On  égorge bien les moutons...
Vingt six Mars 2002.

Cela fait quarante ans.. !
Quarante ans, qu'il ne se passe pas un jour, sans que je ne retourne, au 26 Mars 1962.
Ce jour là, fût pour moi, une révélation.!!

A vingt cinq ans, par un bel après midi de ce début de printemps, je venais de comprendre, pour la première fois, que l'ennemi prioritaire, de la France et des Français, n'était pas, ceux que l'on m'avait désignés, et contre lesquels, je m'étais battu durant cinq années.
La France n'avait qu'un seul ennemi, en l'an quatre de l'ère Gaullienne, le Pieds-Noirs.
Les rafales crépitaient, et toute les balles, atteignaient leur but, comme dans une mise en scène réglée à la perfection.
Il était un peu plus de trois heures de l'après midi, il faisait un temps magnifique.

Un temps pour mourir .... !!
Comment, cela, a-t-il pu se passer ? Comment cela fût possible ? Comment des Français, ont assassiné d'autres Français ? Je vais essayer, de te le raconter, c'est la version de ton père, tu en feras ce que tu en voudras,.. fils.
Elle sera bien sur contraire, à ce que l'on a l'habitude de lire, dans ces ouvrages, Spécialisés sur l'Histoire de France, et de l'Algérie en particulier.

Voilà donc, mon 26 Mars, à moi..
Je peux te dire, tout de suite, que le cordon de soldats, placé au début de la rue d'Isly, n'avait rien à voir, avec des tirailleurs européens ou musulmans.
Il s'agissait bel et bien de fellaghas, appartenant au F.L.N ou à l'A.L.N.
Ils ne portaient pas de casques, avec leurs initiales dessus, comme il nous l'a dit, dans un récit fait par un général, dont le nom importe peu,... puisque, propos ... télécommandés, par l'Elysée..
Ils avaient des calots ou turbans, avec une inscription.. sans équivoque, indiquant, :W3, ou W4, traduisez: Willaya 3 ou Willaya 4.
Pour les avoir croisés, donc vu de très près, je dirai, qu'il ne pouvait y avoir, aucune confusion possible. Sortant, de quatre ans et demi de zone opérationnelle, j'avais à l'époque, la prétention, de savoir, à qui j'avais affaire..
Disposés en cordon, au travers de la rue, en quinconce, les uns assez éloignés des autres, je ne pouvais les louper.
Arrivant, à leur hauteur, je demandais, à celui, qui était au centre de la rue, si je pouvais passer, sans me répondre, il s'écartait, me faisant signe d'entrer... dans la nasse.
Quelque chose, pourtant, attire mon attention, au passage, j'en fais aussitôt la remarque, à une petite dactylo de la boîte, où j'étais employé, qui venait de me rejoindre.
--Tu as vu, ils ont la culasse engagé sur leur mitraillette, il suffit d'un faux mouvement, et "ils envoient la purée."
Autre détail, ils étaient tous équipés de pistolet mitrailleur : M A T 49: (Manufacture d'Armes de Tulle)
Tout cela pour te dire, que l'on nous a assassiné, avec des armes françaises, qui tiraient des balles françaises, et dont les gâchettes étaient pressées par des fellaghas que les autorités françaises avaient placées là, ce jour là.
Longtemps, je me suis posé cette question.!!
Pourquoi, lorsque l'on veut arrêter des groupes de manifestants aussi importants, équipons nous les préposés aux forces de l'ordre, de mitraillettes, armes légères par excellence, surtout utilisées, pour le combat rapproché. C'est incontestablement moins pratique que de bons vieux fusils, que l'on saisi à deux mains, pour repousser les éventuels manifestants.
Tous les gardes mobiles, ou C R S, en étaient eux, équipés, et étaient passé maîtres, dans le maniement de cet accessoire.
Et enfin pourquoi ?, étaient-ils disposés pratiquement, en plein milieu du carrefour, assez loin de tous abris potentiels, au travers de cette artère principale, qui se trouvait, être le moyen de communication le plus direct, pour continuer notre marche du couffin, ainsi nommée, vers notre destination.
Nous allions ravitailler notre communauté de Bâb El Oued, dont le faubourg avait été bouclé, par la milice gaullienne; dans le but précis, et avoué de les affamer, afin de les faire "sortir de leurs trous."
Bien sûr, les moyens employés, pour ce faire, étaient, à la hauteur de notre glorieuse armée, et à la taille des rebelles enfermés dans ce quartier.
Aviation, chars, autos mitrailleuses, et autres alfs-tracks, n'étaient pas de trop, pour venir à bout d'une majorité, de femmes d'enfants, et de vieillards.
Cette armée Française, dont ici il est question, est celle qui évidement, ne pratiquait pas la torture, elle est celle, qui aujourd'hui, connaît les nuits agitées de tous ces valeureux anciens combattants Franquistes, qui ont du mal à trouver le sommeil, tant ils ont vus d'horreurs pratiquées, sur des auteurs de massacres innommables.
Par contre, les atrocités, commises sur la population européenne, ne leur a jamais donné de cauchemars, il est vrai que ça n'étaient que des Pieds-Noirs, des Français?... ils ne sont pas sûrs,... Vous croyez?
Des terroristes, sûrement.!
La réponse, à la question que je posais un peu plus haut, est celle ci.
Nos exécutions avaient minutieusement étés programmées, par un état major militaire, entièrement à la solde du grand, et de la grandeur de la France.
Je reprends le cours de mon récit tu m'excuseras mon fils, j'ai tendance à m'égarer; c'est peut être l'âge. Si je peux te donner ces précisions, c'est que ce 26 mars 1962, lorsque qu'ils ouvrent le feu, à l'heure H, tenant leurs armes, à la hauteur de la ceinture, je ne peux que faire autrement, que de les voir…tirer,…
Je me trouve à environ un mètre d'eux.
Ils rafalent, droit devant, sans viser; c'est inutile, au nombre de pauvres bougres, qui détalent devant eux, le dos tourné; ils dont aucun mal à atteindre leurs cibles.
Je suppose, que si je suis toujours vivant, c'est que celui, qui tirait tout à coté de moi, était très occupé, à rafaler, du côté opposé, sinon; tu penses bien, que j'allais sentir des courants d'air, dans le dos....
Aujourd'hui, je ne serais pas là, pour te raconter tout cela, ... dans le détail.
Avant de me jeter à terre, je ne réalise pas tout de suite, ce qui se passe réellement.
Qui, allait, imaginé pareil carnage, des Français, faisant assassiner des Français!!
Ils ont commencé à rafaler, non pas ceux qui arrivaient; mais sur la foule qui avait pénétrée le barrage très filtrant et qui venaient de s'introduire dans le piège, partant, côté opposé, donc leur tournant le dos..
Assassiner des gens, par derrière, était tout à fait dans leurs cordes, ainsi que celles de celui qui les avaient commandités,
Disons aussi que ceux qui n'étaient pas encore entrés, et qui arrivaient à ce moment là, étaient déjà copieusement arrosé par des tireurs, postés de part et d'autre du carrefour de la grande poste.
Des F. M. (fusils mitrailleurs) postés en tir croisés, et pilotés, par nos chers gardes républicains.
Ces snipers là, pour employer un terme à la mode, étaient bien Français, mais, nous ne pouvons leur en vouloir:
Ils se croyaient attaqués, diront-ils, par une foule désarmée, et pacifique.
Quelques uns furent félicités, et décorés.
Pourquoi, ont-ils ouvert le feu à cet endroit précis, et pas ailleurs?
Réponse: au milieu de ce carrefour, la position, était idéale, on ne pouvait trouver mieux, les premières entrées d'immeubles, étaient pour les plus rapprochés, situées au moins à vingt cinq ou trente mètres, de quoi largement, remplir sa gibecière.
L'opération, ne pouvait être qu'un succès, ce qu'elle fût.
Bien sur, la première question que tu me poseras, sera :
Comment se fait-il que tu sois là aujourd'hui, à me raconter tout cela ?
C'est vrai, comme je te le dis plus haut, je ne devrais pas être ici,.. aujourd'hui!!
Par quel miracle, je n'ai pas été coupé en deux ?...
Je l'ignore..
J'ai eu bien sûr, beaucoup de chance car lorsque, j'ai commencé à entendre, les rafales, j'ai eu un temps d'hésitation, avant de me jeter à terre juste devant moi.
Pas une minute, je ne pouvais, imaginé, ce qui allait se passer,.... ce qui était en train de se passer..
C'est peut être à ce moment là, ou, j'ai vraiment eu du pot, comme on dit...
Il est vrai que pendant ces quelques secondes, le bon Dieu était avec moi, car logiquement, je devais y passer.
C'est aussi, pour cela, malgré Mohamed Duval, que je n'ai pas tout à fait renoncer à mes croyances , ......
Ce jour là. !!
Sans doute, fallait-il que je ne sois pas tué, comme plus de quatre-vingt de mes compatriotes, hommes, femmes, enfants, jeunes, vieux, il n'y a eu ce jour là aucune sélection, il fallait tuer, assassiner, du Pieds-Noirs sans distinction.
Ils ont même tué un chien que promenait son maître, un homme qui devait avoir soixante-dix ou soixante-quinze ans, un homme très dangereux s'il en fut; lui aussi gisant à coté de son animal (qu'il tenait encore en laisse), la tête éclatée par une rafale tirée à bout portant.
Et bien je ne suis pas mort, tout simplement, parce que, occupés qu'ils étaient à faucher les gens devant eux, ils n'ont pas pensé à baisser tout de suite leurs armes en direction du sol.
Leur jouissance était telle, qu'ils ne songeaient encore, à achever les blessés,

