N° 123
Décembre

http://piednoir.net
    carte de M. Bartolini J.P.
     Les Bords de la SEYBOUSE à HIPPONE
1erDécembre 2012
jean-pierre.bartolini@wanadoo.fr
http://www.seybouse.info/
Création de M. Bonemaint
LA SEYBOUSE
La petite Gazette de BÔNE la COQUETTE
Le site des Bônois en particulier et des Pieds-Noirs en Général
l'histoire de ce journal racontée par Louis ARNAUD
se trouve dans la page: La Seybouse,
Écusson de Bône généreusement offert au site de Bône par M. Bonemaint
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EDITO

 L'HIVER DE LA DECONFITURE

Chers Amis,
        Avec un temps d'avance, l'hiver est arrivé dans la quasi-totalité des Régions : après la pluie et le vent, le changement, d'ambiance atmosphérique et de paysage, est présent avec la neige qui a blanchi les hautes et moyennes montagne. Elle atteint la basse montagne, voire même la plaine. Les conditions de circulation sont difficiles et les stations d'hiver se frottent les mains et les patins.
        Bien entendu, la baisse des températures est brutale. Les chauffages tournent à plein régime sauf pour les malheureux qui sont déjà au régime sec.
        C'est le moment qu'a choisi le régime gouvernemental de "Fanfan la Rose" pour faire des annonces irresponsables, à savoir : des hausses de carburant tout à fait injustifiées sauf à renflouer les caisses de l'état vidées par des octrois de prêts et effacements de dettes à certains pays qui servent à enrichir leurs potentats ; des hausses des prix de l'énergie inappropriées dans son ensemble, sauf à faire plaisir aux " Verts " qui par retour reçoivent des subsides par des taxes dites " écologiques ". Par ces simples annonces, une nouvelle vague de malheureux ira grossir les rangs du régime sec en attendant ceux qui seront touchés par les hausses d'impôts et les prélèvements supplémentaires, c'est à dire les retraités qui flirtent déjà avec le seuil de pauvreté.
        C'est bien l'Hiver de la Déconfiture.

        Pendant que la droite la plus C… du monde s'étripe pour savoir quel chef nous enterrera à la prochaine législature, oui pendant ce temps là, Flamby flambe nos ressources naturelles (nos impôts) ; nos us et coutumes ; fait voter des lois injustes, débiles, immorales, etc….
        Le résultat ne se fait pas attendre : le chômage grimpe, grimpe et il est encore loin du sommet (Arcelor-Mittal n'est qu'un petit échantillon) ; de plus en plus d'Elus englués dans de sales affaires et qui se gavent sur le dos des citoyens ; La délinquance se développe grâce à une ministre indépendantiste qui préfère aller voir les " assassins " en prison et oublier les victimes ; Le communautarisme qui est de plus en plus virulent, exigeant des transformations culturelles et cultuelles, avec des actes de barbarisme qui forceront les indigènes " souchiens " à se défendre en milice ; Les gens normaux qui se mariaient dans la pure tradition physique du couple, homme-femme, se demandent s'ils ne doivent pas divorcer afin de ne pas être assimilés aux futurs " mariés du même sexe". Sodome et Gomorrhe renaissent et se multiplient au galop puisque la danse du " cheval " est à la mode.
        Le châtiment de tous ces " péchés ", c'est la guerre civile.

        En conjuguant l'ignorance de nos gouvernants avec leur stupidité liée à leur abrutissement de leurs pensées unique et inique qui traversent cette période de crise, les illettrés économiques qui gouvernent la France nous mènent tout droit sur les chemins de cette guerre. L'espoir fait vivre. Une chose est sûre: si " Fanfan la Rose " n'inverse pas les pôles de ses batteries, alors il n'y aura rien à espérer, sinon lui faire confiance pour mettre en place le terreau de la haine qui nous emportera très rapidement dans le chaos et la guerre.

        A bien réfléchir à tous ces disfonctionnements, on peut légitiment penser que ces gouvernants ne sont pas si idiots que l'on croit car de cette façon d'agir et de laisser faire, ils savent que la guerre civile se rapproche au grand galop et que cela résoudra beaucoup de problèmes.

        C'est, je crois, le Comte Albert de Mun, député, membre de l'Académie française, écrivain politique, qui se plaisait fréquemment à dire qu' " il faudrait une bonne guerre pour ... relancer la croissance, pour…..
        "On ne fait pas d'omelette sans casser d'œufs", vous répondront ces hurluberlus de la politique et de l'économie pour se donner bonne conscience. Mais ils font l'omelette pour casser des œufs.

        Voici ce que disait Alexis de Tocqueville - DE LA DÉMOCRATIE EN AMÉRIQUE (1840).
L'ÉTAT, NOTRE BERGER?

        " Après avoir pris ainsi tour à tour dans ses puissantes mains chaque individu, et l'avoir pétri à sa guise, le souverain étend ses bras sur la société tout entière; il en couvre la surface d'un réseau de petites règles compliquées, minutieuses et uniformes, à travers lesquelles les esprits les plus originaux et les âmes les plus vigoureuses ne sauraient faire jour pour dépasser la foule; il ne brise pas les volontés, mais il les amollit, les plie et les dirige; il force rarement d'agir, mais il s'oppose sans cesse à ce qu'on agisse; il ne détruit point, il empêche de naître; il ne tyrannise point, il gêne, il comprime, il énerve, il éteint, il hébète, et il réduit enfin chaque nation à n'être plus qu'un troupeau d'animaux timides et industrieux, dont le gouvernement est le berger. "

        Malgré toutes les mauvaises perspectives économiques, sociales, culturelles et cultuelles intégristes qui fragilisent la paix du pays, dans quelques jours (le 6 décembre) le Père Saint-Nicolas tentera de se frayer un chemin, parmi les embûches tendues par les " biens pensants ", afin de nous amener ses traditionnels chocolats et pains d'épices qui ont fait la joie de notre petite enfance.
        Puis nous arriverons aux fêtes de fin d'année avec l'espérance qu'elles se passent le mieux possible avant d'entamer une année 2013 qui sera cruciale pour le devenir de nos enfants et petits-enfants, puisque le nôtre est déjà scellé.
        D'ores et déjà je vous souhaite de Bonnes et Joyeuses Fêtes de fin 2012 en famille ou entre amis en invoquant le ciel à la manière des gaulois afin que l'hiver de la déconfiture ne soit pas trop long.

Jean Pierre Bartolini          
        Diobône,
        A tchao.

Rêves de Noël
ECHO D'ORANIE - N°259 Novembre/Décembre 1998


              BON NOEL, HEUREUSE ANNEE !!
             Qu'ils sont doux ces jours joyeux,
              Où parents, amis viennent se retrouver
              Et se présentent leurs meilleurs vœux.

              Près de la cheminée scintille le sapin bleu,
              Enguirlandé de paillettes, de mille feux.
              A son pied la crèche et ses bergers,
              Où cette nuit naît l'enfant Dieu.

              Et tout promet d'être délicieux...
              La table est dressée sur la nappe brodée main,
              Où bientôt festoieront les jeunes et les plus vieux,
              Les enfants impatients d'être au lendemain.

              De toute cette joyeuse effervescence
              Je me sens étrangère tout à coup... ailleurs,
              Dans d'autres lieux, un peu comme en partance...
              Vers des odeurs de cire, de dinde, de marrons chauds, de bonheur.

              Assise sur les genoux du vieil homme, mon grand-père,
              Près du feu, engourdie, je le regarde fumer.
              Autour de la table en fête, ma grand-mère s'affaire,
              à présenter mille bonnes choses dont elle a le secret

              Au sommet du sapin: une branche de pin odorante,
              Cueillie dès !e matin à l'orée du petit bois,
              Une étoile d'argent se retient aux aiguilles, tremblante,
              Qu'éclairent faiblement dix petites bougies aux couleurs de soie.

              Et l'enfant que j'étais alors, radieuse, émerveillée,
              S'endormait sereinement dans les bras de l'aïeul,
              Rêvant au Père Noël, aux anges, aux surprises fabuleuses
              Qu'elle découvrirait au matin dans ses petits souliers!

              Oh! temps suspend ton vol...
              Et toi, petite fille secoues-toi, ouvres les yeux...
              Tu rêvais, il est vrai à tant de belles choses...
              Mais les rêves ne sont faits que pour les gens heureux.

              Pour ceux qui ont pleuré parce qu'ils ont tout quitté,
              Il ne reste plus rien... ou alors si peu!
              Une vie de regrets, de souvenirs fanés,
              Plus rien qui les ramène à des Noëls Joyeux.

              Des Noëls sans neige, sans frimas,
              Mais comme ils étaient beaux nos Noël là-bas!
              Nos messes de minuit et nos crèches vivantes
              Où habillés en ange, nous chantions l'Ave Maria!

              Non, cette nuit, je n'irai pas à l'église du village,
              Trop de chagrins et de haines ont entamé ma foi.
              Mais dans mon esprit toujours, demeurera l'image,
              D'une enfant qui n'a pas compris pourquoi?

              Pourquoi ce soir c'est pourtant... Noël
              Et mon cœur chavire en larmes et en regrets.
              Le vieux rêve s'est brisé, envolé, déchiré...
              Ce soir je ne crois plus au Père Noël, ni aux anges du ciel.
             
Mme EYMARD-ROUAYROUS Chantal            
De Mostaganem.            
  



LE MUTILE N° 197, 12 juin 1921

Mont de Piété, pour en finir !!

       M. Gimer vient d'être nommé directeur du Mont-de-Piété d'Alger. Cette décision ne nous a pas surpris outre mesure, puisque nous avions indiqué, dans un précédent article, la ruse grossière dont on s'est servi pour la faire aboutir. En vertu du proverbe : " Dans le royaume des aveugles, les borgnes sont les rois ", M. le Gouverneur général a dû choisir, parmi les trois étonnantes candidatures qui lui étaient présentées, celle qui devenait, faute de mieux, la plus acceptable.
      Certes, la direction d'un Mont-de-Piété n'est pas une de ces situations absorbantes et délicates qui exigent, de ceux à qui on les confie, la collection complète des plus rares qualités. La meilleure preuve, c'est que l'on attend la mise à la retraite d'un fonctionnaire municipal pour en faire le directeur du Mont-de-Piété d'Alger. " Habillez-vous richement, avec les laissés pour compte de l'Hôtel de Ville !...
      Il nous semble, à nous naïfs, que lorsqu'un fonctionnaire est admis à faire valoir ses droits à la retraite, c'est parce qu'il atteint l'âge où ses facultés ont besoin de repos. La retraite est une rente viagère destinée à permettre aux anciens fonctionnaires de se tenir tranquilles, sans user leurs forces amoindries dans un travail devenu pour eux trop pénible. Dés lors, nous ne comprenons plus pourquoi la porte du Mont-de-Piété d'Alger s'ouvre devant M. Gimer, au moment précis où celle de la Mairie vient de se refermer derrière lui.

      Que si l'on nous objecte : " M. Gimer est une exception. Les ans ont passé sur lui sans l'atteindre. Il reste comme disent les Anglais, " fort et vert ". Ce serait péché de l'obliger à croupir désormais dans une oisiveté pernicieuse, qui nous priverait de son inlassable activité " ; Nous répondrons : " Fort bien! Mais, en ce cas, qu'il demeure, éternellement .jeune, dans les fonctions avec lesquelles une longue expérience l'a familiarisé. Qu'il n'aille pas débuter tout de go, à son âge, dans une administration tout à fait différente. Sans quoi, sa désignation au poste de directeur du Mont-de-Piété d'Alger apparaît top clairement comme une simple " combine ", qui vient ajouter au chiffre de sa retraite, le renfort coquet de nouveaux appointements... "

      Cette " combine " est d'ailleurs assez conforme aux traditions de notre régime actuel : le régime de l'assiette au beurre. " On garde les mêmes et l'on recommence ! Voila le mot d'ordre général. Ce sont toujours les mêmes qui restant assis à la table du banquet et qui recommencent, insatiables, le festin dont ils se partagent les innombrables plats. Et comme, malgré tout, la vie humaine a des limites, lorsque la mort vient coucher, repu, un de ces effrénés mangeurs, sa place est aussitôt reprise par un des siens, fils ou neveu, que l'autre, prévoyant, dissimulait entre ses genoux, sous lu table...
      Ce sont toujours les mêmes, aussi, qui attendent, debout, hors de la salle, et que nul ne songe à venir chercher. Ce sont les mutilés, les veuves de guerre, les orphelins, et toute la multitude des humbles, des victimes… Victimes des autres, des égoïsmes féroces et des promesses mensongères... Victimes d'eux-mêmes aussi : victime de leur crédulité, de leur franchise, de leur attachement instinctif à ces mille devoirs, qui constituent pour eux autant de barrières derrière, lesquelles ils resteront parqués. Ils attendent ; mais les ventres toujours affamé de ceux qui sont à table n'ont pas d'oreilles pour percevoir les plaintes qui viennent du dehors...

      Pour des fondions aussi sédentaires, aussi peu actives que celles de directeur, d'un Mont-de-Piété, puisqu'elles servent de fromage à des fonctionnaires ayant pris leur retraite, ne semble-t-il pas que de grands mutilés, rendus inaptes à des emplois plus remuants, seraient tout désignés?... Il y a, parmi eux, bien des infirmes auxquels une grave mutilation rend impossible l'exercice d'un service actif, soit dans les professions privées, soit dans les fonctions administratives qu'ils remplissaient avant la guerre. La sollicitude officielle qui leur fut si souvent promise en de pompeux discours trouverait en cette circonstance une belle occasion de se manifester pratiquement.
      Nous soumettons cette suggestion à M. le Ministre des Pensions, à tous ceux des parlementaires qui s'intéressent tant à la cause des mutilés: Nous espérons que l'un d'eux voudra bien prendre l'initiative de déposer à la tribune du Parlement un projet de réforme en ce sens. Il reste encore, parmi les mutilés, à défaut d'organismes intacts, trop de vigueur intellectuelle que l'on laisse inemployée.

R. MASSON.               
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CONTE EN SABIR
Par Kaddour

LI VIO TARAILLOR Y LI GRAN MANOVRE
(CONTE SABIR )

Photo Kaddour Ben Nuolot

             Moi ji souit arrivé ahier di Mison Blanche,
             Tot a fi isquanté, afic sarouel cassi.
              Di sabal son finit ; moi ji n'a pas la sanche.
              Y mosio Gininar, quand y voir ji bassi,
              Y barli por captan :
              Fit marchi cet kabyle,
              Fil, lot qui fot. moi l' camp
              Ou bian gendarme, lot di souite,
              J'il portera por la ville.

              Mon zami qu'il malhor, quand ji pense dans mon tit',
              Bor marchi grau manovre, por ji fir di commirce !
              Millor ji casse on jambe, ou bian qui ji quitt'
              Ridaction Taraillor... J'en a plous binifice.

              Quand ji marchi la rote, alic li Torco,
              Ji proche di la guitoun por ji vend l'anisitte ;
              Y viandra on sarjan, qui m' dira : " Sale Bico,
              Ji cassi ton boutil, ou foL moi 1' camp bian vite
              Ji march' por li zouave, ou li sassor d'Afrique ?
              Ci loui là (gran canail) y boir mon miquette,
              Y quand ji di : " Béyé ", il eu a la eolkjue
              Y tos y son parti ! y moi ji soui resti
              Afic mon virr cassi y mon boutill fouti.

              Quand y fasir la guirre, tos li trompette ji sonne,
              Li canon ji fir : " Bouin (ma ji toillié barsonne) ;
              Ji crois ti fir la blague, por vos autre di Franci.
              Ti fir grand fantasia ; y moi ji fir calcoul
              Qui si ti donne por moi l'argent qui dépensi
              Dans on jor li laskar, por sor je viann maboul.

              Di sassor, di tranglo, spahis y taraillor,
              Zouaves, gran capote, afic di zartaillor...
              Ji voir mon zami ! ! ! kif kif la criquet.

              Y son marchi la rote, afic on ptit fousil.
              Y cor sor on voitor : " Ji pil vilocipil ".
              Porquoi fir mon zami ? " Ti cass' pas ton la têt,
              On z'a'ppil, msio bicyciiste...
              (Kif kif comme foumiste)...
              Tos y tir son mariol !
              Mi ji plor ma parol
              Quand ji voir tos cit jouifs,
              Gross, finians, poussifs,
              Qui fir sarbice comme zouaves.

              Moi ji soui one Kabyle,
              Ma, to si, ji soui brave !
              Plous qui toi ji conni quis qui cit on bataille
              Au milio di mitraille
              Moi-même ji soui bassi :
              Ma si ji panse on jor
              Qui li jouif vlan Franci.
              Jani, akarbi, ji fir moi taraillor.
                      
 


PHOTOS
Diverses de BÔNE
Photos de M. Sauveur Teuma
Envoyé par M. Sauveur Teuma
Plage Chapuis
Photo Sauveur Teuma
Plage Chapuis
Photo Sauveur Teuma
Plage Chapuis
Photo Sauveur Teuma
Le Bagatelle en 1957
Photo Sauveur Teuma
Le Miramar
Photo Sauveur Teuma
Le Beau Rivage
Photo Sauveur Teuma

Flash sur 2 disciplines sportives à Bône,
après 1918.

De M. Roland Riboud
Envoyé par M. Bernard Palomba
 
        A l'exception des disciplines remontant à la Grèce et à Rome, la plupart des sports pratiqués en France ont été introduits par les Anglais à la fin du XIXème siècle: le cyclisme sur piste vers 1870, le rugby en 1873, le foot en 1887, le basket par les Américains en 1905. L'escrime, déclinaison guerrière remonte à la nuit des temps.
         Avec un temps de retard en Algérie et à Bône en particulier, les initiateurs furent les officiers des sports de la Marine et de l'Armée, les étudiants de retour universitaire, et surtout les consuls anglais (Mrs Burgess et Booker), les marins en escale de Sa majesté britannique et quelques fous de sport, pionniers formateurs qui avant 1914 étaient souvent imprégnés de l'esprit de revanche de 1870 et des souvenirs de leurs études gréco-latines qui les incitaient à ... se bouger.

          Les sports individuels, le tir, la lutte et la boxe, toutes les activités gymniques et athlétiques, la natation et le cyclisme eurent leurs adeptes, mais, seul parmi les sports collectifs, le foot connut un succès foudroyant.
         Cependant, il n'y eut à Bône jusqu'en 1932 qu'un seul club de foot structuré: l'AS Bône; certes existèrent des clubs de cités et de quartiers, La Colonne, la Marine, la Vieille ville, Cité Auzas, mais sans ressources, sans terrains, ils n'eurent aucun avenir et disparurent. L'ASB participait au championnat de division d'honneur et avait lutté avec bonheur contre la JS Guelma, le club sportif de Constantine, le RC de Philippeville etc...

          Le club avait un stade avait un stade clos au Champ de mars, avenue de la Marne, disposait d'un terrain argilo/sableux pour la compétition cerné d'une piste d'athlétisme en mâchefer et d'un terrain annexe, véritable fondrière. Son Président M Henri Sultana important garagiste et concessionnaire auto, en avait fait don et de nombreux membres bienfaiteurs comme la compagnie gazière du Bourbonnais faisaient le club omnisports puisque le basket, le rugby et l'athlétisme y avaient une section. Seule la section de natation de fond et de haute mer avait disparu en 1920. La Mairie de Bône soutenait discrètement le club et en tirait un profit électoral et politique; qui disait Mairie entendait les sociétés minières et les gestionnaires du port.

Photo B. Palomba

          Après 1918 était apparu un autre groupe de pression, que le développement des techniques agricoles par le machinisme rendaient de plus en plus important, presque leader. Ils étaient constitués par les dirigeants propriétaires des grands domaines horticoles de la plaine, les producteurs de tabac regroupés en Tabacoop et tous les coopérateurs des Tomacoop, Agrumecoop, Labourcoop, Cotocoop, Oléocoop. Cette puissance de la terre voulait conquérir Députation et mairie de Bône. Discrètement et en sous-main, elle créa et finança un club de foot : la Jeunesse Bônoise Athlétic Club, la fameuse JBAC, dont le Président M. Dayre était l'émanation du groupe.
         La lutte politique accompagna et amena la lutte sportive, âpre et dure à ses débuts et qui devint vite antisportive et même violente, au point de couper la ville en deux clans ennemis. Certains supporters changeaient de bar de coiffeur ou d'épicier au prétexte qu'ils "étaient de l'autre bord" et pour se retrouver entre affidés.

Photo B. Palomba

          En 1930, le club doyen qui s'était endormi sur ses lauriers risquait la relégation: il n'y avait pas de renouvellement générationnel suffisant. La restructuration du club se posait, avec un changement de président; seule la politique du secrétaire général Albert Giusti commençait à porter ses fruits en minimes, cadets et juniors.
         Par contre à la JBAC, les administrateurs avaient choisi un entraîneur remarquable, M. Chazot, doté de pleins pouvoirs et soutenu financièrement. Il avait effectué dans le département une sélection des meilleurs joueurs, recruté en France, en Tunisie et même en Europe Centrale, donnant à chaque joueur un emploi avec toutes les facilités d'entraînement: les Coops étaient le vivier et avaient besoin de personnel. Aussi en 3 ans, l'équipe était montée de la promotion la plus basse à la Division d'Honneur.

          Je me souviens du 1er match opposant les 2 équipes au nouveau stade de la JBAC route de Sidi Brahim au Champ de Mars; j'étais encore enfant et l'un de mes oncles m'y avait emmené. Un climat haineux régnait. Tous les "gros bras de la ville avaient été mobilisés, les dockers pour l'ASB, les transporteurs et les manutentionnaires de la Tabacoop pour la JBAC, groupes de nervis des luttes électorales encadrant les jeunes supporters, beaucoup armés de bâtons - des cannes?- tous se faisant face le long des lignes de touche. Sur le terrain, dès le début, les agressions répétées d'un arrière Asbiste furent mal sanctionnées par l'arbitre. Cela déclencha en représailles une violence adroite mais fatale d'un demi-adverse: le Hongrois Takacs. On jouait depuis 15 mn. Il y eut alors envahissement de terrain par les supporters de l'ASB, poursuivant joueurs et arbitres, et bien sûr, réplique par ceux d'en face partisans de la JBAC. Les Renseignements Généraux avaient du être efficacement informés, puisque des gendarmes montés, sabre au clair les pourchassèrent. Mon oncle, prudent, m'avait entraîné au dehors. La JBAC gagna, comment et après quel temps d'interruption? je ne saurais le dire. Triomphe d'un côté, désastre de l'autre: le combat des frères ennemis commençait. Il dura jusque dans les années 1950.

Photo JP Bartolini

          Alors arrivèrent les équipes communautaires, ce que permirent les législations d'après guerre: ce fut néfaste. Entre l'ASB et la JBAC, la lutte avait pris une tournure plus sportive: le stade Pantaloni depuis 1936 permettait la sécurité des arbitres et des jeunes; les souffrances de la guerre 39-45 avaient fait disparaître les velléités intempestives des 2 clans.
         Je dis plus haut qu'en natation l'ASB avait perdu sa section en 1920. Beaucoup de pratiquants avaient rejoint le Cercle des Nageurs de Bône. Quelques années plus tard, Blanc le capitaine et initiateur du Water-Polo du CNB fit scission et créa l'Association des Etudiants Bônois. Des animosités irréductibles existaient entre ces 2 clubs.

          En 1941, l'organisation du sport par l'état français de Pétain imposa aux clubs omnisports d'avoir une section de natation. Le CNB club majeur fut sollicité par l'ASB pour une fusion: il refusa, voulant garder son autonomie. L'EAB contactée accepta la fusion... En 1946 les activités nautiques reprirent... comme les rivalités d'avant guerre. C'était bête et délirant car il y avait eu des mutations réduites certes mais réelles entre les clubs, et aussi parce qu'en l'absence de piscine à Bône, l'activité nautique avait lieu dans des installations précaires, démontables, qu'elles ne duraient que 3 mois de juin à mi-septembre, que le département ne comptait que 5 clubs: 2 rivaux ennemis à Constantine, 1 à Philippeville, plus les 2 bônois.
         La natation est un sport individuel, donc paisible; mais le water-polo est collectif, difficile, un sport de contact, où la vitesse de nage, la technique sont contre balancées par les accrochages et des actes sous-marins peu visibles pour les non initiés, mais pourtant répréhensibles (coups de pied, de coude, ceinturements et étreintes, tirages de maillot). C'est un sport à histoires qui demande de la force, du souffle, de la résistance physique. C'est très difficile à arbitrer pour un professionnel, et toujours tendancieux pour les supporters.

          A Bône, le malheureux arbitre n'était pas protégé, et surtout il subissait une pression énorme puisqu'il n'y avait pas d'installation pour l'isoler des spectateurs. Les vociférations, les insultes, les menaces physiques dont celle de finir à l'eau étaient son lot.
         Dans le champ d'eau, c'était presque le pugilat; à terre, les dirigeants en venaient presque aux mains.
         Ne parlons pas du public; comment des gens bien éduqués, courtois et paisibles se transformaient-ils en braillards passionnés et violents?
         Les journaux locaux avaient matière pour leurs compte-rendus de matchs. Sur la "Dépêche de Constantine", émanation du chef lieu, c'était facile: on éreintait Bône. Pour le journal local, la "Dépêche de l'Est", la rédaction mettait du baume anesthésiant. Mais faisait paraître à côté des commentaires du journaliste sportif maison, le délicieux et désopilant billet de l'ami Fernand Bussutil, auteur de "Moi et Augu", qui dans un langage imagé et truculent relatait en bônois authentique - le match de la veille. C'était signé OTTO BUS. on riait et on en avait les larmes aux yeux.
         Conclusion d'un protagoniste participant de cette bêtise: quels crétins nous étions!!!
         Bien sûr, nous n'avions pas l'apanage de cette médiocrité sportive. C'était pareil à Philippeville et plus hypocrite à Constantine. Les Bônois en déplacement étaient bien reçus, molestés si possible pendant les matchs et souvent raccompagnés par des volées de pierres à leurs sorties de ville en car.
         Petit souvenir personnel: le jeune cadet 1ère année que j'étais avait remporté le 50m nage libre à Philippeville, piscine Jeanne d'Arc. Pendant le match de polo RCP-CNB, il avait reçu le prix de sa victoire: Une magistrale raclée de la part des jeunes du club recevant et un début d'œil au beurre noir. Le grand Tartania de Philippeville qui allait devenir un ami m'avait sorti de ce mauvais pas.
         En somme, le sport en ces années là était le reflet du caractère passionné et chauvin de Méditerranéens amoureux exclusifs de leurs cités: et à Bône, la cité et le sport, c'était sacré.
         

Roland Riboud          

Le vieux golfeur
Envoyé par Jean Claude

        
         Voici une très belle histoire : 98 ans et aucun ennemi !

         Tous les golfeurs devraient vivre assez vieux pour devenir ce genre d'homme !..
         Vers la fin de la messe du dimanche, le prêtre demande :
         - Combien d'entre vous ont pardonné à leurs ennemis ?
         80 % des gens lèvent la main.
         Le curé répète sa question.
         Tous lèvent la main cette fois-ci, sauf un vieillard, un golfeur passionné qui s'appelle M. Bédard. Il assiste à la messe seulement quand la météo est mauvaise.
         - Monsieur Bédard, puisqu'il ne fait pas assez beau pour jouer au golf, je vous souhaite la bienvenue dans notre église.
         Vous ne voulez pas pardonner à vos ennemis ?
         - Je n'ai aucun ennemi, répond-il tranquillement.
         - Monsieur Bédard, ceci est très inhabituel. Quel âge avez-vous ?
         - 98 ans.
         Toute la foule se lève et l'applaudit.
         - Monsieur Bédard, pourriez-vous, s'il vous plaît, venir devant l'autel, et nous dire comment une personne peut vivre 98 ans et n'avoir aucun ennemi ?

         Le vieux golfeur marche le long de l'allée et vient dire tout simplement au micro :
         - Ils sont tous morts, ces fils de putes !


Revue Municipale N°1 (Avril-Mai-Juin 1955)
Envoyé Par M. Marius Longo
BÔNE
Présentée par M. Paul Pantaloni

Photo envoyée par M. Longo         Située à 156 kilomètres au Nord-Est de Constantine, près de l'embouchure de la Seybouse, sur le golfe qui porte son nom, Bône s'étend sur 10.849 hectares, 15 ares, 65 centiares.
         Son site naturel est un point de contact où convergent le massif littoral de 1'Edough, chaînon isolé entre le Cap de Fer et le Cap de Garde, d'une altitude moyenne de 500 mètres, la dépression subcôtière de l'ancien lac Fetzara aujourd'hui asséché, la vallée de la Seybouse, rare plaine basse largement ouverte sur la mer, et les reliefs qui poursuivent, vers la Tunisie, l'Atlas Saharien.
         Sur le massif de l'Edough où les sols sont siliceux et silico-argileux, domine le chêne-liège avec, en certains points, des groupes de grands chênes à feuilles caduques.
         La dépression limoneuse littorale du Fetzara est couverte de pâturages et de céréales.
         La basse vallée de la Seybouse aux sols rouges humifères, porte de riches cultures de vigne et de tabac.


         Le 27 mars 1832, le capitaine d'Armandy, à la tête de vingt-six marins de la goélette " Béarnaise ", s'emparait de la Casbah de Bône.
         Très vite, les services administratifs étaient organisés, et le 1er juillet 1832, le comte de Beaumont-Brivazac, premier Officier municipal de Bône, signait le premier acte de naissance d'un Français.


         Le 1er février 1849, M. Pierre-Auguste Lacombe était élu maire par le premier conseil municipal.
         La Commune était dès lors administrée à l'instar de celles de la Métropole, et prenait en cent ans le développement considérable qui fait d'elle, aujourd'hui, une grande cité, un grand port méditerranéen.
         Le dénombrement de la population au 31 octobre 1948, a donné pour la commune de Bône les chiffres suivants :
                  Européens…………………..  46.114
                  Musulmans……………..……  67.954
                  Soit un total de.... …………. 114.068

Photo envoyée par M. Longo


         Dans ces chiffres n'ont été compris ni les travailleurs saisonniers, ni surtout les voyageurs de passage, toujours fort nombreux dans un port aussi important.
         Par ailleurs, l'accroissement du peuplement est si rapide que l'on peut estimer aujourd'hui à 120.000 le chiffre réel de la population de la commune de Bône.
         En ce qui concerne les Européens, ils comprennent un fort pourcentage de descendants d'immigrants italiens ou maltais.


         Chez les Musulmans, si l'on rencontre la même diversité d'origine que dans tous les grands centres d'Algérie, il y a aussi uniformité de religion et de langage.
         Bône connaît, du fait des destructions causées par les bombardements aériens, mais aussi et surtout en raison de son développement, dans tous les domaines, une crise du logement particulièrement grave.
         Avant guerre, Bône comptait 18.000 logements. 2.000 ont été détruits, 2.000 autres sont des taudis qui devront disparaître.


         
         Les Cités-jardins créées par les Sociétés d'H.L.M. aux quartiers de Beauséjour, des Santons, des Palmes, de l'Etoile, de Bellevue, de la Cité Azur, de Sainte-Thérèse, etc... sont devenues insuffisantes, et la construction de grands immeubles a été entreprise à la Ménadia, sur le plateau des Santons et sur divers autres points de la ville.

Photo envoyée par M. Longo         Un quartier entier, dit " Cité des Lauriers-Roses ", comprenant 230 logements particuliè­rement adaptés à la vie musulmane, vient d'être achevé.
         Mais cette crise a provoqué aussi un surpeuplement des agglomérations de baraques des Béni-Ramassès et des « bidonvilles » qui abritent plus de 8.000 personnes.
         Autour de la ville et du port se trouvent rassemblées ressources de la culture, de l'élevage, ressource forestières et ressources minérales.
         8.037 hectares de la superficie de la commune sont utilisés pour l'agriculture.
         Dans les environs immédiats, la culture maraîchère domine.


         On trouve aussi des terres beaucoup moins importantes plantées en céréales d'hiver, en tabac, en vigne et aussi en arbres fruitiers (agrumes principalement), et des oliviers.


         Les exploitations des agriculteurs de la plaine de Bône ont pour prolongements les différentes installations des Coopératives des Associations agricoles : les docks-silos coopératifs, la Tabacoop, la Tomacoop, la Cotocoop, l'Oléocoop, les Caves coopératives, l'Agrumecoop.


         Sur le territoire de la commune, au 12ème kilomètre de la route de Philippeville, se trouve la mine des Karezaz (Belelieta), qui emploie 127 ouvriers.
         Le minerai se présente sous deux formes : une partie lenticulaire à arseniure de fer (FeAS2) pouvant contenir jusqu'à 25 % d'arsenic, ainsi qu'une quantité appréciable de tungstène (1,20 % environ), et une autre partie sans arsenic, à gangue de pyroxènite à querats, mais qui contient encore environ 0,7 % de tungstène.


         La Société exploite deux formations. La première offrait, en 1951, 63.000 tonnes environ. La deuxième est encore en période de recherches et de préparation. La minéralisation en tungstène y est plus sporadique.
         Une laverie permet de concentrer le minerai jusqu'à la teneur de 60 % d'oxyde tungstique (WO3). Elle peut traiter 50 tonnes en 24 heures de marche continue.
         Les concentrés obtenus sont vendus au Groupement d'importation de tungstène, organisme d'Etat.


         Le grand effort d'industrialisation de l'Algérie est marqué à Bône par la création, au lendemain de la guerre, d'entreprises industrielles d'importance :
                  — les usines de la Société Nord-Africaine de Constructions Mécaniques et Ferroviaires (constructions de moteurs, de matériel de chemins de fer et de Défense nationale) ;
                  — les usines de l'Aluminium J.P. (fabrication d'ustensiles ménagers en aluminium exportés en grandes quantités en Indochine, en A.O.F., à Madagascar, etc...) ;
                  — les usines de la Société Algérienne de Produits Chimiques et d'Engrais, qui approvisionne l'agriculture non seulement de l'Algérie et de la Tunisie, mais aussi de presque tous les pays méditerranéens.


         Le commerce est particulièrement actif et important dans ce grand port, débouché maritime de l'Est constantinois, région nettement individualisée où se réunissent ressources agricoles, forestières et minières.
         Bône est devenu le premier exportateur de produits miniers de la Méditerranée : minerai de fer de la Société de l'Ouenza, et phosphates de la Compagnie des Phosphates de Constantine.
         Le port de Bône est aussi un port de voyageurs de trafic marchand, d'escale, et un port de pêche.
         Le tonnage métrique des exportations dépasse de beaucoup celui des importations,
         Il est presque constamment quintuplé.


         Outre le fer, les phosphates et superphosphates, il convient de citer les charbons, les huiles minérales, les vins, les alcools, les céréales, les fourrages, l'alfa, le liège, les écorces à tan, le bétail, les fruits et primeurs, les tabacs. Il faut ajouter aussi les poissons frais ou salés, car Bône est un port de pêche qui arme en moyenne dix chalutiers et plus de cent petits bateaux.
         Les produits importés sont essentiellement des combustibles minéraux, des matériaux de construction, des machines, des produits alimentaires, des vêtements


         Les voies de communication qui aboutissent à Bône ou qui en partent sont toutes des routes anciennement tracées comme des voies naturelles, vers Philippeville et Constantine par Saint-Charles, vers Guelma, vers Souk-Ahras et de là vers les hautes plaines de Tébessa et le Sud, jusqu'au Sahara.
         L'>émigration vers la Métropole, d'année en année plus importante, concerne de jeunes Musulmans en quête de travail et dont la grande majorité est sans emploi défini.
         L'essor constant de la ville et du Port, leur prospérité ont attiré de l'intérieur un élément indigène de plus en plus nombreux, qui aggrave encore la question du logement et rend plus difficile la disparition des « bidonvilles ».


