à ce moment, à l'amiral l'ordre de se rapprocher de la terre, pour l'appuyer. Les vaisseaux se mirent en marche en tirant des coups de canon et le capitaine Joseph dit Cardinalin poussa même dans la Seybouse, pour canonner les fuyards. Pendant ce temps, les Italiens pénétraient en ville et faisaient le siège des monuments. La Mosquée, en forme de donjon (Sidi-Merouan), fut enlevée par Albert Mansult, lieutenant du capitaine Alfani, et Marcel de Canaceppe, lieutenant du capitaine Charles de la Penne, mais on y perdit Jules-César Renier, alfier(4) de la compagnie.
        Les rues étaient parcourues par les capitaines Placidi, Aurèle Passerin, Gautier, le colonel Ambroise et l'escadron du chevalier Coloret. Mais les rues, très étroites, étaient de parcours difficile, d'autant que les Turcs tiraient par les fenêtres des maisons qui les bordaient. Y furent blessés les capitaines Flaminio, Ubaldini, Cosme, Rossio et Politraci Suarez.

        Le bruit arriva, à ce moment, à la Casbah, que le connétable avait été tué.
        En réalité, il avait reçu un coup de pierre à l'estomac, qui lui avait, pendant un certain temps, enlevé le souffle. Le père Du Boys demanda au chevalier de Beauregard l'autorisation de descendre aux nouvelles.
        Ici, le comique se mêle au tragique.
        Le baron de Cornay avait barricadé la porte : il fit passer le père par le trou du pétard. L'aumônier se glissa difficilement par cette ouverture et resta, paraît-il, un bon moment pris par le milieu du corps.
        Il descendit vers la ville, trouva blessés Anthoine Velly, le chevalier Hercule Panne de Faenze et, après avoir vu, sur la place (Place d'Armes), le chevalier Guidobalde et ses frères, également blessés, il rencontra le connétable et lui demanda des ordres pour le chevalier de Beauregard.
        Silvio Piccolomini donna l'ordre d'évacuer la Casbah. Le Père répondit que les Français se faisaient forts de la garder et de la défendre. Le connétable le remercia de cette affirmation, dont il ne doutait pas de voir la réalisation si les circonstances l'avaient permis, mais il maintint ses ordres pour les raisons suivantes :

        Les soldats gorgés de butin seraient faciles à surprendre par l'ennemi revenu à l'improviste après avoir fait appel aux Arabes des tribus.
        L'ennemi pouvait être secouru du camp d'Alger où étaient réunis 6.000 hommes et qui était situé à Constantine " à une petite journée de Bône ".
        Il était impossible de s'embarquer de nuit avec les écueils de la côte, à moins que les galères n'allassent au Fort Gênois, distant de deux lieues et demie, mais alors l'armée devait reculer en combattant et risquer de perdre son butin.
        Le Père Du Boys fit, avant de remonter à la Casbah, un tour dans la ville. Il fut très étonné de ne pas voir de sentinelles sur les murailles ; c'était, lui expliqua t-on, l'ordre du général qui avait hâte de se rembarquer, suivant les prescriptions d'ailleurs du grand Duc.
        Le chevalier de Beauregard et ses gentilshommes, à la rentrée de l'aumônier, s'indignèrent d'avoir à lâcher une si belle conquête qui leur avait coûté si cher. Ils offrirent de garder la Casbah à eux seuls, jusqu'à ce que le grand Duc ait décidé. Le connétable les remercia de leur courage, mais fut inflexible. Il leur promit seulement de leur donner des marins pour enlever les canons et envoya son fils, Enée Piccolomini, relever le plan de la forteresse. Il indiqua, comme signal de l'évacuation, une fumée qui devait s'élever du bord de la mer.
        L'embarquement avait été assuré par l'occupation d'une petite colline proche de la mer (ce doit être le fort Cigogne) tenue par Jacques Capponi lieutenant, et Belin Ricasol, enseigne de la compagnie du capitaine François Nesly.
        Le chevalier de Beauregard descendit au rivage, tambours battants et enseignes déployées, après avoir détruit les provisions de guerre et de bouche, mis le feu en la place et jeté les corps de ses camarades tués dans les citernes pour n'avoir pas eu le temps de, les inhumer, pour empêcher les Turcs de leur couper la tète et pour empoisonner les eaux.
        Les marins se conduisirent à l'arrivée des troupes françaises d'une façon ignoble. Ils refusèrent d'aller chercher les adventuriers à la plage et obligèrent ces hommes qui n'avaient rien pris depuis le matin et qui avaient combattu toute la journée, à se mettre à l'eau pour embarquer et, ajoute l'auteur, il faut voir un miracle dans la patience dont firent preuve les soldats.
        Le lendemain matin, le Chevalier et le Père proposèrent au connétable d'aller prendre l'artillerie et de l'amener aux vaisseaux ; mais les discussions traînèrent en longueur et l'on mit à la voile avant d'avoir pris une décision.
        Le combat avait duré " six grosses heures d'horloge ".

        Les pertes avaient été cruelles :
        A la Casbah, 12 hommes tués, dont les sieurs de Masan et Saint-Ophime et le capitaine Ascanio Bardily de Corton ; deux estropiés, les capitaines Rouache et Joly Coeur.
        A la ville, 30o hommes tués, entre autres : les chevaliers Charles Gabriel Romain, Vincent-Palery Panormitain, le comte François Brancaléon, le sieur Gaspard, fils du maréchal de Clèves, lieutenant de deux compagnies, sous le comte de Fuentes, les capitaines Siméon Amici et Thomas Tomasi d'Ancône.
        Le butin fut immense ; les prisonniers étaient au nombre de 1.500. On resta trois jours en vue de Bône pour donner des soins aux blessés et répartir les esclaves sur les galères. Celles-ci ne se trouvèrent pas assez grandes ; on prit alors une polacque française d'Oléron qui avait été précédemment capturée par les Maures. Ce bâtiment, une fois à Livourne, fut rendu à son propriétaire, à qui le grand Duc versa en plus soixante écus d'indemnités.
        Le troisième jour, le chevalier de Beauregard partit en course avec trois bretons, le reste le la flotte rentra à Livourne, le 27 septembre.
        Suit une description de Bône qui est très intéressante en ce sens qu'elle est la reproduction identique à celle que l'on trouvera dans l'ouvrage de M. de Cornulier Lucinière, en 1832.
        La ville, de trois quarts de lieue de développement, était entourée d'un vieux mur mais " de bonne estoffe et bien haut " flanqué, tous les dix pas, de tourelles et percé de trois portes : porte de la Forteresse (bah el Mékaber), porte de la Terre (bab el Rabah), porte de la Mer (bah el Behar). Cette dernière penche néanmoins un peu vers la " planure ". C'est bien la porte de la Marine qui regarde le fond du golfe, la Seybouse et la plaine de Morris.
        La ville n'était pas très riche ; on y trouvait beaucoup de chevaux et de chameaux mais pas " de forfanterie et de toisons d'or ".

        La population, orgueilleuse et fière, était très guerrière et ne tremblait pas devant la mort.
        La garnison était de 4.000 hommes dont 2.500 de la ville, divisés en 300 mousquetaires, 200 arquebusiers, le reste armé de piques, cimeterres et javelots. Les habitants qui firent le coup de feu avec les soldats, avaient pu être évalués à 8 ou 10.000 hommes. La garnison permanente de cavalerie était de 50 hommes ; mais les tribus environnantes pouvaient en porter le nombre à mille.
        Non loin de la ville, se trouvait une belle rivière sur laquelle était jeté un vieux pont de pierre (pont d'Hippone) ; au-delà de la rivière, se trouvaient les ruines d'Hippone, où se dressait encore la basilique de saint-Augustin.
        Entre le pont et la ville, se trouvait le vieux marché entouré de murs, contre lesquels s'appuyaient des logettes (faubourg de la gare). Ce marché était envahi, une fois par semaine, par six à sept mille Arabes bien armés.
        La prise de Bône eut lieu le lendemain de ce marché, le général et le père Du Boys ayant sagement résolu de laisser " escoulé cette affluence de peuple " donnant pour raisons que : le renfort eut été un trop gros appoint pour la garnison ; que la nouvelle de l'arrivée des chrétiens se serait répandue trop vite et aurait pu occasionner un soulèvement général ; que cette nouvelle survenant le lendemain du jour du marché où tout avait été tranquille, n'aurait pas beaucoup de créance et que les Italiens auraient le temps de faire leur coup de main et de se rembarquer avant que le pays n'ait bougé.

        De la ville à la Casbah, s'étendait un immense cimetière composés de jardins ait milieu desquels se dressait un tombeau " petit dôme de pierre plus blanche que neige et qui semble estre de fin argent aux rayons du soleil ".
        La Casbah était ceinte de murailles d'un quart de lieue de tour, bien bâties, et " toutes terrassées la largeur environ de deux toises " surmontées de tours avec des vedettes avançant au dehors et placées à 15 ou 20 pas les unes des autres ; les tours avaient chacune trois, quatre ou cinq pièces de canons en fonte. Il n'y avait qu'une porte de guerre, vaste couloir en forme d'S se rétrécissant au bout " un peu tournée vers la ville ". Il y avait là un poste de janissaires avec quatre petites pièces de canon. Au milieu se trouvaient des maisons et une mosquée.
        La garnison était de cent janissaires et cinquante Maures, plus des gardiens de nuit. Il y avait d'immenses provisions de beurre, huile de lin, grains, bétail " gros et menu ", barbes, mulets, poudre, balles, trente pièces de canon en fonte sur affût et quatre ou cinq pièces en fer.
        Enfin chose qui intéresse les Français, il y avait en ville un consul de Marseille, dont on ne nous donne pas le nom. Ce consul habitait contre la porte " vers la Forteresse ".
(1) LES ESTRAINES ROYALES Contenant les considérations chréstiennes, politiques qui ont meu le grand'duc, de Toscane Ferdinand à faire chercher, par toutes les isles de la mer italique, le renommé corsaire Monrth Rays, et a entreprendre dernièrement sur à Barbarie avec un vray et ample récit de tout ce qui se passa de plus remarquable en la dite entreprise. Au triomphant et auguste Henry IIII tres chrestien ROY de France et de Navarre. à Paris, par René Ruelle, marchant, libraire et imprimeur, rue St Jacques à l'enseigne st Nicolas 1608 avec permission
(2) Rays est très certainement pris pour Reïs, capitaine de vaisseau, amiral.
(3) On appelait pétards des pièces de pyrotechnie que l'on appuyait fortement ou que l'on clouait contre les murailles et les portes pour disjoindre pour les faire sauter.
(4) Porte drapeau - Enseigne.

A SUIVRE       

POUR RIRE ET SE DETENDRE
Envoi de Mme Michèle Raphanel

C'est un vieux papy qui va chez le médecin avec sa femme.
Le médecin l'ausculte et lui dit :
- " Monsieur, il faudrait faire un bilan de santé, il me faudrait un prélevement de votre urine, de votre sperme et de vos excréments ".

Comme le papy n'entend pas très bien le médecin répète sa question, mais celà ne change rien.

Alors sa femme se retourne vers lui et lui crie :
" LE DOCTEUR VOUDRAIT TON SLIP ! ".


RAPPEL La Saint-Couffin !
A UZES le 5 JUIN 2005
Communiqué de l'A.B.C.T
RETENEZ BIEN CETTE DATE 5 JUIN 2005
ET RESERVEZ-LA

Rassemblement national des Bônois, Constantinois et anciens de Tunisie

Cher(e) Compatriote et Ami(e) de l'Est Algérien

     J'ai le grand plaisir de vous annoncer, que pour la 39ème année, l'Amicale des Bônois, Constantinois et Anciens de Tunisie du Gard, organise le grand rendez-vous national d'UZES. C'est donc le:

dimanche 5 juin qu'aura lieu la traditionnelle journée champêtre

     Comme les années précédentes, c'est dans le cadre verdoyant
du camping municipal d'UZES, mis à notre disposition
par la Municipalité de cette ville, que nous vous accueillerons.

Le programme est le suivant:
8 heures 30 :Entrée libre et gratuite - accueil des participants.
10 heures 30 : Grand-messe en plein air avec la statue de Saint Augustin : Evêque d'Hippone.
11 heures 30 :Accueil des personnalités Gardoises et des représentants des amicales de rapatriés de toute la région.
12 heures :Repas tiré du sac.
15 heures 19 heures: Animations diverses avec comme d'habitude Jean Pierre PACE et son Saxo.
17 heures : Tirage de la tombola. 10 lots de grande valeur (prix du billet 1 Euro 50)

Vous trouverez sur place .: Boissons, merguez, Fougasse, pâtisseries orientales et café.
La recette des différents stands, nous permet de couvrir les frais de cette organisation (assurances - animation - sécurité - agencements etc.) Nous comptons sur vous pour les faire " tourner ".

Bônois, Constantinois, anciens de Tunisie, Pieds Noirs de tous horizons, amis et sympathisants, venez nombreux participer à cette journée, afin de retrouver des visages connus, d'échanger des souvenirs impérissables et d'assurer dans la joie et la bonne humeur le succès complet de cette manifestation.
Qu'on se le dise ! ! ! de bouche à oreilles ou par Tam-Tam....

Merci d'avance de votre participation
Le Président, J.P. ROZIER

Cette journée nationale, Campagnarde et conviviale, se déroule au Camping Municipal d'UZES (dans le Gard).
Chacun apporte son "Couffin" ou sa "Cabassette",
sa petite table et ses chaises pliantes.
N'oubliez pas les verres pour notre éternel "Sirop de Cristal"
(se délecter avec modération entre copains)




       Laurent Ropa,
               écrivain bônois.
1ère PARTIE       

Laurent Ropa, écrivain bônois.
Sa vie
La ville de Bône à travers
quelques extraits de ses écrits.

Sa vie.

Laurent Ropa

        Laurent, Joseph, Emmanuel ROPA est né à Xhagra (Gozo) le jour de Noël 1891.
        Fils de Giuseppe Rapa, le père qui avait quitté Malte dès l'âge de 16-17 ans pour venir travailler en Algérie. Quand il avait un peu d'argent, il retournait à Gozo pour quelque temps. C'est à l'un de ses voyages qu'il se marie avec Carmela, continuant à venir seul chaque année quelques mois en Algérie. Quand enfin il a un emploi stable et un logement, il fait venir sa femme et ses deux fils, Laurent le plus jeune, a alors deux ans en 1893. Ils sont accompagnés par un oncle et voyagent sur un grand voilier peu confortable.
        C'est l'aventure de cette famille, sa famille, que Laurent Ropa raconte dans "Le chant de la noria".
        La maman épuisée est morte faute de soins à l'âge de 42 ans; son papa a fini centenaire à Gozo.
        Les parents de Laurent Ropa ont eu 6 enfants :

         La famille est très modeste, Laurent et son frère apportent leur aide.


        "Vers 7 ou 8 ans, de notre propre initiative, nous nous louions, mon frère et moi, dans une briqueterie où nous sortions du four les briques cuites ; ou comme débardeurs au port où nous aidions, avec beaucoup d'autres enfants plus âgés, à débarquer des briques de Marseille. J'ai été loué aussi par un marchand ambulant de fruits et de légumes; il me faisait porter avec lui un énorme panier à poignées, chargé plus que raisonnablement. Le porteur criait sa marchandise, puis me demandait de crier à mon tour: Il paraît que je n'avais pas le ton convenable. Il m'envoyait aussi vendre des bottes d'oignon ou d'ail : je rentrais toujours bredouille. Il fallut conclure que je n'étais pas fait pour le commerce... ".
        " Enfin, continue-t-il, mon père loua un jardin dans la banlieue de l'antique Hippone, à l'Allélik. L'Allélik est ma véritable patrie". Il y sera employé comme ouvrier agricole à l'Allelick. Rien ne le prédestinait à devenir instituteur et écrivain.
        Et de cette époque douloureuse il a gardé toute sa vie la nostalgie de ce coin de Bône, l'Allelick.

SOIRS DE L'ALLELIK.

Les fraîches norias, âmes des bergers d'août,
Tournent en résonnant d'un pas égal et doux ;
Jacky, le vieux mulet, hennit pour la relève ;
Son pauvre cri parmi les grenadiers s'élève,
Plaintif, et va mourir dans les profonds jardins.
Des ronces, un chant monte en purs sons argentins ;
Le mystique olivier rêve et dort dans la lune ;
Accueillante au logis sourit la lampe brune...
Le repas est fini. Ma mère va s'asseoir
Sur le pas de la porte et l'oraison du soir,
S'égrenant de sa voix que chacun accompagne,
Vole en essaims légers et clairs dans la campagne.

Un changement qui allait s'avérer capital : la fréquentation de l'école.

        "A six ans, j'étais entré à l'école communale. Maintenant l'école était à six kilomètres, le hameau n'ayant pas la sienne. Il fallait faire le chemin à pied, matin et soir, par tous les temps. Bientôt, je profitais avec mon frère de la voiture qui transportait les légumes aux halles : réveil à trois heures chaque matin. Nous emportions notre repas de midi : pain, quelques olives ou un fromage de chèvre, un fruit. Parfois, nous prenions, pour un sou chacun, une portion de pois chiches, de haricots ou de fèves au cumin, chez un gargotier ambulant arabe. Les jeudis et aux grandes vacances, j'étais gardien de noria - il s'agissait d'empêcher le cheval ou le mulet de service de s'arrêter - et je menais les bœufs aux champs."

        Connaissant le chemin parcouru depuis l'Allelick par les charrettes du marché, sachant que le seul pont praticable était celui d'Hippone, il est vraisemblable que Laurent Ropa fréquentait les écoles qui avaient été construites au niveau du marabout de Sidi-Brahim, lui-même édifié sur les ruines d'une basilique romaine d'Hippone.

L'intégration totale d'un brillant élément.

        " A onze ou douze ans, je fus reçu au certificat d'études. On me mit alors en apprentissage, à l'Allélik même, chez un pépiniériste vigneron venu des Pyrénées. Mais j'avais la nostalgie des études, des livres. Je faisais déjà des vers. Mon instituteur insistait pour que je retourne en classe ; des Français instruits, nos voisins, faisaient de même auprès de Maman qui était prête aux sacrifices les plus héroïques, malgré son extrême pauvreté et malgré mon père ".
        Ainsi L. Ropa est inscrit au cours complémentaire, passe le brevet, réussit le concours d'entrée à l'Ecole Normale de Constantine. Ses premiers postes seront à Clairefontaine puis à Saint-Arnaud.

         Né sujet britannique, il sera naturalisé français à l'âge de 22 ans, en mars 1913. Mobilisé en 1914 dans les Zouaves, il est envoyé sur le front en métropole ne se doutant pas qu'il quitte alors l'Algérie pour toujours.
        Blessé deux fois sur le front, il sera titulaire de la Médaille militaire et de la Croix de Guerre.
        1ère convalescence dans la Sarthe où il fait la connaissance de Marguerite Gervaiseau, celle qui fut son infirmière, institutrice à Piacé, qui va devenir sa femme le 7 février 1917.
        Il termine la guerre comme lieutenant à Tunis où il est démobilisé.
        Il s'installe ensuite dans le pays de son épouse, à Mézières-sous-Ballon puis à Sillé-le-Guillaume où il fut directeur d'école entre 1928 et 1949.
        Il décède de la maladie de Parkinson le 29 mars 1967 à Piacé (Sarthe) où il aura passé une partie de sa vie comme instituteur, puis comme principal du collège et sa retraite.

La vocation.

         Laurent Ropa n'avait aucune disposition pour la vie agricole.
        Mme Ropa parle de l'adolescent :
        "Pour aller au cours complémentaire, on lui donne un bourricot qui se décharge rapidement de son cavalier et rentre seul à l'écurie. Son frère lui attelle une petite charrette, mais la bête reste d'autant plus rétive que le conducteur ne veut pas la frapper. Finalement un voisin qui a beaucoup insisté pour que mon mari continue ses études lui obtient un abonnement au chemin de fer local ".
        Très jeune, il est passionné pour la culture et la langue française et s'intéresse particulièrement à la littérature, allant jusqu'à économiser le prix d'un repas pour acheter des livres.

Premiers vers.