la fête venait de commencer, il ne fallait surtout pas en rater un.
Le commanditaire, n'aurait pas été content, si le contrat, n'était rempli.
Rassures toi, ils s'en sont vite rappelés,.... qu'ils fallaient achever les moribonds.
De ceux qui se sont fait prendre dans ce secteur, peu se sont relevés, pour donner leurs impressions. Sans trop bouger, je relève doucement, la tête en direction de la première entrée d'immeuble située à environ une vingtaine de mètres.
En fait, je ne vois que le haut de la porte, car ma vision est en partie bouchée, par un amoncellement de corps, couchés, les uns au dessus des autres.
Longtemps, dans mes cauchemars, j'ai revu ce tas de personnes superposées, ne distinguant chez elles, uniquement, que des semelles de souliers, et des postérieurs.
Je n'y est pas pensé, j'aurais du en parler à un Psy, c'est vrai,
ils n'étaient pas encore nés.
Ils écloront beaucoup plus tard, à l'occasion de bombes, dans la métropole, posées par la mouvance "Islamiste" je crois que c'est comme ça, qu'ils disent: les Médias.
Les vivants rampants sur les morts, pour arriver au plus tôt vers ces portes d'habitations restées ouvertes, et, qui pour beaucoup allaient être, le salut.
Ne pouvant trop bouger, de peur d'éveiller l'attention, espérant, voir au plus tôt, l'horizon se dégager, je décide d'attendre, c'est sans doute, ce qui m'a sauvé la vie, j'avais du métier, à l'époque.
Ne jamais se précipiter, dans les situations désespérées, foutu, pour foutu, mieux vaut toujours, temporiser..
Pourtant, tu imagines, à quel point il me tardait de me tirer de cet endroit, où à chaque seconde, je pouvais passer de l'autre coté. (il parait, que l'on y est mieux)
Encore, que je ne sois pas tellement pressé, de m'en assurer..!
Tu comprendras, que ces minutes ont été les plus longues de ma vie.
D'autant, que, à l'endroit, où j'étais couché, je recevais sur la figure les douilles encore chaudes, qui s'échappaient de la fenêtre d'éjection de l'arme du fellagha qui tirait, à un mètre, au dessus de moi.
Profitant, d'une petite accalmie, le temps peut-être pour eux de recharger, je me lève à toute vitesse, et tente le tout pour le tout, m'attendant à chaque seconde, à me faire coucher pour le compte.
Je plonge, plus tôt que je n'entre, dans le premier immeuble, situé, au plus près de la fusillade, je ne risque pas de me faire mal, les pauvres gens n'ayant pas eu la chance, d'arriver vivants dans cet abri, amortissent la chute, de ceux qui se jettent comme des perdus dans cette entrée.
Et on voudrait, que j'oublie tout ça..?
Il y eut paraît-il enquête, pour justifier cette tuerie.
Comme dans toutes investigations, suite à "incident", (une centaine de morts, et plus de trois cent cinquante blessés, en Algérie, au mois de Mars 1962, cela s'appelle, un incident); il est vrai; qu'il ne s'agissait là, que de Pieds-Noirs. !!
Voici donc le décompte officiel des munitions, utilisées ce jour là:
Je cite: "il a été tiré : 1135 cartouches de pistolet mitrailleur, 427 balles de fusil, et 420 de fusil mitrailleur.
L'auteur de cet article, toujours le même général, et dont le nom toujours, importe peut, poursuit en disant: "Si tout avait été dirigé contre la foule, le carnage eut été immense; en fait sur 102 gradés, et tirailleurs ayant fait usage de leurs armes, douze à quinze, ont tiré sur les manifestants"
Sous entendu, "vous les survivants, estimez vous heureux, que nous n'en ayons, tué qu'une petite centaine, cela, aurait pu être beaucoup mieux".
Question ? :
Sur qui, ont tiré les 90 autres ?
Les palombes, ne passaient pas chez nous... !!
Si l'on comptait douze tireurs,.... il y a eut ce jour là, plus de quatre vingt morts, cela fait une moyenne, de sept tués, pour un tireur...
Ils ont dû, se régaler, les fameux" tirailleurs affolés".
Il est vrai, que, à trois arquebusiers prés, le décompte, n'allait pas tellement changé, quelques vingt personnes, de plus ou de moins, sur le nombre de Pieds-Noirs assassinés au mètre carré ce jour là, ne faisait pas grande différence, sur un programme d'extermination, annoncé.
Le massacre de 100 personnes, n'ayant pour tout moyen de défense: un couffin avec quelques boites de conserves, n'a rien d'un carnage exceptionnel, signe l'auteur.
Nous dirons aussi que le nombre des victimes, officiels, et celui des gens, qui ont été massacrés, n'est pas en concordance.
Petite inversion dans les statistiques, telle que nous avons l'habitude de les connaître :
Une centaine de morts selon les familles, une quarantaine, selon les organisateurs.!!
On pourrait dire cela comme ça.
Mais oui! mes chers compagnons de misère, il y a aussi une hiérarchie, dans la saloperie, et le mensonge.
Nous ne nous étendrons pas sur la quantité de cartouches, utilisées, compte tenu, des chiffres, donnés par le gouvernement.
En multipliant par deux ou trois, la réponse vous sera donnée.
Par ailleurs, nous ne leur feront pas l'affront, de croire, ou de penser, qu'ils n'ont utilisés qu'une seule balle par personne. Pour en avoir ramassé quelques unes, je peux dire qu'ils n'ont pas été avare de ce coté là.
Il faudra faire aussi abstraction des balles de fusils à lunettes, utilisées par les barbouzes Gaulliens en poste sur les terrasses et balcons alentours.
Le traquenard étant parfaitement orchestré, et minuté.
En tirant sur les manifestants, les préposés au maintien de l'ordre, se croyant attaqué, ripostaient, et dans l'affolement, alignaient, tout ce qui bougeait "Version officielle" pour crédibiliser la tuerie.
La manifestation, ayant été interdite par la radio, gardes mobiles et C.R.S. disséminés sur le parcours menant à la grande poste, et au carrefour de la Grande Poste, étaient censés nous arrêter, et nous empêcher d'avancer.
Venant du champs de manœuvre, je pu successivement franchir, trois barrages, sans jamais être inquiété par qui que ce soit.
Bien au contraire, avec le recul, je crois me souvenir, que certains poussaient la complaisance, à s'écarter, pour nous laisser passer avec le sourire de satisfaction que pouvait avoir un pêcheur, en voyant les poissons entrer dans la nasse.
Je réussi à m'engouffrer dans la première entrée venue, comme je te l'ai déjà dît.
Je pense, quelle devait être, celle de l'agence Havas, au début de la rue d'Isly.
Pour ce faire, inutile de te dire que je dois ramper sur les morts qui gisent sur la route et sur le trottoir, et, j'atterris sain et sauf, couvert de sang,... dans le couloir de cet immeuble,
Ce n'était pas le mien.
Arrivé dans le hall , je vois une vieille dame allongée, par terre, un trou béant sur le coté de la tête, sa pauvre cervelle répandue autour d'elle. Le pire, est que pour pouvoir bien m'abriter au niveau du soubassement de la porte, qui était en fer, (c'est important), je dois me vautrer dedans.
Tu vois ce que l'on peut ressentir dans ces moments là.!!
Il faut que tu saches, comme je le dis avant, que la fusillade, ne se cantonnait pas uniquement, à un cordon de fellaghas, que l'on avait posté à cet endroit.
Il y avait, çà et là, sur les terrasses des immeubles alentours, aux fenêtres des maisons voisines, des tireurs d'élites, (ou des litres), l'un n'allant pas sans l'autre, qui, munis de fusils à lunette, faisaient des cartons, sur les pauvres gens, qui n'avaient pas eu le privilège de se faire assassiner au premier service.
Ils mettaient une touche finale, en y rajoutant, une dernière couche :
Celle du tir aux pigeons, et du coup de grâce, pour ceux qui, touchés, blessés, et immobilisés au milieu de la rue, ne pouvaient s'échapper.
Grande a dûe être leur jouissance, achever des blessés, qui attendaient, que l'on viennent les secourir, sachant que leur salut, se situait, à une dizaine de mètres d'eux, dans l'entrée d'un immeuble..
Ceux là, ont eu le temps de se rendre compte, de ce qui allait leur arriver.
Ceux là, pour mourir, ont attendus, le bon vouloir, de leurs exécuteurs...
Imagines un peu, tu es touché, aux jambes, comme il y en a eu beaucoup; tu ne peux bouger, il te manque, deux ou trois malheureux mètres, pour te mettre définitivement hors de danger..
Quoi faire, sinon.. attendre :
Attendre... quoi? personne ne viendra te chercher, parce que ça tire de tous les cotés, cela aussi, tu le sais..
Dans la minute, où tu le vois approcher, la mitraillette à la main, le canon, pointé sur toi, à ce moment précis, avant que l'enfer ne se déchaîne, tu es toujours vivant, tu viens de comprendre, que c'est inéluctable.. que rien ne pourra te sauver ... on va t'abattre..
Ce n'est pas ce que tu avais prévu bien sûr..
Quelqu'un a choisi, et décidé, pour toi..
La peine de mort, pour des innocents, vous n'en avez pas trop parlé, messieurs les défenseurs des droits de l'homme.!
Par contre, celui, placé côté manche, vous en avez fait …un héros.. étonnant..!!
Je n'ai aucun document en main pour te prouver mon histoire, la seule chose que je peux te dire, c'est que j'y étais. Si, il y a quand même une photo, que j'ai trouvé dans une revue.
Si un jour ces quelques lignes étaient lues par des gens qui comme moi, en ont été les acteurs malheureux; Ils sauront où est la vérité; et puis de toute façon, je n'ai besoin de convaincre personne.
La majorité de ceux qui devraient savoir, n'en a rien à foutre. Alors, à part toi mon fils, et les quelques lucides!!
Continuons..

