Bône, le 18 Août 1860                               LA SEYBOUSE

17ème Année    N° 781                                  JOURNAL DE BÔNE

 

COURRIER

 

FRANCE. ‑ Le départ des premières troupes françaises de l'expédition de Syrie a eu lieu, et le Moniteur du 8 août publie l'allocution que l'empereur a adressée la veille aux 13e et 5e régiments de ligne, qui se sont mis également en route pour la même destination.

Voici l'allocution de l'empereur

« Soldats,

Vous partez pour la Syrie, et la France salue avec bonheur une expédition qui n'a qu'un but, celui de faire triompher les droits de la justice et de l'humanité.

» Vous n'allez pas, en effet, faire la guerre à une puissance quelconque, mais vous allez aider le sultan à faire rentrer dans l'obéissance des sujets aveuglés par un fanatisme d'un autre siècle.

» Sur cette terre lointaine, riche en grands souvenirs, vous ferez votre devoir et vous vous montrerez les dignes enfants de ces héros qui ont porté glorieusement dans ce pays la, bannière du Christ.

Vous ne partez pas en grand nombre, mais votre courage et votre prestige y suppléeront, car partout aujourd'hui où l'on voit passer le drapeau de la France, les nations savent qu'il y a une grande cause qui le précède, un grand peuple qui le suit. »

Les récits des massacres de Damas continuent à occuper douloureusement le public, et tout le monde compte en quelque sorte les pas de ces soldats libérateurs qui vengeront la civilisation et l'humanité.

L'armée napolitaine semble vouloir se masser autour de Naples, en vue d'une tentative de Garibaldi qui paraît imminente.

(Journal des travaux publics).

 

ANGLETERRE. - La correspondance anglaise du Constitutionnel raconte de la manière suivante l'effet produit à Londres par la lettre de l'empereur :

«  Lundi, une rumeur courut dans la Cité que le cabinet avait reçu une communication impériale de haute portée. Mardi, la lettre de l'empereur à M. de Persigny paraissait en anglais dans tous les journaux. Le lendemain, elle était publiée dans le texte original. Son premier effet accusé fût celui de l'étonnement et du doute. On ne remonte pas sans quelques efforts de volonté un courant qui nous emporte depuis tant de temps. Mais si les hommes politiques ou prétendus tels accueillirent le document avec une certaine réserve, si pour d'autres il fût la cause d'une satisfaction d'orgueil, la communauté commerciale n'y mit pas tant de finesse et l'accepta franchement et sans arrière-pensée. Cette lettre dissipait les nuages amassés par la question italienne, restituait leurs proportions réelles aux gigantesques armements de la France sur terre et sur mer, tels que nous les apercevons à travers le grossissement de nos frayeurs ; enfin, elle simplifiait le conflit oriental en évoquant loyalement le concours moral et matériel de la Grande-Bretagne.

» Le commerce anglais ne pouvait demander davantage. Aussi, sans se perdre dans l'examen des causes secondes et sans fouiller le terrain des futurs contingents, se prit-il à penser que la lettre impériale scellait à nouveau l'accord intime des deux gouvernements et des deux pays. La hausse se manifesta dès lundi et s'accrut le lendemain. Mercredi, le marché voyait tout en rose. Les consolidés se cotaient à 93 3/4 à 7/8, accusant en trois jours une amélioration de demi à trois quarts pour cent. Les valeurs industrielles gagnaient en moyenne 50 fr. par action. Il n'est pas jusqu'à ce malheureux 6 0/0 turc fortement déprimé par les massacres de la Syrie qui ne reprit sa cote des premiers jours de juillet.

» La bourse de Paris devait, à plus forte raison, se mouvoir d'après les idées de hausse. Mieux que celle de Londres, elle savait à quoi s'en tenir sur l'état militaire et naval de la France; elle n'avait point en perspective les énormes crédits qui surchargent notre crédit pour l'Inde, la Chine et nos défenses nationales.

