Le Département de Constantine en 1908
Par M. Paul JOANNE
Envoyé par Roger Sabaton                        N°2

      Avant qu'elle ne fût nommée comme Préfecture du Département de Bône, bône notre commune fut Sous-Préfecture du Département de Constantine.
      Donc avant que dans des prochains numéros, nous fassions connaissance avec les guides de Bône, nous allons nous "instructionner" sur l'ancien Département de Constantine au travers du Guide de M. JOANNE.
      J.P.B.
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LE DÉPARTEMENT
DE CONSTANTINE

III - Littoral, Cours d'eau.

      Le Littoral
      La limite ouest du département est déterminée sur le littoral, par l'embouchure de l'Oued-Kérouli, entre le cap Corbelin et le cap Sigli. Entre ces deux caps, la côte est bordée d'une longue plage de sable; elle incline ensuite légèrement au sud jusqu'au cap Carbon, au nord-ouest duquel on voit l'île Pisan, rocher de 500 mètres de long, et de 50 mètres de haut, qui peut offrir un abri pour les balancelles. Le cap Carbon, grande masse de rochers presque nus, se rattache au mont Gouraya (660 mètres).
      À partir du cap Carbon, la côte tourne au sud jusqu'à la pointe escarpée du cap Bouak, puis, forme la baie de Bougie, comprise entre le cap Carbon et le cap Cavallo. Cette baie régulière, moitié d'ellipse, regarde vers le nord et a 42 kilomètres d'ouverture. La rade, située dans la région occidentale de la baie, n'est tourmentée que par la houle du nord-est qui n'est jamais assez forte pour compromettre un navire mouillé sur de bonnes amarres. Le mouillage des vaisseaux est dans la région nord-est de la rade, par des profondeurs d'eau de 10 à 20 mètres, sur fond de vase d'une excellente tenue. Il est assez sûr pour que des bâtiments de guerre puissent y stationner sans danger pendant l'hiver, assez vaste pour contenir une escadre. Des travaux commencés en 1898, non encore achevés, transformeront une petite partie de cette rade en un excellent port; les navires y disposeront bientôt de 26 hectares, dont 11 ayant 7 mètres d'eau en basse mer et 17 ayant 7m,70, avec 940 mètres de quais et plus de 6 hectares de terre-pleins.

      
      À partir de ce point, la côte s'incline régulièrement vers le sud, puis vers l'est-sud-est, remonte à l'est-nord-est jusqu'au cap Cavallo, en décrivant une grande courbe harmonieusement régulière.
      Le cap Cavallo, terre assez élevée, terminé par une pointe aiguë, est voisin des îles Cavallo, qui ne sont que des rochers. L'île Cavallo, proprement dite, à 800 mètres de la côte, a 360 mètres sur 80.

      Plus loin monte le cap Afia, roche isolée, d'un rouge de feu, au N-E. de laquelle sont quelques rochers noirs qu'entourent des fonds madréporiques : on y trouve du corail rouge. Entre le cap Afia et Djidjelli s'échancrent deux criques où se réfugient quelquefois les caboteurs. Celle de l'est, dite la Salamandre, est la meilleure : après quoi la côte est formée jusqu'à Djidjelli par un cordon de roches basses.
      Djidjelli est bâtie sur une belle plage qui, en se courbant forme l'enceinte d'un port protégé contre la mer, au nord, par une ligne de récifs longue de 900 mètres, en partie reliés entre eux par une jetée; abrité des vents d'ouest, mais exposé aux vents du nord-est, il est, en somme, dangereux; et l'on travaille à l'améliorer, en tant qu'indispensable à l'exportation des produits forestiers de la contrée.
      De Djidjelli à l'embouchure de I'Oued-el-Kébir, la, côte suit à Peu près l'est-nord-est presque en ligne droite; un peu plus loin, elle se courbe vers le nord et forme la baie de Mers-el-Zeïtouni (le Port des Olives), bien abritée des vents d'est, mais ouverte intérieurement aux vents d'ouest. Ici se dresse le premier des sept caps dont le cap Bougarone est composé. Ce cap, point le plus septentrional de la côte algérienne, occupe de l'est à l'ouest une étendue de 50 kil. à vol d'oiseau. Il se rattache au mont Goufi (1183 mètres). Il est bordé de falaises et découpé par des haies peu profondes. Aucune de ces baies n'offre aux bateaux un abri sûr, si ce n'est celle de Collo, rade foraine, d'où l'on peut appareiller par tous les vents et qui est praticable en toutes saisons, même, avec les mauvais temps. Les grands navires y jettent l'ancre par 25 brasses d'eau sur un fond de sable vasard. L'anse qui sert de port, abrité de tous les vents dangereux, offre aux navires un abri sûr. A peu de distance du rivage s'élève l'île de Collo, rocher de 60 mètres de haut. Puis la côte se déroule en façades, roches énormes qui forment l'îlot Tarsa et l'île de Srigina; elle est sinueuse, escarpée jusqu'à la courbure de l'anse de Stora.