J'étais donc abrité tant bien que mal, plutôt mal que bien.
Heureusement, que le bas de ce portail, était métallique, comme je te l'expliquais, plus haut, car s'il en avait été autrement, ma tête, ne s'en souviendrait plus,.. elle aurait volé en éclat.
En effet, étant positionné au ras du trottoir, à l'intérieur du hall, les balles venaient ricocher sur le bas de la porte; c'était signe, que j'intéressais fortement, un amateur de ball-trap.
Ainsi posté, il m'était plus facile, de récupérer des gens, encore sous le feu, cherchant un abri, en venant vers nous.
Nous parvenions à en sauver, quelques uns.
Il y avait à coté de moi, le correspondant, d'un journal anglais ou américain, qui, quand il ne pouvait filmer, à cause des balles qui sifflaient, m'aidait à tirer des personnes à l'intérieur.
En levant la tête, j'aperçois, une gamine couchée au milieu de la rue.
Elle était étendue à coté d'un homme.
De l'autre coté, gisaient deux femmes, qui elles ne bougeaient plus.
Nous avions réussi, avec l'aide du reporter, à faire passer un soldat du contingent, complètement affolé, qui nous tendait son fusil, pour que l'on puisse riposter, à nos assassins.
Ce que nous n'aurions fait, en aucun cas; la mariée, eut été trop belle,.... pour nos prédateurs.
A la vue de toutes ces personnes, qui s'écroulaient autour de lui, ce jeune, profondément choqué, ne savait plus que faire; ou ne pas faire.
Comme on le comprend.!!
Essayant de le calmer, et surtout lui faisant garder son arme, je le fis monter au premier étage, lui demandant de se rendre utile, pour aider ceux qui étaient blessés.
Il n'y avaient autour de la petite, que des cadavres.
La fusillade, durait déjà depuis plus de dix minutes.
Les chances de retrouver des vivants, étaient quasiment nulles, les tireurs isolés, s'acharnant à tuer, pour la quatrième, ou cinquième fois, les corps affalés au milieu de la rue.
On est jamais trop sûr..
Fixant mon regard dans sa direction, je vois qu'elle tient dans sa main, celle de son père, peut-être, ou de son grand père. Je ne distingue pas très bien, la seule chose, dont je peux m'apercevoir, est que la main, qui est encore dans la sienne, ne bouge plus:.. elle est morte.
Cette gosse devait avoir une dizaine d'années, tout au plus.
Fixant mon regard sur son vêtement, je le vois monter et descendre, au rythme de sa respiration. Je crois me souvenir, qu'elle portait une petite gabardine bleue.
Tout d'un coup, elle lève la tête, et me regarde.
Ce que je lis dans, ses yeux, à cet instant précis, ne peut se traduire, une chose, est sure, je ne l'ai jamais oublié, j'y pense toujours aujourd'hui..
Nous ne sommes pas toujours, responsables de nos actes, et, vouloir expliquer, ce que l'on fait, dans une situation désespérée, à un moment donné, au beau milieu de l'enfer, ne relève pas toujours, du rationnel.
Colère, motivation, peur, ou tout ce que l'on voudra, tu ne sais pas pourquoi,... tu dois agir.
La seule raison, est, que, au milieu de l'Apocalypse, c'est toi qui est désigné, et ce que tu fais, ou peut faire, n'a rien d'exceptionnel.
Il y a, dans nos existences, des instants, où les décisions que l'on doit prendre,... que l'on prend, sont déjà programmées, avant même, que nous commencions à y penser.
Peut être un réflexe conditionné par la révolte, et l'écœurement de ce qui est en train de se passer.
Je ne sais pas, ce que je sais, moi, c'est que cette enfant fait partie de ma raison d'être.
Il faut aller la chercher, il faut qu'elle, au moins soit sauvée,.... et, qu'elle vive!!!!
Comment peut-on assassiner l'innocence!!..
A dix ans, que peut-on avoir fait,.. pour mériter la mort..
Qu'avait-elle fait à ces hommes, qui étaient en train de massacrer son père, ou sa mère, et tout ceux qui bougeaient autour d'eux.
- Putain, elle est vivante, j'y vais. !!
- Fais gaffes, me dit le Johnny caméraman, ça tire encore de tous les cotés.
Sans trop entendre, ce qu'il me dit, Je sors de ma cache, et me dirige à toutes vitesse, vers le milieu du carrefour.
Dès que la petite me voit arriver à sa hauteur, sans que nous échangions le moindre mot,.... essaie de se lever.
Elle ne peut se dégager, bloquée sur les pavés, par deux personnes à moitié couchée sur elle, dont une, à qui, elle donne encore la main. Je comprends, pourquoi, elle est toujours vivante.
La saisissant par le haut du corps, je la tire en arrière, pour la dégager, l'ayant ainsi libérée, je la prend dans mes bras, et nous nous précipitons tout les deux, vers l'entrée, que je venais de quitter.
Inutile de te dire, que pendant ma course, même si elle fut très brève, les pavés, ont du perdre quelques éclats, et doivent encore s'en souvenir.
Je la confie à une femme, qui avait suivi la scène depuis le haut de l'escalier.
Je reprends donc la position que j'occupais, c'est à dire les moustaches au ras du carrelage, pour voir s'il y avait encore quelque chose à faire..
Le reporter américain, ou anglais qui ne perdait rien du spectacle, accroupi derrière l'abattant du second portail, tenait sa caméra de la main gauche, et pour garder son équilibre, devait appuyer son autre genou par terre, juste devant l'endroit, où se situait le haut de mon crane.
Très occupé, à filmer, il ne s'aperçoit pas que cette jambe, qu'il a plié pour garder sa position, dépasse légèrement du battant, vers l'extérieur.
Ma tête située en contre bas, au même niveau que son genou, étant sans doute le principal pôle d'intérêt du sniper barbouze qui s'intéressait à ma santé, car, la tournant d'un seul coup, pour m'adresser à Jonhy:
Je sens plus que je ne vois son genou exploser, comme une grenade.
Je ne comprend pas immédiatement, ce qui se passe, je ne sais pas, si.... moi aussi, je suis touché.,
La giclée de sang, de bouts d'os, et tout ce qui vient avec, m'arrive en pleine figure.
Sur les cheveux, le visage, partout, j'en suis inondé.
Il me faut bien quelques minutes, pour réaliser ce qui vient de se passer.
Passant la main sur mes yeux, et mon visage, par réflexe, car je ne vois plus grand chose, je la retire toute rouge, pleine de morceaux de je ne sais quoi.
Je pense, immédiatement que tout est fini, et j'attend la suite.
Je sais que la douleur, ne vient pas immédiatement, elle vient.... après:
La douleur, ou.. le néant.
Ma préoccupation première, étant de savoir, si je n'étais déjà mort, avant de m'assurer, que je l'étais toujours... Vivant. !!
Je me retrouvais plein de sang, sans en avoir perdu une goutte.
C'est peut être pour cela, que plus tard, les gens me regardaient drôlement.
Rien ne se passe, je n'ai mal nulle part, par contre, l'homme à la caméra, lui est plutôt, amoché..
A la place de son genou, est une bouillie sanguinolente, faite, de bout de chair, de morceau d'os, et de sang.
Nous essayons, de l'évacuer au premier étage, pour le mettre à l'abri.
Seulement voilà, par où l'attraper, il hurle comme une bête, il n'a pas perdu connaissance.
A quatre, nous réussissons à le grimper, et nous le couchons dans un coin, du palier.
Il ne dit plus rien, il vient de s'évanouir.
Laissez-le moi, nous dit une femme, je m'en occupe; je sais ce qu'il faut faire!!
Pour toi, je me dis: c'est reporté.!!
Je compris à ce moment là que la tête de ton père, intéressait fortement ce tireur, qui n'avait pas encore réussi à l'avoir, et, que finalement, il n'a pas eue.
Ça n'était quand même pas faute, d'avoir essayé.
N'ayant plus grand chose à faire en bas, étant donné que tout ce qui était étendu au travers de la rue,... était mort.
Je décide, de monter à l'étage, pour me rendre utile.
Il n'y avait que des bureaux, et, arrivé sur le palier, je vois.
Des gens allongés, de tous les cotés, des hommes des femmes, des gosses..
Tu ne marches pas sur du carrelage, tu marches dans le sang; il y a des blessés partout.
Aucune assistance médicale possible.
Certains, se vidaient, faute de pouvoir leur apporter les soins nécessaires, beaucoup, mourront.
Assis, au pied d'une armoire, était un pompier, un homme d'un certain age, qui avait pris une balle dans la gorge.
Il saignait abondamment, serrant ses mains autour de la plaie il tentait désespérément d'arrêter le flot qui giclait au travers de ses doigts fermés, sur son cou.
Une femme, penchée sur lui, met autour de la blessure, un pansement de fortune, pour tenter d'arrêter l'hémorragie.
Ce pansement, n'est rien d'autre que son soutien gorge, qu'elle a retiré, c'est tout ce qu'elle a trouvé, pour lui porter secours.
Ce jour là, j'ai tout appris de mes contemporains, la haine, la peur, le désespoir, le dégoût.
J'ai su, aussi, et surtout, ce que solidarité voulait dire.
Avec ce que j'allais vivre un peu plus tard, j'ai su, où était notre différence.
Il y a dans la vie, de ces moments rares, qui nous sont donnés, parfois de rencontrer, qui nous révèlent, des sentiments, des valeurs, dont nous ignorions l'existence, même.
La proximité, de la souffrance et de la mort, nous les font découvrir, ou, nous les restituent, je suis persuadé, que nous les avons toutes en nous.
Pour nous aider, à les découvrir, peut être a-t-on besoin de vivre, ces situations extrêmes.
Les femmes ont étés formidables.
Je les ai vu, apporter de l'aide à tous, soignant du mieux qu'elles le pouvaient, les plus touchés.
Les autres, ceux qui n'étaient pas blessés physiquement, mais traumatisés par ce qu'ils étaient en train de vivre,
A eux, elles amenaient, un semblant de réconfort, avec des mots, qu'elles seules, savaient, et pouvaient prononcer.
Leur parlant, calmement, avec beaucoup de douceur, elles arrivaient à les apaiser.



