LES SOULIERS DU PIED-NOIR


D'Espagne, mon grand-père un jour est arrivé
Il n'avait même pas de souliers.
En Algérie, c'était déjà un émigré ;
Pour vivre, les vignes il s'est mis à tailler,
toujours pieds nus il a marché avec espoir,
sans le savoir il est devenu un pied-noir.
Pour une paire de souliers cloutés,
mon grand-père un jour s'est engagé
et pour la guerre de 1870
sa famille l'a vu partir réjouit.

Mon père, avait lui, et c'était un progrès,
une paire d'espadrilles légèrement usées.
Mais pour ces satanés souliers
comme son père; il s'est enrôlé
pour défendre en 1914, la France attaquée.

Moi son fils, j'avais des souliers,
mais la France, je l'aimais.
Alors, pour défendre la liberté
de mon pays, encore une fois saccagé,
pour la guerre de 39, j'ai été appelé.
Sans penser à ma vie que j'allais risquer,
j'ai avec courage, méprisé le danger.

Maintenant, à la fin de ma vie,
après mon douloureux départ d'Algérie,
je ne peux plus mettre mes souliers,
car pour la France, après avoir tant marché,
J'ai surtout gagné des cors aux pieds.

Offert par M. Félicien Gilles