      L'anse de Stora occupe le fond d'un golfe d'où il est difficile de sortir par les vents du large. Elle présente au sud-ouest une très belle plage, mais n'offre un bon abri contre la mer que par les vents d'ouest et de sud-ouest. En hiver, les bâtiments jettent l'ancre en dehors de l'anse, par 16 à 18 brasses d'eau; mais ce mouillage extérieur, qui est battu en plein par la grosse mer, est lui-même fort dangereux.
      A 4 kil. environ au sud-est de Stora se trouve le bon port de Philippeville, très fréquenté. à l'abri d'une jetée de 1625 mètres ; il comprend un avant-port de 51 ha 80 ares et une darse de 18 ha 95 ares ayant des fonds de 6 à 11 m.
      La côte, entrecoupée de petites plages, suit la direction de l'est jusqu'au cap Skikda, haut de 190 mètres, abrupt avec quelques rochers. 11 kilomètres d'une plage droite le séparent du cap Filfila, au-delà duquel le littoral remonte vers le nord, puis vers l'ouest jusqu'au cap de Fer.
      Le cap de Fer, qui termine à l'est le golfe évasé qu'on a pris l'habitude de nommer golfe de Stora, est fait de rochers gris entièrement nus; son extrémité ouest, encore plus dentelée que le reste, le Ras-Tchekidich, abrite une petite baie assez profonde où les corailleurs viennent s'approvisionner d'eau.
      À 12 kilomètres est du cap de Fer, on trouve la petite baie de Sidi-Akkach, que domine la Kouba du même nom et où les caboteurs peuvent relâcher; après quoi on rencontre le cap Tàkouch, peu éloigné de l'île Tàkouch, rocher roux peu élevé : M est le petit port de pèche d'Herbillon, que rien ne garantit des vents d'est.
      Du cap Toukouch au cap de Garde, sur un parcours de 57 kilomètres, la direction générale de la côte est le sud-est. On rencontre d'abord le Ras ou cap Arxin, montagne arrondie du côté de la mer. A 4 km de là, une koubba domine un mamelon avancé. Le cap de Garde, éperon d'une crête de montagnes qui part du mont Edough, est d'une désolante aridité.
      À l'est de ce cap, la côte tourne brusquement vers le sud, et la mer s'y précipite pour former le profond golfe de Bône, où l'on trouve d'abord le mouillage du fort Génois, port de refuge, puis celui des Caroubiers, puis le Ras?el?Hamam (ou cap des Pigeons) : celui-ci a devant lui un roc de 17 mètres de haut nommé cap du Lion.

