LE JOUR DE L'AN
MOI et AUGU envoyé par Marc DALAUT

POUR le Jour de l'An, ac Augu, la Dépêche de lest y nous avait dit d'anterviewer quelques fuqures bônoises. Le matin bonne heure on était déjà en chantier et le n° un qui nous tombe dessus au café Tiatre c'est Marie-Claire qu'il était en train de casser la croûte. Alors Augu ac un sorire à 4 fr. 96 y se lui dit «Bonne année, bonne santé, la paille dans l'oeil pour toute l’année ». Alors Marie-Claire qu'il avait du manger du saucisson de lion ce jour là y crie : « J'en a mare de vous autres o vagabonds, à vous deux vous faisez un beau duo ».

Ma patience elle a des limites, tous les mercredis j'a un mot contre moi dans le Jornal ; un de ces jours je me déguise en boucher et je vous ouvre le bidon o tas de bons à rien. Le verre de vin que j'a bu y devient du vinaigre dans le stomac. En allez vous de là, levez vous de ma vue des yeux et me parlant à moi. Et toi musicien à la manque, je te sors les boyaux une par une et je me les fais checher pour faire du gut pour le molinet. Ac tes tibias je tape le tambour, ac ton crâne vide je fais une marascasse de djaz et je mets des ptits osses en dedans pour faire le bruit des pois chiches. Ac ta vessie dégonflée je fais une cacavelle, ac tes cheveux longs, je tresse une corde pour prendre ça qui reste de ton corps mitilé. Y m'a envoyé tout ce tombereau d'anjures sans prendre la respiration. Pour pas faire des histoires on a répondu que dale et on a sorti.

Tsur le trottoir on se, rencontre Paolo le cousin à Galline qu'il a le chapeau noir tout rond et la mèche en merguèze : « Sana taïba o frentch et que le Bon Dieu y fait pas trop la mortaison dans les chèvres pourquoi ac les fagots c'est not' gagne pain. Challah ! que dans la montagne, en haut l'Hospice Colle y pousse beaucoup de l'herbe comme ça l'Eté on met pas des lunettes vertes à les chèvres pour qu'elles se succent le rocher en se croyant succer l'herbe ».

On se le quitte et on se continue quand devant Tintin le coiffeur on se rencontre une femme qu'elle est populaire à Bône. Fugurez vous une fumelle ac beaucoup de Rhummel tsur les yeux, une robe en laine tricotée, des bas en tricot comme un joueur de ballon et même le chapeau tricoté ac deux longues oreilles et de loin comme ça remue, te dirais un lapin en train d’manger une salade. Elle nous arrête et nous chante une chanson de son pertoire quand un d'en face, un mal élevé y lui pête (escusez-moi l'espression). Alors elle s'a arrêté pile...

« Moquez vous de moi qu’elle dit, ma bientôt mon fils, le sauveur de la France, de Gaulle y va vous faire oir quand y se prendra le pouvoir.

- O Madame, que j'y dis, un jour, comme cuilà parlons pas politique Allez tchao et nous s'en allons en se la laissant pourquoi elle a une arignée dans la gafetière.

Un peu plusse loin on rencontre Binguèche ac sa capote trouée, le chapeau à la Charlie Tchang et les souliers sans les lacets. « O touristes, o fangouistes qui c'est la rapporter de vous deux. J'y réponds nous autres on marche ensemble. Qu'est ce que te veux o Bing ! et qu'est ce te souhaites ? »

-D'aoir beaucoup d'affiches à coller et que Carnaval y revient. Où il est le temps où tout Bône y venait au jeu d’boules oir bruler l'Estatue à Carnaval que je m'avais fait. Je me faisais un sac d'argent. Mainant le monde comme il a changé. Dans la rue quand je passe on me traite de voleurs de poules, au marché on me fait maronner et on me jette le poisson à la faccia. C'est pour ça qu'il est si cher, allez aureoir et y part».

Tout d'un coup on se oit Marcel qui s'avanace en zotche vers nous autres. « Samedi soir, la Bataille, Tamtam, le Zérisson, loterie algérienne ». Y disait tout ça ac des ratés dans l'carburateur pourquoi y begaie et il a du fadingue dans la bouche. Qui connait pas Marcel ac sa fugure de ptit chat que t'y as ensauvé d'la noyade et la tête qu'elle est chaussée d'une casquette d'la marine suisse et qui se marche presque tsur le pardeusse tellement long il est. Comme Charlot il a les souliers à la poulinte. On s'a prit un dixième d'la loterie et on se l'a oubliée : « Que... que le Bon Dieu y...y... vous l'allonge.. la.. la v. vie.. qui nous dit en partant.

L'antervieux fini il était ma avant de porter mon papier et mettre une vergule tsur le point final, Moi et Augu on se souhaite à tous nos collègues et nos amis les lecteurs hommes et femmes nos voeux les plusses meilleurs et à la Dépêche une longue vie et la prospérité éternelle.

L'année 48 il est mort et vive 49 et nous autres. Amen