        A 14 ans, il commence à écrire des poèmes ; il est plein d'admiration pour Victor Hugo.
        Plus tard, le Directeur de l'Ecole normale de Constantine, M. Gaston Clais, auquel il vouera une reconnaissante vénération, lui avait fait prendre conscience de sa vocation.
        "Il me dit dès la première rédaction française : " Vous avez quelque chose de Victor Hugo dans votre style ". Puis : " Vous devriez faire des vers ". J'en faisais depuis longtemps, en gardant les norias et les bœufs. N'avais-je pas commencé même deux tragédies ? Il fallut bientôt me rendre compte que le plus urgent était, pour moi, de me défaire de l'influence tyrannique du terrible maître que j'avais choisi."
        Laurent Ropa doit donc choisir : écrire ou gagner sa vie. Le choix s'est imposé à lui, celui de l'enseignement où sa vocation intellectuelle a pu s'affirmer car parallèlement, Laurent Ropa a mené une réflexion philosophique, religieuse autour de son inspiration littéraire :

         " Pour moi, écrire n'est pas un passe-temps, une distraction, mais l'occupation essentielle. Ecrire, c'est méditer, prier, chanter ".
        Plus d'une fois, il a éprouvé la souffrance de voir la profession empiéter sur l'inspiration. C'est le thème du poème intitulé:

" Regrets "

J'étais un grand poète alors en mes quinze ans :
Je n'ai pas su cueillir les fleurs de ce printemps
Je vivais de beauté, d'amour inexprimable...
Puis, un jour, écoutant une voix raisonnable,
Songes, vous reniant, je vous ai tous chassés...
Hélas ! revenez-moi, Muses du temps passé !

L'écrivain.

         Son talent est divers. Il a laissé des romans, des poèmes, traduit en français des poètes maltais et collaboré à plusieurs revues.

Les romans.

         Il présente ainsi son oeuvre romanesque :
        " Peu doué pour le roman, j'en ai pourtant écrit trois parce que je me suis laissé dire que, pour se lancer, il fallait en faire. Mais mes romans sont des poèmes".

Le Chant de la Noria.
        C'est le titre du premier ouvrage, paru en 1932 et qui reçoit une critique fort élogieuse. Laurent Ropa y décrit la vie souvent misérable des émigrants maltais et de leurs ouvriers kabyles qui ont défriché, mis en valeur la plaine de la Seybouse. Paysages de soleil et de verdure, rude labeur quotidien des hommes et des bêtes, joies intimes et douloureuses épreuves d'une humble famille paysanne en font un livre attachant, plein de vie et d'émotion. C'est aussi un document remarquable sur l'Algérie d'avant 1914, réédité en 1980 par le Cercle Algérianiste aux Editions de l'Atlanthrope ; actuellement épuisé.
        En désaccord avec son patron, le père trouve un autre emploi à Bône et la famille doit, loger dans un quartier pauvre de la ville au grand désespoir de la mère qui regrette la campagne. Enfin, il loue un jardin à l'Allélick à la grande joie de sa femme. Leur vie dure, inquiète, est décrite dans ce livre avec beaucoup de fidélité.
        "Lazaro" et "Dora" ressemblent à ses parents et "Luigi", c'est son frère aîné.
        Ce roman est considéré par Robert Randau comme " un des plus beaux livres écrits sur l'Algérie ".

Kâline

        Annoncé par l'auteur sous le nom de "Séraphin", l'ouvrage paraît en 1936. "Beau roman grave, tendre et triste, dont les héros sont des Maltais transplantés comme l'auteur mais restés fidèles au berceau de leur race", il met en scène le patriotisme d'une jeune intellectuelle maltaise de Bône qui revient à la fierté de ses origines familiales après les avoir longtemps ignorées voire méprisées.
        Le thème en est très actuel.
        " ... (K) exprime un sentiment qui n'a guère été, étudié par les romanciers de chez nous, celui d'un coeur de néo-français où doivent coexister et s'arranger pour vivre, non sans quelque drame en ce partage, le sentiment de la Patrie nouvelle et la légitime piété, due à celle des origines ".
        " ... Le lecteur d'Algérie sera séduit plus particulièrement par l'art avec lequel l'auteur traite la mise en scène de son ouvrage, ces décors, ces paysages et ces moeurs du pays bônois si intimement liés au drame psychologique qui dévaste l'âme de ses héros ". (Jean Pomier, " Afrique ", août 1936).
        Encore aujourd'hui, Laurent Ropa est au centre des discussions qui rassemblent les Maltais du monde entier.
        Comme en 2000, lors de ce Congrès des Présidents d'Associations d'origine maltaise de l'étranger qui regroupait à la maison de l'émigrant de La Valette des gens d'Australie, de Nouvelle Zélande, d'Amérique, du Canada, du Royaume Uni, de Corfou, de France représentée par Pierre Dimech.
        Laurent Ropa, fut mis à l'honneur comme ayant été le premier à développer l'idée, en 1936, d'une Fédération des Associations maltaises dans le monde.
        C'est le thème de Kâline.
        Il écrivait à un auteur de pièces de théâtres qui fut l'ami des grands hommes politiques champions de l'indépendance de Malte :
        " Continue à combattre courageusement contre l'ignorance et contre ceux qui veulent que ton peuple reste dans l'ignorance pour l'empêcher de se développer."
        Ses dernières paroles témoignent de cet amour de Malte et des Maltais :
        " Où sont mes Maltais ?

Bou-Ras.


        Paraît en 1960.
        La dédicace mentionne : " A ma Mère Bénie, à ma Femme bien-aimée, A nos enfants, A tous, Espérance !
        Piacé, ce 1er août 1960 ".
        " L'enfant ayant le crâne d'un volume extraordinaire, on l'appela Bou-Ras, c'est-à-dire l'enfant à la grosse tête ".


        Plutôt qu'un roman, ce livre est plutôt un conte philosophique, un poème en prose qui décrit le chemin qui mène de l'Ombre à la Lumière, de l'Ignorance à la Vie, découvrant ainsi l'itinéraire spirituel de l'auteur.
        Un critique le jugeait ainsi :
        "Le récit est soutenu par un style étonnant où l'on retrouve l'équilibre, la cadence et la poésie des contes orientaux, la saveur et la richesse de leurs dialogues ".
        Ropa confiait lui-même ainsi le prix qu'il y attache :


        " Voici plus de dix ans que je le couve... Je crois que ce livre est mon livre : " Vivre, c'est marcher ardemment à la rencontre de Dieu : cela seul compte dans notre existence terrestre ".
        C'est le message de sa vie et de son roman qui avait été d'abord annoncé par l'auteur sous le nom de "Virgilio Bouras". Ce choix de "Bou-Ras" (l'enfant à la grosse tête), la reprise par l'auteur de ce nom dans ses trois recueils de poésie : "Le tombeau de Bou-Ras", le consacre pour lui donner une résonnance très personnelle : au premier degré, Bou-Ras, c'est lui, L. Ropa ; mais, au second degré, l'expression a le sens de malin, débrouillard et Bou-Ras, c'est un homme qui, par son travail, sa réflexion, sa valeur, s'est élevé au-dessus des autres hommes ; cela devient aussi l'Homme par excellence.

Les poèmes.

        Mais pour Laurent ROPA, l'essentiel de son oeuvre ce ne sont pas ses romans, ce sont ses poèmes rassemblés en trois volumes qui jalonnent sa vie et les péripéties de sa pensée qui n'a cessé d'évoluer dans le temps.

         " Je crois qu'il n'y a rien de plus beau qu'un alexandrin réussi"

         Le tombeau de Bou-Ras : 1 - Le Jardin de l'Allélik, 29 poèmes - le premier, paru en 1950, évoque son enfance, les souvenirs de jeunesse avec l'enivrement de la Science qui amène la rupture religieuse.
        Le recueil est dédié "A la mémoire de Gaston Clais, au directeur et à l'Ami, qui ne me permit pas d'oublier que j'étais poète et qui aima quelques-unes de ces poésies".

         Le tombeau de Bou-Ras : 2 - La Prière à Hippone, le second, publié en 1953, est marqué par l'inquiétude métaphysique et l'insatisfaction de son incroyance. Devant les déceptions de la vie et ses insuffisances, il retrouve un impérieux besoin d'absolu. Il comprend 8 poèmes.

         Le tombeau de Bou-Ras : 3 - Notre-Dame-de-la-Vie, rassemble 47 poèmes publiés en 1968.
        "D'abord poète... l'étincelle jaillit vers ma treizième année à l'audition du poème de Victor Hugo Les Pauvres Gens ... c'est alors que je suis né... " - (Vocation).

         " Ce qui compte seulement, c'est la Poésie, l'Inconnue mystérieuse qui enchanta Bou-Ras dans les jardins et les champs de l'Allélick, aux heures merveilleuses de son enfance, de son adolescence et tout au long de sa vie ". (De quelques vues).
        "Ce troisième recueil marque le terme de son évolution intérieure. C'est la quête ardente de la Vérité, la foi en Dieu et la prière retrouvées, la conviction que la plénitude et le bonheur n'existent qu'au delà des obscurités et des limites de la terre et du temps. Le Iong poème final, qui donne son nom au recueil, exprime bien ces recherches et ces cheminements de sa pensée".
        En voici les première strophes :

A MA FEMME

Savions-nous bien où nous allions, ô Bien-Aimée,
Le jour d'entre les jours, ce jour déjà lointain
Où, la main dans la main, sur la Route enflammée,
Nous partions à deux pour faire un seul destin ?
Pour moi, je l'ignorais. L'esprit plein de fumée,
Je fus bientôt séduit par le Noir Libertin;
Et ainsi engagé dans sa funèbre armée
J'existais pour mourir chaque nouveau matin.
Béni soit qui brisa le joug de l'Ephémère !
Aujourd'hui, nous savons ce que voulaient nos cœurs:
Après bien des combats, revoici la Lumière !
Ecoute dans mon chant, ses ineffables chœurs !
Ils disent, d'une voix que l'Infini prolonge :
S'il ne s'achève en Dieu, l'Amour n'est qu'un vain songe.

         Chaque recueil a un climat spirituel qui lui est propre ; mais la personnalité de l'auteur s'y retrouve en permanence constituant ainsi la trame et l'unité de l'ensemble.

Le promoteur du mouvement de renaissance maltaise.

Etudes littéraires.

        Laurent Ropa sera le promoteur de la renaissance maltaise, voulant maintenir les liens moraux entre les colonies maltaises du monde entier par le moyen de la culture et du développement de la langue nationale que les poètes ont élevé au rang de langue littéraire.


        " Mes compatriotes d'Afrique deviennent d'excellents citoyens français, mais ils se montrent si fiers de l'être qu'il ne faut guère leur rappeler qu'ils sont tout de même... Maltais. Maltais, c'est une tare, et ils se hâtent de se débarrasser de leur langue nationale. Je me suis dressé vigoureusement, violemment même parfois, contre cette tendance dans mes articles de Mélita : "Ma province franco-maltaise " ... ".
        " Le poète Fernand Gregh est d'origine maltaise, passé par l'Algérie. Je lui en ai longtemps voulu de se montrer comme un peu gêné de cette origine : il l'a encore paru dans le premier volume de ses mémoires (" L'Age d'or ") : il se voudrait nordique ! Où alors il ne descendrait que de sa mère, d'une vieille famille française de l'Ile de France "

ÉTUDES LITTÉRAIRES SUR L'ÉCRIVAIN ET SON ŒUVRE.

LAURENT ROPA.
Article signé " Docteur A. Mizzoni ", Le Réveil Bônois, 21 juillet 1936 (trois colonnes en 1- page).
L'auteur regrette que L.R. n'ait pas eu le " Grand prix littéraire de l'Algérie ", il repousse la thèse de L.R. sur Malte (nation, civilisation, langue, littérature) d'origine " phénico-punique " et affirme sa latinité et celle aussi de L. R. " votre structure physique, psychique et morale est toute entière latine ".
MALTE, LAURENT ROPA ET NOUS.
Article de Jean Pomier, président de l'Association des écrivains Algériens. Revue d'Alger Afrique, mars 1939, repris dans Mélita 20 juin 1939.
HEURES NOUVELLES. RENAISSANCE MALTAISE. Article de Léon Darcis, journal La Démocratie Algérienne, 16 janvier 1936.

Sa participation.
" ANTHOLOGIE DES POETES NEO-CLASSIQUES ". 1936.

Collabore au premier volume. 9. " POETES MALTAIS ". " Les Cahiers de Barbarie ", Tunis, 1937, o Dédié à son Père et à sa Mère ainsi qu'à A. Guibert.
Traduction de 32 poèmes de 9 poètes, morts ou vivants :
Rozar Briffa, F. Saver Caruana, Niny Cremona, Délia, Dun Karm, Carmelo Mifsud-Bonnici, Guzè Muscat-Azzopardi, Georges Pisani, Arthur Vassiliu Vassalo.
" ... il est le porte-parole des jeunes intellectuels maltais ". (Rob. Randau, dans l'Echo d'Alger 26 février 1936
" POETES MALTAIS ".
Anthologie, 2e volume, doit sortir incessamment à Malte sous le patronage du Conseil de l'Europe.

11. REVUES.
Il collabore à un certain nombre de Revues par divers articles particulièrement consacrés à la poésie maltaise
o La Parenthèse (Paris), études de linguistique;
o Afrique (Alger), organe des " Algérianistes ";
o La Kaliena (Tunis), organe des " Ecrivains de l'Afrique du Nord "
o La Grande Revue (Paris) (manifeste pour la langue et la littérature maltaises)
o L'âge nouveau (Paris) (études sur la prose et la poésie maltaises);
o Mélita (Sousse), Organe maltais d'informations (série d'articles: "Ma province maltaise ;
o Il quari-Malti (Port-Saïd).

PRINCIPAUX ARTICLES :
1. MALTE ET SA LITTERATURE.
" La Grande Revue", Paris, 39ème année, N° 11, novembre 1935, pp. 18 à 36.
Cette Etude légèrement remaniée a été reprise par- l'auteur pour en faire la préface de son volume des Poètes Maltais. Elle est suivie (pp. 37 à 39, de la Revue) par un poème de Dun Karm, 1927, " Non omnis moriar" - Le Chant demeure, poème traduit par L.R. (ce poème est repris dans le recueil des Poètes Maltais N° 4, ci-dessus, pp. 85 à 89).
"Je suis né Maltais, à Malte, (le lion et vieux sang maltais, et je suis, probablement, le seul homme en France capable de lire tant bien que mal une page de maltais".
2. MALTE ET SES POÈTES. (L'âge nouveau, Revue... des Arts, des Lettres et des Idées, Paris, N° 14, avril 1939, pp. 228-230).
3. LA PROSE MALTAISE. (L'âge nouveau... V, 1939).
4. MIKIEL ANTON VASSALI, père de la littérature maltaise. (Afrique, Alger, 1939).
5. KARMENU VASSALO, poeta nisrani. (Afrique, Alger N° 146, 1939, pp. 757-768).
6. Le Moi et l'Au-Delà du Moi, UN POÈME DE DUN KARM , Mgr Karmenu Psaïla, président de l'Académie Maltaise. L. R. présente le poème "Le Moi et l'Au-Delà du Moi " et en donne la longue traduction. " Mélita " (organe maltais d'information), Sousse, 3, année, N° 58~ 5 février 1939. Mélita littéraire, N° 1, 4 pages.
7. LE PLUS GRAND AMOUR. " Mélita ", N° 63, 20 avril 1939. Traduction de la pièce en un acte de Ivo Muscat-Azzopardi.
8. LES PROPOS DU MALTAIS DE FRANCE: NOUS, D'AFRIQUE. Articles dans Mélita, 21 janvier 1938 (hommage à Jean Pomier).
9. LES PROPOS DU MALTAIS DE FRANCE -. LORD STRICKLAND OU L'HONNEUR D'ÊTRE MALTAIS. (Mélita, 4 février 1938).
10. LES PROPOS DU MALTAIS DE FRANCE: L'AKBAR IMHABBA OU MALTE ÉTERNELLE. (Mélita, 11 février 1938).
11. LES PROPOS DU MALTAIS DE FRANCE: MALTE - NOUVELLE DU NOUVEAU MONDE. (Mélita, 25 février 1938).
12. Mélita, courts articles d'actualité, 20 janvier 1939, 20 février 1939.
13. LA LANGUE ET LA LITTÉRATURE MALTAISES A L'HONNEUR. LA CAUSERIE D'ARMAND GUIBERT SUR LES POÈTES MALTAIS. (Premier acte de la Fédération maltaise universelle). (Mélita, 5 mars 1939).
14. LES OEUVRES COLLECTIVES DU PATRIOTISME MALTAIS. LE MONUMENT LA VALETTE. (Mélita, 5 juin 1939).
15. L'ARBRE DE LA LIBERTE A MALTE (14 juillet 1798) (dédié à Fernand Gregb). (Mélita, 20 juillet 1939).

TRADUCTION :
Le Sermon sur la montagne (roman maltais de Joseph Aquilina).
INEDITS :
- Deux autres pièces en un acte adaptées du Théâtre maltais
La Messe de Minuit ; Le Retour.

La reconnaissance.

         Laurent Ropa a été membre de l'ACADÉMIE MALTAISE, membre d'honneur de l'Association franco-maltaise (La Valette) de Bône, lauréat de l'Association Nationale de l'Encouragement au Bien (médaille de vermeil), cru 1933, pour "Le chant de la noria".



        Malte, sa terre natale, lui a rendu aussi hommage. Le 29 mars 1970 - 3ème anniversaire de sa mort - une plaque commémorative a été inaugurée à Xaghra dans l'île de Gozo, à l'initiative du président du"Gozo Civic Committee".
        Beaucoup de discours en maltais furent prononcés, un sonnet traduit en français a été lu par le chanoine Gaucher, ami de l'écrivain. En présence d'une foule nombreuse. Mme Ropa découvrit la plaque, aux accents de l'hymne national maltais, en présence de l'évêque de Gozo, du ministre du Travail de La Valette, des professeurs de la Royal University of Malta et de la délégation de l'académie des Ecrivains Maltais.
        La formulation en français de la phrase en langue maltaise est la suivante : "Qaleb bil-Franciz xoghlijiet Maltin". "Il a traduit en français des oeuvres littéraires maltaises".
        Un monument avec buste a été inauguré en 1975, le dimanche de Pâques, à Victoria (Gozo).

         L'université de Malte a invité Madame Ropa qui a laissé à la bibliothèque les ouvrages de son défunt mari, connu par les travaux du gozitain Guzé (Ouzé) Aquilina qui avait publié vers 1971 la traduction en maltais du Chant de la Noria.
        L'oeuvre de Laurent Ropa a été mise au programme de travail des étudiants en langue française de M. François Cunen.
        Laurent Ropa est toujours, avec d'autres écrivains d'origine maltaise d'expresion française, l'objet de recherches et de conférences universitaires (Congrès de Winnipeg, 2004).

         Laurent Ropa peut-il être considéré comme un écrivain algérianiste ?
        Probablement pas.
        Il est très classique dans son écriture. Trop, parfois. Cela lui a fait ignorer la phase pataouète qu'ont connue d'autres écrivains d'Algérie et son œuvre sera empreinte du classicisme le plus pur.
        Pierre Dimech, lui, le considère comme le chantre de la maltitude, à mi-chemin entre sa patrie d'origine et sa patrie d'adoption pour laquelle il a failli donner sa vie en 1914. Bel exemple d'intégration en tout cas !
        Nous, nous allons nous promener dans Bône avec Laurent Ropa, écrivain bônois.
        Pourquoi le qualifier ainsi ?
        Parce que tout, dans ce qu'il a écrit respire Bône. Soit que la ville et son environnement soient cités directement, soit que les suggestions ne font pas illusions sur cette nostalgie qui fait ressortir ce passé douloureux (perte de sa mère) mais aussi fondateur puisque c'est là et à cette époque que sa vocation d'écrivain a commencé à voir le jour, qu'il est devenu un homme, un Français et un meneur d'homme en tant qu'instituteur.
        Alors, partons maintenant nous promener dans le Bône de ce début de 20ème siècle à travers les textes retenus.

Le port et la jetée.