M. Gerby, une des victimes

Oui mon fils, ce jour là j'ai appris tout ce qu'il me restait à apprendre, sur nous les Pieds-Noirs.
Malgré ce drame, je n'ai pas regretté, d'être dans cette tourmente, et, d'avoir vécu, ce que j'ai vécu.
J'ai connu, durant ces quelques heures, ce que j'aurais certainement ignoré, durant toute une vie:
Ce dont étaient, capables, les uns qui se disaient Français, n'hésitant pas à massacrer les autres, ceux qui le revendiquaient hauts et forts.
Au nom de l'égoïsme, de la haine, et de la lâcheté, qui les caractérisaient.
Les seconds, faisant abstraction, de tout ce que pouvait faire, une vie, un bien-être, offrant, ce qu'ils avaient de plus cher, pour sauver ce qui pouvait l'être..

Sur une table, était allongé un jeune, qui devait avoir une vingtaine d'années.
Sa jambe de pantalon, fendue, jusqu'à la ceinture, laissait apparaître un garrot de fortune, qui apparemment, n'empêchait plus grand chose, surtout pas, le sang de couler.
--Où es-tu blessé ?, je lui demande,
--J'ai pris une balle dans la cuisse, et je crois que l'artère fémorale, est touchée.
--Si on ne m'évacue pas assez vite, ça va aller mal pour moi!!
Quoi faire, dehors, ça tirait encore dans tous les coins, pas la moindre possibilité de secours en vue.
--Il y a longtemps, que tu as ce garrot ?
--Je pense que ça doit faire cinq minutes, mais si d'ici dix minutes, ou un quart d'heure au plus, on ne me sort pas d'ici, avec tout ce que je perds, je ne vais pas tarder à planer.
--J'étais dans les paras, continue t-il, et je viens d'être libéré.
--Nous étions quatre copains, à suivre le mouvement, avant la fusillade, les autres, je ne sais plus où ils sont, nous avons dû être séparé, et nous perdre, quand ça a commencé à tirer.
--Moi, j'ai été touché, juste, quand je rentrais dans ce couloir.
Ils n'étaient pas Pieds-Noirs, et pourtant ils étaient là avec nous, pourquoi?;
Leurs compatriotes, n'auraient pas compris!!! C'est à cause, de gens comme ceux là, que nous nous sentions, encore... Français.
Seulement, voilà; en continuant ta lecture mon fils, tu comprendras, pourquoi, ici, dans l'hexagone, je n'ai plus rien senti.
Et ne sens toujours rien, et ça n'est pas ceux qui maintenant gèrent ce pays, qui me ressensibiliseront.
--Passes moi une cigarette, ça va m'aider à patienter, me demande le jeune!
Après l'avoir allumée, m'approchant au plus près pour la lui glisser dans la bouche, je butte sur un autre corps, allongé aux pieds de la table, bien vivant celui là, puisque j'entends un:
--putain, fais attention, tu vas me marcher dessus,.... merde!!
--Excusez-moi, je ne vous avais pas vu, me penchant sur lui, je vois que sa chemise, est pleine de sang.
--Vous saignez beaucoup, monsieur, où êtes vous blessé? -- Non, non, mon fils me dit il,.... c'était un homme âgé.
--C'est pas moi qui saigne, ça doit pas être trop grave, je pense avoir pris juste une balle dans le cul,
--Pour le moment, je ne sens pas grand chose, y a juste que demain, ça ira plus vite pour moi, avec deux trous de balles, je vais battre des records!!
Un pieds-noirs, c'est aussi ça; dans les moments les plus tragiques, il trouve encore le moyen de déconner.
Souvent, cela nous a sauvé la mise, nous évitant de perdre complètement la boule.
--C'est le copain d'en haut, qui me dégouline dessus, comme une fontaine.. putain... le pauvre, il doit être salement touché!!
Je me redresse, pour voir, ou en était le jeune ; la cigarette que je lui avais allumée, brûlait toujours, lui le pauvre jeune, ne bougeait plus, il était éteint pour toujours.
Ces enfoirés, même les leurs, ils ont assassinés.!!
Il ne sera pas comptabilisé, dans le nombre des victimes, comme les chômeurs, on ne compte que ce qui se voit; le restant, on l'occulte; ils maîtrisent bien la technique.
Et pour cause, avec nous ils ont acquis, une grande expérience.
Les veaux, devant leur poste de télé, avalent tout, ils disent amen à ce qui leur est demandé, dans la mesure où ça ne bouscule en rien.. leur quotidien.
De ces comportements, nous Pieds-Noirs, en avons crevés, et ça continue.
Cette appellation de "Veaux", ils la doivent à leur cher général, il avait tellement de considération pour eux, qu'il n'a pas hésité à les comparer à ces pauvres bêtes, sans trop de cervelle, paraît-il, destinées à être mangés, que l'on conduit à l'abattoir.
En beuglant certes, mais y vont quand même, parce que toutes suivent le même chemin, guidées par leur chef de file.
Pourtant, à l'époque, leurs mères,.. n'étaient pas encore folles.
De tout coté, où tu tournes la tête, il y a des gens, allongés, ou assis par terre.
Blessés, ou morts.
Ceux qui ont eu la chance de s'en tirer sans une égratignure, sont prostrés, le regard vide.
Tu leur parles, ils ne te répondent pas, .....
Ils n'ont plus rien à dire.
Le peu d'illusions, qu'ils ont encore, avant de débarquer dans cet enfer, ou cet abattoir, ce peu d'espoir, ce 26 Mars 1962, ils viennent de le perdre à tout jamais.
Personne ne se risquaient, à se relever, les tireurs embusqués, prenant les fenêtres pour cibles; ..... Dehors, il ne restait plus grand chose de la manifestation, de tout à l'heure.. et de la foule.
Le peu qu'il en restait, était allongée à jamais, sur les pavés, rougis..
Tirons tirons qu'un sang Pieds-Noirs, abreuvent leurs pavés
Ça doit vous rappeler quelque chose,.... les patriotes!!