      Le golfe de Bône s'étend du cap de Garde au cap Rosa; à Bône, de grands travaux en cours d'exécution assureront à cette ville un avant-port de 47 hectares; une darse extérieure de 70 hectares; une darse intérieure de 10 hectares ; en tous 127 hectares avec profondeur de 7 m. 50.
      La plage qui borde la ville tourne au sud jusqu'à l'embouchure de la Seybouse ; à partir de cette rivière, elle se courbe peu à peu vers le sud-est, puis vers l'est et enfin remonte à l'est-nord-est, pour aller à 224 kilomètres de distance rejoindre le cap Rosa, qui a 90 mètres de haut.
      Du cap Rosa, la côte descend vers le sud-est pendant 8 kilomètres, remonte ensuite vers l'est-nord-est, jusqu'au Bastion de France (ancien établissement de la compagnie d'Afrique), puis tourne à l'est et vient former le cap Gros.
      À 4 kilomètres environ de ce dernier cap, sur une petite baie abritée du nord et du nord-est par une presqu'île, est La Galle, port fréquenté par les corailleurs et par quelques navires qui viennent y chercher les minerais de Kef-Oum-Téboul. Le mouillage est passable au dehors, mais le port est dangereux pour les bâtiments qui ne peuvent se héler à terre.
      A partir de La Calle, la côte remonte insensiblement vers le nord-est jusqu'au cap Roux. A 11 km de La Calle on rencontre la plage de Mésida, oÙ l'on embarque les produits métallurgiques de Kef-oum-Téboul. Le cap Roux, situé à 38 kilomètres de La Calle, est escarpé de tous les côtés : c'est le point extrême de notre frontière, mais seulement en apparence depuis l'établissement de notre protectorat sur la Tunisie.