         Laurent Ropa connaît bien…
        Imaginons-nous un instant à Babaiaud à rêver devant la mer, "notre" mer…

Sur la jetée
J'ai laissé la ville, fournaise ;
Sur la jetée on sent le coeur
Respirer enfin à son aise ;
Il s'y réveille avec douceur.
Sur un rocher, j'aime à m'étendre
Dans l'odeur âpre des poissons

La jetée est comme un navire
Mais plus vagabond et plus sûr

Attardons-nous dans cette ivresse,
Oublions-nous jusqu'à la nuit

Restons encor ! Bientôt les voiles
Vont pâlir et, des cieux ouverts,
Sortiront, lentes, les étoiles,
Pour le bal immense des mers.

        Le premier port était prévu sur la Seybouse. Les travaux du port actuel ont été menés de 1856 à 1869. Ici, la jetée Babaiaud, au niveau de la passe de 70 m de large et 10 m de profondeur.

La ville fournaise, c'est aussi la ville cauchemar, surtout pour sa mère.
        Après un désaccord avec son patron, le père de Laurent doit quitter la propriété où il travaille et la famille vient s'installer en ville (Rue Bugeaud), période très pénible pour la maman qui ne rêve que de revenir à la campagne.
        Dora est la maman de Laurent.
        "La ville, cependant, ne la gagnait pas. Dora s'était faite blanchisseuse. Accaparée par son travail de l'aube à la nuit, ses enfants lui échappaient : toujours partis, sales, déguenillés, pieds nus, sans chapeau, en compagnie des " diocanes " du quartier qui les entraînaient en des expéditions lointaines et périlleuses, à la campagne ou à la mer. La maman ne cessait de s'alarmer. La maison, où logeaient surtout des charretiers et des débardeurs siciliens, napolitains ou maltais, devenait, plusieurs fois par jour, le théâtre de scènes affreuses : ivrognes battant leurs compagnes, cris d'enfants terrorisés, disputes de femmes dont les clameurs belliqueuses et ignobles faisaient trembler les murailles. Dora en était dégoûtée et effrayée; aussi, malgré la douceur de certaines amitiés, elle ne s'habituait pas à cette vie, elle ne se faisait pas à la ville : son âme regrettait toujours la campagne; elle pleurait le jardin."

Jardinier, profession maltaise.

         Avant de pouvoir s'installer à la campagne, il faut travailler durement pour gagner un argent chèrement acquis : voyage à Malte ou location d'un jardin ?
        Lazaro est le père de Laurent.
        "Ils recommençaient, recomptaient plusieurs fois la même liasse de papier, la même pile de pièces. Ils avaient fermé la porte à clé. Ils ne se pressaient pas, ils jouaient : ils ne connaissaient pas d'autre jeu et ils le pratiquaient à deux, trois ou quatre fois par an. Au bout d'une heure, les comptes étaient achevés : Dora et Lazaro possédaient deux mille francs et même un peu plus...
        Deux mille francs!...
        Qui peut dire le nombre des coups de pioche et de battoir que cette fortune représentait ? Lazaro, pour gagner davantage, chaque printemps, depuis deux ans, louait à l'Oued?Kouba ou au Pont?Blanc, au pied de la montagne, un carré de terre rouge au flanc d'un coteau qu'il plantait de tomates, ou achetait la récolte d'une centaine de citronniers, d'orangers ou de pêchers. Qui dira combien de bidons d'eau il a transportés du ravin au champ de tomates ? Combien de voyages il a fait, deux fois par jour, de son pas vif, de la maison à la montagne, de la montagne au marché, dix à douze kilomètres, sous le feu, les épaules coupées par le poids de deux couffins de fruits de vingt à trente kilos ?...
        Deux mille francs !... Dora ne cessait pas de compter... Et pourtant, en ce moment, ils jouissaient du résultat de leurs efforts comme d'une surprise. Ils rayonnaient...
        Deux mille francs ! Ils pourraient faire le voyage de Malte, revoir tout le monde qu'ils ont laissé là-bas depuis huit ans... Rêve attendrissant ! Mais ils n'étaient pas gens à se payer un plaisir sans hésiter... "

         Les Maltais ont fourni un gros effectif de maraîchers. Plusieurs se sont enrichis
        Ici apparaît le rêve de tout émigré : revenir à Malte fortune faite. Mais cela ne sera possible que plus tard avec les opportunités offertes par des pays l'Australie, particulièrement, qui va s'ouvrir largement aux Maltais (voir les retours financiers et les réalisations de ces émigrés à Malte ou Gozo).

Le rêve.

        Alors le rêve de Lazaro et de Dora se double d'un autre rêve : celui de s'installer à leur compte.

         "En s'éveillant, à l'aube, Dora entendit un roulement de voiture rapide ; les sabots ferrés des chevaux résonnaient précipitamment sur le pavé et, dans le silence du matin, ce bruit amplifié par l'écho, faisait vibrer la chambre, emplissait la rue un moment, puis il fuyait, tournant vers le marché aux légumes.
        Dora sauta du lit… vola au balcon, seul luxe de sa demeure.

         Elle resta là quelques minutes. Sur le vieux palmier qui se penchait à cinq cents mètres, en pleine rue, devant le marché arabe, une cigogne caquetait, son long bec en l'air ; puis elle s'envola.


        Au pas dans la rue Gambetta, un tombereau : il venait d'Hippone, du Ruisseau d'Or ou de l'Orphelinat. Il devait être bien fatigant, lorsqu'on est loin de la ville, surtout en hiver, de se rendre au marché sur un tombereau

        …Couchés dans un coin, sur une paillasse étendue par terre, les enfants se réveillaient… Depuis plusieurs jours ils n'avaient entretenu leurs camarades que du jardin, du jardin où ils iraient bientôt :
        - C'est aujourd'hui qu'on va à la campagne, maman ? demanda Pietro
        - Quelle chance, on va manger du raisin ! chuchota Luigi
        - Et des figues de Barbarie, compléta Pietro, du même ton ravi."

         Le palmier semble être celui de la rue Bugeaud (ancienne Place Bugeaud) qui se trouvait face au marché arabe (ancien fondouk) et qui a donné son nom au "Café du Palmier", situé près du marché. Très haut et représentant un danger, il avait reçu des consolidations à sa base. Il fut abattu une nuit d'orage.
        Les Ropa, lors de leur passage dans la ville de Bône auraient habité rue Bugeaud la maison du boucher Zammit.


        A l'angle des rues Négrier et Mesmer, il y avait le "Café des deux halles" dans la maison Sens détruite pendant la guerre. Les deux marchés avaient été érigés sur deux terrains vagues : l'un, derrière le théâtre, servait de marché aux légumes pour les Européens ; plus bas, les autochtones avaient un fondouk. Le "marché" de la rue Bugeaud date de 1936.

Le jardin de l'Allélick.

         Finalement, Dora et Lazaro louent un bout de terre à la campagne, à l'Allélick.


        "Dora aussi était indécise. Elle savait maintenant, elle ne savait que trop tous les frais qu'il y avait dans un jardin, et qu'ils devraient supporter seuls : le loyer, les ouvriers, les bêtes à nourrir, les norias à entretenir, les outils, les semences, le fumier ... ; elle pensait à tout l'argent qu'ils avaient déjà sorti; il faudrait en dépenser au moins encore autant... Ces réflexions la rendaient soucieuse. Abandonner ? Mais où irait?on ? S'exiler de nouveau à la ville ? Se remettre à travailler à la journée, lui à la pioche, elle au battoir, maintenant qu'on a goûté à la joie d'être son maître ?... Chercher un autre jardin ?... Mais L'Aâlig, c'est L'Aâlig... La terre y est dure comme la pierre, mais pourvu que le fer de la pioche soit solide, que le fumier ne manque pas et que partout, dans les mille rigoles, l'eau circule en miroitant au soleil, elle récompense comme nulle part ailleurs... Tous les grands jardiniers ne sont?ils pas à L'Aâlig? Ils ont commencé avec rien; n'ont?ils pas été comblés ? "

         Dès 1846, le chargement des minerais de la mine du Bou-Hamra se faisait sur la Seybouse. Près de là, le quartier des usines où, en 1846, le Marquis de Bassano (Blanzy, Le Creusot) avait acheté des terrains afin d'édifier des hauts-fourneaux pour traiter le fer de la région de Bône. L'affaire a duré peu de temps, puis le minerai a été exporté.


        Une ferme militaire des subsistances militaires avait été installée dans la partie basse de l'Allelick, quartier humide qui convenait bien à la vocation agricole qui fut la sienne plus tard.
A SUIVRE

LE CYGNE DE LEDA
Envoyé par M. Albert Buono
De l'Olympe à la terre
Dans la plaine du ciel
Le cygne Dieu poursuit son périple d'amour

Pareil au voile d'eau que tirent les longs cils
sur l'iris immobile il passe
Silencieux et lent, indifférent...

Dans la divine attente insoupçonnée
De son jardin Léda sommeille
Moirée de paillettes humides...
Une feuille de frêne est tombée
Sur ses lèvres pour apaiser sa soif
De baisers façonnés aux rêves du soleil...

Tiré sous les halliers ombreux des yeux
De la dormeuse le cygne mouille
Le long des flancs laiteux avec le clapotis
D'un fruit mûr que l'on mâche.

De son voyage errant sur l'eau du ciel
Le cygne Dieu porte encore le ruissellement
Uni d'une tunique bleue qui coule
Sans goutte sur le corps de la femme

Elle glisse en caresse drapée
Du taillis des aisselles à la main
Ouverte en réceptacle...
Dans le creux de la paume
Elle est une gorgée d'eau vive
Vers laquelle se tend le col
Flexible du cygne qui désire...

Il se love le long du bras
Abandonné et boit...

Léda frissonne d'un spasme
Qui ne l'éveille pas.

Dans un vaste ébrouement d'ailes
Le Cygne dépouille sa forme
Les plumes blanches pleuvent sur la femme
Endormie
Se collent à son corps
La modèlent en cygne
Esclave orientale enfermée sous l'immense
Blancheur désert des hauts murs
De l'époux

Allégé de l'insatiable délité
Le Dieu fait homme pour aimer
côtoie le cygne
Qu'il a conçu, se coule sous ses ailes
Tend son cou sous le col onduleux
Enfouit sous les plumes ses doigts
Blasés de chair...

Il baise de son souffle, l'écart léger
De deux plumes, comme une bouche aimée

Il fouille au plus profond de l'oubli
Quand lentement il sent le sommeil le prendre
Alors, il retire sa chair du duvet abyssal
Déchausse ses caresses de la molle blancheur.

La tête du volatile s'agite en léthargie
Son aile bat au bord du gouffre
Creusé par le départ du Dieu
Choit le long de la pente
Et pleure en débandade son plumage
Sans tache...

La femme a repris chair
Tandis que silencieux et lent
Indifférent à sa forme reprise
Enliané à jamais au corps
Dont un moment il l'avait revêtue
Pour la mieux posséder.

Le cygne passe...

Mais, quand Léda relève sa paupière
L'eau vive des plaines du ciel
Est cerclée dans son oeil.


LES DEUX THEATRES
BÔNE son Histoire
Par Louis ARNAUD

          DES le début de l'occupation française, les autorités locales s'étaient ingéniées - c'est bien le mot - à organiser des divertissements susceptibles de rendre le séjour moins pénible pour les habitants et surtout pour les jeunes fonctionnaires qu'il fallait essayer de retenir dans ce pays.
          Naturellement, ce fut l'installation d'un théâtre qu'en tout premier lieu, on s'efforça de réaliser.
          Car le théâtre fait naître le rêve et l'illusion qui chassent le spleen et l'ennui.
          Dans une mauvaise rue étroite et mal aérée on avait fini par trouver un local pouvant servir, tant bien que mal, plutôt mal que bien, à donner le drame et la comédie et même l'opéra.
          Des artistes italiens et français qui circulaient alors dans ce qu'on appelait " Les Possessions françaises en Afrique ", entre Alger, Oran, Philippeville et Bône, vinrent tour à tour, occuper la scène, ou plutôt les tréteaux du théâtre (??) de Bône.
          Pour se faire une idée de la salle affectée aux représentations, il parait suffisant de reproduire ces quelques lignes d'une chronique théâtrale du journal de Bône " La Seybouse ", en l'année 1846 :
          " Quel plaisir trouvez-vous dans une salle aussi bien " disposée pour que les spectateurs y soient étouffés par " la chaleur, pour ne laisser ni voir, ni entendre ".
          La critique de " La Seybouse " était comme le soldat de Racine qui savait mal farder la vérité.
          Il est vrai que cette outrance et cette ironie qui n'auraient pu que décourager le public, étaient, sans doute, une manifestation du désir ardent qu'avaient les Bônois de l'époque de posséder un théâtre digne de ce nom.
          Car la construction d'une Eglise venait d'être décidée et mise en adjudication, et sur l'avenue, au bout de laquelle elle allait se trouver, il y avait bien aussi place pour un théâtre.
          Malgré l'exiguïté et l'incommodité du local, les représentations théâtrales se poursuivaient pendant toute l'année, aussi bien en été qu'en hiver, et les spectateurs étaient toujours nombreux.
          Les programmes publiés à l'époque, nous apprennent que les artistes italiens y jouaient : " Hernani - La Norma - Lucrèce Borgia - Scaramuccia, et même " La Favorite " dans la traduction française.
          La troupe française, dont les représentations alternaient avec celles des artistes italiens, donnait de son côté, la comédie et le drame, tel, " La Tour de Nesle ", le célèbre et populaire drame historique à grand effet d'Alexandre Dumas Père, qui, depuis dix ans qu'il était créé, n'avait cessé de remporter à Paris le plus grand succès. Alexandre Dumas, coïncidence tout à fait inattendue, se trouva de passage à Bône en cette année 1846, revenant de Madrid où il avait assisté au mariage du Duc de Montpensier, alors que les acteurs français allaient justement interpréter, dans le mauvais théâtre que l'on sait, son drame auquel les Parisiens avaient fait un accueil triomphal.
          Dix ans après, le 26 avril 1856, le théâtre de Bône construit sur les plans de l'architecte communal, M. Gonssolin père, était inauguré officiellement.
          Quelques jours avant, le 12 avril, le Général Chabaud-Latour, commandant la Division avait autorisé l'ouverture d'une nouvelle porte dans les remparts, exactement en face du nouveau théâtre, au bas de la rue Saint-Augustin.
          Cette porte que les indigènes appelèrent tout simplement Bab-El-Jdida (Porte Nouvelle), les Français la dénommèrent porte Saint-Augustin.
          Pour amener la Municipalité et les Pouvoirs publics à construire le théâtre à l'endroit qu'il occupe encore, un riche propriétaire, M. Seyman, avait offert gratuitement à la Ville, le terrain nécessaire à son édification.
          Ainsi, la nouvelle Eglise inaugurée en 1852, et le théâtre, achevé quatre ans après, ont forcé la main aux dirigeants bônois qui n'avaient pas encore su décider si la nouvelle Ville future s'étendrait vers le Lever de l'Aurore ou la mer, ou bien si malgré les marais, elle reculerait ses remparts vers la plaine.
          Ce n'est qu'en 1867, que la question fut officiellement résolue, mais elle l'était virtuellement depuis la construction de l'Eglise.
          La limite de l'enceinte fut reportée plus à l'Ouest, et l'Eglise et le théâtre se trouvèrent ainsi en pleine ville, au lieu d'être, comme ils l'étaient depuis plus de dix ans, en dehors de l'enceinte.
          Le nouveau théâtre n'était pas un monument bien élégant, et ses lignes extérieures manquaient de grâce et de goût artistique.

Photo Louis Arnaud
Le Théâtre (Gravure ancienne)
          Mais l'intérieur était coquet et joliment décoré.
          La grande fresque du frontispice qui surmontait la façade, " Apollon enfourchant Pégase pour parvenir à l'Olympe ", comme toute la décoration de la salle était due à un peintre devenu Bônois par adoption qui portait un grand nom de la peinture française. Il se nommait Abel de Pujol tout comme le grand artiste né à Valenciennes en 1785, 1er grand prix de Rome en 1811 et membre de l'Institut.
          Les fresques et le plafond du peintre bônois Abel de Pujol, s'imposèrent, pendant un demi-siècle, à l'admiration des spectateurs. Puis, Charles Gadan, peintre de la campagne bônoise, dont le buste est au square Randon, refit, un beau jour, un magnifique plafond, tout rempli d'anges et de lumières et rajeunit la décoration des lambris et des balcons de la salle. Seule, la grande fresque de la façade subsista jusqu'à la démolition de ce théâtre que les Bônois d'il y a un siècle avaient tant désiré et dont ils étaient si fiers, pour ses qualités d'acoustique unanimement reconnues et appréciées, sa coquetterie intérieure et son foyer amical et confortable.

          Ce théâtre avait vécu 95 ans, tout près d'un siècle.

          Il y avait, en même temps, un autre théâtre, un autre vrai théâtre...
          " Le théâtre Tassy ", ainsi l'appelait-on du nom de celui, artiste de théâtre ou de café-concert, qui avait eu l'idée de le créer, s'élevait à l'extrémité de la rue Bugeaud, tout près de la porte Randon.
          C'était une bien jolie bâtisse en maçonnerie légère, dont la façade élégante aux dimensions relativement imposantes avait tout à fait l'aspect qui convenait à sa destination.
          Les angles de l'immeuble et les encadrements des ouvertures étaient faits de briques rouges soigneusement ordonnées qui tranchaient, sans violence, sur le fond rosé des murs.
          L'ensemble, par les proportions, le style et les couleurs témoignait d'un goût architectural parfait.
          Il est encore facile de se rendre compte des dimensions de la construction, car les murs extérieurs sont toujours debout.
          Ils joignent actuellement la grande école primaire, ancienne école des Frères de la Doctrine chrétienne, que l'on appelle " Ecole Vaccaro " parce que l'immeuble avait été construit pour servir à cette dernière destination, par l'entrepreneur du port de Bône, du même nom.
          L'école des Frères n'est venue là que bien longtemps après la fermeture du théâtre qui, isolé, avait fort belle allure.
          A l'intérieur tout était aussi coquet qu'au dehors la salle était artistement décorée, avec un goût très sûr.
          Il y avait, comme dans tous les théâtres, des parterres et des fauteuils d'orchestre, des baignoires, des loges et des galeries, et aussi, comme il se doit, un paradis, ou un poulailler, comme on voudra appeler ces places, tout en haut de la salle, que le vrai peuple se réserve, d'où il domine les artistes et les spectateurs et d'où peuvent venir aussi bien des tempêtes de bravos, d'acclamations, de sifflets, de huées ou des trombes de trognons de choux et de tomates trop mûres.
          Naturellement aussi, il y avait une scène, mais une scène qui savait s'effacer, en même temps que les fauteuils d'orchestre et les parterres disparaissaient, pour faire place à une piste de cirque où les chevaux, sous le fouet de M. Loyal, venaient faire de la Haute école ou un pas espagnol, et les clowns, leurs pitreries et leurs cabrioles.
          Tassy, le père Tassy, était un homme de métier, il avait été acteur lui-même, et il avait dirigé un café-concert, au début du Faubourg de la Colonne Randon tout près de la villa Mariani, sous une grande treille garnie de chèvrefeuilles et de bignones.
          Le théâtre qu'il avait eu l'idée de fonder, ne jouait que l'opérette et le drame, toutes pièces parfaitement à la portée des gens du faubourg et des ouvriers, qui, chaque fin de semaine, descendaient à Bône, les poches garnies d'argent et l'esprit en fête, de la mine du Mokta.
          Je me rappelle, tout enfant car j'étais de la Colonne, avoir assisté à une représentation de " La Mascotte " d'Audran,
          La salle était comble pour entendre la première chanteuse d'opérette, Madame Matz-Ferrare, dans le rôle de Bettina.
          C'était la première fois que l'on me menait dans une salle de théâtre. J'étais émerveillé, et quand Je m'endormis après le spectacle, les " glous-glous " de Bettina et les " bè... es " de son amoureux, résonnaient encore à mes oreilles.
          La Matz-Ferrare a certainement fait courir tout Bône au théâtre Tassy.
          La ville comptait, à ce moment-là, trente mille habitants à peine, et il y avait deux théâtres.
          Le théâtre Tassy mourut de sa belle mort, sans bruit, et sans sursaut, lorsque son directeur n'eut plus la force, ni l'argent, pour continuer à le mener vers le succès.
          Peut-être son exploitation finit-elle par une faillite ? Je ne saurais le dire. Ce qui est vrai, c'est que par la suite, la grande salle de spectacle servit de cave, ou plus exactement, comme on disait alors, de chai à vin, pendant quelque temps, sans que la façade aux attributs lyriques fut le moins du monde modifiée.
          Puis, ce fut un entrepôt de céréales et de farines, et enfin, changeant de forme et d'aspect extérieur, le local fut occupé par un important garage.
          Ce garage, à son tour, vient de céder la place à un Monoprix qui est la forme la plus moderne du Progrès dans le commerce de l'alimentation.
          Sic Transit...
          Il ne reste plus pour rappeler le souvenir de ce joli petit théâtre, que la ruelle qui le longeait, et qui s'appelle encore " Rue Tassy ", ainsi que le populaire l'avait dénommée.