Le premier choc passé, et les coups de feu s'espaçant, tout ce qui restait vivant, commençait à reprendre un peu d'activité, et à s'agiter.
Certains, s'inquiètent de leurs familles, comment faire pour les prévenir, et surtout, comment sortir d'ici ? !!
N'allaient-ils pas entrer dans les couloirs, pour achever les survivants ?
Tout était possible, et envisageable !!
Comment allait-on faire, pour évacuer tous ces blessés, nous ne pensions pas une minute que des ambulances, allaient arriver, pour nous porter secours.
Nous ne pouvions compter que sur nous même.
Dans un bureau contigu, il y avait un standard téléphonique.
Nous nous organisons, pour faire appeler ceux qui le souhaitaient, afin de prévenir leurs proches, leurs disant,, que pour l'instant,.. ils étaient encore vivants.
Le calme, revient peu à peu, les tirs ont pratiquement cessés.
A part quelques détonations sporadiques, des tireurs d'élites, isolés, sur les terrasses surplombant le théâtre des opérations. Sans doute la dernière touche, nous dirons : conscience professionnelle, ou le sens du devoir bien fait, et, accompli.
Au vacarme de la fusillade, succèdent maintenant, les plaintes des blessés, et des agonisants.
Je me risque à descendre vers le rez-de-chaussée, étant moi aussi très inquiet, car avant que ne se déclenche le massacre, j'étais accompagné de mon père et de mon frère, qui marchaient devant moi, ne sachant absolument pas, ce qui avait pu leur arriver, je n'étais pas tranquille.
Sains et saufs, ils me rejoindront un peu plus tard... grâce à Dieu.
En bas dans le hall d'entrée, était toujours, cette pauvre femme, qu'ils avaient abattue lorsqu'elle entrait dans ce couloir, pour se mettre à l'abri.
Aller tuer une mémé de soixante quinze ans, au fusil à lunette, faut déjà le faire; putain!!
A qui avions nous affaire;!!
Jonhy le cameraman, avait disparu.
Prudemment, je risque un oeil dehors.
Ce que je vois, je le vois, à chaque fois que je vois un Gaulliste, et aussi longtemps, qu'il me sera demandé, d'oublier, pour pardonner.
Cette journée de Printemps, me l'interdira, jusqu'à la fin de mes Jours.
Une rue jonchée de cadavres, le sang ruisselant dans les rigoles de trottoirs, des vivants penchés, sur des morts, les uns, hurlant désespérément, leur chagrin et leur peine, les autres, prostrés, accrochés de toutes leurs forces, à ces parents, ou amis qu'ils ne reverront plus.
Ils les appellent; ils leurs parlent, ils n'auront plus de réponses, De Gaulle, les a faits taire, pour toujours.
Quarante ans, que c'est arrivé, pourtant, quand je ferme les yeux, encore aujourd'hui, je revois, tout, j'entends, les rafales de mitraillettes, les cris des gens que l'on assassinent, des blessés, les insultes, le râle des mourants, je ressens tout .
Ils n'ont pas fait que tuer, ce jour là.
Ils ont marqué au fer rouge plusieurs générations.
Te racontant, ce qui s'est passé, j'ai conscience, que je suis aux antipodes de la version officielle,
Je sais, je l'ai déjà dit, je le redis encore, il faut, s'y faire..
Il est des chercheurs, ou autres historiens, spécialistes de la guerre d'Algérie, (en France, nous avons des spécialistes pour tout); ce sont eux, qui donnent à la télévision, ou dans les journaux, par le résultat de leurs recherches à sens unique, leur courant de pensée.
Ceux là, t'expliqueront, par le détail, le déroulement de cette journée, sans y avoir été, ni même être de ce monde, à ce moment là.
Recherches, qu'ils ont effectuées dans des documents dûment falsifiés, et inventés à des fins politiques, qui tendent, à servir toujours les mêmes concepts de la cinquième, : l'argent, le pouvoir, la tromperie.
Mensonges, que nous retrouvons systématiquement, dans tous les manuels scolaires.
Si l'on veut des résultats, au moment opportun, il faut que le conditionnement commence très tôt.
Et, pour cela, une bonne majorité d'enseignants, emprunt d'idéologies dites de gauche, je ne m'étendrais pas sur le fait, quelles soient Marxiste, Léniniste, ou Trotskiste, sans trop se tromper, rajoutons: Gaulliste..
N'ayant pas suivi le cursus requis, je ne saurai faire de différences..
Il y a tout de même, une chose, que je sais, c'est, qu'elles ont coûtées très chers, à des millions, et des millions de pauvres gens;.. ces doctrines.. ça je sais..
Ce sont ces gens là avec leurs idées, qui s'occupent de l'instruction, et de l'éducation de nos enfants, Il faut reconnaître, qu'ils ont fait merveille, en ce domaine.
C'est curieux, le fait, d'avoir un bagage, supérieur à la moyenne, autorisent certains, à s'ériger en messie, apportant la seule, et bonne parole, à ces petits cerveaux en pleine croissance effervescente, qui ne demandent qu'à croire, et emmagasiner, tout ce que le conférencier, en l'occurrence, le professeur, va leur distiller.
Parce que, c'est lui qui sait, c'est lui qui parle, et au moment où il le fait, personne ne viendra le contredire, il est seul maître à bord....
Au royaume des aveugles.. les borgnes sont rois..
Il ne faut rien oublier, de ce qui s'est passé ce jour là.
Chaque fois, qu'il m'arrive de voir aujourd'hui, ces décideurs, ou leurs " petits"; je les vois appuyer sur des gâchettes, par fellaghas interposés.
Ils sont et resteront à jamais, pour moi, des tueurs, qui ont commis des crimes de sang, sur des enfants, des femmes et des hommes, qui leurs avaient fait confiance...
Nous ne nous savions pas hors la loi, en criant vive la France.....

