LA SAINT COUFFIN
A. GIUSTI

Je voudrais qu'aujourd'hui. nous revivions un peu
les jours du bon vieux temps....Nous étions si heureux
l'avais 9 ans alors, j'habitait la Colonne.

Pourtant malgré mon âge, les souvenirs foisonnent.
Il faisait déjà chaud bien qu'étant au printemps
La Pentecôte c'était un grand événement
Les messieurs arboraient leurs fameux canotiers
Les femmes étrennaient les toilettes d'été
De nos jours on pique-nique, de mon temps c'est certain
Là bas tout bonnement c'était la Saint Couffin

Dans tous ces souvenirs, c'est surtout à CHAPUIS
Que chacun s'en allait combattre ses ennuis.
J'avais près de chez moi, un hangar de charrettes
Et toute la semaine, on préparait la fête
Dès 4 heures du matin, déjà on s'apprêtait.
Et tous les charretiers arrangeaient leurs harnais.
Chaque mulet portait garnitures. clochettes
Car la fête sans eux n'eut pas été complète
Sur ces voitures longues alors on entassait
Les couffins bien remplis, les vieillards, les bébés
Venaient s'y ajouter dames-jeannes de vin
Pour les pauvres gosiers asséchés et chagrins.
Tous les jeunes bien sûr faisaient la route à pied
Et l'on chantait gaiement tout le long, du trajet
Le cortège partait : piétons et voitures
Par les Quatre Chemins, le chemin de ceinture
Devant le cimetière, ce cimetière de BONE
Que l'envie de mourir, on le dit, il tu donne.

Enfin les plages, Saint Cloud, pour certains c'est CHAPUIS
D'autres préféraient FABRE, le terme du circuit
A l'ombre sous les arbres, vite on dressait des tentes
Les lemmes s'affairaient toutes impatientes
Sortaient de leurs couffins, marmites, provisions
Pour préparer bien vite un bon gueuleton.
Car c'était bien à Bône et sans fanfaronnade
Qu'on savait préparer une bonne macaronade.
Les enfants les pieds nus s'ébattaient sur la plage.
Mais les plus dégourdis leur préféraient la nage

L'heure tant attendue. c'est l'heure du repas
Tout le monde s'affaire, c'est le grand branle-bas
Mais on ne pouvait pas commencer cette fête
Sans avoir dégusté une bonne anisette
On mange avec les doigts. on boit, on parle. on rit
Car chacun y raconte forces plaisanteries
Mais après le dessert, c'est la voix des chanteurs
Qui avec leurs romances faisaient vibrer les cœurs
L'accordéon aussi était de la partie
Et tous les gosses autour écoutaient ébahis
Les couples se formaient et sur la terre battue
On dansait, on valsait sans nulle retenue,

Le soleil baissait peu à peu à l'horizon
On vidait les couffins, de toutes provisions
La journée s'achevait agréable à souhait
A la bonne franquette, sans arrière pensée
Une journée comme on en passait jadis chez nous
Que j'ai voulu ici revivre avec vous.

(Revue Ensemble N) 194, page 77, Octobre 1994)


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