         Les réalisations municipales depuis quinze ans ont été, malgré les hostilités, nombreuses. Les principales sont :
                  — les Halles Centrales : construites en 1938, comportent au sous-sol marché de gros et poissonnerie, et à l'étage le marché de détail : 335 cases et magasins.
                  — les Abattoirs : construits en 1937, comprennent un hall d'abatage, une charcuterie, des triperies et boyauderies, un parc à bestiaux. Les équipements sont des plus modernes. Une installation frigorifique est prévue.
                  — le Stade : inauguré en 1938, comprend un terrain de football et de rugby avec une pelouse gazonnée, une piste cycliste cimentée de 500 mètres, une piste pédestre de 45 mètres et toutes installations d'athlétisme ; 6 courts de tennis ; 8 plateaux de culture physique, un boulodrome ; une salle d'escrime est prévue.
         Le stade peut recevoir 8.000 spectateurs.


                  — le Centre de Santé : dont la construction fut entreprise en 1937, a été inauguré en 1949 et mis en service en 1950.
         Il comprend :
                  Bloc A : véritable dispensaire polyvalent offrant aux nécessiteux de la ville toutes les possibilités modernes de dépistage et de traitement : dispensaire antituberculeux, radiologie, ophtalmologie, stomatologie, dermatologie, oto-rhino-laryngologie, maladies du sang, chirurgie générale.
                  Pavillon B : utilisé actuellement comme crèche, sera réservé à l’œuvre Grancher.
                  Pavillon C : toutes les disciplines médicales pour la mère et l'enfant.
         On trouve également dans le Centre de Santé, le service de l'Inspection médicale scolaire, intéressant plus de 10.000 enfants ; le Laboratoire, destiné aux besoins des services du Centre ; et un contrôle bactériologique des eaux de boisson de la ville.
                  — un Théâtre municipal : grand et de conception moderne, est actuellement en cours de construction sur l'emplacement de l'ancien.


         La situation démographique de Bône et de sa région a donné une acuité extrême à la question de l'alimentation en eau.
         Les eaux du massif de l'Edough, amenées aux citernes d'Hippone, et les eaux de Bou-Glès ne procuraient qu'un débit moyen de 44 litres-seconde, moins de 4.000 m3 par jour, quantité très insuffisante.
         Un captage opéré dans le massif des Béni-Salah, entre Blandan et le cap Rosa, a permis d'amener les eaux de Bou-Redim par une conduite de 60 kilomètres.
         La construction de nouveaux réservoirs en béton armé, de grands travaux de réfection et d'agrandissement du réseau de distribution ont considérablement accru les disponibilités en eau, qui ne sauraient cependant suffire dans un avenir assez proche.
         C'est de la construction d'un barrage sur la Bou-Namoussa, qu'est attendu le règlement complet du programme d'alimentation en eau de la ville et des centres environnants.


         La scolarisation à Bône présente des problèmes dus aussi à l'accroissement constant de la population.
         Le nombre d'enfants scolarisés s'élève à plus de 15.000, dont 12.000 environ sont des élèves d'écoles d'enseignement primaire.
         Le rythme des constructions scolaires, bien qu'accéléré au cours de ces dernières années, n'apporte pas encore une solution définitive à ce problème.
         Les principaux organismes du Centre de Santé ont été cités plus haut.
         L'Hôpital civil ayant été en partie détruit au cours des bombardements, tous les services hospitaliers furent installés dans les locaux de l'Hospice Coll.
         Cette installation provisoire présente de graves inconvénients.
         Les bâtiments sont surtout trop petits, et l'achèvement des travaux de construction d'un nouvel hôpital revêt un caractère d'indiscutable urgence.
         L'Hôpital actuel contient 660 lits.
         L'Hospice des vieillards reçoit 250 pensionnaires.
         Bône est le port naturel d'une riche région agricole, de tout l'Est constantinois dont la topographie et les ressources sont variées, mais qui n'en présente pas moins l'indiscutable caractère d'une unité très distincte.


         Bône est un centre économique dont l'importance s'accroît chaque année.
         Le chiffre de sa population est la marque de ce développement.
         De 12.000 habitants en 1851, il a dépassé 100.000 en 1949. Il sera dans peu d'années, de 150.000.
         Il apparaît que le projet — depuis longtemps à l'étude — de la création d'un département dont Bône serait le chef-lieu, est la condition essentielle de la continuation de cette marche en avant.


         La situation géographique de cette Cité, le fait d'être sans contestation possible la capitale économique de toute une contrée de l'Afrique du Nord, établissent l'intérêt primordial d'une telleréalisation.

Photo envoyée par M. Longo          Dr Paul PANTALONI,
         Député de Constantine,
         Conseiller Général,
         Maire de la Ville de Bône,
         Officier de la Légion d'Honneur.



HISTORIQUE DE LA VILLE

Les avantages naturels du site : un golfe largement ouvert à tous les navires, qui s'y trouvent néanmoins à l'abri des vents d'Ouest, l'abondance et la variété des ressources d'une plaine au sol d'une extraordinaire fertilité et des forêts couronnant les collines avoisinantes, justifient l'hypothèse de la fondation de la Cité par les Phéniciens, plusieurs siècles avant Jésus-Christ.

Photo envoyée par M. Longo          Petit port punique, puis après la chute de Carthage lieu de séjour des rois berbères, elle devint la grande et belle Hippo-Reggius lorsque la Numidie fut une province romaine.
         La " Pax Romana " assurant une intense activité agricole dans toute la région, Hippone se formait très vite en un centre commercial, devenait déjà un port des plus importants.


         Le grand souffle du Christianisme lui don­nait enfin ce caractère spirituel élevé que devait rehausser la prestigieuse figure du plus illustre de ses fils : saint Augustin, et que ne parvinrent pas à effacer les invasions barbares.
         Non loin des ruines, sur une hauteur, les Arabes fondaient au VIIème siècle la ville de Beleb-el-Anab.

Photo envoyée par M. Longo         Au Xème siècle, Sidi Belit édifiait sur l'emplacement du temple de Vénus l'Aphrodisium, la première mosquée qui prit plus tard le nom de Sidi-Bou-Merouane.


         En 1300, sur l'ordre du Sultan de Tunis, était bâtie la Casbah, assurant la protection des corsaires et la défense de la ville contre les incursions des montagnards de l'Edough. Détruite par les soldats de Charles-Quint, elle était reconstruite par les Turcs.


         Le 27 mars 1832, la goélette " La Béarnaise " venait s'embosser au Rocher du Lion. Au lever du jour, le capitaine d'Armandy débarquait à la tête d'un petit détachement ainsi composé :
                  Lieutenant de frégate du Couëdic ;
                  Elève de Cornulier-Lucinière ;
                  Maréchaux des logis Collomb et Charry ;
                  Vingt-quatre matelots et un mousse-tambour.
         Ils entraient dans la Casbah où les accueillait le capitaine Yusuf, venu en éclaireur, et s'emparaient de la ville.
         Celle-ci, en raison des luttes sans cesse reprises entre le Bey de Constantine et un ancien Bey nommé Ibrahim réfugié à Bône, était alors dans un état indescriptible.
         De cette bourgade quasi-détruite, le génie français a fait en cent vingt ans, une cité de cent vingt mille âmes, un grand port, débouché naturel de l'Est constantinois, vaste et riche région nettement individualisée où se réunissent ressources agricoles, forestières et minières.
         Bône est le premier port exportateur de produits miniers de Méditerranée.
         Outre les minerais en riche teneur de fer, les phosphates et super-phosphates, sont exportés des charbons, des huiles, des vins, des al­cools, des céréales, des fourrages, de l'alfa, du liège, des écorces à tan, du bétail, des fruits et primeurs, des tabacs, des poissons frais ou salés.
         Les exploitations des agriculteurs de la plaine ont pour prolongements les différentes installations des Coopératives des Associations agricoles.
         Un grand effort de reconstruction et de construction d'immeubles d'habitation a été entre-pris au cours de ces dernières années, qui permettra, à brève échéance, de régler le grave problème du logement posé par les destructions causées par les bombardements aériens, mais aussi et surtout en raison du développement de Bône, dans tous les domaines.
         Le commerce est particulièrement actif, et des entreprises industrielles d'importance ont été créées dès la paix rétablie.

Photo envoyée par M. Longo         Les réalisations municipales qui ont marqué le constant développement de la ville sont nombreuses : les Halles centrales, les Abattoirs, les stades, le Centre de santé, le Théâtre, les aménagements et agrandissements du réseau de distribution d'eau, etc...


         Bône, grande ville française, capitale économique de toute une contrée de l'Afrique du Nord, devrait logiquement, à bref délai afin de poursuivre sa marche en avant, devenir le chef-lieu d'un département qui serait l'un des plus importants, l'un des plus riches de la France.


HISTOIRE DES VILLES DE LA
PROVINCE DE CONSTANTINE      N°19
PAR CHARLES FÉRAUD
Interprète principal de l'Armée auprès du Gouverneur général de l'Algérie.
LA CALLE

ET DOCUMENTS POUR SERVIR A L'HISTOIRE
DES ANCIENNES CONCESSIONS
FRANÇAISES D'AFRIQUE.


Lettres de l'abbé Poiret sur Collo et La Calle en 1783

                   Le personnel du Comptoir, entretenu par la Compagnie du Bastion de France, se composait de deux commis et d'un domestique. Ils y passaient leur temps avec beaucoup de désagrément et de peur, selon les expressions de Peyssonnel. Du temps de Hugues, c'est-à-dire en 1783, l'état des choses, au point de vue commercial, était à peu près le même ; voyons plutôt ce qu'en dit l'abbé Poiret, dans ses Lettres sur la Barbarie, écrites dans le courant de cette même année 1783 :
                   "Les bâtiments qui abordent à Collo pour la Traite sont forcés d'être sans cesse sur leurs gardes ; ils ont à éprouver les plus fortes insultes de la part des habitants : souvent les gens de l'équipage n'osent débarquer qu'à la faveur des ténèbres. Ils se hâtent de charger les cuirs et autres denrées qui sont au dépôt, dans la maison de l'Agent de la Compagnie, et s'éloignent le plus tôt qu'ils peuvent d'un pays où les hommes sont plus à craindre que les bêtes féroces... Vous serez sans doute surpris que l'on expose ainsi la vie des hommes, en continuant de commercer avec des êtres aussi peu traitables... Les précautions, que l'Agent de la Compagnie est obligé de prendre pour sa sûreté, font frémir et annoncent bien l'évidence du danger. Il habite, avec un caissier et quelques domestiques, une maison qui n'a d'autre ouverture que de très petites lucarnes: encore les fenêtres et les portes sont-elles doublées de fer et en état de résister aux balles de fusil. Ces Messieurs font, avec leurs domestiques, une garde continuelle tant le jour que la nuit : malgré ces précautions, il est arrivé plusieurs fois des accidents fâcheux. L'on a vu des Arabes monter pendant la nuit sur les toits, enlever les tuiles, faire une ouverture pour passer le bout de leurs fusils et tuer ou blesser la personne en sentinelle. Ils ont une fois poussé leur rage jusqu'à mettre le feu aux quatre coins de la maison, et brûlé l'Agent et tout son monde. M. Hugues, agent actuel de la Compagnie, a été mille fois insulté ; Il y a quelques années, il reçut un coup de fusil à la joue dont il fut heureusement guéri. Il avait voulu se retirer : les Arabes s'opposèrent à son départ. Son successeur s'étant présenté, ils le reçurent si mal qu'il n'eut que le temps de se rembarquer. " La maison du Comptoir était située au-delà de la mosquée où s'élève actuellement l'habitation du Kaïd Ali bou Saâ. Les Colliotes l'appelaient Dar-el-Consoul, - la maison du Consul.

                  Nous aurons plus loin à reparler de Collo. Mais, pour suivre notre ordre chronologique, nous devons insérer ici divers renseignements fort curieux que nous fournit encore l'abbé Poiret dans ses lettres sur son voyage en Barbarie.

De La Calle, 12 mai 1783.
                   " ... Depuis deux ans, la peste ravage ces contrées et la négligence des habitants la propage d'une Nation chez une autre. Outre ce cruel fléau, l'on m'a dépeint les Arabes et les Maures comme les êtres de la nature les plus inhumains et les plus féroces, haïssant les Chrétiens, tant par principe de religion que par préjugé d'éducation.
                   " C'est un triomphe, un acte méritoire pour un Arabe que, de répandre le sang d'un Européen. Ils ne s'épargnent pas davantage entre eux et il est rare qu'une Nation ne soit pas en guerre avec ses voisins et qu'un Arabe sans défense soit en sûreté parmi ses semblables à quelques lieues de sa tente. Le peu que j'ai vu jusqu'à présent, m'a confirmé ces rapports. La Calle, principal Comptoir de la Compagnie Royale d'Afrique, a fermé ses portes et s'est barricadé pour éviter toute communication avec les Maures du dehors infectés de la peste. Ceux-ci, irrités et jaloux de voir les Chrétiens échapper, à une maladie qui humilie le Musulman, parce qu'il la regarde comme une punition du ciel, font tout ce qu'ils peuvent pour introduire la contagion parmi nous. Ils viennent enterrer à nos barrières des cadavres pestiférés et jettent par-dessus les morts des lambeaux trempés dans des bubons pestilentiels. La Nation dont nous avons le plus à souffrir est celle des Nadis, nos voisins et nos plus cruels ennemis. Ils ne se contentent pas de nous tendre des pièges secrets, ils nous attaquent encore à force ouverte. Il y a quelque temps qu'ils ont enlevé près de deux cents bœufs du troupeau que tous les jours on est obligé de conduire dans les pâturages des environs et que l'on entretient pour la nourriture de La Calle. Peu auparavant, ils avaient mis le feu à nos barricades pendant la nuit ; ils s'y tiennent souvent cachés et tirent sur le premier Chrétien qu'ils aperçoivent…

                  Plus loin, Poiret ajoute :
                   " Les grandes chaleurs m'ont ramené à La Calle. Elles sont si fortes en ce moment, qu'à peine ai-je le courage de conduire ma plume. Je suis obligé, à chaque ligne, de suspendre mon travail pour essuyer mes sueurs. Le vent du Midi souffle depuis quinze jours, et son haleine embrasée par les sables brûlants du Sahara nous dessèche et nous brûle. Une cause accidentelle ajoute encore à la chaleur de ces contrées : comme tout le pays est rempli d'abondantes broussailles qui, d'une année à l'autre, rendraient les chemins inaccessibles et les bois impénétrables, les Maures ont la précaution, tous les ans après leur moisson, de mettre le feu partout.

                  J'aperçois actuellement, à plusieurs lieues de distance, d'énormes tourbillons de flammes et de fumée s'avancer avec rapidité dans les campagnes, gagner les collines, pénétrer sans obstacle dans les plus épaisses forêts et ne laisser derrière eux que de noirs monceaux de charbon et de cendres, Ce spectacle a quelque chose d'imposant, surtout pendant la nuit. Une flamme pétillante qui s'élève par torrents et s'élance jusque dans les nues, une épaisse et noire fumée qui borde l'horizon et rend sensible l'horreur des ténèbres, les grands effets de lumière, la pâle lueur de la lune, tous ces objets contrastants offrent un tableau sublime dans son genre, mais effrayant pour l'imagination. Les animaux fuient de toutes parts ; plusieurs devenus la proie des flammes, font retentir au loin leurs cris douloureux : le trouble est partout et la frayeur est générale.
                   Cette désastreuse habitude d'incendier les forêts se maintient encore et cause de grands ravages, malgré les châtiments sévères infligés aux incendiaires et la vigilante surveillance de nos Agents. Le plus souvent, le feu éclate en territoire Tunisien et se communique au nôtre.

                  " Quoique les Maures aient soin de pourvoir à leur sûreté, cependant il arrive plusieurs fois que des douars entiers, hommes et troupeaux, sont enveloppés dans cet incendie général. Rien n'est épargné, excepté les pâturages et les bords des étangs. Ces feux durent plus de deux mois et enflamment l'atmosphère à un tel point que le thermomètre de Réaumur se tient constamment de 36 à 40 degrés d'élévation...
                   " Je me bornerai, dans cette lettre, à vous entretenir du Comptoir que j'habite, du caractère de ceux qui le composent et de la manière dont cette Place est dirigée et gouvernée. J'affligerai votre âme par le tableau que j'ai à vous tracer ; votre humanité gémira sur les maux de toute espèce auxquels le mercenaire est exposé sur ces côtes barbares; et votre cœur formera des vœux pour voir à jamais anéanti un commerce qui fait le déshonneur de la France, occasionne tous les ans la mort d'un grand nombre de personnes et offre une retraite à une foule de scélérats qui, par la dissolution de leurs mœurs, remplacent les crimes qu'ils ne peuvent commettre ici avec impunité.
                   " Vous chercheriez inutilement La Calle sur la plupart des cartes géographiques : vous y trouveriez le Bastion de France, quoiqu'en ruine depuis près d'un siècle; et bien des géographes modernes vous apprendront encore que cet ancien Comptoir est défendu par une bonne garnison de trois à quatre cents hommes. Il n'était éloigné de Là Calle que de trois lieues. Les mortalités annuelles, occasionnées par les grands lacs qui l'environnaient, obligèrent les Français à l'abandonner. Les maladies furent si meurtrières un certain été, que de plus de quatre cents hommes il n'en resta que six.

                  " La Calle, à trente-six lieues Ouest de Tunis, est bâtie sur un rocher stérile de très peu d'étendue. C'est, aujourd'hui, le principal Comptoir de la Compagnie Royale d'Afrique. Un Agent, auquel on donne le titre de Gouverneur, et une quinzaine d'Officiers subalternes en ont la direction. Les Maures sont exclus de cette Place, excepté quelques-uns que l'on y reçoit comme otages ou qui sont employés à des travaux manuels. Les habitants sont au nombre de trois à quatre cents, la plupart Corses ou Provençaux. Les uns sont chargés de la pêche du Corail. D'autres, avec le titre de Soldats, escortent un troupeau de bœufs et le conduisent tous les jours aux pâturages des environs. Souvent ces mêmes Soldats, convertis en charretiers, vont dans les forêts voisines couper le bois nécessaire pour le chauffage ou la construction ; les autres ouvriers portent le nom de frégataires. Ils sont destinés aux travaux intérieurs de la Place, comme à charger les bâtiments, à transporter le blé dans les magasins, à nettoyer le port, etc. ... La Calle est encore munie d'autres ouvriers nécessaires, de boulangers, de serruriers, de maçons, etc. ... Tous ceux qui habitent ce Comptoir sont nourris, logés et stipendiés par la Compagnie.
                   " Excepté les Magasins, le logement du Gouverneur et celui des principaux Officiers, les autres bâtisses ne consistent qu'en une soixantaine de baraques à un seul étage. La Calle, défendue de trois côtés par la mer, l'est encore du côté de la terre par un mur suffisant pour nous garantir des insultes des Maures, qui n'ont d'autre artillerie que leurs fusils. Le port est dominé par une quinzaine de pièces de canon. Il est petit, peu profond, très dangereux par certains vents qui y introduisent les vagues avec un fracas effrayant. L'entrée est environnée de rochers à fleur d'eau, où nombre de bâtiments sont venus se briser.

                  " Les femmes, destinées à consoler l'utile citoyen dans ses travaux, à adoucir par l'aménité de leurs mœurs celles de l'homme grossier, sont exclues de La Calle. Si quelquefois le Gouverneur a obtenu la permission d'y conduire la sienne, il en est presque toujours résulté des troubles, des séditions qui ne lui ont pas permis de la garder longtemps. En se déterminant à passer dans ce pays, il faut se résoudre à rompre les plus doux liens de la nature, pour vendre ses bras et souvent même sacrifier sa vie au service d'une Compagnie qui s'inquiète peu de ce que l'on souffre pour elle. La privation des femmes porte dans tous les esprits la tristesse et l'ennui. Des étrangers, divisés par des intérêts particuliers, jaloux les uns des autres, obligés de se réunir par désœuvrement, à se détester par envie, n'étant rapprochés par aucune sorte de liens, ni distraits par aucun délassement, ne formeront jamais une société amicale dont l'union et les agréments puissent dédommager de l'absence des femmes.
                   Il résulte de là une monotonie accablante, un ennui difficile à supporter, des désirs ardents de repasser en France et de se réunir au sein de sa famille et de ses amis ; il résulte, parmi le peuple, les vices les plus abominables, une entière corruption de mœurs, l'abandon aux plus honteux désordres et des horreurs dont on ne peut avoir idée que dans ce pays. Mais que faire, dira-t-on, si cet Établissement ne comporte pas d'y souffrir de femmes ? Que faire ? Il faut le réformer ou l'abandonner tout à fait. Faut-il, pour favoriser une Compagnie de commerce, peupler La Calle d'habitants plus coupables peut-être que ceux de Sodome et de Gomorrhe ! Faut-il arracher des pères à leur famille, des enfants à leurs parents, pour en faire des monstres en Barbarie !

                  " A ce premier inconvénient ajoutez, mon cher Docteur, l'air malsain du pays, corrompu chaque été par les exhalaisons de trois grands lacs qu'il serait facile de dessécher en les faisant communiquer avec la mer dont ils sont peu distants. Ce travail, il est vrai, occasionnerait quelques dépenses à la Compagnie ; mais à combien d'hommes il conserverait la vie ! Quand le temps des maladies arrive, et j'ai actuellement sous les yeux ce cruel tableau, l'hôpital en peu de jours est plein de malades. Une fièvre ardente circule dans les veines de ces infortunés; en moins de quatre jours, leur existence est terminée. Ces symptômes effrayants, l'air brûlant et lourd que l'on respire, le son continuel d'une cloche lugubre, les hommes frappés de mort à la fleur de l'âge, tout jette l'effroi dans les esprits. L'on ne parle, l'on ne s'entretient que de morts et de mourants ; chacun craint pour soi, et celui qui est en santé semble n'en jouir que pour ressentir plus vivement les peines de l'esprit. Combien l'imagination effrayée n'en a-t-elle pas précipité dans le tombeau !
                   " Jugez, d'après cela, de ce que doivent être les habitants de La Calle. Il se fait de temps en temps des recrues à Marseille, pour peupler ce Comptoir, que les maladies et l'abandon fréquent de ses habitants, oblige à renouveler. La Compagnie reçoit, indistinctement, tout ce qui se présente, sans examen, sans information. Pour être admis, il suffit d'avoir des bras. Si elle ne voulait que des honnêtes gens, La Calle serait déserte et elle le serait pour longtemps. L'honnête homme ne s'expatrie point pour gagner peu et risquer beaucoup. Aussi, cette Place n'est-elle habitée que par des hommes sans asile, sans établissement, sans ressources ; des hommes, la plupart flétris par la Justice, ou poursuivis par les lois ; des hommes perdus par le libertinage, la débauche, sans principes de religion, sans le moindre sentiment de probité. On en a vu de la troupe de Gaspard de Bèze, chef de voleurs exécuté à Aix, il y a quelques an-nées ; ou en a vu, dont les épaules attestaient les mœurs et la conduite ; enfin, j'en connais un à qui l'on écrivit cette lettre caractéristique : " Je t'apprends, mon ami, que tu as été rompu vif et Aix, il y a huit jours. " Vous serez peut-être curieux de savoir comment il est possible de vivre en sûreté, au milieu d'une troupe d'hommes de cette nature. Ces scélérats, n'ont point, ici, d'occasions fréquentes de se livrer au crime. D'ailleurs, aucune mauvaise action ne peut-être impunie. Le criminel, renfermé en une double barrière, la mer d'un côté, sur laquelle personne ne peut s'embarquer sans l'aveu du Gouverneur; la terre d'un autre côté, où il est impossible d'errer seul, sans être égorgé par les Maures.

                  " Excepté les grands crimes, les autres actions sont presque impunies à La Calle. Le Gouverneur n'y a que l'ombre de l'autorité. Il est forcé de ménager cette canaille, toujours prête à se révolter. Il ne punit le particulier qu'autant que celui-ci n'a point de parti pour le soutenir, et cette punition se borne à la prison ou à être renvoyé en France par le premier bâtiment : si arrivé à Marseille le coupable a envie de repasser, il suffit qu'il se présente au bureau de la Compagnie, sous un autre nom.
                   " Plusieurs sont revenus à La Calle à l'aide de cet artifice, en se moquant de l'autorité du Gouverneur et de ses menaces. Il y a plus : les fautes deviennent une spéculation d'intérêt pour ceux qui ont envie de retourner dans leur patrie. La Compagnie a coutume de faire payer le passage et la quarantaine à tous ceux qui reviennent en France. On leur retient à La Calle, sur leurs modiques salaires, la somme nécessaire ; et Ceux qui ne peuvent la donner sont forcés de rester ou de commettre des fautes assez graves pour que le renvoi devienne une punition. Dans ce cas, argent ou non, on les fait embarquer.
                   " Il y a, à La Calle, plusieurs postes où l'on fait une garde continuelle. Les soldats de faction sont tenus de sonner et de répéter toutes les heures. De l'autre côté du port, hors de la Place, est une éminence sur laquelle l'on a bâti un moulin assis sur une tour, et défendu par quelques pièces de canon. C'est de là que l'on observe tout ce qui se passe au dehors et que le soldat de faction, à l'aide d'un porte-voix, en donne avis aux habitants de La Calle. Il a soin également d'annoncer tous les cavaliers qui arrivent, ainsi que les bâtiments qu'il découvre en pleine mer…

                  " Le principal commerce de la Barbarie est accordé exclusivement à une Compagnie établie à Marseille sous le nom de Compagnie Royale d'Afrique. C'est à la pêche du Corail que cette Compagnie doit sa première existence. Cette Pêche fut longtemps la base et le fondement de son commerce. C'était une récolte dont le produit calculé était réputé invariable, qui, seul, procurait et la rentrée des dépenses que nécessite un grand Établissement et les bénéfices qu'il doit donner : mais alors la Pêche était constamment abondante et belle ; les frais d'exploitation étaient beaucoup moindres, les débouchés autant et peut-être plus avantageux et quelque révolution qu'éprouvassent les autres branches du commerce de la Compagnie, la pêche du Corail suffisait pour là maintenir, sinon dans un état florissant, au moins dans cet état d'équilibre et de solidité dont une Compagnie de commerce ne doit jamais sortir.
                   Depuis un certain nombre d'années cette Pêche a toujours été en décroissant. Aujourd'hui, elle est à un tel degré de pénurie, les qualités sont si faibles, si minces, que la situation de la Compagnie est totalement subordonnée au commerce des grains et de la laine, auquel elle joint celui des cuirs et de la cire, quoiqu'elle retire un bien faible profit de ces derniers articles.

                  " La laine, l'orge et le blé sont les denrées sur lesquelles la Compagnie gagne le plus : elle achète ses marchandises avec des piastres d'Espagne rognées. Elle enlève sur chaque piastre la valeur d'environ 15 sols et les fait passer en Barbarie pour le prix de 5 livres, piastres entières, et 2 livres 5 sols la demi-piastre. Cette spéculation ne laisse pas que de donner un profit assez considérable, qui monte à environ dix pour cent. Les principaux Comptoirs de la Compagnie sont à La Calle, à Bône, à Tabarque et à Collo.
                   " Si le Négociant, dans les Indes et en Amérique, est fier et despote, en Afrique il est bas et rampant. Il paie, et il paie très chèrement le droit d'acheter les productions de ce riche mais trop inculte pays. C'est principalement sur la Compagnie d'Afrique que tombent les plus fortes exactions. Les Puissances Barbaresques ne lui accordent le privilège exclusif de leur commerce qu'à raison d'un tribut annuel et la forcent de prendre leur denrées au prix qui leur est offert par d'autres Marchands interlopes, quoique la Compagnie paie en tributs ce que ceux-ci paient en augmentation.
                   " Pour avoir la liberté de faire pêcher le Corail sur les côtes du Royaume d'Alger et obtenir le commerce exclusif des grains, de la laine, de la cire et des cuirs dans ses différents Comptoirs, la Compagnie paie chaque année, au Dey d'Alger, environ cent mille livres et s'oblige de lui envoyer deux caisses du plus beau Corail. Les droits que le Bey de Constantine retire du blé qu'il fait vendre à Bône lui rendent près de cent pour cent, et on lui paie pour la laine 4 liv. l0 s. par quintal.

                  D'un autre côté, La Calle s'est soumise à payer aux différentes tribus Arabes, qui l'avoisinent, des revenus annuels sous le nom de Lismes (Lezma) ; les Nations qui les reçoivent sont appelées Lismataires.
                   " La Compagnie donne au chef de la Mazoule une demi-piastre (2 liv. 5 s.) sur chaque mesure de blé et un quart de piastre pour chaque mesure d'orge. Les autres hordes retirent également un tribut relatif aux denrées qu'elles apportent ; l'on paie aux Merdas 500 livres, quoique le commerce n'ait pas lieu avec eux à La Calle et que le Bey de Constantine les oblige de porter leur blé à Bône, sur lequel il gagne à son tour ; aux Nadis, 1,600 livres et ainsi par proportion à plusieurs autres Nations. Par un nouvel arrangement fait avec le Bey de Tunis, pour établir la pêche du Corail dans ses mers, ce Bey doit par la suite, retirer annuellement près de 27,000 livres. Le Comptoir de Collo a également des droits à payer à la Djemâa ou Tribunal de justice.
                   " Ces tributs, quoique exorbitants, sont dans le droit des gens et n'ont rien qui puisse humilier le Négociant... Mais ce qui avilit le Négociant Européen sur ces côtes, c'est le souverain mépris qu'il lui faut essuyer de la part des Maures ; ce sont les vexations et les injustices qu'il lui faut supporter pour y continuer un commerce tranquille.

                  " Les habitants de La Calle y sont le plus exposés. Lorsque les Maures se présentent, il faut leur distribuer du pain, de l'huile, du sel et bien d'autres objets qu'ils exigent avec fierté. Si, fatigué de leurs demandes, on leur refuse la moindre chose, ils font des menaces qu'ils exécutent presque toujours et avec d'autant plus de confiance qu'ils sont certains de l'impunité. Le mécontent se cache derrière un buisson, dans quelque défilé, et le premier Chrétien qui se présente est victime de son ressentiment. D'ailleurs, il n'est pas difficile à un Maure de mettre la Nation entière dans ses intérêts, de sorte qu'au lieu d'un ennemi l'on en a cent à craindre. Il faut alors parler d'accommodement, apaiser les mécontents et les Traités de Paix finissent toujours par tout accorder aux Maures. Malgré cela, l'on n'est pas en sûreté.
                   C'est, au contraire, quand les Maures nous voient sans défiance, qu'ils nous attaquent avec plus de succès. Ils commencent leurs hostilités par enlever une partie de notre troupeau, qui ne nous est rendu qu'aux conditions les plus humiliantes.
                   " Enfin, mon cher Docteur, pour achever de vous prouver combien le nom Français est méprisé sur ces côtes, il suffit de citer la loi du sang. Si un Maure tue un Chrétien hors le temps de guerre, il doit payer 300 piastres, qu'il ne paie jamais ; si, au contraire, un Chrétien tue un Maure, même pour sauver sa vie, la Compagnie est tenue de payer 500 piastres, dont ou ne lui fait pas grâce d'un denier... Les Maures, qui profitent de tout pour nous piller, souvent assassinent un d'entre eux, en déposent secrètement le cadavre aux environs de la Place, accusent les Chrétiens de ce meurtre et les obligent à payer.

                  " Il suit de là qu'il faut tout souffrir des Maures, tout leur accorder, oublier les insultes, supporter leur mépris et recevoir de ces Barbares des lois iniques et avilissantes. Par exemple, ne serez-vous pas surpris que la Compagnie n'ait pas le droit de nommer ses Truchemans ? Il appartient aux Maures qui ont toujours le soin de choisir celui d'entre eux qu'ils connaissent le plus propre à trahir les Chrétiens.
                   " Le Bey de Constantine s'est obligé, par Traité, à secourir les Chrétiens dans tous les cas ; toutes les fois qu'il le fait, il en résulte quelque nouvel impôt ; il est même quelquefois le premier à exciter des troubles, afin de se rendre nécessaire et de faire payer chèrement les secours qu'il accorde.
                   " Lorsqu'on obtint un Chef pour contenir les Maures de la Mazoule, ce Bey, à cause de quelques divisions, envoya un camp de 500 hommes, pour rétablir le bon ordre ; mais il exigea de la Compagnie, une piastre par homme qu'il fallut payer. Il n'y avait pas trop à se récrier. Mais l'année suivante, il réclama les 500 piastres d'usance et n'osant fonder ce tribut sur les secours qu'il avait accordés, il l'établit pour le passage de la rivière des Ceïbas (Mafrag), sur la route de Bône, quoiqu'il n'y ait ni pont, ni bateau, et que les Chrétiens n'y passent que très rarement, à moins qu'ils n'aillent à Bône par terre. Pour avoir la Paix, on se décida à payer et ce droit est resté. A ce trait, je pourrais en ajouter beaucoup d'autres de cette nature ; mais je crois vous en avoir assez dit pour vous donner une idée du commerce que l'on fait avec les Maures. "

" Bonne, 12 janvier 1783. "
" A M. Ferrier, à Alger,

                   " L'absence du Bey et d'Agy Messahoud, de Constantine, qui sont bien avancés dans le désert, ce qui rend les courriers pour chez vous, très rares, joint aux expéditions suivies des bâtiments que la Compagnie m'a expédiés, pour enlever le blé que le Mercanti nous livre, sont cause que je suis resté jusqu'à aujourd'hui, de répondre à la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire.
                   " J'ai expédié, jusqu'à présent, 5,800 caffis de blé, ce qui fait 200 caffis en plus de vos accords avec Agy Messahoud. J'ai actuellement sous charge un gros vaisseau. Il y a ensuite sur la rade, une petite tartane, et j'attends d'autres bâtiments que la Compagnie m'a écrit devoir bientôt m'expédier. Il peut y avoir encore dans les chambres de la ville et quelques Magasins aux environs, 2,000 caffis, ce qui ferait en tout 8,000 caffis à peu près.
                   " La Compagnie a bien tardé quelque temps de m'envoyer des bâtiments, parce qu'elle n'en trouvait pas ou qu'il fallait payer de gros nolis et que le blé n'avait pas de vente. La saison avancée est cause aussi que les temps à la plage et la grosse mer, ne nous permettent pas d'embarquer du blé ; l'on ne peut pas faire non plus beaucoup de diligence à l'embarquement, à cause du peu d'Amals et surtout cette année, par rapport à l'éloignement des chambres, où l'on a été obligé de mettre le blé, attendu la quantité qu'il en est venue à la fois. Si les gens de ce pays travaillaient comme chez nous, les affaires se feraient avec plus d'aisance, et rien ne souffrirait ; mais on ne peut pas compter sur leur parole. J'ai été trompé pendant deux années ; ce n'est que dans, cette dernière affaire qu'ils n'ont pas varié. Cependant, de 8 à 10 mille, il y en a deux de plus qui font la charge de plusieurs tartanes et 50 mille piastres de plus, que l'on ne trouve pas si aisément, surtout en espèces telles qu'il le faut dans ce pays.