» Cependant, vos spéculateurs s'inquiètent au moment où les nôtres se rassurent; nous enflons nos voiles, vous carguez les vôtres, et précisément parce que nous ne comprenons rien à cette démonstration, nous nous alarmons, comme il est permis de s'alarmer de ce qui est obscur et inconnu. »

ITALIE. ‑ On lit dans l'Indépendance belge du 8 août :

« Il règne toujours quelque incertitude sur les mouvements de Garibaldi en terre ferme. La Patrie, confirmant le débarquement en Calabre, annonce l'investissement du fort de Scylla, situé sur la côte calabraise en face de Messine, à environ cinq kilomètres de la pointe du Phare, et pour toute nouvelle rassurante de Naples, les journaux officieux en sont réduits à dire que la tranquillité y régnait encore à la date du 6.

 

» La Patrie ajoute que Garibaldi, dans sa réponse au roi Victor-Emmanuel, a fait valoir, comme un des principaux motifs de son refus d'arrêter sa marche contre Naples, la nécessité d'avoir à sa disposition une forte marine - celle de Naples est la première de l'Italie ‑pour l'exécution de ses projets contre Venise, dont la délivrance reste pour lui un devoir sacré.

» Comme, d'autre part, d'après des bruits généralement répandus, M. Farini aurait obtenu à Gênes qu'aucune expédition ne serait dirigée contre Rome - une de nos lettres parle d'un commencement d'exécution des plans d'invasion d'abord arrêtés - on en conclut que Garibaldi dirigera plutôt ses efforts contre la possession autrichienne que contre les états pontificaux.

» De là résulte nécessairement pour le Piémont une situation très-embarrassante, s'il ne veut pas abandonner à Garibaldi le rôle que lui-même a rempli jusqu'à présent. »

 

ALLEMAGNE. - On écrit de Berlin, le 5 août, à la Gazette de Cologne :

 

« La Prusse a répondu à la note française demandant l'adjonction de l'Espagne aux grandes aux grandes puissances. Cette réponse rend hommage aux nobles qualités de la nation espagnole et aux progrès marqués qu'a fait l'Espagne depuis quelques années pour l'affermissement de son organisation politique et le développement de ses sources de richesses, mais elle n'accepte pas purement et simplement, comme la note de l'Autriche, la proposition de la France en faveur de l'Espagne. Le cabinet de Vienne s'attend avec raison à trouver dans celui de Madrid un allié pour la défense des possessions du Saint-Siège, menacées par la révolution. Ce serait là pour elle un léger dédommagement de ce que, dans la plupart des autres questions, la voix de l'Espagne irait peser encore dans la balance du côté de l'influence française.

» La Prusse, au contraire, n'a à tenir compte que de cette dernière considération, et d'ailleurs elle ne peut désirer que les voix des puissances catholiques se trouvent renforcées dans le concert européen s'il n'y entre aussi une nouvelle puissance protestante. La note prussienne déclare donc que la Prusse ne donnera son assentiment à l'admission de l'Espagne dans le conseil des grandes puissances qu'à la condition que la Suède y soit admise aussi. Il n'y avait point pour la Prusse de motif de faire une allusion comme celle que contient la note autrichienne, voilée, mais saisissable, au sujet du Piémont. Si la nouvelle puissance italienne parvient à s'affranchir de l'influence française, la Prusse n'aura pas de raisons de la tenir éloignée des délibérations des grandes puissances. »

 

TURQUIE. - Une lettre écrite de Constantinople au Sémaphore de Marseille semble accuser un peu de panique et d'exagération les chrétiens qui habitent la Turquie. Il termine par les réflexions suivantes :  

 

« Certes, de grands malheurs ont eu lieu en Syrie, le sang a coulé en abondance, et l'on ne peut savoir encore si l'effusion en est arrêtée. Mais en Syrie, ce ne sont pas les Turcs qui ont versé ce sang; eux-mêmes ont eu à souffrir de la fureur sauvage des Druses et des Bédouins. En Syrie, près du désert, les Turcs sont peu nombreux; mais dans les grandes villes, à Constantinople, à Salonique, à Andrinople, à Smyrne, dans tous ces grands centres où les Européens sont nombreux, les Turcs forment le fonds de la population, population paisible qui n'a rien des mœurs barbares des Druses et des Arabes du désert, et qui a toujours vécu en bonne intelligence avec les Européens. Voila ce qu'on devrait comprendre en Europe; on devrait savoir y faire ces distinctions de races, et surtout on ne devrait pas ajouter aux alarmes de nos Européens par des articles de journaux qui dénaturent les faits.»                              Pour extrait : DAGAND.