ASPECTS ET REALITES
DE L'ALGERIE AGRICOLE
Envoyé par M. Philippe Maréchal                    N° 8


Par cette Brochure qui sera diffusée par épisode au cours des Numéros suivants, nous allons faire découvrir des aspects et des réalités qui ont été déformées par les fossoyeurs de l'Algérie Française et dont les conséquences se poursuivent et dureront encore plusieurs décénies.
             

Les Techniciens
De l'Agriculture Algérienne
Vous présentent
ASPECTS ET REALITES
DE
L'ALGERIE AGRICOLE

" Quand je débarquai à Alger pour la première fois, il y a une vingtaine d'années, j'éprouvai une impression à laquelle, j'imagine, un Français n'échappait guère. J'arrivais dans un des rares coins du monde où nous pouvions nous présenter avec orgueil. "

Jérôme et Jean Tharaud.       

Exposés Généraux
Le Crédit Agricole Mutuel en Algérie
Sa mission au service des Agriculteurs
Européens et Musulmans

PAR
PAR Louis LEBEAU
Docteur en Droit
Directeur de la Caisse Algérienne
de Crédit Agricole Mutuel

     On peut dire qu'en un demi-siècle le Crédit agricole mutuel a su s'adapter aux besoins de la petite et de la moyenne agriculture dont il est devenu un indispensable soutien.
     Est ce à dire que l'institution du Crédit agricole mutuel est parvenue au terme de sa mission et à une sorte d'équilibre ? Assurément, non : il suffit pour s'en convaincre de remarquer que si les 22.000 sociétaires européens représentent à peu près les 4/5 des agriculteurs européens au nombre total de 26.000 (soit toute la petite et la moyenne agriculture), les 24.000 sociétaires musulmans ne représentent qu'une infime fraction (4 % environ) de l'agriculture musulmane qui compte près de 600.000 exploitants et contrôle plus de 7 millions d'hectares de terres dont plus de 2 millions cultivables.
     On a d'ailleurs fait quelquefois grief aux Caisses de Crédit agricole mutuel ne pas s'être suffisamment penchées sur les besoins de l'agriculture traditionnelle. Des esprits mal avertis ou simplement malveillants ont pu dire que le Crédit agricole ne servait qu'aux " gros colons ". Mais ces critiques ne résistent pas à un examen approfondi.
     Voyons d'abord les chiffres.
     En 1955, le montant des crédits de campagne distribués aux sociétaires individuels a été le suivant :
   
Nombre de prêts
Prêts (en francs 1955)
Européens
Musulmans
8.676
12.994
40 %
60 %
14.600.000.000
77 %
3.300.000.000
17%

     Ainsi, les agriculteurs musulmans représentent, en nombre, 60 % environ des sociétaires des Caisses pour un montant total de prêts de 17 %. Pour les Européens, les pourcentages sont respectivement de 40 et de 77 %.
     On devine qu'il y a à cela des raisons techniques.
     Le crédit ne se distribue pas, en effet, par tête, mais bien d'après les programmes de culture à financer, c'est-à-dire essentiellement d'après les surfaces cultivées et les cultures pratiquées. Or, la superficie moyenne des exploitations musulmanes est inférieure à celles des exploitations européennes, et, d'autre part, les cultures coûteuses nécessitant beaucoup de main-d'œuvre sont surtout le fait des agriculteurs européens.
     Le volume du crédit mis en oeuvre dans une exploitation doit aussi s'harmoniser avec les autres facteurs (cheptel, matériel, main-d'œuvre), à défaut de quoi cette arme à double tranchant se retournerait non seulement contre les établissements bailleurs (le fonds, mais avant tout et surtout contre l'emprunteur. L'essentiel est que les demandes présentées et reconnues justifiées reçoivent satisfaction.
     Il reste, cependant, à expliquer pourquoi l'immense majorité des exploitants musulmans ne fait pas appel au concours des Caisses de Crédit agricole mutuel.
     Là encore apparaissent des raisons décisives.
     Tout d'abord la superficie des propriétés (400.000 ont moins de 10 hectares et 120.000 moins de 50 hectares) détermine une exploitation en économie fermée ne laissant rien à la vente, ce qui exclut toute possibilité de crédit.
     C'est ensuite le statut foncier qui fait que la plupart des terres détenues par des agriculteurs musulmans sont dépourvues de titres réguliers.
     C'est enfin et surtout l'indivision inextricable dans laquelle ces terres sont plongées. Voici ce qu'écrivait à ce propos M. GUELLATI Ali. conseiller économique, président de la Commission de l'Economie de l'Union Française et président de l'Union Algérienne des S. A. P. :
     " Depuis plus d'un demi-siècle, l'agriculture traditionnelle avec ses, coutumes ancestrales et son équipement rudimentaire subsiste. Or, cette déplorable stagnation est une des conséquences directes de la persistance de l'indivision.
     " C'est que l'indivision, par suite de l'incertitude qui pèse sur le droit des indivisaires, s'oppose à l'effort individuel et provoque la stérilisation du sol. Quel est l'ayant droit qui se risquerait à engager des dépenses élevées pour la mise en valeur d'une parcelle qu'il n'est pas sûr de conserver ?
     " Quel est celui qui songera un seul instant à défricher une parcelle indivise, à creuser un puits, à planter des arbres ? "
     Quels remèdes apporter à une telle situation ?
     Il faut tout d'abord poursuivre et intensifier l'œuvre du Paysannat qui tend, par un regroupement des parcelles, à constituer des unités de culture susceptibles d'être exploitées suivant les méthodes modernes.
     Parallèlement, et plutôt qu'à une réforme du crédit, c'est à une réforme foncière qu'il faut d'urgence procéder, afin de faire passer sous le régime du Code Civil, comme M. GUELLATI le suggérait, les quelques six millions d'hectares encore soumis au droit musulman ou aux coutumes kabyles.

     En définitive, on petit dire que l'organisation du Crédit agricole mutuel répond déjà aux besoins de toutes les exploitations justiciables du crédit.
     La réforme foncière, la " francisation " des terres, la cessation de l'indivision, le remembrement, sont autant de moyens qui permettront aux propriétaires musulmans de recourir utilement aux formules de crédit normal.
     Ainsi, le Crédit agricole mutuel algérien continuera à mériter l'hommage qui lui a été rendu, d'avoir largement contribué à la mise en valeur du sol et à la prospérité de l'agriculture.

Aspects et réalités de l'Algérie Agricole
Dispensaire de Turenne (Oranie)

La Mutualité Sociale Agricole
en Algérie

PAR
PAR Francis LAFON
Ingénieur Agronome (1927)
Directeur général de la Caisse Centrale de Mutualité Sociale Agricole
Président du Groupe d'Algérie
de l'Association Amicale des Anciens Elèves de l'Institut National Agronomique

     Les conditions particulières du travail agricole et les caractéristiques du milieu rural ont conduit le législateur à développer un régime de sécurité sociale propre à l'agriculture.
     Dans les départements algériens, à ces impératifs professionnels, s'ajoutent des considérations particulières au milieu géographique et humain.
Aspects et réalités de l'Algérie Agricole
Centre médico-scolaire d'Affreville

     L'étendue du territoire sur lequel vit la population rurale, ses origines variées qui placent côte à côte des travailleurs issus de milieux ethniques ou sociaux différents ont rendu nécessaire l'adoption de formules souples permettant d'adapter les garanties sociales aux besoins. Dans d'aussi vastes régions, le système retenu doit rapprocher organes de gestion et assujettis, afin de développer une vie locale et le sens des responsabilités permettant à chacun de participer à l'institution sociale elle-même et lui donner le maximum d'efficacité.

     Ce sont ces considérations qui ont guidé les créateurs du réseau social agricole algérien qui permet, soit sur le plan obligatoire, soit sur le plan facultatif, de procurer progressivement aux ruraux des garanties sociales adaptées. La décentralisation des institutions a, en outre, permis de stimuler dans chaque région les bonnes volontés locales.
     Créées en 1949, les Caisses Régionales d'Assurances Sociales Agricoles, réassurées par la Caisse Centrale de Mutualité Sociale Agricole, groupent 16.000 employeurs et 230.000 salariés immatriculés. Le financement est assuré en majeure partie par les employeurs, par des taxes additionnelles à l'impôt foncier et sur les bénéfices agricoles.
     Indépendamment de la couverture des divers risques : maternité, chirurgie, décès, invalidité et vieillesse, les Caisses ont mis à la disposition des assurés sociaux et de leur famille un vaste réseau de dispensaires où consultations et soins sont donnés gratuitement. C'est ainsi qu'un programme de constructions de centres de soins a été entrepris en accord avec les Pouvoirs Publics et 50 salles de consultations construites, où n'existaient pas d'organisations de soins communales. Actuellement, 250 salles sont ouvertes aux assurés où près de 200.000 consultations ont été données en 1955.

     A côté de cette organisation légale et obligatoire existe toute une gamme d'institutions sociales mutuelles permettant de satisfaire les aspirations de certaines catégories du personnel d'entreprises ou d'exploitations et de les doter de régime de retraite ou de prévoyance complémentaire (assurance décès, assurance maladie). C'est ainsi que la Caisse Mutuelle Agricole d'Action Sociale et la Caisse Mutuelle Agricole de Retraite groupent plus de 6.000 salariés, cadres, employés ou ouvriers spécialisés d'un millier d'entreprises ou d'exploitations agricoles.
     Enfin, en vue de permettre aux exploitants agricoles eux-mêmes d'avoir une garantie sociale, la Caisse d'Assurance et de Prévoyance Mutuelle des Agriculteurs prévoit la constitution d'une retraite et l'octroi d'un capital à la veuve en cas de décès avant l'âge de la retraite.
     Tout cet ensemble constitue ce qu'il est de tradition de nommer la Mutualité Sociale Agricole. Dans le domaine notamment de l'action sanitaire et sociale, un effort considérable a été fait en accord avec les Pouvoirs Publics. Les résultats obtenus apportent la preuve de la vitalité de son action.

A SUIVRE       

EN CE PAYS
Envoyé par M. Guy Rolland


En ce pays de Grand Condé
De Bonaparte et d'Artagnan
En ce pays des oriflammes
Des drapeaux, des En-avant !

En ce pays où mille peuples
Vinrent prier devant Paris,
Où quand le roi avait bien bu
C'était le monde qui était gris,
En ce pays moi je regarde
Moi je regarde passer le temps
En ce pays moi je regarde,
Oyez Messieurs de maintenant,
Oyez Messieurs de maintenant.

En ce pays de citadelles
Et de clochers à perdre haleine
Où devant Dieu juraient les Princes
Qui portaient croix de processions
En ce pays de vastes plaines
Dont tout un peuple était l'amant,
Vive l'amour, vive la haine,
On était prêt comme à vingt ans
En ce pays, moi je regarde
Moi je regarde passer le temps
En ce pays moi je regarde
Oyez Messieurs de maintenant,
Oyez Messieurs de maintenant.

Oyez Messieurs de maintenant
Qui n'avez jamais su aimer
Le bruit des pas tambours battants
De nos guerriers
Oyez Messieurs de maintenant
Et passent, passent les années
Par le regard d'un enfant
Les yeux des morts peuvent pleurer
En ce pays de nos Anciens
Homme jamais n'hésita
Chantent les balles et les canons
Plutôt que mourir sous son drap !

En ce pays même les femmes
Disaient d'un mâle Dieu qu'il est beau
Lorsqu'en la rue sonnaient ses bottes
Taillées plein cuir de Marengo !

En ce pays, souvenez-vous
Du souffle court de nos legions
Quand l'Autrichien de nos frontières
Voulait réduire les dimensions
Et plût au Ciel qu'ils fussent barons
Bourgeois, Grands Ducs ou bien bergers
Devant le Russe, pour la leçon,
Les chassepots parlaient tous français !

En ce pays, moi je regarde
Moi je regarde passer le temps
En ce pays moi je regarde
Oyez Messieurs de maintenant ...


RELATION DES PRÉPARATIFS
FAITS POUR SURPRENDRE ALGER
Par Jéronimo CONESTAGGIO en 1602
TRADUITE DE L'ITALIEN ET ANNOTEE
PAR H.-D. DE GRAMMONT - 1882

A NIVOLO PETROCCINO, PROVEDITOR
DI CASA D'INDIA.

2ème PARTIE

          Pour parler du présent, Votre Seigneurie doit savoir que la première chose que demandent à leur Roi les délégués des États d'Espagne, c'est qu'il s'empare d'Alger; disant que, faute par lui de le faire, ils ne pourront lui payer ni contributions ni subsides, attendu qu'à cause du voisinage de l'Afrique, les Turcs sont continuellement avec leurs galiotes à piller les côtes; en quoi ils sont aidés et bien accueillis par les Mores, descendants de ceux de la grande invasion faite au temps du roi Roderic; ils se conduisent ainsi par haine des Espagnols, et aussi parce que la plupart sont originaires d'Alger(12). Et, de fait, les grands dangers que font courir à l'Espagne le voisinage d'Alger et l'audace de ses vaisseaux se manifestèrent clairement en l'an 1570, alors que les Mores de Grenade se soulevèrent, et que leur révolte fut fomentée et soutenue par les armes de l'Afrique. -C'est pour cela que le Roi catholique et tout son peuple regardent sans cesse Alger d'un mauvais oeil ; mais, distraits par des guerres plus importantes, ils ont jusqu'ici négligé cette entreprise; comme s'il y avait quelque chose qui eût plus sa raison d'être que de combattre les Hérétiques et les infidèles!
          Il y a deux ans, et au moment où l'on ne pensait aucunement à attaquer Alger, un Français, nommé le capitaine Roux, se présenta au prince Doria qui se trouvait alors ici comme Capitaine Général des armées du Roi. Ce Français était celui qui, dans ces dernières années, commanda les galères du Grand Duc dans l'Archipel lors de la prise de l'île de Chio. Se montrant bien informé des affaires de la Barbarie, il chercha à persuader au Prince (13) que ce serait chose facile que d'enlever Alger aux Turcs. Les raisons sur lesquelles il s'appuyait étaient les suivantes : - Que la garde de la ville était négligée; parce que, se fiant à leurs fortifications, la plupart des Janissaires se gardent mal et ne mettent pas de sentinelles; - qu'au milieu de juin, cette troupe, qui est habituellemerit composée de sept à huit mille Turcs, commence à sortir d'Alger en divers corps et à aller dans l'intérieur pour y percevoir le tribut, qu'ils appellent gararna, et qu'il n'en reste en ce moment dans la ville qu'environ deux mille. - Secondement, que beaucoup de ces derniers vont en voyage à divers endroits et à diverses époques, mais avec l'obligation d'être revenus au commencement de septembre, auquel temps ils se réunissent autour de la ville en campant sous leurs tentes, et en attendant qu'ils soient tous réunis pour faire leur entrée; d'où il s'en suit qu'on est certain de trouver au mois d'août la ville presque dépourvue de défenseurs. De plus; que, dans ce mois, la majeure partie des principaux citadins sont dans leurs propriétés, occupés à faire les récoltes ; et que les corsaires sont partis en course avec les galiotes. Il en résulte, qu'avec quatre navires chargés d'armes et de soldats, se déguisant en vaisseaux marchands, il serait aisé de s'introduire dans le petit port, facile de s'emparer à l'improviste de la porte qui est près de la Marine, et, par suite, de la ville; surtout en appelant aux armes les esclaves chrétiens, qui y sont toujours en très grand nombre. - Telle était la substance de son raisonnement; au point de vue militaire, il entrait dans d'autres détails de moindre conséquence. Le Prince, qui ne connaissait pas très bien l'homme auquel il avait affaire, conçut des doutes sur l'exactitude de ses affirmations ; toutefois, il lui semblait qu'il y avait quelque chose de bon au fond de tout cela ; bref, il était plein d'hésitation et d'incertitude sur ce qu'il devait faire. Néanmoins, jugeant que c'était une aventure où on ne risquait qu'une petite perte contre un gros gain, il envoya le Français en Espagne pour qu'il y expliquât son projet au Roi(14); mais, en outre, il envoya un émissaire à Alger pour en prendre le plan, et recueillir des informations particulières sur tout ce qu'avait dit le Français; il cacha cependant à cet envoyé de qui il tenait ces renseignements et l'usage qu'il en voulait faire. Après avoir été entendu en Espagne, le capitaine Roux fut renvoyé au Prince ; il lui apportait l'ordre de se préparer à l'entreprise contre Alger; on laissait à son choix le temps, la manière de s'y prendre et les détails de l'expédition; il, lui était recommandé d'être tellement discret, que les premiers Ministres eux-mêmes devaient tout ignorer. Le Prince commença immédiatement ses préparatifs; et, tout d'abord, comme le Français était très loquace, et qu'il ne le jugeait pas capable de garder un secret, il le renvoya de Gênes quelques jours après, en lui disant que son projet était séduisant, mais que le Roi ne pouvait pas aventurer ses troupes dans une entreprise aussi incertaine, et il partit, après avoir reçu une récompense. Ensuite, le Prince chercha un soldat espagnol, ayant l'expérience de la guerre, pour l'envoyer à Alger s'occuper de nouveaux soins et prendre de plus sûres informations. A cette fin, il choisit Antonio de Rojas, alferèz de Inigo di Borgia, maitre de camp en Lombardie, et le fit passer en Afrique, avec ordre d'aller de là en Espagne, et d'y rendre compte au Roi de tout ce qu'il aurait vu. Cet homme, ayant (ainsi que l'autre) rempli sa mission, fit à son retour un rapport qui augmenta beaucoup le désir qu'avait le Roi de tenter la prise d'Alger, en lui affirmant qu'il était vrai qu'au mois d'août la ville était mal gardée. - Puis, le temps s'écoulant toujours, le Prince voulut saisir l'occasion de s'acquitter de sa mission avec le plus de sécurité et le moins de dépenses possible pour Sa Majesté. Une partie des troupes espagnoles reçut l'ordre de s'embarquer à Naples et en Sicile, avec quelques Italiens. Le Roi, au commencement de cette année 1501, avait réuni une grosse armée dans le Milanais, non pour la sûreté de cet État, mais pour venir en aide au duc de Savoie., qui était alors en guerre avec le roi de France., ou pour d'autres causes dont je ne veux pas m'occuper présentement. Mais, un accord était survenu entre la France et la Savoie, et, cette armée inquiétant les Princes italiens, le Roi avait l'intention de la licencier. Le Prince prit de là occasion d'en demander et d'en obtenir quelques régiments, et le reste fut envoyé, partie en Flandre à l'Archiduc Albert, partie en Carinthie à l'Archiduc Ferdinand, cousin du Roi, commandant alors l'armée contre les Turcs, qui lui avaient pris Canissa. - Composer une armée propre à cette entreprise, l'approvisionner, embarquer les soldats et les aventuriers, et faire tout cela en secret, était, pour maintes raisons, chose bien difficile. Les galères du Roi étaient en petit nombre; une partie se trouvait en mauvais état et demandait des réparations; il fallut prier les Princes voisins de prêter les leurs, commander aux Vices-Roi de Naples et de Sicile d'apprêter, non seulement les galères et les troupes à embarquer, mais encore les vivres et les munitions nécessaires. Pour avoir tout cela à temps, le Prince avait reçu des lettres du Roi, qui devaient lui servir à hâter l'appareillage aussitôt que cela lui plairait; comme il savait combien la côte de Barbarie est dangereuse depuis l'automne jusqu'à la fin de février, il pria tous les Ministres de vouloir bien apporter la plus grande activité à exécuter les ordres du Roi. Il faut ajouter qu'il avait l'intention de faire une longue traversée; car, bien que la route directe eût été d'aller d'ici à Majorque, pour mieux dissimuler, et afin que les Turcs ne pensâssent pas à se défendre, il avait résolu d'aller d'ici à Naples et en Sicile; et de là, traversant le golfe, de se rendre à Majorque par cette voie détournée. Mais, malgré tous ces soins, comme le Diable s'oppose volontiers aux projets faits pour la gloire de Dieu, il ne manqua pas de lui arriver mille choses propres à contrarier ses desseins.