                  " J'en ai prévenu la Compagnie depuis longtemps ainsi que pour la laine de la nouvelle toison, que l'on nie fait espérer venir toute ; et s'il en est comme l'année dernière, qu'elle vient toute dans un mois, il faut avoir de gros fonds en caisse pour la payer, autrement c'est un murmure et un vacarme terrible, comme encore des plaintes au Bey, Souvent, ce manque d'argent vous fait manquer la Traite : c'est aussi alors un travail de force et nous nous en faisons tous malades.
                   " Agy Messahoud, parti d'Alger, a été en droiture au camp du Bey où il est encore. A leur arrivée à Constantine j'y enverrai notre Drogman, mais j'aurais voulu savoir auparavant si, lors du Traité fait avec lui, vous lui avez fait quelque donative ou quelque présent, parce qu'à défaut, il lui faudra donner quelque chose : vous savez que c'est l'usage dans ce pays. Ainsi, veuillez bien me le mander pour ma règle et pour que cet Officier n'ait pas à se plaindre de moi. Je lui ai envoyé prendre une pièce de toile qu'il m'a demandé peu avant son départ pour Alger : j'attends qu'il soit de retour à Constantine pour la lui envoyer. Elle est du prix de 45 piastres, que je ne lui ferai point payer, ainsi que je l'ai pratiqué dans tout ce qu'il m'a demandé.
                   " J'ai su qu'il nous avait fort recommandé dans diverses de ses lettres au Caïd et à Benadoux ; ils sont l'un et l'autre plus honnêtes et moins difficiles dans le travail où les expéditions nous obligent, mais cela ne nous donne pas une meilleure mesure. Sur le blé, nous sommes au contraire plus mal qu'auparavant, attendu que les guelbes (mesures) sont entièrement usées, fendues en divers endroits, amoindries par l'entrée qui est sans fin et les bords rongés ; le blé, rasé avec des bâtons qui, presque tous, sont courbes et qui forment un creux dans la guelbe. Le blé, cette année, est plus que jamais chargé de terre qui donne une poussière insupportable et qui rend malades tous ceux qui assistent à la mesure. Le blé venu de Constantine a, outre cette terre, une poussière de chaux qui incommode non seulement ceux qui sont à la mesure, mais encore les équipages des bâtiments, ce qui me fait craindre que la Compagnie ne trouve pas sa mesure à Marseille. Toutes les années, le Mercanti nous emprunte des guelbes et ne nous les rend pas toutes. Je prendrais patience s'il s'en servait lorsqu'il nous livre du blé, mais point du tout : ils ne font usage alors des vieilles, sous prétexte qu'elles sont plus légères.

                  Cependant, comme telles, ils ne s'en servent pas lorsqu'ils reçoivent le blé des Maures. Je connais la raison qui fait agir ainsi Benadoux ; cette différence de mesure fait qu'il en fait trouver raisonnablement au Bey et qu'il a une bonne part pour lui qui lui rend considérablement, ce qui lui procure le moyen de donner gros à Agy Messahoud, au grand Écrivain et d'augmenter son capital, chaque année, d'une forte somme, tellement que je ne crains pas d'avancer que ce Maure a actuellement au-delà de 45 mille piastres, ce qui le rend insolent et osé. S'il n'était Benadoux, le Caïd serait plus traitable. Outre que cet Écrivain l'irrite en lui disant que nous ne lui donnons pas assez, il affaiblit nos donatives par le pillage qu'il fait sur tout, même sur ce que nous lui donnons. C'est l'homme le plus avide que j'aie jamais connu et qui hasarde tout sans aucun ménagement, parce qu'il compte fort et avec raison, sur la protection d'Agy Messahoud qui, jusqu'à présent, l'a épaulé en tout. Voilà, Monsieur, comme nous en sommes, malgré les grandes recommandations dont je sens un mieux être. Jugez un peu s'il n'avait été les peines que vous avez pris pour nous procurer quelque tranquillité et que les Étrangers eussent pu venir, comme de coutume, pour y enlever les grains.
                   " Vous sentez bien que le Bey, le Mercanti et les alentours du Bey n'ont pas vu avec plaisir la préférence que le H. Pacha a donné, cette année, à la Compagnie ; cependant ils gagnent tous beaucoup, du moins veux-je dire le Bey et le Mercanti : le premier gagne 13 p. par caffis, et l'autre, par l'industrie de Son Écrivain, n'y perd rien outre ses droits d'usage.
                   " Je ne suis pas surpris si Agy Messahoud n'a pas été content du médecin Génois que Millanto lui a amené. Primo, il ne le lui avait pas demandé ; 2° son air jeune n'a peut-être pas inspiré de confiance ; 3° la Maladie d'Agy Messahoud n'est que dans son esprit, pour quelque affaire qui l'affectait, ce qui ne demandait pas de remèdes forts qui missent trop les humeurs ni le sang en mouvement.
                   " Lorsqu'il me demanda de lui faire venir le Chirurgien de La Calle, je prévins ce dernier de la maladie d'Agy Messahoud ; il lui donna quelque petit remède doux et lui dit qu'il n'en avait pas besoin, seulement de s'égayer et faire de l'exercice. Mais comme il ne voulait pas qu'il fut dit que ce Chirurgien fut venu exprès pour lui et qu'il tardât de se rendre à Constantine, et que j'en tirais parti, il ne le garda pas, d'autant qu'il connaît par lui-même qu'il n'a pas besoin de remède, mais bien de toute autre chose. Il se contenta de le laisser reposer quelques jours chez Agy Ahmed et le congédia ensuite.
                   " Il paraît, par ce qu'on m'a dit, qu'il n'a plus le même attachement pour Millanto. Ce Tabarquin s'est grandement brouillé avec le Médecin, au point que Millanto, à ce qu'on m'a rapporté, lui a dit qu'il a encore quelques sequins pour le faire assassiner à Gênes. Le Médecin a une obligation de la part de Millanto, ou, pour mieux dire, de la maison Fabrega de Gênes ; comme quoi on lui accordait deux cents sequins pour venir traiter Agy Messahoud… Ce Médecin est à Constantine où il traite Assem Bacha.

                  " Vous me marquez que les cuirs et les laines se vendaient bien à Marseille. Nous ne pouvons pas profiter beaucoup sur ces premiers, puisque les Carrasin (Kherasin - cordonniers), nous les enlèvent tous à plus haut prix que nous ne pouvons les acheter, et surtout les grands ; ils ont triplé leurs tanneries de ce qu'elles étaient autrefois et vendent leurs cuirs aux Tunisiens. Quant à la laine, au prix que nous l'achetons et que la Compagnie la vend à Marseille, il n'y a presque point de profit. Elle a été heureuse de tout vendre, dans un dernier marché qu'elle a fait, autrement elle y aurait perdu gros.
                   " Je crains pour celle de la nouvelle toison qui, suivant les apparences, sera bien inférieure, attendu la maladie et la mortalité des bestiaux occasionnée par le manque de nourriture. Cependant, faudra-t-il la recevoir telle qu'elle viendra, et, sur ce qu'on a voulu me dire, elle viendra encore toute cette année, ce qui obligera la Compagnie à envoyer de gros fonds; je l'en ai déjà prévenue à l'avance...
                   " Le neveu du Bey ou soi-disant, est parti, le 3 décembre dernier, sur un bateau Ragusais, qui a chargé 400 caffis de blé pour Alexandrie. Il n'a pas dû toucher à Tunis à cause de la peste ; que ce fléau, quoi qu'il ait diminué, est encore bien fort, puisque, par les dernières lettres qui sont du 13 décembre, il y mourait encore 200 personnes par jour. A la fin, l'on a reconnu que c'était la peste, et le Bey et Messieurs les Consuls, ainsi que les Négociants, ont commencé, le 16 novembre, de prendre des précautions contre cette maladie.
                   " Ce fléau ne s'est étendu que jusqu'à Bege, où il est mort beaucoup de monde, ainsi qu'à Bizerte et tout le reste du Royaume. A peine a-t-on pu semer le tiers des terres. Il était défendu à tous les fours de plâtre d'en vendre pour la bâtisse, il devait être livré en entier pour les sépultures. Les tombes qui sont blanchies à la chaux.

                  " Un frère du Bey est mort. Tabarque, jusqu'à présent, a été exempte, de ce fléau. La Calle a une barrière. Des ordres, du Bey, ont été portés à toutes les Nations sur les frontières de Tunis de ne laisser passer personne pour aller ni venir. Jusqu'à présent, nous sommes ici tranquilles. Dieu fasse qu'il en soit de même le printemps prochain.
                   " Si le Raïs du Collo, qui avait insulté la chaloupe de La Calle, sous le Cap de Rose, a été bâtonné par ordre du Caïd, ce n'a été que parce qu'il était ennemi de Benadoux et il s'est servi du prétexte de la chaloupe pour passer sa haine sur ce Raïs. Il m'a fallu paraître comme demandant cette justice à laquelle j'étais présent. Ce sont là les ruses de Benadoux, auxquelles je ne me laisse pas surprendre, d'autant qu'il m'avait donné à connaître qu'il en voulait à ce Raïs.
                   " Les Vénitiens tiennent deux chebeks à La Galite, pour courir sur tout bateau qui voudrait aller et venir, et, lorsqu'ils en trouvent, ils font main basse sur tout. Leurs bateaux font de temps en temps acte d'apparition et restent deux ou trois jours, passé lesquels ils gagnent le dehors. Le Bey de Tunis, dit-on, ne veut point entendre parler de Paix sans argent. Les vaisseaux ont beaucoup de malades dans leur bord ; il paraît que le Grand Seigneur ne se mêle pas de ces affaires.
                   " Comme vous voyez, entrés dans une nouvelle année, veuillez bien, Monsieur, que je vous la souhaite des plus heureuses en santé et que vous puissiez aussi bien réussir, comme vous l'avez fait cette année, dans vos sollicitations auprès de Son Hautesse le Pacha. La Compagnie en a besoin, car il y a plusieurs années que La Calle et Le Collo lui donnent des pertes. "

BOURGUIGNON. "          

A SUIVRE

ALGER, TYP. DE L'ASSOCIATION OUVRIÈRE
V. AILLAUD ET Cie
Rue des Trois-Couleurs, 1877
Livre numérisé en mode texte par M. Alain Spenatto.

LES LÉGENDES DU SIROCCO
Photo Marcel Pernice

Chers amis,

Natif de La Calle, j'ai publié plusieurs ouvrages dont "Les légendes du Sirocco" (ci-dessous la 4ème de couverture).
Je vous invite à en découvrir un épisode
L'ouvrage étant en cours de réédition chez un nouvel éditeur.
             René FALANGA

Les Légendes du Sirocco
De René Falanga

       René FALANGA a passé son enfance à La Calle, petit paradis du bord de mer dans l'est Algérien. A dix-neuf ans, alors que l'enfer se déchaîne dans son pays, il débarque en Provence, bien décidé à conquérir La Gaule… Après Sciences Pô, Sciences Éco, et un passage rocambolesque sous les drapeaux, il sera promu à des postes de direction dans plusieurs régions de France avant de devenir parrain en mission d'insertion pour les jeunes. Un jour, il reprend ses carnets de note, où, au fil du temps, il a croqué les choses de la vie.

       De là naitront plusieurs ouvrages dont " Les Légendes du Sirocco " qui relatent les trajectoires authentiques de femmes et d'hommes que rien ne prédisposait à devenir des héros. Mais le Destin, complice ou implacable, bouleversera leur vie. Comme Grand'mère courage, son aïeule qui, veuve avec huit enfants accrochés à ses basques, débarqua sur cette nouvelle terre promise pour tenter de refaire sa vie.

       Avec, toujours prégnante, l’haleine brûlante du Sirocco qui accueillera les nouveaux immigrants et, un siècle plus tard, chassera leurs descendants loin du pays qui les avait vu naître. Errances douloureuses d’un petit peuple ballotté entre deux rivages.

       « Les Légendes du Sirocco » constitue un recueil d’épopées réelles à 95% qui se sont déroulées des deux cotés de la Méditerranée, du milieu du XIXème siècle jusqu’aux années 1990.

       Il s'agit de neuf histoires où le destin transformera des femmes et hommes simples en autant de personnages extraordinaires, aussi héroïques que pathétiques. Avec le souffle brûlant du Sirocco qui les accompagne tout au long de leur trajectoire…

       Titres de nouvelles : "D'une rive à l'autre » - « Le cimetière d’Arthur » - « Grand’mère courage » - « Une famille méritante » - « La pyramide de Philomène » - « Naissance d’un petit consulat de France » - « La maison sur la digue » - « L’ironie du destin » - « Une histoire d’amour » - « Le légionnaire de la Messida ».

       Du même auteur : " Un pied-noir à la conquête de La Gaule " T1 et T2, " Arthur et Ève ", " L'odyssée du futur ", " J'ai décroché un entretien d'embauche ", " Un parrain ".

Amicalement
René FALANCA
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Grand'mère Courage (suite)
Par M. René Falanga
L'exil
Extrait du Livre La Légende du Sirocco

L'entreprise


           Un beau matin d'avril, Francesca reçut la visite inopinée d'Amadeo, cousin de feu Giuseppe, dont elle avait apprécié le bon sens et la gentillesse à Ischia bien des années auparavant. En déplacement pour ses affaires à Bône, l'homme voulait faire connaissance avec ses neveux et nièces et apporter des nouvelles de la famille restée au pays. Établi depuis plusieurs années à Torre Del Greco, près de Naples, il dirigeait un commerce prospère de confiserie en gros.
           L'homme apprécia en connaisseur les réalisations de la jeune femme et la félicita pour son courage. La cueillette des abjoumards l'intéressa tout particulièrement car les fabricants de matelas napolitains faisaient venir à prix d'or du crin végétal de Tunisie et de Turquie. Vivement intéressée, sa cousine entrevit une nouvelle perspective de gain.
           Quelques jours plus tard, Amadeo étant reparti pour l'Italie, elle s'ouvrit de son projet à l'ami Jacques. Ce dernier l'approuva sans réserve, donna d'utiles conseils et promit de l'aider de son mieux à lancer sa nouvelle activité. Resté seul, l'amoureux éconduit ne put s'empêcher de regretter amèrement de n'avoir pas su plaire à cette femme extraordinaire.
           La vedova mûrit soigneusement son plan tout l'été. A l'automne, sûre de son fait, elle le mit à exécution. Aidée par Rosina elle constitua le dossier nécessaire, établit ses comptes et négocia avec la direction de l'usine de La Calle un prix de cardage à façon des abjoumards et la fourniture de sacs de jute pour le transport des crins.

            Le programme se déroula comme prévu. A la cadence de trois fois par an, une balancelle italienne spécialisée dans le cabotage régulier entre les ports de l'est algérien et Napoli emporta les ballots. Francesca accompagnait sa précieuse marchandise jusqu'à l'entrepôt du cousin Amadeo à Torre Del Greco. Ce dernier jouait les intermédiaires auprès des fabricants de matelas napolitains mais la vedova se débrouillait très bien toute seule pour vendre son crin à bon prix après d'âpres négociations. Chaque livraison lui rapportait dix fois plus que la fourniture des feuilles d'abjoumards à l'usine de La Calle et, déduction faite des frais de transport et d'une commission de courtoisie laissée au cousin, représentait un apport quadruple en pièces d'or.

            Le bénéfice final était partagé en deux parties égales. L'une irait arrondir le pécule familial. L'autre était investie sur place dans l'achat d'un stock de confiseries variées qu'Amadeo lui cédait à prix préférentiel. Les sucreries étaient emballées avec un luxe de précautions dans de petits sacs de toile doublés rangés dans des panières en osier. La veille de chaque départ, en signe de remerciement, la jeune femme offrait un dîner au cousin et à Maria, sa femme, et de menus cadeaux à leurs trois filles. Le lendemain, elle entreprenait la traversée de retour sur la même balancelle dont le capitaine était un ami d'Amadeo.
           Pendant ces voyages, les enfants étaient confiés aux soins vigilants de Fatima Ben Mahadi, l'arrière grand'mère de Medhi, devenue au fil des années la Zia Fatma, la vieille tante de la famille. Son mari, Ali, veillait à la sécurité de la propriété et son fils aîné, Ahmed, assumait l'essentiel des travaux des champs et l'entretien des animaux domestiques. De retour à La Calle, Francesca entreposait ses confiseries au frais dans le cellier en pierres construit spécialement derrière la maison. Jacques lui rachetait une bonne moitié du stock pour achalander les rayons de son épicerie et Rosina se chargeait de prévenir toutes les familles d'immigrés italiens éparpillées au flanc de la colline. Et des pièces de monnaie s'entassaient dans la boite en fer blanc...

            Lors du sixième voyage en terre napolitaine, alors qu'elle dégustait chez Amadeo des fruits délicieux, une nouvelle idée germa dans l'esprit fertile de Francesca. Elle acheta de jeunes plants d'arbres fruitiers provenant de Sicile et, après les avoir enveloppés dans des toiles humides, les dissimula à fond de cale sous des ballots de marchandises diverses. Et ce, avec la complicité du capitaine de la balancelle car le gouvernement Français interdisait alors l'introduction de plantes étrangères sur le territoire de sa nouvelle colonie.
           De retour sur son lopin de terre, elle planta les jeunes pousses sur une parcelle protégée autant du vent d'ouest que des regards indiscrets par un repli de la colline et une rangée d'ifs plantés dix ans plus tôt. Pendant trois longues années, les arbustes furent arrosés, taillés et traités avec le plus grand soin. Au printemps suivant ils entrèrent enfin en production et dés l'année suivante amandes, bigarreaux, cœurs de pigeon, pêches de vigne, prunes, pommes rainettes et poires jaunes de Saint-Jean devinrent, et pour longtemps, les plus beaux et les plus savoureux fruits de toute la contrée. Au point que, près de quatre-vingt ans plus tard, le brave Medhi pouvait encore clamer en poussant sa carriole dans les rues du village :
           - Les pêches de vigne de Fifine ! Le muscat de Pomponnette ! Les figues de Biou ! Que du sucre ! Que du sucre !

            Les années passaient inexorablement. L'indomptable vedova avait vieilli et son dos voûté témoignait du combat harassant mené contre la terre. Tanné par la vie au grand soleil, son visage se parait des rides de noblesse propres aux rudes travailleurs et sa magnifique chevelure à présent toute blanche se dissimulait toujours sous l'éternel fichu de deuil.
           Quant au pécule familial, son obsession de toujours, il s'était arrondi et permettait à présent de faire face aux besoins de la famille. Pourtant, par méfiance atavique, Francesca refusait obstinément de confier ses économies au bureau de banque ouvert récemment à La Calle et conservait ses pièces d'argent et d'or dans la boite en fer blanc des débuts. D'ailleurs, après tant de privations et de misère, ce sens aigu de l'économie restera l'une des obsessions de ces immigrés italiens pendant plusieurs générations... Aux villageois qui montaient jusque chez elle pour acheter fruits, légumes, poulets et oeufs, elle exhibait fièrement sa zappa d'oro, sa pioche magique qui lui avait permis de faire fructifier le sol aride de son lot de colonisation. Son seul trésor, répétait-elle.

            Aidée par un vieux maçon calabrais, immigré lui aussi de longue date, elle avait pu construire une maison " en dur " sur le terre-plein où, lors de son arrivée, elle s'isolait souvent pour méditer et pleurer. Au-dessus de la grande terrasse face à la mer, une treille tentaculaire fournissait à profusion des grappes de raisin dattier muscat. Quant au puits, récuré régulièrement, il produisait toujours à volonté son eau fraîche et pure. Voyageurs et pèlerins qui retournaient à pieds dans leurs douars sous la chaleur écrasante de midi, faisaient étape devant la porte de la maison pour se désaltérer et acheter les fruits de la Signora Francesca.
           Signe d'aisance matérielle, la veuve et ses enfants pouvaient à présent déguster le dimanche une plantureuse daube italienne avec de la véritable viande de bœuf achetée chez l'un des deux bouchers établis au village. Finie l'époque de la pasta alla carne sfugitta, les pâtes à la viande sauvée, où, pour cuisiner la sauce, on faisait revenir des oignons, de l'ail et des tomates avec quelques bas morceaux grossièrement hachés. Parfois, quelque vieil italien nécessiteux s'invitait à ces agapes hors de portée de sa bourse. Quant à l'ami Jacques, crâne dégarni et grande barbe blanche, il venait souvent, une bonne bouteille sous chaque bras, passer le dimanche à l'ombre de la treille. Dans les familles éparpillées au flanc de la colline nombre d'enfants étaient nés qui avaient enfanté à leur tour. La troisième génération prenait la relève.
           Pendant toute cette période, très loin, de l'autre côté de la mer, dans cette future mère-patrie dont ces migrants ne parlaient même pas la langue, des événements, certains heureux d'autres dramatiques, réglaient la marche de l'Histoire. Au fil des années, par bribes irrégulières et le plus souvent grâce aux militaires et aux employés de l'administration, les habitants de La Calle en prenaient connaissance.
           Les derniers rois de France, Charles X et Louis-Philippe, sous le règne desquels la conquête de l'Algérie avait débuté, cédaient le pouvoir au peuple. La révolution de 1848 engendrait la seconde république. Trois ans plus tard, un neveu de Napoléon 1er s'emparait des rênes du pays et instaurait le second empire sous le nom de Napoléon III. Pendant son règne, l'industrialisation de l'économie s'accéléra, une expédition militaire tenta en vain de conquérir le lointain Mexique et la France arracha la Savoie et le Comté de Nice à l'Italie. L'empereur abdiqua après avoir été battu à Sedan par l'armée prussienne de Bismarck. Sitôt proclamée, la troisième république décida d'accélérer la colonisation de l'Algérie et d'entreprendre celle d'autres territoires en Afrique noire et en Extrême Orient.
           Ces bouleversements successifs entraînèrent l'arrivée de nombreuses familles de colons dans toute l'Algérie, communards chassés de Paris, Alsaciens et Lorrains fuyant l'occupation allemande, Marseillais et Corses en quête de bonne fortune, Italiens, Espagnols et Portugais venant tenter leur chance. À La Calle, où Siciliens, Calabrais et Maltais continuaient d'affluer, on se contentait de changer le portrait officiel du chef de l'État dans le bureau du maire.

            Devenus adultes, les enfants de Francesca choisirent leur trajectoire de vie. Alessandro partit tenter sa chance dans le sud de cet immense territoire qu'on appelait à présent l'Algérie Française. Il devint contremaître dans les mines d'Ouenza et convola en justes noces avec la fille unique d'un Alsacien exilé. Sa femme mit au monde quatre beaux garçons blonds. Quant à Alberto, encouragé par lo rio Amadeo, il embarqua sur une balancelle en partance pour Torre Del Greco. Son oncle lui enseigna les règles du commerce puis l'engagea comme associé dans son affaire. Plus tard, faute de descendance mâle, le vieil homme en fera son successeur dans l'entreprise familiale.
           Saverio et Rosina restèrent auprès de leur mère. Ils vécurent un temps dans la maison familiale avant de fonder à leur tour une famille. Le garçon épousa Lucie, troisième fille d'une famille du Jura venue s'installer au village. Il monta son atelier de forge et de charronnerie en bordure de la place de Tunis qui venait d'être aménagée. Le couple engendrera cinq enfants. Quant à la fille, elle attendit sa trente-cinquième année pour accepter la demande en mariage d'un émigré sicilien, veuf de son état, le sympathique Domenico. Les nouveaux mariés s'installèrent dans la maison des premiers arbres et Francesca leur confia la charge de l'exploitation agricole. Ils plantèrent des vignes et d'autres fruitiers et eurent six enfants, trois filles et trois garçons dont l'un d'eux, Ferdinand, deviendra un jour le grand-père du narrateur.

            La vedova avait cessé son commerce de crins avec l'Italie mais tenait à participer encore aux travaux de sa terre. Entourée du respect de tous, elle eut le bonheur de voir grandir plusieurs de ses petits enfants. Mais ses forces déclinaient et ses bras décharnés peinaient de plus en plus à manier la fameuse zappa d'oro. Par une douce soirée de printemps, elle alla s'asseoir sur la pierre plate qui, bien des années auparavant, avait recueilli sa détresse des premiers jours. Tout comme autrefois, l'air embaumait des senteurs de la garrigue auxquelles se mêlaient à présent les fragrances fortes des fruitiers en fleurs. Profitant des derniers rayons de soleil les fauvettes, chardonnerets et rouges gorges pépiaient à gorge déployée. Francesca laissa son regard errer sur l'horizon marin. Au bout du cap Rosa, le soleil allait bientôt disparaître dans la mer encore agitée par la brise d'est.
           Tout autour d'elle, des maisons en dur remplaçaient à présent les huttes primitives. Elle pensa aux pionniers qui avaient effectué la traversée de l'exil en même temps qu'elle. Tous dormaient à présent dans le cimetière marin et leur nombreuse progéniture s'était égayée aux quatre vents. Francesca ne ressentait nulle tristesse. Seulement un peu de mélancolie vite chassée par la fierté de l'œuvre accomplie. Elle caressa son rocher de la main. Combien de fois s'était-elle réfugiée ici pour faire le point sur sa vie ? Elle sourit en songeant qu'elle n'avait jamais cessé de se confier à son Giuseppe, le seul homme de son existence, qui dormait là-bas dans le petit cimetière d'Ischia. Sans doute était-il fier de la réussite de sa femme. Elle lui promit de venir bientôt le rejoindre tout là-haut dans les nuages et, comme chaque fois, lui redit son amour.
           Elle ne parvint pas au terme du siècle. Epuisée par toutes ces années de lutte incessante, elle rendit son âme à Dieu dans sa soixante-dixième année par une nuit calme d'hiver, veillée par ses enfants et petits enfants, par la vieille Fatima Ben Mahadi et par Jacques le fidèle.

            Pour lui rendre hommage, Rosina et Saverio organisèrent de vraies funérailles avec une grande messe célébrée en l'église Saint-Cyprien enfin achevée. De nombreux habitants du village participèrent à la cérémonie funèbre et accompagnèrent la défunte jusqu'à sa dernière demeure derrière le corbillard obligeamment mis à la disposition de la famille par Jacques, nouveau Maire de La Calle. La Signora Francesca fut mise en terre dans une modeste tombe en contrebas du cimetière au milieu des sépultures que la vaillante femme creusait elle-même autrefois pour les défunts sans fortune. Les griffes de sorcière recouvrirent rapidement la pierre grise de fleurs multicolores. Les années passant, les embruns rongèrent peu à peu la modeste croix de fonte et les mousses vertes recouvrirent l'inscription gravée par le gardien du Campo Santo Dei Christiani :
           " Ici repose pour l'éternité La Signora Francesca, une femme d'exception. Que Dieu ait son âme en Sa Sainte Garde".

            Soixante-cinq ans plus tard, Arthur, son arrière-petit-fils, tentera de retrouver la sépulture. Mais ses recherches obstinées resteront vaines. Les anciens du village racontaient que, dans les premières années du XXème siècle, une phénoménale tempête d'hiver avait ravagé les côtes de La Calle. Une nuit, de gigantesques vagues provoquèrent un éboulement au bas du cimetière et le ressac arracha plusieurs sépultures et engloutit leurs gisants dans les flots.
           Celle de Francesca était, parait-il, la plus proche de la mer...

Arthur

                                        FIN


ANECDOTE
Envoyé par Annie Bouhier

   L'incroyable pardon de l'animal face à la cruauté humaine  
Photo envoyée par Annie Bouhier

                 Les sacrifiés de 1962 n'ont pas eu droit à cette pitié
Espérons qu’un jour viendra où l’Homme aura acquis l’intelligence de l’Animal

     


Paul Mangion raconte ...
Nouvelles Algériennes  
Manuscrit de M. Paul Mangion, transmis
par M. Roger Brasier et son épouse Hélène
Mis en page par Mme Marchetti Suzette

" Cot, cot, cot…cot !! "

              Quand le maître d'hôtel en veste blanche du wagon-restaurant accroché au train Constantine-Bône fit entendre la sonnette dans les couloirs des wagons, deux dames se levèrent rapidement et se hâtèrent vers le wagon-restaurant. Elles y pénétrèrent par l'arrière, longèrent le coin cuisine et s'installèrent à la première table, qui tournait le dos à celui-ci. Elles s'y trouvaient à l'aise, dans le sens de la marche, et, autre avantage, la table n'était servie que pour deux personnes, ce qui évitait des voisinages incertains.

              L'une d'elles portait allègrement quarante ou quarante-cinq ans. Visage encore jeune, entretenu avec soin, fards discrets, mais bien étudiés, ample poitrine, solidement contenue, un air à la fois hautain et condescendant. L'autre était une jeune fille, d'une vingtaine d'années, beau visage aux traits purs et réguliers, où deux grands yeux très bleus, mais deux regards froids, paraissaient deux grands lacs immobiles. Cheveux noirs partagés au milieu par une raie très droite. Ce pouvaient être la mère et la fille ou la tante et la nièce.

              A peine étaient-elles installées, que surgit, à l'autre bout du wagon, une troupe de jeunes gens étudiants venus d'Alger pour les vacances de Pâques et tout heureux de retrouver Bône et le cours Bertagna. Cette perspective les rendait bruyants et leur faisait retrouver l'accent du pays, ce "diocane " qui équivaut, pour les Bônois au " pataouète " de Bab-el-Oued.
              Comme hypnotisés par les grands yeux bleus de la jeune fille, ils se précipitèrent sur les tables voisines de celle qu'occupaient les deux dames. L'un d'eux, dit " Jojo ", petit bonhomme replet à la bouille ronde pétillante de malice, avec son ami Philippe, dit " Felipe " s'installa à la table qui, dans la rangée de gauche, faisait face aux deux dames. Tous deux s'assirent sans quitter des yeux leurs deux voisines, qui commençaient à chipoter dans leur assiette.

              Le premier " Jojo ", ouvrit le feu : "le wagon-restaurant, c'est bien ! On voit passer le paysage et on y rencontre des personnes charmantes, distinguées. " Les personnes " distinguées, charmantes " poursuivirent, sans même un regard, leurs bouchées.
             

" Ma parole ! Dit " Felipe " si cette demoiselle elle se promène demain sur le cours, obligé que toutes les têtes elles se tournent pour oir ces yeux-là ! "


              La demoiselle aux beaux yeux lança à l'audacieux un regard glacé, et, dans son assiette, replongea le nez.
              Et " Jojo " de reprendre :
              " Par Monsieur Saint Denys, comme disait Vigny, il faut tenter Dieu ! A plus forte raison, les pauvres créatures humaines comme nous ! "

              Derrière eux, leur copain, " Gégé le tsitsotte " ainsi appelé à cause de son défaut de langue, lança à ses deux compagnons : " Basta de lui faire du plat ! Même pas elle te regarde ! Tout ce que tu peux gagner, c'est qu'elle se fera demain, sur le cours, une popyra comme une malle arabe, devant ses copines.
              " Ma fille ! si t'y aurais entendu tout ça qu'ils me disaient ces jeunes gens ! Que je leur tournais la tête à tous ! Que jamais ils avaient vu des yeux pareils ! Et tout, et tout " Aiwa, ça qu'elle leur dire à ses copines et elle ajoutera : " Mais moi, rien, j'ai voulu saouar et même pas " un pops " (coup d'œil) je leur ai jeté ! "

              Impassible, la demoiselle, qui ne perdait pas un mot de ces propos enflammés, terminait son repas.
              Malgré quoi, et surtout malgré les paroles de " Tsisotte " Felipe et Jojo continuaient leurs propos galants envers la jeune fille, entrelardés de paroles aimables pour la dame si " distinguée " qui la chaperonnait.
              On terminait le dessert, ou presque, quand on vit arriver, venant de la cuisine, le chef-cuisinier, Bon Kabyle aux épaisses moustaches noires, grand bonnet blanc en tête, veste blanche immaculée et tablier blanc de même, dont un coin était passé à la ceinture.

              Fort poliment et roulant les " r " avec un fort accent de Tizi-Ouzou ou de Fort National, il s'adressa aux deux dames.
              " Mesdames, excusez-moi ! Voudriez-vous vous lever une minute, que je prenne quelque chose dans mon coffre, qui est sous votre banquette ? "
              Sans mot dire, les deux dames se levèrent. Le chef ouvrit le coffre et en tira deux gros œufs, qu'il mira avant de repartir, en remerciant les dames.
              " Co.. Co ..Co ! S'écria Jojo. Qué madone de z'œufs !
              Dio Kiksé ! s'exclama Felipe. Quand on se fait des z'œufs comme ça, on se les chante ! "

              Aussitôt, Jojo, Felipe, Tsisotte et la joyeuse bande entonnèrent le chant de la poule qui vient de pondre :
              " Cot, cot, cot,…. ! Cocot ! Cot, cot, cot …..Cocot!"

              Furieuses et rouges de confusion, les deux dames se levèrent simultanément, d'un geste sec et drapées dans leur dignité outragée, quittèrent le wagon-restaurant, en claquant la porte, poursuivies dans leur retraite par le cri insolent Cot, cot, cot…..cocot ! "

                                         Paul Mangion


Il faut avoir le sens de l’humour
quand on vieillit...!
Envoyé par Gilles


         On frappe à la porte :
         Bonjour, Madame, voulez-vous nous faire un don pour les maisons de retraite ?
         Et la vielle s'écrie :
         Gaston, mets ton manteau et prépare ta valise !


         Deux femmes d'un certain âge se présentent à la caisse du cinéma :
         Faites-vous quelque chose pour les personnes âgées ?
         Oui, mesdames, nous les réveillons en fin de séance !


         Deux petites vieilles toutes ridées discutent :
         Tu te souviens, quand nous étions jeunes ? Nous voulions ressembler à Brigitte Bardot?
         Oui, je me rappelle!!
         Eh bien, maintenant ça y est...


         Le bus est en retard et le temps passe. Au bout d'une heure, une des vieilles se tourne vers l'autre et dit :
         Tu sais, ça fait tellement longtemps qu'on est là à attendre assises sur le banc que j'ai le derrière tout endormi !
         Et l'autre se retourne vers elle et répond :
         Ouais, je sais! Je l'ai entendu ronfler !!


         Un homme meurt.
         Il avait décidé de se faire incinérer.
         On le met dans un cercueil et puis au feu.
         Le cercueil brûle mais pas le corps du bonhomme.
         On le place dans un autre cercueil et on recommence.
         Pareil, le cercueil brûle mais pas le type.
         Et la veuve déclare :
         Ca ne m'étonne pas, ça fait 30 ans qu'il prend des anti-inflammatoires.



PHOTOS de BÔNE
Par M. Roland CAMILLERI
Envoi de M. Charles Ciantar


La Préfecture
Photo Roland CAMILLERI
Le Théatre
Photo Roland CAMILLERI
Saint-Cloud
Photo Roland CAMILLERI
Les Mille Logements
Photo Roland CAMILLERI
Hippone
Photo Roland CAMILLERI
Souvenir
Photo Roland CAMILLERI
Sainte Thérèse
Photo Roland CAMILLERI
Le Vivier
Photo Roland CAMILLERI
Le Cap de Garde
Photo Roland CAMILLERI

L'ALGERIENNE (Hymne)
Paroles et Musique de Gaston Arexy
Envoyé par M P. Anglade

Cette chanson des années trente que chantait M. Anglade dans sa jeunesse, pourrait être reprise par un chanteur de la communauté. Si cette bonne âme veut entreprendre cette démarche, nous pourrions lui faire parvenir la musique. D'avance merci.