      Rivières.
      L'Oued-Sahel prend sa source dans le Djebel-Dira, au sud d'Aumale, passe à Aumale, à Bouira et à Béni-Mansour, longe au sud puis à l'est la haute crête du Djurdjura, reçoit l'Oued-Mahrir, qui a traversé les Bibans ou Portes-de-fer, et la rivière de Sétif, le Bou-Sellam, plus longue, plus forte que lui, et toutes en sinuosités dans de hautes montagnes peuplées de Kabyles. L'Oued-Sahel, prenant le nom de Soummam, se perd en mer près de Bougie. Cours 175 kilomètres. Étiage 900 litres par seconde; débit d'hiver considérable. On se propose de le barrer près du confluent de l'Oued?Sebkha, en aval d'El-Adjiba, pour arroser en partie le superbe bassin de Béni-Mansour.
      L'Oued-Agrioun, qui descend du Djebel-Mégris, au nord-ouest de Sétif, traverse dans les monts Babors, les fameuses gorges du Chabet-el-Akhra et se jette dans le golfe de Bougie à 55 kilomètres est de cette ville. Étiage considérable : malgré la brièveté de son cours, le peu d'étendue de son bassin, c'est une des meilleures rivières
      L'Oued-Djindjen, qui descend des montagnes du Babor, coule d'abord de l'ouest à l'est, puis descend vers le nord et se jette dans la mer à 12 kilomètres est de Djidjelli. Étiage, 500 litres par seconde.
      L'Oued-el-Kébir, qui est formé de l'Oued-Boumel, grossi du Bou-Merzoug. L'Oued-el-Kéhir descend des montagnes qui sont à l'est de Sétif et, sous le nom de Roumel, coule de l'ouest à l'est jusqu'à Constantine, qu'il entoure sur les deux tiers de son périmètre, après avoir reçu le Bou-Merzoug au sud de cette ville; il descend ensuite vers le nord, boit le superbe ruisseau des sources chaudes du Hainîna (800 litres par seconde), prend le nom d'Oued-el-Kébir au confluent de l'Oued-Endja qui vient de l'ouest, et tombe dans la mer à 52 kilomètres est de Djidjelli. Cours, 225 kilomètres. Étiage de plus d'un mètre cube par seconde. Crues très violentes.
      Il doit remplir un grand réservoir projeté dans la gorge de l'Oued-Atménia derrière une levée de 50 mètres: ce réservoir aura 45 millions de mètres cubes; il fera marcher des usines, nettoiera le ravin de Constantine et irriguera des terres au-dessous de cette ville, grâce à son débit de plus d'un mètre cube par seconde.
      Le Bou-Merzoug a pour origine une des grandes sources de l'Algérie, au pied du mont Fortas : elle donne de 300 à 600 ou 900 lit. par seconde et donnerait plus encore si l'on en abaissait le seuil. Aussi le Bou-Merzoug est-il précieux pour les irrigations.
      L'Oued-Zhour, petite rivière dont l'embouchure est située à quelques kil. au S. de Mers-Ez-Zeïtoun, et qui mérite une mention spéciale en raison de ce que c'est, de toutes les rivières de l'Algérie, la seule qui nourrisse la truite.
      L'Oued-El-Guébli, qui se jette à la mer à peu de distance au S.-E. de Collo.
      Le Saf-Saf (90 kil.) descend du Djebel-Thaya, au N.-O. de Guelma, coule du S. au N., et arrose la banlieue de Philippeville. Le barrage proposé chez les Zardézas, à Kalaat-el-Haïdj, emmagasinerait 22 millions de mètres cubes pour l'irrigation de 4,000 hect.
      L'Oued-Senhadja (95 kil.) descend également du Djebel-Thaya, sous le nom de Fendek, serpente dans le pays de Jemmapes et se jette dans le golfe de Stora, au sud-est du cap de Fer.
      La Seybouse (220 kil.) qui, dans son cours supérieur, a le nom d'Oued-Cherf, descend des plateaux des Oued-Kanfeur, coule du S. ait N., jusqu'à Medjez-Hamar, où elle reçoit sur sa g. l'Oued-bou-Hamdan ou Oued-Zenati, baigne le beau bassin de Guelma et se jette dans la rade de Bône. Son étiage est presque nul, mais de l'entrée de la saison des pluies jusqu'au mois de juin elle donne 5 m. cubes par seconde.
      La Mafrag (95 kil.) se jette dans le golfe de Bône. Elle reçoit, à dr., près de son embouchure, un Oued-Kébir qui descend des crêtes de la frontière tunisienne.
      Il est question de barrer cette rivière pour la jeter dans le lac Oubéira, la plus grande des trois nappes d'eau voisines de La Calle (il a, dans son plein, entre rives marécageuses, 2,500 ha, à 52 m. d'alt.). On constituerait de la sorte une réserve d'environ 50 millions de m. cubes pour l'irrigation des immenses plaines du Tarf et des Béni-Amar : soit 10,000 à 12,000 litres, sinon 15,000. D'après un autre projet, on dessécherait, au contraire, ce lac, et l'on kbtiendrait d'excellentes terres. Les deux autres lacs de La Calle sont le Guerra El?Houp, ou encore Tonga ou Tonègue (1,800 ha), qu'une petite rivière qnit à la Méditerranée, et le Guerra El -Melah (800 ht.) ou lac Salé, qui, de niveau avec la Méditerranéa, et tout près d'elle, a en effet des eaux amères.
      La Medjerda n'a que son ckurs supérieur en Algérie : née à Khamissa, elle va passer à quelques kilomètres de Souk-Ahras, et s'achemine vers la Tunisie par des gorges très fraîches et fort pittoresques, tantôt suivies, tantôt coupées par le chemin de fer de Tunis; ehle quitte l'Algérie après un cours de 100 kilomètres à peine, sur 565 de longueur totala - 485 de son eibouchure au nord des collines dm Carthage à la source de son grand affluent l'Oued-Mellègue, venu des monts de Tébessa.
      Toutes ces rivières arrosent le territoire dq Tell.
      Au nombre des cours d'eau qui appartiennent à(la région saharienne, nkus citerons seulement :
      L'Oued-Djédi, qui prend sa source dajs le Djebèl-Amour et, sous le nom d'Oued-Mzi, passe à Laghouat (prov. d'Alger).(Dans la province de Constantine, il reçoit l'Ouad-Biskra, et, après un parcours de 500 kilomètres, va sa perdre dans le chott Mélrir. Il est le plus ordinairement à sec.
      L'Oued-Biskra (170 kilomètres) descend des monts Aqrès par les gorges fameuses d'El-Kantara; de même l'Oued-Abdi (100 kilomètres), son affluent, dont les défilés ne sont pas moins beaux.
      L'Ouad-el-Abiod (150 kilomètres) et l'Oued-el-Arab (150 kilomètres) courent également en cascades dans de superbes fissures; ce n'est que dans les très grandes crues qu'ils arrivenp jusqu'au chott Melrir.