          Le comte de Fuentès, gouverneur de Milan et général en Italie, où il commandait l'armée du Roi, ne se contenta pas des premières instructions qu'il avait reçues pour donner au Prince une partie de ses troupes; il exigea qu'on lui envoyât d'Espagne un nouvel ordre, qui arriva, à la vérité, peu de temps après mais ce n'en fut pas moins une cause de retard.
          A Naples, où on devait tenir prêtes les galères de ce royaume, avec commandement exprès du Prince qu'elles ne quittâssent point les côtes, on leur ordonna ou on leur permit d'aller en course dans le Levant, d'où elles ne revinrent que le 7 juillet, fatiguées et ayant besoin de nombreuses réparations.
          Le nombre des galères de Sicile se trouva avoir diminué au lieu de s'être accru, et elles restèrent oisives dans les différents ports de l'ile, au lieu de, se rendre à Messine, où devait se faire le rassemblement; elles n'y arrivèrent que le 1er août.
          Celles d'Espagne vinrent si tard, qu'elles ne seraient pas arrivées à temps pour partir, si les autres se fussent conformées aux ordres donnés.
          Quoique le Prince, qui était alors à Gênes., ne connût pas encore cette mauvaise exécution de ses ordres, il expédia des courriers pour commander qu'on se hâtât d'apprêter et de charger les navires; ensuite, ayant appris peu à pou combien ses intentions étaient mal secondées, il vit bien, qu'en présence de cette désobéissance, il lui était presque impossible de réunir en un temps limité, une telle quantité de galères et de troupes. Mais, comme le désir de la gloire était plus puissant chez lui que l'amour même de la vie, le Prince (pourtant bien vieux), avide de renommée, voulut vaincre toutes les difficultés possibles par son activité et son courage; il embarqua donc le 27 juin les soldats espagnols et italiens qui venaient du Milanais, sur les galères commandées par Carlo Doria, son fils; il manda ensuite à Naples d'accélérer le mouvement et partit le 4 juillet avec la Reale., cinq galères du Pape, six de la République de Gênes_, quatre du Grand Duc, et le reste des troupes du corps qu'il emmenait avec lui. Arrivé à Naples le 15, il s'y arrêta jusqu'au 17; il arriva à Messine le 19, et reconnut partout qu'on n'avait obéi ni aux ordres du Roi, ni aux siens.
          Comme les galères de Sicile ne se trouvèrent pas à Messine, que celles de Naples ne purent le suivre à cause de la nécessité où elles se trouvaient de réparer les avaries causées par le voyage du Levant, et par les autres raisons dont j'ai parlé plus haut, dix-huit d'entre elles ne rejoignirent à Messine que le 24, sans être espalmées et amenant leurs provisions dans des barques. On peut juger des maux qu'entraînèrent tous ces retards, en pensant qu'il arriva tout le contraire de ce qui aurait dû être et de ce qui se voit dans toutes les autres occasions; à savoir, que l'armée auxiliaire fut prête plus à temps et se montra plus exacte que l'armée régulière; que les escadres des Princes alliés ne dépassèrent pas d'une heure les délais fixés par les ordres; les galères qui parurent peu nécessaires pour attaquer vigoureusement l'ennemi, furent envoyées dans les mers du Levant pour y occuper les Turcs par leurs, incursions, afin qu'ils pensâssent moins aux affaires de Barbarie. Dans le même but, le Prince pria le Grand-Maître de Malte(15) d'envoyer ses galères en course dans ces mers. De plus, pour gagner du temps, pendant qu'il était arrêté avec dépit par le retard des galères de Sicile, il envoya son fils Carlo à la tète de son escadre, de celles du Pape et de la République, avec injonction de se rendre à Majorque en passant devant Palerme et la Sardaigne, et de mettre ordre à toutes les choses qui, en auraient besoin. Il commanda aux galères de Naples d'aller à Palerme, où les galères d'Espagne devaient venir compléter, leurs approvisionnements selon l'ordre qu'il avait donné, en leur enjoignant de remorquer les vivres qu'elles avaient apportés à cet effet. Enfin, les galères de Sicile arrivèrent le 1er août; le nombre de celles du Roi avait diminué, et le nombre de celles des auxiliaires augmenté; on y embarqua mille soldats du bataillon de Calabre., et on partit pour Palerme, où on arriva le 4. De là, les galères de Naples et celles dEspagne furent à Trapani, où elles se rejoignirent à celles de Toscane; celles de Naples avaient dû retourner en arrière pour embarquer leurs soldats. De là, ils partirent pour la Sardaigne, et, du 5 au 10, ils arrivèrent à Ilile de St-Pierre, où le mauvais temps les força de séjourner le 12 et le 13, jour où on reprit la mer avec une grande bourrasque; (qui fut cause de la perte d'une felouque; mais on,en sauva l'équipage). il fallut aller s'abriter en Sardaigne dans le porl de Gonti, lieu inhabité; on partit de nouveau, et le 19 on fit jonction à Majorque.
          Le Prince voyait que la saison s'avançait; et, sachant qu'aucune chose ne s'envole plus vite que l'ocasion, et que les lenteurs causent la ruine des entreprises les mieux combinées, le moindre retard le faisait souffrir; aussi ne passa t-il là que cinq jours, pendant lesquels il fit exécuter tout ce qui était nécessaire, chose qui paraissait impossible en aussi peu de temps. Il se pourvut des pilotes les plus experts et les plus célèbres parmi ceux des Majorquins qui vont journellement à Alger. il consacra une journée entière à tenir un conseil de guerre, et il fit annoncer à toute l'armée : que, de ce lieu, et à partir du 28, ils avaient le bénéfice du Jubilé concédé par Sa Sainteté le Pape Clément VIII, avec la bénédiction de l'Évêque Légat, qui venait avec eux en Barbarie. L'armada et l'armée embarquées étaient composées de la manière suivante

          Il y avait soixante-dix galères; savoir: la Réale avec seize bâtiments de l'escadre de Gênes et deux du Duc de Savoie à la solde du Roi, le tout commandé par Carlo Doria, Duc de Tursi, leur général; seize de Naples commandées par Pierre de Tolède; douze de Sicile, dont neuf du Roi et trois du Duc de Macheda, conduites par Pierre de Leïva; onze d'Espagne, commandées par le Comte de Buendia; cinq du Pape sous les ordres du Commandeur Magnolotio, son lieutenant; six de la République de Gênes, sous les ordres du Comte Gio, avec Tornaso Doria pour général; et quatre de Toscane que commandait Marc?Anionio Calafatio, amîral des galères de l'Ordre de Saint-Étienne. Mais celles de Naples, de Sicile et d'Espagne étaient mal en ordre, et si pauvres en rameurs qu'il fallut à Majorque prendre la chiourme d'une des escadres pour que les autres fussent pourvues convenablement. Les soldats étaient plus de dix mille.

          Les Espagnols, répartis alors en terces(16), étaient commandés ainsi qu'il suit : seize cents de Lombardie, commandés par Jnigo di Borgia ; mille de Bretagne par Pedro di Toledo di Anaya; deux mille de Naples par Pietro Vivero; douze cents de Sicile par Salazar Castellano de Palerrni; cinq cents de l'armée du Gouverneur Antonio Quinones; deux mille cinq cents Italiens, obéissant aux ordres de Barnaba Barbo; et mille cinq cents du bataillon du royaume de Naples, sous le commandement du Maître de Camp Annibale Mâcedonico ; en outre, les galères de Sa Sainteté avaient offert de mettre à terre trois cent cinquante bons soldats et celles de Toscane quatre cents; de plus, beaucoup de Chevaliers de Saint-Étienne s'étaient joints à l'expédition. Le Prince avait donné le commandement général à son Maître de Camp Manuel de Vega Capo di Vacca, capitaine expérimenté et d'une grande bravoure.
          Il y avait encore des aventuriers, gens dont on devait faire grand compte; parmi lesquels, outre le Duc de Parme, qui, avec deux cents cavaliers, ses vassaux, vieux soldats de Flandre, s'embarqua sur la Capitane de Carlo Doria, on remarquait : Virginio Orsino., duc de Bracciano, sur la Capitane de Florence; sur la Reale, le Marquis d'Elche, premier né du Duc de Mâcheda; Alo Idiaqués, général de la cavalerie légère de lÉtat de Milan, qu'avait choisi le Prince comme son lieutenant; Diego Piinentel, Manuel Manriques, grand commandeur d'AragoD, le comte de Celano, le marquis de Garesfi, Hercule Gonzague, Gio Geromino Doria, Au relio Tagliacarne et quelques autres capitaines et personnes de qualité, parmi lesquels sept ou huit gentilshommes romains. Le plan d'attaque était le suivant : on devait s'avancer ensemble vers la ville et s'arrêter à une assez grande distance pour ne pas être vus de la terre: là, on devait mettre dans de petites embarcations trois cents arquebusiers avec deux pétards et s'avancer vers le rivage, pour attaquer la porte de la Cité qui est à la Marine, et, quand elle aurait été brisée et prise par les soldats, la flotte devait se porter rapidement et courageusement en avant et débarquer l'armée. On avait prévu ce qu'on devait faire pour secourir ces arquebusiers dans le cas où ils ne réussiraient pas à s'emparer de la porte, et pour s'opposer à d'autres éventualités fâcheuses; la Reale, avec quinze autres des meilleures galères, étaient désignées pour marcher les premières à leur secours.

          Le 30 août, l'armada arriva en vue de l'Afrique ; mais débandée, parce que, bien que l'ordre eut été donné qu'au moment où on commencerait à avoir connaissance de la terre, toutes les galères vinssent rallier la Reale, elles avaient si mal navigué, et avec tant de mollesse, qu'au point du jour elles se trouvèrent toutes dispersées; la Capitane de Sicile, entre autres, se trouva tellement en arrière qu'on ne la voyait plus; en sorte que l'heure où les ordres eussent dû être le plus rigoureusement observés, fut celle où ils le furent le moins ; il fallut perdre plus de trois heures à rassembler la flotte. Les mâts furent ensuite abattus et les voiles carguées; on atterrit à trente milles de la ville, et, comme les pilotes ne reconnaissaient pas le pays avec certitude, il sembla peu prusent de rester dans cette position. Le Prince jugea convenable de faire reconnaître la terre par de petites barques, pour y chercher un point de la côte plus rapproché où il se trouvât un ancrage pour de grands vaisseaux; aller plus loin eût été une faute parce qu'il avait, dès lors, pour plus de commodité, fait mettre des troupes dans les petites felouques, et se disposait à ramener l'Armada en vue d'Alger. Les pilotes chargés de reconnaître la côte ne revinrent pas avant le soir, à la grande colère du Prince qui ne savait qu'en penser, appréhendant qu'ils ne se fussent laissé faire prisonniers, ou qu'ils n'eussent pris la fuite; il n'était pas croyable qu'ils se fussent volontairement rendus aux Turcs ; car, lors même qu'ils l'eussent voulu, les équipages des felouques, bien supérieurs en nombre, ne s'y seraient pas accordés; il n'y avait rien à craindre de la mer qui était très tranquille, et pourtant un tel retard, arrivant à ce moment, était étrange et funeste. Le soir venu, les pilotes rejoignirent la flotte, rapportant que le courant les avait entraînés dans le Levant, à cinquante milles d'Alger, et, qu'en raison de cet éloignement (ce ne fut pas un petit mal), ils n'avaient pu s'approcher de la terre, parce qu'il y avait trop à craindre d'être découvert. L'armée partit de là le jour suivant, entièrement réunie, pour se rendre au lieu désigné; déjà chacun s'apprêtait pour le débarquement; on avait fait descendre dans les frégates et les felouques les troupes qui devaient frapper le premier coup, et tous les ordres nécessaires avaient été donnés. C'était une belle chose que de voir l'honorable émulation des soldats; chacun d'eux montrait la plus noble ardeur; comme c'était parmi les Espagnols qu'avaient été choisis les trois cents hommes embarqués sur les frégates pour marcher les premiers, les Italiens se plaignaient de ce qu'on ne leur laissait pas prendre aussi leur part de la première gloire; ils envoyèrent le Duc de Parme au Prince pour lui demander avec instance de faire partie de cette avant-garde; mais lui, ne voulant pas mélanger les nations, promit de leur donner satisfaction à un autre débarquement. A la fin de la nuit, et comme ils n'étaient plus éloignés de la terre de plus de vingt milles (pour dernier contre-temps), le vent Grec commença à souffler du Levant, et il fut toujours en s'accroissant, avec une telle violence, que l'on ne pouvait, sans un risque manifeste de se perdre, ni rester en panne en pleine mer, ni débarquer; il fallut donc, non seulement retirer les soldats qui étaient descendus sur les frégates, mais encore laisser porter les galères là où le maudit vent le voulait, et on commença à fuir devant le temps. La flotte se rejoignit à Majorque le 3 septembre; ce triste temps continua pendant plusieurs jours, et le Prince l'observait avec le plus grand soin, pour voir s'il lui serait possible de retourner en Barbarie; car, il lui était douloureux de se voir enlever des mains une si glorieuse entreprise par l'inclémence de la saison. Et, pendant qu'il se demandait ce qu'il convenait de faire, quantité d'avis différents s'émettaient dans l'armada; comme les jugements des hommes sont variés, les uns eussent voulu une chose et les autres une autre; les simples soldats, avides de butin, eussent voulu retourner à tout risque et malgré le vent; taudis que les plus expérimentés, considérant l'état des choses, se montraient plus judicieux, sachant bien qu'il nétait possible, ni de naviguer, ni de débarquer avec un vent contraire. Enfin, le. Prince, ayant tout bien considéré, ne se résolut pas à continuer l'entreprise; il faut ajouter que la saison était tellement avancée, qu'au moment où le vent parut commencer à vouloir se calmer, on n'aurait pu arriver qu'après le 10 septembre, jour où les milices turques sont déjà rentrées à Alger; ce qui faisait écrouler la base sur laquelle ou avait fondé l'entreprise. En outre, la tentative se trouvant ébruitée, les Turcs avaient facilement pu en avoir connaissance, et on n'aurait plus eu sur eux l'avantage de la surprise; l'armada n'avait de biscuits que pour le mois de septembre; toutes ces raisons tirent penser au Prince qu'il n'était pas raisonnable d'aller témérairement à sa perte, comme l'avaient déjà fait trois armadas plus considérables que la sienne; qu'il valait mieux conserver celle-ci pour un meilleur temps et une meilleure occasion; il licencia donc les galères des Potentats(17) et renvoya celles du Roi dans leurs ports respectifs; c'est ce qu'il y avait de mieux à faire; et aussi bien, dans les choses humaines, celui qui ne sait pas se résoudre à laisser blâmer sa conduite par quelques-uns, ne saura jamais se décider à faire le bien.
          Beaucoup de gens, qui, avec grand désir de voir détruire cette caverne de bandits, avaient fondé de grandes espérances sur cette armada, se voyant désillusionnés, tombèrent dans un excès assez commun à tous les hommes; lorsqu'ils se sont flattés trop facilement de la réussite de leurs désirs, quand les événements ne les favorisent pas, ils ne savent pas considérer de sang-froid tout ce qui s'est opposé au succès, et se trouvent portés par un malheureux instinct à attribuer à de faux motifs la ruine de leurs espérances; mais les hommes de jugement sont plus lents à se prononcer; et les Capitaines prudents craignent plus le jugement de quelques-uns de ceux-là que celui de toute la multitude ignorante.
          Beaucoup de gens sont plus diligents à blâmer des erreurs douteuses qu'à louer des exploits certains. Vous avez vu que le Prince fut amené à partir dans des circonstances contraires; mais s'il avait pu savoir que son retour servirait à l'accabler, peut-être aurait?il risqué et perdu son armée. Ce qu'on peut dire véritablement et qui doit sembler étrange, en considérant l'obéissance à laquelle est accoutumé le Roi Catholique, si grand et si puissant, c'est que, dans cette entreprise, ses ministres n'observèrent pas ses ordres; la désobéissance des galères de Naples et de Sicile fut la véritable cause qui, par la perte de temps, empêcha de conduire à bonne fin une expédition dont le succès importait tant à toute la Chrétienté. J'en ai entendu donner des raisons bien diverses. Les uns veulent que la lenteur naturelle aux Espagnols en soit cause, disant qu'il ne faut pas essayer de demander de l'activité à ces troupes sûres et disciplinées, et qu'on ne doit attendre d'elles que de la solidité et du courage, Les autres disent que les Vice-Rois de Naples et de Sicile furent offensés qu'on ne leur eût pas communiqué le secret de cette entreprise; et, qu'indignés de voir que le Roi avait montré plus de confiance à un autre qu'à eux, ils avaient suscité toutes les difficultés possibles. Il ne manque pas de gens qui, familiers avec les intrigues de Cour, affirment que les principaux ministres des Rois se coupent volontiers les uns aux autres, autant qu'ils le peuvent, le chemin de la gloire et des honneurs, encore que ce soit au dam de leur Seigneur; ils en citent plusieurs exemples, et ne se montrent pas étonnés de ce que les ministres de Naples et de Sicile n'aient pas obéi promptement à des ordres qui ne pouvaient qu'accroître la gloire d'un autre(18).

          Mais, quoiqu'il en soit, on ne devrait pas aujourd'hui voir Alger continuer ses déprédations accoutumées au détriment et à la honte de la Chrétienté.


De Gênes, le 5 novembre 1601.
CONESTAGGIO.