REFRAIN
Chantons l'Algérie éternelle,
Que l'or, l'azur font resplendir
Toujours plus jeune, et douce, et belle.
Chantons l'Algérie éternelle,
Son labeur et son avenir

Couplet I
Algérie, ô pays de rêve
De lumière et d'enchantement.
Vers toi. que notre hymne s'élève
C'est l'hommage de tes enfants.
Ton soleil ce joyau du monde.
Et ton ciel limpide, si bleu
Dans une transparence blonde,
Bercent l'esprit, charment les yeux !
(Au refrain)

Couplet II
Notre sol, terre d'allégresse,
Dans l'éclat de riants décors.
Répand la joie et la richesse.
Fait briller ses plus beaux trésors.
L'air s'emplit du parfum des roses.
Mimosas, lilas et jasmin.
Parmi les fleurs, rien n'est morose,
Que de moissons fruits et bons vins !
(Au refrain)

Couplet III
Nous vivons des heures actives,
Pour creuser de nouveaux sillons.
L'effort constamment nous captive.
De bonheur pourvoit nos maisons.
Le succès répond à l'audace.
L'Algérie est un grand creuset.
D'où sort un peuple ardent, vivace.
Qui sait vouloir qui sait oser.
(Au refrain)

Couplet IV
Qu'il est doux, ô mère patrie !
De vieillir sous ton fier drapeau !
Salut Noble France chérie.
Qui rayonne sous tes berceaux !
Ton génie Inspire nos âmes.
Et ta foi pénètre nos cœurs.
Où nous entretenons la flamme
De ta pensée, avec ferveur.
(Au refrain)

(Couplet des écoliers V)
Au travail ! L'école est sereine ;
Profitons de tous ses bienfaits :
L'étude est forte et juste et saine.
Surtout si l'on pense français.
Quelquefois, par son ignorance.
Un pays connaît le trépas :
Mais notre généreuse France
Veille sur nous, guide nos pas !.
(Au refrain)
Gaston Arexy         
Photo P. Anglade



Loi sur le 19 mars votée au Sénat
le 08/11/2012
Envoyé Par M. Eric Wagner

Mon message

       Ce qui s’est passé vendredi (08/11/2012) au Sénat, en quatimini, concernant le vote d’un texte vieux de 10 ans alors passé à l’Assemblée Nationale est une honte nationale de plus pour ce qui nous concerne et notre mémoire collective. Comme par « hasard » à quelques jours de la visite d’Etat de F. Hollande en Algérie qui exige la repentance de l’Etat français et qui en quelque sorte vient de remporter une « belle » victoire sur l’autel de notre sacrifice renouvelé (pourtant nos pères en 1944 au sein de l’Armée d’Afrique dont le pourcentage de mobilisés, 16.5%, était le plus fort au monde, libérèrent l’amère patrie)… ceci expliquerait-il cela ???
       J’ai eu un grand coup de colère pensant être depuis 25 ans un « peu » au fait des choses et de ses tenants et aboutissants.
       En plus de la tâche de déshonneur sur notre emblème, cela va bien au-delà et les fruits amers finiront par tomber. Il suffit d’un peu de lucidité, tout en espérant en la force des valeurs qui participèrent à construire la France, pour voir les dangers qui se profilent et dont ce genre de coup de couteau dans le dos, loin de participer à rassembler, à réconcilier, ouvre un peu plus la porte aux risques internes et externes à notre pays.
       Ce n’est pas confidentiel, donc vous pouvez diffuser ma rabbia.
       Bien à vous
       Eric

Ma Rabia

       Je profite de l’occasion qui m’est ainsi donnée par Jean-Pierre L. pour vous donner mon sentiment sur ce vote que je qualifierais d’inique.

       Jean-Pierre L., je l’ai rencontré à la Réunion il y a 14 ans lorsque président d’une association, L’Olivier, nous l’avions invité dans le cadre du Festival de Cinéma méditerranéen. J’ai apprécié l’homme, que j’apprécie toujours d’ailleurs, et je sais pour avoir beaucoup conversé avec lui depuis lors, participant à créer ensemble, pas seuls, le Mouvement D’Algérie-Djezaïr, qu’il a fait courageusement « un long voyage » !...

       Pour ma part, né en décembre 1961 à Bône, par « hasard » en juin 1987, j’ai rencontré et découvert mon peuple (bien que je savais déjà ma filiation, mais sans plus) lors du rassemblement de Nice et dés lors, j’ai fait aussi un long voyage, avec de nombreux pas de côté et de chemins de traverse, sans jamais perdre ma trace et mon affection à ceux de ma communauté de destin dont j’ai tjrs su que confortablement ils étaient les victimes expiatoires d’une France, à distance aussi de l’Algérie qui s’en lave les mains à bons compte pour ne surtout pas ouvrir une boite de Pandore risquant lui éclater au visage (ce qui ne manquera de toutes les façons, par cette manière de faire, un jour de s’ouvrir violemment), s’exonérant à bon compte sans aller au fond des choses, de sa responsabilité…

       Alors, aujourd’hui je suis atterré devant cette lâcheté qui n’a qu’une raison d’être, celle de la real politic et de plaire à l’Algérie (pourquoi ??), rajoutant après le déshonneur et l’indignité de 1962, le déshonneur et l’indignité de 2012.

       Pourtant, depuis longtemps l’on sait les uns et les autres, les politiques, versatiles, aussi, que cette date que ne commémore pas l’Algérie, en aucune façon peut être celle du recueillement, voire de la réconciliation avec le peuple algérien. C’est une date de facture, de désunion, par son officialisation le début d’évènements, sans être devin et porteur de mauvais augures, pouvant nous entraîner loin, mais pas dans le sens attendu par ses promoteurs amnésiques, ou à la mémoire hémiplégique, et indignes…

       L’Algérie ne cesse depuis de nombreuses années afin de repousser encore et encore sa propre introspection seule garante de son avenir de faire mettre un genou à terre à la France pour l’amener à la repentance. Certains disent qu’il ne s’agit pas de cela, seulement de vision apaisée de l’Histoire pour ouvrir d’autres pages à nos indispensables relations. NON ? il s’agit bien de cela, et il suffit de lire une presse plus aux ordres sur ce qui touche aux mythes fondateurs que libre pour y lire la violence de l’Algérie officielle (car il y a longtemps que le peuple a lui séparé le bon grain de l’ivraie mais doit faire avec pour survivre en ayant plus que marre du nationalisme qu’ils ont depuis le biberon comme seul viatique, ou presque car il ya aussi le départ à l’étranger pour ceux le pouvant dont…en France), et là la France a vraiment mis de la sorte un genou à terre, s’est abaissée, elle ne sera pas récompensée pour autant…

       Alors que reste t-il à ceux qui comme moi aujourd’hui ont la gueule de bois et le cœur au bord des lèvres ? A siffler la Marseillaise ? A brûler le drapeau français ? A prendre une autre nationalité ? A s’exiler encore ???

       Ben non, rien de tout cela car « cela ne se fait pas chez ces gens là » qui aime une France qui n’a rien à voir avec celle que par confort, précipitation, calculs, des élus insignifiants viennent de mettre au piloris.

       Qu’ont-ils appris de l’Histoire de France qui n’a pas 50 ans, mais 2000 ans ? Gare aux lendemains qui déchantent dont ils auront de la sorte été les pyromanes. L’Histoire des hommes les jugera et se souviendra d’eux comme elle se souvient de ceux qui en 1940 donnèrent les pleins pouvoirs à un homme, anciennement grand, qui vendit alors sa Partie qu’il sut si bien défendre pourtant, à l’ennemi. Honte à eux.

       Il n’y a pas à dire, depuis 50 ans, c’est bien la continuité de l’Etat… : l’indignité de 1962 dans une indépendance bâclée donné sur l’autel du sacrifice de ceux abandonnés alors à cette real poiltic exigée par un homme dit grand à celle d’aujourd’hui.

       L’Algérie de ceux qui détiennent depuis 50 ans illégitimement le pouvoir sur le sacrifice de son peuple viennent de remporter une grande victoire. Elle l’attendait et exigeait, seule, puisque même quand elle voulait utiliser à cette fin la solidarité des ex colonies françaises pour soumettre la France, celles-ci, le Vietnam en premier, répondaient par la négative laissant seule l’Algérie dans son délire (elle doit tant à la France qu’il faut tuer le père !). La France seule a accepté de lui offrir cette victoire tant attendu à quelques jours du président français en Algérie.

       Bon voyage Monsieur le Président…. !
       Pour ma part, comme je ne vais ni lancer de cailloux ni crachat sur les représentants du peuple français, ni m’immoler devant le Sénat, je mets au feu ma carte d’électeur et encourage d’autres à en faire autant ou bien à les renvoyer en masse au secrétariat de la présidence !
       Triste jour.
Eric Wagner, de Bône 04/12/1961 à la Réunion 09/11/2012      

COMMÉMORATION
DE LA GUERRE D'ALGÉRIE

Envoyée par M. J.C. Rosso
NOUS VOUS PROPOSONS
UN ARGUMENTAIRE SOLIDE


Pourquoi nous refusons la date du 19 mars 1962
par François LESCEL
Président de la Farac

          Une association de combattants en Afrique du Nord, la FNACA, et ses soutiens politiques, dont essentiellement le Parti communiste français, avancent plusieurs arguments pour justifier leur commémoration annuelle du 19 mars et rejeter celle du 5 décembre, devenue depuis le 17 septembre 2003 la date officielle du souvenir des événements d'AFN de 1952 à 1962.
          Ces arguments sont aisément réfutables

          1- La guerre d'Algérie ne s'est pas terminée à cette date.
          1-1. La campagne officielle sur ce théâtre d'opération s'est terminée le 2 juillet 1962 (date de l'indépendance algérienne), comme l'atteste le décompte des services de tous les personnels militaires qui y ont séjourné entre le 19 mars et le 5 juillet 1962. C'est la date retenue pour l'attribution de la carte du Combattant aux ayant droit, alors que le titre de Reconnaissance de la Nation peut être attribué jusqu'au 2 juillet 1964.
          1-2. Pour qu'il y ait véritablement cessez-le-feu, il faut que les deux adversaires le respectent. Or, historiquement, ce ne fut pas le cas. Si, en application des accords d'Evian signés la veille, l'armée française a effectivement, le 19 mars 1962, respecté le cessez-le-feu imposé à chaque partie en repliant aussitôt ses unités sur leurs bases, l'adversaire FLN, profitant de ce regroupement unilatéral et violant délibérément les dispositions des articles 2 et 3 de ces accords, a occupé l'ensemble du terrain d'où il avait été chassé dans les mois précédents, franchissant même les frontières tunisienne et marocaine au-delà desquelles il était confiné.
          1-3. Ayant ainsi le champ libre, il s'est livré à des représailles sur les populations que nos troupes avaient jusque-là protégées, dont l'ampleur relève du génocide. Il en a résulté un nombre de morts ou disparus civils que les historiens les plus sérieux estiment à un minimum de 100.000 chez les soldats, harkis et autres supplétifs et leurs familles dans la population musulmane, auxquels s'ajoutent plusieurs milliers de morts ou disparus dans la population européenne, dite " Pieds-Noirs ".
          1-4. Ces massacres ont été perpétrés dans des conditions épouvantables qui rappellent étrangement ceux qui, par la suite dans l'Algérie indépendante, ont eu lieu de manière chronique.
          1-5. De surcroît, plusieurs dizaines de soldats français de l'armée régulière ont été tués ou blessés après le 19 mars, soit dans des combats avec le FLN, soit dans des attentats FLN contre nos militaires.
          1-6. Ainsi, l'histoire devrait-elle retenir que la guerre d'Algérie a fait un nombre de victimes triple APRES sa fin " officielle " qu'AVANT. A titre d'exemple, dans la seule population européenne, le nombre des disparus s'élève à 332 sur les huit premières années de guerre et jusqu'au 18 mars 1962, il est de 1253 du 19 mars à la fin de la même année (Un silence d'Etat, Jean-Jacques Jordi, Sotéca, p. 158).
          A lui seul, le fait historique de violation des clauses du cessez-le-feu par le FLN interdit d'en commémorer le souvenir.

          2 - En aucune manière le 19 mars 1962 ne peut être comparé au 11 Novembre 1918 ni au 8 Mai 1945, deux dates officiellement célébrées en France.
          2-1. L'armistice de 1918 mettait fin à quatre années d'une guerre franco-allemande impitoyable et à l'annexion allemande de l'Alsace-Moselle depuis 1871. La France avait perdu 1350 000 morts, trois plus de blessés, mutilés ou gazés. Un cinquième de son sol avait été occupé et dévasté ; son économie était détruite. Ce n'est pas sans raison que ce premier conflit mondial est encore appelé " la Grande Guerre ".
          2-2. La capitulation sans condition de mai 1945 du régime nazi devant les Alliés mettait un terme à la Seconde Guerre mondiale en Europe. La France avait subi des souffrances considérables et, cette fois, son sol avait été occupé pour les deux tiers depuis juin 1940 et en totalité depuis novembre 1942. Elle avait eu 1 900 000 prisonniers en Allemagne qui ont manqué cinq ans à l'économie nationale, plusieurs dizaines de milliers de déportés dont la plupart ont péri d'épuisement ou de sévices dans les camps d'extermination. Son économie a été une nouvelle fois détruite, ses ressources pillées par l'occupant, son infrastructure saccagée, plusieurs de ses villes écrasées sous les bombardements.
          2-3. Dans l'un et l'autre cas, il s'agissait de la fin de deux guerres mondiales en Europe (dans le second, prolongation avec le Japon jusqu'au 2 septembre 1945), alors que la guerre d'Algérie a été de bout en bout une affaire franco-française, sur sol français (y compris sous forme d'attentats ou exactions sur le territoire métropolitain), puisque les territoires concernés faisaient partie intégrante de la République française au même titre que la Corse, la Réunion et les Antilles-Guyane.
          2-4. C'est pourquoi, lorsqu'un terme fut enfin apporté par un armistice ou une capitulation aux épreuves de ces deux guerres mondiales, il fut marqué par des jours de liesse extraordinaire sur le front et dans toute la profondeur de la Nation.
          Rien de tel, bien au contraire, sur le sol métropolitain et dans nos unités en Algérie. Quant à nos compatriotes de l'autre côté de la Méditerranée et les populations qui nous étaient restées fidèles, ce fut le début de l'exode généralisé des Européens et des exactions et massacres dans la population musulmane.
          2-5. Un seul point commun existe entre les trois guerres : l'adversaire de la France était militairement battu. Mais à l'inverse des deux guerres mondiales, où l'application des cessez-le-feu était garantie par de solides gages territoriaux, l'armée française se retirait des zones qu'elle contrôlait en Algérie ! Aucune surprise ne pouvait apparaître dans les conséquences : les combats cessèrent immédiatement dans les heures qui suivirent le 11 Novembre et le 8 Mai ; on sait ce qu'il en fut en Algérie entre le 19 mars 1962 et la fin de la même année et au-delà.
          2-6. Jusqu'à présent, la France s'est toujours abstenue de commémorer les drames nationaux de la honte. Aucune cérémonie ne marque l'armistice du 22 juin 1940 avec les nazis de Hitler, ni celui du 24 juin 1940 avec les fascistes de Mussolini. Vouloir comparer les deux guerres mondiales et le drame algérien, c'est délibérément confondre la nature et l'ampleur des événements, les enjeux et les antagonismes mis en œuvre, les bilans des pertes humaines et matérielles.

          3 - Le choix du 19 mars relève d'une démarche politique.
          3-1. Pendant toute la campagne d'Algérie, le principal opposant intérieur à la politique française en Algérie fut le Parti communiste. A l'époque de la Guerre froide où ce parti appliquait avec conviction les consignes qu'il recevait de Moscou, il ne pouvait, à l'instar du Bloc de l'Est, que soutenir lui aussi la rébellion algérienne. C'est ce qu'il fit, et pas seulement par son opposition parlementaire, journalistique et propagandiste. Plusieurs affaires dévoilées à l'époque ont montré qu'il avait eu aussi recours à des soutiens plus directs, pouvant aller notamment jusqu'à la désertion de certains de ses membres (comme, par exemple, l'aspirant Maillot) vers les rangs du FLN, et l'appui matériel et financier dont l'aboutissement a été, entre autre, l'acheminement d'armes de pays de l'Est vers les camps extérieurs du FLN, lesquelles ont ensuite été utilisées contre des soldats français, en particulier des appelés du contingent.
          3-2. Une illustration, parmi les plus démonstratives, de la position du parti communiste français vis-à-vis du prétendu cessez-le-feu du 19 mars 1962 est fournie par son organe L'Humanité qui titrait du même jour et sur toute la largeur de sa " une " : " Une grande victoire ".
          3-3. Cette exaltation de joie est compréhensive quand on sait que les militants communistes ont toujours été très actifs au sein des instances nationales de la FNACA où ils ont occupé des postes clés et ce, depuis sa création en pleine guerre d'Algérie en septembre 1958 (elle portait alors le nom de FNAA, Fédération Nationale des Anciens d'Algérie, le " C " de Combattants ayant été rajouté à son 4e congrès en mars 1963).
          3-4. Pour se convaincre de l'action convergente des dirigeants de la FNACA et du Parti communiste, il suffit de se reporter aux débats des 15 et 22 janvier 2002 à l'Assemblée nationale sur le projet de loi tendant à officialiser la date du 19 mars pour la commémoration des événements d'AFN. La lecture des explications de vote des députés communistes et l'étude des scrutins sont édifiantes. Parmi les votes positifs : aucune défection communiste (35 inscrits, 35 votants, 35 voix "pour"). Quant aux défections dans tous les autres groupes parlementaires de la majorité dite " plurielle " d'alors, qu'elles soient sous la forme d'abstentions ou sous celle de votes négatifs, elles sont importantes et à peu près également réparties. Aussi, est-il permis de s'interroger sur les véritables instigateurs de ce projet de loi, adopté à l'issue du débat du 22 janvier 2002, dont on observera cependant qu'il ne connut aucune suite sous le gouvernement Jospin de l'époque.
          3-5. Il est significatif d'observer que les personnalités ou les organisations les plus engagées dans les campagnes antimilitaristes ou de dénigrement systématique de l'action de l'armée française en Algérie sont aussi celles qui se déclarent les plus attachées à la commémoration du 19 mars. On y trouve, notamment, un certain nombre de noms que l'on a pris l'habitude de regrouper sous l'éloquent vocable de " porteurs de valise ".
          Ainsi, tout naturellement, la date du 19 mars, commémorée en Algérie comme celle de la " victoire " du FLN sur l'armée française.....ou la "vérité historique algérienne" que commémore la FNACA, comme l'illustre ci-dessus, le timbre célèbre de la poste algérienne édité au 35ème anniversaire du cessez-le-feu), marque-t-elle aussi la victoire idéologique des communistes français et de leurs alliés à l'issue de cette guerre. On comprend assez bien qu'ils tiennent à la " célébrer ".

          4 - La date du 5 décembre a une signification historique.
          4-1. Le 19 mars divise fortement le monde combattant. Dans celui-ci, seule la FNACA réclame avec insistance la commémoration du cessez-le-feu en Algérie dont nul ne peut ignorer dans quelles conditions politiques il fut négocié à Evian et, pire encore, de quelle manière il fut immédiatement violé par le FLN et donna lieu à l'abandon à sa vengeance de populations qui avaient cru jusque là en la parole de la France.
          4-2. Dès lors que toutes les autres associations étaient fermement opposées au 19 mars, il fallait bien trouver une autre date, aussi symbolique que possible, permettant de rendre un hommage solennel à toutes les victimes des événements d'AFN. La commission nationale Favier, réunissant à cet effet en 2003 toutes les associations représentatives de ces conflits, s'est prononcée à l'unanimité, à l'exception de la FNACA qui s'y est évidemment opposée et d'une autre association qui s'est abstenue, pour la date du 5 décembre. L'addition des adhérents représentés place ainsi la FNACA en très forte minorité.
          4-3. Alors, pourquoi le 5 décembre ? La date ne pouvant être que postérieure au 19 mars, puisque la guerre d'Algérie s'est prolongée largement APRES dans les conditions dramatiques que l'on sait, deux choix étaient possibles : celui du 16 octobre 1977, date de l'inhumation du Soldat inconnu d'AFN à la nécropole nationale de Notre-Dame de Lorette et celui du 5 décembre 2003, date de l'inauguration du monument national érigé quai Branly à Paris à la mémoire de tous les soldats morts en AFN de 1952 à 1962. Dans un souci d'apaisement et de recherche d'unité, la commission Favier s'est prononcée pour cette dernière date.
          4-4. Le Monument national du 5 Décembre conserve désormais les noms de tous les combattants morts pour la France en AFN. C'est le seul lieu où leur mémoire est ainsi totalement rassemblée. Depuis 2003, il prend donc désormais une signification historique.

          Mais, au-delà des arguments énoncés par la FNACA pour justifier son choix de la commémoration du cessez-le-feu en Algérie, la question se pose de savoir pourquoi cette association s'accroche-t-elle avec autant d'acharnement à cette date et pourquoi est-elle aussi vivement soutenue par le Parti communiste français et un certain nombre de personnalités et prétendus historiens ou " spécialistes " de la guerre d'Algérie.


   DEBOUT LES MORTS !    
Par Christian Migliaccio

Lettre d'un déraciné blessé dans sa chair
A propos de la loi sur le 19 mars 1962

            Les théories de pseudos historiens, sur la guerre d'Algérie, qui se serait terminée le 19 mars 1962, ne sont que mensonges et désinformation. Seules, deux associations d'anciens combattants que je ne citerais pas, le prétendent. (Ils n'ont guère besoin de ma publicité.)
            La guerre d'Algérie s'est poursuivie bien au-delà du 2 juillet 1962 et durant quelques décennies sous l'égide de ses nouveaux maîtres sanguinaires.
            Certes l'appel des conscrits a cessé, et bon nombre d'appelés (ceux qui avaient terminé leurs obligations militaires) sont rentrés chez eux. Certains de ces aficionados étaient ceux-là mêmes qui collectaient des fonds pour le F.L.N. afin qu'il puisse se fournir en armes, tuer et massacrer leurs propres enfants en Algérie. Telle est la triste réalité des faits.
            Harki (blanc) et fier de l'être. De souche européenne à côté de mes frères d'armes de souche musulmane. La France que nous avons défendue au péril de notre vie et, dont nous portons les cicatrices encore ouvertes dans notre chair ; vient de nous assassiner, crachant sur les tombes de nos frères d'armes, de nos morts, de nos familles, de nos disparus, au-delà du cinq juillet 1962.
            La France ne mérite plus son nom car elle n'a plus d'honneur. Elle est vouée aux hégémonies des terroristes qu'elle combattait. Pour un nuage de gaz et quelques gouttes de pétrole, que de crimes efface-t-on en ce nom.
            Cette France n'honore pas le 19 mars 1962 mais se dédouane des crimes inqualifiables qu'elle a commis et laisser commettre après le 19 mars 1962. Soit : le 26 mars 1962 à Alger ; les milliers d'enlèvements dans toute l'Algérie et leur disparition ; le 5 juillet à Oran ; le désarmement et le lâche génocide des harkis ; l'abandon de la communauté pieds-noirs. Des crimes contre l'humanité, c'est cela le sens réel de cette loi scélérate qui honore surtout les collabos et les traîtres à la patrie qui ont fait tuer des enfants de France.

            Aujourd'hui 8 novembre 2012, que l'on ne me parle plus d'hommages, de cérémonies du souvenir, d'associations patriotiques ; ce ne sont que des simagrées que j'ai cautionné en toute bonne foi et sincérité. J'arrête toutes mes fonctions, mon bénévolat, je quitte la confrérie des porteurs de banderoles, car j'en suis dégoûté. L'Etat vient de me tuer, patriotiquement je n'existe plus, si tant est que la Patrie existe encore.

            Nous venons encore de démontrer notre incompétence à tous les niveaux (cela dure depuis 50 ans). Les porteurs de valises ont existé, mais nous, nous sommes les porteurs de banderoles, les promeneurs de médailles et de breloques, avec l'accoutrement de soldats Mexicains, alors à quoi bon s'étonner de ce scandale ! de ce déni d'histoire !
            Je m'en explique : les " associations de combattants " (elles, aussi, n'ont pas besoin de ma publicité), les anciens de ceci, les anciens de cela, etc.. se sentent plus préoccupés de mendier des subventions, des prébendes, de gérer de gros patrimoines immobiliers, que de préserver et de garder la mémoire de nos chers disparus, le résultat du 19 mars en est une preuve flagrante. Les associations devraient commémorer ce jour là " en Journée de la Honte " et déposer des fleurs de la honte sur celles que déposeront les Fanatiques de la désinformation. Ce serait un acte fort et symbolique au nom de nos morts.
            Face à l'ennemi quel qu'il fut, seul un front unique et commun aboutirait à un résultat concret. Malheureusement face aux gouvernements, ce front n'existe pas. Pourquoi n'existe t-il pas une unique fédération d'anciens combattants, comme il existe un unique secrétariat d'anciens combattants ? Et à ce moment-là, je vous rejoindrai si je suis encore de ce monde. Les évènements à venir nous l'imposeront. Cette union bénie arrivera fatalement dans les circonstances apocalyptiques prochaines qui se profilent à l'horizon.
            Là, même les morts se lèveront.
                                                                                              Christian Migliaccio
                                                                                              8 Novembre 2012


De Gaulle sa face cachée :
un réquisitoire passionné

(Propos recueillis par Fabrice Dutilleul)
Envoyé par : Francephi diffusion

               Entretien avec Manuel Gomez, auteur de « De Gaulle sa face cachée » (éditions Dualpha)

               Pourquoi avoir écrit un tel livre ?

               J’estime que notre jeunesse ne doit pas rester figée dans l’idéologie gaullienne qui fait, dans notre Histoire de France, du Général le « sauveur de la nation ». Très peu de personnes ont entendu l’appel « soi-disant historique » du 18 juin pour les deux raisons suivantes :
                      1) Qui écoutait Radio Londres à l’époque ? Quelques rares personnes.
                      2) Les Français avaient bien d’autres préoccupations à l’époque, fuyant l’avance ennemie, que d’écouter Radio Londres. D’ailleurs même le second « appel » remanié et diffusé le 26 juin n’a, lui aussi, été entendu que par très peu de Français. On peut compter sur les doigts d’une main les personnalités qui ont rejoint De Gaulle suite à « ses appels »… C’est pourtant l’idée générale que se fait la très grande majorité des Français métropolitain !
                      Et c’est justement contre cette idée que je m’élève. Les évènements, les historiens, les médias et surtout Churchill, ont fabriqué De Gaulle. Il leur fallait une personnalité représentative de la France et il était là avec son uniforme et ses deux étoiles alors que les personnalités pressenties s’étaient récusées (Mandel, Reynaud). Il est nécessaire que cette très grande majorité apprenne à connaître la véritable personnalité et les véritables motivations de De Gaulle. Mon livre y contribue.

               Ces motivations réelles, qu’elles sont-elles ?

               Celles d’un opportuniste qui a su tirer profit de toutes les occasions que les évènements lui ont offert et su, avec machiavélisme, les retourner à son unique profit (s’il avait trouvé un moyen de locomotion pour revenir en France dès le 17 juin il n’aurait pas hésité et c’en était fini de son histoire). Celle d’un manipulateur qui a toujours agit par délégation sans jamais participer à l’action. Il propose la direction à suivre selon le but qu’il s’est fixé, mais en méprisant et trahissant successivement tous ceux qui l’ont aidé à l’atteindre.

               Existe-t-il encore des zones d’ombre qui n’ont pas été explorées dans ce livre ?

               Évidemment, en ce qui concerne De Gaulle, il existera toujours des zones d’ombre, par exemple l’assassinat de l’amiral Darlan, les attentats contre Giraud, Moulin, Leclerc, Salan et bien d’autres. Le cas le plus flagrant est l’attentat contre le général Salan : De Gaulle a fait croire à Michel Debré que la nomination de celui-ci programmait la fin de l’Algérie française et qu’il était souhaitable de « l’écarter ». D’où l’attentat au bazooka où le commandant Rodier a trouvé la mort. Cela explique la décision de Salan de créer l’OAS afin de respecter ses engagements et les ordres qui lui avaient été donnés alors qu’il n’était ni de droite, ni d’extrême droite et encore moins fasciste, comme a voulu le faire croire la gouvernance gaullienne.

               Qu’elle est, selon vous, sa plus grande trahison ?

               Permettez-moi de laisser répondre à ma place le journaliste Alain Duhamel auquel on a posé la question :
                      « Quel est l’acte de trahison le plus retentissant de la Vème République ?»
                      Sa réponse : « Sans aucune hésitation, celui du général De Gaulle vis-à-vis des Français d’Algérie, c’est vraiment une trahison de nature politique. Si j’ose dire, c’est une trahison d’État. »

               Son action aurait-elle justifié qu’il comparaisse devant un tribunal international pour « crime contre l’humanité » ?

               J’estime que le dossier impliquant la « gouvernance gaullienne » apporte tous les éléments justifiant une comparution pour « crime contre l’humanité ». Surtout en ce qui concerne le sort de dizaines de milliers de harkis et d’Européens d’Algérie, sacrifiés sur ses ordres et ceux de ses ministres après le « soi-disant » cessez le feu du 19 mars 1962. Et il aurait été souhaitable que soient associés à cette « gouvernance gaullienne » (Messmer, Joxe, etc.) tous les responsables militaires au plus haut niveau de grade (Katz, Debrosse, etc.) qui ont ordonné à l’armée française de rester l’arme au pied alors que l’on assassinait allègrement une population française et arabes aussi bien à Alger, le 26 mars 1962 qu’à Oran entre les 27 juin et 5 juillet de la même année.

               De Gaulle sa face cachée de Manuel Gomez, éditions Dualpha, collection « Vérités pour l’Histoire », dirigée par Philippe Randa, 254 pages, 27 euros.

" La France n'a pas à rougir,
ni à avoir honte de son passé. "

Dernier "billet" du Comte de Paris
Envoyé par J.C. Rosso

          Quelle Repentance ? Au XVIII° Siècle, Alger comme Tunis étaient des repaires de brigands qui, à l'instar de la Somalie actuelle, pillaient, rançonnaient et emmenaient en esclavage les habitants de la côte nord de la Méditerranée. Pour mettre fin à la traite des blancs, la France entreprit, dés 1830, la conquête en Afrique du Nord de ce qui n'était pas encore l'Algérie. Mon arrière grand Oncle, le Duc d'Aumale, s'empara de la Smala de l'Émir Abd-El-Kader qui se rendit peu de temps après. Prisonnier au château d'Amboise, il fut traité avec tous les honneurs dus à son rang et plusieurs de ses compagnons, morts de vieillesse ou de langueur, y sont enterrés. La Fondation Saint Louis a érigé depuis quelques années, dans les jardins du château, un cimetière musulman, selon les règles islamiques. Leurs descendants viennent y prier régulièrement. Comme tant de Français du contingent ou rappelés, j'ai participé à la guerre en Algérie, elle se camouflait sous le vocable de pacification. J'y étais volontaire, puis officier d'Active. Tous nous y accomplissions notre devoir envers la France.

          C'est au nom de mon frère François et de tous mes frères d'Armes morts pour la France que je prends la plume aujourd'hui.

          C'est au nom des Harkis qui ont servi la France et furent massacrés de façon ignominieuse après les accords d'Evian.

          C'est au nom des Pieds-Noirs qui ont construit des écoles, des routes, des hôpitaux et qui ont rendu la richesse à cette terre.

          C'est au nom de tous ceux, quel que soit leur camp, qui y reposent éternellement, que la France n'a pas à rougir, ni à avoir honte de son passé, encore moins à demander pardon.

          Pour qu'il y ait pardon, il faut que celui qui pardonne soit irréprochable. Or dans toute guerre, les tueries et les atrocités sont toujours partagées, ce n'est pas beau mais c'est ainsi car la guerre est détestable. Nous sommes actuellement dans une autre ère. J'espère que la raison y prévaudra contre tout intégrisme politique ou religieux. "Mare Nostrum" doit pouvoir devenir le trait d'union entre le Nord et le Sud afin que les plaies puissent être refermées. C'est dans le respect des âmes mortes, celles de ces valeureux combattants des deux bords que l'on peut offrir cette prière: Écartez de notre pensée le faux repentir, source d'aigreur. Écartez l'acte humiliant et inopérant des "bourgeois de Calais". Afin que nos deux peuples puissent vivre dans une harmonie nécessaire à une amitié naissante.



LIVRE D'OR de 1914-1918
des BÔNOIS et ALENTOURS

Par J.C. Stella et J.P. Bartolini


             Tous les morts de 1914-1918 enregistrés sur le Département de Bône méritaient un hommage qui nous avait été demandé et avec Jean Claude Stella nous l'avons mis en oeuvre.
             Jean Claude a effectué toutes les recherches et il continu. J'ai crée les pages necessaires pour les villes ci-dessouset je viens d'ajouter Kellermann et Mileesimo, des pages qui seront complétées plus tard par les tous actes d'état civil que nous pourrons obtenir.
             Vous, Lecteurs et Amis, vous pouvez nous aider. En effet, vous verrez que quelques fiches sont agrémentées de photos, et si par hasard vous avez des photos de ces morts ou de leurs tombes, nous serions heureux de pouvoir les insérer.
             De même si vous habitez près de Nécropoles où sont enterrés nos morts et si vous avez la possibilité de vous y rendre pour photographier des tombes concernées ou des ossuaires, nous vous en serons très reconnaissant.
             Ce travail fait pour Bône, Aïn-Mokra, Bugeaud, Duvivier, Duzerville, Herbillon, Kellermann, Milesimo, Mondovi, Morris, Nechmeya, Penthièvre, Randon, va être fait pour d'autres communes de la région de Bône.

POUR VISITER le "LIVRE D'OR des BÔNOIS de 1914-1918" et ceux des villages alentours :
CLIQUER sur ces adresses : Pour Bône:
http://www.livredor-bonois.net
Pour Aïn-Mokra
http://www.livredor-bonois.net/ain-mokra/ainmokra1418-liste.html
Pour Bugeaud
http://www.livredor-bonois.net/bugeaud/bugeaud1418-liste.html
Pour Duvivier
http://www.livredor-bonois.net/duvivier/duvivier1418-liste.html
Pour Duzerville
http://www.livredor-bonois.net/duzerville/duzerville1418-liste.html
Pour Herbillon
http://www.livredor-bonois.net/herbillon/herbillon1418-liste.html
Pour Kellermann
http://www.livredor-bonois.net/kellermann/kellermann1418-liste.html
Pour Milesimo
http://www.livredor-bonois.net/milesimo/milesimo1418-liste.html
Pour Mondovi
http://www.livredor-bonois.net/mondovi/mondovi1418-liste.html
Pour Morris
http://www.livredor-bonois.net/morris/morris1418-liste.html
Pour Nechmeya
http://www.livredor-bonois.net/nechmeya/nechmeya1418-liste.html
Pour Penthievre
http://www.livredor-bonois.net/penthievre/penthievre1418-liste.html
Pour Randon
http://www.livredor-bonois.net/randon/randon1418-liste.html

             Le site officiel de l'Etat a été d'une très grande utilité et nous en remercions ceux qui l'entretiennent ainsi que le ministère des Anciens Combattants qui m'a octroyé la licence parce que le site est à but non lucratif et n'est lié à aucun organisme lucratif, seule la mémoire compte :  
                         J.C. Stella et J.P.Bartolini.
 