 

 

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RÉPONSE À M. Louis JOURDAN.

 

Nous nous sommes promis d'examiner à tête reposée l'article de M. L. Jourdan sur les chemins de fer algériens. – Tenons-nous parole.

Pour bien saisir la portée de cet article dont nous citions un passage dans notre dernier numéro, il faut le réduire à ses thèses principales; en voici le résumé :

« Les chemins de fer en Algérie sont une oeuvre excellente, mais il faut qu'ils réussissent.

» Pour réussir, il faut que ces chemins traversent des centres abondants de population et des campagnes travaillées.

« Or, en Algérie, rien n'est fait, et l'homme lui-même y fait défaut.

» Donc il faut un système de colonisation qui arrive à créer la main-d’œuvre et le produit. »

 

Ces propositions, sur lesquelles M. Jourdan a dressé son article, sont plus ou moins exactes ; mais elles sont toutes évidemment dictées par un sentiment bienveillant à notre colonie. Pour cela, tout d'abord, elles méritent considération.

Examinons les deux premières : il faut que les chemins de fer algériens réussissent, d'où se déduit la nécessité de traverser de grands centres et des champs cultivés.

Il est certain que le moindre insuccès ferait un tort considérable à l'Algérie. Les capitaux se retireraient avec méfiance, le gouvernement central se découragerait, si les trois tronçons qu'on a décrétés ne donnaient pas de résultat.

Admettons cependant qu'ils ne réussissent pas. Sera-ce la faute de l'Algérie et cela prouvera t-il absolument que les chemins de fer y soient impossibles ou même prématurés? Non.

Cela prouvera seulement qu'on s'est trompé dans le choix de ces premiers essais.

Que se propose-t-on, en effet, dans l'exécution de ces petits bouts de rail-way ? A quoi mèneront-ils? A voiturer un peu plus rapidement dans trois on quatre ans denrées et gens d'Alger à Blidah et d'Oran à Saint-Denis.

 

Ensuite? - Depuis que la colonie existe, les marchandises importées pénètrent dans les artères du pays; les marchandises exportées arrivent à la mer. - Quel changeaient va-t-il donc s'opérer lorsque l'importation d'Alger et d'Oran sera poussée quarante ou cinquante kilomètres plus avant dans le pays et que les produits destinés à l'exportation stationneront à Blidah et Saint-Denis, avant de gagner les ports d'embarquement? On recule imperceptiblement la difficulté, voilà tout. Quelques intérêts seront déplacés; Blidah et Saint-Denis paieront le vin un peu moins cher. Mais point de résultat général.

- Dans une contrée où la production et la consommation émaillent trois cents lieues de longs sur cent de profondeur, la belle avance de changer le mode de transport sur douze ou quinze lieues de parcours. - Un si mince avantage ne vaut pas l'argent qu'il va coûter et nous doutons fort qu'il en paie la rente.

S'il en est ainsi, nous dira-t-on, comment a-t-on pu se fourvoyer si grossièrement ? - Selon nous, on s'est trompé, parce qu'on a eu, comme toujours, le tort de ne consulter que les sommités administratives et non les vrais intéressés. - Les voies ferrées qu'on a décrétées ont été tracées non en vue du peuplement ou de la culture de la colonie, mais selon la convenance des fonctionnaires et de leurs amis, à l'avantage de cinq ou six villes favorisées. Et, depuis trente ans, il en a été ainsi de tout et toujours. L'Afrique n'a existé que pour les fonctionnaires et n'a été exploitée que pour eux. Le reste est une vile plèbe qui se tire d'affaire comme elle le peut.

 

Mais revenons : pour notre part, nous craignons donc que l'essai qu'on va faire ne soit nuisible, parce qu'il manquera le but et qu'on accusera, comme toujours, le pays des torts de l'administration.