Mlle Cazayous,
une des victimes

Face, à l'endroit, où je me tenais, il y avait un magasin qui vendait, autant que je me souvienne, des vêtements, et des dessous féminins.
Les vitres avaient explosées, et tout ce qu'il y avait à l'intérieur, tapissait le sol, formant avec ces belles étoffes, un tapis, sur lequel, trois femmes, affreusement mutilés, (l'une d'elle, était pratiquement coupée en deux), gisaient enchevêtrées.
De l'endroit où je suis allongé, au milieu du carrefour, avant que je ne parvienne à m'échapper, vers cet entrée d'immeuble, je vois.. tout.
Tétanisées par la peur, elles se serrent, les unes contre les autres, et ne bougent plus....
Un fellagha, s'avance sur elles, les regarde un instant, leur laissant le temps, de se rendre compte, de ce qui va leur arriver.. Et, à bout portant, il ouvre le feu..
La violence des rafales, les projettent, à l'intérieur des vitrines, brisées sous l'impact des corps.
Il ne leur a laissé, aucune chance.
On nous demande, de tirer un trait, sur notre passé, sur ces "évènements",... quel passé..?
Quarante ans après, il n'y a pas un jour, où nous n'y pensons..
On efface pas le présent,... ou alors oui, il disparaîtra, mais ... avec nous..
Il n'y a pas de mots, pour décrire ce que je vois...
J'imagine, la joie, et la jouissance du tireur: abattre ainsi des femmes sur place, alors que quelques instants auparavant, leur tournant le dos, elles devisaient tranquillement devant la boutique.
Au nom de qui? Allah, ou de Gaulle?... Les deux, se complèteraient-ils...

Un petit groupe de jeunes, des lycéens, ou des étudiants, est au milieu de la route.
Une des filles, parmi eux, tient un drapeau qui devait être National … bleu blanc rouge.
Etait, car lui faisant caresser les pavés, les trois couleurs, n'en font plus qu'une:
Celle du sang des Pieds-Noirs, que l'on vient d'exécuter.

Ils n'ont pas seulement, voulu détruire un pays, en prenant nos vies.
Ils ont surtout voulu détruire, une culture qu'ils nous jalousaient. Nous étions et nous resterons: Nous; et cela jamais ils ne nous le pardonnerons.
Pourquoi, cette vengeance, général, car c'est bien de vengeance qu'il s'agit, vengeance envers ces Pieds-Noirs qui avaient l'imprudence, et l'impudence de vous tenir tête; qui ont eu la maladresse de vous découvrir ; et de vous faire paraître sous votre véritable identité: celle d'un dictateur, avec l'âme d'un criminel.
Ceux que par la suite, vous avez fait fusiller, par votre milice (les mêmes qu'il y avait dans les années quarante; et qui sont encore parmi nous) ceux là nous Pieds-Noirs, ne l'oublierons jamais:
Albert Dovecar, Claude Piegts, Roger Degueldre, fusillés en juin et juillet 1962; Jean Bastien Thiry, fusillé en mars 1963.
Vous ne les avez pas fait fusiller Général vous les avez fait assassiner.
De votre vivant, les hommes n'auront pu vous juger; j'espère que là ou vous êtes, tous ceux que vous avez fait massacrer, l'auront fait.
Que la sentence aura été celle que vous nous avez réservée, en la multipliant par le nombre d'innocents que vous avez sur la conscience; car je ne crois, ni au repentir, ni au remord d'un homme tel que vous.
Même dans l'au-delà.
Ces remords, pour autant que vous en ayez vous rongeront pour l'éternité, dans ce monde, il n'y a pas de justice.
J'ose espérer que dans l'autre!!!!