Tirailleur
Envoyé par Guy d'Ennetières - Août 2007


Il se tient là debout face au grand monument
Sur lequel sont gravés des centaines de noms,
Parmi eux, des amis, des frères, des parents,
Fauchés de plein fouet, tombés pour la Nation.

Il est au garde-à-vous, des larmes dans les yeux,
Dans sa mémoire défile un long torrent d'images
De combats acharnés, de déluges de feu,
De villages incendiés et d'horribles carnages.

Sur sa vieille djellabah, une Légion d'Honneur,
Une Croix du Mérite, une Valeur Militaire,
Arborées fièrement, épinglées sur son cœur,
Gagnées au prix du sang dans des victoires amères.

Aujourd'hui il est seul, plus même un camarade
Pour l'aider à marcher ou pour le soutenir.
Son corps est mutilé et son coeur est malade
De toutes ces souffrances, de tous ces souvenirs.

Il a quitté son douar, son pays magnifique,
Sa famille et son champ, pour devenir soldat.
Il était volontaire, il arrivait d'Afrique
Pour défendre une terre qu'il ne connaissait pas.

A Monte-Cassino, Dien Bien Phû et ailleurs,
Toujours en première ligne, brandissant son fanion,
Il avait accepté avec gloire et honneur
De sacrifier sa vie pour reprendre un piton.

On les nommait Harkis, Goumiers ou Tirailleurs,
Bravant toujours la mort, le feu et la mitraille,
Ils étaient toujours là, c'était nos défenseurs,
De vraies troupes d'élite sur les champs de batailles.

Vous êtes enfants de France et vous êtes nos frères,
Votre sang a coulé pour notre liberté,
Au nom d'un idéal, de valeurs si chères,
Nous vous en remercions, nous n'oublierons jamais.
Guy d'Ennetières - Août 2007     



LA POIGNEE DE MAINS DE MONTOIRE
Par M. Philippe Martel
Envoyé par M. P.J. Bussiere

UNE SUPERCHERIE !

Il s’agit là d’un faux pur et simple.

Dans le « Monde » du 12 mars 1993, à la fin d’un article de Danièle Heymann, concernant « L’œil de Vichy », le film de Claude Chabrol, on lit le passage suivant :
      « Chabrol dit comment il a travaillé (soixante heures de documents récoltés, élagués à dix heures, puis plus d’un an de montage). Il dit avec quelle vigilance lui et ses conseillers historiques * ont veillé à ne jamais tricher, à utiliser la propagande, sans jamais la gommer ou la retourner.
      Il précise que sa vigilance s’est portée jusqu’à vérifier l’authenticité de chaque image. Ainsi a été éliminée l’une d’entre elles, pourtant très célèbre : la poignée de mains de Montoire. 
      En fait elle n’existe pas, elle est apocryphe et ce «  montage » a été tourné en 1945.
      Chabrol a débusqué la supercherie en constatant que ni le fond ni la lumière ne se raccordaient. »

      Dans la bande d’Actualités de la Fox Moviétone, on voit bien Hitler et Pétain face à face, mais pas leurs mains.  Il y a donc eu truquage, montage, faux et usage de faux.

* Robert Paxton, Jean-Pierre Azema, François Bédarida, peu suspects de sympathie à l’égard de Vichy, tout comme Claude Chabrol.

Suite, par Philippe Martel :

A l’automne 2008, ARTE a diffusé une émission sur Vichy, dans laquelle a été réintroduite la fameuse « Poignée de mains ». Probablement qu’Arte, n’ayant pas d’autre source que celle des Actualités Fox Moviétone, on a pu voir Hitler s’incliner devant le vainqueur de Verdun, mais les mains de Pétain étaient « floutées », procédé bien connu à la télévision, lorsque l’on veut masquer quelque chose ou un visage!

      Dans une autre émission à l’automne 2009, nous avons eu droit à une autre image trafiquée :
      On voyait Hitler de dos ». Le Maréchal lui faisait face, mais la caméra ne montrait que le haut de ses épaules, donc ni les bras, ni les mains. Ce qui confirme les précédentes prises de vue, prouvant que la poignée de mains n’a jamais eu lieu.

      Mardi 26 Juin 2012 à 20h35 sur ARTE, nouvelle tentative. On pouvait se demander : oseront-ils ? Et bien oui ils ont osé ! Les téléspectateurs en ont été une fois de plus pour leurs frais : pas de poignée de mains visible entre le Maréchal et Hitler. Cela dit, nous n’avons assisté qu’à d’incessantes diatribes de la part d’historiens hostiles et bien entendu, sans aucun contradicteur.
      Comment ARTE peut-elle se rendre complice d’une telle imposture ?


      


Le calcul corse
Envoyé par Hugues


               Un corse en voiture est arrêté par la douane.
               - Avez-vous quelque chose à déclarer ?
               - Non, rien.
               - Qu’avez-vous dans le coffre ?
               - Des calculettes uniquement.
               - Quelle idée de mettre des calculettes dans un coffre de voiture ! Vous en avez beaucoup ?
               - Quatre ou cinq.
               - Ouvrez votre coffre, je veux voir ça, c’est curieux de mettre des calculettes dans un coffre.
               Le corse ouvre et là… la surprise
               1 revolver, 1 fusil de chasse, 1 pistolet mitrailleur, 1 lance roquette…
               Le douanier lui dit :
               - Vous appelez ça des « calculettes » vous ?
               - Oui, parce que c’est avec ça que je règle mes comptes, moi ! »


LA FRANCE OCCUPEE
Par M. Guy Rolland
“Quand la Marabounta gronde” ....

         Seuls les Juifs et les Russes disent simplement: “C’est non !”.

         Parce qu’à partir de l’instant où le “prophète” Mahomet recommande le mensonge – la Taqiya – pour tromper les chrétiens, les juifs et les incroyants, quel crédit accorder aux moindres affirmations d’un musulman capable de religieusement mentir, pour espérer faire avancer sa cause ?

         Quant à l’attitude du Français de souche et de ce qu’on peut nommer le “Chrétien”, que penser de cette lâcheté qui le conduit à recopier l’attitude de ses parents et de ses grands parents, couchés à 90% face aux Nazis, avec la même fabuleuse hypocrisie que leurs petits enfants aujourd’hui, aplatis aux babouches du nouvel occupant ?

         Que reprocher à un “occupant” quand celui qui l’accueille commence par lui expliquer ce grotesque mensonge qu’il est tellement paresseux et fatigué qu’il lui confie le soin de se taper les boulots salissants ?

         Que reprocher à un “occupant” quand il découvre que la seule façon qu’il a d’obtenir toujours plus d’avantages, c’est d’injurier le peuple d’accueil, son Histoire et ses gloires, c’est de se plaindre de l’horrible racisme qui l’habite et c’est de le prévenir qu’il devra partir lui-même s’il n’est pas disposé à changer d’identité ?

         Quel occupant ne comprendrait-il pas qu’il aurait tort de se gêner puisqu’il vient de débarquer dans un palais abandonné de ses hommes et que les derniers fous qui y errent encore veulent maintenant marier les homos après avoir été si fiers de pondre une loi récompensant financièrement le dépeuplement hexagonal dès la conception utérine ?

         Qu’on se mette un instant dans la peau du malien ou du touareg du Grand Erg Oriental qui vient de quitter son oasis à cinq cents kilomètres au sud de Bidon V et qui débouche sans son chameau dans ce Pandémonium de fous furieux avec Delanoé et Mitterrand Frédéric comme figures de proue ...

         Il n’en regretterait même pas son chameau par semaines de grande disette de dattes ...

         Le seul racisme pratiqué ici et recommandé officiellement, c’est celui qui s’exerce aux dépens du Résistant, aujourd’hui comme hier renié et rejeté par les siens, en attendant de le hisser au pavois et de l’incruster au Panthéon au soir de la Libération ...

         Chaque média se charge bien de ne pas divulguer que le premier Président du Front National pressenti fut le Président Georges Bidault, successeur de Jean Moulin puis successeur vingt ans plus tard du Général Salan, vendu et trahi lui aussi par un de ces petits Français moyens qui forment la canaille ordinaire des crapauds de la dhimmitude. Je dis des “crapauds” parce que tandis que 15 millions de musulmans peuplent l’hexagone, combien peut-on en dénombrer dans l’hémicycle ?

         La voilà bien leur “démocratie” ! Ni FN ! Ni Arabes ! au Palais Bourbon, la voilà la seule vérité des démocrates !

         Les Français d’Algérie eux-mêmes ont-ils seulement été capables d’honorer une seule fois, au travers des sigles de leur millier d’associations, le nom héroïque et béni du Président Georges Bidault ? Ne sont-ils pas allés jusqu’à ranger au catalogue des renégats et des douteux le Colonel Joseph Broizat en personne ? Autant de légèreté ferait vomir s’il restait encore quelque chose à vomir !

         Ce sont, d’ailleurs, les mêmes qui, devant les cercueils de leurs pires ennemis – les miens d’ailleurs – poussent cette même légèreté jusqu’à vouer aux gémonies éternelles les ennemis en question. Quand la bêtise le dispute à la haine pour oublier que la civilisation occidentale et que l’enseignement de l’évangile nous ont justement fait distincts des fanatiques de la barbarie religieuse, il y a vraiment lieu alors de désespérer de tout !

         Non ! Jamais un homme d’Occident n’a chanté les louanges de la mort, encore moins quand elle frappe son pire ennemi. Car c’est la grandeur de l’Occident et c’est la marque du Christ de ne jamais se vautrer dans l’euphorie de Lucifer !

         Et c’est aussi l’honneur et la disposition bénie de maints musulmans de savoir de façon confuse, profuse et certaine qu’un Dieu – s’il est ! – ne peut rien recommander qui ne soit pas conforme aux paroles de l’évangile. Comme le disait le prélat Marcel Lefebvre: “Si les musulmans qui n’ont pas connu Jésus et qui aiment Dieu ne font pas leur salut par l’islam, ils le font certainement dans l’islam”.

Guy ROLLAND     



QUE LA VERITÉ SOIT DITE !
Par M. José CASTANO, 8 novembre 2012


« Penche-toi toujours sur ceux contre lesquels certains rameutent les foules et brandissent les mots d’où déteint l’infamie. Tu peux être assuré que quelque chose dort en eux qu’ils n’osent pas affronter, une vérité dont ils ont peur et qu’ils tentent d’éteindre sous la cagoule des calomnies et des injures »
(Jean Brune)

          « La valise ou le cercueil »… Face à l’obstination des médias dans leur refus de diffuser cette œuvre cinématographique d’une qualité exceptionnelle, c’est désormais, par ce sous-titre : « Le film qui fait peur aux télévisions »… que Charly et Marie CASSAN ont décidé de s’opposer à l’omerta imposée par les chaînes télévisées en reprenant ce cri de Charles Péguy : « Celui qui sait la vérité et qui ne gueule pas la vérité, se fait le complice des escrocs et des faussaires ! »

                      Bien que plébiscité par une communauté meurtrie et par l’ensemble des associations patriotiques, projeté à l’Assemblée Nationale, soutenu par de nombreux parlementaires, traduit en trois langues, ce film qui a permis à son réalisateur d’être nominé Chevalier dans l’ordre des Palmes Académiques, relate deux heures durant, dans une charge émotionnelle intense, la véritable histoire des Français d’Algérie. Alors, pourquoi les chaînes télévisées s’obstinent-elles à occulter cette œuvre pédagogique d’une incommensurable portée historique ? La réponse est simple : « Politiquement incorrect ! »

                      Pour le commun des médias, ce film ne correspond en rien à l’archétype du « pauvre petit fellagha martyrisé » qu’ils idéalisent depuis un demi-siècle ; il ne met pas en exergue la « souffrance d’un peuple colonisé et opprimé » telle qu’ils le conçoivent et, comble d’inconvenance, il renonce à évoquer toute « repentance ». Voilà un acte criminel qu’il faut réprimer par la loi du silence !... Mais, au fait ; se repentir de quoi ? Quelle faute a bien pu commettre la France en Algérie pour qu’elle ait à se repentir ? A demander pardon ? Et à qui ?

                      Or voilà que ce film vient briser tous les tabous, toutes les idées préconçues… Et c’est, précisément, parce qu’il n’entre pas dans cette « logique » du « repentir » -oh, sacrilège !- qu’il s’attire l’unanimité des censeurs.

                      « La valise ou le cercueil » démontre, documents officiels à l’appui, qu’au départ des Européens en 1962, les terres arables et fertiles ont été gagnées sur le désert et sur les marais au prix de tant de tombes qui jalonnent l’Afrique du Nord que le terme même de « colonisation » est aujourd’hui dépassé. Les images qui défilent dans un silence de cathédrale, rompu seulement par des sanglots mal contenus, dévoilent ces premiers Européens (les pères de ces enfants qui ont été chassés) asséchant les marais, ensemençant les maquis, transformant les douars, les casbahs, les repaires de pirates en paisibles villages, en cités prospères, en ports dignes de ce nom, bâtissant les écoles, les universités et les hôpitaux, traçant les routes et édifiant les ponts, chassant la maladie, la famine, faisant jaillir des pierres la vigne généreuse et les orangers… Comment oublier que c’est la France, et elle seule, qui a fait gicler du sable du désert le pétrole et le gaz ? Et c’est pour toutes ces réalisations qu’il faudrait demander pardon ? A cela, qu’ont opposé les révolutionnaires ?... Les images le démontrent parfaitement : La révolte, le terrorisme, l’abomination et pour finir, la dilapidation de l’héritage « colonial ». A cet effet, il serait bon de rappeler cette déclaration d’Hocine Aït Ahmed, l’ancien leader du FLN, parue en juin 2005 dans la revue « Ensemble » éditée par l’Association Culturelle d’Education Populaire : « Avec les Pieds-noirs et leur dynamisme, l’Algérie serait aujourd’hui une grande puissance africaine, méditerranéenne ».

                      C’est la presse (4ème Pouvoir) qui tient l’opinion et elle sait bien ce qu’il faut dire et ce qu’il vaut mieux réserver ; elle ne désire, en réalité, nullement affronter une vérité dont elle a peur et qu’elle cherche à étouffer sous la cagoule des calomnies et des injures… Et ce film la gêne terriblement car il bat en brèche 50 années d’éhontés mensonges.

                      Victor Hugo se plaisait à dire qu’ « une calomnie dans les journaux c’est de l’herbe dans un pré. Cela pousse tout seul. Les journaux sont d’un beau vert. »

                      Au temps de la guerre d’Indochine, le général Giap, chef de l’armée vietminh, disait après des combats perdus face aux soldats français : « Quand j’avais des doutes sur l’issue de nos combats, je lisais la presse parisienne… J’étais rassuré ». Les responsables du FLN, en Algérie, en firent autant et les Musulmans du Bled, rivés à leurs transistors, écoutaient « la voix de Paris » qui leur tenait un langage différent de celui des officiers français…

                      Ainsi, inexorablement, encouragées par les médias aux ordres, toutes les traditions historiques qui ont fait la grandeur de la France sont en train de se dissoudre dans un pluralisme qui admet tout et comprend tout et qui n’est que trop voisin de la lâcheté pure et simple. Elle agit, cette France-là, comme si elle n’était plus intéressée à maintenir sa position dans le monde. Elle s’accuse elle-même et se déclare honteuse de son passé guerrier, impérialiste et colonialiste, oubliant toutefois que le passé des autres nations n’est ni plus paisible, ni plus vertueux…

                      Dénigrer l’histoire de son pays, de son passé, sa grandeur et le sacrifice de ses aînés est un acte criminel. Nous n’avons pas à tronquer notre histoire –celle de l’Algérie française en fait partie- pour faire plaisir à telle minorité, telle association au « cœur sur la main » ou tel parti politique. Que ceux qui s’adonnent à ce type d’autoflagellation jouissive n’oublient pas cette mise en garde de Henri de Montherlant : « Qui a ouvert l’égout périra par l’égout. »

                      Ce dénigrement perpétuel de la France et de son passé colonial par nos « bien pensants », martyrocrates de profession, faussaires de l’antiracisme, est le pire danger auquel elle est confrontée. Et Malika Sorel, française d’origine algérienne, de prévenir : « Au Maghreb, les gens sont consternés par ce qui se passe en France. Pour eux, la situation est liée à cette « repentance » et la responsabilité en incombe aux adultes français qui passent leur temps à se prosterner et être à genoux…»

                      Dans le journal « Le Monde » du 21 janvier 1992, Michel Serres suppliait les journalistes : « Si vous pouviez… de temps en temps dire un peu de bien de la France ! » Et en 1947, déjà, Raymond Aron déclarait : « La vanité française consiste à se reprocher toutes les fautes sauf la faute décisive : La paresse de la pensée ».

                      Il est certain toutefois que beaucoup de Français, égarés par d’effrontés mensonges, écouteraient la voix de la vérité et du bon sens si on prenait la peine de la leur faire entendre. Mais, concernant l’histoire de l’Algérie française, c’est toujours -dans le monde audiovisuel en tout cas- une entreprise d’obscurantisme et d’abrutissement collectif au profit d’une dégradante tyrannie démagogique : le peuple de France ignore la vérité, n’a pas droit à la vérité et plus qu’un perpétuel outrage à cette vérité, c’est un crime contre la patrie, puisqu’on tue l’âme d’une nation lorsqu’on parvient à faire perdre à ses enfants la conscience de ses traditions fondamentales. « Dites à plusieurs reprises un mensonge et il deviendra une vérité » confiait le ministre de la propagande du IIIe Reich…

                      Dans les livres d’histoire, écoliers et étudiants retiennent de l’armée française, qu’elle ne s’est strictement et uniquement livrée qu’à des exactions envers la population civile algérienne, tandis que rien n’est dit sur les atrocités commises par le FLN. C’est proprement odieux !... Et c’est encore Hocine Aït Ahmed qui rétablira la vérité en déclarant dans la revue « Ensemble » : « Il y a eu envers les Pieds-noirs des fautes inadmissibles, des crimes de guerre envers des civils innocents et dont l’Algérie devra répondre au même titre que la Turquie envers les Arméniens. » Ainsi, en comparant le destin des Pieds-noirs et celui des Arméniens, l’ex leader du FLN accuse implicitement le FLN d’avoir commis un génocide à l’encontre de la population européenne d’Algérie ! Par ailleurs, dans ces mêmes livres d’histoire, rien n’apparaît, non plus, sur les bienfaits de la Pacification et sur le bien-être que cette l’armée française a apporté à l’homme du Bled. Sur les réalisations précitées, rien n’est mentionné. L’Histoire de l’Algérie rapportée par les livres est une Histoire tronquée, falsifiée, vide de toute vérité vraie et injurieuse vis-à-vis de ces milliers d’hommes et de femmes, Européens et Musulmans, qui ont œuvré de concert pour sortir ce pays du cadre moyenâgeux qui était le sien en 1830.

                      Dès lors, que peuvent bien retenir les jeunes enfants dès leur scolarité ? Une histoire de France et d’Algérie faites d’intolérance, d’inégalités, de compassion excessive, de récriminations et d’accusations qui ne manqueront pas de marquer à jamais leur esprit et d’entacher durablement l’image qu’ils se feront désormais de leur pays. « Vous tenez en vos mains, l’intelligence et l’âme des enfants. Vous êtes responsables de la Patrie. Les enfants qui vous sont confiés… ils sont Français et ils doivent connaître la France, sa géographie, son histoire : son corps et son âme », déclarait Jean Jaurès… ce que dénia Jacques Chirac en interdisant les cérémonies en mémoire de l’Empereur Napoléon Bonaparte au nom du complexe des conquêtes des siècles passés…

                      C’est dans ce cadre là, que le film « La valise ou le cercueil » aurait tout son rôle pédagogique en comblant par ses images d’archives, ses commentaires et ses témoignages auprès de nos écoliers et étudiants, le vide désespérant qui n’a de cesse de les appauvrir. C’est, par ailleurs, l’histoire d’un peuple, d’une passion pour la vie, une forme de cet insatiable amour d’une vie pleine de merveilles que Charly et Marie CASSAN racontent et ressuscitent à travers les larmes. C’est aussi une histoire faite de mensonges, d’ironies, de farces, de bouffonneries, un amoncellement de massacres et de cris de douleurs, de triomphes inutiles, de victoires perdues, d’espoirs trahis, de reniements et de palinodies, ces efforts vers un avenir qui se dérobe sans fin et qui ne relâche rien de ses exigences sanguinaires, cette roue qui tourne et qui amène le perpétuel recommencement, donne une image de l’homme dont on ne saura jamais si elle exprime sa grandeur ou au contraire sa misère.

José CASTANO          

« Le courage, c’est de chercher la vérité et de la dire, c’est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe et de ne pas faire écho, de notre âme, de notre bouche et de nos mains aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques » (Jean Jaurès)
-o-o-o-o-o-o-o-

Le Moral
Envoyé par Jean


               Deux petites vieilles se croisent dans la rue.
               - Comment vas-tu Marguerite ?
               - Oh ! J'ai pas le moral... Je viens de perdre mon mari !
               - Ah bon ! Qu'est-ce qui s'est passé ?
               - Je l' ai envoyé dans le jardin chercher des carottes et des poireaux pour faire la soupe. Il a été pris d'un malaise.
               J' ai appelé les secours. Quand ils sont arrivés, il était déjà mort d'une crise cardiaque...

               - Qu'est-ce que tu as fait alors ?
               - Des pâtes... !


" AUX FEMMES ET AUX HOMMES DE BONNE VOLONTÉ "
Études de synthèse Novembre 2012
Envoyé par J.C. Perez

A PROPOS DES MALENTENDUS GENERES PAR L'INTERPRETATION DU " DECRET CREMIEUX ".
(24 octobre 1870)

La collectivité française autochtone d'Algérie de confession juive
était-elle opposée aux combattants de l'Algérie française ?
" noli me tangere "
" ne me touche pas "

              Il s'agit d'un sujet qu'il m'est arrivé d'évoquer à mille reprises. Pour de multiples raisons. En particulier, celle qui veut imposer à l'opinion la contre-vérité suivante : " Les Français autochtones d'Algérie de confession juive, étaient majoritairement opposés à l'Algérie française. Opposés aux défenseurs de l'Algérie française, aux combattants de l'OAS en particulier ".
              Devant mon entêtement à prendre le contrepied de cette désinformation, certains ont exprimé la volonté de m'en dissuader. En ayant recours à un argumentaire que l'on peut qualifier d'original. Ce fut le cas lors de la publication de mon premier livre, " Le sang d'Algérie " en 1992.
              " Avec la question juive en Algérie française et le comportement des juifs pieds-noirs à l'égard du combat pour l'Algérie française, tu touches là " m'ont-ils affirmé " au noli me tangere de l'histoire de l'Algérie française ". Ils étaient persuadés me frapper d'étonnement par cette référence à une scène émouvante de l'histoire sainte, à laquelle ils avaient recours pour me décourager. Ils ignoraient que je fais partie d'une promotion d'étudiants en médecine d'Algérie qui eut le privilège, au moins une fois, d'entendre un de nos condisciples de la brillante faculté de médecine d'Alger, déclarer publiquement à l'adresse d'un jury de concours :
              " la veine-cave inférieure fut jusqu'à ce jour, le noli me tangere des chirurgiens " (1949).

              Ce que ce fringant étudiant voulait exprimer d'une façon littéraire et à son avis, exceptionnellement brillante, c'était une vérité du moment, toute provisoire, à savoir que les chirurgiens ne pouvaient pas encore " toucher " à la veine cave inférieure.
              " Noli me tangere ", " ne me touche pas "… il s'agit ni plus ni moins que des paroles prononcées par Jésus à l'heure de sa résurrection à l'adresse de Marie-Madeleine. La douce et tendre galiléenne, Marie de Magdala, voit réapparaître vivant le dieu qu'elle adorait, l'homme qu'elle aimait. Folle de joie, elle se jette à ses pieds et veut l'embrasser. Jésus lui dit alors : " noli me tangere ! ".
              " Ne me touche pas ! ", Jésus par sa résurrection, était effectivement passé de l'identité d'homme, de mortel sacrifié dans d'horribles souffrances pour laisser un message à l'humanité, à l'identité de Dieu. Dieu qui s'apprêtait à confirmer ses disciples dans leur mission perpétuelle sur la terre. Une confirmation de cette mission échelonnée sur 40 jours. Jusqu'à son ascension à la droite du Père d'où il expédiera aux hommes le Saint-Esprit ou l'Esprit Saint pour les éclairer et les engager sur la voie que Lui-Même avait tracée.

              Pour quelques rares interlocuteurs juifs d'Algérie, cet aspect de l'histoire du combat pour l'Algérie française, avec la participation ou la non-participation des juifs d'Algérie…, il convient de ne pas y toucher. " Noli me tangere ", " ne me touche pas ".
              Dans cet avertissement dont je fus destinataire, j'ai cru détecter une crainte chez mon interlocuteur ami, lui-même de confession israélite. Crainte qui aurait pu s'exprimer ainsi : " Prends garde à tes abattis ! ".
              Il s'agit d'un sujet sensible, difficile à aborder. Il mérite cependant, lui aussi, d'être inclus dans la recherche et dans l'enseignement de la vérité. Cette vérité qui est trahie en permanence par les commentateurs à la fois officiels et pervers de l'histoire de l'Algérie française, de la guerre d'Algérie ou du combat ultime de l'OAS.
              Alors … mes abattis…., je les ai tellement exposés depuis 1955, que je n'ose faire aujourd'hui l'inventaire de ce qu'il en reste, quelques semaines avant l'accomplissement de mes 85 ans.

              Dans notre volonté de savoir et de faire savoir, il nous faut avoir le cran de nous exprimer. De disséquer l'histoire.
              C'est dans cette perspective, ou plutôt dans cette ambition que le décret Crémieux du 24 octobre 1870 mérite d'être évoqué. Un décret qui imposa aux nationaux français autochtones d'Algérie de confession juive d'être incorporés dans la citoyenneté française. Le décret Crémieux ne fut jamais une entreprise autoritaire de naturalisation collective des juifs d'Algérie. Cette nationalisation collective était impossible à octroyer pour une raison fondamentale : les juifs, comme les musulmans d'ailleurs, étaient de nationalité française par leur naissance sur la terre d'Algérie, depuis 1830.
              Cette nationalité confirmée par le sénatus-consulte de Napoléon III du 14 juillet 1865, ne conférait cependant pas aux juifs autochtones d'Algérie la qualité de citoyens. Celle-ci avait d'ailleurs été boudée par les israélites d'Algérie en 1865, lors du sénatus-consulte. Quelques dizaines d'entre eux seulement franchirent volontairement la ligne après 1865, comme le proposait le sénatus-consulte impérial. L'immense majorité préféra persister dans l'identité d'une collectivité qualifiée par le sénatus-consulte de nationaux français non citoyens, c'est-à-dire soumis à la loi mosaïque dans le domaine du code civil.

              Le décret Crémieux du 24 octobre 1870 attribuait aux juifs d'Algérie, la qualité de citoyens français avec les droits qu'impliquait cette promotion administrative. Avec les devoirs qu'elle imposait de respecter. En particulier la soumission, comme la totalité des autres citoyens français, aux exigences du code civil français, en lieu et place de la loi mosaïque. Ce n'était pas, ce ne fut jamais, une nationalisation collective et autoritaire.
              Ce fut sur le plan religieux et confessionnel, comme sur le plan civil, le moyen d'établir une stricte égalité entre les juifs de métropole citoyens français depuis la Convention, et les juifs d'Algérie qui paraissaient se complaire majoritairement dans la condition de nationaux français non citoyens.
              Je vous propose d'évoquer cette page particulièrement riche de notre histoire, à travers quelques grandes périodes de la vie de l'Algérie française, de 1830 à l'OAS.
              Du coup d'éventail à la défaite du 19 mars 1962 imposée à la France et à l'Occident, par l'homme de Satan, Charles De Gaulle.


Origine endogène de la prise d'Alger
" Entébbé n° 1 "

              On a prétendu utiliser une créance céréalière au débit de la France et au bénéfice du dey d'Alger au XVIIIème siècle, pour affirmer paradoxalement, l'existence d'une formidable richesse agricole de la terre algérienne avant 1830.
              On croit rêver ! Surtout si l'on songe aux difficultés techniques que rencontrèrent nos agriculteurs, travailleurs forcenés, pour espérer un rendement agricole générateur de bien-être à partir de la dure terre d'Algérie. Grâce en particulier, à leurs équipements d'avant-garde, puisqu'en Algérie, au XXème siècle durant les années 30, fonctionnaient quatre fois plus de moissonneuses-batteuses qu'en France métropolitaine. La volonté de réussir les orientait par nécessité vers le progrès, vers la technologie moderne. L'Algérie française, était en mesure de devenir grâce à eux, la Californie du Maghreb et de l'Afrique.
              Malgré ces équipements d'avant-garde, les rendements en céréales n'étaient en 1956 que de 6 à 7 quintaux à l'hectare. Ce n'était qu'une moyenne, mais nettement inférieure au rendement des exploitations européennes dans leur ensemble.
              Nos moissonneuses-batteuses ainsi que l'acharnement au travail de nos agriculteurs, devaient affronter de redoutables ennemis : le climat, la sécheresse, les invasions épisodiques de sauterelles.
              Comment imaginer, informés de toutes ces données, qu'à la fin du XVIIIème siècle, au stade de non-existence technico-agricole que connaissait la Régence turque d'Alger, ce pays ait pu bénéficier du travail d'agriculteurs capables de semer, moissonner, stocker et livrer des tonnes et des tonnes de blé dans le but de nourrir les armées du Directoire et des premières campagnes de Bonaparte !
              Mais à propos de cet évènement historique illustré par la créance céréalière au débit de la France, certains sont excusables, si l'on tient compte de l'imprécision volontairement nébuleuse, avec laquelle il a été rapporté. Car un très lourd contre-sens fut entretenu par nos historiens sur cette ténébreuse créance céréalière.
              Rien n'est clair dans cette affaire. Il faut la situer très schématiquement dans son contexte historique : la fin du XVIIIème siècle et le début du XIXème siècle. Période qui illustre le déploiement du capitalisme financier d'une part et un nouvel essor contemporain du monde juif méditerranéen d'autre part. Tout particulièrement, des israélites vivant au sein de la Régence turque d'Alger. Ces derniers étaient étroitement liés, par l'intermédiaire d'une élite, au port toscan de Livourne. Le pool Alger-Livourne joua un rôle capital dans le destin de la Régence turque d'Alger.

              Très succinctement, les juifs d'Alger se scindaient alors en deux catégories administratives.
              La première regroupait ceux qui étaient soumis, au sein d'une dhimma, à l'autorité politique et religieuse du territoire. Une dhimma, c'est-à-dire une collectivité qui, tous les jours, achète son droit à la vie et à la liberté. Au sein de cette dhimma la liberté religieuse existe dans un cadre très restreint de possibilité d'expression. Vous avez payé pour cela et vous continuez de payer. Ce qui est interdit, de la façon la plus rigoureuse, c'est de se livrer au prosélytisme, à l'apostolat. Il ne fallait pas se risquer à convertir un musulman au judaïsme ainsi d'ailleurs qu'au christianisme. C'est la condamnation à mort qui menace dans cette éventualité. Rappelons qu'avant la christianisation, et avant l'islamisation ultérieure du territoire algérien, une partie réduite et non négligeable, loin de là, de la population berbère s'était convertie au judaïsme. Ils alimentaient la collectivité des fils d'Israël depuis des siècles et des siècles. Fils d'Israël, c'est-à-dire l'une des deux collectivités qui peuplent la diaspora juive, la première étant constituée des fils d'Abraham, d'origine hébraïque.
              La deuxième catégorie administrative était représentée par les juifs autochtones d'Algérie qui jouissaient d'un statut consulaire. Elle se composait d'hommes d'affaires et de commerçants dont un secteur d'activité important, parmi d'autres négoces, consistait à vendre sur les places commerciales européennes les produits de la " course ". C'est-à-dire les marchandises de toutes sortes, récupérées au cours des pillages effectués par des pirates barbaresques. Ce négoce était enrichi du produit des rançons payées parfois en marchandises de luxe, pour la libération des esclaves chrétiens. C'était la seule industrie florissante développée sur le territoire de la Régence. L'unique source de revenus à partir de laquelle s'élaboraient des profits. Le marché intérieur de la Régence était en effet rudimentaire donc insuffisant. Il fallait vendre des marchandises à l'extérieur, exporter quelque chose pour fabriquer une monnaie ou tout au moins une trésorerie nécessaire au paiement des janissaires et des féodaux de la Régence turque d'Alger. Une trésorerie indispensable pour satisfaire chaque année au tribut qu'exigeait le sultan de Constantinople, suzerain de la Régence.
              Comment fabriquer cet argent ? De la façon suivante…. parmi d'autres. Lorsque des chrétiens étaient capturés au cours d'actions de piraterie ou de rezzous qui s'effectuaient en France méridionale, en Italie, en Espagne, en Méditerranée orientale et ailleurs, une rançon était exigée pour leur libération éventuelle. Les transactions, la plupart du temps, s'effectuaient par l'intermédiaire de certains ordres religieux. Les négociations étaient officielles. Chaque cas particulier constituait le centre d'intérêt d'une opération comptable. La libération de l'esclave chrétien, lorsqu'elle était obtenue, se déroulait après un accord financier. Les esclaves s'identifiaient ainsi à un produit d'exportation puisqu'on les vendait à l'extérieur après les avoir capturés. Les rançons n'étaient pas toujours versées en espèces sonnantes et trébuchantes, rappelons-le. Elles consistaient souvent en marchandises de luxe, draperies, faïences, œuvres d'art, porcelaines, joaillerie, que l'on s'employait à revendre secondairement sur les marchés européens pour les convertir en espèces échangeables.
              Les juifs d'Algérie ou plutôt de la Régence turque, réunissaient les compétences techniques pour mener ce genre de négoce à bonne fin. Mais il leur fallait des relais bancaires sur les principales places commerciales européennes. Plus particulièrement méditerranéennes. C'est ainsi que ces brasseurs d'affaires obtinrent le soutien intéressé du duc de Toscane. A partir de la splendide synagogue de Livourne, foyer de rayonnement particulièrement vigoureux du culte juif en Méditerranée, s'appuyant aussi sur les ports de Gênes et de Marseille, ils devinrent les protégés ou plutôt les administrés du monarque toscan. Pour toutes ces raisons ils bénéficiaient à Alger d'un statut consulaire. On les appelait les Livournais.
              Il est important de souligner que leurs activités économiques s'inscrivaient dans le cadre de la normalité la plus totale. Elles trouvaient leur place dans cette phase de mutation capitaliste de la fin du XVIIIème et du début du XIXème siècles. C'est l'époque du déploiement sur les places européennes de ce que nous nous permettons d'appeler, une mouvance rothschildienne (1). C'est au sein de cette nouvelle situation économique européenne, avec la complicité active de l'administration toscane, qui n'oublie pas d'encaisser ses dividendes, protégés universellement et spirituellement par la haute autorité religieuse du consistoire de Livourne, que les juifs livournais d'Alger développent des marchés de toute nature avec l'ensemble des pays européens.