Alors que fallait-il faire, nous demandera-t-on, sans doute?

En répondant à cette question, nous réfutons du même coup, on du moins nous contrôlons la seconde proposition de M. L. Jourdan.

Un tracé de chemin de fer peut viser à deux résultats opposés.

 

Dans un pays riche et peuplé le rail-way peut avoir uniquement pour but de relier ensemble des centres populeux, commerçants, dont il n'augmente pas, mais dont il facilite les relations.

Dans un pays nouveau, le rail-way doit avoir en vue au contraire, non de desservir des centres, mais d'en créer.

Pour cela, il faut entreprendre tout d'abord de longs trajets, afin de porter la vie sur beaucoup de points; passer par les contrées les plus fertiles, afin de faire naître et de recueillir le plus de produits possibles.

M. Jourdan veut que les chemins de fer traversent des centres de populations actives, des campagnes fécondées par le travail. - Oui et non. M. Jourdan se trompe s'il veut dire que ces éléments de prospérité doivent préexister. - C'est au rail-way à les créer lui-même.

 

Qu'il passe seulement, et les Villes naîtront derrière lui, à une condition toutefois; c'est qu'il traversera des pays féconds, d'un travail facile, où puissent s'installer des exploitations étendues.

 

Jusqu'à présent nous avons omis, à dessein, de parler du chemin de Stora à Constantine. Habitant Bône, si nous eussions débuté par critiquer ce tracé, on n'eût pas manqué de dire que nous sonnions la cloche de notre paroisse. Cependant, de bonne foi, n'est-ce pas à lui surtout qu'il faut appliquer le reproche que nous adressions aux autres : pourquoi s'encaisser dans une vallée étroite, sans développement présumable, où de nombreux tunnels sont nécessaires, pour diminuer de moitié le prix des transports sur un trajet de soixante et onze kilomètres? A combien de gens cela profitera-t-il? Ne valait-il pas mieux faire ce que font les Américains, une longue trouée à travers de bons pays, plutôt que de recommencer en faveur de villes d'une médiocre importance les joujoux de Saint-Germain et de Versailles?

(La suite au prochain numéro.)                                  OLIVIER.

 

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Anciens militaires

DE LA RÉPUBLIQUE ET DE L'EMPIRE.

 

Les demandes de secours étant journellement encore adressées au gouvernement par d'anciens militaires de la république et de l'empire, S. Exe. M. le grand-chancelier de l'ordre impérial de la Légion d'honneur vient de prescrire un nouveau recensement de ces derniers.

En conséquence, tout ancien militaire de la république et de l'empire qui n'aurait point encore participé à aucun secours est invité à se présenter sang retard au secrétariat de la mairie de Bône, pour s'y faire inscrire et déposer ses titres.

Bône, le 17 août 1860.

Le maire, LACOMBE.

 

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SOUSCRIPTION

en faveur des Chrétiens d'Orient.

 

Au récit des massacres dont l'Orient vient d'être le théâtre, la France s'est justement émue et des souscriptions se sont spontanément ouvertes de toutes parts.

L'Algérie ne saurait rester insensible à cette grande infortune; elle voudra contribuer pour sa part au soulagement des familles chrétiennes si cruellement éprouvées.

En conséquence, le maire fait un appel aux sentiments charitables de ses administrés. Il compte sur leur empressement habituel à secourir les malheureux et les invite à venir sans retard déposer leurs offrandes.

- Des listes de souscription sont ouvertes à cet effet au secrétariat de la mairie et au bureau du Journal la Seybouse.

Les noms des souscripteurs seront ultérieurement publiés dans le journal de la localité.

Bône, le 16 août 1860.

Le maire.  LACOMBE.

 

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Voici les principales dispositions du décret de l'empereur relatif au mode d'aliénation des terres cultivables en Algérie :

Les terres appartenant à un titre quelconque à l'état sont affectées en totalité ou en partie à l'établissement de périmètres de colonisation. Réserve y est faite, s'il y a lieu, des terrains propres à l'exécution des travaux publics, à la fondation de villes, de villages et hameaux, à la formation des communaux ou autres besoins d'établissements publics.