(12) Il est au moins très contestable que les Mores en question aient été originaires d'Alger: mais il est certain qu'à l'époque de la révolte de *1570, ils fussent aidés par les Algériens: quarante vaisseaux se rendirent à Almeria le mercredi saint, par ordre d'El Euldj Ali, ils y débarquèrent des armes, et ne se retirèrent que lorsque tout espoir fut perdu.
(13) Il est évident qu'il ne s'agit point ici du grand André Doria qui était mort en 1560, àgé de 93 ans. Celui?ci portait le nom de Jean André, et les Génois l'appelaient Andrettino, nom sous lequel il est souvent désigné.
(14) Philippe III.
(15) Le Grand?MaÎtre était alors Alof de Vignacourt.
(16) La terza était l'unité tactique des vieilles bandes espagnoles.
(17) Les Princes souverains de l'Italie.
(18) Les conclusions de Conestaggio sont fort justes en ce qui concerne l'hostilité manifestée au prince Doria par les Potentats et par les Vice-Rois de Naples et de Sicile; l'histoire nous apprend, d'ailleurs, combien de fois cette mauvaise volonté jalouse entrava les entreprises des Dorias. Il est intéressant pour l'observateur d'assister au spectacle de cette désobéissance et de ce désordre qui signalent les commencements de l'abaissement et de la ruine de la puissance espagnole. Il faut ajouter que l'expédition fut mal conçue. Le plan de l'aventurier français était bon et pouvait réussir: cinq cents hommes résolus diguisés en matelots marchands, débarquaient un soir dans le port d'Alger, à la saison où la ville était sans défenseurs, égorgeaient le poste de la Marine, pétardaient la porte et se précipitaient dans la ville en appelant aux armes les vingt mille esclaves chrétiens qui s'y trouvaient; c'était, hardi, mais faisable. Doria voulut modifier le projet, et appuyer la surprise par une flotte et une armée, il ne vit pas, qu'indépendamment des retards que devait fatalement entraîner la concentration de semblables forces, il serait impossible de faire naviguer cette armada sur la Méditerranée sans que tout le monde en eût connaissance, avant même qu'elle n'eût quitté le port; que, par suite, la surprise serait manquée, et se transformerait en une attaque régulière. Quand on en fût arrivé là, et qu'on s'aperçut que l'ennemi était prévenu, on ne put même pas tenter cette entreprise, parce qu'on n'avait embarqué qu'un mois de vivres. Il fallut donc revenir sur ses pas, et les grosses dépenses qui avaient été faites ne servirent absolument à rien. Combien eût-il été préférable de confier au capitaine Roux la petite troupe dont il demandait le commandement, tout en rassemblant aux Baléares des forces qui eussent appuyé le mouvement en cas de succès ! Le dénouement de l'affaire fut la démission de Jean André Doria, profondénient dégoûté par les intrigues qui s'agitaient autour de lui, et par les injustes accusations auxquelles il avait été en butte. - Il fut remplacé par Don Juan de Cardona.
                 (Henri Daniel de de Grammont)


COLONISATION de L'ALGERIE
  1843                           Par ENFANTIN                      N° 2 
INTRODUCTION - (SUITE)

VI. - Écoutons maintenant Plutarque, sur Utique, cette colonie romaine, rivale de Carthage (10)
" Cation fit publier que les trois cents citoyens qui composaient son conseil, et qui tous étaient des Romains que le commerce ou la banque avait attirés en Afrique, s'assemblassent dans le temple de Jupiter, avec tous les sénateurs qui étaient à Utique et leurs enfants. Je m'offre à combattre à votre tête, dit-il, jusqu'à ce que vous ayez éprouvé la dernière, fortune de votre patrie. Cette patrie n'est ni Utique, ni Adrumette, c'est Rome seule.
" Les sénateurs de Rome avaient montré la plus grande ardeur, et, après avoir affranchi leurs esclaves, ils les avaient enrôlés; mais les trois cents, qui tous faisaient le commerce maritime ou la banque, et dont la principale richesse consistait dans leurs esclaves, ne se souvinrent pas longtemps des discours de Caton.....
" Les officiers de cavalerie répondirent qu'il leur paraissait dangereux de s'enfermer dans une ville dont les habitants étaient Phéniciens, nation naturellement si inconstante... Que Caton chasse ou égorge tous les habitants d'Utique, et qu'alors il nous appelle dans une ville qui n'aura plus ni d'ennemis, ni de Barbares. "
Partout Plutarque parle de ces trois cents Romains, conseillers de Caton, comme étant, pour ainsi dire, avec les sénateurs réfugiés, les seuls Romains d'Utique. Tous sont désignés comme banquiers et négociants, aucun comme cultivateur ni même comme propriétaire, puisque leur principale richesse consistait en esclaves.
Il est vrai qu'à cette époque la colonisation proprement dite, la colonisation agricole, était à peine commencée dans la province d'Afrique. Or, les personnes qui pensent que les Romains ont colonisé, et qui entendent par là qu'ils ont eux-mêmes cultivé lAfrique, conviennent cependant qu'ils n'ont pas donné immédiatement cette forme à leur conquête, et qu'ils ont consacré un assez grand nombre d'années à asseoir d'abord leur domination.militairement, c'est-à-dire à construire des routes, des camps, des fortifications, des édifices publics; et, en effet, on ne peut pas révoquer en doute que les armées romaines étaient bien plutôt maçonnes que cultivatrices. Mais les mêmes personnes prétendent qu'après ces premiers soins, Rome, soit par des colonies militaires, soit par des colonies privées, a mis en culture une grande partie de ses possessions africaines.
Néanmoins, si l'on songe que c'est pendant un siècle et demi, depuis César jusqu'à Trajan, que Rome couvrit le monde alors connu de ses villes nommées colonies, il faut se faire une idée bien prodigieuse de la population d'Italie, pour croire qu'elle a pu fournir les millions d'habitants de ces innombrables villes.
Certes, des concessions de terres ont été faites à des soldats, à des patriciens et même à des aventuriers romains; mais la question n'est pas là. Les concessionnaires, à titre gratuit ou onéreux, ont-ils cultivé, ou bien ont-ils fait cultiver par des esclaves ou travailleurs indigènes? Se sont-ils établis sur le sol, en y formant familles, villages de cultivateurs; ou bien les concessions qui leur ont été faites n'ont-elles pas été simplement un moyen de faire nourrir, par le travail des esclaves ou des indigènes libres, une partie des soldats et employés romains en Afrique ? En d'autres termes, ces concessions n'étaient-elles pas quelque chose d'analogue aux majorats napoléoniens?

VII. - Les conquêtes de Napoléon présentent, en effet, de très grands rapports avec les conquêtes romaines; elles ont été surtout éducatrices à l'égard des peuples vaincus, et non destructrices comme celles des Vandales et celles des Arabes, ou spoliatrices comme, celles des Turcs. Nous avons gouverné et administré, pendant quelques années, presque toute l'Europe, sans déplacer des populations et sans nous attacher au sol conquis, lequel néanmoins nourrissait, en partie, nos armées et les hauts patriciens de notre Empire. Nous, ne nous sommes pas substitués aux vaincus, ni fondus avec eux; la France a toujours été notre patrie, comme Rome était celle des colons d'Utique. Aussi en a-t-il été de nous, en 1814, comme des Romains lorsque cessa leur domination sur l'Afrique, je, dirais presque sur le monde, s'il n'y avait pas une faible exception, douteuse cependant, pour une petite partie de la Gaule Méridionale(11), Alors leur race a disparu et ne s'est retrouvée qu'en Italie, comme la nôtre n'est plus qu'en France.
Mais l'Europe marche dans la voie que la France lui a tracée; et de même Rome, malgré sa persécution contre l'Église, naissante d'Afrique, persécution impériale et patricienne, mais non populaire, Rome a été l'initiatrice de populations idolâtres qui, quelques siècles plus tard, devaient, avec le, Coran, accuser les chrétiens eux-mêmes d'idolâtrie.

VIII. - Ceci présente encore la question sous un nouveau jour. L'Église d'Afrique, jusqu'à saint Augustin, n'a pas compté, parmi ses évêques un grand nombre d'hommes d'origine romaine, et, s'il y en avait, ils ont eu le malheur de ne pas transmettre leur nom et leurs oeuvres à la postérité. Il est vrai qu'à sa naissance surtout, le christianisme fut la foi et l'espoir de l'opprimé, du faible, du vaincu, et que ses persécuteurs, au contraire, devaient venir de, Rome; mais aussi, qui voit-on figurer parmi ses persécuteurs? - Des employés et des soldats de Rome ; des bourgeois, des citadins, à moeurs romaines qui veulent voir des chrétiens aux bêtes, mais non pas des cultivateurs de la campagne, chez lesquels, au contraire, vont se réfugier les Cyprien.

IX. - En résumé, les Romains ont gouverné, administré l'Afrique; ils lui ont donné une culture intellectuelle fort grande, en forçant les vaincus à comprendre la langue universelle des vainqueurs, et en mettant sous leurs yeux les merveilles inconnues des arts. Ils ont même dirigé sur certains points, et particulièrement près des villes, des travaux agricoles, mais comme propriétaires et non comme cultivateurs; ils en ont même exécuté, mais par exception et sans former familles, de fort importants comme modèles, et ceux-ci par des colons militaires; mais ils n'ont pas fondé en Afrique des établissements semblables à ce qu'étaient, dans les beaux temps de la République(12), leurs propres villages d'Italie, c'est-à-dire composés de familles de cultivateurs italiens, romains. Enfin si, par hasard, ce fait a eu lieu, c'est seulement comme tentatives infructueuses, semblables à nos malheureuses expériences de la Mitidja, et, par exemple, leurs premières tentatives de colonisation à Carthage.
Rappelons-nous d'ailleurs cette phrase célèbre de Pline, si profonde dans sa première partie, si explicite et si démonstrative, pour le sujet actuel, dans la seconde:
" Verumque, confitentibus latifundia perdidere Italiam, jam, vero et provincias. Sex domini semissem africoe possidebant, cum interficit eos Nero princeps. "
Oui, les Romains possédaient l'Afrique comme ils possédaient toutes les provinces de l'empire, mais ils ne les cultivaient pas. Et d'ailleurs, ce nom de colonies peut-il nous tromper, lorsque nous savons si positivemment ce que signifiait, le mot de colon? Voici ce que M. Fauriel dit de ceux de la, Gaule :
" Ces colons, nommés parfois tributaires, étaient, à quelques égards, de véritables fermiers, qui rendaient au possesseur de la terre qu'ils cultivaient une portion déterminée de ses produits... Ils étaient, eux et leurs enfants, héréditairement attachés à leurs champs; ils étaient censés en faire partie. Le propriétaire du sol pouvait les vendre, mais avec le sol et non à part; il n'avait pas le droit de les expulser ni d'augmenter la rente primitivement stipulée. Ainsi, bien qu'attaché à la glèbe, le colon n'était pourtant pas serf(13) ... Enfin, la loi le reconnaissait pour libre et le traitait comme tel(14) "
Les provinces étaient les véritabtes fermes de l'empire : les citoyens Romains en étaient bien les possesseurs(15), les villes municipales d'Italie possédaient elles-mêmes de ces terres des provinces qui constituaient l'ager publicus oul'Pager vectigalis, selon la manière dont elles les faisaient valoir.; mais les colons, n'étaient que des fermiers, des serfs.
Si je m'arrête aussi longtemps sur ce que l'on appelle la colonisation romaine, ce n'est certes pas que je considère, l'exemple de Rome comme une raison suffisante de nous conduire de la même manière; mais beaucoup de personnes ne poussent et ne pousseront à une colonisation française, par la culture et par l'importation en Afrique d'une masse considérable de familles européennes, avec encouragements et secours du Gouvernement, que parce qu'elles sont convaincues que c'était l'habitude de Rome; et cette conviction leur inspire une confiance aveugle dans le succès d'une entreprise qui est pourtant la plus difficile, la plus délicate qu'un peuple puisse se proposer au XIXème siècle.
Non-seulement ce n'est pas une nécessité pour nous de faire ce que les Romains ont fait, mais nous ne devons pas faire ce qu'ils ont fait, et nous pouvons entreprendre ce qu'ils n'ont jamais songé à faire, et réussir. Il est vrai que, cela nécessiterait l'emploi de moyens appropriés à notre civilisation, à nos moeurs, si différentes de celles des Romains, et surtout cela exigerait une foule de longues et sages combinaisons qui ont déjà paru et paraissent encore inutiles à ceux qui ne regardent la colonisation agricole comme facile, que parce qu'ils sont convaincus que les Romains l'ont faite très facilement et sous la forme qu'ils supposent.
Au reste, je ne veux pas être accusé d'exagération, en combattant une opinion aussi généralement admise. J'ai déjà dit la part que je supposais aux Romains dans la culture du sol africain; et quoique les auteurs anciens présentent bien peu de renseignements sur ce sujet, l'état général de la société romaine à cette époque fournit des indices. Ainsi, Rome a eu beaucoup de brouillons politiques, aux temps voisins de la venue du christianisme; bien des conspirateurs, bien des prolétaires surtout l'ont remuée dangereusement, alors qu'elle tremblait déjà sur tous ses fondements. Comme à notre époque, l'ordre moral troublé enfantait bien des crimes, et souvent les prisons regorgeaient. Alors aussi plusieurs peuples soumis commençaient à secouer leurs chaines, et, pour les resserrer, Rome était obligée à de nombreux bannissements. Enfin, à ces moments où les destinées d'un peuple changent, beaucoup d'esprits aventureux ou dégoûtés cherchient le déplacement, uniquement pour changer. Mais alors, et non comme, de nos jours, presque tous ces criminels, ces aventuriers, ces conspirateurs, ces bannis étaient soldats, sans avoir besoin pour cela de figurer sur les contrôles des légions impériales; et on les envoyait, ou bien ils venaient chercher fortune en Afrique, seuls, sans famille, comme, sont encore aujourd'hui généralement nos conspirateurs, nos crimonels, nos aventuriers. À ceux-là les proconsuls distribuaient des terres, j'en suis convaincu; et tels étaient les soldats de ce Sittius, chef de partisans, à qui Sittuis distribua, au dire d'Appien, la partie du territoire de Cirta que Césai lui avait donnée. Ceux-là travaillaient et surtout faisaient travailler la portion soumise de la population indigène qui habitait les territoires concédés(16) ; ceuxlà encore travaillaient aux carrières, aux routes, aux constructions ; ceux-là enfin, véritables prolétaires, ont dû s'allier souvent avec des femmes indigènes(17).
Telle était la base de la population coloniale; mais ce n'est pas là une souche de peuple, ce n'est pas là une colonisation agricole; c'était, oserais-je dire, l'inverse de ce que fut la race turque partout où elle a dominé c'était la lie du vase, comme les Turcs en furent l'écume, et les révolutions se débarrassent toujours de l'une et de l'autre, pour ne conserver que le liquide clarifié, épuré par la main du temps.
Des soldats réguliers ou irréguliers, légionnaires ou aventuriers, vétérans ou congédiés, libres ou captifs, mais toujours célibataires ou à peu près, en un mot la portion mâle de la race romaine a peut-être (je dis peut-être !) laissé des traces de son passage dans la population actuelle de l'Afrique; mais je crois que les femmes de cette race n'y ont pas même mêlé leur sang, c'est-à-dire que la famille romaine a encore moins émigré en Afrique qu'elle n'a peuplé les Gaules, la Germanie, l'Égypte, l'Asie, le monde presque entier que le soldat romain avait conquis.
Montesquieu dit(18) : " Lorsque Rome avait des guerres continuelles, il fallait qu'elle réparât continuellement ses habitants. Dans les commencements, on y mena une partie du peuple de la ville vaincue; dans la suite, plusieurs citoyens des villes voisines y vinrent pour avoir droit de suffrage .... ; enfin on y arriva en foule des provinces.... Rome fit dans ses guerres un nombre d'esclaves prodigieux, et lorsque ses citoyens furent comblés de richesses, ils en achetèrent de toutes parts; mais ils les affranchirent sans nombre, par générosité, par avarice, par faiblesse ... . Le peuple fut presque composé d'affranchis (Tacite, Annal., liv. XIII, ch. XXVIII)), de façon que ces maitres du monde, non-seulement dans les commencements, mais dans tous les temps, furent la plupart d'origine servile. Le nombre du petit peuple, presque tout composé d'affranchis ou de fils daffranchis, devenant incommode, on en fit des colonies, par le moyen desquelles on s'assura la fidélité des provinces. C'était une circulation d'hommes de tout l'univers : Rome le recevait esclaves et les renvoyait Romains. "
Ce dernier mot est politiquement profond, il serait puéril sous le rapport éthnographique : on faisait encore moins facilement autrefois un Romain, qu'on ne faisait naguère un gentilhomme; mais ce n'est pas la question. Concluons, de ce que dit Montesquieu, que Rome envoyait aux colonies des Barbares qu'elle avait momentanément nourris dans son sein, qui étaient venus esclaves et avaient été affranchis.
Et ailleurs Montesquieu dit encore(19), à propos des débiteurs insolvables : " On ordonnait que ceux qui s'enrôleraient pour la guerre ne seraient point poursuivis par leurs créanciers; que ceux qui étaient dans les fers seraient délivrés ; que les plus indigents seraient menés dans les colonies. "
Barbares, esclaves, affranchis, et les plus indigents d'un peuple presque tout composé d'affranchis et de fils d'affranchis, par conséquent d'origine barbare, voilà donc le fond de la population coloniale.
Et lorsque Caïus Gracchus raconte comment son frère Tiberius concut le projet de sa loi agraire, ne dit-il pas que ce fut parce que Tiberius, traversant la Toscane pour aller à Numance, vit ces belles terres désertes, et ne trouva d'autres pâtres que des esclaves venus de l'étranger et de Barbares(20). Or, ce fut Caius Gracchus qui fit la première colonie de Carthage: de quoi put-il donc la composer, puisque la Toscane était déserte et ne renfermait elle-même que des esclaves et des Barbares ? Et d'ailleurs, à cette époque, les grandes colonies romaines d'Afrique, d'Asie, et d'Europe n'étaient pas encore commencées : est-il donc possible qu'un siècle plus tard, Rome ait couvert le monde de Romains?

X. - Oui, Rome fut sans cesse repeuplée par le monde que conquéraient les Romains, et l'Italie tout entière, jardin du patriciat romain, fut cultivée par des mains d'esclaves; Tacite en gémissait aussi bien que Gracchus, lorsqu'il disait : " On portait autrefois d'Italie du blé dans les provinces reculées, et elle n'est pas encore stérile; mais nous cultivons plutôt l'Afrique et l'Égypte, et nous aimons mieux exposer aux accidents la vie du peuple romain. "
Comme l'indique Montesquieu, la conquëte et la colonisation étaient en effet un flux et reflux de Barbares, d'abord inondant Rome comme esclaves, à la suite du char du triomphateur, et bientôt se répandant sur le monde, à la suite des armées; mais ce n'était pas là, certes, la race italienne. Quand les Européens prenent ou achetaient des nègres en Afrique, pour en peupler leurs colonies américaines, qui donc se serait avisé de dire que ces nègres étaient des Français, des Anglais ou des Espagnols ? Les Romains transportaient en Afrique des Asiatiques ou des Européens esclaves ou affranchis, comme nous portions en Amérique ou dans l'Inde des nègres de la côte occidentale ou de la côte orientale d'Afrique; seulement ils les élevaient, les dressaient à la soumission et au travail, à Rome, en Italie ; et en cela, j'en conviens, ils étaient plus habiles et plus sages que les Européens des siècles derniers.
Plus tard, Rome fut encore la plage où venait mourir et d'où se relevait le flot des Barbares; alors ils y arrivaient en maîtres, et pourtant ils repartaient chargés de la nouvelle, chaine avec laquelle la ville éternelle LIAIT encore une fois le monde. L'ancienne Rome a colonisé, comme la Rome nouvelle a christianisé; les catholiques romains ne sont pas plus des Romains que les colons romains n'étaient eux-mêmes Romains. Rome fut l'universelle colonie ou métropole paienne, comme elle, fut plus tard la métropole, chrétienne; saint Pierre succéda à César, la parole à l'épée, voilà tout.

(10) Plutarque, Vie de Caton d'Utique, I. VII.
(11) Voyez M. Fauriel, Histoire de la Gaule Méridionale, 1er vol., p. 381 et suivantes, sur l'état de la société gallo-romaine.
(12) A la fin de la Répubiique et sous l'Empire, les villages d'ltalie eux-mêmes ressemblaient à ce que furent les colonies romaines dans le monde entier, car ils n'étaient plus peuplés que d'étrangers, esclaves ou affranchis.
(13) Il me semble que M. Fauriel se trompe : le colon, tel qu'il le dépeint, n'était pas esclave (servus), mais il était bien réellement ce que nous appelons serf, à peu près tel qu'il est en Russie.
(14) Voy. Walter, Roem. rechtsgesch, p. 423, d'après Savigny.
(15) " In Africà saltus.non minores habent privati quarn reipublicoe territoria. " Aggenus Urb., d'après M. Dureau de la Malle.
(16) On oublie souvent qu'une concession de territoire conquis entrainait toujours la concession de tout ou partie de la population conquise, précisément celle qui cultivait.
(17) Tacite, dit Annal., XIV 27: " Les vétérans, peu accoutumés à se soumettre aux liens du mariage, mouraient presque tous sans" postérité. "
(18) Grandeur et décadence des Romains, ch. XIII.
(19) Esprit des lois, liv. XXI, eli. XXIII
(20) Plutarque, 'Vie de Tib. Gracchus.

A SUIVRE

STELES ET NOM DE RUE
Envoyé par M. Gaby Roux


 
MARIGNANE (BOUCHES-DU-RHÔNE) SE PROPOSE D'ÉRIGER UN MONUMENT À LA GLOIRE DES "CRIMINELS" DE L'OAS
TANDIS QUE WISSOUS (ESSONNE) VEUT INAUGURER UNE RUE EN L'HONNEUR DU GÉNÉRAL SALAN

Au nom du Bureau National, M. Marek écrit à J. Chirac:

       "Monsieur Jacques CHIRAC Président de la République

       J'ai l'honneur d'appeler votre attention sur la décision de la municipalité de Marignane (Bouches?du?Rhône) tendant à ériger une stèle à la gloire des "fusillés et combattants de l'Algérie française" parmi lesquels Jean-Marie Bastien-Thiry et d'autres criminels de I'OAS dont le Président de la République de l'époque, le Général de Gaulle, faillit être la victime.