              Dans l'exploitation de ces marchés, ils ont bénéficié des services techniques de certains armateurs italiens, installés dans la Régence depuis des dizaines d'années. Parmi ceux-ci, il convient de citer le nom de Schiaffino. Ces armateurs assumaient les liaisons commerciales entre Alger, Marseille, Gênes, Livourne et Naples. Ils se sont chargés en particulier du transport de marchandises pour le compte des potentats de la Régence de confession israélite. Marchandises accumulées grâce à la piraterie d'une part et à l'encaissement des rançons d'autres part, quand celles-ci étaient payées en objets et marchandises de valeur. Les ports d'attache de ces flottes commerciales étaient multiples : Alger, Bône, Naples, Livourne, Gênes et Marseille.
              L'un de ces potentats, Jacob Bacry, achetait et vendait tout ce qui était négociable, c'est-à-dire susceptible d'être à l'origine d'une bonne spéculation dans les normes économiques les plus totales. Ce terme de potentat doit s'entendre dans le sens que l'on utilise aujourd'hui pour désigner un président qui se trouve à la tête d'une société multinationale. En l'occurrence d'une société d'import-export.
              Bacry s'est trouvé, à la suite de ces transactions lucratives, propriétaire d'un stock de blé qu'il avait acheté on ne sait où mais certainement pas en Algérie.
              Il a vendu ce blé au gouvernement français qui en avait grand besoin pour le pain quotidien des soldats de la Révolution. Pour des raisons mal élucidées, ou plutôt des raisons sur lesquelles, aujourd'hui encore, personne ne veut s'attarder, Bacry au nom du groupe financier qu'il représentait a jugé opportun d'intéresser le Dey d'Alger à cette transaction céréalière. Il l'a incorporé au trust qu'il avait organisé. Il en a fait ainsi un actionnaire d'une société montée pour la circonstance.
              Grâce à cette opération, le régent d'Alger s'est trouvé détenteur d'un pourcentage de capital qui n'a pas été précisé. Il s'agit en cette occurrence, d'une opération banale et très couramment observée de nos jours. Très souvent, l'actualité nous apprend qu'un ancien ministre des finances est devenu propriétaire d'une part de capital en actions d'une grosse société pétrolière, ce qui permet à ladite société de bénéficier d'influences, lui procurant les moyens de provoquer des révolutions africaines, des chutes et des recompositions de gouvernements africains et européens, d'être à l'origine de massacres, voire de véritables génocides. Manœuvres qui se situent à l'origine de scandales, de démissions et parfois de condamnations car le secret est très difficile à garder… tout le temps. Ce que nous évoquons là, c'est l'un des fruits les plus capiteux de la décolonisation.
              Ainsi le dey d'Alger détient à un moment donné une participation de capital au sein de cette multinationale qui négocie la vente de céréales. Sans bourse déliée. Comme ça ! Pour ses beaux yeux ? Voire…
              Car, à partir de cette créance au débit de la France, dont les intérêts vont grimper à toute allure, jusqu'à tripler le montant de la dette, voilà qu'une réaction inattendue se manifeste du côté français. On ne veut pas payer. Comme si une influence occulte voulait s'emparer de l'occasion de ce refus de paiement, en tout cas de ce report perpétuel d'échéance, pour faire naître une situation conflictuelle entre le roi de France et le dey d'Alger puisque celui-ci s'inscrivait parmi nos créanciers du premier rang.

Imaginons un dialogue :

              " Alors Bacry, et mon argent ? " demande le dey d'Alger à cet homme d'affaires. En effet, c'est bien de son argent qu'il s'agit. Il vaut récupérer sa part de capital augmentée des bénéfices réalisés en cours de transaction.
              " Les Français ne veulent pas me payer " lui répond Bacry.
              " Eh bien va chercher l'argent à Paris ! "

              Bacry se rend en France, théoriquement pour réclamer le paiement d'une créance. Pour exiger le remboursement d'une dette. Celle-ci atteint la somme de 18 millions de francs-or car les intérêts s'étaient accumulés. On va marchander et arriver, croit-on, à un compromis.
              Puis, sous des influences occultes, la dette se met soudain à fondre pour atteindre officiellement le montant de départ, 7 millions de francs or. Comme par miracle ! Louis XVIII, excédé, ne comprenant rien à ces comptes en relation avec une transaction ancienne qui ne le concerne en rien, finit par ordonner le paiement des 7 millions de francs or, " et qu'on me débarrasse de Bacry et du dey d'Alger " affirme-t-il en substance.
              En toute logique, si l'on avait obtempéré à la décision royale, il n'aurait existé par la suite, aucune raison, aucun prétexte d'organiser le débarquement de Sidi-Ferruch quelques années plus tard.
              Mais, certains comptables particulièrement bien avisés, ou plutôt bien manipulés, des comptables sous influence, des comptables payés pour leur intervention, estiment judicieux de bloquer ces 7 millions de francs or, effectivement dégagés par le trésor royal, à la Caisse des Dépôts et Consignations. Rappelons que cet organisme d'inspiration napoléonienne avait vu le jour en 1816.

              Et le dey d'Alger ne voit toujours pas arriver son argent ! On ne veut pas payer. On fait la sourde oreille à ses véhémentes réclamations. Comme si on recherchait l'incident. Comme si on voulait le pousser à bout.
              Qui, à cette époque, détient le pouvoir de bloquer cet argent à la Caisse des Dépôts ?
              La réponse à cette interrogation livrerait une précieuse information : elle ferait connaître, d'une façon certaine, l'identité des véritables déclencheurs de l'expédition d'Alger. En 1818, il faut en effet disposer d'un pouvoir immense, même s'il est occulte, pour différer l'exécution d'une décision royale. Et cela …. Pendant 12 ans au moins.

              En 1827, la créance n'ayant toujours pas été honorée, une discussion orageuse s'engage à Alger, publiquement entre le Dey Hussein et Monsieur Deval, le consul de France. Un petit coup de chasse-mouche sur le bras gauche de l'honorable consul….
              L'horreur ! L'insulte ! L'honneur de la France est outragé !
              Il est très important de souligner, même à voix basse, que c'est une balancelle de Jacques Schiaffino, l'armateur italien que nous avons déjà rencontré, qui fut chargé de véhiculer à Gênes, via Naples et Livourne puis à Marseille, la dépêche consulaire informant le gouvernement de Charles X de cette insulte, de cette intolérable agression. Dépêche à partir de laquelle se décida officiellement l'opération d'Alger. Cela signifie que Schiaffino est intervenu en tant qu'officier de liaison dans ce complot dont le but n'était rien d'autre que de provoquer une intervention française.
              C'est trois ans plus tard seulement, que seront réunis les moyens de réagir à l'insulte ! Comme si cette dépêche avait exigé une étude approfondie en cours d'escales, et tout particulièrement au cours de l'escale livournaise, pour faire apprécier soigneusement et par qui de droit, le potentiel de riposte dont elle était porteuse.
              Un corps expéditionnaire français est envoyé à Alger. Malgré l'opposition du contre-amiral Duperré qui assume le commandement naval de l'opération. Malgré le scepticisme parfois hostile, de quelques gouvernements étrangers. Malgré le désaveu narquois de l'Angleterre. Le général, duc de Wellington, a déclaré en substance :
              " Les Français seront rejetés à la mer dans les 15 jours ".

              Wellington s'est trompé. Il faudra 132 ans pour rejeter la France à la mer. Grâce à De Gaulle qui imposa à notre pays la plus infamante défaite qu'il ait jamais subie.
              Le débarquement français à Sidi-Ferruch du 14 juin 1830, semble s'identifier à la conclusion d'un très compliqué mais ingénieux montage.
              Le but recherché par une fraction du monde capitaliste européen de confession juive était d'aboutir à la libération ou plutôt à l'affranchissement de la dhimma juive d'Alger, dans le but d'incorporer les israélites de la Régence turque d'abord, et ceux du Maghreb ensuite, dans une collectivité nationale européenne au sein de laquelle ils allaient pouvoir vivre en toute liberté. La France, à cette époque, était la seule nation qui offrait des garanties suffisantes pour devenir la patrie de tous les juifs de la Régence et du Maghreb.
              Depuis la Convention nationale républicaine, depuis 1792, les juifs autochtones de France avaient acquis officiellement la citoyenneté française. Dans la perspective où la Régence devenait à son tour un territoire français, les juifs algériens pouvaient prétendre tout logiquement accéder eux aussi à la nationalité française.

              Ainsi, assimiler l'opération du débarquement de Sidi Ferruch effectué le 14 juin 1830, à une opération de style Entébbé, est-ce raisonnable ?
              Expliquons-nous en rappelant très brièvement l'origine et la signification de l'opération d'Entébbé.
              Idi Amin Dada, ancien berger nubien du temps de son enfance, prend le pouvoir en Ouganda, le 25 janvier 1971. Il rencontre alors le colonel libyen Kadhafi. Il tombe sous son influence et se convertit à l'islam. Avant sa conversion, il était l'interlocuteur direct d'une mission israélienne à Kampala, capitale de l'Ouganda. Cette fonction l'avait conduit à effectuer quelques séjours en Israël.
              Après sa conversion il déclenche des persécutions contre les non-musulmans et organise des crimes et des exactions qui annoncent des génocides de masse que va connaître l'Afrique. En 1976, sous l'influence Kadhafi, il prend en otage les passagers juifs d'un avion qui faisait escale à Kampala.
              Son objectif, ou plutôt celui de Kadhafi : faire pression sur le gouvernement de Tel-Aviv et obtenir la libération de chefs palestiniens emprisonnés. Ces otages seront libérés grâce à un audacieux raid de parachutistes israéliens sur Entébbé, ville située sur le lac Victoria qui dispose d'un aéroport, en l'occurrence l'aéroport international de Kampala. Ces otages seront ramenés en Israël le 3 juillet 1976. Le colonel commandant l'opération fut tué à l'occasion de ce raid. Il était un parent très proche du chef du gouvernement actuel d'Israël.

              Répétons notre question : l'opération militaire française de Sidi-Ferruch s'identifie-t-elle essentiellement à une opération d'origine endogène visant à libérer les juifs de la Régence turque d'Alger ? Leur ouvrir ainsi les portes de la France ? Puis les portes de la nationalité et de la citoyenneté françaises ?
              Notre réponse est absolument affirmative. La prise d'Alger c'est à Alger qu'elle fut décidée et planifiée… à la fin du XVIIIème siècle.

              1er décembre 1898 : massacre de juifs évité à Alger
              12 décembre 1960 : profanation de la grande synagogue d'Alger, destructions, meurtres, croix gammées.

              Nous sommes 14 rue de Chartres à Alger. Le 1er décembre 1898, dans cet immeuble situé en face de la rue d'Ammon, pas loin de la cathédrale d'Alger, Madame Escobedo de Perez, ressent les douleurs qui annoncent la naissance de son 5ème enfant. Deux sont déjà morts. Il lui reste deux petites filles, Adèle et Marie. Son mari, Florencio Juan Perez est auprès d'elle.
              Tout à coup, un vacarme effroyable monte de la rue. Des cris de terreur, des appels au secours retentissent. Des vociférations haineuses se font entendre jusque dans la chambre de la parturiente. Que se passe-t-il ?
              C'est une émeute " d'arabes " déchaînés qui saccagent les échoppes, les boutiques et les établissements commerciaux des marchands juifs de la rue de Chartres, de la place de Chartres et des rues avoisinantes. Des rasoirs, des couteaux sont brandis : c'est un massacre collectif de juifs qui se déclenche.
              Florencio Juan Perez, bondit hors de son immeuble. Il ouvre la porte pour y faire entrer tous les juifs poursuivis et agressés qui se trouvent à proximité. Il referme cette porte à clef et fait face aux forcenés. Il lève les bras en signe de paix et obtient le silence. Il parlemente. L'homme est imposant, il est d'ailleurs connu de tous les habitués du quartier, musulmans et français, puisque les juifs sont citoyens français depuis le décret Crémieux de 1870. Avec ses frères, il dirige une distillerie qui se trouve à Bab-El-Oued, dans le prolongement de l'avenue de la Bouzareah. C'est une affaire florissante à cette époque qui fait vivre beaucoup de monde.
              C'est donc avec l'assurance d'un chef d'entreprise responsable, d'un meneur d'hommes, qu'il s'adresse aux émeutiers. Ceux-ci le connaissent, le respectent et l'estiment. Peut-être invoque-t-il le nom de Dieu et de la Sainte Vierge. Peut-être sans honte et avec audace, prononce-t-il une prière à haute voix.
              Le résultat est manifeste : ce jour-là il n'y aura pas de massacre de juifs dans la rue de Chartres, rue qui porte à l'époque et pour environ 50 ans encore, un nom qui évoque l'une des plus belles cathédrales de France.

              Florencio Jean Pérez était mon grand-père. Le nouveau-né venu au monde sous le signe de l'émeute et de la terreur, était mon père.
              Ces émeutes anti-juives étaient-elles fréquentes ? A quoi correspondaient-elles ? Etaient-elles d'inspiration religieuse ? Raciale ? Questions importantes s'il en fut !
              Certains se sont attachés et s'emploient, aujourd'hui encore, à faire des défenseurs de l'Algérie française et des combattants de l'OAS en particulier, des racistes intégraux, plus particulièrement anti-juifs. C'est un argument de recours ultime que l'on utilise parfois pour couvrir d'opprobre ceux qu'animait l'esprit de résistance contre l'abandon de l'Algérie. Ceux, trop minoritaires hélas, qui se sont engagés dans le combat ultime de l'OAS.
              Restons dans ce quartier de la rue de Chartres qui, certes, fut important dans l'histoire des juifs d'Alger. Faisons un bond de quelques dizaines d'années vers l'avant de l'histoire. Nous nous rendons compte alors que ce quartier près duquel se trouvait le PC d'Alger-Sahel durant la bataille d'Alger, connut des heures dramatiques pendant les années sanglantes de la guerre d'Algérie.
              Nous voici en 1956. La rue de Chartres est toujours appelée rue de Chartres mais son nom officiel a changé. Elle est devenue la rue Aboulker. Les vieux algérois, qu'ils fussent juifs ou non juifs, continuaient tout naturellement à l'appeler rue de Chartres, par habitude, par routine, en souvenir. Elle se déroulait selon un trajet parallèle à deux artères célèbres. Vers la mer, c'est-à-dire vers le Nord, se trouvait la rue Bab-Azoun. Vers le haut, donc vers le Sud, vers la haute ville et la Casbah, c'était la rue de la Lyre. En partant de la maison natale de mon père vers l'Ouest, on passait devant le temple protestant, avant de traverser la place de Chartres. A gauche, rejoignant la rue de la Lyre, se situait la rue Solferino en l'honneur de la victoire de Napoléon III. A droite, des escaliers permettaient de descendre vers la rue Bab-Azoun et la mer : c'était la rue Saint-Louis, en l'honneur de " l'ange " des croisades. Un peu plus loin, la rue Vialar, rejoignait la place du gouvernement d'un côté et la rue de la Lyre de l'autre.
              Un peu plus bas, c'était la rue Juba, qui elle aussi débouchait sur la place du gouvernement. Le nom de Juba évoque le roi de Numidie, Juba 1er. Mais cette rue voulait pérenniser le nom de Juba II, fils du premier, élevé à Rome. L'empereur Auguste lui donna comme épouse, Cléopâtre Sélène, fille d'Antoine et de Cléopâtre. Juba II prit la tête d'un royaume intégré à l'empire romain.
              Après la rue Juba, on arrivait place Lavigerie. Qui évoque le cardinal du même nom mort en 1893. Ce prélat, qui prétendait amorcer un apostolat étendu à toute l'Algérie, se vit interdire la mise en route de cet apostolat. Interdire par qui ? Par le pouvoir français. Sur cette place Lavigerie, se situaient face à face, la cathédrale d'Alger et l'archevêché. Ce n'est pas un désir de promotion touristique qui m'incite à relater ces quelques détails géographiques. Car ce site d'Alger, fut riche en évènements dramatiques.
              Place Lavigerie, siégeait l'UGTA : l'Union Générale des Travailleurs Algériens. On nous présentait cette union syndicale, comme alliée du Parti Communiste Algérien. Elle était certes favorable à la rébellion algérienne et soutenait opérationnellement les terroristes du Grand-Alger en particulier. Ce que l'on ignorait à cette époque est une vérité tout à fait différente : cette organisation syndicale au sein de laquelle se préparait une série d'attentats terroristes, était en réalité la représentation à Alger de la CISL : la Confédération Internationale des Syndicats Libres dont le siège était à Bruxelles et dont le président était Monsieur Irving Brown, un américain. Cette CISL était la représentation en Europe de l'énorme Fédération Américaine du Travail, une centrale syndicale des USA, de droite. Cette fédération américaine, structure-mère de la CISL était favorable à l'indépendance de l'Algérie pour des motivations qui n'étaient ni plus ni moins que celles du capitalisme financier tel qu'il m'est arrivé de les évoquer dans mes différentes études. Cette UGTA fut victime d'un attentat monté par une organisation anti-terroriste, dont je faisais partie depuis sa naissance. La bombe qui explosa interrompit la préparation d'une série d'attentats qui devaient se déclencher le lendemain dans la ville d'Alger. C'était en 1956.
              Près de la rue Juba, dans la rue Vialar, Antoine Di Rosa, exerçait la profession de commerçant-glacier. Il s'était engagé à titre personnel, dans la lutte clandestine pour garder l'Algérie à la France. Il fut assassiné un matin, dans cette rue Vialar et vengé dans l'heure qui suivit, par l'exécution de celui qui l'avait dénoncé aux tueurs d'Ali-La-Pointe. Son frère, Jean, vint me voir : il voulait monter une opération de représailles. Il était imprudent dans ses propos. Ali-La-Pointe prit les devants : il vint l'abattre un matin dans son épicerie de la rue Jean-Jaurès, à Bab-El-Oued. C'était toujours la guerre d'Algérie, distillée en ville par la mort en détail, la mort répétée, sournoise, la mort terroriste. Le drame partout et tout le temps. Cela il faut le comprendre : pour nous, la guerre d'Algérie, c'était la guerre de tous les jours, de toutes les heures. Vers la même époque, alors que la dialectique du pistolet automatique se déployait dans le Grand-Alger, je me souviens d'un coup de téléphone angoissé que m'adressa mon père à partir de son bar, la Bodéga Pérez, qui se situait rue de Chartres, en face de sa maison natale :
              " Ils viennent d'en tuer 3 " Il s'agissait de commerçants juifs évidemment. " Dans un rayon de 50 mètres. Il n'y a plus personne dans la rue. Que dois-je faire ? ". Je lui conseillai de fermer son café et de rentrer chez lui. Quelques jours plus tard, une grenade mit fin à l'exploitation du commerce familial.

              Ma grand-mère paternelle, s'appelait Escobedo. Comme son mari, elle était espagnole. Plusieurs raisons ont été invoquées pour expliquer le grand nombre d'étrangers ou de fils d'étrangers venus chercher fortune en Algérie. Je veux dire chercher à y vivre car, comme l'écrit Robert Aron :
              " le mythe des pieds-noirs colonialistes ne vaut ni plus ni moins qu'en France celui des deux cents familles ".(2)
              Ces étrangers constituèrent un apport nécessaire et indispensable à la vitalité de l'Algérie. Robert Aron précise encore :
              " La France au XIXème siècle ne disposait plus après 1830 ou 1870 d'un capital humain suffisant pour peupler seule l'Afrique du Nord. Après avoir été le pays le plus peuplé de l'Europe avec la Russie, elle connut les grandes saignées de la révolution, de l'empire. Puis les grandes guerres et les expéditions coloniales devaient encore éclaircir les rangs de la jeunesse. Il fallut donc faire appel à des étrangers pour contribuer à la mise en valeur, à l'équipement de l'Algérie. Des flots d'Espagnols, d'Italiens, de Maltais, même des Allemands et d'autres encore, ont contribué à peupler ce pays. Ainsi est né un nouveau peuple de sang méditerranéen ".

              Le problème juif en Algérie ! Depuis mon retour d'exil, en 1968, j'ai appris qu'il y en aurait eu un. Dans la vie que j'ai connue, celle de l'école communale, du lycée, de la faculté, de la lutte anti-terroriste, à l'époque de l'OAS plus tard, je n'ai pas connu personnellement de problème juif. Mais il paraît que c'est un évènement fondamental qui aurait empoisonné la vie en Algérie. J'ai donc essayé de comprendre et de savoir. C'est un problème grave, délicat à traiter.
              Il y a vingt ans, j'ai pris connaissance d'un ouvrage émanant d'un auteur, brillant intellectuel du monde politique français, qui veut faire croire en 1961, que la première cause des assassinats de juifs quand ils se déroulèrent là-bas, résidait peut-être dans l'antisémitisme des pieds-noirs. J'ai eu entre les mains une brochure publiée par cet auteur Pierre Pierre-Bloch, vers le mois d'avril 1961, intitulée " L'Algérie, terre des occasions perdues ".
              L'auteur y déclare que le paroxysme de cet antisémitisme se situe entre 1891 et 1901. Nous sommes loin de la guerre d'Algérie ! Mais la naissance de mon père est inclue dans cette période noire relatée par Pierre Pierre-Bloch. Le jour même d'une émeute anti-juive.

              1898, c'était le temps où Max Régis fut élu pendant un certain temps maire d'Alger. Certains auteurs l'ont décrit avec abondance, comme l'âme de l'antisémitisme algérois. Il finit par être sanctionné, privé de son titre de maire, emprisonné puis expulsé d'Algérie.
              Ce que l'on nous dit avec timidité, comme à regret, c'est que Max Régis, le féroce antisémite qui poussait des arabes à tuer des juifs dans les rues d'Alger, épousa plus tard une juive-algérienne. Puis on finit par ajouter que son véritable nom était Milano. C'est-à-dire qu'il s'agissait en réalité d'un italien naturalisé de confession juive. Il n'est pas difficile de comprendre que le pseudo Max Régis était un provocateur patenté. Il agissait pour le compte d'une collectivité politique qui prétendait imposer une autonomie de l'Algérie. Une collectivité qui s'appuyait sur ce qui se déroulait à Cuba durant cette même époque, puisque la guerre de Cuba entre les Américains et les Espagnols, allait se terminer le 10 décembre 1898 par l'indépendance de Cuba à l'égard de l'Espagne et sa soumission aux Etats-Unis, certes, mais par un processus d'autonomie interne.
              Il s'agissait déjà d'une conjuration contre l'Algérie française qui voulait s'appuyer sur l'Islam en lui offrant le monde juif d'Algérie, comme bouc-émissaire. Le monde juif d'Algérie qui depuis le 24 octobre 1870 faisait partie de l'univers " citoyenneté française " grâce au décret Crémieux.
              Pierre Pierre-Bloch soutient dans son écrit que les responsables des assassinats de juifs n'étaient pas des arabes, auteurs réels des tueries. Pour lui, le responsable c'était peut-être l'européen d'Algérie. L'accusation tombe comme un couperet, sans appel. Froidement assénée en avril 1961. Je souligne le caractère particulièrement odieux de cette accusation, formulée en 1961. C'est-à-dire à un moment où se joue la mort de l'Algérie française et la perspective de rapatriement des Français d'Algérie. Peuple d'Algérie qu'il fallait avilir moralement avant qu'il ne vînt planter ses nouvelles racines sur la terre de la patrie commune.

              Pierre Pierre-Bloch, dans son ouvrage, décide de nous condamner plus largement. Je veux dire qu'il veut relier la xénophobie des pieds-noirs à une xénophobie plus générale qui aurait alimenté l'esprit des Français de souche au XIXème siècle. Il soutient que ces derniers éprouvaient une véritable répulsion pour les Européens d'Algérie d'origine étrangère. Il relate la fureur qu'aurait provoquée chez ces Français de souche, la loi de 1889 qui accordait la citoyenneté française à tout européen de 21 ans né en Algérie. Débattre sur ce point s'avère inutile car ce fut une période passagère qui s'est échelonnée sur une génération au maximum. La xénophobie si elle existait, ne résista pas au besoin constant que chaque collectivité avait de l'autre, aux mariages mixtes et surtout au mixage qu'a représenté la première guerre mondiale. Le nombre de pupilles de la nation qui s'appelaient Rodriguez, Pérez, Scotto, Lubrano, Micaleff, Zaoui, ou Aboulker, à côté des Martin, Dupont et Descamps, illustre le fait éclatant que les Européens d'Algérie s'étaient transformés en Français d'Algérie par le sang versé pour la patrie commune. Robert Aron le précise :
              " Nos compatriotes d'Afrique du Nord sont, parmi les Français, les plus courageux et les plus Français qui soit "
              Mais dans l'œuvre de Pierre Pierre-Bloch, il y a encore plus grave car cet auteur nous refuse purement et simplement la qualité de Français. En parlant des Européens non juifs d'Algérie, nous lisons à la page 9 de sa brochure : " par leur culture, par leurs origines, par leurs manières de vivre, ils se comportent comme des Africains et aussi bien que les Juifs, ils ont fait corps avec ce pays. C'est vraiment cet ensemble que l'on peut désigner sous le vocable d'Algériens non musulmans ".
              Voilà l'identité dont on voulait nous affubler : Français non, Algériens non musulmans, oui.
              Robert Aron vient encore à notre secours : " Patriotes et dynamiques, les Français d'Afrique du Nord le sont avec paroxysme ".
              Ce n'est donc pas un effet du hasard si l'on s'exprime ainsi en avril 1961. C'est une position qui rejoint celle des gaullistes qui sont intervenus directement dans l'assassinat de la France Sud-Méditerranéenne. Cette conviction constitue le fondement même de la politique gaulliste. On abandonne l'Algérie mais en même temps, on voudrait bien se débarrasser des " Algériens non musulmans ". Nous étions compris dans la totalité de l'abandon. On ne voulait pas de nous en Métropole, dont certains niaient justement qu'elle fût notre Métropole. Pour que le projet gaulliste se réalisât en totalité, il nous aurait fallu rester en Algérie. Ne pas venir créer un nouveau " grand dérangement " en France.
              Ce rejet des Français d'Algérie, des Pieds-Noirs, n'a pas été partagé, loin de là, par d'autres personnalités intellectuelles françaises. Après l'indépendance, Robert Aron persiste et signe : " Depuis 6 mois nous assistons à la transformation brutale, peut-être même à la dispersion d'une communauté française jusque-là, en plein essor, celle des Européens d'Algérie. Une population équivalente aux deux principales villes métropolitaines après Paris, Marseille et Lyon réunies, se trouve ainsi menacée. Elle était parmi les plus dynamiques, les plus patriotes, les plus attachées à un sol qu'avaient souvent défriché et mis en valeur ses ancêtres.
              L'Algérie était une terre où avant la présence française, nul pratiquement n'avait rien fait ".

              Je ne pensais pas que les ennemis de notre cause oseraient aller jusqu'à ce degré d'hostilité contre ces Français qui peuplaient cette province. Cette hostilité ils l'ont justifiée parfois, par l'accusation d'antisémitisme portée contre nous. Je dis " nous " pris en totalité dans le temps et dans l'espace c'est-à-dire depuis 1830 et dans toute l'Algérie. Si nous avions été antisémites permanents, pourquoi avoir attendu le printemps 1961 pour le dire et surtout pour l'écrire ? C'était l'illustration d'une manœuvre inélégante, néfaste et cruelle. Elle faisait partie d'une conjuration contre le peuple français d'Algérie. De Gaulle avait organisé par l'intermédiaire de ses annonceurs un processus diffamatoire visant à développer la haine du peuple de France contre le peuple français d'Outre-Mer. En l'accusant de racisme et d'antisémitisme, on justifiait à l'avance, un drame qui était redouté à l'époque : un génocide des Pieds-Noirs en Algérie. Génocide qui fut évité grâce au combat ultime de l'OAS, qui eut comme conséquence l'inéluctabilité du rapatriement de la quasi-totalité des Français d'Algérie.
              Dans cette brochure, Pierre Pierre-Bloch fait allusion au décret Crémieux. Il estime utile de préciser que Crémieux n'est pas responsable de ce décret qui porte son nom. La paternité en est attribuée à Emile Ollivier qui a rédigé le texte de la loi. Il est précisé que Crémieux n'eut qu'à signer un texte rédigé par un ministre qui n'était pas de confession israélite. Tout se passe comme si l'auteur voulait donner plus de crédit à ce décret, ou plutôt un crédit différent, en démontrant que son auteur réel n'était pas juif. Je trouve cette attitude désobligeante pour Crémieux en tant que signataire du décret et en tant que juif. Crémieux offrait toutes les garanties d'un homme politique compétent, sérieux et patriote. Nous sommes informés des sacrifices financiers auxquels il s'est volontairement soumis pour aider la France à se libérer de la dette de guerre que Bismarck avait imposée à la patrie. Il n'est pas nécessaire d'atténuer le mérite de Crémieux d'avoir réalisé la première partie de l'intégration des peuples d'Algérie à la collectivité française. Car comme le souligne Robert Aron, ce que Crémieux aspirait à atteindre, c'était " assimiler complètement l'Algérie à la France ".
              Cet auteur, Pierre Pierre-Bloch, va très loin. Il exprime son adhésion au FLN qui pour lui est complémentaire de son adhésion à De Gaulle. Il propose une équation de la vérité : " De Gaulle + Organisation extérieure de la rébellion = formule de paix ". Cette équation s'est illustrée par des dizaines de milliers de morts. Par des tueries dont notre peuple français d'Algérie fut victime.
              Un fait est certain, criant de vérité et cependant nié par nos accusateurs qui veulent imputer aux Pieds-Noirs et à l'OAS le crime d'antisémitisme : c'est que les juifs du Maghreb et plus particulièrement ceux d'Algérie, furent libérés, par la France, de l'oppression ottomane. " L'arrivée des Français fut pour les juifs d'Algérie, comme le signal de l'affranchissement ". Et plus loin, " leur croissance est spectaculaire, 21,5 % en 50 ans, 47,7 % en Oranie ", car dans le cas de ces derniers, ils furent enrichis d'une forte immigration de juifs marocains qui vinrent trouver asile en Algérie française. Les victoires françaises, la présence française, furent l'objet à maintes reprises, de manifestations d'allégresse de la part des juifs nord-africains. Dans son livre Le Véloce, Alexandre Dumas évoque une noce juive à Tétouan. On y dansait et bien évidemment les jeunes filles chantaient, vraisemblablement en espagnol. Voici ce qu'écrit l'auteur :
              " Quant à la chanson, je vous donne en mille à deviner ce dont elle traitait. C'était la chanson du bombardement de Tanger… "…. " Pourquoi chantait-on cette chanson à une noce juive ? "…. " un bombardement est-il une chanson de noce ? Non mais de cette apparition des Français sur les côtes de Tanger, est résultée une lutte et de cette lutte, une victoire ". La présence française, la victoire française, les juifs magrébins l'exprimaient en chants d'allégresse, en chants de noces, en chants de victoire. Pour eux, le chemin de la liberté a été long. Et s'il n'y avait pas eu 1830 il n'y aurait pas eu 1870 pour les juifs d'Algérie, il n'y aurait pas eu l'intégration des juifs à la citoyenneté française. C'est l'occasion de souligner avec force, que la majorité des juifs pieds-noirs ne partagent pas les convictions de Pierre Pierre-Bloch : ils étaient " Algérie française " dans une irréfutable majorité.

              Il me paraît nécessaire de rappeler un évènement tragique qui rétablit la vérité quant à savoir qui était véritablement antisémite, antijuif, en Algérie française. C'était pendant les journées de décembre 1960. Pierre Pierre-Bloch écrit qu'elles étaient " la vérité ". Le but recherché par De Gaulle quand il a appelé les musulmans à descendre dans les rues à l'occasion de son voyage en Algérie, c'était créer selon lui, " l'anti 13 mai 1958 ". Il les a appelés en réalité à son secours et il a provoqué, intentionnellement, une nefra anti-française avec un risque de massacre de Français d'Algérie. Il prétendait démontrer que le 13 mai 1958, " c'était tout faux " et que les journées du décembre gaulliste 1960, " c'était tout vrai ".
              L'antisémitisme en Algérie a connu, lors de ces journées de décembre, une manifestation riche d'un symbolisme que personne ne veut évoquer. Alistair Horne est un auteur britannique, favorable au FLN, évidemment hostile à l'Algérie française et à l'OAS. Il écrit textuellement dans son ouvrage consacré à la guerre d'Algérie en évoquant les journées de décembre 1960 :
              " Le 12, les foules, poussées par le FLN, étendaient leurs opérations en pillant la grande Synagogue au cœur de la casbah. Ce bel édifice, construit sous le règne de Napoléon III, était l'un des sanctuaires juifs d'Alger. Le magnifique bâtiment était éventré, les rouleaux de la Thorah étaient déchirés et profanés et les murs couverts de croix gammées et d'inscriptions " mort aux juifs ". Plusieurs fonctionnaires étaient enlevés et assassinés au cours d'une série d'actes de violence qui avaient frappé la communauté juive avec la soudaineté de la foudre. Qui avait appelé les musulmans à descendre dans la rue, à hurler leur soutien à De Gaulle ? Ce fut Monsieur Coulet, commissaire politique gaulliste auprès de Paul Delouvrier. Pierre Pierre-Bloch était évidemment informé de cette nefra anti-juive, imputable au FLN. Mais cet auteur, gaulliste, veut blanchir les protagonistes-mêmes de cette tuerie. Il veut blanchir à tout prix le FLN. Il n'hésite pas à écrire dans une annexe n° 4 de son ouvrage à la page 109 :
              " Signalons également que, contrairement à ce qui a été dit au cours de ces derniers temps, l'étendard vert à l'étoile d'or n'est pas le drapeau du FLN mais l'étendard d'une secte fanatique la Kerkoua, secte qui était en contact étroit avec les musulmans de Russie et d'Asie. Ce sont eux qui ont organisé la profanation de la Synagogue d'Alger ".
              Nous sommes étonnés de cet entêtement de la part de Pierre-Pierre-Bloch à innocenter le FLN. Car si cette secte a pu se manifester, c'est d'une part parce qu'elle faisait partie intégrante du FLN et d'autre part parce qu'elle était assurée de l'impunité puisque les autorités civiles et gaullistes d'Algérie étaient les complices opérationnels de cette profanation de la synagogue d'Alger.

              Cette synagogue était située à quelques centaines de mètres de la maison natale de mon père. J'aime à évoquer l'attitude de mon grand-père le 1er décembre 1898 qui a su éviter une tuerie de ses voisins juifs. Je ne l'ai pas connu. Florencio Juan Perez est mort tuberculeux en 1905 au sanatorium de Miliana. Notre cellule familiale paternelle Pérez-Escobedo, avait payé elle aussi très tôt " le prix du cimetière " pour avoir le droit de vivre sur la terre d'Algérie : deux fils aînés et le chef de famille décédés. Oui, Fromentin avait raison :
              " La première histoire de la colonisation se lit dans les cimetières ".

1934-1935 : des juifs tués en tant que juifs dans le Constantinois

              Comment évolua l'Algérie au début du XXème siècle ? Beaucoup d'historiens se sont penchés sur cette évolution. On ne peut pas dire qu'ils aient fourni un effort appréciable pour nous permettre de détecter, dans ces pages d'histoire, toutes les indications prémonitoires de ce que nous appelons à leur instar et par convention simpliste, une révolte.
              Plus que de révolte, en réalité, il s'agissait de la mise en route d'une véritable conjuration. Celle-ci, sous le couvert d'une perspective volontairement réductrice de revendications dites de libertés, doit être assimilée à une conjuration permanente anti-française. Exclusivement.
              Vers 1930, des historiens lucides évoquaient avec raison l'impact nouveau qu'il fallait attribuer à ce qu'ils appelaient, par un euphémisme de mode, le dogmatisme religieux musulman. Ils précisaient néanmoins et sans nuance : dogmatisme particulièrement dirigé contre les juifs d'Algérie.
              Ils exhibaient à l'appui de leurs convictions le décret Crémieux comme un facteur de mise en route du mécontentement arabe, qui en 1934 et 1935 a pris parfois des airs de révolte.