Les terres comprises dans les périmètres de colonisation sont aliénables par vente à prix fixe ou par vente aux enchères publiques. Elles peuvent aussi être aliénées par vente de gré à gré, par voie d'échange, par voie de concession.

De la vente à prix fixe. ‑ Les ventes à prix fixe sont affranchies de toute charge relative à la mise en valeur du sol. Le prix de chaque lot à vendre est fixé par le ministre, sur l'avis d'une commission composée du préfet ou du général commandant la division, du chef du service des domaines, d'un membre du conseil général, désigné par le ministre, et de deux autres personnes également désignées par lui.

Le prix est payable par tiers, dont un tiers comptant, et les deux autres d'année en année. Au moment du paiement du premier tiers du prix, le receveur des domaines fait signer à l'acquéreur le contrat de vente et le fait mettre immédiatement en possession.

Le contrat de verte est enregistré et transcrit aux frais de l'acquéreur, qui en reçoit l'expédition.

Si deux ou plusieurs personnes voulant acquérir le même lot se présentent le même jour, une enchère publique est ouverte à huitaine par les soins du receveur, et le lot est acquis au plus offrant.

De la vente aux enchères publiques. - La mise à prix des terres désignées pour être vendues aux enchères publiques est établie par expertise. Les adjudications ne sont valables et exécutoires qu'après l'approbation du ministre. Cette approbation doit toujours précéder l'entrée en possession de l'adjudicataire, à moins qu'il n'y ait urgence reconnue.

De la vente de gré à gré. - Les aliénations de gré à gré ne peuvent être faites qu'en cas d'indivision, d'enclave et de préemption légale ou d'indice de possession de bonne foi. Elles sont précédées d'une estimation contradictoire. L'acte de vente, dressé par le directeur des domaines, est transmis avec avis au ministère. Il est statué définitivement par un décret impérial rendu sur le rapport du ministre.

De l'échange. - Toute demande d'échange doit être adressée directement au ministre. S'il estime qu'il puisse y avoir lieu à échange, la demande est renvoyée au préfet ou au général commandant la division.

Il est fait estimation contradictoire des biens par experts. Les résultats de l'expertise sont constatés par un procès-verbal affirmé par les experts.

Le contrat d'échange détermine la soulte à payer, s'il y a lieu; il contient la désignation de la nature, de la consistance et de la situation des immeubles, avec énonciation des charges et servitudes dont ils peuvent être grevés; il relate les titres de propriété, les actes qui constatent la libération des prix, enfin les procès-verbaux d'estimation qui doivent y demeurer annexés.

L'acte d'échange, ainsi que toutes les pièces et titres, est déposé aux archives de la direction des domaines.

Des concessions. - Le ministre peut faire des concessions d'une contenance au maximum de trente hectares, au profit d'anciens militaires, d'émigrants ou de cultivateurs résidant en Algérie. Les travaux imposés à ces concessionnaires seront limités à la construction d'une habitation.

Est affranchi des obligations relatives aux plantations et au mode de mise en culture, tout propriétaire d'une concession accordée antérieurement au présent décret qui aura rempli la condition de bâtir stipulée dans son titre.

 

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Chronique locale.

 

La fête du 15 août, fête de l'Assomption et de l'empereur, a été solennisée cette année comme de coutume avec beaucoup de bonne volonté. - Le matin, à la messe officielle, sous les Allées, nous n'avons pas retrouvé l'ordre accoutumé, pas de haies, de soldats, pas de chaises préparées pour les dames; l'après-midi, la fantasia et les courses des chevaux ont été complètement supprimées. - On en a fait l'économie; mais, en revanche, à la nuit, la ville et les promenades ont été délicieusement illuminées. Le bal, installé devant le théâtre, a duré longtemps.

On assure qu'avant midi quatre montres avaient été volées à la tire par un artiste émérite.  Il faut bien que tout le monde s'amuse.

 

Le soir, M. le général commandant la subdivision a réuni chez lui MM. les officiers de la milice et de la garnison, ainsi que les divers fonctionnaires de l'administration.