      Lacs et Chotts.
      Dans le département `e Constantine, les lacs, qu'on `ésigne aussi sous le nom de guerra, et les chotps sont en plus crand noibre que dans les deux autres départements. Les principaux sont :
      Le lac Fetzara, à 20 kil. Sud-ouest de Bône : lagune saumâtre dont la superficie couvre, suivant la pluviosité des saisons, de 4,000 à 9,000, même 14,000 hmctares. Aucune des tentatives faites jusqu'à ce jour pour le dessécher n'a réussi.
      Les lacs de la Galle. (V. ci-des{us, à l'article(de la rivière Mafrag, pages 156 et 158.)
      Le chott El-Beïda, situé à 44 kilomètres sud-est de Sétif, à l'altitude de 887 m Ures (5,000 hectares)
      Le chott Mzouri, à 50 kilomètres sud de Constantine (5,008 hectares) ;
      L'Ank-Djemel-el)Kébir, à 712 kilomètres sud-sud-est de Constantine, à 832 m. d'altitude (5,000 ha) ;
      Le guerra El-Guallif, à l'est et tout près du précédent 1(5,000 hectares) ;
      Le Tarf,(à 820 ni. d'altitude, à 92 kil. Sud-est de Constantine, au S.-O. d'Aïn-Beïda (20,000 hectares);
      Le Hodna, à 400 m. d'altituda, à 50 kilomètras nord-mst de Bou-Saâda (75,000(hectares) : entre autres rivièras, il rmçoit des monts de Bordj-bou-Arréridj l'Oued-Ksab (155 km), facile à barrer, dans la défilé du Kef-Matrak, par une digue de 25 mètres de(haut permettant de réserver 20 millions de mètres cubes d'eau pkur l'irrigation des environs de Msila et des plaines Hodnéennes;
      Le petit chktt du Hodna, à l'est du précédent. et dont l'ex|rémité orientala est à 66 kilomètres nord-ouest de Biskra (8,508 hectarms);
      Enfin, le Chott Ielrir, situé dans la région saharienne, à 70 kilomètres sud de Biskra (:40,000 hectares environ). Son lit communique à l'est avec celui du Chotp Sellem. Du Chott Sellem au golfe de Gabès, sitqé à 320 kilomètres à l'mst, on trouve uje série de bas-bonds semblables, parmi hesquels les plus importants sonp les Chotts Rarsa et El Djerid. Le bord(orientah de ce dernier n'est distant de la Médixerranée que d'environ 18 kilomètres. Ro}daire a~ait conçu le hardi, mais chimérique projet de réunir tous ces chotts en un seul lac, qui aurait constitué une mar intérieure; malgré l'intervention de M. de Lesseps, il fallut renoncer à cette utopie.
      On a constaté sur les bords du chott Melrir des variations d'altitude très notables. C'est ainsi que certains points sont de 4, 9, 18, 20 et même 50 mètres au-dessous du niveau de la mer, tandis que certains autres dépassent ce niveau de 6, 10, 24, 26 et même 36 mètres.