Pour te continuer mon récit nous commençons timidement à ressortir de nos abris, et essayons de nous organiser, pour évacuer les blessés.
Etant au début de la rue d'Isly, coté grande poste, la clinique Lavergne, était la plus proche.
Seulement voilà, comment allons-nous faire, pour les transporter, ou les véhiculer, jusque là-bas.
Nous n'avons aucun moyen, et naturellement, ne comptons sur personne, pour le faire.
Qui plus est, le quartier est entièrement quadrillé par les gardes mobiles, qui le sourire aux lèvres, nous regardent nous démener, avec la satisfaction du devoir accompli. (voir plus haut !!)
Nous en étions là, nous demandant comment nous allions procéder, quand arrive, une toute petite bonne femme, toute habillée de blanc.
--Venez, les enfants, je sais, où il y a des civières, il y a des militaires, du contingent, qui acceptent de nous en donner.
Il y avaient sûrement des appelés, qui avaient dû véhiculer, les tueurs, sans savoir où ils allaient, et surtout, ce qui, y allait s'y passer.
Hagards, déboussolés, par ce qu'ils venaient de vivre, ces soldats, n'avaient plus assez de bras, pour essayer de nous aider.

Nous voilà partis chercher ce matériel, qui était à bord d'un G.M.C., garé dans une petite rue perpendiculaire, à la rue d'Isly, un peu plus loin.
Aujourd'hui, je me demande encore, pourquoi, il y avait autant de civières, à bord de ces camions.
Coïncidences ... ?, Prévisions ... ?, prémonitions; peut-être avaient-ils dû consulter: Paco Rabane, qui sait..? Qu'en pensez-vous?
Nous revenons, vers notre refuge, avec le matériel, et nous chargeons le premier blessé qui se présentait.
Touché à une épaule, comme beaucoup, il avait pris aussi, une balle dans les fesses, les fellaghas, finissant leur prestation, en arrosant les gens qui étaient couchés, à plat ventre, sur les pavés, devant eux.
Il nous restait maintenant, à l'acheminer vers la clinique, qui n'était tout de même pas, la porte à coté.
Ça tirait toujours, vers le tunnel des facultés, et ça n'est pas sans une certaine appréhension, que nous allions nous mettre en route.
Disons que, pour nous, qu'ils soient C.R.S., gardes mobiles, ou fellaghas, le résultat restait entier.
Les tirs partants de directions différentes, convergeaient sur une cible unique le Pieds-Noirs.
--Attendez, attendez, ne partez pas comme ça, sans personne devant, vous allez tous vous faire tuer, y en a assez comme ça, je vais vous accompagner...
C'était la voix de la petite femme, en blanc, qui nous avait rejoint.
Et sitôt fait, sitôt dit la voilà qui se met à trotter devant nous, le voyage, s'annonçait être long.
Nous étions, les premiers, à sortir, à la fin de la fusillade.
Au vu de ce qui venait de se passer, nous marchions un peu sur des oeufs.
Edifié, quand au respect, qu'ils allaient avoir en voyant passer des brancardiers, acheminant un blessé.
--Pourvu qu'ils ne m'en remettent pas une autre dans l'oignon, je ne vais plus pouvoir m'asseoir, d'un moment.
C'était notre, passager qui se réveillait, et apparemment, il avait encore un peu le moral, ce qui du coup, nous encourageait à continuer.
Nous arrivons à bon port à la clinique, où nous déposons notre homme, et, nous repartons en sens inverse, pour continuer.
Notre exemple, fait tache d'huile, car au retour, nous croisons beaucoup d'équipages, avec le même chargement.
Lorsque tout les gens sont évacués, je parle de ceux qui étaient dans notre secteur, et, après avoir vérifié, que tous ceux, qui restaient allongés par terre, étaient malheureusement bien morts, il nous fallait penser à repartir.
Je retrouve, avec soulagement, ton grand père, et ton oncle; (là, ils ont un peu loupé leur affaire, les vaillants soldats, tu imagines, ils auraient pu faire trois veuves d'un seul coup), qui s'étaient abrités, dans un autre immeuble.
Pour nous en retourner, ça allait être, encore autre chose.

Contrairement à l'habitude, nous allions avoir la possibilité, d'être présentés, à nos assassins.
Pas ordinaire, sans doute une action psychologique, de notre bon général, afin de nous faire comprendre, s'il en était encore besoin, que nous étions tous, pour les vivants qui restaient :
Des condamnés à mort en sursis.!!
On s'en doutaient un peu, disons que la chose, à été officialisée ce jour là. Ils nous fait massacrer, et, ceux qui ont la chance d'en réchapper, ont le privilège de demander des autographes, à leurs bourreaux.
Parlant des exécuteurs, ils étaient tous soigneusement alignés, au travers de la rue d'Isly, ils avaient fait en sorte, eux et leurs alliés, les forces dites du maintien de l'ordre, qu'il n'y est qu'une seule issue, pour sortir de la souricière. Le déroulement, de ces opérations, tu ne le retrouveras, dans aucun média, ça ne cadre pas, avec l'histoire Gaullienne.
Nous étions donc obligés de passer devant eux, à la manière d'une équipe perdante, qui salue les champions toutes catégories.
Bien sûr, qu'à cet instant, je me pose la question, qui est de savoir:
Ne vont-ils pas attendre que nous soyons tous alignés, devant eux, pour terminer, ce qu'ils avaient si bien commencé .....
Heureusement, pour nous tous, je me trompais.
Ils voulaient, nous voir passer un par un, devant eux, pour jouir du spectacle.
Lisant sur nos visages, la terreur de la mort, qu'ils venaient aussi généreusement de dispenser autour d'eux.
Les intellectuels Français, de gauche, ou certains autres, n'ayant pas la même position géographique, ne valant guère mieux, allaient pouvoir pavoiser; voyant leurs vœux les plus chers, se réaliser, au delà de leurs espérances.
Enfin, on remettait les Pieds-Noirs, à leur vraie place; celle qui leur revenait de droit, et pour laquelle, ils avaient oeuvrés, de nombreuses années, sans compter, dans leur pays:
Allongés sur un bout de trottoir, une balle dans la tête.
Lorsque, nous passons devant nos assassins, ils ne se contentent pas de nous regarder:
Ils nous insultent, nous crachent dessus, comme s'ils voulaient se débarrasser, d'un noyau d'abricot, qu'ils avaient depuis 130 ans dans la bouche;……..ce qui devait sérieusement, les gêner.
Nous n'avons rien dit, et tu peux croire, mon fils, que ça n'était pas vraiment notre habitude.
Personne n'a bronché, il y avaient deux raisons à cela:
La première, était que beaucoup, étaient effondrés, par ce qu'ils venaient de vivre, et je suis à peu près certain, qu'ils ne voyaient, ni n'entendaient, ce qui se passait autour d'eux.
Le but était atteint, la Grandeur de la France, et ses complices, pouvaient se réjouir.

