Ac Micheline Ostermeyer
Augu et Moi


JEUDI qu'il est passé ac Augu on s'en allait à la Tsous-Préfecture quand on se croise l'ami Bibert.

- « Te viens ac nous autres oir la Micheline » qui dit Augu.
- Ou ça, à la gare ? Y a une nouvelle machine qu'elle est venue ?

- Non ! espèce de bon à rien, abruti par les cacaouètes ; c'est Micheline Ostermeyer, la championne qui te lance le dixe et le poids. Grâce, à elle le drapeau français il a monté en l’air deux fois dessur le mat olympique et mainant elle vient à Bône pour jouer le piano pourquoi c’est un premier prix Conservateur de Paris.

- Alors je va me changer. Vous autres vous êtes nickel comme pour faire une demande en mariage.

On se le laisse tomber et nous rentrons. Je connaissais par l'antérieur de la Sous-Préfecture, ma l'estérieur, en dihors c'est pas mal à part les estatues d'en haut l’entrée. La vérité cuilà qui se les a esculpté y devait aimer les grosses femmes. Te dirais les négresses de 200 kg qui se chantent en Amérique sauf qu'elles sont blanches et que une elle tient à la main un gros dabbous ac un tornaga attaché au bout et l'autre la torche des pompiers pour le 14 Juillet...

Nous rentrons dans un grand salon que te dirais une église grecque, ac des colonnes de partout et des feuilles d'archange tsur les murs.

Y a pas à dire y a une bonne encaustique dans cette salle et t’y entendrais voler même une mouche à miel tellement ça resonnait.

Plein il était le salon quand Micheline elle a monté l'estrade où y avait un grand piano ac une porte ouverte et un baton qui se la tenait pour pas que le vent y se la ferme. Y parait que, c'est un piano à queue : j'a cherché la queue et je me l'a pas trouvée...

On a cassé les mains quand Micheline habillée d'une robe d'un bleu... bleu elle a salué le monde ac un sourire gentil.

A peine si je me la reconnaissais. L'athlète y s'avait changé dans une jeune fille timide...

Elle a fait sissite tsur le tabouret, elle recheflit un peu et s'attaque le premier morceau. Ça de la puissance t'y aurais cru entendre tous les pianos à Roques jouer tous à la fois ensemble et pis tout d'un coup plus rien. Ça devenait doux comme le miel, un petit murmure comme une source de Bigeaud.

A côté moi Augu et Bibert y se rouvraient la bouche comme les goujons du Cap Rosa quand y s'attendent l'amorce pourquoi c'était la première fois qui s'assistaient à une récitation de piano.

Dans les autres morceaux, c’était tout des maillonades, difficiles un tas ; la main gauche elle tapait à droite et la droite elle jouait à gauche. Je sais pas comment les mains elle s'embrouillait pas.

Le public c'était de l'estra ; tout ça que Bône y comprend de connaissances, des femmes, des jeunes filles, des étudiants et... nous autres.

A un moment donné je ois Augu qui remuait tsur sa chaise comme si, on lui aurait mis du fluide glacial.

- Te veux rester tranquille o tête de lard que j'y dis.

-C'est pas ça qui me repond, te ois la femme dà côté moi qu'elle a le chapeau à la Robin des Bois ac la plume de côté et qu'elle est belle comme une « pickup girelle » et ben ac sa plume elle me chatouille l'oreille sans faire entention ».

- « Ferme là et écoute que j'y dis ».

Après un entraxe de dix minutes, un jeune il est venu essuyer le piano et Bibert qui croyait qu'il jouait y se l'a applaudi. Comme au ballon j’y a donné un coup de pied dans le tibia pour me le faire rester tranquille. On a entendu ensuite (pourquoi j'a regardé le menu) du Liste, du Chopin dans la « fantaisie du Mineur » et Claude de Bissy dans « ça qu'il a vu le vent d'ouest ». Ce darnier morceau tellement il a été bien rendu que j'a mis le pardessus, pas pour partir, ma parce qu'il me semblait riellement, que le vent y soufflait. A la fin le public, dans le délire il a bissé et Micheline, sans se faire prier elle a joué un morceau où y avait un monde de variantes que t'y aurais dit la cage de oiseaux à Farfatte...

On s'avait passé une bonne soirée ; on s'a été feliciter Micheline et, on a parlé à la bonne blanquette du sport, de la musique et patati et patalà...

« Aureoir Micheline bonne sanche et à bientôt. T'y es une véritable ambassadeur du sport et du piano et ta mère la France, fière elle peut z'être de sa fille ».

Envoyé par Marc Dalaut