IV. - Climat.

      Le climat du département de Constantine est sensiblement le même que celui des deux autres départements : mêmes divisions climatologiques, mêmes influences exercées sur l'économie par les variations de l'atmosphère.
      Dans la zone maritime, le thermomètre ne descend nulle part à zéro, mais il atteint quelquefois 48 degrés (maximum absolu).
      Dans les villes du littoral, les températures moyennes sont les suivantes. Bougie et Djidjelli,18°; Philippeville, 18°,5, Bône, 18°,5; La Calle 18°.
      Dans la zone montagneuse littorale, la température la plus basse est de 4 degrés au-dessous de zéro, et la plus haute atteint 46 degrés. Températures moyennes : Sétif, 15°; Constantine, 16°,7 ; Guelma, 17°.
      Dans la région mixte, le thermomètre descend jusqu'à 8 degrés, souvent plus, au-dessous de zéro et dépasse 38 degrés. Températures moyennes : Batna, 16°,2 ; Tébessa, 17°.
      Dans le Sahara, où le thermomètre marque parfois 50 degrés, 200; on a pour températures moyennes : à Biskra 20°, a Touggourt, 22° ; en hiver le climat de Biskra ne diffère pas beaucoup de celui du littoral.
      La neige est assez rare dans la zone maritime, ainsi que dans le Sahara; mais elle tombe chaque hiver en quantité notable dans la région montagneuse et sur les Hauts-Plateaux.
      On évalue ainsi qu'il suit la quantité annuelle d'eaux pluviales : la moyenne est de 1,000 à 1,100 millimètres sur les bords du golfe de Bougie et à Djidjelli ; elle est de 850 millimètres dans la partie comprise entre Djidjelli et La Calle.
      Dans l'intérieur du Tell, la moyenne est de 400 millimètres à Sétif et à Batna, de 600 millimètres à Constantine et Guelma.
      À Biskra, la quantité d'eau qui tombe chaque année, principalement pendant les mois d'avril et d'octobre, est évaluée par le docteur Sériziat à 280 millimètres. L'aridité du climat de Biskra est donc beaucoup moins grande qu'on ne le croit généralement.

V. - Curiosités naturelles.

      Parmi les curiosités naturelles de cette belle province, nous signalerons avant tout les gorges du Chabet-el-Akhra, qu'emprunte la route de Bougie à Sétif, pendant 7 kilomètres, jusqu'au village de Kerrata, entre deux montagnes à pic de hauteurs vertigineuses, le long de l'Oued-Agrioum, brisé de cascades;
- les gorges et les cascades du Roumel, autour et au pied du fameux rocher de Constantine, haut de 100 à 200 mètres : le Roumel y coule au fond de l'abîme, passe sous un pont de 125 mètres de hauteur et sous trois grandes voûtes naturelles, puis tombe de 67 mètres de haut par une triple cascade;
- les tortueuses gorges du Bou-Sellam inférieur;
- les Bibans ou Portes-de-Fer, plus arides que belles; les gorges de la Medjerda entre Souk-Ahras et la frontière de Tunisie;
- les gorges d'El-Kantara, si justement célèbres, sur la route de Batna à Biskra, près de l'entrée du Sahara;
- celles de l'Oued-Abdi, de l'Oued-el-Abiod, de l'Oued-el-Arab et, en général, toutes les gorges du massif des Babors ou Petite-Kabylie, pays éminemment pittoresque ;
- et surtout celles du versant méridional de l'Aurès, très profondes, très sauvages, avec d'immenses roches et de curieux villages berbères accrochés au flanc des précipices.
      Parmi les sources, les plus puissantes sont celles du Hamma, thermales, donnant environ 800 litres par seconde;
- puis viennent les sources du Bou-Nerzoug, donnant de 300 à 900 litres par seconde suivant les saisons et suivant les années;
- les sources de Khollekhol dans la plaine de Tifech;
- les admirables sources thermales et les cônes de dépôt d'Hammam-Meskhoutine qui sont une merveille de la nature;
- Hammam-Salahhin, 46°, à 8 k. N.-O. de Biskra.
      Un grand nombre d'entre elles donnent naissance à de véritables rivières thermales : telles, dans les Zibans, les sources de Mélili. Nombreuses cascades ou plutôt cascatelles ;
- grottes d'Aïn-Taya dans les montagnes;
- lac souterrain à Hammam-Meskhoutine; autre lac souterrain dans le bloc même du rocher de Constantine.

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