       De même, nous venons d'apprendre que la municipalité de Wissous (Essonne) a décidé de donner le nom de "rue du général Salan", le chef de L'OAS, à une artère de la ville.

       Ces décisions scandaleuses suscitent une vive émotion parmi les anciens combattants en Afrique du Nord restés fidèles aux institutions républicaines qui n'oublient pas que certains de leurs camarades sont tombés sous les balles de cette organisation subversive.

       Elles sont d'autant plus incompréhensibles que MM. Daniel Simompierri, maire de Marignane, et Richard Trinquier, maire de Wissous, se réclament tous deux de l'UMP.

       Certes, il y a eu des lois d'amnistie mais de là à glorifier les individus concernés, il y a un pas qui ne doit pas être franchi. Pourquoi pas des monuments à la gloire de Pétain ?

       Le Bureau national de notre Fédération réuni à Paris le 8 courant, s'est étonné vivement de l'absence de réaction de votre part et du gouvernement devant de telles initiatives. Nous souhaitons vivement que vous les condamniez fermement et que toutes les dispositions soient prises par les pouvoirs publics pour en empêcher la réalisation.

       Dans cette attente,
       Je vous prie d'agréer, Monsieur le Président, l'expression de ma haute considération."

Wladyslas MAREK Président National


M. Monsieur ROUX Gabriel, Répond

       "Monsieur Marek Wladyslas Président,

       J'ai lu la lettre que vous avez envoyée au Président de la République, pour lui dire l'émotion que vous avez ressentie lorsque vous avez appris qu'une stèle allait être érigée, et une rue allait porter le nom d'une personne qui a fait tomber sous les balles des militaires français.

       Pour être d'accord avec vous il faudrait faire la part des choses. Je vous cite un exemple parmi tant d'autres.

       Lorsque le sous lieutenant Palvadeau Gilbert a assassiné froidement, le 19 janvier 1962 à Bône, le jeune Mei Noël, âgé de 16 ans, personne n'a écrit au Président de la République, pour dire son mécontentement comme vous venez de le faire, au contraire, sans aucune procédure judiciaire, le sous lieutenant a été envoyé à Djibouti comme attaché au parquet militaire et ensuite pour le glorifier, il est nommé substitut du Procureur à Troyes où il lui a été permis de juger les criminels.

       Vous avez (la Fnaca) pour le 19 Mars déposé une gerbe sur la tombe de M. de Gaulle, qui est par les mensonges, les promesses faites et non tenues, le plus grand responsable, des morts de toutes confessions, qu'il y eut en Algérie. Vous ne dites rien pour les rues, places qui portent son nom.

       Si respecter la parole et les promesses faites sont contraires aux institutions républicaines, alors ne pas respecter et en plus payer l'ennemi (FLN) pour protéger certains puits de pétrole, vous donnez quel nom à cela, et quelles institutions le permettent.

       Veuillez agréer monsieur le président, mes sincères salutations.

M. ROUX Gabriel



Ils étaient la France Libre
Quel mal, cette désinformation médiatique
Barjols, le 19 avril 2005 - à l'attention de Marie-Noëlle Hervé     

     C'est avec beaucoup d'attention que j'ai pris connaissance de votre commentaire sur le documentaire "ils étaient la France libre" diffusé sur France 3 à 0h40, le 19 avril 2005.
     Le titre que vous y indiquez - L'étoffe des héros - correspond bien, en effet, à la valeur de ces combattants d'Afrique du Nord.
     Cependant votre commentaire m'interpelle quelque peu quant aux affirmations que vous y indiquez.
     En effet lorsque le lecteur prend connaissance de vos propos, il s'aperçoit que l''Armée d'Afrique est composée de Tunisiens, Algériens et Marocains et que cette armée est commandée par des officiers "Pieds-Noirs".
     Chère madame, vous devriez, me semble-t'il, vous informer davantage avant d'écrire des contre vérités lourdes de conséquences.
     Je m'explique. Le lecteur qui n'est pas au fait de la réalité des choses va, sans nul doute, faire une fois de plus un parallèle entre les "Pieds-Noirs" colonisateurs faisant suer le burnous à une malheureuse population indigène au cours de la "colonisation" française, avec ces mêmes Pieds-Noirs qui, au cours de la guerre, commandaient les mêmes indigènes.
     Comme je me rends compte que vous n'avez aucune information sur cette période; à moins que vous n'ayez délibéremment (une fois de plus) occulté notre communauté de ce qu'elle a réalisé pour la Mère Patrie ou peut-être que vous soyez comme beaucoup d'autres prise d'une amnésie soudaine, je me permets de vous communiquer quelques éléments qui vous éclaireront davantage sur cette période noire; enfin pour certains..pas pour tous.
     Tout d'abord dans l'armée d'Afrique, vous avez oublié de nommer les combattants d'Afrique Noire. Cet oubli me parait une injure à l'égard des Tirailleurs Sénégalais et autres combattants Africains.
     Pour ce qui relève de la composition de l'Armée d'Afrique du Nord dont la mobilisation générale sera décrétée en Afrique du Nord de 1942 à 1945, elle se composera de 173000 Indigènes d'Afrique et 168000 Européens (que vous appelez les Pieds-Noirs) et formera ainsi la 1ère Armée française. 40000 combattants d'Afrique du Nord perdront la vie (20000 Pieds Noirs et 20000 non-Européens).
     Les combattants Pieds-Noirs représentaient 23% de la population Européenne. A combien s'élevait le pourcentage des combattants Français de France?
     Les Troupes d'Afrique du Nord s'illustreront sur tous les champs de bataille difficiles: Tunisie, Italie (Monte Cassino); ce sont elles qui débarqueront en Provence avec des divisions Anglo-américaines.
     Ce sont elles qui libéreront Toulon avec à leur tête le Général Salan; ce sont elles qui libéreront Marseille en août 1944.
     18 ans plus tard Marseille et son Maire avaient oublié; il fallait que tous ceux qui fuyaient leur pays en 1962 "aillent se faire foutre ailleurs".

     Enfin êtes-vous au fait des déclarations du Général Moll chargé des FFI qui dénonçait la gloire portée sur les combattants de l'intérieur au détriment de leurs véritables libérateurs?
     Mon père qui n'était pas officier mais petit brigadier a été rappelé (j'espère que vous saisissez le sens de rappelé) en 1939 et libéré en 1945 après avoir fait les campagnes d'Allemagne, d'Italie, de France, d'Allemagne en occupation.
     Tous mes oncles ont participé aux batailles d'Italie et de France et, eux aussi, étaient simples soldats.
     Je ne connais pas une seule famille Pieds-Noirs qui n'ait eu un membre engagé dans la guerre.
     Voilà, chère madame, quelques éléments qui, j'espère, vous feront prendre conscience du mal et du tord que vous continuez à faire à notre communauté; j'ose croire involontairement.
     Il va s'en dire que je tire révérence aux combattants Musulmans, d'autant que la Patrie qu'ils ont défendu, les a lâchement abandonné quelques années plus tard.
     Je terminerai ces quelques lignes en vous précisant que nos aïeux ont combattu pour la France sur tous les théâtres opérationnels sans sourciller, sans se plaindre, sans revendiquer.
     Ce ne fût pas tout à fait le cas au cours de la guerre d'Algérie où le slogan de nombre de "combattants" était : LA QUILLE BORDEL.
     Au cours de cette guerre d'Algérie (8 ans) 7500 appelés ou rappelés (parmi lesquels également des Pieds-Noirs) ont été tués au combat ou par attentat.
     Nous Pieds-Noirs en 7 ans de guerre nous avons perdu plus de 20000 proches.
     J'allais omettre de vous rappeler qu'en 1914-1918 les Pieds-Noirs se sont également battus pour la France et que 12000 d'entre eux ne sont jamais revenus au pays.
     Je vous prie d'agréer, Madame, mes respectueuses salutations.

Régis Guillem

UNE INNOVATION
dans la recherche des Amis Pieds-Noirs
Envoyé par M. Jacques Abbonato
Pour se faire une opinion, le mieux est de l'essayer...
Alors rendez-vous à : http://www.repertoirepn.net/


LES ECHOS DIVERS
Par les VIGIES DU NET
1) RÉSERVES DE CHANGE DE L’ALGÉRIE
Par : RADAR (Edition du 3/4/2005) Liberté-Algérie

100 milliards de dollars en 2009

      Le dernier rapport du Fonds monétaire international (FMI) sur l’Algérie prévoit que “les réserves de change nationales atteindront le seuil record de près de 100 milliards de dollars US, plus précisément 94,9 milliards de dollars en 2009, c’est-à-dire à la fin du second mandat du président Bouteflika”. Le même document, qui prévoit des hausses substantielles dans les revenus pétroliers à la faveur de l’entrée en vigueur de la nouvelle loi sur les hydrocarbures, met en avant les prévisions pour chacune des années à venir. Il est prévu que l’Algérie, grâce aux recettes pétrolières, engrangera encore 39,1 milliards de dollars en 2005, 37,2 milliards de dollars en 2006, 38,1 milliards de dollars en 2007 et 37,4 milliards de dollars en 2008.

      NDLR: A ce train-là, on n'a pas fini de voir nos ministres défiler à Alger pour leur lécher le c***. Sans compter que la vente des ossements va payer les faux frais.

(envoyé par Pierre Barisain)

2) Embuscade meurtrière à Dellys

La 24 (Edition du 4/4/2005) Liberté-Algérie
Par Madjid T.

Trois jours après l’attentat de Draa El-Mizan


Un attentat meurtrier s’est produit, hier, à 10h30 dans la localité de Souinane, à 8 km à l’ouest de Dellys, lorsqu’une bombe a explosé au passage d’un convoi des services de sécurité qui accompagnait un fourgon cellulaire transportant des prisonniers de droit commun et qui se dirigeait vers la ville de Dellys.
Selon nos sources, on dénombre au moins quatre morts parmi les éléments des services de sécurité, dont un garde communal et onze blessés, parmi eux trois gendarmes grièvement touchés par les éclats de la bombe, mais aussi par les tirs des terroristes qui ont planifié l’attentat.
Selon d’autres sources, les terroristes ont fait exploser la bombe à distance avant de tirer avec des hebheb sur le convoi militaire qui a été stoppé net. Les nombreux blessés ont été transportés vers les hôpitaux de Dellys et Bordj Ménaïel, alors que d’autres dont l’état est jugé critique ont été évacués à l’hôpital de Aïn Naâdja.
Par ailleurs, on apprend que deux gardes communaux ont été blessés, hier, vers midi à Keddara par une bombe artisanale enfouie sous terre, alors que plusieurs citoyens ont été rackettés, dans la même journée, dans un faux barrage à Boukerdène, localité située entre Keddara et Zougarra.

      NDLR: Tous les survivants qui de 1954 à 1962, ont sauté sur une mine posée par "les glorieux Moujahidine, qui, comme vous le savez , n'étaient pas des terroristes," auront un certain sourire en lisant ces lignes. Nous conseillons aux historiens algériens de préparer une édition revue et prolongée du Rostagny à publier à Madrid clandestinement, comme le premier, lorsque les Emirs Islamistes aurons pris le pouvoir à Alger. Bonne chance !
(envoyé par Pierre Barisain)


3) ENCORE ! RÉSERVES DE CHANGE DE L’ALGÉRIE

Yahoo! Actualités mardi 5 avril 2005,

Les réserves de change algériennes algériennes ont atteint 44 milliards de dollars en janvier 2005

ALGER (AP) - A la fin janvier 2005, l'Algérie avait engrangé 44 milliards de dollars de réserves de change, selon les derniers chiffres publiés par la Banque d'Algérie.
Une manne financière exceptionnelle due à la stabilisation, ces derniers mois, des prix du pétrole au-dessus de la barre des 40 dollars le baril.
Selon les experts, la progression des cours portera les réserves de la Banque d'Algérie à des niveaux record, soit environ 58 milliards de dollars d'ici la fin 2005.
L'Algérie tire 97% de ses recettes à l'exportation des hydrocarbures (gaz naturel, pétrole). Cette tendance à l'accumulation des réserves de change est confirmée par le Fonds monétaire international (FMI) qui estime que les avoirs en devises de la Banque d'Algérie atteindront près de 95 milliards de dollars d'ici avril 2009.AP
ham/nim/ll



3) Qu’on se le dise, le blédard n’est pas beur !

quotidien-oran.com - jeudi 7 avril 2005.
Par Akram Belkaïd,

Blédard... C’est dans le RER, il y a dix ans, que j’ai entendu prononcer ce mot pour la première fois.

Des lycéens - beurs en majorité - chahutaient. Casquettes, vêtements et baskets de marque. Hurlements, bousculades, crachats au sol et insultes faciles : le smir façon banlieue parisienne.
Triste mais habituel spectacle sur la partie nord de la ligne D abonnée aux retards et aux « incidents voyageurs » pour reprendre l’expression pudique de la SNCF. Je lisais La Nation et le bruit m’indisposait. Peut-être ai-je laissé s’échapper un soupir bruyant ou risqué un regard désapprobateur. De quoi, en tous les cas, provoquer la réaction immédiate de l’un des yôs - terme adopté par votre serviteur pour désigner les énergumènes nourris aux clips de rappeurs mythomanes, machistes et indécents. « J’en vois un qu’est pas content ! », a crié l’un d’eux. « Laisse-le tranquille. T’as vu son journal ? C’est un blédard », lui a conseillé un autre à mon grand soulagement. Soulagement ? Ceux qui, installés dans une rame quasiment déserte, ont fait un jour l’expérience de voir soudain débouler une horde de yôs me comprendront...

Je venais donc d’être classé - et à raison - dans cette catégorie que les médias français ont toujours du mal à appréhender quand il s’agit d’évoquer les sempiternelles questions liées à « l’intégration », à « l’immigration », au « malaise des banlieues » ou encore à « l’islam des cités », etc. Le blédard, c’est le nouveau débarqué. Nouveau en comparaison de ceux qui furent transportés en France au siècle dernier et dont l’ancienneté a en quelque sorte été transmise à leurs enfants. Des enfants de nationalité française mais dont on parle encore comme des « fils d’immigrés » voire des « immigrés de la nouvelle génération » ou mieux encore comme des « immigrés français ».

Blédard... Longtemps, ce terme a désigné, non sans un certain mépris, les cousins du bled. Ceux qui vivaient de « l’autre côté » et qui parfois, l’espace d’un visa ou d’une allocation de devises (qui se souvient de « ss’hâb trente-deux mille » ?), arrivaient en France pour quelques jours ou semaines. Mais aujourd’hui, le blédard, c’est avant tout celui qui vit depuis peu en France. Il n’y est pas né et s’il y a fait ses études, c’est souvent après le baccalauréat. Surtout, il parle l’arabe, du moins la darja, sans difficulté et ne dit pas « ouala » ou « sur le Coran » quand il doit jurer. En un mot, c’est l’Arabe de France, ou mieux, le Maghrébin de France qui n’est pas beur.

Le plus souvent, le blédard refuse absolument d’être confondu avec un beur. Dans ses rapports avec les « Français de souche » ou les « Gaulois » voire les « BBR » (bleu-blanc-rouge), il s’arrange rapidement pour mettre les choses au point. En un mot, son message c’est : « Je viens de ‘là-bas’. La cité, SOS Racisme et le reste, je ne connais pas ou peu. Et si c’est possible, je préfère ne pas connaître ».

L’auteur de cette chronique n’échappe pas à la règle. Il y a quelques années, je faisais remarquer à une consoeur parisienne que je trouvais symptomatique le fait qu’aucun journaliste de notre rédaction n’était beur ou encore moins d’origine antillaise ou d’Afrique noire. C’était en 2002, quelques semaines après l’arrivée de Le Pen au second tour et l’on parlait alors beaucoup de l’intégration et de l’absence de progrès en la matière. J’ajoutais même que notre journal n’était absolument pas une exception puisque la situation était identique dans toutes les chaînes de télévision et même dans d’autres quotidiens à commencer par celui « du soir de référence » toujours prompt à moraliser le monde via ses éditoriaux mais incapable de regarder sa propre réalité discriminatoire.
« Mais... et toi ? », m’a alors demandé ma consoeur. J’ai répondu sans réfléchir mais avec beaucoup d’irritation que ce n’était pas la même chose. Que j’étais tout sauf « le beur de service ». J’étais un migrant, un étranger empli d’une autre réalité - celle de son pays d’origine - qui avait cherché du travail ailleurs que chez lui ; un Algérien qui aurait très bien pu atterrir à Doha ou à Montréal. A l’inverse, les stagiaires beurs que l’on voyait parfois passer dans la rédaction sans être jamais retenus - ils venaient pourtant des meilleures écoles de journalisme - étaient bel et bien de nationalité française. « Tu exagères ! », a insisté ma collègue en digne représentante de la bien « penseance » socialiste. « Il y a quand même des gens comme Rachid Arhab. Les choses avancent », a-t-elle ajouté. « Arhab est l’arbre qui ne cache aucune forêt », ai-je répondu pour clore cette discussion qui ne menait nulle part et qui reste encore d’actualité malgré les beaux discours et les promesses d’une télévision un peu plus bleu-blanc-beur.
Le premier observateur un tant soit peu attentif remarquera que le blédard et le beur ont des attitudes souvent différentes au quotidien. La relation que le premier entretient avec la France diffère en effet de celle qui, disons-le, oppose le second à ce même pays. Bien sûr, il y a le visa, les tracasseries à la préfecture et les obstacles - énormes, il ne faut pas se leurrer - pour l’emploi et le domicile. Mais le blédard est un optimiste. Inconscient peut-être mais optimiste ce qui le fait monter à l’assaut de citadelles dont il ignore tout de leurs défenses. Inconscience et absence de complexe qui, paradoxalement, lui ouvrent souvent des portes qui demeurent désespérément closes pour le beur. Le fait est que le blédard ne ressent pas sur son dos toute cette chape de rancoeur et même de révolte que nombre de beurs peuvent éprouver à l’égard de leur propre pays. Un pays qu’ils ne cessent d’accuser de les avoir privés du minimum de chances pour réussir.
Le blédard est déjà dans un rapport post-colonial avec la France tandis que le beur demeure - à tort ou à raison - englué dans ce « continuum colonial » que dénoncent les associations qui veulent faire de la journée du 8 mai, l’occasion de manifester au nom des « indigènes de la République ». Dans le regard, dans le discours du beur, il y a souvent un désir de revanche, une volonté exacerbée de se voir enfin reconnaître sa place dans la société française. Cela influe sur son attitude, sa manière d’appréhender les événements les plus insignifiants de la vie courante. La « beur attitude », c’est un mélange de fierté, de colère et de susceptibilité. C’est une souffrance que l’on devine mais qui ne rend pas pour autant sympathique celui qu’elle torture.



LES MASSACRES DU 8 MAI 1945
SETIF - GUELMA - LE CONSTANTINOIS
DEBUT DE 17 ANNEES DE GUERRE EN ALGERIE.


Le 8 mai 1945, la guerre est déclarée à la France, le Cheik Chekib Arslan proclame le Djihad, il demande à tous les Arabo-Islamiques d'exterminer les roumis, de détruire leurs biens, de les chasser hors des rives Sud de la Méditerranée afin de constituer une République Islamique.

C'est le début de la guerre d'Algérie.

Sétif subit la première vague, tout avait été préparé de longue date. Dans les heures qui suivent, c'est tout l'Est qui s'embrase, la frange orientale de l'Algérie entre en dissidence. En quarante huit heures plus de 103 Européens massacrés, des centaines de blessés.

Des actes ignobles, d'une violence et d'une sauvagerie jamais atteinte, sont commis. Les massacres, les viols, les attaques des villes, des villages, des fermes, des maisons forestières, l'incendie, la destruction des biens, c'est la terre brûlée, le Djihad, Djihad.

Les Musulmans partisans de la France paient un lourd tribu, plus de 800 d'entre eux sont sauvagement assassinés.