Tous ceux qui se jour là, ne furent pas exécutés, n'ont aspiré qu'à une seule chose:
Foutre le camps, au plus vite, de ce beau Pays, transformé en enfer, par l'égoïsme, et la générosité, d'une nation toute entière.
Je suis et resterai toujours persuadé, que cette fusillade du 26 Mars 1962, et plus tard, le massacre systématique, de milliers d'Oranais, le 5 juillet de cette même année, faisaient partie, d'un vaste plan, élaboré par quelques fins stratèges, de ce gouvernement de mégalos.
Afin de nous déstabiliser, complètement, et d'accélérer le processus, de fourberie, déjà engagé en 1958, par cet Empereur sanguinaire, sacrifiant à ses ambitions personnelles, les institutions les plus fondamentales, de la République, d'un pays, qui se veut le plus ardent défenseur des droits de l'homme; dont le principal: le droit à la vie.
La solution finale, avait encore ses adeptes.
La politique d'abandon, n'étant pas assez rapide au goût du locataire des deux églises, ils mettent en place des actions, dites psychologiques, qui consistent, à instituer un régime de terreur:
On en tue un maximum, pour que ceux qui en réchappent, trouvent tout d'un coup, que la vie est meilleure sous d'autres cieux, ( du moins le croient-ils)....
En fait, ils n'ont fait qu'inverser, le processus, il ne s'agissait plus de ramener les rebelles, fellaghas, à la raison, mais bel et bien de faire comprendre à tous les Pieds-Noirs, que leur nationalité, leur démocratie, leur liberté, leur culture, et surtout leur patrimoine allaient devoir s'éteindre, et ……. changer de mains.
La seconde raison, de notre passivité, celle qui prévalait sans doute, était que les héros, avaient tous leurs pistolets mitrailleurs à la ceinture, la culasse engagée, n'attendant qu'un battement de cils, pour recommencer.
Si parfois, nous étions téméraires, voir inconscients.
Il est des moments dans la vie, où, il vaut mieux oublier, de l'être :.. cons (excusez l'expression, je n'en vois pas d'autres).
Vous !!, habitants de votre hexagone, vous n'imaginerez jamais le mal que vous nous avez fait.
Au nom de qui, et de quoi, ce châtiment ?
Etait-ce le prix à payer, à l'orgueil démesuré, et bafoué, de votre guide spirituel ?
Nous avons payé très chers, nous avons payé, surtout pour solde de tous comptes; car si nous étions tous profondément attachés, à ce que nous croyions être notre Pays:
Vous avez réussi à nous en faire connaître sa partie immergée:
Hypocrisie, Mensonge, Lâcheté.
Vous avez ce jour là gommé tous les sentiments, que nous avions pour cette nation: la France.
Si par hasard, ces lignes, étaient lues par certains, ils pourront dire:
Ce ne sont là que propos de renégats!!
Ils auront raison,!!!!
Nous le sommes devenus, parce que c'est vous qui l'avez voulu.
Voilà, mon fils ce que je peux te dire sur cette journée Algéroise, du 26 Mars 1962.
Je dois sûrement, en oublier.
Au travers, de tout cela, tu dois pouvoir te faire une idée, sur les us et coutumes, des défenseurs des droits de l'homme. A dater de ce jour, plus rien n'a été pareil, tout a changé.
Cela a été pour nous, le commencement de la fin, nous avons vécu au jour le jour, pour ne pas dire heure après heure.
Chaque jour qui passait, devenait, une page de notre existence.
Pour certain d'entre nous, après l'avoir ouverte le matin, en allant à notre travail,... elle se refermait parfois, trop vite, avant que le soir n'arrive.
Autrement dit, nous n'étions sur de rien, car en quittant les nôtres, nous n'étions pas certain, quelques heures plus tard, de les revoir.
Le plus triste, dans tout ça, était que l'on commençait à s'habituer, au fil des jours et des semaines, lorsque nous avions la chance de continuer à vivre; en étant le témoin.. live, (Europe oblige) de tout ce qui se passait:
Attentats, grenades dans les cafés, ou lieux publics, enlèvements, assassinats en pleine rue, et j'en passe.
Notre lot quotidien, en quelque sorte.!!
Le pire, était que l'on s'attendait à chaque instant, à ce que cela nous arrive.
Nous avions tout perdu, le sens des valeurs les plus élémentaires, nous étions dépersonnalisés, on marchaient à coté de nos espadrilles.
Il nous arrivait d'oublier, trop souvent, toutes prudences, et ce qui est plus grave,: la peur; nous n'avions plus le temps d'y penser.
Tout allait trop vite.
Pourtant, mon fils, si tu n'as plus peur, à Alger, durant les premiers mois de cette année soixante deux,..
Tu es Mort....
La peur, était pour nous, une assurance sur la vie:.. tu as peur:.. tu fais attention.
Ils avaient prévu, dans leurs calculs, que, en tirant ainsi, dans la foule, connaissant, ces liens familiaux, qui nous rapprochaient, ils savaient pouvoir, anéantir des familles entières, l'impact psychologique en serait meilleur.
A consulter, la liste des personnes massacrées, ce jour là, on s'aperçoit, que beaucoup portent le même nom. Le résultat a été au delà de leurs espérances.
Selon, les déclarations officielles, ils n'avaient pas prévu cet exode massif, sur un laps de temps aussi court.
Pour tous ceux là,... jamais nous n'oublieront.!!
Reprenant les mots de Chamfort, au cours d'un discours, qu'il prononça le 18 Juin 1942; le bon Général De Gaulle, devait déclarer: "Les Raisonnables ont durés, les Passionnés ont vécus"

Après cent trente années, les pieds-noirs passionnés, devaient avoir fini de vivre.
Quand aux "raisonnables", il parait qu'ils durent encore.
Ce jour du 26 Mars 1962, étaient avec moi, mon père, et mon frère.
Comme tu le sais, ils ne sont plus là,.... depuis ils nous ont quittés.
Ils ont été ensevelis, dans une terre qui ne leur appartient pas.
Je suis certain, qu'ils sont retournés vers celle que l'on nous a volée, et que là où ils sont maintenant, personne ne pourra jamais plus les en chasser....

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Tract F.L.N., distribué en Algérie, en Mars 1962, lors du cessez le feu...
Sources: "Le PERIL Islamique" de José Castano.

"Oh, France de malheur, tout est fini pour toi.!!
Mais la France, ne fait qu'agrandir son histoire, mais elle ne peut que diminuer instantanément ses forces.
C'est une grande armée forte, avec des armes automatiques, et lourdes.
Toutes ses armées, sont celles des soldats femmes, de la maigre France.
Plus vous grandissez les renforts, plus nous vous piétineront.
Je fais appel à Guy Mollet qu'il faut trois cents hommes de France, pour combattre un vrai fellagha âgé de dix sept ans seulement.
Notre armée, qui donne de puissants échecs aux armées de la faible petite France, écoutez population française, notre armée de la libération nationale est composée de Marocains, Tunisiens, et Algériens.
Rappelez vous, que, quand nous serons indépendants, et dans un minimum de temps, nous combattrons les trois cents kilomètres que nos ancêtres, ont envahis en France.
Voici les limites, Poitiers, Saint Etienne, Lyon, les environs des Alpes et des Pyrénées.
Toutes ces terres et ces villes sont celles de nos ancêtres.
Après la guerre d'Afrique du Nord, nous allons envahir les trois cent kilomètres qui nous appartiennent, et les ports de Toulon, Marseille, Bordeaux.
Nous sommes les fils de Mohamed, fils de l'Islam.
Voici, l'amitié est finie, entre la France et l'Afrique du nord.
Vous allez avoir le Dien Bien Phu, pas celui de notre amie l'Indochine, il est mille fois plus grand.
Adieu la France, c'est maintenant la dernière ordure du globe terrestre.
L'Algérie, est en lutte contre le colonialisme.
Malheur à tous, fils du diable.
Toi monsieur, tu es son moteur, tu as facilité sa tache...
Tu es donc vomi, par l'humanité, tu es un collaborateur.
Notre devoir, est de t'abattre.
Nous sommes fiers, d'agir selon les consignes du tribunal du peuple qui est la volonté de Dieu.
Indigne à la nation, on t'exécute.
Une nation pure, est une nation forte.
C'est elle qui élimine les traîtres",

Sans commentaires, quand à la protection, et à la sécurité des Pieds-Noirs,
après les "Accords d'Evian, du cessez le feu", du 18 Mars 1962....


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