              Mécontentement ? Pourquoi ?
              La réponse simpliste, puérile même en apparence, apportée à cette interrogation est évidente :
              " Vous avez accordé la citoyenneté française aux juifs. Vous ne l'avez pas accordée aux musulmans. C'est donc d'une discrimination ethnico-religieuse dont nous sommes victimes, nous les arabes ".
              Avant de démontrer le mal-fondé de cette accusation, nous tenons à formuler une observation. Les opposants, ceux qui s'apprêtent à devenir les révoltés, font état dans leur terminologie d'une discrimination ethnico-religieuse dont ils se croient victimes.
              Ils pourraient avoir raison mais à 50 % seulement. Pourquoi ? Parce que si discrimination il y avait eue, elle ne pouvait être que religieuse. En effet, s'il est un substantif qui n'avait pas sa place en AFN, c'est bien le substantif de race, d'ethnie. La fraction berbère, largement dominante pour ne pas dire exclusive du peuple nord-africain de confession musulmane, était avant tout un rassemblement de peuples d'origines géographiques multiples (Africains, Mauritaniens, Sahariens, Kabyles et d'autres encore).

              Chez les Européens ou plutôt chez les non-musulmans, des Siciliens, des Napolitains, des Hispaniques, des Maltais et d'autres, se mêlaient aux Français de souche, aux Alsaciens et aux Lorrains.
              Jean d'Escola rappelle en substance dans son ouvrage " Les grandes heures de l'Espagne " que les colonnes d'Hercule(3) constituèrent, dans l'antiquité, une zone de transit privilégiée dans les deux sens, pour les peuples berbères africains et ibériques. La notion d'ethnie se révélait accessoire, ou plutôt contingente, en tout cas secondaire en Algérie tout particulièrement. Biologiquement, génétiquement, elle était inexistante.
              Mais elle connut néanmoins une fortune " historique ", une existence opérationnelle, parce qu'elle s'illustra avant tout comme une création d'auteur. Création née à partir d'un intégrisme religieux.
              Ce dogmatisme religieux intégriste évoqué en 1934 comme base opérationnelle d'une révolte anti-juive, avait été mis en place en Algérie avec la complicité sinon lucide, du moins passive, de la 3ème république, théoriquement laïque.
              Elle accepta, en effet, l'installation officielle et légale en Algérie, en vertu de la loi de Waldeck-Rousseau, dite loi de 1901, de l'Association des Oulémas. Une date essentielle de notre histoire, c'est le 5 mai 1931. Quand je dis date essentielle de notre histoire, j'évoque notre histoire française, dans laquelle bien évidemment j'incorpore la mère-patrie. Omar Smaïl, un leader religieux berbère, fonda cette association. Il en déposa les statuts à la préfecture. Ils y furent acceptés à Alger. Le 7 mai, un berbère constantinois, Ben Baddis, en est élu président. Un autre berbère, lui aussi du Constantinois, Ibrahim Bachir est élu vice-président.

              Ces deux hommes avaient complété leur formation intellectuelle religieuse dans les lieux saints d'Arabie et au Proche-Orient. Ibrahim Bachir enseigna la littérature arabe classique à Damas. Ces hommes observèrent avec une rigueur opérationnelle majeure, la prescription fondamentale du 3ème Calife Otman, qui, au VIIème siècle, avait exigé que le coran fût enseigné et psalmodié universellement et exclusivement en langue arabe littérale. Par cette décision, essentiellement culturelle, la langue arabe s'identifia au ciment de l'islam. Par le moyen de cette exigence, se structura pour l'avenir, une arabisation intellectuelle, linguistique, phonique et cadencée de l'expression universelle de la religion du prophète de la Mecque et de Médine. Une phénoménologie arabe avec son potentiel évolutif et unificateur conféra, ainsi, un monolithisme fonctionnel à une immense majorité du monde musulman. Ce monolithisme identifia le monde arabe. C'est-à-dire le monde universel des croyants arabisés intellectuellement et spirituellement. Un monde ayant été façonné par une arabisation à la fois scripturaire et phonique.
              Dans l'attitude opérationnelle des Oulémas d'Algérie, réunis dans leur association de 1931, cette volonté d'arabisation exclusive fut affirmée sans ambiguïté par Ben Baddis en 1931. Il n'était plus question de l'opposition des Berbères soumis aux Arabes conquérants, car il n'y eut jamais d'Arabes conquérants dans le Maghreb. " Ma religion c'est l'Islam, ma langue c'est l'Arabe, ma patrie c'est l'Algérie ". La langue arabe était identifiée par ce grand religieux à l'instrumentalisation majeure mise au service des croyants pour conquérir l'Algérie, pour expulser la France et l'âme française de ce territoire, avant d'exercer son impact ultérieur au nord de la Méditerranée. Rappelons la prédiction de Ben M'Hidi en 1957 : " Vous voulez la France de Dunkerque à Tamanrasset, je vous prédis moi, que vous aurez l'Algérie de Tamanrasset à Dunkerque ".
              Cette arabisation dogmatique, culturelle, scripturaire et phonique, tira sa vigueur auprès de personnalités éminentes du Proche et du Moyen-Orient.
              En particulier, auprès de l'émir libanais Chekib Arslan. Celui-ci, un Druze du Liban, qui n'avait rien d'arabe au sens ethnique que l'on veut encore attribuer au mot " arabe ", fit la guerre à la France, quand notre pays, après la victoire de 1918, reçut le mandat d'administrer la Syrie et le Liban. Il déclencha une insurrection armée contre la France en Syrie. Il fut condamné à mort par contumace en 1922. Il s'établit à Genève comme réfugié politique. Il disposa de moyens financiers énormes qui lui permirent, entre autres possibilités, de fonder un journal dans lequel il prônait, exaltait et organisait, la libération de l'AFN.
              Animateur principal de la Nahdah, la renaissance de l'Islam, il bénéficia de l'appui d'un complice de grande valeur, Asmine el Husseini, mufti à Jérusalem. Celui-ci, dans le but de contrer les propositions de lord Balfour acceptées à la Chambre des Communes de Londres en faveur de la naissance d'une république juive d'Israël, prétendait fédérer le monde arabe contre les juifs. Cette fédération fut amorcée lors du congrès de Jérusalem en 1931. Avec Chekib Arslan, il en fut un animateur majeur. Arslan et Husseïni, trouvèrent un appui enthousiaste dans ce combat anti-juif universel auprès de l'Association des Oulémas fondée en Algérie en 1931. Il est impossible de ne pas conférer une grande importance à la coïncidence de ces deux manifestations : congrès de Jérusalem d'une part, fondation de l'Association des Oulémas en Algérie d'autre part, durant la même année, 1931.
              Il existait ainsi en Algérie, une motivation fondamentaliste et permanente de la révolte exprimée dans l'attitude de l'émir Arslan et répercutée à toute l'AFN par les oulémas algériens : c'était l'anti-judaïsme fondé en tout premier lieu sur leur refus conjoint de voir naître un état juif en Palestine. Cet anti-judaïsme géopolitique et religieux trouva tout naturellement un aliment majeur en Algérie, dans le décret Crémieux qui, longtemps auparavant, avait octroyé par voie d'autorité le 24 octobre 1870, la citoyenneté française aux nationaux français autochtones d'Algérie de confession juive.

              C'est dans le département de Constantine que cet antijudaïsme s'est manifesté avec une grande violence, parfois sanguinaire. C'était facile à comprendre puisque les deux principaux dignitaires de l'Association des Oulémas étaient originaires tous les deux du Constantinois. Ben Baddis était de Constantine. El Bachir el Ibrahimi, de Tocqueville (Ras el Oued aujourd'hui) était originaire des Hauts Plateaux sétifiens.
              Au début d'août 1934, à la suite d'incidents assez insignifiants, le mouvement d'antisémitisme qui depuis quelques mois couvait dans la population musulmane de Constantine, se traduit par une véritable émeute. Des magasins israélites sont saccagés et incendiés. Et l'on compte le soir, 23 tués (un musulman et 22 Israélites parmi lesquels 5 femmes et 4 enfants). Sans parler d'une cinquantaine de blessés musulmans et juifs. L'ordre est parfaitement rétabli ; mais des violences analogues continuent de se produire jusque vers la fin du mois d'août dans plusieurs localités voisines. Le commerce juif à Constantine même, demeure sévèrement boycotté par les musulmans. Il est visible que les passions ne sont pas éteintes et que de nouveaux drames sont à craindre.
              Dans la soirée du 1e février 1935, à Sétif, au cours d'une bagarre assez banale en elle-même un agent de police européen tue d'un coup de révolver un tirailleur indigène en état d'ivresse qui venait de le blesser de plusieurs coups de couteau. Le bruit s'étant répandu que cet agent était juif, des indigènes s'amassent autour du poste de police. Une patrouille de tirailleurs, appelée pour rétablir l'ordre est tout de suite débordée. 2 agents sont grièvement blessés. Un autre, également blessé, pour fuir ses agresseurs est obligé de se réfugier sur une terrasse. Il est rejoint par les agresseurs, précipité dans la rue et lynché. Pendant ce temps, la populace ameutée par la rumeur défonce les devantures de nombreux magasins israélites.
              Les auteurs qui relatent ces évènements, dans un article non signé de la " Revue des Deux Mondes " de 1935, soulignent qu'il s'agissait d'un sursaut d'anti-sémitisme fréquent dans l'histoire de l'Afrique du Nord. Mais un de ces auteurs inconnus, soulignait l'importance de diverses circonstances : notamment un réveil éclatant de l'orthodoxie, nous précisons aujourd'hui de l'arabo-islamisme fondamentaliste depuis la naissance de l'association de 1931, présidée par le Constantinois Ben Baddis. Des manifestations de ce style se dérouleront à Alger rue Montpensier, sans gravité majeure.
              Ces manifestations anti-juives, seront alimentées ou plutôt aggravées par une argumentation officieuse mais persistante : celle-ci prétendait faire croire que les emprunts effectués par des commerçants musulmans auprès de prêteurs juifs, étaient grevés d'intérêts usuraires. Tout était bon pour créer une mouvance anti-juive qui de réactionnelle au décret Crémieux va devenir partie intégrante, voire majeure, de l'esprit de révolte contre la France… contre l'âme française. Tout était bon pour combattre la France.
              Qui, à cette époque, allait avoir l'audace d'envisager et de proclamer, malgré tout, au niveau de la communauté internationale, que, grâce à la France, l'Algérie était en possibilité de devenir un jour, dans un avenir pas très éloigné, une terre d'union et de rencontre ? Qui allait manifester suffisamment de foi et de courage pour démontrer que cette terre allait conférer à la Méditerranée une identité qui aurait dû faire de cette mer un pays au lieu de la réduire au rôle d'une frontière ? Qui, au milieu de ces violences savamment distillées, allait exprimer son enthousiasme en proclamant que les tenants d'une foi monothéiste allaient trouver, en Algérie, une terre providentielle qui allait permettre enfin à ces trois religions de se rencontrer, de se respecter, de se tolérer pour définir un " vivre ensemble " durable, pendant des siècles et des siècles ?
              Ce dialogue interconfessionnel auquel avait adhéré le cheik El Okbi comme je crois l'avoir rappelé dans l'étude précédente, est devenu aujourd'hui du domaine de l'utopie.
              Car, Satan veillait en Algérie, à travers son mandataire, De Gaulle. De Gaulle était là pour se débarrasser de l'Algérie et des Algériens, de toutes confessions. De Gaulle qui pour conquérir le pouvoir en Algérie en 1943, s'était soumis, à Casablanca aux exigences de Roosevelt, cette année-là.

1941-1943
Abrogation du décret Crémieux
puis retour des juifs d'Algérie dans la citoyenneté française

              Après l'armistice du 22 juin 1940, la France est coupée en deux. Il existe une zone libre. Libre à plusieurs titres. Mais surtout au titre d'une réalité historique qui, paradoxalement, ne retient pas l'intérêt des historiens. Cette zone libre, en effet, a maintenu la wehrmacht éloignée de la frontière espagnole. Mettant ainsi le général Franco à l'abri des exigences enthousiastes des faucons nationalistes espagnols. Ceux-ci, espérant s'appuyer sur les divisions allemandes massées le long de la frontière pyrénéenne en cas de capitulation française, prétendaient engager l'Espagne dans la guerre aux côtés de l'Axe, pour prendre Gibraltar.
              Gibraltar, les Thermopyles de l'empire britannique, était une obsession pour Churchill, pour le ministre britannique Samuel Ohare et aussi pour Roosevelt, le président américain. Il fallait absolument, pour ces hommes, éviter que la Méditerranée fût verrouillée à l'ouest, dès le début de l'été 1940. C'était vital pour l'Angleterre de Churchill. C'était absolument nécessaire pour le projet déjà affirmé, de F. Roosevelt : prendre pied en AFN. Projet mis en début d'exécution par le président américain, dès 1940, avant l'entrée en guerre des USA.
              C'est cette réalité qui confère une signification stratégique fondamentale à l'armistice du 22 juin 1940 : ce jour-là, Hitler a perdu la guerre, car l'armistice du 22 juin 1940 entre la France et l'Allemagne, ce n'était pas une capitulation. Les divisions allemandes furent maintenues éloignées de la frontière espagnole, grâce à cet armistice et l'Espagne resta neutre.

              En 1942, la conjuration française d'Alger, aspirant à participer au débarquement anglo-américain en AFN, a pu se développer grâce à une collaboration prévisionnelle étroite, entre le général Mast, commandant en second du 19ème Corps d'Armée d'une part, et le général Verneau chef d'Etat-Major de l'Armée de l'armistice, d'autre part. Un officier de liaison entre Mast et Verneau fut un colonel d'active d'Alger, le colonel Raymond. Celui-ci commandait le 45ème Régiment de Transmissions de Maison Carré. L'entrevue entre le général Verneau et le colonel Raymond s'est tenue en 1942 à Etroussat, dans l'Allier, pas loin de Vichy. Le colonel Raymond a rendu compte au général Verneau de l'état de préparation de la future opération Torch. Vichy était donc informée de la conjuration d'Alger du prochain débarquement américain.
              Malgré ce dynamisme opérationnel très offensif préparant l'engagement de l'empire français dans la guerre, le gouvernement de Vichy s'est trouvé dans l'obligation, sous la pression de la force occupante, d'abroger le décret Crémieux en 1941. Les juifs d'Algérie, du jour au lendemain, furent exclus de la citoyenneté française, avec toutes les conséquences administratives et humaines qu'impliquait cette abrogation.
              Entre temps, un homme était venu jouer un rôle fondamental à Alger, dans le cadre des perspectives rooseveltiennes que nous venons d'évoquer : c'était Murphy, un diplomate américain affecté dans un premier temps par Roosevelt auprès du maréchal Pétain, dès la constitution du gouvernement de Vichy, en 1940.
              Murphy s'intéressa de très près à l'évasion du général Giraud, prisonnier en Allemagne. Celui-ci s'identifiait à un personnage-clef pour la réalisation des projets militaires nord-africains de Roosevelt. Nous sommes encore en 1940. Roosevelt, cette année-là, ordonne à Murphy, qui le relate dans son livre " Un diplomate parmi les guerriers " d'étudier toutes les possibilités militaires d'un débarquement américain en AFN.
              Nous sommes en 1940, ne l'oublions surtout pas. Les USA ne sont pas encore en guerre. Cette mission connut un début d'exécution par Murphy, lorsqu'il rejoignit Alger en décembre 1940. Roosevelt exigea de son représentant qu'il fréquentât assidument le général Weygand. Il lui recommanda même d'aller à la messe avec lui. Murphy était en effet un américano-irlandais, catholique pratiquant. Nous sommes en 1940, il est important de le rappeler. J'ai posé la question dans mon livre " Attaques et contre-attaques " de l'influence qu'a pu avoir ce projet opérationnel de Roosevelt, projet mis en œuvre dès l'armistice du 22 juin 1940, sur le drame de Mers-El-Kébir du 3 juillet de la même année. Car, dans l'éventualité d'un débarquement américain en AFN, envisagé par Roosevelt dès la conclusion de l'armistice entre la France et l'Allemagne du 22 juin 1940, le comportement de l'escadre française de la Méditerranée était une inconnue sérieuse, très grave même, pour le commandement américain. Il n'est donc pas déraisonnable, loin de là, d'accorder du crédit à une approbation préalable ou plutôt à un feu vert donné par Roosevelt à cette opération décidée par Churchill.
              Murphy avait reçu des ordres stricts. Il devait protéger l'évadé Giraud, à partir de 1941 et le mettre sous contrôle américain. En effet, Roosevelt avait grand besoin de ce général d'armée français, membre du Conseil Supérieur de la Guerre avant 1939.
              Pourquoi ? Parce que Giraud avait commandé la division d'Oran et qu'il était donc informé du dispositif militaire français en AFN.
              Murphy, comme les autres, fut contraint d'accepter, sans réaction, l'abrogation du décret Crémieux de 1941. Abrogation décidée par le gouvernement de Vichy sur exigence de l'occupant.
              Il fallait attendre…. Savoir attendre….

              En 1942, se déroule l'opération Torch. Les Anglo-américains débarquent. Le général Mast, le colonel Jousse et les conjurés d'Alger, réussissent leur coup. L'amiral Darlan, devient le Premier des Français de l'Empire. Le général Giraud, commandant en chef de l'Armée de l'Empire, l'armée de la libération de la France.
              Ces alors que ces deux hommes, dépourvus de clairvoyance politique, laissèrent passer une occasion qu'il ne fallait surtout pas laisser passer : celle d'abroger sans délai l'abrogation du décret Crémieux de 1941.
              Darlan et Giraud auraient dû prendre cette décision capitale dès le mois de novembre 1942, sans perte de temps. L'un et l'autre, savaient que Pétain ne viendrait pas à Alger. Il l'avait exprimé par téléphone à Darlan, lui laissant carte blanche pour agir au mieux dans l'intérêt de la patrie. Il avait fait don de sa personne à la France, il fera donc tout ce qu'il pourra en prenant des risques de mort d'où qu'ils pussent venir par la suite, pour limiter au mieux possible les drames que vont connaître nos compatriotes de la mère-patrie. Drames en relation avec l'occupation totale de la France, consécutive au ralliement de l'AFN à la guerre contre l'Allemagne. Darlan, comme Giraud, comme Pétain, savait d'autre part que l'Allemagne avait perdu la guerre. Elle l'avait perdue stratégiquement le 22 juin 1940 : car l'éventuelle victoire d'Hitler en 1940, passait obligatoirement par le verrouillage de la Méditerranée à l'ouest, c'est-à-dire par la prise de Gibraltar qui était envisageable dans l'enthousiasme victorieux de la Wehrmacht en 1940.
              Darlan et Giraud auraient dû prendre la décision de mettre nos compatriotes juifs d'Algérie et le monde, devant le fait accompli de leur retour au sein de la citoyenneté française. Sans délai. Ils auraient rendu inutile ainsi, l'activisme très agressif d'un triumvirat de personnalités israélites d'Alger qui, devant leur carence, ont cherché chez De Gaulle l'appui qu'elles croyaient impossible d'obtenir chez Giraud et Darlan.
              Cette attitude de non-décision, de balbutiement politique, fut sanctionnée par un article signé Rothschild et publié aux USA à la fin de 1942. Dans cet article, il était reproché, avec sévérité, à Giraud de ne pas avoir pris la décision immédiate de réintégrer les juifs d'Algérie dans la citoyenneté française.
              De Gaulle saura prendre cette décision en 1943. En revendiquant le mérite personnel, exclusif même, d'une initiative que Darlan et surtout Giraud, n'avaient pas osé prendre par eux-mêmes. De Gaulle devint, grâce à cette décision imputable avant tout au manque de clairvoyance politique de Darlan et de Giraud, l'homme qui prit la décision de réintégrer les juifs d'Algérie dans la citoyenneté française.
              Il bénéficia en conséquence, d'appuis inconditionnels qui, plus tard, ne seront pas dépourvus d'effets gravissimes sur l'avenir de l'empire français et l'avenir de l'Algérie française.

              Pendant la guerre d'Algérie, à partir de 1955, j'affirme avoir constaté à l'échelon de l'action que j'avais entreprise, que la communauté religieuse juive d'Alger, manifestait très majoritairement son opposition à l'indépendance de l'Algérie. J'ai bénéficié de la complicité et du concours de compatriotes juifs dès mes premières activités contre-terroristes. André Temime, Atlani et d'autres, ont participé, les armes à la main, au refus de soumission au terrorisme FLN. Par ailleurs, dans le même état d'esprit, beaucoup de communistes et d'anciens des Brigades internationales de la guerre civile espagnole nous ont rejoints dans cette action directe.
              Nous défendions la France. Nous n'éprouvions pas le besoin de recourir à une autre idéologie que l'idéologie de la patrie. C'était la France qui était attaquée. C'est pour la France que nous nous battions. La France…. Nous n'avions que ce mot à la bouche. Oui, avec tous ces Zaoui, Levy, Lubrano, Scotto di Vettimo, Pérez, Sanchez, Lopez, Micaleff, avec Descamps, Crespin, Christin et d'autres encore, nous vous parlions banalement de la France comme jamais plus on n'en parlait en Métropole depuis déjà longtemps.
              Parmi les personnalités qui m'ont aidé dans cette action, j'ai souvent évoqué une femme, pharmacien dans le centre d'Alger, de confession juive. Elle était veuve d'un homme qui joua un rôle éminent dans la résistance contre les Allemands. Un homme qui participa activement à la préparation algéroise du débarquement allié du 8 novembre 1942. Ainsi qu'à la prise du pouvoir par De Gaulle en 1943. Cet homme avait reçu clandestinement De Gaulle, avec deux autres notables juifs d'Alger, en 1943. Ce fut une rencontre très secrète. De Gaulle ne manqua pas de tirer un grand profit contre Giraud de l'appui préférentiel qu'il avait obtenu de la collectivité juive d'Algérie.
              Cette femme, Geneviève, m'appuya dans mes premières activités de responsable contre-terroriste. Elle m'a véhiculé au milieu d'une intelligentzia algéroise au sein de laquelle elle pouvait intervenir avec l'autorité d'une personna grata que lui conférait la personnalité de son défunt mari.
              Son engagement en faveur de l'Algérie française, très pointu en 1955, 1956 et 1957, est devenu silencieux dès l'avènement de De Gaulle en 1958. A l'instar d'une infime minorité de ses coreligionnaires, sa fidélité à De Gaulle lui interdît de participer au dernier combat pour sauver l'Algérie française. Combat qui s'identifiait désormais à une exigence logique impitoyable : une lutte à outrance contre De Gaulle.
              Ils furent très peu nombreux, une infime minorité, à se soumettre à cette attitude de fidélité à un homme. Attitude accompagnée du refus de soutenir un combat pour la patrie. Un combat pour la vie de milliers et de milliers de Français d'Algérie, de toutes confessions.
              Dans cet esprit, un commandant, de confession juive, d'une unité territoriale d'Alger-centre, prestigieux combattant de la dernière guerre, refusa d'engager son bataillon UT le jour du 24 janvier 1960, aux côtés du peuple d'Alger. Ce refus d'engagement, fut néfaste pour la journée du 24 janvier 1960. Si ce chef de bataillon de réserve avait suivi les recommandations du commandant Sapin-Lignières (4) qui lui furent adressées devant moi le 23 janvier, après l'assemblée générale constitutive de la Fédération des Unités Territoriales d'Algérie, il y aurait eu un rassemblement de cent mille personnes au Plateau des Glières d'Alger, le 24 janvier 1960, à midi.
              Challe, Faure, Argoud, Bigeard, Vaudrey, d'autres et d'autres encore, auraient pu saisir l'occasion de sauver l'Algérie française et la France. De mettre notre pays et l'Europe à l'abri d'un processus invasif arabo-islamiste.
              Des milliers de juifs d'Alger sont venus aux barricades pendant toute cette semaine, certains à des postes de responsabilité. Avec Jean Ghnassia, avec André Temine, Moryoussef et d'autres, nous avons chanté la Marseillaise et les Africains le cœur rempli d'ambitions et d'espérance pour la France.

              En 1942, il avait manqué au général Giraud, l'audace d'un chef révolutionnaire. En tant que général en chef, il aurait dû prendre, il en avait les moyens, la décision de neutraliser De Gaulle dans l'intérêt supérieur de la France et de l'Occident. Il aurait guéri préventivement la France du gaullisme chronique. Le gaullisme, une maladie qui compromet aujourd'hui la liberté de la France ainsi que la constitution d'une Europe forte, la réalisation géopolitique de l'Occident et la survie de la Croix. Une tâche gigantesque qui, aujourd'hui et surtout demain, ne pourra s'accomplir que par l'intervention d'une Organisation Contre-stratégique Universelle, pour la survie de l'Occident.

Une question mérite d'être posée :
pourquoi les juifs d'Algérie ont-ils éprouvé la nécessité d'un décret
pour accéder à la citoyenneté française ?

              Permettez-moi de vous offrir sans délai une formulation complémentaire à cette question : pourquoi n'ont-ils pas accédé à la proposition de Napoléon III, formulée dans le sénatus-consulte du 14 juillet 1865 ?
              Je crois nécessaire de rappeler la substance de ce texte impérial.
              " L'indigène algérien de confession juive est de nationalité française ".
              " L'indigène algérien de confession juive est citoyen français : il est soumis au code civil français. C'est-à-dire qu'il renonce au code mosaïque ".

              C'est donc un acte volontaire que doit accomplir le national français de confession juive, l'abandon du code mosaïque pour accéder à la citoyenneté française.
              Sur les 32.000 juifs d'Algérie, une soixantaine seulement accepta de franchir le pas, aussi bien parmi les anciens Livournais que parmi les anciens dhimmis. Telle était la force de la loi de Moïse que la quasi-totalité du peuple juif d'Algérie en 1865, a refusé de s'en affranchir.

              Sans entreprendre une étude biblique que je serais incapable de conduire décemment, nous sommes informés du rôle fondamental joué par Moïse dans l'évolution des peuples juifs. Nous savons que Moïse fut avant tout un prophète, et un législateur qui réussit à faire sortir le peuple juif d'Egypte et à le conduire vers la Terre promise.
              " Moïse, visionnaire et prophète au XIIIème siècle avant Jésus-Christ est monté au Mont Sinaï " me dirait un enseignant rabbinique qui estimerait utile de venir à mon secours. C'est là, au sommet du Mont Sinaï que Moïse reçut la loi grâce à l'Esprit de Sainteté. La loi, c'est-à-dire l'ensemble des commandements de Dieu gravés sur une pierre et qui constitue la matière de la loi écrite, de la Thora.
              " Mais ce n'est pas tout. Moïse, toujours inspiré par l'Esprit de Sainteté, a reçu aussi la loi orale transmise par le Seigneur. Loi orale qu'il ne faut pas oublier et qui revêt une importance identique à la loi écrite. En tout cas durant l'antiquité pour les Pharisiens. Un peu moins pour les Sadducéens. Et pas du tout pour les Esséniens. Pourtant cette loi est d'une telle importance, qu'en 189 de notre ère, un grand rabbin, Jehuda Ha Nabi, a consigné cette loi orale, transmise à Moïse, dans un écrit. Un document de grande valeur ".
              Après un silence de quelques minutes, mon interlocuteur rabbinique précise :
              " Pour un juif, pendant des siècles et des siècles, les seules lois auxquelles il devait se soumettre, c'était d'une part la Thora, la loi écrite et, d'autre part, la loi orale, transmise elle aussi par le Seigneur à Moïse sur le Mont Sinaï ".
              C'est dans cette situation d'observance exclusive de la loi mosaïque que vivait l'immense majorité des juifs d'Algérie au moment du sénatus-consulte de Napoléon III, le 14 juillet 1865. Malgré une propension collective à adhérer à la citoyenneté française, les israélites d'Algérie n'ont pas osé se soumettre au code civil français " par une décision de leur libre-arbitre ".
              " Car " disaient-ils, " le fondement de notre foi se définit comme suit : le peuple d'Israël c'est le peuple élu de Dieu ". Et de ce fondement naît la valeur théologale du culte juif, l'espérance ".

              Dès lors, l'argumentaire de la non-adhésion à la citoyenneté française, se formulait ainsi :
              " Vous osez nous demander de remettre en cause le fondement de notre foi et l'espérance qu'elle génère, en nous soumettant au code civil français, par un acte de pur volontariat de notre part. Par un abandon volontaire de la loi de Moïse. Vous ne vous rendez pas compte de ce que vous exigez. Nous ne pouvons pas engager notre responsabilité spirituelle dans une décision de cette importance. En conséquence de cette conviction, nous restons des nationaux français, des sujets français, certes. Mais surtout, nous nous maintenons dans le confort spirituel de notre législation mosaïque : elle nous suffit pour le moment ".
              Les choses restèrent en l'état pendant 5 ans. Jusqu'au mois d'octobre 1870. C'est-à-dire jusqu'à la promulgation du " décret Crémieux ".
              Isaac Adolphe Crémieux est né en 1796 à Nîmes. Son père avait été d'abord jacobin puis bonapartiste. Lui-même, Isaac, fut l'un des premiers élèves juifs à être admis au Lycée impérial de Paris. Il fit son droit à la faculté d'Aix-en-Provence et s'inscrivit plus tard au barreau de Nîmes en 1817.
              Elu, à Paris, Président du Consistoire, il dut démissionner lorsque l'on sut que son épouse avait fait baptiser leurs enfants. Il fut élu néanmoins président de l'Alliance juive universelle en 1854. Il a fait partie, en 1870, du gouvernement de la défense nationale qui siégea à Tours.
              Le 24 octobre 1870, c'est-à-dire moins de 2 mois après le désastre de Sedan, Crémieux promulgua le célèbre décret qui porte son nom. Il s'agit d'un décret, donc d'une décision imposée. Par l'autorité gouvernementale. Par ce décret, la citoyenneté française est administrativement attribuée aux juifs d'Algérie. Elle est imposée. Elle n'est pas offerte. Conséquence : obligation pour les nouveaux citoyens français de confession israélite de se soumettre aux exigences du code civil français. Mais en même temps, ils bénéficient de ses avantages. La citoyenneté française, en effet, n'offre pas que des contraintes, loin de là !
              En 1872, Adolphe Crémieux se fit élire député d'Alger. Il décéda en 1880.
              Crémieux semble avoir agi comme s'il avait voulu établir une continuité homogène entre les juifs de la métropole française et les juifs d'Algérie. Les premiers étaient citoyens français depuis la Révolution. Il entérinait ainsi, en même temps, au nom du peuple juif métropolitain, algérien et même universel, la réalité historique et géopolitique de l'Algérie française. L'Algérie c'était la France.
              Il confirmait une continuité totale entre le monde israélite du nord et celui du sud de la Méditerranée.
              En réalité, dans cette décision, il est difficile de ne pas retenir que Crémieux disposait d'une garantie spirituelle : celle-ci avait été proclamée lors du Sanhédrin du printemps 1807, dit Sanhédrin de Napoléon 1er. Il s'était tenu en 1807 en Italie, pour justifier religieusement l'adhésion du monde juif aux exigences du Concordat imposé par Napoléon 1er. Les autorités religieuses, lors de ce sanhédrin, avaient déclaré à leur communauté qu'elles avaient reçu l'inspiration du Seigneur. Qu'elles étaient en mesure, en conséquence, d'exiger de leurs coreligionnaires qu'ils se soumissent désormais au code Napoléon. Au cours de ce sanhédrin, c'est le Seigneur qui a inspiré les rabbins pour prendre la décision d'une sécularisation des juifs de l'Empire. Il nous est impossible d'envisager que cette décision d'essence religieuse de 1807, n'ait pas influencé ni conforté Crémieux dans sa volonté de promulguer le décret de 1870.

              Ce décret exprimait par-dessus tout, la confirmation d'un aspect fondamental et volontairement ignoré aujourd'hui encore, de la laïcité : celle-ci se définit en réalité comme un cadre nécessaire et incontournable de la liberté religieuse. Une liberté religieuse qui désormais pouvait s'exercer dans le cadre juridique, le cadre protecteur de la citoyenneté française et de la laïcité.
              A l'encontre de l'opinion des athées et des agnostiques, la laïcité se révèle paradoxalement favorable à l'épanouissement religieux. Dans la mesure où ce dernier s'exprime dans un esprit de tolérance et de convivialité.
              " La voie autoritaire ", le " décret " apparaissait ainsi a posteriori comme une espèce de cheminement à la fois spirituel et politique, offert aux juifs d'Algérie qui n'avaient pas le " courage religieux " de s'affranchir de la loi mosaïque par une décision de leur libre-arbitre. La foi juive, comme la foi chrétienne, ont démontré cependant toutes deux, leur vitalité persistante dans le cadre de la laïcité. Elles illustrent le bien fondé d'un principe enseigné au XVIIIème siècle, par le philosophe juif allemand, Moshé Mendelssohn, un disciple de Kant. Ce principe s'exprimait ainsi : le croyant a le droit de pratiquer son culte et de professer sa foi. Mais en toutes circonstances, il doit être " religieux à la maison, citoyen dans la nation ".
              La recherche de la voie de Dieu est libre. Il n'existe pas de tabou car nous ne vivons pas dans une société théocratique ou dictatoriale, qui finirait par imposer la mort de Dieu dans la nation. Ce parcours que je me permets de vous offrir, exprime une conviction : les croyants ont parfois besoin d'un coup de pouce du monde laïque pour trouver finalement en celui-ci, les moyens terrestres, temporels de continuer à vivre librement l'intégrité de leur foi.
              La sécularité n'interdit pas la découverte et le respect de la réalité terrestre pour un croyant. La réalité terrestre, nous voulons dire la réalité matérielle de la vie. Le croyant détient à chaque instant la possibilité de subordonner cette réalité terrestre et matérielle à Dieu.
              La sécularisation définit la voie qui conduit à la sécularité. Les intégristes de tous bords qui refusent d'emprunter le chemin de la sécularisation, ne se rendent pas compte qu'ils agissent dans le sens voulu par les athées, par les négateurs perpétuels de Dieu. Les intégristes ne permettent pas la liberté et l'épanouissement des croyants au sein de notre société moderne. Ils ne savent pas que pour vivre sa foi un croyant a besoin de liberté. Pour déployer sa croyance, la vivre, c'est-à-dire la professer, il a besoin de responsabilités. Personne ne lui interdit d'être un traditionnaliste dans son comportement religieux intime, dans la mesure où ce traditionalisme ne lui fait pas perdre contact avec le monde qui l'entoure. On arrive tout naturellement à un paradoxe que j'évoque encore une fois sans complexe, mais avec conviction : l'intégrisme est porteur d'un danger identique à celui de l'athéisme. L'intégrisme atrophie la vie spirituelle. L'intégrisme fait perdre aux hommes sur la terre, le contact avec Dieu.
              Dans le domaine du décret Crémieux, nous voyons certes une implication administrative et laïque pour imposer à une collectivité religieuse, une manière civile et viable de professer sa foi. Mais elle n'a compromis en rien l'évolution de cette dernière, en tant qu'expression publique et en tant que conviction ressentie d'une collectivité religieuse bien définie.