Maurice VILLARD, témoin visuel retrace par des faits précis et réels, par plus de 120 témoignages de familles ayant vécu ces journées sanglantes, le déroulement de ces journées tragiques. Il démontre par des documents irréfutables la préméditation, l'organisation, la mise en condition des masses musulmanes par les intégristes, dont le but avoué et de bouter les chrétiens hors des rives Sud de la Méditerranée.

Il décrit la façon dont le Général Duval malgré de faibles forces réussit à sauver les familles assiégées par des milliers de hordes sauvages armées dans cet irnmense territoire, juguler l'insurrection, rétablir provisoirement la paix. Il décrit également les principaux instigateurs et acteurs de ces événements.

Mais pour les Islamiques le but est atteint, c'est la préparation de l'acte final. l'indépendance de l'Algénie, le début d'une guerre de 17 années avec le 1er novembre 1954 l'assassinat du Caïd Hadj Sadoc et de l'instituteur Monnerot sur une route de l'Aurès.

( cet ouvrage est la réédition de la Vérité sur l'insurrection du 8 mai 1945
avec de nouveaux documents )

A commander à Maurice VILLARD
- 8 Impasse Foujita - 34500 Béziers
Chèque de 30 Euros (expédition + 4 Euros)
rédigé à l'ordre de A.C.E.P-ENSEMBLE


Conférences sur la Légion Étrangère
et le 1er R.E.P.
envoyé par José CASTANO
"LES SEIGNEURS DE LA GUERRE"

- De l'Indochine à l'Algérie, la Légion étrangère au combat
- L'odyssée et la fin tragique du 1er Régiment Étranger de Parachutistes en Algérie.

          Animées par José CASTANO

- Samedi 7 Mai, 15h, Hôtel Ibis - PAU LESCAR - Rocade Est Ouest, route de Bayonne - Avenue Santos Dumont - 64140 LONS (Tel. 05.59.62.90.90), organisée par le Cercle algérianiste de PAU - Entrée gratuite Un repas (facultatif) à 12h30 précédera la conférence. Inscription au 05.59.06.25.74

- Dimanche 5 Juin, 15h, au " Centre Azur ", 149. av du Nid - PORTISSOL - 83110 SANARY sur Mer (Tel. 04.94.74.18.87), organisée par l'Amicale de Zéralda, sous la Présidence de Madame la Colonel JEANPIERRE et de Monsieur Claude GUISS. dernier Maire de Zeralda.
Cette conférence se déroulant dans le cadre du rassemblement annuel des ZERALDEENS, les 4 et 5 Juin, au " Centre Azur ", revêtira, cette année, une importance particulière puisque la légion sera conviée. Toute personne désireuse de participer à ces journées. notamment aux repas, est priée de s'adresser à Mme Danielle PACOME - Tel. 04.94.07 26.17 ou 04.94.07.31.03

          De l'Indochine à l'Algérie. le conférencier évoque le vécu, l'héroïsme et les sacrifices de ces légionnaires. Fils de France non par le sang reçu mais par le sang versé. Ces soldats-loups à la démarche souple de félins dont l'uniforme collait comme une peau de bête. accoutumés à la chasse et au guet. infatigables dans le chaos minéral de l'Aurés. acceptaient le défi de la guerre dans les défilés étroits comme des pièges, sur les pilons enneigés ou brûlés par le soleil. dans l'enfer du désert où le monde mort a chassé celui des vivants. Ces hommes "soldats pour mourir " constituaient le plus beau régiment du monde ; jalousés, admirés et vénérés parce qu'ils étaient capables de mourir avec panache en criant : " Vive la Légion ! "

          ... Puis il y eut le 22 avril 1961 et le soulèvement des meilleures unités combattantes dont le 1er RFP était le " fer de lance "... sa dissolution et celle des plus belles unités parachutistes... le "cessez-le-feu " et la fin tragique de l'Algérie française... Le génocide des harkis commençait...

José Castano       

MESSAGES
S.V.P., lorsqu'une réponse aux messages ci dessous peut, être susceptible de profiter à la Communauté, n'hésitez pas à informer le site. Merci d'avance, J.P. Bartolini

Notre Ami Jean Louis Ventura créateur d'un autre site de Bône a créé une nouvelle rubrique d'ANNONCES et d'AVIS de RECHERCHE qui est liée avec les numéros de la seybouse.
Après avoir pris connaissance des messages ci-dessous,
cliquez ICI pour d'autres messages.
sur le site de notre Ami Jean Louis Ventura

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Pour des recherches par nom, Marc Mora a ouvert un site de recherche de personnes ?
Vous pouvez le voir à : http://pieds-noirs.info/recherche
Vous pouvez effectuer votre recherche à partir du module ci-dessous.
Nom recherché :


De Mme Ophélie Cardona

Bonjour, Je m'appelle Ophélie, j'ai 23 ans, ma mére est née à Bône en décembre 1961.
Elle n'a aucun souvenir de là-bas. Peut-être que quelqun se souvient d'un membre de ma famille: Cardona Rosette née en 1937 à bône, elle habitait 28 rue Burdeau, c'est ma grand mère.
Elle avait 2 frères, Georges né en 1931 et Christian né en 1938. Aujourd'hui ma grand mére et ses frères ne sont plus de ce monde.
Il n'y a donc plus personne pour nous raconter l'algérie. Malgré tout ce sont mes racines, et j'aimerai y aller un jour.
Avec un peu de chance quelqu'un se souviendra de ma grand mère Rosette.
En espèrant avoir un réponse. Ophélie
Adresse : Loulie62@aol.com

De M. Michel Mannoni

je recherche un ami, Jean louis Bucelato, avec lequel j'étais en classe au collège d'alzon de 59 à 62.
Nous étions en 6ème et en 5ème.
Si vous possédez des photos de cette époque merci de me le faire savoir.
Cordialement. Michel MANNONI
Adresse : paule.mannoni@laposte.net

De M. Pierre-Gilles Monnier

Bonjour, Je souhaite me mettre en contact evec des personnes qui ont connu ma famille: LENZINI GIGI,LENZINI ROBERT, LENZINI ARLETTE née DI-CONSTANZO, MONNIER NENETTE née LENZINI, MONNIER ANDRE militaire de carrière.
Nous habitions rue ST LOUIS à BÔNE.
Merçi de me communiquer tous renseignements sur ces personnes.
Pierre-Gilles Monnier
Adresse : pierre.gilles.monnier@cegetel.net

De M. Mamsi Rabah

je recherche les familles bonisi et la familles fayoufi, si vous avez des infos et si on peut les contacter en France depuis leur départ d'algérie, merci de me contacter,
cordialement. Mamsi Rabah
Adresse : r.mamsi@laposte.net

De M. Jacques Huver

Natif de Bone jusqu'à l'indépendance;lycée St-augustin 1954-1962.
J'habitais à la caserne des douanes à la grenouillere; j'aimerais retouver des camarades qui m'ont connu.
Jacques Huver
Adresse : ho.jack@free.fr

De Mme Sophie Moignot

Dans le cadre d'une recherche généalogique j'ai trouvé des informations sur mon arrière-grand-père qui s'est marié à Birkadem en 1892 et qui était à ce moment-là sergent surveillant au pénitencier militaire de Bône.
Comment puis-je trouver des informations plus précises sur ce pénitencier militaire ?
Y a-t'il quelque part des archives ?
Merci de votre aide. Sincères salutations.
Sophie Moignot
Adresse : ph.moignot@free.fr

De Mme Matre Elisabeth

Recherche amies de l'école Sadi-Carnot de Bone, née en 1948 et un bonjour à mes anciens voisins Galéa Grech Jovine Galéa et Roffé.
Lisette
Adresse : matre.elisabeth@neuf.fr

De Mme Marie-Jo Bugéja

Bonjour,
Je suis née à Bône en 1947, et parti en 1962. Je cherche toute photos ou infos principalement de l'école sadi-carnot, il y avait également mes frères, Bugéja José, Bugéja Alain, et Bugéja Jean Marc, mes cousins Joseph, louis, lucien, et christian Bugéja.
J'ai regardé toute les photos qui se trouvent sur votre site, il y en a de sadi-carnot, mais il manque beaucoup de noms, c'est donc pour cela que je me permet de vous envoyer ce mail pour savoir si vous connaissez des Bugéja.
Je tiens à vous dire que cette idée de site, est une trés bonne idée.
Merci d'avance, et j'espere à bientot. Marie-Jo Bugéja
Adresse : Lanouvellemarjo@aol.com

De Mme Frédérique Mizzi

bonjour
Je me présente je m'appelle Frédérique MIZZI épouse LE MERRER, moi je n'ai pas connu l'Algérie, car je suis née en 1964
Mon père ROGER MIZZI est né le 21 janvier 1936 à Bône son père ANDRE MIZZI est né le 11/01/1911 à bône et sa maman JULIENNE SALVIA est née le 16/02/1916 et le grand-père de ROGER s'appelait CHARLES dit CARMELLO MIZZI, il était contremaître dans une sté de transports qui transportait du vin.
Roger MIZZI mon père a habité à LA ROCHELLE jusqu'en 1997 environ, maintenant il habite à CHARRON en Charente MARITIME, par contre mes grands-parents entré et julienne sont décédés respectivement en 1968 et 2001.
Mon grand-père avait un atelier de menuiserie rue Eugène François en face du cercle de police. Mes grands-parents ont habité avec mon père successivement au quartier de l'Orangerie et ensuite quartier Beauséjour.
Mon grand père ANDRE avait 3 frères JOSEPH, FRANCOIS, et SALVATOR un des trois était surnommé 'milotte', un autre était chauffeur pour les transports FENECH.
Mon père ROGER étant enfant unique n'a plus revu personne depuis son départ d'ALGERIE.
J'espère qu'avec ces renseignements vous pourrez en ressortir quelque chose, j'aimerai tellement lui faire plaisir en lui retrouvant des cousins ou cousines.
Adresse : christophe.le-merrer@wanadoo.fr

De M. Marc Basoin

Je recherche, auprès des Anciens de Tlemcen, tout renseignement sur le 2e régiment de Spahis algériens, pour la période 1930-1940
Adresse : marc.basoin@laposte.net

De Mme Suzette Bonnefond-Netscher

Bonjour,
Mes avis de recherche concernent tous ceux et celles qui ont partagé les mêmes lieux ou les mêmes expériences que moi, et ce, pendant enfance et début d'adolescence à Bône, et j'espère ne pas être trop longue.
- Toute petite, c'était le club de natation de l'ASB, avec messieurs Ferrand ( j'ai été en classe avec sa fille Colette ) et Sultana. Et monsieur Ferrand qui m'avait attrapée par un bras, par une jambe et m'avait expédiée au milieu du champ d'eau, comme il le faisait à tous les petits nouveaux (lui-même plongeant derrière immédiatement bien sûr). Et les kilomètres de battements qu'on faisait, derrière notre planche de liège.
Et c'est Jo Siniscalchi (ortho ?), qui m'a appris à nager.
- Et puis l'école de Danse classique de Mme Azzopardi ( Mme Azzo, comme on l'appelait ), avec toutes les familles : les Debiage : Danièle et Joëlle, leur maman, Doris Braven, Marie-Lou Dibattista, Bertille, Anita, les Allouch, les Kanoui, Maddy Attal, Francis Schkembri : Frank Carol, et beaucoup d'autres dont j'ai oublié le nom. Je crois que tous nous devons avoir beaucoup de photos des galas ….
- Et sur la place Alexis Lambert, devant le studio de mon oncle "Christian" le photographe, et tout prêt de la maison d'un autre oncle : Joseph ou Jo Hézina, qui avait été un goal de la JBAC, avec mon cousin Francis ( bon joueur de boules ), et ma cousine Marie-Flore. Quels souvenirs sur cette place, avec tous les petits voisins et voisines, Alain Stella et sa famille, Gérard Siadoux, Anne-Marie, les fils Gallet, Pierre et André German aussi, je crois
- Et à Sainte-Thérèse, avec mes cousins Dédé et Dédette Martinez, quand on allait "devant chez Longo", avec tous les voisins : Pierre Bernard ( des vêtements Bernard ), que j'aimerais beaucoup retrouver, Bernard Lambert, Pierre Basset, la fille Monticelli, Annie et son frère, et aussi Youssef et Zerdazi, et Fella la voisine de ma grand-mère, qui nous offrait, qui partageait plutot avec nous les enfants, les galettes et le pain arabes, cuits au kèskès devant nous.
Quelles vacances on passait avec la plage Saint-Cloud tout à côté, et les parties de cache-cache dans le jardin, chez mes grands-parents, et les balades à Sainte-Thérèse ou les parties de cerf-volant !
- Et tout-à-fait à la fin, notre bande de la Menadia avec ma cousine Martine Cataldo, Claudine Christiani ( ami de classe et de la danse, j'aimerais la retrouver ), Willy Fitoussi, Guy Vangioni, Bichon Fanguières, les frères Jean-Bernard et Jean-Marie, Madeleine et Emile Kugler (eux aussi que j'aimerais les revoir), mes amis Perrotin : père ( qui m'a fait devenir forte en maths, pour le restant de mes jours …), et filles (surtout Monique, mon amie), et fils, Claudie Peccoux, Paula Toubiana. Et tant d'autres …
Et en permanence, tout au long le lycée Mercier, avec toutes les camarades de classe, jusqu'en 1962.
Voilà, j'ai occupé beaucoup de place, mais je serais tellement contente de retrouver quelques personnes, si elles se reconnaissent et si elles le désirent.
Merci d'avance à tous et grand bonjour à tous les Bônoises et Bônois.
Suzette Bonnefond-Netscher
Adresse : am.netscher@wanadoo.fr

De Mme Magali Guenegant

Bonjour,
Je voulais juste vous envoyer un message concernant votre site, sur lequel je suis tombée par hasard, en faisant des recherches généalogiques.
Mon père était originaire de Bône, et j'ai grandi en entendant toujours parler de l'Algérie. Mon père avait les yeux qui brillaient, quand il nous parlait de "son pays"... la plage de la Caroube, le cours Bertagna où il mangeait "le créponet", l'aviron sur "la seybouse" avec son club d'aviron. J'aimais l'entendre nous raconter tous ses souvenirs. Ma mère "une patos" est allée en Algérie pour enseigner, et c'est à la plage de la Caroube qu'elle a rencontré mon père. Elle a été institutrice à l'école d'hippone à Bône, et ensuite à Souk-ahras.
Votre site m'a rappelé tout ça. Mon père nous a parlé de l'Algérie toute sa vie, il voulait tant y retourner une dernière fois, mais il n'a pas pu. Il est décédé en 1996. Et sans jamais y être allée moi-même, j'ai l'impression de la connaître cette ville dont il m'a tant parlé, ou il a été tant heureux. Et hier, de voir les photos de Bône, ce fameux cour Bertagna, ça m'a donné envie de vous écrire ce mot. Ce site est un merveilleux lien avec tous ceux qui ont dû quitter leur pays, et si mon père était encore parmi nous, il aurait été très heureux de lire les témoignages, histoires et voir les photos de "Sa" ville. J'ai grandi avec une photo de la plage de la Caroube, accrochée dans notre salon.
Ce site me permettra de montrer à mes enfants d'où vient leur grand-père, je veux qu'ils connaissent leurs origines.C'est la raison pour laquelle j'effectue des recherches généalogiques sur la branche paternelle. J'ai réussi à retrouver le grand-père de mon grand-père né en 1855 à Bône, il ne nommait DI BATTISTA Antoine, fils de DI BATTISTA Salvator né en Malte. C'est là que je suis bloquée.
Et notre nom s'est transformé en DIBATISTA, vers 1801, à la naissance de mon grand-père.
Si vous connaissiez un site pour continuer mes recherches, je vous serai reconnaissante de me l'indiquer.
En tous les cas, bravo pour votre site, c'est un merveilleux témoignage.
Magali Guenegant
Adresse : magali.guenegant@wanadoo.fr

De M. Bernard Berthion

Bonjour,
je recherche l'historique du 3ème Régiment de marche de tirailleurs ( Bône ) en 1914-1918 .
Cordialement BB
Adresse : bbberthion@evhr.net

DIVERS LIENS VERS LES SITES

Chers amis
Le collectif Guelmois vous invite à visiter son site sur la nouvelle adresse
Vous retrouverez votre site sur la page des sites Pieds-Noirs des Pyrennées Orientales, avec Bône et Palikao à l'adresse suivante :
http://www.piednoir.net
Pour le collectif GUELMA FRANCE, le webmaster
gilles martinez
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Bonjour,
Une petite merveille de livres sur l' Histoire de l' Algérie à télécharger et notamment dans répertoire "RESERVE" liste des ouvrages et page 48 : le livre d' Or de l' Algérie
http://www.algerie-ancienne.com/livres/livres.htm
Un grand merci à M. Spenato pour ce travail considérable.
Bien cordialement
Marie-Noelle Escoffier
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le site de Bône de notre ami Jean Louis Ventura a été mis à jour
partie retrouvailles le toit collectif bônois
la marine en Algerie ajout de photos de monsieur Bonhomme son père a fait son service militaire a Bône
http://perso.wanadoo.fr/jlvbone/
Une visite à réserver.
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Bonjour, je suis en train de développer des photos
et de construire un site à cette adresse: http://pompiste.free.fr/
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Bonjour, je vous invite à découvrir le site de la Colonne à Bône
http://perso.wanadoo.fr/gabyroux.bone/accueil.htm

Ca vaut un petit détour amical. Gabriel Roux, son créateur
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Le site d'Armand Belvisi,Armand Belvisi - L'heure de sa Vérité ; Son Combat ; Ses Images, Ses Revendications ; Son Message ; Son Proces, La Prison ; Son Temoignage ; Ses Actions ; Les Reconnaissances ; Le Film De La Verite ; Son Appel A La Jeunesse ; Son Livre
http://www.armand-belvisi.com/

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Eglise catholique d'Algérie, si vous voulez savoir...
http://www.ada.asso.dz/sommaire.htm

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MISE A JOUR DES RUBRIQUES
  1. Rubrique "Pieds-Noirs Armée" : deux photos de Marc Spina
  2. Rubrique "Algérithéque" : Deux Resumés de livres
  3. Rubrique "Où sont-ils ?" : une nouvelle rubrique consacrée à Duzerville par Thérèse Sultana
  4. Rubrique "Où sont-ils ?" : 2 photos de garçons par Marc Spina
  5. Rubrique "Où sont-ils ?" : 9 photos de filles par Jacqueline Castaldi
  6. Rubrique "Où sont-ils ?" : des identifications nouvelles sur les N°2, 87, 109 par Magliuli, Sardella, Lunardelli et Zammit
  7. Rubrique "Insolites" : Mise à jour des medecins et sages-femmes et ajout des notaires

L'équitation.....
Envoyé par Laurent Chanony
Une blonde prend la décision de pratiquer l'équitation.

Bien qu'elle n'ait pas la moindre expérience préalable, elle monte, hardiment et sans hésiter, sur le dos du cheval. Ce dernier, d'un bond, s'élance au galop.
Il galope longuement et à vive allure, mais la blonde commence à glisser de la selle.
Terrorisée, elle s'agrippe à la crinière du cheval, mais ne semble pas pouvoir s'assurer une prise ferme. Elle essaie alors de jeter ses bras autour du cou du cheval, mais ses efforts sont vains.
Elle continue de glisser inexorablement le long du flanc du cheval.
Imperturbable, le cheval maintient sa vitesse, apparemment ignorant de la situation périlleuse de sa cavalière qui, peu à peu, perd prise.
La blonde tente alors le tout pour le tout. Par un bond salvateur, afin de se préserver, elle saute au loin.
Malheureusement, son pied se prend dans l'étrier. Maintenant elle est exposée au martèlement des sabots ; et puis sa tête heurte le sol à diverses reprises.
La scène est dramatique.
Elle est sur le point de perdre connaissance.
Mais, fort heureusement, Valentin, le vigile d'Auchan intervient et débranche le cheval.



Image Jean Louis Ventura
Envoi de M. Jean Louis Ventura
Vous venez de parcourir cette petite gazette, qu'en pensez-vous ?
Avez-vous des suggestions ? si oui, lesquelles ?
En cliquant sur le nom des auteurs en tête de rubrique, vous pouvez leur écrire directement,
c'est une façon de les remercier de leur travail.

D'avance, merci pour vos réponses. ===> ICI


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