Moi et Augu à l'arrivée de Cohen
AUGU et MOI

Envoyé par André Gabard

L'autre matin au Bristol in se rencontre le collègue Jérome qui nous dit : "Entention ! on a besoin de vous pour le rapportage de l'arrivée de Cohen".
- D'accord, o Jérome.

Vinga l'ariodrome, que j'y dis.
- Atso ! t'y as fait un vers, qui dit Augu.
- Oui, que j'y réponds, pour attraper une gatarelle comme toi".

Le même jour à 11 h et dimie, on se monte tsur le skotère à Augu et en avant seulement.

Augu y s'avait mis un casque de moto ac une combinaison bleu. Y manquait plus dans la main qu'un melon du lac des zoiseaux pour qui ressemble à un joueur de ruby américain.

On s'arrive à l'ariodrome. Même pas un ministre, même pas le chat de Perse ou l'aga Leu il aurait eu tant de monde. De tous les gabarits : des longs, des petits, des gros, des maigres, des bancales, des tordus, même des enfants en basane. On sautait t'sur place d'ampatience. Tout d'un coup, on s'entend un bruit comme un madone de bouledogue qui va se mettre en colère "Le oilà, le oilà". Dans le ciel on se oit un gros cafard qui grossit à chaque moment. Y se fait une virade t'sur l'aile, y se sort les roules pourquoi elles étaient rentrées dedans. Même pas le temps que le Bringué deux ponts y s'arrête que le monde y casse le barrage. Quelle bousculade : Augu qu'il est maigre comme un cheveu d'ange, y tombe par terre et on se l'écrase. Reusement qu'il avait le casque. On s'approche de l'avion. On dirait un gros mérot qui souffle. Les hélices elles tournent encore et à côté de moi un homme ac le vent y perd sa fausse perruque. De la honte il a fait demi tour et sauve qui pleut.

On met les escaliers à l'avion pour qu'y descend le monde. Une tête elle sort. C'est Cohen ! Les cris commencent : "Vive Cohen ! Vive Robert !

Cohen, malin, y rentre et y sort d'un autre côté. Tout d'un coup on se le oit et comme les mulets à la mer y se jettent t'sur un bout de pain, le monde y fait la même chose ac le champion. A qui se l'embrasse, à qui se le touche, à qui se le tire. On sait plus ça qu'on fait. Augu en place de Cohen y s'embrasse un homme ac des grandes moustaches en sens unique : "Je ne suis pas ce que vous croyez" qui dit le moustachu en colère, espèce de petit grand galet et y te lui balance à Augu un madone de beignet que les quatre doigts et le pouce y restent marqués t'sur sa fugure". Vite on se le sépare et à force à force on s'arrive à Cohen. Il a son bon sourire d'enfant d'la place d'Armes et la fatique d'la joie y l'a laissée dans l'avion.

On se le monte tsur les épaules. On va en vitesse se taper une coupe de champagne. Cohen après ça y monte dans une auto sans la capote, à côté l'adjoint au maire. Ça une bagnole ! Comme elle est belle ! En tête y part la police ac la oiture radio, toutres les motos, skotères et les autres autos qu'elles ferment la marche. Avant le départ les cors d'la chasse de la Bônoise elles jouient.

Un jaloux de Marseille à côté nous y dit tout fort : "Pourquoi, peuchère, les trompes de chasse et pas une fanfare !" Et Augu qu'il est maigre, ma qu'il a la langue bien pendante y reupond : "Pourquoi o tchoutche, on revient d'la chasse et le lion bônois y se l'a fait tout neuf à la pantère sianoise".

On se met en marche. Dans les vomissements des moteurs on s'entend pas. A Joannon, comme les fourmis rouges, les gens y sont tsur la route et rien qu'y crient : "Vive Cohen ! Vive Cohen !" Nous oilà en ville, mamamia ! Le monde tsur les trettoirs, dans les arbres des ficus comme des gros tornagas y remuent des p'tits drapeaux et des balcons y jettent des fleurs. Augu y reçoit une fleur et tout content y se lève la tête et y oit une grosse femme vilaine qu'on aurait dit Madame Tiapapeur qu'elle lui envoyait des baisers. D'la rage Augu i accélère et y rentre dans un lindau qui lui jure les morts (pas le lindau, le cocher)...

A la place d'armes, c'est du délire : un marchand des beigents et des zlabias d'la joie, y jette la marchandise en l'air ac le plateau et y se fait une danse sanguine pour Cohen. A la Colonne, je vous dis rien, Quelle cacafonie ! Le monde il ouvre la bouche comme les pajots à Nielli tsur la table du marché et manque y sort une parole.

On se laisse Cohen qui va au monument aux morts et on se met les oiles à la ridaction pour se faire ce rapportage.

Avant que le rideau y tombe dans la ville en laisse tsur ce jour plein de gloire ac Augu, ac toutes nos forces, en se prenant les nefs, on crie : Vive Cohen ! Vive Bône et vivent nous autres.

OTTO BUS