              Ce développement que je viens de vous infliger, n'a pas totalement effacé quelques réserves très amicales de certains frères d'armes juifs. Je parle de frères d'armes du contre-terrorisme et de l'OAS. Je parle de ceux qui, comme moi, ont joué leur confort professionnel, leur équilibre familial, leur liberté et leur vie pour l'Algérie française.
              L'un d'entre eux, parmi les plus prestigieux, Jean Ghnassia, m'expliqua il y a quelques années déjà, comment il fallait faire face à ces réserves.
              " Comment voulais-tu, en 1942 et 1943 à Alger après le débarquement allié, que mes coreligionnaires juifs puissent faire confiance à Darlan et à Giraud ? Darlan, comme plus tard Giraud, après la mort du premier, ne cachaient pas leur fidélité à Pétain. Certes, aujourd'hui nous sommes convaincus avec toi que le maréchal Pétain luttait à son poste du mieux qu'il pouvait contre les nazis. Aujourd'hui, nous sommes militairement convaincus que l'armistice du 22 juin 1940 a stoppé la Wehrmacht dans sa course vers les Pyrénées. Nous sommes convaincus que le 22 juin 1940, marque la date réelle de la défaite hitlérienne. Malgré cette conviction, logique, technique et stratégique, il est facile de comprendre qu'animés par une rancune tenace contre Vichy depuis l'abrogation du décret Crémieux, les juifs d'Alger aient soutenu De Gaulle contre Giraud ".
              J'ai hoché la tête d'une manière qui ne laissait aucun doute sur ce que je pensais de l'argumentaire de mon camarade de jeunesse, Jean Ghnassia, qui était aussi mon frère d'armes du FNF(5) et de l'OAS.
              " Tu n'évoques que la partie émergée de l'iceberg " lui ai-je rétorqué.
              " Explique-toi " me dit-il.
              " Oui, les israélites d'Algérie avaient des raisons d'être plus que réticents à l'égard de Darlan d'abord, puis de Giraud après l'assassinat de Darlan. Mais tu oublies une chose. Et pour toi qui es allé faire la guerre en Israël, cet oubli n'est pas anodin. Si De Gaulle a pu sacrifier Giraud en 1943, c'est parce qu'il voulait entériner la naissance de l'AML. Ou plutôt : la naissance de l'AML a été le moyen dont a disposé De Gaulle pour prendre le pouvoir contre Giraud ".
              Jean sursauta et me surprit par une interrogation inattendue :
              " L'AML ? C'est quoi ça ? "
              Avec patience je lui répondis :
              " L'AML fut une fédération de quatre mouvements anti-français fondée par Ferhat Abbas et que Giraud avait refusé d'officialiser en 1943 ".

              Je précisai alors :
              " l'AML, c'est l'association des Amis du Manifeste de la Liberté : A.M.L. Un regroupement de quatre formations anti-françaises :
              1°/ le PCA, le Parti Communiste Algérien d'Amar Ouezzeguène
              2°/ le premier mouvement de Ferhat Abbas lui-même, à savoir le " Manifeste Algérien de la Liberté "
              3°/ l'Association des Oulémas dont le premier président avait été astreint à résidence dans un camp de concentration en 1939 pour activités pro-allemandes pendant la guerre. Il faut préciser que cette association des oulémas fonctionnait avec l'appui de l'émir libanais Chekib Arslan, à partir de Genève d'abord puis à partir de Berlin, pendant la guerre, puisque l'émir Arslan avait rejoint Asmine El Husseini à Berlin pour activer et renforcer le combat contre Israël et contre les Juifs d'Europe.
              4°/ Le PPA enfin, Parti du Peuple Algérien. Il était présidé par Messali Hadj. Il fut interdit dès le début de la guerre en 1939, car c'était un parti tenu en mains par les services secrets militaires allemands. Un des officiers traitants de Messali, était le capitaine Reiser. Il faut rappeler que Messali avait été condamné par le tribunal militaire d'Alger à 18 ans de travaux forcés au printemps 1941. Giraud s'est trouvé dans l'obligation de le faire libérer sur exigence de Murphy, le représentant de Roosevelt à Alger.

              Le général Giraud malgré ses concessions à Roosevelt ne pouvait pas accepter l'officialisation en 1942 et 1943 de ce mouvement, l'AML, dont au moins deux des constituants, le PPA et l'association des oulémas, étaient en relation étroite, opérationnelle même, avec Adolphe Hitler.
              De Gaulle, dans sa volonté prioritaire de prendre le pouvoir, et de se plier aux exigences de Roosevelt telles qu'elles furent exprimées en janvier 1943 à Casablanca,
              De Gaulle, l'homme mis à sa place dès 1940 grâce à l'initiative de la comtesse de Portes maîtresse de Paul Reynaud qui agissait à la manière d'un chasseur de têtes au service de la synarchie,
              De Gaulle donc, n'éprouva aucune répugnance à s'appuyer sur deux antennes hitlériennes en Algérie pour prendre le pouvoir. Pour éliminer Giraud. Pour mettre en place à partir de cette initiative, la structure de base de la conjuration anti-Algérie française, dès 1943 ".
              Jean Ghnassia était songeur devant mon propos. Car lui, était informé, avec une précision qui m'avait étonné sur le rôle d'activateur anti-juif qu'avait joué auprès d'Hitler Asmine El Husseïni, le grand mufti de Jérusalem, conjointement avec l'émir libanais Chekib Arslan le principal animateur de la Nahdah, la Renaissance de l'Islam, depuis le début du siècle. L'émir Arslan, l'inspirateur opérationnel de Messali et de l'association des oulémas d'Algérie. A partir de Berlin pendant la guerre.
              " Oui, c'était un manque de clairvoyance. Mes coreligionnaires ont voulu se soumettre parfois, pas tous, loin de là, à une volonté prioritaire de régler des comptes. Ils n'ont pas vu, ils n'étaient pas les seuls, le danger qu'ils ont fait courir à l'Algérie française, à la France et à l'Europe ".
              Telle fut la conclusion de Jean Ghnassia en 1969, lorsque je le rencontrai au début de ma carrière de médecin à Paris après mon retour d'exil.
              A la fin de cette étude, et avant de vous offrir une conclusion, nous pouvons faire un constat : il nous a manqué en Algérie, à nous Français de toutes confessions, une perception, une bonne intelligence de l'identité de l'agression dont la France allait être victime. La France agressée, humiliée, officiellement et historiquement vaincue depuis le 19 mars 1962. La France que l'on prétend soumettre aujourd'hui à une attitude de repentance infâmante.
              Mais que vous a-t-elle fait la France ? Vous qui la méprisez, vous qui vous entêtez à avilir son passé, à qui, à quoi, voulez-vous la soumettre ?

              CONCLUSION
              C'est à un poste de responsabilités dramatiques que j'ai évolué en Algérie française, à partir du 5 octobre 1955, jour d'ouverture de mon cabinet médical à Alger. Dans le quartier de Bab-El-Oued. Responsabilités dans un combat livré pour la patrie, pour la France. Mais aussi pour l'Europe et pour l'Occident.
              Ce fut une aventure qui, pour moi, fut d'une densité dramatique que vous ne pouvez pas soupçonner. Je continue de la vivre aujourd'hui encore. Pourquoi ? Un grand ami et frère d'armes m'a répondu : " parce que la passion révolutionnaire est aussi aveugle, aussi irrationnelle que la passion amoureuse ".
              J'étais un révolutionnaire par nécessité. J'avais conscience, en effet, que les institutions françaises devaient être remaniées pour que l'Algérie française fût viable, pour que la Méditerranée cessât d'être une frontière et pour qu'elle devînt le pays qu'elle aurait dû être.
              Cette passion révolutionnaire je l'ai évoquée dans 6 ouvrages.
              Je continue de la vivre à travers des dizaines d'études que j'ai confiées à cet outil indispensable aujourd'hui l'ordinateur. Ces études vous sont offertes. Morceaux par morceaux. Avec leurs insuffisances, leurs erreurs, mais aussi une immense richesse faite avant tout d'une sincérité dont je ne permets à personne de douter.
              A propos de l'Algérie française, de la guerre d'Algérie, du combat de l'OAS déclenché dans l'espoir d'éviter à la France gaulliste, l'infamie d'une lamentable défaite, je refuse de rejoindre " la triste cohorte des sceptiques, des blasés ou des aigris ". Des résignés et des défaitistes perpétuels. La défaite de l'Occident n'est pas obligatoire. Notre passé est suffisamment riche pour apporter un aliment d'enthousiasme à ceux qui hésitent encore à faire face avec calme, détermination et patience, à l'ennemi total qui projette de nous soumettre.

Jean-Claude PEREZ    
Nice,                            
Novembre 2012         

Notes
(1) A propos de rothschildien et de rothschildienne…
Il m'arrive parfois d'utiliser l'identité de " pompidolien " comme synonyme de rothschildien lorsque j'évoque la conjuration anti-Algérie française conduite par De Gaulle.
(2) A propos de cette citation d'Aron, je précise que les références bibliographiques de cet article comme celui de toutes mes études, sont rassemblées dans la bibliographie générale de mes ouvrages, en particulier celle de mon dernier livre " L'assassinat de l'Algérie française, terreau de la conquête islamiste actuelle ".
(3) Colonnes d'Hercule : le détroit de Gibraltar
(4) Sapin-Lignières : commandant d'un bataillon UT. Président de la fédération des UT d'Algérie à partir du 23 janvier 1960
(5) FNF : Front National Français fondé en Algérie, en1959, par Joseph Ortiz


Conte des deux poules
Envoyé par Christian


         Camarade, si tu avais deux maisons, tu en donnerais une à la révolution ?
         - Oui ! répond le camarade
         - Et si tu avais deux voitures de luxe, tu en donnerais une à la révolution ?
         - Oui ! répond de nouveau le camarade.
         - Et si tu avais un million sur ton compte en banque, tu en donnerais la moitié à la révolution ?
         - Bien sûr que je le donnerais ! répond le fier camarade.
         - Et si tu avais deux poules, tu en donnerais une à la révolution ?
         - Non ! répond le camarade.
         - Mais .... Pourquoi tu donnerais une maison si tu en avais deux, une voiture si tu en avais deux,
         500 000 si tu avais un million .... et que tu ne donnerais pas une poule si tu en avais deux ?
         - Mais parce que les poules, je les ai !

         Moralité :
         Il est toujours facile d'être socialiste avec la propriété et le travail des autres !

         Bonne journée, camarades



NOUVELLES de LÁ-BAS
Envoyées d'Algérie
La démocratie est-elle concevable en terre d’Islam ?
Envoyé par Pierre
http://www.liberte-algerie.com/contrechamp/la-democratie-est-elle-concevable-en-terre-d-islam-189525
Contrechamp liberté Algérie Lundi, 26 Novembre 2012 09:50
          Par : Mustapha Hammouche

           À peine revenu de mission de bons offices entre Israël et le Hamas, le président Morsi exécute son coup d’État. Les États-Unis et l’Europe devraient fermer les yeux sur le coup de force pour service rendu dans le retour de la trêve à Gaza.
           Aux termes des décrets que Morsi a signés jeudi, le dernier contre-pouvoir, la justice, est neutralisé, et le comité de rédaction d’une Constitution islamiste est prémuni contre la procédure de dissolution jusque-là en cours. En prolongeant le délai de finalisation du texte constitutionnel de deux mois, il reporte d’autant l’élection d’une Assemblée nationale. Et rallonge son mandat présidentiel. Si les choses se passent comme il les projette, ce sera donc un président au pouvoir total qui dirigera l’Égypte pour les mois à venir.
           Au Caire, on a donc fait mieux qu’à Tunis, où le président Marzouki joue les Bani Sadr pendant que la pression salafiste traque les signes de liberté citoyenne. Morsi vient de se donner un pouvoir sans limite au nom de “la protection de la révolution” : ses décisions sont désormais “définitives” et elles “ne sont susceptibles de faire l’objet d’aucun appel”.
           Invariablement, ce que l’on appelle les “révolutions arabes” convergent, dans leur issue, vers des dictatures islamistes. Cette fatalité procède d’un malentendu qui semble avoir la vie dure : celui d’admettre que l’ordre islamiste constituerait une alternative politique qui peut trouver sa place dans un système démocratique.
           Rien ne ressemble plus à une dictature qu’une autre dictature. De même que Moubarak usait de la force, de la terreur et du bâillon pour protéger “la révolution” arabiste nassériste, Morsi démantèle les institutions pour asseoir son omnipotence et pouvoir ainsi veiller personnellement à la bonne marche de la révolution. La révolution était le moyen, et la démocratie, sa finalité ; désormais la révolution est la finalité et la dictature son moyen. Dans le monde arabo-musulman, au moment où le changement finit par se concevoir, c’est toujours le fascisme islamiste qui finit par s’imposer, squattant le mouvement démocratique avant même de le neutraliser, puis de l’étouffer à son profit exclusif.

           Commentaires
           NDLR: Ce qu'il nous est interdit de dire en France en vertu de la loi Gayssot-Toubon, est proclamé par les Arabes eux-mêmes... et ce n'est pas raciste sous leur plume !

LAGHOUAT
L’histoire d’une première élection municipale
Envoyé par Pierre   
Liberté-Algérie, 25 Novembre 2012
Par : Arezki BOUHAMAM
http://www.liberte-algerie.com/algerie-profonde/l-histoire-d-une-premiere-election-municipale-laghouat-189438

         C’est l’histoire de la liste des candidats de l’alliance MTLD, UDMA, anciens combattants et intellectuels qui a été plébiscitée.

         En 1947, l’administration française a décidé d’organiser des élections libres. Ont droit au vote tous le Français, les juifs et les anciens combattants. Pour les autochtones, l’administration a créé le 1er collège pour tous ceux qui sont titulaires du certificat d’études et plus, et de ce fait ils ont droit au vote.
         Le 2e collège, le reste des habitants. Pour la campagne et la préparation des listes des futurs candidats, Ferhat Abbas s’est rendu à Laghouat, hébergé à l’hôtel Saharien.

         À sa sortie de l’hôtel, pour se rendre au siège du parti, il était accompagné de Si Mohamed Bensalem et Dhina Mohamed, encadré par les militants du parti dont Takhi Mohamed, Boukhalkhal Hadj Mâamar, Drissi Mahmoud, Lamri Hadj Mohamed Ben Hadj Ali, Lamri Hadj Mohamed Ben El-Mokadem, Benbahaz Zoubir, Mimouni Sâad, Belmadani Mohamed, ancien facteur des PTT. Le cortège, après avoir parcouru une vingtaine de mètres, fut assailli par un groupe d’hommes cagoulés, munis de heraouas (matraques) lançant des propos hostiles à Ferhat Abbas.
         La riposte des militants encadreurs a été énergique et rapide. Mimouni Sâad a tiré en l’air plusieurs coups de feu avec son pistolet. Les assaillants ont pris la fuite et le cortège a continué son chemin. Au sujet de l’attentat visant Ferhat Abbas, aux dires de nos parents, il s’agit simplement d’une intimidation et d’une sordide manœuvre orchestrée et manigancée l’administrateur Hirtz, pour perturber la situation en vue d’annuler le meeting prévu.
La même année, Messali Hadj s’est rendu à Laghouat pour la même cause. La réunion s’est tenue au premier étage du café Benziane Kaddour Benbouras, regroupant l’ensemble des militants du parti. Ledhem Hadj Mohamed Ben Meftah a pris la parole pour souhaiter la bienvenue à Messali Hadj.
         Devant l’importance de ces élections et pour faire face à la liste des candidats du pouvoir, à sa tête Lalou Yagoubi, il y a eu alliance entre les deux partis MTLD et UDMA, avec une liste unique, à sa tête le colonel Merad. La liste des candidats de l’alliance MTLD - UDMA - anciens combattants - intellectuels a été plébiscitée par une forte majorité des électeurs de la commune de Laghouat.
         Par contre, la liste des candidats du pouvoir a subi une cuisante défaite. à l’annonce des résultats du scrutin, les élèves de la seule école de garçons, dont l’auteur de l’ouvrage (Kazi Hadj Mahmoud) faisait partie, à leur sortie de l’école, ont saccagé le domicile de Lalou Yagoub et couvert la rue des Juifs, Zegag Lihoud, de pierres, en scandant “Vive Merad, Lihoud Yagoub mat”.

         NDLR: récit intéressant. En 1947, c'est Yves Chataigneau qui est gouverneur général depuis 1944 et jusqu'à 1948 ( Naegelen). On notera que les élections ont été libres puisque Ferhat
         Abbas et Messali Hadj ont pu s'exprimer et que la rue des Juifs a été "couverte de pierres" dès leur victoire.
         Le résultat est dans l'article récent suivant:

Vivre parmi les scorpions
dans le bidonville de Hassi R’mel

Nouvel exemple de la guerre de classe en Algérie, avec cet article publié dans la presse mainstream algérienne:
Envoyé par Pierre
http://fr.squat.net/2012/09/24/laghouat-algerie-vivre-parmi-les-scorpions-dans-le-bidonville-de-hassi-rmel/

Par Mustapha Benfodil (El Watan) – 22 septembre 2012

            A Hassi R’mel, «on devrait marcher sur du marbre», lance un jeune cadre en poste dans la région. Plus grand gisement gazier d’Afrique, Hassi R’mel, à 130 km au sud-est de Laghouat et 530 km au sud d’Alger, est, en effet, l’une des communes les plus riches du pays. Et pourtant, dès l’entrée, c’est un véritable choc esthétique qui frappe le visiteur.
           L’une des choses qui retiennent l’attention d’emblée, c’est l’ampleur des bidonvilles qui s’étendent à la périphérie. Une véritable plaie purulente, avec des conditions de vie des plus cruelles qui jurent avec l’opulence supposée de cette circonscription aux généreuses recettes fiscales. Des baraques à perte de vue, érigées avec des matériaux de fortune et ouvertes aux quatre vents. Larbi Ben Salah, 33 ans, est l’un des pensionnaires de ces favelas. Il est installé avec sa mère dans l’une de ces bicoques infectes depuis 2001. «Mon père avait quatre femmes. Il a répudié ma mère et nous a chassés. Comme nous n’avions pas où aller, j’ai construit cette baraque», raconte-t-il. Alors que Larbi est agent de nettoyage dans une société de catering, ce qui lui sert de quartier est rongé par les immondices, transformant le bidonville en une poubelle géante.

            «On exige une commission d’enquête !»

            Larbi assure que son gourbi ne dispose même pas d’électricité et qu’à la nuit tombée, il est obligé de s’éclairer à la lueur d’une bougie. D’autres ont recours aux bons vieux quinquets. «Nous vivons dans le noir absolu. Nous n’avons pas d’eau potable, nous n’avons pas d’électricité. Nous n’avons pas le droit de regarder la télévision comme tout le monde. Nous souffrons le martyre été comme hiver. En été, le gourbi se transforme en four, en hiver, c’est une passoire. Nous sommes livrés aux scorpions, aux serpents, aux rats et aux bêtes sauvages», clame-t-il. Inventaire non exhaustif des innombrables plaies du ghetto. Larbi rejette catégoriquement l’idée que tous les habitants du bidonville seraient des étrangers qui se seraient «incrustés» pour bénéficier des présumés avantages de cette riche commune. «C’est complètement faux ! Moi, je suis né à Hassi R’mel. J’y ai passé toute ma vie», objecte-t-il. «Mon père travaillait ici. Il était employé à GTP jusqu’à sa retraite.» 1200 logements devraient être distribués incessamment au profit des locataires de bidonvilles. Une liste de bénéficiaires a été établie depuis plus d’une année.
           Larbi est ulcéré de n’y avoir pas trouvé son nom : «Je ne comprends pas sur quelle base a été établie cette liste», fulmine-t-il. Il exhibe un récépissé de son dossier déposé le 24 décembre 2002 à l’APC. «Certains dossiers sont beaucoup plus récents et sont sur la liste et moi, je n’y suis pas. C’est injuste! Je demande une commission d’enquête sur les critères d’attribution des logements. Il faut que l’APC et la daïra rendent des comptes à propos de cette opération. A Hassi R’mel, le zaouali est méprisé, écrasé. Le zaouali n’a aucun droit ici!» Il convient de souligner que nombre de familles installées dans ce bidonville ont été contraintes à fuir le terrorisme. «Nous vivions dans la terreur tous les jours. Kan el khawf. C’est pour cela que je suis parti avec ma famille en 1996 et me suis établi ici», raconte un homme originaire de Djelfa. D’autres, en revanche, y vivent depuis bien plus longtemps et font figure de pionniers. C’est le cas de Tahar Mouffak, 62 ans, ancien manœuvre mué en berger. Comme Larbi et la majorité des personnes rencontrées, il est originaire de Djelfa, précisément de la localité de Faïdh El Botma. Il nous fait visiter le taudis qui lui sert de gîte.
           A l’entrée, un enclos où bêlent quelques moutons. La toiture en tôle et planches en bois est trouée de partout. «Nous sommes 12 personnes à loger ici. J’ai quatre filles et cinq garçons, tous au chômage. Nous vivons telles des bêtes dans une étable.» Tahar Mouffak non plus n’est pas sur la liste des bénéficiaires. «J’ai déposé un dossier de logement depuis des années et je n’ai rien reçu. La commission hagratna. Il y a des considérations tribales dans l’établissement de cette liste. Ya djemaâ khafou rabbi ! Je vis ici depuis 1979. Tous mes enfants sont nés à Hassi R’mel. Ici, tout fonctionne à la ‘maârifa’ et à la corruption. Lazem tad’hane. Tu glisses un billet, tu règles tes problèmes.»

            Un serpent dans la favela

            Belkheïr, 21 ans, est né dans le ghetto. Toute sa vie, son horizon se limitait à ces gourbis pulvérulents et leur lot de sinistrose. «Depuis que j’ai ouvert les yeux, je n’ai vu que ce cloaque. J’ai dû abandonner mes études. Comment étudier dans de telles conditions? Mon père est vieux et je me devais de l’aider. Mais pour trouver du travail, quelle galère! J’ai fait des stages, déposé des demandes. En vain. Nos pères ont trimé toute leur vie pour trouver du travail et ça continue avec notre génération. Je dors parmi les scorpions et les serpents. J’ai été mordu maintes fois dans mon enfance et je continue encore à mon âge à être persécuté par ces sales bestioles.» Voilà d’ailleurs un serpent qui fuse d’un tas de détritus et se faufile vers une baraque, avant d’être stoppé dans sa course par des jets de pierres. Abdelkader Djaballah, un quinquagénaire en turban et à la moustache drue, tient des propos tout aussi amers. Il végète dans le bidonville depuis 1978 en vivotant dans des chantiers de construction comme «zoufri». Son histoire est tragique.
           Là où d’autres font valoir le droit du sol par l’extrait de naissance, lui prend à témoin le cimetière : «J’ai enterré ici 11 membres de ma famille !», rage-t-il. «Regardez dans quelle misère on vit ! Nous n’avons pas goûté à l’indépendance. Nous sommes des morts-vivants. Vous imaginez, j’ai 11 enfants morts ici. Et j’ai 8 gosses à nourrir. Rani mal’hagtache. Mon dossier traîne depuis 26 ans. Nous avons passé le pire Ramadhan de notre existence. Tu n’as pas d’électricité, tu ne peux pas utiliser un réfrigérateur. Nous n’avons pas droit à l’eau fraîche, w’eness chaytine. Nos groupes électrogènes sont constamment grillés.» Dans la foulée, il charge élus et apparatchiks de l’administration : «Nous sommes un cheptel sans berger. Nous n’avons jamais vu la tronche d’un quelconque responsable ici.»
           Et de poursuivre : «Personnellement, je ne voterai pas (aux prochaines élections municipales). S’il nous reste un peu d’honneur, abstenons-nous de voter. Nous ne sommes pas des Algériens, car si nous étions des Algériens, nous aurions eu notre part de dignité !» Un camion bringuebalant avance et les habitants du bidonville se ruent à sa rencontre. Dans sa benne, une grosse citerne rouillée. Les habitants sont obligés d’acheter l’eau. «Sans ces citernes, nous crèverions de soif. Et quelle eau ! Elle est tout sauf potable, mais nous sommes obligés de la boire», lâche un autre paria. Abdelkader reprend : «Hassi R’mel est à la fois la commune la plus riche et la commune la plus pauvre d’Algérie», avant de marteler dans une effusion de colère : «Si nous avons des droits dans ce pays, qu’on nous les donne. Si nous n’avons aucun droit, qu’ils aspergent ces baraques d’essence et qu’ils les brûlent et nous avec !»

Quatre crimes commis en 3 jours à Constantine
Envoyé par Pierre  
La psychose s’installe dans la ville des Ponts
Par : Driss B. Jeudi, 22 Novembre 2012 09:50
Par : http://www.liberte-algerie.com/algerie-profonde/la-psychose-s-installe-dans-la-ville-des-ponts-quatre-crimes-commis-en-3-jours-a-constantine-189304


           S’il est vrai que la petite criminalité a sensiblement baissé depuis un certain temps, ces quatre meurtres ont plongé la ville dans une vraie psychose.

           Les crimes se sont accrus cette semaine dans la ville des Ponts, et quatre personnes ont été assassinées depuis samedi. Un rythme qu’on ne voit que dans les cités d’Amérique latine, installant la peur et la psychose chez la population. Lundi, ce sont encore deux crimes qui ont été enregistrés dans l’après-midi ; l’un pas loin de la cité Kouhil-Lakhdar (Djenane Zitoune), dans un abribus où un homme de 60 ans a porté un coup de couteau à sa femme âgée de 59 ans. Touchée à la cuisse, elle rendra l’âme quelques minutes plus tard à cause d’une hémorragie. Le mari, père de 7 enfants, a été immédiatement arrêté par la foule qui l’a livré à la police. Ce drame a été suivi quelques instants plus tard par un autre, vers 18h30, dans le quartier populaire d’Aouinet El-Foul (rue Kaïdi-Abdellah), où un homme de 21 ans a mortellement poignardé son voisin âgé de 25 ans. Touchée à l’abdomen, la victime rendra l’âme à l’hôpital quelques heures après. Le chargé de la communication de la Sûreté urbaine de Constantine nous a déclaré, avant-hier, que l’agresseur a été arrêté sur place, et que l‘enquête déterminera les raisons qui l’ont poussé à agir ainsi. Selon nos informations, il semble qu’une histoire d’argent serait à l’origine de la rixe qui a mal tourné. Ces meurtres s’ajoutent aux deux autres perpétrés samedi, et les éléments de la Gendarmerie nationale n’ont, semble-t-il, pas encore arrêté les agresseurs. Le premier, c’est un homme découvert sans vie dans son magasin situé à la nouvelle ville Ali-Mendjeli. Quant au deuxième, c’est un homme âgé de 37 ans et père de trois enfants qui a été découvert égorgé par son épouse à son domicile, à la cité 864-Logements EPLF de Ali-Mendjeli. Ces crimes, que tout le monde s’empresse de reprendre en boucle, alimentent les plus folles rumeurs. Aux quatre coins de la ville, on signale de nouveaux meurtres, que ce soit à Ali-Mendjeli, à la forêt Baâraouia ou encore à l’université où certains rapportaient qu’une étudiante aurait été égorgée. “Nous sommes désemparés et incapables d’expliquer ce qui se passe. Ces crimes ne peuvent que traduire le mal qui gangrène notre société. Les jeunes deviennent de plus en plus violents et sans pitié”, nous confie un citoyen. Un autre croit, quant à lui, que les services de sécurité sont de plus en plus laxistes.
           “Les bandes de voyous armés de couteaux imposent leur loi la nuit tombée.?Nous n’arrêtons pas de nous plaindre auprès de la police suite aux bagarres qui éclatent le soir entre les bandes au niveau de notre quartier. Plusieurs criminels et délinquants ont rejoint des gangs récemment, après la grâce présidentielle”, nous affirme un habitant du quartier Belouizdad.
           La cellule de communication de la Sûreté de wilaya parle quant à elle d’actes isolés et de meurtres qui n’ont pas de liens entre eux, et que contrairement à ce qui a été rapporté par la presse, il ne s’agit nullement d’une négligence de la part de la police “qui ne peut tout de même pas anticiper les crimes ou arrêter les agresseurs avant les faits”, selon un officier. S’il est vrai que la petite criminalité a sensiblement baissé depuis un certain temps, ces quatre meurtres ont plongé la ville dans une vraie psychose.

           NDLR: 5 aout 1934, 8 mai 1945, 20 aout 1955, 28 mai 1957, 5 Juillet 1962, Avril 1980, la folie meurtrière est consubstantielle malheureusement à la terre algérienne.


France : Les musulmans préfèrent
rapatrier leurs défunts
Envoyé par Pierre
http://www.algerie1.com/actualite/france-les-musulmans-preferent-rapatrient-leurs-defunts/  

Algérie 1 : 31 - 10 - 2012
           Par : Lila Ghali

           Près de 80 % des musulmans morts en France sont rapatriés dans le pays d’origine par leur famille pour y être enterrés. Le chiffre a été révélé ce mercredi par le le ministère français de l’Intérieur qui explique que les raisons de cette préférence sont liées au manque de carrés confessionnels et à l’interdiction de la crémation par l’islam.

           Seulement 200 carrés musulmans existent en France, selon un recensement du ministère de l’Intérieur français.

           Et ce n’est qu’en février 2012, qu’un cimetière musulman municipal a été inauguré à Strasbourg, une ouverture possible car la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État ne s’applique pas dans cette région.

           Selon toujours le ministère français de intérieur, le nombre de rapatriement de dépouilles mortelles des défunts musulmans est en diminution en précisant qu’en 2011, plus de 2.300 défunts ont été rapatriés de la France vers le Maroc, et plusieurs centaines d’autres vers la Tunisie et vers l’Algérie.

           La durée déterminée des concessions proposées aux familles de musulmans pour enterrer leurs proches n’encourage pas à y recourir à cette solution car le lieu abritant la tombe reste provisoire.

           En effet en France, les particuliers peuvent acheter des concessions d’une durée de 10, 30 ou 50 ans. Passée la durée de la concession, les restes du défunt sont incinérés.

           Or l’islam bannit la crémation. Reste l’option d’une concession perpétuelle, possible dans certaines communes mais qui s’avère coûteuse, plus de 3.000 euros au cimetière parisien de Thiais, par exemple.

           Face à ces considérations, le rapatriement apparaît pour beaucoup comme une solution moins coûteuse et plus simple. Le coût d’un rapatriement vers le Maghreb varie entre 2 500 et 3 000 euros pour un rapatriement vers le Maroc et l’Algérie (pour les ressortissants tunisiens, ce coût est entièrement pris en charge par les autorités).

           NDLR: si je comprends bien, pour ce journaliste algérien, la France n'est pas la "patrie" des "musulmans". Mais si vous, "souchiens", déclarez cela, on vous poursuit pour racisme...
           On est dans la bonne vieille distinction islamique entre le "dar al Islam" terre de la soumission (ou de la paix) où régne la loi coranique, "dar al Kufr" ( domaine des infidèles) et "dar al Harb" (domaine de la guerre), et nous, pauvres futurs "Dhimmis", nous sommes des "Harbis"...



Cité Safsaf : Un cadre de vie lamentable
Envoyé par Francis
http://www.elwatan.com/regions/est/annaba/un-cadre-de-vie-lamentable-25-11-2012-193458_133.php  

El Watan : le 25.11.12
           Par : Leïla Azzouz

           Les habitants de la cité Plaine Ouest sont quotidiennement incommodés par les vendeurs à charrettes à bras, de fruits et légumes.

           Nombreux, ils squattent la voie publique - trottoirs et routes- générant une anarchie digne d’un douar. Ils imposent leur diktat à qui veut s’y opposer y compris les usagers de la route. «La passivité des services de sécurité a de tout temps encouragé l’émergence de ce marché informel qui ne cesse, au fur et à mesure, de gagner du terrain. La lutte des habitants est restée vaine puisque les représailles sont réelles. Du coup, le citoyen cède devant le fait accompli puisqu’il se sent abandonné par les autorités locales», déplorent à l’unanimité les riverains de ce «marché sauvage».

           Et même le projet d’un marché implanté à la lisière de l’ex- EDGA, créé dans le but d’absorber ces marchands clandestins, connaît un important retard. Prévu pour être réceptionné fin 2011, une année après les travaux ne sont pas encore achevés. Entre-temps, les odeurs nauséabondes et par conséquence la multiplication des moustiques et autres bestioles, marquent encore le vécu quotidien des habitants de la cité Safsaf. En plus de ces contraintes, cette dernière qui ne représente pas un cas isolé dans la ville de Annaba, enregistre également la détérioration avancée de son réseau d’éclairage public soulevant ainsi la problème de l’insécurité pendant la nuit. Et pour cause, dans la nuit les vendeurs à charrettes raccordent illicitement leurs ampoules incandescentes aux poteaux d’éclairage public au nez et à la barbe des services de Sonelgaz.

           Les herbes sauvages, les routes éventrées et les eaux noirâtres de l’oued viennent s’y ajouter pour rendre insupportable l’atmosphère dans cette cité, l’une des plus importantes de la wilaya de Annaba. Cette dégradation du cadre de vie ne date pas d’aujourd’hui, affirment encore les habitants, qui se plaignent également des mauvaises odeurs se dégageant de l’oued. Les habitants craignent déjà l’arrivée des grandes pluies qui favorisent l’évolution des coléoptères et l’intensification des relents à partir de l’oued.


SOUVENIRS
Pour nos chers Amis Disparus
Nos Sincères condoléances à leur Familles et Amis


Par Mme Francoise BONNICI-ALBERA

Décès de Jean Pierre BONNICI

              CHERS TOUTES et TOUS,
       Après force et courage pour lutter contre la maladie, Jean-Pierre, nous a quitté le 30 Novembre 2012,
       Ses obseques, seront célébrées le 5 Décembre à 14h en l'Eglise ST PIERRE de MONTLUCON.
       C'est avec un immense chagrin que nous vous l'annonçons.
       Francoise BONNICI-ALBERA et ses enfants
Mon Adresse pour me joindre : Francoise BONNICI-ALBERA

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MESSAGES
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DIVERS LIENS VERS LES SITES

M. Gilles Martinez et son site de GUELMA vous annoncent la mise à jour du site au 1er Septembre 2012.
Son adresse: http://www.piednoir.net/guelma
Nous vous invitons à visiter la mise à jour.
Le Guelmois, guelma-collectif@orange.fr

Cher-e compatriote,
Je vous annonce la sortie officielle du site :
http://www.lebergerdemostaganem.fr
Merci de le faire connaitre à vos amis.
Fraternellement à vous,
André Trives
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La femme Corse
Envoyé par Marius

        Il fallait s'y attendre, des Corses machos aimeraient s'appuyer sur le coran pour "dresser" leur femme.
        Dieu merci, les Corsoises ne se laissent pas "faire"...


        Un mari en Corse venait de terminer la lecture du livre "L'HOMME DE LA MAISON selon les principes coraniques".
        Il arrive en toute hâte dans la cuisine, marche vers sa femme et, tout en lui pointant le doigt à la figure, lui dit :
        - "À partir de maintenant, je veux que tu saches que JE suis le maître de la maison et ma parole sera la loi ! Je veux que tu me prépares un repas spécial et quand j'aurai terminé de manger mon repas, je m'attends à un somptueux dessert.
        Ensuite, après le souper, tu vas me faire couler un bon bain afin que je puisse me relaxer et quand j'en aurai terminé avec mon bain, devine un peu qui va me peigner et m'habiller ???

        Et sa femme de répondre :" Les pompes funèbres !"


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