 

- Nous nous étions promis de reproduire le compte-rendu de la distribution, des prix du collège communal de Bône, tel que nous le devons à l'obligeance de M. Nathan Lévy nous voulions aussi faire connaître au moins par extraits le remarquable discours prononcé à cette solennité par M. Buc, l'un des professeurs, malheureusement l'espace nous manque. "Nous le regrettons d'autant plus vivement que le sujet de ce discours est habilement choisi; c'est un rapprochement entre deux traités sur la vie heureuse, écrits l'un par Sénèque et l'autre par le célèbre évêque d'Hippone. Après avoir constaté dans Sénèque jusqu'où peuvent aller les lumières naturelles, M. Buc montre combien est supérieure la doctrine du père de l'église, du saint, du prélat que les clartés du christianisme ont touché et inspiré.

 

- Les opérations de la caisse d'épargnes seront présidées demain dimanche, 19 août 1860, par M. Savona, administrateur de service.

Pour la chronique locale:  DAGAND.

 

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Faits divers.

 

On nous annonce que M. le baron de Chazelle qui a fait comme volontaire la campagne d'Italie, vient de partir pour la Syrie, afin de prendre du service auprès d'Abd-el-Kader.

 

- Le Journal des Débats, annonce qu'on fait faire pour Abd-el-Kader une décoration en diamants qui ne coûtera pas moins de 14,000 fr.

 

- Le colonel Abdebal, du 1er régiment de spahis, vient d'être nommé, dit-on, commandant de la cavalerie du corps expéditionnaire.

 

- M. le général comte de Goyon, commandant de la division française de Rome, vient d'arriver à Paris, en vertu d'un congé. Plusieurs journaux italiens annoncent de nouveau que l'effectif des troupes françaises de Rome va être diminué; cette nouvelle manque complètement d'exactitude.              (Sémaphore).

 

‑ Le gérant du Courrier de Paris vient d'adresser la circulaire suivante aux abonnés de cette feuille :

« Paris, le 2 août 1860. - Dans notre numéro d'hier, 1er août, nous avons annoncé l'arrestation de M. Clément Duvernois, rédacteur principal du Courrier de Paris.

» M. Clément Duvernois a été condamné par arrêt par défaut de la cour impériale d'Alger, en date du 13 juillet dernier, à trois mois de prison, pour avoir contrevenu aux lois sur la presse, par la publication de diverses brochures politiques.

» Dans cette situation, nous sommes forcés de suspendre momentanément la publication de notre feuille.

» Cette mesure sera essentiellement provisoire, et votre abonnement sera continué aussitôt la réapparition du journal : l'échéance en sera prolongée de manière à compenser l’interruption que vous aurez éprouvée.

POUR Ies faits divers : DAGAND.

 

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Annonces légales.

 

Suivant conventions verbales en date du neuf août courant, le sieur Germain Constant, représentant de M. Debono pour l'exploitation de la cantine de la Seybouse, a vendu au sieur Denot tous les objets qui existaient en ladite cantine, et ce, moyennant le prix convenu entre eux.

Etude de Me PASQUIER, notaire à Bône.

 

A PLACER

PAR HYPOTHÈQUE

 

Plusieurs sommes de 50,000 fr. , 40,000 fr.,

30,000 fr. et au-dessous.

S’adresser audit Me Pasquier.

M. JOUBERT, ancien juge au tribunal de Bône, en retraite, a ouvert un cabinet de consultations, rue de l'Arsenal, maison Seyman.

 

AVIS aux CHASSEURS.

Le public est prévenu que la chasse est interdite dans la partie du territoire des Béni-Urgine, comprise dans un périmètre qui, partant du lac Boukmirah, suit la mer jusqu'au lac de Guérah-Djemel, de ce lac remonte le cours du Bouallalah et suit ensuite le chemin de Bou-Hadjar à Bône jusqu'aux terres, Karési, englobe le domaine de Bodj-Sammar et revient se fermer au lac Boukmirah.

Des gardes assermentés sont chargés de faire respecter cet avis






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