LES DEUX ENFANTS DE LOUP
"Harmonies Bônoises"
de Louis Lafourcade éditées en 1926

Envoyé par André Gabard

En dessur des vieux vélos sport
Sell'es pédall's guidon : oualou,
A le Cimetière des Morts
I' s'en vont deux Enfants de Loup.
Un qui se joue l'accordion,
L'autre qu'il a pas l' instrument,
Ma, qui se tap' les guimps dans l' ton
En guise de l'accompagn'ment.

Tell'ment qu'i's ont fait bacchanal
Les Morts i's se sont réveillés.
"A de bon, c'est le Carnaval
Ou bien le Quatorze Juillet ?
Va de là, qu'il a fait Sauveur,
Reste tranquill' dans ton caveau.
Sûr, que c'est la fille à Thaddo
Qu'on s' la marie a'c un coureur."

"Accoutez-moi, Mort de vos Morts,"
Ça, il a dit l'accordion
"Çuilà là qui veut boire encor
L'Anis, diocane, elle est mon nom.
Zek ! tous les Morts i's ont parlé,
Port' le Phénix et port' le Gras.
Le compte on va s' leur donner,
A les bouteill's et la kémia."

Ma l'aut', a'c un' voix de coulot
Qu'on s'aurait dit un coq anglais
Qu'il a la touss' : "Qué ! Gorréros !
Pour se taper l'anis cach'té.
Seulement oilà, on s' la boit pas
Avant bessif qu'on a voté
Pour Benguèche et pour Mercieca
Qu'on doit s' les élir' députés."

Alors, les Morts i's font : "Zebbi,
Qu'est-c' vous venez nous embrouiller,
Vivants, vous nous l'avez pas mis !
Mieux votr' sœur vous allez chercher."
Et ces bâtards d'Enfants de Loup
En dessur leur vieux vélos sport
Sell'es pédall', guidon oualou
I's ont pas pu niquer les Morts